• l’année dernière
Avec Gilles Platret, Maire LR de Chalon-sur-Saône, conseiller régional de Bourgogne & Franche-Comté, CoPrésident du groupe Laïcité de l'AMF et président LR de Saône-et-Loire.

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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-07-31##

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News
Transcription
00:00 Sud Radio, le grand matin été 7h10, Benjamin Gleize, Marie Linero.
00:06 - Sud Radio, il est 8h09 et c'est l'heure du petit déjeuner politique.
00:09 On accueille ce matin Gilles Platret, maire LR de Châlons-sur-Saône
00:13 et coprésident du groupe Laïcité de l'association des maires de France.
00:17 - Bonjour Gilles Platret. - Bonjour.
00:18 - Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio, la grogne des policiers,
00:22 les garanties accordées par Gérald Darmanin, les émeutes avec le couvre-feu
00:25 que vous avez instauré dans votre ville, mais aussi la loi anti-squat
00:28 ou encore la gay pride dans les campagnes qui s'est tenue ce week-end du côté de la Vienne.
00:33 On va revenir sur l'ensemble de ces sujets, mais d'abord la situation au Niger
00:37 après le coup d'État qui a secoué le pays.
00:39 Mercredi dernier, des manifestations ont éclaté hier devant l'ambassade française à Niamey.
00:44 La France affirme qu'elle répliquera de manière, je cite, "immédiate et intraitable"
00:48 en cas d'un tac contre ces ressortissants.
00:50 Ça vous inquiète tout particulièrement ce qui arrive en ce moment au Niger ?
00:54 - Ce qui m'inquiète c'est que la situation au Niger est en fait, quelque part,
00:59 l'aboutissement de notre retrait progressif du Sahel.
01:02 La France en est chassée État après État au profit d'ailleurs...
01:06 - Du Hibéli, le Burkina Faso déjà.
01:08 - C'est ça, un coup d'État militaire, immédiatement les ressorts antifrançais sont présents.
01:13 Je voudrais quand même être clair, il y a effectivement des populations dans la capitale
01:18 qui s'en sont pris au symbole de la France.
01:21 Ça ne veut pas dire que la population totale du Niger est antifrançaise.
01:25 Il faut se méfier des manipulations payées par la Russie,
01:27 qui s'est très bien aussi financée quelques émeutiers pour que ses drapeaux soient brandis
01:32 et que le monde entier croit qu'elle a récupéré finalement la mise en Afrique.
01:36 - Vous dénoncez très précisément l'implication de la Russie d'une manière ou d'une autre ici.
01:40 - Je ne suis pas le seul à le faire.
01:42 Je pense qu'il est évident que les ressources minières du continent africain
01:47 et le positionnement stratégique du côté, en l'occurrence en uranium sur le Niger,
01:51 intéressent fortement Moscou et que Moscou fait tout pour nous déstabiliser.
01:55 Donc on verra quelle est la position de la Jeune qui vient de prendre le pouvoir
01:59 et renverser le président vis-à-vis de Moscou.
02:01 Je serais surpris qu'elle y soit hostile.
02:03 Et en tout cas la France, et pour le coup je suis peu suspect de soutien à M. Macron,
02:06 mais je trouve que sa réaction a été proportionnée.
02:09 Nous ne pouvons pas quitter le Niger et je suis donc pour le coup dans les 19% des sondés
02:14 qui pensent que la France doit rester présente militairement non seulement au Niger,
02:18 mais ailleurs en Afrique. Notre retrait nous coûterait très cher à terme.
02:23 Nous avons besoin de rester très présents sur le continent africain.
02:26 - D'autant que c'est la base principale aujourd'hui au Niger de la lutte contre le terrorisme.
02:30 - Mais c'est la seule qu'il nous reste après avoir été chassés d'autres pays.
02:34 Donc il y a un intérêt stratégique évident pour la France à rester présente.
02:37 Donc on verra, l'association est évidemment très confuse pour le moment.
02:40 Mais notre intérêt premier c'est de rester sur place le plus longtemps possible.
02:44 Évidemment de protéger nos ressortissants, ils sont 5 à 600.
02:47 - On ne sent pas de rappel des ressortissants du côté du Quai d'Orsay.
02:50 - Non mais on se pense, écoutez, la situation est un peu ambiguë parce que le président
02:52 qui a été renversé peut quand même continuer à communiquer avec ses homologues.
02:56 Donc on voit bien que la junte n'a pas coupé tous les ponts et qu'elle garde plusieurs fers au feu.
03:01 En tout cas nous, nous devons absolument rester ici parce que sinon c'est la dégringolade complète
03:07 et nous le paierions cher dans l'avenir. Donc il y a un intérêt national bien compris
03:11 qui est que la France reste présente sur place.
03:13 - Sur la question de la lutte contre le terrorisme en l'occurrence c'est ça.
03:15 - Mais pas que, écoutez, moi je ne veux pas être naïf parce qu'en diplomatie il ne faut pas être naïf.
03:20 La France a besoin d'être présente en Afrique, y compris pour ses intérêts économiques.
03:24 Voilà, ce n'est pas la peine qu'on s'incronde histoire parce que Moscou, eux, ne s'en rend compte pas.
03:28 Moscou veut absolument assurer une présence parce qu'il y a un intérêt économique.
03:32 Nous devons avoir la même logique. Et donc bien sûr que c'est consommateur de temps, d'argent,
03:37 mais c'est aussi pour nous une manière d'assurer notre indépendance, en tout cas une partie de notre indépendance.
03:42 En l'occurrence vous avez parlé de l'uranium tout à l'heure et ça nous paraît absolument essentiel.
03:47 Donc ne soyons pas naïfs, on peut nous accuser de ce qu'on veut.
03:50 La France a un grand passé en Afrique et elle doit conserver une partie de celui-ci pour l'avenir.
03:54 - Revenons en France, Gilles Platrait.
03:56 Les suites, en l'occurrence, de la collision mortelle dans les Yvelines entre une voiture et un bus
04:00 qui a fait deux morts, c'était vendredi dernier.
04:03 Le conducteur de la voiture a été mis en examen pour homicide et blessure involontaire
04:06 en état d'ivresse et vitesse excessive.
04:09 Il risque jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.
04:11 Selon vous, est-ce qu'il faut être plus ferme à l'écart de ces accidents hors routiers ?
04:15 Est-ce qu'il faut carrément venir à une tolérance zéro concernant l'alcool ?
04:19 - Non, je ne pense pas que ce soit forcément la bonne idée.
04:22 Cela dit, je sais aussi... - Parce que c'est déjà le cas sur les stupéfiants.
04:25 - Oui, on est bien d'accord. Mais parce que là, il n'y a pas de limite.
04:28 Si vous êtes, pardonnez-moi de le dire un peu trièvement, shooté, vous êtes shooté.
04:32 Alors que l'alcool, on sait très bien qu'il y a des proportions
04:35 et qu'au-delà, effectivement, d'un certain seuil, ça devient très dangereux de prendre le volant.
04:39 En deçà, ça devient pratiquement, je ne vais pas dire bénin parce qu'il y a toujours un risque,
04:44 mais en tout cas, il est beaucoup plus réduit.
04:46 Donc je pense que le droit est plutôt bien fait pour le moment,
04:49 qu'il y a en l'occurrence, effectivement, sur cette affaire, des facteurs cumulés.
04:54 L'alcool n'est pas seul en cause, la vitesse l'est également.
04:57 Donc le droit doit être appliqué. Quant à le durcir, je ne pense pas.
05:00 Je pense qu'il y a d'autres parties du droit qui doivent l'être, pas forcément celui-ci.
05:03 - Avec davantage en tout cas de contrôles de policiers sur le bord des routes ?
05:06 - Oui, il y en a beaucoup. Enfin, je n'ai pas l'impression que les policiers et les gendarmes
05:09 ne fassent pas leur travail en la matière.
05:11 Je trouve qu'il y a beaucoup de contrôles qui sont,
05:13 et d'ailleurs, heureusement, on ne va pas s'en plaindre,
05:16 ça paraît aussi une question d'ordre public.
05:18 - La grogne des policiers, justement.
05:20 Venons-y, Gérald Darmanin a donné des garanties aux forces de l'ordre.
05:23 Les syndicats se sont dit satisfaits.
05:25 C'est une réussite à mettre au bénéfice du ministre de l'Intérieur ou pas ?
05:29 Je ne sais pas s'il faut le dire comme ça.
05:31 - Je ne peux pas croire une seule seconde que le ministre n'ait pas été au courant
05:35 avant des déclarations du directeur général de la police.
05:38 Donc, M. Darmanin savait que le directeur général de la police
05:41 allait intervenir pour soutenir le policier de Marseille qui avait été incarcéré.
05:46 Ça, personne ne peut nous faire croire le contraire,
05:48 ou alors c'est une catastrophe complète.
05:49 C'est-à-dire qu'un directeur général décide de mettre le feu,
05:53 parce qu'il l'a fait, il le savait médiatiquement,
05:55 notamment avec l'administration de la justice,
05:57 sans que son ministre soit prévenu.
05:58 Donc M. Darmanin était prévenu dès le départ.
05:59 Ce qui est intéressant, pardonnez-moi de le dire comme ça dans cette affaire,
06:02 on peut revenir sur le fond, évidemment,
06:04 c'est tout de même la lutte d'influence au sein de l'État.
06:07 C'est-à-dire que le grand perdant de cette affaire, c'était Emmanuel Macron,
06:10 qui ne tient plus rien.
06:12 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, un ministre peut au moins autoriser,
06:16 sinon demander à un directeur général et pas des moindres,
06:19 d'intervenir pour secouer le cocotier et faire avancer un débat.
06:22 Donc je sens qu'il y a une lutte d'influence,
06:24 et c'est très clair d'ailleurs, M. Darmanin n'a pas eu Matignon,
06:27 donc il veut revenir sur le vent de la Seine.
06:30 C'est une évidence absolue.
06:31 Sur le fond de l'affaire, je ne donne pas tort évidemment aux policiers.
06:34 Pourquoi ? Parce qu'il ne doit pas y avoir d'impunité.
06:37 Tout le monde est d'accord là-dessus.
06:39 Mais quant à incarcérer un policier,
06:42 avant même d'imaginer une quelconque culpabilité dans une affaire,
06:45 je trouve qu'on va beaucoup trop loin.
06:47 Beaucoup trop loin.
06:48 Pourquoi ? Parce que...
06:49 - Mais c'est le cas sur plein d'affaires.
06:50 - Mais attendez, ce qui se passe en fait sur le terrain,
06:52 c'est que les policiers ont le sentiment de faire leur devoir.
06:56 Premier.
06:56 Et je pense que la population partage largement ce sentiment
07:00 de l'efficacité de la police.
07:01 On a encore vu, si elle n'avait pas été là fin juin, début juillet,
07:04 c'était la catastrophe ou la guerre civile.
07:06 Parce que les populations ont fini par se faire justice elles-mêmes.
07:09 - Donc vous, il y avait un vrai risque de guerre civile ?
07:11 - Bien entendu. Mais attendez, vous enlevez la police.
07:13 Aujourd'hui, vous enlevez la police sur le terrain,
07:15 vous voyez ce qui se passe.
07:16 Forcément, il y aura un pouvoir qui va s'organiser
07:19 contre le pouvoir des émeutiers,
07:20 et des armes vont sortir.
07:22 C'est une évidence.
07:23 Ce n'est pas la peine de se raconter l'histoire.
07:24 Donc la police est absolument nécessaire à l'ordre républicain.
07:27 Donc elle est l'objet, la cible des émeutiers.
07:30 Et pas simplement au moment des grandes émeutes.
07:32 Elle l'est quotidiennement sur le terrain.
07:34 Elle voit la plupart du temps,
07:36 les malfrats qu'elle arrête le matin,
07:38 ressortir l'après-midi.
07:39 Ça par contre, on peut tout s'en témoigner.
07:41 Moi comme maire, je peux le dire aussi.
07:42 Et donc, elle sent que la justice n'est pas assez sévère
07:45 dans ses décisions.
07:46 Elle ne l'est pas pour plusieurs raisons.
07:48 Ça peut être des raisons idéologiques pour certains juges,
07:50 pour certains juges minoritaires.
07:51 Mais c'est aussi des raisons très pratiques.
07:53 Il n'y a pas cette place de prison.
07:54 Et donc, face à ça, on trouve quand même une place
07:57 pour mettre le gardien de l'ordre,
07:59 ce qui est le policier municipal de Marseille.
08:01 Donc il y a une réaction épidermique
08:03 que je peux parfaitement comprendre,
08:04 et qui pose en fait le débat de fond.
08:06 Et c'est ce que la justice,
08:07 en tout cas certains syndicats,
08:08 notamment le syndicat des magistrats,
08:11 ne veut pas entendre.
08:13 - Il dénonce en l'occurrence.
08:14 - Mais bien sûr, il le dénonce.
08:15 Il y a aujourd'hui une réponse judiciaire
08:17 qui n'est pas adaptée à la violence
08:19 qui monte sur le terrain,
08:20 et dont les premières cibles,
08:22 je ne dis pas victimes,
08:23 mais les premières cibles sont les policiers.
08:24 - Donc vous êtes favorable à un statut spécial,
08:26 en l'occurrence pour les policiers ?
08:27 - Oui, il faut les protéger.
08:28 - Une juridiction spécialisée aussi,
08:29 avec des magistrats spécialisés ?
08:30 - On rentrera dans le détail
08:32 quand les propositions seront sur la table.
08:33 Moi je dis simplement la chose suivante,
08:35 on ne peut pas laisser les policiers
08:37 aller sur le terrain
08:38 comme s'ils étaient finalement des cibles
08:41 à la vindicte des malfrats et des caïds
08:43 qui règnent dans les quartiers.
08:44 Il faut les protéger.
08:45 Il faut absolument les protéger.
08:47 Ça ne veut pas dire qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent.
08:49 Bien sûr que non.
08:50 Les gardiens de l'ordre républicain
08:51 ne peuvent pas s'affranchir de l'ordre républicain.
08:53 - Mais est-ce qu'on n'ouvre pas la boîte de pandémie ici ?
08:54 Parce que par exemple les médecins en soignent des vies,
08:56 ça veut dire qu'en gros il faudrait aussi
08:58 un statut spécial pour eux ?
08:59 - Non, non, mais attendez.
09:00 Là, les policiers assurent notre sécurité à tous.
09:04 S'ils se sentent en insécurité,
09:06 pratique ils le sont,
09:07 juridique s'ils le sont,
09:09 s'ils doivent l'être demain,
09:10 c'est une catastrophe
09:11 et on arrivera à des situations de retrait
09:14 ou de non-action
09:15 là où au contraire on a besoin d'une police sûre d'elle-même
09:18 qui puisse agir.
09:19 Moi je ne crois pas une seule seconde au slogan politique
09:21 qui accuse la police du pire.
09:23 Qui est quelque brebis galeuse,
09:24 tout le monde peut le concevoir,
09:25 c'est une corporation qui doit comprendre
09:27 des brebis galeuses comme toutes les corporations.
09:29 Mais elle a un rôle essentiel
09:31 et si nous ne la protégeons pas,
09:32 elle ne l'assurera pas correctement à notre dépens.
09:35 - Venons-en justement à ses émeutes,
09:37 Gilles Platrait, vous êtes, je le rappelle,
09:38 le maire de Chalons-sur-Saône.
09:40 Vous aviez instauré un couvre-feu dans votre ville.
09:43 Est-ce qu'il est toujours en place
09:44 et avec quelle efficacité ?
09:45 - Alors le couvre-feu nous l'avions instauré
09:47 dès le deuxième soir.
09:49 Le premier soir nous avons un saccage,
09:51 c'est d'une bibliothèque de quartier,
09:53 qui a été, heureusement pas brûlée,
09:55 mais en tout cas saccagée,
09:57 pratiquement 30 000 euros de dégâts.
09:59 Et ayant passé la nuit au centre de supervision urbain,
10:02 et ayant bien vu ce qui était en train de se passer sur le terrain,
10:05 j'ai décidé immédiatement d'instaurer un couvre-feu.
10:08 Le couvre-feu permet à la police
10:09 de disperser des rassemblements
10:11 avant qu'ils deviennent dangereux.
10:13 Donc c'est une mesure d'abord préventive.
10:15 Si vous n'avez pas cette mesure légale,
10:17 la police ne peut que passer à côté des groupes
10:19 qui peuvent très rapidement, en quelques minutes,
10:21 devenir particulièrement hostiles,
10:22 s'attaquer à un bâtiment, etc.
10:24 Ça a fonctionné.
10:25 C'est-à-dire que les groupes ne se sont pas reformés,
10:28 il n'y a pas eu besoin de les disperser,
10:29 ils ne se sont pas reformés dès le lendemain soir
10:31 et nous avons eu une ville calme.
10:33 Quand je dis une ville calme,
10:34 et c'est pour ça que je vous disais tout à l'heure,
10:36 on parle beaucoup des émeutes de fin juin à début juillet,
10:38 n'oublions pas que ces émeutes
10:40 sont arrivées comme une exacerbation de la violence
10:43 dans un climat qui devenait délétère
10:45 depuis des mois et des mois.
10:46 Moi je le sentais monter sur le terrain,
10:48 pas que ça allait éclater comme ça, bien évidemment.
10:50 Je pense que la mort déplorable,
10:51 parce qu'on regrette une vie qui part
10:53 du jeune qui a été tué à Nanterre,
10:55 et je ne pense pas qu'a priori le policier soit responsable,
10:59 comme ça je vous éclaire sur mon jugement dès le départ,
11:01 j'ai tout simplement le résultat de l'enquête,
11:03 et certains auraient mieux fait de se taire
11:05 à commencer par le président de la République
11:07 plutôt que d'accuser immédiatement et a priori le policier.
11:10 Toujours est-il que ça a été le prétexte,
11:12 pas la cause,
11:13 le prétexte à une flambée de violence
11:14 qu'on sentait monter sur le terrain.
11:16 Or cette flambée de violence n'a pas
11:18 disparu complètement avec les émeutes.
11:20 L'exacerbation,
11:22 les réseaux sociaux se sont un peu apaisés,
11:24 le flash médiatique s'est un peu retiré par conséquent,
11:27 mais il reste sur le terrain
11:29 des actions violentes, d'hostilité.
11:31 Et donc j'ai conservé le principe du couvre-feu
11:34 en l'adaptant, c'est-à-dire qu'il n'est plus général,
11:37 il est restreint aux mineurs,
11:39 j'estime qu'au-delà de 22h,
11:41 les mineurs n'ont rien à faire dehors,
11:43 donc à chalons, dans les quartiers concernés,
11:45 c'est pas toute la ville,
11:46 il y a quelques quartiers plus compliqués que d'autres,
11:48 et bien les mineurs doivent être rentrés chez eux à 22h,
11:51 et nous avons interdit des rassemblements
11:53 de plus de 4 personnes.
11:54 C'est très bien d'accepter de la population,
11:56 c'est respecter de la population,
11:58 donc ça reste en cours tout l'été,
12:00 et on avisera à la rentrée.
12:01 – Certains à droite ont fait le lien entre
12:03 immigration et ces émeutes,
12:04 est-ce que c'est un lien que vous faites vous aussi ?
12:06 – Bien sûr, il faut être aveugle pour ne pas voir
12:09 que la plupart des émeutiers étaient ici.
12:11 – Donc vous attendez beaucoup du projet de loi
12:12 immigration à la rentrée ?
12:13 – J'en attends rien avec ce gouvernement,
12:15 parce que quand on commence à nous dire
12:16 qu'on veut lutter contre l'immigration
12:18 mais régulariser les irréguliers dans les métiers à tension,
12:21 on donne un message absolument extraordinaire.
12:23 – Sous condition, sous condition.
12:24 – Non mais attendez, soit ils sont irréguliers
12:26 et ils n'ont rien à faire sur le territoire,
12:28 soit ils sont réguliers et ils y restent.
12:30 Donc notre problème aujourd'hui, notre problème central,
12:33 c'est que nous avons abandonné notre souveraineté migratoire
12:36 à l'Europe qui n'est pas capable de réguler ses propres frontières.
12:40 Moi je suis partisan, je suis fondamentalement favorable
12:42 à la construction européenne comme gardienne de la paix
12:45 pour les États qui y participent.
12:47 Là-dessus il n'y a pas à remettre en cause.
12:48 Mais simplement, nous avons délégué notre souveraineté migratoire
12:52 à une institution européenne qui n'est pas en capacité
12:55 de protéger l'intégralité des frontières de l'Union européenne.
12:58 Moi je reste favorable comme première mesure
13:00 à ce que, étant donné que l'immigration devient complètement débridée,
13:03 que les chiffres s'affolent d'année en année,
13:05 et l'année dernière, 2022, les chiffres que nous avons
13:08 montrent bien qu'on est reparti tout azimut
13:10 dans une logique de rentrer sur le territoire national
13:14 comme dans un supermarché, c'est-à-dire qu'il n'y a plus
13:16 aucune protection de frontières.
13:17 Je suis favorable à ce que, au moins transitoirement,
13:20 on réinstaure des frontières à la France,
13:22 c'est-à-dire qu'on rétablisse des douanes qui nous permettent
13:25 au moins, pour ceux que nous n'avons pas acceptés
13:28 et qui viennent de l'étranger, que nous puissions
13:30 les refouler à la frontière.
13:31 Nous sommes incapables, pour le moment en tout cas,
13:33 de les rejeter lorsqu'ils sont rentrés illégalement.
13:35 95% de non-reconduites à la frontière
13:38 dès lors qu'une décision...
13:39 - L'idée aussi de ce projet de loi, c'est justement
13:41 d'être plus efficace en la matière.
13:42 - Vous ne ferez rien si vous ne rétablissez pas les frontières.
13:45 On peut toujours dire qu'on montre les muscles,
13:48 vous ne ferez rien si vous ne rétablissez pas les frontières.
13:50 Donc c'est la priorité.
13:51 La deuxième, c'est la lutte contre le communautarisme.
13:53 On en parlera peut-être, mais si vous ne vous attaquez pas
13:55 fondamentalement au fait qu'une partie de la population,
13:58 même quand elle est née en France,
13:59 ne se sent pas non seulement appartenir à la France,
14:02 mais se retourne contre la France,
14:03 la jeunesse des quartiers d'origine immigrée
14:06 est aujourd'hui une jeunesse hostile au pays qui l'a vu naître
14:09 et qui lui a donné, naturellement, par la loi, sa nationalité.
14:12 Donc on voit bien qu'il y a une lutte contre le communautarisme
14:14 qui n'a pas été commencée.
14:16 Les frères musulmans sont encore autorisés,
14:18 le salafisme est encore autorisé,
14:20 on laisse le voile se répandre comme un signe d'oppression
14:22 contre les femmes sur ce territoire,
14:24 comme si de rien n'était,
14:25 en disant que c'est leur liberté alors que ça ne l'est pas.
14:27 Donc on voit bien à quel point le communautarisme
14:29 est en train de gangréner la France
14:31 et que l'État refuse de s'y attaquer.
14:33 Ça c'est la priorité, les frontières
14:35 et la lutte contre le communautarisme.
14:36 Et après on pourra parler d'un projet de loi,
14:38 mais franchement seulement après.
14:39 L'actualité c'est aussi l'accord de cassation
14:41 qui a confirmé que le ministre de la Justice
14:43 aura bien jugé pour prise illégale d'intérêt.
14:46 Gilles Platrait et Elisabeth Borne ont déclaré
14:48 qu'il conservait en l'occurrence toute sa confiance.
14:50 Selon vous, Éric Dupond-Moretti, le doit-il démissionner ?
14:52 Est-ce qu'il a encore sa place au gouvernement ?
14:54 Le ministre de la Justice conserve la confiance
14:56 de Madame la Première Ministre,
14:58 mais il a perdu depuis longtemps la confiance des Français.
15:00 Il est très clair qu'aujourd'hui,
15:02 on ne peut pas avoir un ministre de la Justice
15:04 qui passe en procès.
15:05 Ça n'est pas possible.
15:06 Encore une fois, il est présumé innocent.
15:08 Et je respecte cette présomption d'innocence.
15:10 Mais vous ne pouvez pas être au gouvernement
15:12 en charge de la justice
15:14 quand vous êtes vous-même impliqué dans un procès.
15:16 Il y a un minimum de respect à avoir des institutions.
15:20 On nous parle tant et plus de la séparation des pouvoirs
15:23 et on a un exemple flagrant de ce qui est violé en l'occurrence
15:26 par le fait que M. Dupond-Moretti reste garde des Sceaux.
15:29 Encore une fois, je n'en fais pas un coupable a priori.
15:31 Le procès dira ce qu'il en est.
15:33 Mais vous ne pouvez pas être garde des Sceaux
15:35 et ministre de la Justice en étant impliqué dans un procès.
15:38 Et alors, qu'est-ce que dénote cette affaire ?
15:40 Le fait que M. Macron,
15:41 ce n'est pas Mme Borne qui garde sa confiance à M. Dupond-Moretti,
15:44 c'est M. Emmanuel Macron.
15:45 Pensez bien que si Emmanuel Macron disait
15:47 M. Dupond-Moretti ne peut pas rester au gouvernement,
15:49 Mme Borne s'alignerait à la seconde,
15:51 et encore heureux d'ailleurs,
15:52 dans le fonctionnement de la Ve République.
15:54 Donc on voit bien qu'il est protégé par le Président.
15:56 Et ça montre à quel point, depuis le départ...
15:58 - Pourquoi ?
15:59 - Mais parce que M. Macron a un certain nombre
16:02 de personnalités auxquelles il tient,
16:04 et à qui rien ne le fera renoncer.
16:07 Ça s'est vu avec d'autres.
16:08 Thierry Solaire, qui est un ancien républicain,
16:12 qui a été impliqué dans des tas d'affaires,
16:15 reste aussi proche de l'exécutif,
16:17 il n'a jamais été désavoué.
16:18 M. Collère, qui a menti sous serment au Sénat,
16:21 dans un certain nombre d'affaires,
16:23 notamment l'affaire Benalla,
16:24 reste en fonction.
16:25 Donc en fait, M. Macron vit comme un monarque,
16:28 mais le pire du monarque,
16:29 celui qui a oublié qu'il y a des règles
16:31 qui s'appliquent à lui en premier.
16:33 Et ça, cet effet de cour,
16:34 c'est la dégradation de ce régime,
16:36 et c'est sans doute ce que les Français rejettent le plus.
16:39 Donc la politique, bien compris,
16:40 pour restaurer la confiance,
16:42 ça serait déjà de demander à M. Dupont-Moretti
16:43 d'assurer sa défense en dehors du gouvernement.
16:46 - Nous on l'a bien compris.
16:47 Deux dernières questions rapidement,
16:48 puisque le temps passe, Gilles Platrait.
16:50 Tout d'abord, la loi anti-squat,
16:51 suite à des rumeurs sur les réseaux sociaux,
16:53 le Conseil constitutionnel a tenu à préciser
16:55 qu'en aucun cas, les squatteurs
16:57 pourront poursuivre en justice les propriétaires
16:59 si le logement est mal entretenu.
17:01 C'est une précision qui est de nature à vous rassurer ?
17:04 - Écoutez, la France est à l'envers.
17:06 Aujourd'hui, si vous êtes propriétaire,
17:10 vous êtes accusé a priori.
17:12 Moi je pense que la décision du Conseil constitutionnel,
17:17 même s'il est amené,
17:18 parce qu'on a bien vu effectivement
17:19 qu'il y a eu peut-être quelques incompréhensions,
17:22 mais sur un fond de méfiance
17:24 vis-à-vis de cette institution.
17:25 Le Conseil constitutionnel n'en fait qu'à sa tête.
17:27 Moi je pense qu'aujourd'hui,
17:28 il y a une façon très claire de calmer le jeu
17:30 et de rassurer tout le monde.
17:31 Que la loi soit précisée sur le rôle
17:34 et le droit du propriétaire vis-à-vis du squatteur.
17:37 Il y a un projet de loi qui a été adopté.
17:39 Il ne va pas assez loin dans la protection
17:41 de ceux qui possèdent un bien.
17:42 Il faut encore des mois et des mois
17:44 pour que vous puissiez récupérer le bien
17:46 dont vous êtes propriétaire.
17:47 Et ça, ça mérite que la loi soit durcie.
17:50 Donc on est encore trop angélique.
17:52 On n'a pas commenté sans ces temps
17:54 les décisions du Conseil constitutionnel.
17:55 Qu'on vote la loi, qu'on la vote,
17:57 qu'on la durcisse et les propriétaires seront protégés.
18:00 C'est quand même, pardonnez-moi,
18:01 le droit de propriété est un droit constitutionnel
18:03 qui a été parmi les premiers reconnus en 1789
18:06 dans la Déclaration des droits de l'homme et des citoyens.
18:08 Et on n'est pas capable de le protéger sur le terrain
18:10 qu'on ne vient pas croire des histoires.
18:11 On a aujourd'hui une force idéologique
18:13 qui veut le contrarier.
18:14 Donc on le réaffirme par la loi.
18:16 Un mot pour conclure une gay pride des campagnes.
18:18 C'est tenu ce week-end à Cheneuvelle,
18:21 dans la Vienne, pour rendre visible l'homosexualité
18:23 en milieu rural.
18:24 C'est une initiative que vous saluez vous-même.
18:27 Pour lutter contre les discriminations.
18:28 Exactement.
18:29 Tout ce qui peut lutter contre les discriminations
18:31 et isoler un peu moins ceux qui se sentent isolés,
18:34 voire harcelés, est une bonne chose.
18:36 Il n'y a aucune ambiguïté là-dessus.
18:37 Et donc, par conséquent, il faut, je pense,
18:40 enfin, on a encore un gros travail à mener,
18:42 si vous voulez, pour que chacun puisse vivre
18:44 sa vie affective, sexuelle, comme il l'entend,
18:46 sans être sous le regard des autres.
18:48 Donc c'est un travail social très très long
18:50 et des initiatives peuvent y permettre.
18:51 Celle-ci, visiblement, y concourt.
18:53 Sans qu'il y ait de scandale a priori.
18:54 Autant, je suis parfois choqué
18:56 dans certains pays, de voir des dérives
18:58 d'exposition de la nudité,
19:00 voire des positions très suggestives en pleine rue.
19:02 Ce n'était pas le cas en l'occurrence.
19:03 C'est une alerte, simplement, en disant
19:05 on doit lutter contre les discriminations partout.
19:07 Gilles Platrait, maire à l'air de Châlons-sur-Saône,
19:09 co-président notamment du groupe Laïcité
19:11 de l'Association des maires de France.
19:13 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur celui de Radio.
19:15 Et très bonne journée à vous.

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