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Regardez L'invité de RTL du 21 août 2023 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 7h42 sur RTL et notre invité ce matin c'est Frédéric Lessis, bonjour.
00:12 Et merci beaucoup d'être ici en studio avec nous à RTL. Vous êtes contrôleur général et chef du service de communication de la police nationale.
00:19 La police qui a travaillé tout l'été à la recherche de ceux qui ont incendié,
00:25 dégradé des dizaines d'écoles, de bâtiments, publics ou non d'ailleurs, pendant les émeutes qu'on a connues fin juin début juillet. C'est un travail
00:32 parfois long, difficile. Est-ce que tous les émeutiers, tous les casseurs ont été
00:37 identifiés et interpellés ?
00:39 Alors vous l'avez dit, c'est un travail qui va durer très longtemps.
00:43 Le temps de l'enquête parfois ce sont des mois durants, mais la caractéristique de ce traitement judiciaire des émeutes,
00:49 ça a été qu'il a été engagé alors même que nous étions mobilisés sur le terrain,
00:54 avec la certitude que la dissuasion elle se fait aussi au niveau de la sanction judiciaire.
00:58 De ce fait, au-delà des 3 800 interpellations qui ont pu être réalisées sur tout le territoire,
01:04 en flagrant délit pendant les faits eux-mêmes,
01:07 le travail judiciaire a été engagé de suite et dès les premiers jours nous avions déjà des interpellations au petit matin
01:14 sur des individus qui avaient été identifiés parfois d'ailleurs avec le concours du RAID ou de la BRI.
01:19 Et ce travail s'est poursuivi, il se poursuit encore et depuis les émeutes nous avons à peu près 350 individus
01:25 qui ont encore été interpellés et le travail va se poursuivre.
01:28 350 individus interpellés en plus des 3 800 interpellations de flagrant délit qui avaient eu lieu pendant ces émeutes,
01:37 tous les autres le sauront, vous en prenez l'engagement ce matin sur RTL ?
01:40 Alors, en tout cas il y a l'engagement fort, c'est celui de la police nationale de mobiliser dans la durée
01:49 toutes ces énergies. Près de 170 enquêtes ont été confiées par la justice à la police judiciaire.
01:55 De très nombreuses enquêtes sont prises en compte par des commissariats et ce qui est assez impressionnant c'est de voir la mobilisation de ces enquêteurs.
02:02 Vous avez parfois des policiers qui ont vu les centres-villes des agglomérations dans lesquelles ils travaillent être
02:08 saccagés, pillés et je peux vous dire qu'ils ont à coeur de faire sortir ces affaires,
02:12 de faire sortir 168 écoles qui ont été attaquées, plus d'une centaine de commissariats,
02:19 des mairies qui ont été attaquées, qui ont été incendiées.
02:21 Ça donne du coeur à l'ouvrage aux policiers pour faire sortir
02:26 le maximum de ces procédures et identifier les fauteurs de troubles dans la durée.
02:30 Il y a une vraie volonté, pas que politique, on a entendu les consignes de Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, il faut
02:36 que chacun de ceux qui ont mal agi soit puni. Il y a une vraie volonté dans les rangs de la police aujourd'hui ?
02:41 Oui, heureusement, évidemment les deux volontés coïncident,
02:45 mais c'est normal, c'est la vocation des policiers et ils ont été sur le terrain, vous vous rappelez de ces chiffres de mobilisation,
02:51 45 000 policiers et gendarmes qui avaient été mobilisés au plus haut des émeutes,
02:55 dans la durée, peut-être de manière plus discrète, ce travail judiciaire se poursuit et va se poursuivre.
03:01 Alors justement, ce travail judiciaire,
03:02 comment ça se passe ? Comment on identifie un casseur, un incendiaire quand on ne l'a pas pris en flagrant drilling ? Il y a quoi, les traces ADN ?
03:09 Alors vous avez
03:11 plusieurs axes. Premier axe, et souvent on a des
03:14 personnes qui vont vous dire "la vidéosurveillance ne sert pas à grand chose",
03:18 la vidéosurveillance a été un axe déterminant d'identification de ces individus.
03:23 Même si beaucoup de caméras ont été détruites ? Vous avez presque un millier de caméras qui ont été détruites,
03:27 justement parce que les individus savent que c'est un élément qui peut troubler leur méfait.
03:34 Donc la vidéosurveillance est extrêmement importante, celle des réseaux urbains, celle des commerces, celle de certaines habitations,
03:41 et puis aussi, c'est plus surprenant peut-être pour le grand public, l'exploitation des réseaux sociaux. Vous avez un certain nombre d'agissements
03:48 qui ont été postés par tout type d'individus, y compris d'ailleurs les groupes d'auteurs qui postent même des vidéos. Tout ça s'est exploité
03:55 et avec la connaissance
03:57 des individus, des mis en cause que peuvent avoir les policiers, ça permet ce travail patient d'identification.
04:03 Deuxième pilier, vous l'avez cité, la police scientifique.
04:09 Malgré l'ampleur de ces dégradations, vous avez eu plusieurs milliers de déplacements de policiers,
04:14 d'agents de police technique et scientifique sur le terrain, qui ont fait des relevés de traces extrêmement nombreux, et
04:20 l'exploitation de l'ADN, des traces
04:23 papillaires, elle a été priorisée dans nos laboratoires de police technique et scientifique,
04:27 ce qui fait qu'en trois, quatre jours, on commençait à avoir des sorties, des identifications.
04:31 Et ça, forcément, ça va continuer à tomber, à arriver.
04:36 Axe supplémentaire, vous allez avoir un travail sur la géolocalisation.
04:39 Il faut corroborer ces images, cette vidéo,
04:43 qui est évidemment importante.
04:45 La trace ADN va être un élément important sur un pavé, sur un mortier,
04:49 sur une baie vitrée qui aurait pu être fracturée, mais il faut essayer de corroborer tout cela. Et d'ailleurs, les interpellations, les perquisitions qui ont pu être
04:57 ensuite diligentées, quand elles permettent de retrouver les vêtements qui sont identifiables sur une caméra,
05:03 quand elles permettent de retrouver le butin de ces pillages, c'est évidemment un élément important. Et nous avons aussi fait des procédures incidentes,
05:10 c'est-à-dire qu'on a découvert des choses qui n'avaient pas grand chose à voir,
05:13 mais qui démontraient en tout cas le pédigré de ces individus. C'est-à-dire, par exemple, sur une procédure 12 kilos de cannabis
05:19 chez l'un des individus mis en cause, ou ponctuellement des armes,
05:22 ce type de choses. - Donc, quand on entend que ce sont des gens qui n'avaient pas de casier judiciaire,
05:28 jamais mis en cause par la justice, c'est vrai, mais c'est pas pour ça que ça n'était pas des délinquants.
05:33 - Alors, vous avez une analyse fine qui continuera à être faite dans les mois à venir.
05:38 Le ministre de l'Intérieur a commencé, devant l'Assemblée nationale, à détailler un petit peu le
05:44 profil de ces individus. Une grande partie de mineurs, mais pas la majorité.
05:48 Des individus qui n'étaient pas forcément tous connus, mais vous avez quand même un certain nombre d'individus,
05:53 parfois des meneurs, parfois ceux qui ont organisé certains événements de manière un peu concertée, qui, eux, avaient des pédigrés beaucoup plus complets.
06:02 - Contrairement à ce qui a pu être...
06:04 - En tout cas, 3 800 individus, vous imaginez bien qu'il y a des profils qui sont extrêmement variés.
06:10 Mais, en tout cas, ce profil d'individus déjà ancré dans la délinquance, il existe aussi dans ce groupe.
06:18 - Frédéric, parmi les lieux pris pour cible pendant ces émeutes, il y a, et les auditeurs,
06:23 j'imagine, s'en souviennent certainement, le domicile de Vincent Jombrin, le maire
06:27 de Lail-les-Roses. Les émeutiers avaient utilisé une voiture bélier pour renforcer le portail de son jardin, mais il fut un véhicule
06:33 qui s'était propagé à la maison, alors même que l'épouse du maire et ses enfants se trouvaient à l'intérieur.
06:38 Un mois et demi plus tard, ces individus n'ont toujours pas été interpellés, pas interpellés et pas identifiés non plus.
06:46 - Alors, je
06:48 me permets juste d'appuyer votre attention sur le fait que c'est un département qui relève de la préfecture de police, et donc j'ai pas
06:55 j'ai pas qualité pour communiquer sur cette enquête en particulier.
06:59 Ce qui est sûr, c'est que vous avez eu aussi, outre tout ce que nous avons pu évoquer, oui, de nombreuses menaces.
07:04 Là, on est bien au-delà de la menace, mais contre les élus. Ces procédures ont fait l'objet de
07:09 beaucoup de saisines, justement, de la police judiciaire. Ces enquêtes sortent.
07:12 Je viens d'évoquer des enquêtes qui sont sorties rapidement, et le temps judiciaire, parfois,
07:17 c'est pas aussi rapide que... - Mais ça paraît fou, parce qu'il y a eu beaucoup d'émotions sur cette affaire, et
07:21 je comprends que vous ne puissiez pas nous en parler spécifiquement, mais il y a eu beaucoup d'émotions, une très forte indignation
07:28 politique, ça a choqué tout le monde, à juste titre d'ailleurs, et un mois et demi plus tard, on n'a rien.
07:32 - Alors, vous
07:35 savez, dans les faits les plus graves, on est sur des taux d'hélicidation qui dépassent souvent les 80%.
07:42 Le travail des enquêteurs, il se fait dans la durée, dans la profondeur.
07:46 Évidemment, la satisfaction immédiate voudrait que
07:51 on puisse identifier ces individus rapidement, coup et court.
07:55 C'est la volonté de chacun, c'est la volonté politique, c'est la volonté des policiers eux-mêmes.
07:59 Le travail judiciaire, il n'est pas toujours exactement celui-là. - Et vous le disiez, les policiers ont à coeur d'identifier... - Je peux vous le garantir.
08:06 - Chacun des individus. Frédéric Lessis, la police nationale a dû faire face à la colère d'une partie de ses troupes cet été, si j'ose dire,
08:14 avec de nombreux policiers qui se sont mis en arrêt maladie pour protester
08:17 contre le placement en détention provisoire de l'un de leurs collègues.
08:20 Est-ce que vous avez des chiffres, on avait parlé de 30% des effectifs par exemple dans les Alpes-Maritimes ?
08:25 - Alors vous avez...
08:28 Vous avez eu une situation, mais il ne vous aura pas échappé, que depuis des mois durant, les policiers ont été fortement sollicités.
08:33 Que ce soit la délinquance et ses enjeux, que ce soit les manifestations contre les retraites et ces émeutes où la mobilisation a été totale.
08:42 Un policier, il a des valeurs.
08:44 Ça ne veut pas dire que ce n'est pas un être humain et qu'il n'a pas ponctuellement des états d'âme.
08:48 Nous avons connu une situation où ces états d'âme se sont exprimés fortement.
08:52 Des réponses ont été apportées, elles continueront à l'être.
08:55 Mais ce que nous venons d'évoquer, c'est-à-dire la mobilisation des enquêteurs dans la durée,
09:01 c'est-à-dire aussi dans quelques jours nous avons le début de la coupe du monde de rugby.
09:05 - Ça vous inquiète ça ? - Vous avez déjà des test-matchs qui se sont déroulés à Saint-Etienne,
09:09 à Nantes, qui se sont déroulés dans d'excellentes conditions.
09:12 Et rassurez-vous, s'il y en a besoin, les policiers sont totalement mobilisés sur ces enjeux.
09:18 - Ça ne vous a pas choqué, vous qui êtes dans la hiérarchie, de voir certains, et l'assumer d'ailleurs,
09:24 se mettre en arrêt maladie, des arrêts maladie de complaisance, moralement ?
09:32 - Vous avez souvenir que la police nationale, la DGPN, en lien avec la préfecture de police,
09:39 a pris un certain nombre de décisions, justement, pour que lorsque ces arrêts paraissaient correspondre à des cessations concertées,
09:46 les policiers concernés puissent être enjoints à reprendre leur service.
09:50 Donc le nécessaire a été fait, mais je vous l'ai dit, des états d'âme, ça peut exister,
09:55 même quand on a des valeurs, et quand on a finalement un peu chevillé au corps,
10:01 le fait de protéger, de défendre les plus faibles, on peut aussi avoir des états d'âme.
10:05 - Les policiers restent des êtres humains ? - Totalement.
10:08 - Merci beaucoup Frédéric Lessis d'avoir été avec nous ce matin ici en studio,
10:14 responsable du service, chef du service de communication de la police nationale, contrôleur général.
10:20 et de la vie quotidienne.

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