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Gangsters Les Diables De L Amérique S04E03 Raquel Hortencia Medeles Arguello La grand mère maquerell

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00:00 À Houston, chaque nuit, des filles et des garçons sont forcés à vendre leurs corps.
00:06 Raquel Hortencia Medeles Arguello, alias Tencha.
00:13 Chef d'une organisation criminelle.
00:16 Plusieurs maisons de poste.
00:18 Des dizaines et des dizaines de femmes réduites au rang d'esclaves sexuels pendant des années.
00:23 Les mâques maltraitaient ces filles.
00:26 Du commerce sexuel, du trafic d'êtres humains.
00:30 Elles fournissaient les lieux.
00:32 Les mâques lui versaient environ 20 000 dollars par semaine.
00:35 Ces filles étaient violées par des types différents toutes les 15 minutes.
00:39 Elles proposaient des mineurs pour certains clients.
00:43 15 ans, enfermées dans une pièce.
00:46 Elle annonçait, il y a de la chair fraîche.
00:49 Une personne capable de réduire des femmes et des mineurs en esclavage,
00:53 qui se fiche qu'elles soient tabassées, torturées et violées.
00:57 C'est un monstre.
00:59 Police, on y va !
01:01 Une enquête d'une ampleur sans précédent.
01:04 Des bordereaux de virements mentionnant les sommes et les destinataires.
01:08 L'opinion publique n'a aucune idée de la portée de cette affaire.
01:15 Aujourd'hui, dans les Diables de l'Amérique.
01:17 Raquel Hortensia Medeley Sarguelio, la grand-mère MacKrell.
01:21 Au mois de février 2013,
01:30 la police de l'Amérique a fait un appel à la police.
01:33 Elle a été appelée à la police de l'Amérique.
01:36 Elle a été appelée à la police de l'Amérique.
01:39 Elle a été appelée à la police de l'Amérique.
01:43 Au mois de février 2013,
01:45 une ambiance de liesse s'empare de Houston, au Texas.
01:48 La ville accueille le week-end du All-Star Game,
01:55 la grand-messe de la NBA, la ligue de basketball professionnelle.
01:59 C'est dans la salle des Rockets, l'équipe locale, que se tient l'événement.
02:03 Des milliers d'amateurs affluent dans le sud du Texas
02:06 pour applaudir les meilleurs joueurs de la planète.
02:09 Kobe Bryant,
02:12 le footballer de l'Amérique,
02:13 et la star locale, James Harden.
02:16 En ville, tous les commerçants attendent cet afflux de visiteurs avec impatience,
02:20 notamment ceux qui opèrent en marge de la loi.
02:24 Il suffit de circuler un peu dans Houston pour les voir.
02:32 Les salons de massage, les clubs de strip-tease, il y en a partout.
02:36 Ça fait partie du décor, les autorités le savent.
02:41 La population est très cosmopolite,
02:43 avec des gens d'origine asiatique ou latino-américaine,
02:46 des tas de nationalités différentes.
02:48 C'est facile de passer inaperçu.
02:50 C'est une grande ville, avec une diversité ethnique très forte,
02:55 alors c'est facile de se fondre dans la masse.
02:58 Les possibilités d'emplois sont nombreuses pour les gens venus du Mexique ou d'ailleurs.
03:02 Le commerce sexuel nage toujours en eaux troubles.
03:08 C'est dans les bas-fonds de Houston qu'une personne a pleinement profité de cette manne financière
03:12 issue d'un sombre mélange de désirs, de détresse et de déni de la réalité d'un crime.
03:18 Une femme à la tête d'un gang criminel. Sacrée histoire.
03:26 Une femme, une mère et une grand-mère,
03:30 mais surtout une criminelle à la tête d'un réseau de prostitution et de proxénétisme répugnant.
03:37 Raquel Hortencia Medela Sargüeyo, alias Tantxa,
03:41 avait un seul but dans la vie, s'enrichir toujours plus.
03:46 Elle avait dans les 70 ans, et avait l'air d'une grand-mère comme les autres.
03:52 Elle n'avait pas du tout une tête de mauvaise personne,
03:57 susceptible de dire des choses comme "il y a de la chair fraîche".
04:04 Elle a empoché des millions de dollars sur le dos de jeunes, ou très jeunes femmes,
04:08 souvent des immigrés clandestines.
04:10 Des mineurs étaient passés clandestinement à la frontière,
04:14 puis séquestrés et obligés de se prostituer sous la menace et l'intimidation.
04:19 Elle fournissait les lieux pour l'activité de prostitution, les maisons de passe,
04:25 les proxénètes lui procuraient les filles.
04:27 Elle savait pertinemment que ces femmes étaient violentées et contraintes de vendre leur corps.
04:34 Elle avait beau savoir ce qui se passait, elle a laissé faire.
04:37 Tencha ne s'est pas contenté de fermer les yeux sur ces pratiques.
04:43 Elle les a cautionnées et encouragées.
04:45 C'est ce qui lui a permis d'engranger des millions de dollars grâce à la prostitution,
04:50 durant plus d'une décennie.
04:52 Son repère principal était un tripo situé sur Telephone Road,
04:55 une rue de la banlieue sud-est de Houston, à une dizaine de kilomètres du centre-ville.
05:02 La Spalmas II était son fer de lance, son bordel le plus connu de la ville.
05:06 La Spalmas et la Feria étaient des cantines mitoyennes.
05:11 Elles appartenaient toutes les deux à Tencha.
05:13 En espagnol, une cantine désigne un simple bar.
05:17 Durant des années, cette femme a fait tourner deux commerces sous le même toit,
05:22 deux commerces intimement liés.
05:25 En fait, les deux endroits n'étaient séparés que par un mur.
05:31 Il y avait d'un côté la Feria, un bar qui ouvrait en début d'après-midi et fermait à 2 heures du matin,
05:37 et dès sa fermeture, la Spalmas ouvrait.
05:41 Le lieu des réjouissances se déplaçait juste de l'autre côté du mur et la fête continuait.
05:46 Alcool, jeux, spectacles et prostitution.
05:50 La Spalmas restait ouverte jusqu'à 6 heures du matin.
05:58 En 2007, la Proxenet ferme la Feria et regroupe les deux établissements en un seul baptisé la Spalmas II.
06:06 Le bordel de Tencha différait de ceux que j'avais déjà vus.
06:10 Quand on entrait, ça avait vraiment l'air d'un bar classique.
06:14 Des tables de billard partout, un comptoir à bière, des machines à sous diverses et variées.
06:21 Mais la clientèle ne venait pas pour boire ou faire la fête, mais pour avoir des relations sexuelles tarifées.
06:28 Quand j'y suis allé, c'était fermé et sombre.
06:31 L'ambiance était lugubre.
06:34 On a dû emprunter une sorte de passage dissimulé derrière un mur.
06:38 Ça menait à un escalier qui débouchait sous des plafonds hauts.
06:42 Et là, c'était un labyrinthe de 17 sortes d'alcoves,
06:46 de pièces nichées dans le moindre espace,
06:49 parfois derrière des cloisons en contreplaqué, parfois en enfilade.
06:53 C'était sans fin.
06:56 L'espace avait été aménagé pour que ni les pompiers, ni la police, ni les clients, ni même les filles ne sachent ce qui était là.
07:05 C'est crade.
07:07 Pratiquement toutes les filles qui travaillaient là avaient un proxénète.
07:11 Ils se débrouillaient pour leur faire passer la frontière clandestinement
07:15 et avaient un arrangement avec la dénommée "Tensha".
07:18 Elle réceptionnait les filles et les mettait au travail dans sa maison de passe comme prostituées.
07:25 Pour la plupart, les proxénètes qui sévisent dans l'agglomération de Houston sont d'origine mexicaine et souvent des clandestins.
07:32 Leur méthode varie.
07:34 Certains sont extrêmement violents,
07:37 d'autres font plus dans l'intimidation et la coercition.
07:41 Ils menacent de tuer les proches restés au pays et cognent de temps en temps sur les filles, mais moins.
07:47 Les proxénètes s'arrangeaient avec les coyotes pour faire passer des filles,
07:52 mais à un certain moment, Tensha elle-même a payé les passeurs pour s'approvisionner directement depuis le Mexique.
07:58 Les coyotes, ce sont des passeurs qu'on paie pour aider quelqu'un à franchir illégalement la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
08:07 Soyons bien clairs sur un point.
08:11 Le trafic d'êtres humains, ce n'est pas de la contrebande de marchandises, mais de l'esclavage.
08:18 Ça consiste à réduire des gens en esclavage, à les forcer à travailler contre leur gré.
08:23 C'est du commerce sexuel, du trafic d'êtres humains.
08:28 Des tas de jeunes femmes et de jeunes filles étaient passées par là, sans compter les milliers de clients.
08:33 J'ai l'impression qu'elles vivaient là, non ? C'est ouvert ?
08:38 Ouais.
08:40 On dirait des cellules.
08:41 Ouais.
08:45 Ce qui rend cette entreprise illégale encore plus remarquable, c'est le personnel qui répondait aux ordres de la tenancière des lieux.
08:51 Las Palmas, c'était une entreprise familiale où travaillaient les enfants de Tencha, son frère, certains cousins et des amis.
09:01 C'était des proches, des gens de confiance. Elles préféraient s'entourer de proches.
09:08 Dans le crime organisé, ce genre de fonctionnement familial ne court pas les rues.
09:15 Tencha a toujours impliqué ses enfants d'une manière ou d'une autre, que ce soit pour tenir la comptabilité, compter la caisse, payer les factures, dissimuler les actifs ou acheter des propriétés.
09:27 Elle s'est bâtie un empire en investissant dans l'immobilier et en achetant des maisons dans tout Houston.
09:33 Un patrimoine d'une valeur de plus de 2 millions de dollars.
09:38 Elle a fait du Las Palmas II une entreprise secrète florissante dans une grande ville, accueillant des entreprises parmi les plus riches du pays, un événement sportif majeur ou de grands meetings politiques.
09:49 Mais au sein de Las Palmas II, il y avait une règle d'or. Les employés n'avaient pas leur mot à dire. Jamais.
09:57 C'était des spécialistes de la manipulation. Ils contrôlaient les femmes en les passant à tabac régulièrement et de manière très brutale.
10:07 Ils leur prenaient leur argent pour les rendre encore plus dépendantes.
10:10 L'une d'elles m'a raconté qu'on lui enfonçait régulièrement un canon de pistolet dans la bouche en lui disant "N'essaye pas de t'enfuir".
10:17 Elle avait de longs cheveux, alors son bourreau aimait les enrouler autour de sa main avant de lui fracasser la tête contre un mur.
10:25 Un climat de terreur était entretenu pour que les filles sachent ce qu'elles risquaient si elles n'obéissaient pas.
10:35 La proxénète a pour habitude d'enfermer certaines filles toutes les nuits.
10:39 Elle enfermait certaines de ses filles pour les garder à l'œil.
10:44 Un des employés de l'établissement a fini par sympathiser avec l'une d'elles et s'est rendu compte qu'elle était mineure.
10:51 Il a décidé de l'aider et est revenu en tant que client.
10:55 Comme on lui faisait à peu près confiance, personne n'a tiqué.
11:01 Il a payé comme s'il voulait avoir des rapports sexuels avec cette fille et ils se sont enfuis sans se retourner.
11:06 En 2012 sort "L'exilé", un film dans lequel l'actrice australienne Abby Cornish incarne une américaine qui décide de venir en aide à des immigrants clandestins mexicains.
11:21 Elle veut leur permettre de passer la frontière pour vivre leur rêve américain au Texas.
11:27 Mais à la même époque, dans la réalité, une certaine Tencha transforme des milliers de ses rêves de réussite en Amérique en véritables cauchemars.
11:36 L'opinion publique n'a aucune idée de la portée de cette affaire.
11:40 L'histoire de chacune de ces victimes ou de leur proxénète pourrait faire l'objet d'un film.
11:45 Mais pour ça, il faudrait raconter toute la vérité.
11:48 Mais l'histoire de Raquel Medeles Arguello, alias Tencha, reste largement drapée de mystères.
11:57 Tout commence là aussi avec un rêve américain, celui d'une femme née au Mexique.
12:02 Elle est arrivée aux États-Unis à un jeune âge.
12:07 Si je ne m'abuse, ses premiers déboires avec les services d'immigration datent de l'époque où elle avait 12 ans.
12:14 De ce point de vue, la jeune mexicaine ne diffère pas des millions de personnes qui ont émigré vers le nord au fil des années 2000.
12:23 Elle ne diffère pas des millions de personnes qui ont émigré vers le nord au fil des générations.
12:27 Au Mexique, il y a des riches très riches et des pauvres très pauvres, mais pas vraiment de classe moyenne.
12:36 Le niveau d'éducation est assez bas, notamment dans les villages reculés.
12:41 Dans ces conditions, il est naturel d'aspirer à une vie meilleure et de vouloir partir réaliser son rêve américain en se disant qu'on pourra aider la famille restée au pays.
12:52 À la frontière, la zone la plus pauvre se trouve au Texas.
12:55 Il y a de vastes étendues complètement désertes, alors ça a toujours été plus facile de passer la frontière par là.
13:02 Il y a toujours eu des mouvements de population.
13:05 Souvenez-vous du film géant avec James Dean.
13:08 Les communautés américaines et mexicaines se sont toujours mélangées au Texas.
13:12 La jeune immigrée va réaliser son rêve.
13:21 Elle amassera des fortunes en Amérique grâce aux plus vieux métiers du monde.
13:24 Elle a prétendu qu'on l'avait forcé à se prostituer plus jeune, qu'elle avait connu tout ça.
13:31 Le plus souvent quand on tombe sur ces femmes qui trempent dans ce genre d'activité, c'est soit parce que leurs compagnons baignent dedans, soit parce qu'elles ont elles-mêmes été victimes de ce trafic.
13:42 D'après moi, Tensha venait certainement d'un milieu extrêmement pauvre.
13:48 On pense qu'elle a franchi illégalement la frontière pour la première fois en 1959.
13:53 Elle a été capturée et expulsée à plusieurs reprises avant de poser ses valises à Houston.
13:58 Ça fait longtemps que Tensha vit à Houston.
14:04 Depuis qu'elle a quitté le Mexique en fait.
14:07 Donc, presque toute sa vie.
14:13 Quand elle s'y installe, Houston traverse une période faste avec la fièvre de l'or noir, le pétrole.
14:19 Ça peut être le côté chacun sa vie de la mentalité texane, mais cette culture particulière qui entoure le sexe tarifé est là depuis longtemps.
14:31 On a eu des candidats au poste de gouverneur du Texas qui déclaraient ouvertement que durant leur jeunesse, ils allaient s'offrir certains services au Mexique ou à la frontière.
14:42 Raquel Arguello décide de proposer ce genre de services sur le territoire américain et s'installe à Houston.
14:48 Elle est d'abord parvenue à obtenir son permis de séjour régulier, puis sa carte verte de citoyenne américaine.
14:56 Elle s'est mariée et a fondé sa famille ici.
14:59 Elle a travaillé dur toute sa vie.
15:02 Les autorités voient les choses autrement, mais c'est vrai.
15:08 Elle travaille tellement dur qu'elle va bâtir un empire en partant de rien.
15:12 Tensha a commencé à travailler dans le milieu des maisons-closes vers le début des années 1990.
15:20 Elle ne faisait que gérer des maisons-closes.
15:25 Pendant très longtemps, elle a entièrement dépendu des proxénètes pour avoir de la main d'oeuvre.
15:36 Le procédé de recrutement que j'ai le plus souvent vu à l'œuvre consiste à séduire les filles au Mexique.
15:42 Ils leur disent, viens avec moi en Amérique, tout est possible là-bas.
15:48 Tu seras serveuse, moi mécanicien, mais on sera aux États-Unis.
15:52 On gagnera de l'argent, on aura une grande maison, une belle voiture.
15:56 Les techniques varient.
15:59 Certains mâques franchissent la frontière pour chercher un type de fille bien précis.
16:04 Ils lui jettent de la poudre aux yeux, lui parlent d'amour et de rêve américain.
16:08 Ils lui font passer la frontière et une fois de l'autre côté, ils lui disent, au fait, t'es pas là pour m'épouser.
16:15 Une fois sur le territoire américain, le proxénète change de méthode.
16:20 Tu ne vas pas être serveuse dans un restaurant, tu vas faire autre chose, tu vas vendre ton corps.
16:25 Au fil des années, des centaines de femmes sont recrutées pour finir dans les méandres glauques du Las Palmas II.
16:33 Dans cette rue de la proche banlieue sud-est de Houston.
16:36 Un vrai lieu cauchemardesque.
16:41 C'était sale, un vrai dépotoir.
16:43 Il suffisait de regarder le sol jonché de préservatifs.
16:47 C'était vraiment un endroit terrible et répugnant.
16:50 J'avais vu des clichés du bar et de la maison close avant de m'y rendre.
16:55 Mais quand j'y suis allé et que j'ai vu les conditions de vie là-bas, ça m'a vraiment donné la nausée.
17:02 Il n'y a pas d'autre mot.
17:03 Elle possédait d'autres bordels et des bars à hôtesse.
17:07 Mais Las Palmas II, c'était sa vache à lait et son vaisseau amiral.
17:11 En règle générale, il y avait 30 à 40 filles présentes chaque nuit.
17:19 Les week-ends, c'était souvent 35 à 40 filles.
17:22 En semaine, elles tournaient à environ une quinzaine de clients par nuit.
17:26 Et les week-ends, ça montait à 30 à 40 passes par fille.
17:31 Ça dépendait si la fille était jolie ou particulièrement demandée.
17:34 Le client paie la prostituée, qui paie son proxénète qui reverse son pourcentage à la mackrael, Tencha.
17:44 Les macks lui rapportaient 20 000 dollars par semaine.
17:49 Las Palmas dégageait au moins un million et demi par an.
17:52 Tencha est une personne avide et cupide.
17:58 Son but a toujours été de s'enrichir qu'importe la manière.
18:01 D'après les registres du Las Palmas II, sur une période de 19 mois à cheval sur les années 2012 et 2013,
18:09 les chambres de la maison de passe auraient été louées plus de 64 000 fois.
18:14 Assez pour remplir un stade.
18:19 Et tout ça en l'espace de 19 mois, pas 20 ans.
18:23 Elle y a gagné beaucoup d'argent, et pas qu'elle.
18:28 Au Las Palmas II, tout est conçu et pensé pour engranger de l'argent.
18:33 Elle faisait payer le stationnement et l'entrée.
18:37 L'entrée, c'était 5 dollars, comme les préservatifs à l'unité.
18:40 L'usage d'une chambre était tarifé 15 dollars, sans oublier les boissons.
18:45 Elle s'enrichit sur le dos des filles, en plus de son pourcentage sur leur passe.
18:52 Celles qui arrivaient en retard ou demandaient à partir plus tôt, passaient à la caisse.
18:56 Tout était payant. Chaque retard était facturé, chaque chambre d'hôtel, même le nettoyage des locaux.
19:04 Une chambre, c'était 15 minutes. Au-delà, il fallait payer.
19:09 Elle faisait absolument tout payer. Alors l'argent rentrait encore et toujours.
19:18 Et la proxénète fait payer encore plus cher un service criminel, les rapports sexuels avec des mineurs.
19:25 Elle proposait des mineurs pour certains clients. Le tarif pouvait monter jusqu'à 500 dollars la passe.
19:32 Quand elle parlait de ces gamines de 15 ans, elle disait "c'est de la chair fraîche".
19:38 Elle les envoyait dans les salons VIP où les attendait les clients.
19:44 L'un d'eux aurait apparemment alerté les autorités en disant "c'est pas mon truc.
19:48 Moi je viens pour avoir des rapports consentis avec des adultes, pas avec des enfants ou des adolescentes.
19:53 C'est de la folie."
19:55 Police Frontière est un film sorti en 1982 avec Jack Nicholson dans le rôle principal.
20:05 L'acteur y campe Charlie Smith, un agent des services d'immigration enquêtant sur un réseau de trafic d'êtres humains.
20:13 Il se retrouve confronté à un système de corruption généralisée.
20:16 Cacher des gens c'est facile. Les victimes n'ont aucune idée de leurs droits ici.
20:22 Elles n'ont ni argent ni moyens, alors elles n'osent pas s'enfuir.
20:26 35 ans après la sortie de ce film-choc, le fléau du trafic d'êtres humains n'a fait qu'empirer.
20:33 Les gens ont besoin de prendre conscience de ce qu'on leur dit depuis déjà 10 ans.
20:41 "Le trafic d'êtres humains est un crime très répandu aux Etats-Unis comme dans le monde.
20:46 Dans toutes les grandes villes, des filles et des garçons sont forcés à vendre leurs corps."
20:51 "Toute la ville est touchée.
20:54 Si vous voyez dans Houston un salon de massage aux vitrines opaques, c'est un signe.
20:59 Derrière cette façade, il y a de fortes chances que des femmes ou des mineurs soient exploitées sexuellement et contre leur gré."
21:10 Au cours des années 2000, le bordel clandestin le plus prospère de Houston se cache derrière la façade d'un bar latino de banlieue.
21:17 La Spalmaz 2. Sa patronne est une femme que tout le monde appelle Tencha.
21:22 La petite entreprise de Raquel Medeles Arguello ne connaît pas la crise.
21:28 Et la mère MacKrell amasse des fortunes sans le moindre scrupule, sur le dos de centaines de jeunes femmes et de mineurs qu'elle exploite sans vergogne.
21:38 "Je me demande comment elle a fait pour passer aussi longtemps entre les mailles du filet.
21:42 En même temps, ce genre d'organisation criminelle est difficile à infiltrer.
21:46 Et puis la prostitution n'a pas toujours été une priorité pour certaines forces de l'ordre."
21:51 "Ce n'est pas systématiquement réprimé. C'est d'ailleurs pour ça que certains n'hésitent même pas à faire du racolage."
21:58 La justice commence à s'intéresser de plus près aux activités de la dénommée Tencha.
22:05 À peu près à la période où la Spalmaz 2 ouvre ses portes.
22:08 En l'an 2000, le président Bill Clinton fait ratifier la loi de protection des victimes du trafic d'êtres humains.
22:16 Cette loi fédérale protège les immigrants sans-papiers, victimes de trafic aggravé,
22:22 notamment dans le cadre du commerce sexuel et de l'esclavage dissimulé.
22:26 La loi étend également les compétences du ministère des Affaires étrangères américains,
22:33 afin qu'ils puissent mener la lutte contre le trafic d'êtres humains hors des frontières.
22:36 "Démanteler les lieux et interpeller les responsables comme Tencha, c'est impératif.
22:42 Mais il faudrait que les mentalités évoluent.
22:45 Est-il normal qu'un homme débute sa soirée dans un club de strip-tease
22:48 et finisse au Las Palmas pour acheter des faveurs sexuelles ? Vous trouvez ça normal ?"
22:53 Le président George W. Bush élargit le champ d'action de cette loi
23:01 en accordant les moyens matériels et financiers aux autorités locales
23:04 pour qu'elles puissent poursuivre les trafiquants.
23:07 "J'étais enquêteur au bureau du shérif du comté de Harris.
23:11 On a reçu la subvention fédérale pour l'aide aux victimes du trafic d'êtres humains vers la fin de l'année 2004.
23:17 Je me suis porté candidat pour intégrer la brigade spéciale qui devait travailler au sein des locaux du FBI."
23:24 Dès le premier jour, Tencha est dans le collimateur des autorités fédérales.
23:31 "La police de Houston nous avait transmis des informations sur elle datant de 2005.
23:35 Son rôle dans les maisons closes et la prostitution n'était pas un secret.
23:39 Mais il fallait s'assurer qu'on ne se livrait pas à la traite d'êtres humains ou à la prostitution forcée."
23:45 "Son nom a surgi, mais aux États-Unis, on ne jette pas les gens en prison comme ça.
23:50 Il fallait des preuves solides qu'elles se livraient à la traite d'êtres humains."
23:54 La brigade spéciale met Las Palmas 2 sous surveillance.
24:00 "On a pris contact avec les services de la répression des fraudes sur les débits de boissons du Texas.
24:05 Leurs services ont pour mission de vérifier que les lieux détenteurs d'une licence pour vente d'alcool sont dans les clous.
24:11 Alors personne ne peut leur fermer la porte au nez.
24:14 On les a accompagnés en mission en prenant garde de ne pas se faire repérer.
24:19 On travaillait incognito afin de récolter des renseignements.
24:22 On parlait aux filles, on creusait ici et là pour trouver des pistes.
24:28 Ça a commencé comme ça."
24:30 L'enquête avance tout à coup, grâce à une jeune femme qui a travaillé dans cet endroit.
24:36 "En 2005, nous avons retrouvé une victime qui avait réussi à s'échapper et à contacter son consulat.
24:44 Les services consulaires nous ont prévenu qu'ils avaient une personne
24:48 affirmant qu'on l'avait forcée à se prostituer dans un bar nommé Las Palmas 2.
24:54 On a tout de suite demandé à parler à cette personne et ce qu'elle nous a dit a confirmé ce qu'on avait entendu dire ailleurs."
25:00 "On savait qu'à l'époque des faits, il y avait 6 ou 7 filles constamment enfermées là-bas.
25:05 C'était l'une d'elles, on n'a jamais réussi à savoir qui étaient les autres."
25:09 "Gagner la confiance de ces jeunes femmes n'est pas facile.
25:15 Lors des premiers entretiens, elles sont tellement terrifiées qu'elles ne veulent pas parler.
25:19 Elles sont dans un pays étranger, elles ne parlent pas la langue.
25:23 Certaines ne savent même pas où elles se trouvaient.
25:25 Elles se sentent vulnérables."
25:27 "À ce stade, c'était la seule victime à qui on pouvait parler."
25:32 "Elle nous a livré énormément d'informations très précieuses.
25:37 Mais on n'avait pas encore suffisamment d'éléments solides
25:40 pour lancer une instruction et s'attaquer à toute l'organisation."
25:44 Il faudra des années aux autorités fédérales pour amasser assez de preuves solides contre Tencha.
25:52 Le déclic a lieu quand les enquêteurs obtiennent des renseignements de première main par le biais d'informateurs fiables.
25:58 "Ces gens n'aimaient pas la façon dont les employés étaient traités,
26:01 le fait que les filles soient très jeunes.
26:03 Ils savaient ce que ça voulait dire et ils étaient contre."
26:06 "L'un d'eux avait pour mission d'accompagner les filles qui montaient dans les chambres.
26:12 C'est lui qui empochait l'argent pour la chambre, pour les préservatifs et le reste.
26:16 Il tenait un registre pour Tencha, avec les noms des filles.
26:21 Alors il s'est mis à tenir un registre parallèle, une copie, juste pour moi."
26:27 La police suit chaque dollar dépensé dans le cadre de la prostitution clandestine.
26:33 Un informateur anonyme contacte aussi la police.
26:39 "Un jour, on a reçu un coup de téléphone.
26:42 C'était une prostituée qui travaillait là-bas, mais ce n'était pas une victime du trafic sexuel.
26:48 Elle refusait catégoriquement de témoigner, mais elle voulait nous aider.
26:52 Alors elle nous a aiguillés, on va dire.
26:55 Elle nous a dit où chercher.
26:58 C'est elle qui m'a parlé d'un employé mécontent qui serait susceptible de parler à la police."
27:04 Et ce nouvel informateur sait tout de l'organisation de la proxénète en chef.
27:09 "Il avait été un temps son bras droit,
27:13 mais il s'était accroché à plusieurs reprises avec elle à cause des mauvais traitements infligés à certaines filles.
27:18 Il exprimait son désaccord et ça ne plaisait pas à Tensha.
27:22 Il est tombé en disgrâce."
27:26 L'homme est résolu à emporter tout un empire du crime avec lui.
27:30 "On a fait des enregistrements.
27:33 On lui disait à qui on voulait qu'il parle en particulier."
27:39 "On découvrait comment fonctionnait le système, comment les filles étaient traitées."
27:43 "On a effectué 800 enregistrements.
27:46 Sur tous les sujets.
27:49 Le trafic, les filles mineures et adultes, les proxénètes,
27:53 leurs modes opératoires pour attirer et forcer les filles."
27:56 "C'était difficile à écouter.
27:59 Surtout les rires de Tensha.
28:02 On l'entend rire."
28:06 "Une personne capable de réduire des femmes et des mineurs en esclavage par cupidité,
28:10 qui se fiche qu'elles soient tabassées, torturées et violées,
28:15 tout ça pour l'argent,
28:17 c'est un monstre."
28:19 Au milieu des années 2000, une unité spéciale chapotée par le FBI et basée à Houston
28:28 décide de s'attaquer au réseau clandestin de prostitution le plus important de la ville.
28:34 À la tête de cette organisation, une femme qui ressemble à n'importe quelle grand-mère.
28:38 "Elle n'avait pas l'air d'une criminelle en durcie, imprévisible et dangereuse."
28:44 Raquel Hortencia Medellez Arguello,
28:48 s'est spécialisée dans la prostitution forcée de mineurs au sein de sa maison close.
28:52 "Tensha gardait entre 5 et 7 mineurs enfermés dans la pièce d'une de ses propriétés.
29:01 Et c'est elle qui allait les chercher et qui ramenait ses gamines de 14 à 17 ans jusqu'à sa maison close.
29:08 Elle appelait les nouvelles la "chair fraîche".
29:14 Elle annonçait "Y a de la chair fraîche".
29:17 En 2012, elle se met en retrait de la gestion au quotidien.
29:22 Elle se contente d'empocher sa part de 20 000 dollars par semaine.
29:28 "Elle a un peu lâché les reines à cause de l'intérêt des forces de l'ordre.
29:31 Les moeurs et d'autres services de police de Houston lui rendaient plus souvent visite.
29:36 Les descentes dans son établissement se sont multipliées.
29:40 Elle a pris peur."
29:43 Elle confie les reines de toute l'opération à un de ses hommes de confiance, surnommé Poncho.
29:50 "Poncho et Tensha étaient très proches.
29:54 Ils lui fournissaient des filles depuis de nombreuses années.
29:58 Poncho était proxénète.
30:00 Tensha lui a confié la gestion de Las Palmas II.
30:03 Mais c'était une façade.
30:06 En coulisses, elle continuait de tirer les ficelles.
30:10 Lui, c'était le leurre.
30:12 Et en cas de pépin, c'était le fusible."
30:14 Poncho ne sert pas d'homme de paille très longtemps.
30:18 En partie à cause des deux informateurs de la police qui travaillent à l'intérieur de la maison close.
30:25 "Il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt à ce moment-là.
30:28 Il avait passé à Tabah une des filles de la boîte...
30:33 et avait kidnappé son enfant pour l'obliger à se prostituer.
30:37 Alors, quand il a débarqué au Las Palmas II et que nos sources l'ont reconnu,
30:43 on a tout de suite été prévenu qu'il était là."
30:46 Poncho était poursuivi par la police locale et ne pouvait plus diriger les affaires.
30:52 Tencha a dû recruter trois autres proxénètes pour le suppléer.
30:56 Ces derniers n'ont pas le temps de prendre leur marque.
31:00 "Cette organisation a fait venir de force et illégalement des femmes et des mineurs du Mexique
31:12 pour les obliger à se prostituer en usant de violences et de menaces."
31:17 En octobre 2013, la brigade spéciale a assez d'éléments pour poursuivre la meneuse de l'organisation,
31:23 ainsi qu'une douzaine de ses complices et de ses subalternes.
31:27 "Le procureur estimait, comme toute la brigade, que le dossier permettait d'enclencher la vitesse supérieure.
31:34 Il a fallu mettre en place les équipes qui allaient filer les différentes cibles
31:38 quelques jours avant le grand coup de filet."
31:41 "On a fait un dernier point et tout le monde était d'accord pour y aller.
31:46 On n'avait plus qu'à fixer le jour et l'heure et à passer à l'action."
31:50 "Après 18 mois d'enquête conjointe entre autorités fédérales, du Texas et de la ville de Houston,
32:01 le FBI vient d'annoncer le démantèlement d'une organisation criminelle générant des millions de dollars de profit
32:07 grâce à la prostitution forcée de jeunes mexicaines clandestines et d'esclaves sexuels, certaines mineurs."
32:14 "J'ai dirigé la perquisition du bar de la Spalmas 2. Tensha n'était pas là-bas."
32:20 "Elle se trouvait dans une de ses propriétés dont on connaissait l'existence grâce au transfert d'argent qu'on surveillait.
32:27 J'ignore ce qu'elle trafiquait là-bas, mais elle était sur le chemin du retour
32:31 quand une patrouille a intercepté son véhicule et procédé à son interpellation."
32:41 "J'ai bien essayé de lui parler quand je l'ai vu le jour de son arrestation, mais elle a refusé."
32:47 "Elle a tout nié en bloc. Elle m'a dit 'je n'ai rien fait, je ne vois pas de quoi vous parler' puis elle a demandé à voir un avocat."
32:56 "Je l'ai rencontrée dans une cellule, au tribunal. Elle avait l'air d'une grand-mère, tout ce qu'il y a de plus normal."
33:05 "Les charges qui pesaient contre elle étaient assez lourdes et les peines encourues également."
33:10 "Je lui ai expliqué que dans ce genre de dossier, les chances d'obtenir une libération sous caution devant un juge fédéral étaient très minces, voire nulles, en dehors de quelques circonstances exceptionnelles."
33:20 On l'inculpe d'associations de malfaiteurs à des fins de prostitution forcées, dissimulation d'immigrés clandestins, trois faits de blanchiment d'argent et de blanchiment d'argent en réunion.
33:32 "Je n'aime pas les gens qui se livrent à la traite d'êtres humains. Je me fiche de leur âge, je me fiche qu'ils soient petits ou gros, jeunes ou vieux, je me fiche de la couleur de leur peau."
33:42 "La première fois que j'ai vu Tensha, tout ce que je savais, c'est que je ferais tout pour que justice soit faite."
33:48 Si la criminelle refuse de parler, plusieurs femmes qui travaillaient pour elle ont beaucoup de choses à raconter.
33:58 "Ce qu'elles ont vécu ne les quittera jamais. Ça restera gravé jusqu'à leur mort."
34:03 Le 10 octobre 2013, la criminelle plus connue dans le milieu sous le nom de Tensha est placée en garde à vue.
34:14 Son arrestation sur une artère de la périphérie de Houston est l'aboutissement d'une enquête de police qui aura duré pratiquement une décennie entière.
34:26 "Tensha était à la tête d'une organisation criminelle qui avait réduit des dizaines et des dizaines de femmes au rang d'esclaves sexuels pendant près de 20 ans."
34:35 "Ces filles étaient violées par des types différents toutes les 15 minutes."
34:40 Raquel Medeles Arguello et 12 de ses complices sont inculpés de plusieurs chefs d'accusation, dont association de malfaiteurs, prostitution forcée, blanchiment d'argent, dissimulation d'immigrés clandestins et traite humaine.
34:55 "Ils étaient 13 mis en examen et c'est la seule qui a voulu se défendre."
35:00 "Tous les autres prévenus ont plaidé coupable, sauf ma cliente."
35:05 "Nier l'existence de la prostitution forcée aurait été totalement absurde."
35:14 "Il n'y a jamais eu de débat sur ce point. Nous n'avons jamais réfuté l'existence de la prostitution au sein des établissements qu'elle possédait."
35:22 "Nos objections portaient sur les liens présumés entre ma cliente et les individus qui se livraient au proxénétisme."
35:29 Pour la justice, cette grand-mère est une criminelle, la tête pensante du système, celle qui payait les proxénètes pour qu'ils lui fournissent de jeunes mexicaines clandestines qu'elle forçait ensuite à vendre leur corps à des hommes.
35:45 "Nos sources nous avaient procuré les registres d'occupation des chambres, des bordereaux de virements mentionnant les sommes et les destinataires, des numéros de comptes bancaires, des actes de propriété, tout ça grâce à nos sources."
35:58 "Des livres de comptes pour les sorties d'argent, des adresses où acheter les préservatifs, les horaires d'occupation des chambres, tout ça a été limpide dès le premier jour."
36:10 Le dossier de l'accusation compte aussi des centaines d'heures d'enregistrement des dépositions de deux informateurs infiltrés.
36:16 "C'était des éléments cruciaux. Au procès, ces témoins ont permis d'identifier les responsables ainsi que leurs rôles respectifs."
36:26 Ces enregistrements ne laissent aucun doute sur qui commandait au Las Palmas II.
36:33 "Un des prévenus, par exemple, avait pour fonction d'inspecter les filles pour s'assurer qu'elles ne présentaient pas de traces de coups. Tencha n'aimait pas qu'elles aient des bleus ou des marques. Ce genre de choses attire l'attention. Quelqu'un, même un client, aurait pu les voir et alerter les autorités."
36:49 Le problème venait du chef d'accusation principal, la traite humaine et la prostitution forcée.
36:58 Les témoignages les plus accablants proviennent des ex-employés forcés de l'accuser. Les douze jeunes femmes vont se succéder à la barre.
37:06 "C'est déterminant dans ce genre d'affaires. La plupart du temps, ces jeunes femmes refusent d'être impliquées ou d'être confrontées à leurs bourreaux. Souvent, elles pensent être encore sous l'emprise de ces gens."
37:19 "Durant les interrogatoires, on prenait soin de leur dire qu'elles n'étaient pas seules. Souvent, les victimes se croient seules à se battre. Alors, on voulait qu'elles sachent que ce n'était pas le cas, qu'elles étaient plusieurs et qu'elles faisaient front ensemble."
37:32 "Ces jeunes filles ont fait preuve d'un courage qui inspire le respect. On peut toujours se demander pourquoi elles ne sont pas plus nombreuses à témoigner, mais ce ne sont que des gosses. Il faut un sacré cran pour faire ce qu'elles ont fait, vraiment."
37:48 "Le premier témoin était une des mineures enfermée dans une des chambres du Las Palmas 2. Et alors qu'elle déposait à la barre, elle s'est interrompue et a dit 'Elle me fixe en souriant'."
38:04 "J'avais Tencha dans mon dos. Je voyais les jurés sur ma gauche, mais pas elle. La jeune femme était juste en face. Quand elle a prononcé ses mots, j'ai vu tous les jurés tourner la tête pour voir si elle souriait vraiment."
38:22 "Il y avait de la rage dans les yeux de cette jeune fille. Elle a affirmé que Tencha savait forcément ce qui se passait. Elle se souvenait comment cette femme appelait les nouvelles comme elle, la chair fraîche."
38:35 "Ce genre de choses a profondément marqué le jury. Son témoignage était tellement fort et sincère. Elle disait la vérité."
38:49 "Cette jeune femme a déclaré avoir été un certain temps soi-disant 'enfermée' à l'étage du Las Palmas, où ses services étaient vendus à un prix élevé à certains clients."
39:00 "Nous avons toujours rejeté ces affirmations. Les faits tels qu'ils étaient énoncés sonnaient faux, ne concordaient pas avec les constatations faites sur place. Ça sonnait vraiment trop faux."
39:13 "Elle s'exprimait en espagnol, mais qu'importe. Son langage corporel, le chevrotement dans sa voix, on voyait bien que ce qu'elle disait avoir vécu était vrai."
39:22 "J'ai vu les larmes monter aux yeux de certains membres du jury."
39:26 "Je me souviens aussi qu'elle a dit être très croyante et très pieuse, mais qu'après ce qu'elle avait vécu, après avoir été violée et battue à tant de reprises, elle avait perdu sa foi en Dieu."
39:42 "Elle ne voyait pas comment Dieu pouvait exister et laisser faire ce qu'on lui avait infligé."
39:48 "Elle se sentait vide, sans espoir."
39:53 "Tensha n'a pas vraiment exprimé la moindre émotion au procès. Elle semblait imperturbable."
40:03 "La traite des femmes est une réalité terrifiante et abjecte. Personne ne devrait en être victime."
40:11 "Mais ce n'est pas le sujet. N'oublions pas que plusieurs proxénètes ont bénéficié de réductions de peine très conséquentes dans cette affaire."
40:19 "Mais quand le système punit quelqu'un qui veut seulement se défendre, c'est qu'il marche sur la tête."
40:25 Les victimes de la proxénète ne sont pas les seules à témoigner contre elle à la barre.
40:32 "Les filles et le fils de Tensha étaient aussi poursuivis et ont décidé de coopérer parce qu'ils savaient qu'ils avaient fait quelque chose de mal."
40:39 "Ses propres enfants ont montré plus de remords qu'elle."
40:43 Les enfants de l'accusée déposent contre leur mère.
40:47 "Parmi les prévenus, il y avait ses soeurs, son neveu, son fils et ses filles."
40:53 "Son fils a témoigné et comme les autres, il l'a pointé du doigt en disant 'Maman, arrête de nier.'"
41:01 "Tour à tour, ces enfants sont venus à la barre et se sont mis à pleurer."
41:05 "C'est assez compréhensible."
41:07 "Si vous deviez comparaître devant un tribunal pour témoigner contre un de vos parents, ce serait un moment difficile."
41:14 "Ils ont eu du mal, mais ils ont dit la vérité."
41:17 "Et ils ont pleuré parce qu'ils savaient que leur témoignage allait enfoncer leur mère."
41:22 "Mais ils ne voulaient pas non plus finir leur vie derrière les barreaux pour autant."
41:29 Tous les enfants de la dénommée Tencha plaident coupable et se voient condamnés à des peines de prison allant d'un an et demi à six ans de rétention.
41:37 Le procès de leur mère durera quant à lui une dizaine de jours et les délibérations du jury moins de quatre heures avant que le verdict sans appel tombe.
41:47 "Coupable de tous les chefs d'accusation."
41:50 "Ça m'a soulagée pour les victimes."
41:52 "Elles pourraient enfin tourner la page."
41:55 "Et puis, ça montrait que la justice fonctionne."
41:59 "Quand on fait les choses bien, on obtient toujours des résultats."
42:03 "C'est très frustrant."
42:05 "La cliente avait déjà un certain âge au moment où elle a été condamnée."
42:09 "Alors on craint fortement qu'elle meure en prison."
42:13 À l'énoncé de sa peine, Tencha finit par craquer et fond en larmes.
42:19 "Elle a pleuré parce qu'on l'avait arrêtée, qu'on avait saisi tous ses biens et qu'elle allait mourir en prison."
42:26 "Elle n'a pas pleuré parce qu'elle regrettait quoi que ce soit."
42:29 "Lors de cette audience, Tencha a pleuré."
42:33 "Elle a répété qu'elle était innocente et ne comprenait pas ce qui lui arrivait."
42:37 "Ça a rendu ces victimes tellement folles de rage qu'elles ont demandé à revenir à la barre."
42:42 "Elles avaient chacune rédigé des déclarations, mais elles avaient le droit de prendre la parole."
42:49 "Quand elles l'ont entendue, six d'entre elles ont décidé de s'exprimer."
42:54 "Pour résumer, elles ont énuméré leurs problèmes."
42:57 "Leur incapacité à avoir des rapports sexuels normaux avec leur mari."
43:01 "À bâtir des relations normales avec leurs enfants ou leurs amis."
43:05 "Les problèmes liés à l'intimité, la dépression et des pensées suicidaires dues au traumatisme subi."
43:12 Le 28 janvier 2016, Raquel Hortencia Medellez Arguello est condamnée à la prison.
43:22 Elle purgera sa peine en pénitencier fédéral.
43:25 Les autorités saisissent ses 15 propriétés d'une valeur globale de plus de 2,5 millions de dollars.
43:31 Le fruit de leur vente sera reversé aux victimes de l'infâme proxénète,
43:35 comme dédommagement des crimes qu'elle aura fait subir.
43:39 "Tencha est hors d'état de nuire."
43:44 "Mais ce qui continue, c'est la pétance de cette ville pour le commerce de l'alcool."
43:49 "Mais ce qui continue, c'est la pétance de cette ville pour le commerce sexuel illégal."
43:53 "Et la cupidité des proxénètes et des criminels qu'il alimente."
43:57 "Ça, ça continue."
43:59 "Au moment même où je vous parle."
44:02 "Au moment même où je vous parle."

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