• l’année dernière
C’est une expression que vous avez sans doute entendue : le « sentiment » anti-français. Elle pointe un phénomène qui s’étend en Afrique, avant tout en Afrique francophone, celle qui a un lien avec l’Hexagone. Récemment, on l’a vu au Burkina Faso, comme au Mali, où les juntes au pouvoir ont chassé les soldats tricolores présents sur leur sol.

C’est ce même phénomène qui était également à l’œuvre lors de la manifestation organisée au Niger devant l’ambassade de France, quelques jours après le coup d’État à Niamey. Problème : ce « sentiment » n’en est pas vraiment un, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo et l’expression en général est contestée en Afrique.

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Transcription
00:00 Vous l'avez forcément entendu.
00:01 Pourquoi ce sentiment anti-français dans les rues de Bamako ?
00:04 Des manifestations anti-françaises à Niamey.
00:07 Il y a un sentiment anti-français qui s'est développé.
00:10 Les poutchistes jouent à chaque fois du sentiment anti-français.
00:13 Oui, le fameux sentiment anti-français qui s'étend en Afrique,
00:16 surtout en Afrique francophone, celle qui a des liens avec l'Hexagone.
00:20 Récemment, on l'a vu au Mali ou au Burkina Faso,
00:23 où les Jeunes qui ont pris le pouvoir
00:25 ont chassé les militaires tricolores présents sur leur sol.
00:28 On l'a également vu au Niger avec une manifestation organisée
00:31 devant l'ambassade de France,
00:33 quelques heures seulement après le poutch à Niamey.
00:36 Problème, ce sentiment n'en est pas un
00:38 et l'expression en général est contestée en Afrique.
00:41 En fait, parler de sentiment anti-français,
00:43 comme le font certains médias ou responsables politiques,
00:46 renvoie pour bon nombre de chercheurs
00:48 à un vestige de la bibliothèque coloniale,
00:50 à un imaginaire passé où les personnes noires
00:53 étaient considérées comme des êtres irrationnels.
00:56 En résumé, l'expression induit que cette réaction
00:58 fait appel aux seules émotions et non à la raison.
01:02 Pourtant, cette rhétorique anti-France
01:04 s'articule sur des griefs clairs
01:06 et une contestation politique de la stratégie de Paris en Afrique.
01:10 Il s'agit par exemple de la présence militaire française dans ces pays.
01:13 Le nombre de soldats a certes diminué drastiquement,
01:16 passant de 30 000 dans les années 60 à 6 000 aujourd'hui.
01:20 Leur présence reste un point sensible.
01:22 Il s'agit aussi de la monnaie encore utilisée dans la région,
01:25 peu importe les différentes réformes ou la mise à distance de la France,
01:28 le seul nom "France CFA" reste tout un symbole
01:32 quand l'ancienne colonie, elle, est passée à l'euro.
01:34 On peut également citer l'influence que l'hexagone exerce sur la région,
01:38 sa présence sous toutes ses formes,
01:40 une aide au développement jugée bien peu efficace
01:43 et des déclarations parfois paternalistes à leur endroit.
01:45 Vous n'avez pas été capable de restaurer la souveraineté,
01:48 ni militaire, ni sécuritaire, ni administratif de votre pays.
01:50 C'est aussi une réalité.
01:52 Il ne faut pas chercher des coupables à l'extérieur de cette affaire.
01:55 Dans ce contexte, les réseaux sociaux et les fake news jouent leur rôle, comme ailleurs.
01:59 La présence de la Russie à travers Wagner
02:01 est également pointée du doigt par certains
02:03 comme un accélérateur de cette tendance anti-France.
02:06 Justifié ou non, encouragé ou non,
02:09 force est de constater que ces griefs anti-France
02:11 s'apparentent bien davantage à un discours politique
02:14 qu'à un mouvement d'humeur irrationnel.
02:16 [Musique]

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