Michael Mann est un de mes cinéastes américains préférés. Il est un artiste hors du commun, un metteur un scène de génie. Je suis donc heureux et fier de vous présenter son oeuvre dans cette vidéo.
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Sources :
https://www.youtube.com/watch?v=ZIuyAQm5vtY&t=26s
https://www.youtube.com/watch?v=AEXWcT5idQ8&t=468s
https://www.youtube.com/watch?v=9_tMbpRLgVY&t=48s
https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Mann
https://www.youtube.com/watch?v=Bd4XkV5ojT8
https://www.youtube.com/watch?v=EEQ3C2ICUuI&t=2s
http://www.culturepub.fr/videos/nike-leave-nothing/
Musiques (dans l’ordre de diffusion) :
- Eventide - mezhdunami
- Final Confrontation-End Credits by Tangerine Dream from Thief OST
- The Last of the Mohicans - Promontory Main Theme
- HEAT God Moving Over The Face of the Waters_ End Credits Film Version - Moby Kronos_Quartet
- Mogwai - Auto Rock
- Moby feat Patti Labelle - One Of These Mornings Miami Vice soundtrack
- Public enemies - Ten Million Slaves
- Ali - Tomorrow Salif Keita
- Collateral - Audioslave - Shadow on the sun, instrumental
- The_Insider - Lisa Gerrard Peter Bourke - Meltdown
- Falling Ft eSoreni - Sappheiros
Films traités dans la vidéo :
- Le Solitaire (1981)
- Le Sixième Sens (1986)
- Le Dernier des Mohicans (1992)
- Heat (1995)
- Révélations (1999)
- Ali (2001)
- Collatéral (2004)
- Miami Vice : Deux Flics à Miami (2006)
- Public Enemies (2009)
- Hacker (2015)
#MichaelMann #Retrospective
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- Final Confrontation-End Credits by Tangerine Dream from Thief OST
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- Mogwai - Auto Rock
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- Public enemies - Ten Million Slaves
- Ali - Tomorrow Salif Keita
- Collateral - Audioslave - Shadow on the sun, instrumental
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Films traités dans la vidéo :
- Le Solitaire (1981)
- Le Sixième Sens (1986)
- Le Dernier des Mohicans (1992)
- Heat (1995)
- Révélations (1999)
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#MichaelMann #Retrospective
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Court métrageTranscription
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01:10 Beaucoup d'éléments définissent le cinéma de Michael Mann.
01:16 Un cinéma intense, contemporain, destiné à tous,
01:19 mais sublimé par différents niveaux de lecture bien établis par le réalisateur.
01:22 Sa mise en scène atmosphérique, ses personnages bien caractéristiques,
01:25 son rapport au temps, à l'environnement, à l'amour,
01:28 c'est ce que nous offre le cinéaste depuis presque 40 ans.
01:31 Michael Mann est un maître dans son art, un magicien, un architecte,
01:34 un auteur hors pair. Mais qui est l'homme ? Qu'est-ce qui caractérise son oeuvre ?
01:37 Pourquoi avoir gardé une ligne fixe sur ses personnages depuis aussi longtemps ?
01:40 Quel rapport entretient-il avec l'environnement qui l'entoure ?
01:43 Et quel héritage a-t-il et va-t-il laisser pour le cinéma futur ?
01:46 Je vais faire en sorte de trouver des réponses à toutes ces questions dans cette vidéo.
01:49 C'est parti !
01:51 [Musique]
01:55 [Musique]
01:58 Michael Mann naît le 5 février 1943 à Chicago dans l'Illinois.
02:04 Diplômé de la London International Film School,
02:06 il commence sa carrière en réalisant un court-métrage intitulé "Juan Puri",
02:10 avec lequel il remportera le prix du jury à Cannes en 1970.
02:13 Plus tard, il se lance en tant que scénariste sur des séries comme "Starsky Yacht" ou encore "Vegas"
02:17 et réalise son premier film pour la télévision "Comme un homme libre"
02:20 avant d'enchaîner avec son premier film en salle, "Le solitaire".
02:23 Mais c'est dans les années 90 que Mann assoit sa légende avec 3 films ancrés dans l'histoire du cinéma.
02:27 Le dernier des mots-icônes, "It" et "Révélation".
02:30 Aujourd'hui, il est encore considéré comme le maître absolu du polar,
02:33 celui qui, depuis "It" en 1995, a révolutionné le genre pour toujours.
02:37 Dans les années 2000, il confirme son statut avec des films ambitieux comme "Ali", "Collateral" et "Miami Vice".
02:43 Mais connaît une baisse de rythme avec "Public Enemy" et son dernier film en date, "Hacker".
02:47 Son excellente réputation dans le monde du 7e art est paradoxale,
02:50 puisque sur 11 films, la moitié n'ont pas été rentables
02:53 et le quart n'ont pas suivi dans le cœur du public et des critiques.
02:56 Le cinéma de Mann est peut-être trop pragmatique, trop stylisé, pour plaire au grand public.
03:00 Mann en termes de box-office, c'est les montagnes russes.
03:02 Son plus gros succès étant "Collateral" avec plus de 215 millions de dollars de recettes pour 60 millions investis,
03:07 et son plus gros flop qui est son dernier film en date, "Hacker",
03:10 avec près de 19 millions de dollars dans le monde pour 70 millions investis.
03:14 Mais arrêtons de parler chiffres, si vous le voulez bien.
03:16 Nous sommes ici pour parler d'art, et celui de Michael Mann est total.
03:19 Son talent émane de son travail acharné.
03:21 Chaque détail compte pour lui, chaque plan est important.
03:24 La manière de se mouvoir dans un environnement bien spécifique,
03:26 le sens du réalisme dans les scènes d'action, dans l'histoire,
03:29 mais surtout dans le jeu de ses comédiens.
03:31 Tous devront travailler très dur pour être à la hauteur d'un film de Michael Mann.
03:34 Jamie Foxx ira jusqu'à conduire un taxi pendant des semaines.
03:37 Tom Cruise se promènera dans des centres commerciaux en livreur FedEx en tentant de passer inaperçu.
03:41 Will Smith perdra 17 kilos, apprendra la box et la magie pour Ali.
03:44 James Caan apprendra à percer des coffres avec un professionnel dans le domaine.
03:48 David Daly-Weiss passera des semaines dans la forêt pour s'imprégner de l'environnement.
03:51 Mann ira même jusqu'à entretenir une correspondance avec le tueur en série
03:54 Denis Swain Wallace pour son film Manhunter.
03:57 Mann est un perfectionniste, on ne sait pas grand chose de sa vie car il la consacre essentiellement à son travail.
04:01 Mann vit et respire pour le cinéma, il est plus que tout dévoué à sa passion.
04:05 C'est son pilier, son obsession, il ne sait rien faire d'autre.
04:08 Il est comme ses personnages, voué à vivre et mourir pour son travail.
04:12 Pour nous offrir sa vision du monde, pour nous offrir son oeuvre.
04:16 [Musique]
04:26 Michael Mann, c'est seulement 11 films en 40 ans de carrière.
04:29 11 films aux thématiques qui se rejoignent et qui tiennent à coeur aux cinéastes.
04:32 The Jericho Mile sorti en 1979 est le premier film réalisé par Mann.
04:36 Ce téléfilm fort de son succès aura même le droit à des projections en salles un peu partout aux Etats-Unis.
04:41 Mais son style légendaire on le retrouvera pour la première fois deux ans plus tard
04:44 dans son second métrage et le premier à être exploité en salles, Le Solitaire.
04:48 Ce film dont Nikola Winingreft s'est grandement inspiré pour Drive raconte l'histoire de Frank,
04:53 braqueur solitaire à la limite de l'associabilité,
04:55 qui va voir son destin basculer quand il va faire la rencontre de Jessie, de qui il tombera amoureux.
04:59 Un élément essentiel de remise en question pour Mann,
05:01 qu'il mettra également en avant dans le dernier des Mohicans, Hit et Public Enemies.
05:05 Un romantisme que le cinéaste a toujours privilégié dans ses films malgré les apparences.
05:09 Son cinéma reflète les problématiques simples de la vie.
05:11 La quête d'une identité, l'envie de liberté, le rejet de toute forme d'autorité.
05:15 Mais tous ces éléments gravitent autour d'une thématique commune, l'amour.
05:19 Et chez Michael Mann, l'amour et le devoir ne font pas bon ménage.
05:22 Il apparaît dans ses films comme une utopie, comme quelque chose d'irréalisable,
05:25 comme un choix auquel sont confrontés tous ses personnages.
05:28 Dans Le Solitaire, Frank laisse tomber Jessie pour la protéger de ses actions,
05:32 car son refus formel d'autorité le conduira vers une mission suicide.
05:35 Dans Manhunter, Francis de la Ride alias le Dragon Rouge
05:38 exerce un pouvoir sordide sur celle qui s'est éprise de lui.
05:40 Il apparaît comme un féroce animal qui accepte de se laisser dompter,
05:44 jusqu'au jour où il en décidera autrement et frappera.
05:46 L'amour naissant entre Nathanael et Cora est celui de deux mondes que tout oppose.
05:50 Vincent et Neil dans It, mais aussi John Dillinger dans Public Enemies
05:53 ne peuvent entretenir de relations saines.
05:55 Tous les trois destinés à se perdre dans leur travail respectif.
05:58 Tous les trois ne vivant qu'au rythme du vent, à 300 à l'heure,
06:01 sans perspective d'avenir, juste par passion pour l'adrénaline.
06:04 Jeffrey Wigand, pris dans un engrenage dont il ne peut s'échapper, y perdra sa famille.
06:08 Ali, victime de sa condition, de sa légende, n'aura pas la place d'accueillir l'amour dans sa vie.
06:12 Max n'aura pas le courage de prendre les deux vents pour avouer son amour et préférera rêver sa vie.
06:17 Sonny Crockett ne pourra se résoudre à échapper à son destin
06:20 et choisira ce dont il a toujours été fait, plutôt que son amour naissant.
06:24 Man façonne ses personnages en leur offrant un choix, celui de la passion ou de la raison.
06:28 Ils ont tous en commun d'être formatés en un seul mode de vie.
06:31 Ils sont tous maîtres dans leur domaine et c'est justement ça qui leur ferme les portes de l'amour.
06:35 Et pour en réchapper, ils devront choisir.
06:37 Mais on abordera le cas des personnages un peu plus tard.
06:39 Venons-en plutôt à ce qui fait un des gros points forts du cinéma de Michael Mann, le réalisme.
06:43 La mise en scène du cinéaste est légendaire.
06:45 Souvent copiée mais jamais égalée, elle offre un sentiment de réalisme incroyable.
06:49 Le Solitaire commençait déjà avec une introduction d'une tension intense.
06:53 Tout comme son oeuvre la plus crépusculaire, Man Hunter,
06:56 jouissant d'une ambiance unique avec des teintes très marquées et une BO très 80's.
07:00 Ce qui constitue des qualités comme des défauts pour le film.
07:02 Souffrant aujourd'hui d'un vieillissement indéniable, d'une histoire trop convenue,
07:05 et ayant été totalement éclipsée par le Silence des Agneaux sorti quelques années plus tard.
07:09 Un film que je vous conseille malgré tout pour ses élans de mise en scène, son ambiance,
07:13 et son casting dont Tom Noonan, terrifiant en dragon rouge.
07:16 La reconstitution du 18ème siècle pour le dernier des Mohicans
07:19 est aussi une preuve que le sens du réalisme chez Mann n'est pas qu'un détail.
07:22 Ce film est peut-être le plus hollywoodien du réalisateur et reste nullement novateur pour l'époque.
07:26 Mais il a su traverser les âges grâce à sa mise en scène incroyable, son casting qui l'est tout autant,
07:31 et sa BO magnifique et malheureusement magnifiquement gâchée par la télévision française dans un jeu à la con.
07:36 "La bonne nouvelle, c'est que nous repartons avec de l'argent."
07:40 Le scénario se veut relativement complexe et l'intrigue peut paraître trop convenue parfois.
07:44 Mais le dernier des Mohicans possède une atmosphère unique, une poésie envoûtante.
07:48 Et il restera le film qui confirmera aux yeux du monde que Mann est un grand réalisateur.
07:53 Jusqu'à bien sûr, entrer dans la légende.
07:57 [Musique]
08:05 Dans le monde du cinéma, il y a un avant et un après Hit.
08:08 A tel point qu'après ce film, les Polars n'avaient plus grand chose à raconter.
08:11 Rares sont les films contemporains qui ont révolutionné le cinéma.
08:14 Il y a eu Spielberg avec son Jurassic Park, Cameron avec Terminator 2 et Avatar, et Michael Mann avec Hit.
08:20 Le Polar met en avant une dimension humaine inégalée dans ce genre de film.
08:23 Il est porté par une mise en scène méthodique et parfaite, vraiment parfaite.
08:28 Et des personnages d'une profondeur incroyable, interprétés par des comédiens légendaires que je n'ai même plus besoin de vous présenter.
08:34 Ce western contemporain est l'aboutissement, le peaufinage, la transcendance d'une histoire que Mann avait déjà mise en image pour la télévision en 1989 sous le nom de L.A. Takedown.
08:43 Un téléfilm que même le réalisateur renie aujourd'hui.
08:46 Voilà peut-être pourquoi il retravaillera sur le scénario quelques années plus tard pour en faire ce film culte qu'est Hit.
08:51 Ce film on arrive à l'apprécier et à en prendre la pleine mesure avec une certaine maturité, avec peut-être une certaine connaissance du 7ème art.
08:57 Un jour mon prof d'analyse filmique m'a dit "Quand j'étais ado j'ai vu Hit et ça m'a fait chier parce que c'était juste deux mecs qui buvaient un café."
09:03 Et puis plus tard, en ayant gagné en maturité, je l'ai revu et je me suis dit "Putain mais c'est génial, c'est deux mecs qui boivent un café."
09:09 Et si je vous raconte ça c'est parce que d'une part je trouve l'anecdote assez drôle, et surtout parce que c'est exactement ce qui va constituer l'atout principal de Hit.
09:15 La relation entre les deux personnages principaux.
09:18 Que tout oppose mais que paradoxalement tout unit.
09:21 Ces deux personnages tiraillent entre le devoir et l'amour, entre les ténèbres et la lumière.
09:25 Ce fut l'argument principal de vente à la sortie du film.
09:28 La première opposition entre deux légendes du cinéma américain, Robert De Niro et Al Pacino.
09:33 Personne de mieux placé que ces deux là, car De Niro contre Pacino et Nine Mac Colley contre Vincent Hanna, même combat.
09:39 Un face-à-face de légende, une scène de légende, dont voici le script original raturé maintes et maintes fois par le perfectionniste qu'est Michael Mann, ses cadeaux.
09:47 Deux hommes que sur le papier tout oppose, mais qui finalement ont le même but, la même passion pour leur travail, la même vie tourmentée, le même idéal.
09:54 Deux ennemis qui se respectent, qui s'admirent, qui se comprennent.
09:58 Deux ennemis qui se regardent dans un miroir justement, qui font face à eux-mêmes dans un sens.
10:02 Voilà d'ailleurs pourquoi les deux acteurs dans Hit ne seront jamais cadrés ensemble dans le même plan.
10:06 La profondeur de l'écriture fait du traitement des personnages principaux ou secondaires une vraie réussite.
10:10 Mais j'en reviendrai sur eux quand j'aborderai le paradoxe du personnage manien.
10:14 La maîtrise de ce film est justifiée par l'entrée en scène méthodique des personnages.
10:18 On met en place les enjeux avec finesse et intelligence.
10:21 Leur manière de parler, de se mouvoir dans leur environnement, leur gestuelle.
10:24 Tout ça est montré dès le début pour nous faire comprendre qui sont ces personnages et quels sont leurs buts.
10:29 La violence est d'un réalisme terrifiant.
10:31 Je pense à l'attaque du fourgon, mais surtout au braquage de la banque et à la fusillade qui s'en suivra.
10:35 L'immersion à son paroxysme, une maîtrise de la tension inégalée.
10:39 Pas de musique, juste des coups de feu assourdissants et des cris qui le sont tout autant.
10:43 Une leçon de cinéma.
10:45 Une leçon que beaucoup de cinéastes ont apprise afin de façonner leur oeuvre.
10:48 Je pense au Dark Knight de Christopher Nolan, qui est une déclaration d'amour à Heath dans sa mise en scène.
10:53 L'exemple le plus frappant étant le braquage d'introduction.
10:55 On peut aussi penser à Steve McQueen 2 avec les veuves,
10:58 allant jusqu'à glisser un hommage direct à Heath avec ses masques de hockey portés par les braqueuses.
11:02 Mais également notre français Olivier Marshall avec plusieurs de ses oeuvres, dont 36 Quai des Orfèvres.
11:07 Même Kaamelott ira de sa petite référence.
11:09 "J'en ai connu des types comme vous, qui ont monté leur petite équipe de leur côté pour aller chercher le Graal.
11:14 Ils sont tous revenus la queue entre les jambes et les gens leur jetaient des cailloux."
11:17 Après Heath, l'influence de Mann est partout.
11:20 Raison pour laquelle il est et restera le film référence du réalisateur,
11:23 et sans aucun doute le film référence du genre polaire.
11:26 Après ça, tout le monde attendait Mann sur le même registre.
11:29 Mais le cinéaste ne choisira pas la facilité,
11:31 et nous offrira en 1999 un drame politique d'une maîtrise inégalée.
11:35 "Il n'est rien moins que le témoin clé d'un des plus gros problèmes de santé publique de notre histoire."
11:40 "Est-ce qu'il vient dans notre émission pour dire la vérité ?"
11:45 "Oui."
11:46 "Est-ce que c'est un scoop ?"
11:47 "Oui."
11:48 "Est-ce qu'on va le mettre à l'antenne ?"
11:49 "Bien sûr que non."
11:51 "Pourquoi ? Parce que c'est un tissu de mensonge ?"
11:53 "Non, parce qu'il a fait des révélations, et que plus il dit la vérité, plus c'est dangereux."
12:02 Cette histoire, qui raconte un scandale sans précédent dans l'industrie du tabac,
12:05 et qui dénonce un système capitaliste prêt à tout pour le profit, se veut très passionnante.
12:09 Le film est encore une fois très classique dans sa mise en place,
12:11 mais sa maîtrise saute tellement aux yeux qu'il se classe tout en haut dans les trailers du genre.
12:15 La portée du film vous gardera dedans de bout en bout,
12:17 et si vous ne connaissez pas cette investigation fascinante portée par Russell Crowe et Al Pacino, foncez.
12:22 J'aborderai le cas d'Ally, Collatéral et Public Enemies à travers d'autres thématiques,
12:26 mais pour l'instant, il y a un film qui pour moi est à l'apogée du style Mann.
12:30 Un film sous-estimé par le public, et pourtant tellement grandiose.
12:34 Miami Vice n'est pas un film d'action lambda.
12:46 Il n'est pas un énième buddy movie rempli de blagues à tout va.
12:49 Miami Vice, c'est le cinéma contemporain à son apogée.
12:52 C'est un polar atmosphérique électrisant, envoûtant, et d'un réalisme spectaculaire.
12:56 L'histoire nous fait suivre le quotidien de Sonic Roquette et Ricardo Tubbs.
12:59 Deux flics sous couverture, prêts à tout pour faire tomber un baron de la drogue.
13:02 Un scénario sans doute classique, vous me direz, mais encore une fois porté par une réalisation unique.
13:07 C'est là la puissance de Mann, raconter une histoire banale sur le papier,
13:10 mais utiliser tout ce qui l'entoure pour le faire.
13:12 Un peu comme le dernier des Mohicans, le film nous fait entrer directement dans le vif du sujet.
13:16 Pas d'introduction, pas de titre, le début nous impose une situation d'urgence,
13:20 et nous devons nous en accommoder en même temps que les personnages.
13:22 Michael Mann retire tous les repères du spectateur, et impose sa façon de suivre cette histoire.
13:27 Et c'est sans aucun doute pour ça que le film a flopé à sa sortie.
13:30 Personne ne s'attendait à vivre une telle expérience.
13:32 Personne ne s'attendait à sortir de sa zone de confort.
13:35 Certains voulaient un simple film d'action grotesque, d'autres voulaient une adaptation fidèle.
13:39 Mais Miami Vice n'est rien de tout ça.
13:41 Miami Vice, c'est le drame romantique par excellence.
13:43 C'est une ambiance unique, d'un réalisme glaçant.
13:46 C'est l'histoire d'un homme qui ne peut échapper à son destin malgré son désir d'évasion.
13:50 C'est autant d'amour que de violence.
13:52 Mais penchons-nous plus en détail sur une scène en particulier, la scène du Horboard.
13:57 *Musique*
14:05 Une scène hors du temps, envoûtante de poésie, où l'on s'évade, littéralement.
14:09 Une des scènes les plus sexy et les plus romantiques de l'histoire du cinéma.
14:12 Et je refuse de dire ça autrement.
14:14 Mais ce qui me fascine dans cette scène, au delà de son emballage incroyable,
14:17 c'est comment en quelques minutes et avec de simples gestes,
14:20 on peut analyser et comprendre qui sont ces deux personnages.
14:23 Et quelles sont leurs motivations.
14:25 La scène commence quand Isabella invite Sony à aller boire le meilleur mojito de Cuba.
14:29 S'en suit un long regard, puis Sony retire sa veste grise.
14:32 Il n'est donc plus en infiltration, il est redevenu lui-même.
14:35 Il est maintenant en blanc.
14:37 Couleur représentative des institutions et de l'autorité dans le cinéma de Man.
14:41 Et elle est entièrement en noir.
14:43 On sait donc à partir de là qu'une relation entre deux opposés va débuter.
14:46 Une relation d'ores et déjà vouée à l'échec à travers la mise en scène du cinéaste.
14:49 De là, il lui demande si elle est mariée.
14:51 Elle répond que non, qu'elle est une femme d'affaires avant tout.
14:54 Un second long regard s'en suit.
14:56 Il sent qu'elle est forte et indépendante.
14:58 Il doit donc s'affirmer pour le paraître également.
15:00 Et il le fait à travers un geste simple, il lui attache sa ceinture.
15:03 Il la met en sécurité.
15:05 Et elle se laisse faire, bien qu'elle n'en ait pas vraiment besoin.
15:08 C'est un jeu auquel se livrent nos deux personnages.
15:10 Un jeu de séduction où se dégage une sorte de tension bestiale envoûtante.
15:14 De là, la musique de Moby s'intensifie, l'horizon apparaît, et avec lui, la liberté.
15:20 *Musique*
15:31 Avec cette scène, on prend conscience que cette relation est l'axe central du film.
15:35 Et aussi une des plus intéressantes du cinéma contemporain.
15:38 Elle confirme également que Sonic Roquette, à travers son choix de vie, ses relations et son tempérament,
15:43 peut être considéré comme le héros manien ultime.
15:46 *Musique*
15:55 Michael Mann se raconte et nous délivre son oeuvre à travers les yeux de ses personnages principaux.
15:59 Larry Murphy, Frank, Will Graham, Nathan Hale, Max, Sonic Roquette, John Dillinger, Nicolas Attaway.
16:06 Tous ces personnages poursuivent la même quête de liberté.
16:08 Tous cherchent désespérément une place dans ce monde.
16:11 Tous sont des solitaires destinés à subir le temps qui passe.
16:13 Mais tous sont caractérisés par une personnalité méticuleuse et un talent indéniable dans leur domaine.
16:18 Tous sont des héros maniens.
16:20 Mann dépeint dans ses films des personnages d'une individualité sans faille, assez complexe et animée par le doute.
16:25 Mais ce qui saute aux yeux chez le héros manien, c'est son rapport à l'autorité et à toute forme de normes préétablies.
16:30 Le héros manien a soif de liberté et rejette totalement toute forme de hiérarchie et d'oppression.
16:35 Un sentiment qui coïncide avec sa solitude.
16:37 Les exemples les plus frappants sont dans le solitaire,
16:39 où on va suivre Frank, un braqueur qui tente de s'extirper de l'emprise d'un mafieux pour qui il travaille.
16:44 Mais aussi dans le dernier des Mohicans, où l'on suit une tribu qui refuse de prendre parti dans une guerre qui n'est pas la sienne.
16:49 Dans Révélation, où Jeffrey Wigand se bat pour faire tomber un empire puissant qui essaie de le tenir sous silence.
16:54 Dans Ali, où ce dernier refuse de partir en guerre sous la contrainte d'une nation qui rejette ce qui le représente.
16:59 Ou encore dans Public Enemies, où John Dillinger, célèbre gangster des années 30,
17:03 refusera de se plier aux volontés d'un pays qui évolue vers un capitalisme à outrance,
17:06 et préférera la voie de la marginalité et de ce fait, de la liberté.
17:10 Mann ne cherche pas à développer une sorte de manichéisme cliché dans ses films,
17:21 car le héros manien est tout autant un protagoniste qu'un antagoniste.
17:24 Le cinéaste fait abstraction du bien et du mal.
17:27 Lui, il veut simplement nous faire comprendre l'homme, ses désirs, ses doutes.
17:30 Il veut simplement nous mettre face à l'être humain, face au temps qui passe,
17:34 face à son rapport avec la vie, mais surtout avec la mort.
17:37 Le héros manien a aussi tendance à se chercher.
17:39 Il erre dans un monde froid, et sans pitié, enquête une identité propre.
17:43 Dans le sixième sens, Will Graham est dans un combat constant contre lui-même
17:46 pour ne pas céder au côté obscur, auquel il fait très souvent appel pour résoudre des crimes.
17:50 Idem pour Sony dans Miami Vice, trop souvent en infiltration pour presque oublier réellement qui il est,
17:55 et où est réellement sa place.
17:57 Mais l'exemple le plus marquant est dans Ali, où Cassius Clay décidera d'abandonner son nom d'esclave
18:01 et deviendra Mohamed Ali.
18:03 Une identité qu'il devra défendre et imposer, parfois même au sens propre.
18:06 Le parti pris de Mann dont raconté dix ans de la vie du célèbre boxeur n'est d'ailleurs pas un choix anodin.
18:24 Il ne dépeint pas le portrait d'une carrière, mais celui d'un homme radical, complexe et engagé,
18:28 qui décide de façonner sa propre identité,
18:30 qui décide de ne plus être l'esclave Cassius Clay face à une société qui veut le formater et le faire entrer dans les rangs.
18:35 Mais l'homme libre, l'athlète accompli, Mohamed Ali.
18:39 Comme je l'ai déjà dit, le cinéma de Michael Mann est un cinéma romantique, où l'amour est omniprésent.
18:44 Ce qui est paradoxal puisque chez Mann, l'amour ne dure jamais.
18:47 Le héros mannien est toujours confronté à un choix,
18:49 rester fidèle à ce qui le définit, ou changer et vivre l'histoire d'amour dont il rêve.
18:53 Mais le héros mannien est généralement obsédé par le talent qui est le sien,
18:56 doué pour voler, doué pour enquêter, doué pour boxer.
18:59 Le héros mannien ne peut se résilier à abandonner ce qui constitue son existence.
19:03 Il est donc condamné à la solitude, et très souvent à la mort.
19:06 Ce constat me fait énormément penser à Jacques Mestrine,
19:10 gangster français d'une autre époque,
19:12 et personnage mannien par excellence, étant coincé entre sa marginalité et son désir d'aimer.
19:16 Un homme bien réel qui choisira de conserver cette vie qu'il affectionne tant,
19:20 lui offrant un vrai sentiment de liberté,
19:22 mais le conduisant sur une route à sens unique qui le mènera tout droit vers la mort.
19:27 "Je fais ce que je sais faire, je monte des coups."
19:30 "Tu fais ce que tu sais faire, t'essaies d'arrêter les mecs comme moi."
19:33 On ne peut après ça ne pas penser à Neil McAuley,
19:39 et à sa dualité légendaire avec Vincent Hanna.
19:41 Deux hommes qui font face à leur propre personnalité.
19:43 Deux hommes qui prennent le même plaisir à effectuer leur travail.
19:46 Deux hommes qui se respectent, s'admirent, mais que la loi sépare.
19:49 Deux hommes en constante lutte contre eux-mêmes,
19:51 tiraillés entre la lumière et l'obscurité,
19:53 mis en scène à la perfection par Mann comme McAuley en direction de la liberté
19:57 entre dans un tunnel éclairé par l'espoir,
19:59 avant de faire le choix de se venger en retombant dans l'obscurité.
20:02 Le plan final résumera à lui seul cette relation unique.
20:05 Deux hommes, un dans la main, un de face, un de dos.
20:08 Deux opposés qui se complètent, la lumière et l'obscurité.
20:11 La fin d'une lutte pour Vincent, qui se solde par la mort de son égal.
20:14 Et cet ultime regard qui nous fait prendre conscience que Vincent,
20:17 étant ce qu'il poursuit selon ses dires,
20:19 est désormais seul au monde.
20:21 La victoire de ce dernier n'est qu'une question de point de vue.
20:24 Cette dualité, Mann a souvent tendance à la mettre en avant dans ses films,
20:40 et même dans ses publicités.
20:41 Puisqu'en 2007, il mettra en scène pour la marque Nike
20:44 deux joueurs de football américain en pleine rivalité,
20:46 face à face, mais poursuivant le même but,
20:48 la même quête, le même idéal.
20:50 Deux hommes que tout unit par leur passion,
20:52 et que tout oppose par une simple ligne sur le terrain.
20:54 Un peu comme Neil et Vincent, séparés également par une ligne,
20:57 mais imaginaire celle-ci, une ligne qu'on appelle la loi.
21:00 Dans Public Enemies, la dualité est aussi omniprésente,
21:03 mais de manière moins frontale,
21:04 puisque John Dillinger et Melvin Purvis ne font pas face en tant qu'hommes,
21:07 mais plus en tant que symboles.
21:09 La liberté contre le pouvoir, l'anarchie contre le capitalisme.
21:12 Mais le face à face ultime, on le retrouva dans ce qui est pour beaucoup
21:15 le chef d'oeuvre de Michael Mann, Collateral.
21:18 Dans Collateral, les personnages de Vincent et Max sont à l'opposé l'un de l'autre sur la forme,
21:21 mais sur le fond, les deux vivent la même problématique.
21:24 Refusant de s'extirper de cette prison qu'est leur condition respective.
21:27 Et les deux prenant conscience de ce qu'ils sont l'un grâce à l'autre au fil du récit.
21:31 La scène la plus représentative de cette dualité
21:33 est celle où les deux coyotes croisent la route de nos deux héros.
21:35 Un moment envoûtant et poétique dont seulement Mann a le secret.
21:38 Ces deux coyotes sont la représentation de Vincent et Max.
21:41 Deux êtres identiques, deux solitaires perdus dans un environnement qui n'est pas le leur.
21:45 Deux personnes qui se comprennent et qui dans d'autres circonstances
21:48 auraient pu s'entendre et s'apprécier.
21:50 Mais cette scène sera surtout un élément déclencheur pour Max.
21:52 Comprenant enfin qu'il est l'égal de Vincent et qu'il peut lui faire face.
21:55 S'en suivra d'ailleurs quelques minutes plus tard une prise de conscience de ce dernier,
21:58 qui se libérera enfin de Vincent en même temps que de sa condition de chauffeur de taxi.
22:02 Parce que tout au long du film, à chaque fois que Max sort de son taxi, il est un autre homme.
22:06 Il trouve au plus profond de lui le courage d'être ce qu'il doit être,
22:09 de faire ce qu'il a à faire.
22:11 Mais ce qui est paradoxal, c'est que c'est Vincent qui pousse Max à être un autre homme.
22:14 C'est lui qui l'encourage à sortir de sa condition.
22:17 Comme si cet homme vêtu de gris et amenant la mort, n'était ni plus ni moins que la partie sombre de Max.
22:22 Une partie de lui qu'il doit éliminer à tout prix pour être enfin lui-même,
22:25 mais une partie de lui qu'il doit également écouter pour être libre.
22:28 Et quand les deux personnages s'échangent des coups de feu à travers une vitre à la fin du film,
22:31 c'est leur côté obscur qu'ils visent.
22:33 C'est la partie sombre de leur personnalité qu'ils éliminent.
22:36 Vincent finira comme tout héros manien qui se respecte.
22:39 Seul, attendant la mort, dans l'indifférence la plus totale,
22:42 emprisonné dans un endroit déshumanisé par la caméra du cinéaste,
22:45 un endroit qu'on appelle la Cité des Anges.
22:48 Dans Collatéral, Man est un des premiers cinéastes à prendre la pleine mesure de la caméra numérique haute définition.
23:04 Et il reste encore aujourd'hui un des rares à savoir la pousser à son paroxysme.
23:08 Grâce à Man, on a le droit à des nuées orangées comme nous les percevons à l'œil nu.
23:11 Ce qui rend ces films uniques en leur genre.
23:13 Dans ses 11 films, l'action se déroule un peu partout.
23:15 Mais c'est une ville bien connue de Californie que Man utilisera le plus comme environnement principal.
23:20 Los Angeles peut être considéré comme un personnage à part entière dans les films de Michael Man.
23:24 Et pour y avoir passé quelques temps, je peux vous confirmer que ce dernier parvient totalement à retranscrire l'ambiance unique de cette cité effrayante par sa grandeur,
23:31 mais envoûtante par sa poésie.
23:33 Man ne tourne pas en studio car il prend plaisir à tourner en décor réel,
23:36 mais aussi parce qu'il trouve que tourner en studio s'apparente à un travail de bureau.
23:39 Se lever le matin, aller au studio et repartir le soir.
23:42 Man a besoin d'un certain sentiment de liberté, de réalisme pour pouvoir créer.
23:46 Et il aime aussi caractériser ses personnages dans leur environnement.
23:49 Il aime les confondre avec le décor.
23:51 Leur identité passe par leur environnement, leur manière de l'appréhender, de se mouvoir dedans.
23:55 Il développe son propos en utilisant tout ce qui l'entoure.
23:57 Une ville, une rue, une couleur, une musique, un regard.
24:01 C'est tout ça qui fait de Man une référence encore aujourd'hui.
24:04 Il utilise Los Angeles, Chicago, Hong Kong, Miami comme des immensités de goudron,
24:09 de métal et de lumière pour y enfermer ses personnages.
24:12 Incapable de trouver une once de liberté dans ces territoires pourtant si vastes.
24:15 Il nous fait prendre conscience que pour ses personnages,
24:17 la liberté n'est pas synonyme de grand espace à proprement parler,
24:20 mais elle est un choix.
24:21 Quand Nailmack, Kole et les autres se retrouvent pensifs devant l'immensité océanique,
24:25 ils s'évadent.
24:26 Ils sont physiquement encore là, mais mentalement libres.
24:31 Le cinéma de Michael Mann se définit en partie grâce à cette façon unique
24:34 de mettre en image une ville aussi crépusculaire.
24:36 Mais il se caractérise aussi à travers un code couleur bien à lui.
24:39 Chez Mann, la couleur est importante.
24:41 Chaque couleur a sa signification dans les films du cinéaste.
24:43 Le blanc représente l'autorité, les institutions.
24:46 Le gris c'est l'anonymat, le professionnalisme,
24:48 mais aussi le doute qui peut habiter un personnage.
24:50 Le vert lui représente le danger, le mal-être, la mort.
24:53 Il y a plusieurs exemples pour cette couleur,
24:55 mais les plus représentatifs sont dans le sixième sens,
24:57 lorsque Francis de Laraïde fait hurler de douleur un personnage hors champ
25:00 et que le plan nous montre un ciel verdâtre.
25:02 Ou encore le climax lorsque Will Graham est en difficulté.
25:05 Dans le dernier Némoïcan, quand les anglais sont pris en embuscade
25:07 et encerclés du rond, mais également de hautes herbes de couleur verte.
25:10 Le camion qui renverse le fourgon dans la première scène de braquage de Heat est vert.
25:14 La mission suicide pour libérer un otage dans Miami Vice
25:16 se fait sous des tons très verdâtres.
25:18 Quand Pretty Boy Floyd se fait poursuivre et tuer
25:20 durant une des premières scènes de Public Enemy,
25:22 ça se fait dans un terrain très verdoyant.
25:24 Ou encore dans le dernier film en date du cinéaste Black Hat,
25:26 où le vert est aussi omniprésent qu'en le dangerode.
25:29 La fusillade entourée de conteneurs verts,
25:31 le meurtre d'un protagoniste, le climax.
25:33 Bref, quand il y a du vert dans un film de Michael Mann,
25:35 c'est que c'est pas bon signe.
25:37 Mais la couleur qui représente son cinéma aux yeux de tous est le bleu.
25:40 Le bleu chez Mann, c'est avant tout signe de protection,
25:42 de sécurité, de désir, de liberté.
25:45 Le bleu chez Mann, c'est le héros.
25:47 Et parfois, ces héros prennent le temps de contempler l'obleté.
25:50 Ils sont tous à la recherche de cette paix intérieure,
25:52 à la recherche d'une identité, d'un but ou simplement d'un ailleurs.
25:56 La photographie nous parle dans le cinéma de Michael Mann.
25:58 Elle ne fait pas que sublimer un récit,
26:00 elle fait partie intégrante du récit.
26:02 Elle fait de Michael Mann un auteur hors pair,
26:04 un metteur en scène de génie,
26:06 un véritable artiste du cinéma.
26:08 Depuis 2015, après l'énorme flop de Black Cat au box-office,
26:22 on n'a plus revu Michael Mann au cinéma.
26:24 Un film sur la vie d'Enzo Ferrari devait voir le jour,
26:26 mais le projet a rapidement été avorté.
26:28 Est-ce que Mann reviendra sur le devant de la scène ?
26:30 Sans doute que oui.
26:31 Car bien qu'il n'ait absolument rien à prouver,
26:33 il reste un amoureux du cinéma.
26:35 Un véritable drogué du travail,
26:36 et tel un bon personnage manien,
26:38 il ne sait rien faire d'autre, et ne veut rien faire d'autre.
26:40 Quoi qu'il en soit, sa vision unique et son savoir-faire indéniable
26:43 font de lui un des cinq meilleurs réalisateurs encore en activité.
26:46 Et un des meilleurs réalisateurs de l'histoire du cinéma.
26:49 Et comme il l'a si bien dit par le passé,
26:51 les émotions les plus puissantes ne passent pas par le langage,
26:53 mais par la force cinématographique.
26:55 Merci à tous.
26:57 [Musique]