• l’année dernière
Christopher Nolan est un réalisateur que l'on ne présente plus, il jouit d'une grande popularité grâce à une filmographie généreuse qui va puiser toute sa force dans ses différentes thématiques. Des thématiques que j'aborde ici en vidéo.

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Sources :

- https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/bataille-de-dunkerque
- https://www.amazon.fr/Making-Dunkirk-James-Mottram/dp/1683831071
- https://www.youtube.com/watch?v=oMkmjg-qZRk&t=2146s
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Christopher_Nolan
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Jonathan_Nolan
- https://www.sciencesetavenir.fr/decouvrir/tele-cinema/interstellar-un-nouveau-point-de-vue-sur-les-trous-noirs_104038
- https://www.youtube.com/watch?v=EWwbIHi9D90
- https://www.youtube.com/watch?v=xy0geiP6csY&t=62s
- https://fr.wikipedia.org/wiki/IMAX
- http://www.foienquestions.eu/?p=1712
- http://www.eecho.fr/le-carre-sator-enigme-elucidee/

La filmographie de Nolan :

- Doodlebug (court-métrage, 1997)
- Following, le suiveur (1998)
- Memento (2000)
- Insomnia (2002)
- Batman Begins (2005)
- Le Prestige (2006)
- The Dark Knight, Le Chevalier Noir (2008)
- Inception (2010)
- The Dark Knight Rises (2012)
- Interstellar (2014)
- Dunkerque (2017)
- Tenet (2020)
- Oppenheimer (2023)

#ChristopherNolan #Retrospective #Tenet #Oppenheimer
Transcription
00:00 *Musique triste*
00:20 *Musique triste*
00:32 *Musique triste*
00:52 *Musique triste*
01:12 Qu'est-ce qui caractérise le cinéma de Christopher Nolan ?
01:16 Certains diront son rapport au temps, bien sûr.
01:19 Mais au-delà de ça, comment Nolan est devenu Nolan ?
01:23 Comment ce cinéaste anglais a fait de son nom une marque et s'est imposé à Hollywood,
01:27 avec un cinéma certes orienté vers le divertissement tout public, mais pourtant bien singulier ?
01:32 Comment un réalisateur obsédé par des idées fixes aussi étranges que la sociologie,
01:36 la quête de soi, la science et la mort, a-t-il pu engendrer quasiment 5 milliards de dollars de recettes à travers le monde ?
01:43 Pour faire simple, comment un cinéaste aussi unique parvient-il à autant fédérer ?
01:48 Une question qui peut paraître évidente pour certains, et pourtant il faut creuser bien profondément dans la filmographie du réalisateur
01:53 pour se rendre compte qu'en plus de 20 ans, il a su rester sur les rails de ses obsessions.
01:58 *Musique triste*
02:05 Le cinéma est pour un réalisateur le moyen d'extérioriser ses obsessions, ses fantasmes, ses peurs.
02:10 Christopher Nolan est un homme fasciné par les mondes existants dans notre monde.
02:15 Par cette capacité qu'a l'homme à créer différentes réalités, à maîtriser ce qu'on appelle l'illusion.
02:20 Il use de ses talents de metteur en scène, de scénariste et de monteur pour raconter des histoires,
02:25 plutôt simples sur le papier, mais de façon totalement onirique.
02:29 Une chose aussi fataliste qu'un début ou qu'une fin n'existe pas dans le cinéma de Nolan.
02:33 Et pour s'intéresser à son travail, il faut en comprendre le mécanisme, le message.
02:38 "Tous ceux qui réussiront à accepter son cinéma et à le prendre comme il vient seront récompensés par l'ingéniosité et la pertinence de son oeuvre."
02:45 Sa fascination pour cette étrangeté qu'est le temps vient du fait que ce dernier est aussi monotone qu'un fleuve.
02:51 Il ne recule pas, il ne s'arrête pas, il avance et emporte absolument tout avec lui.
02:56 Mais contrairement au temps, l'art lui est malléable.
02:59 Et Nolan se sert du sien pour réaliser son plus grand fantasme, manipuler le temps.
03:03 Et ça, ça passe en premier lieu par sa mise en scène.
03:06 La narration non linéaire deviendra son arme principale pour raconter ses histoires.
03:10 De simples histoires pourtant enrobées d'un univers immersif et d'un dénouement inattendu.
03:15 Memento, le second film du réalisateur, déroule son récit de sorte à ce que l'on ressente l'handicap du personnage.
03:20 Leonard Shelby nous est présenté à travers une mission bien précise.
03:24 Trouver et se venger de l'homme qui a violé et assassiné sa femme.
03:28 Mais ce qui va le freiner dans sa quête, c'est qu'il souffre d'une forme rare et incurable d'amnésie.
03:32 Il se souvient de sa vie jusqu'à l'agression de sa femme.
03:35 Mais passé cet événement précis, il est incapable de savoir ce qu'il a fait dans le quart d'heure précédent.
03:39 Où il se trouve, où il va et pourquoi.
03:42 Pour ne jamais perdre son objectif de vue, qui est de se venger de l'agresseur de sa femme, un certain John Jay.
03:47 Il va structurer sa vie à l'aide de notes, de polaroïd et de tatouages sur son corps.
03:51 C'est ce qui l'aide à rester en phase avec son objectif.
03:54 A retenir les informations et à garder une notion de l'espace et du temps.
03:57 Et toute la mise en scène du film est construite de manière à ce qu'on s'imprègne de l'handicap de Leonard.
04:01 Le film enchaîne une scène en noir et blanc et une scène en couleur.
04:04 Toutes les scènes en noir et blanc sont indépendantes des scènes en couleur et montées dans l'ordre chronologique.
04:08 En revanche, les scènes en couleur vont être inversées et commencées par la fin,
04:12 pour arriver au début, jusqu'à rejoindre l'arc narratif des scènes en noir et blanc.
04:16 Et cette mise en scène génialement loufoque n'est pas là par hasard.
04:20 Elle ne sert pas seulement à nous en mettre plein les yeux.
04:22 Elle permet de s'identifier au personnage principal et nous fait vivre au sens propre du terme sans handicap.
04:27 Car chaque séquence en couleur va être coupée de séquences en noir et blanc,
04:31 afin de rompre le moment où Leonard perd la mémoire.
04:34 Et comme les séquences sont montées à l'envers, on va tout comme Leonard,
04:37 être incapable de connaître les éléments qui ont précédé chaque scène.
04:40 Voilà comment Nolan utilise une simple histoire de vengeance
04:43 et la met au service d'une narration innovante, afin de nous mettre dans la peau d'un amnésique,
04:47 qui n'a plus comme repère que des mots gravés sur sa peau
04:50 et des photos qui lui permettent de garder une trace de son parcours.
04:53 Mais Nolan ne nous immerge pas seulement dans ses films avec une narration éclatée.
04:56 Au contraire, c'est parfois la limpidité du récit qui permet de créer une véritable atmosphère.
05:01 Insomnia suit un flic tiraillé par ses démons, jonglant très souvent entre le bien et le mal.
05:07 Un flic empli de remords et de secrets qui sera envoyé en mission dans un lieu où la lumière ne faiblit jamais,
05:12 ce qui caractérisera chez lui une insomnie qui lui empêchera d'y voir clair
05:16 et qui le conduira de plus en plus vers la folie.
05:18 Une manière de plus pour Nolan de développer son penchant pour l'illusion,
05:21 mais de façon différente, car ici l'illusion fait office de châtiment.
05:25 Grâce à cette mise en scène très psychédélique, très anxiogène,
05:28 Nolan va encore une fois tenter de nous faire absorber tout le mal-être du personnage.
05:32 La linéarité du récit est au service d'un rythme assommant qui appuie le calvaire que vit Dormer,
05:36 totalement dépassé par la fatigue et le stress, incapable de trouver un moment de répit.
05:41 Aveuglé par cette lumière constante qui prend tout autant possession du personnage
05:44 que les doutes, les remords et les peurs qu'il peut ressentir.
05:47 Nolan veut à tout prix que nous ressentions ce que ressentent ces personnages.
05:51 Et si parfois ils sont peu développés, c'est parce qu'il veut que nous soyons ces personnages.
05:55 Il veut que nous soyons acteurs de ces films.
05:57 Et ce concept, il le poussera jusqu'à son paroxysme dans Dunkerque.
06:01 Un survival en pleine seconde guerre mondiale,
06:03 où il mettra de côté toutes sortes de développement et de dramaturgie
06:06 afin de mettre l'accent sur le moment.
06:08 Il remplacera les dialogues par des explosions et l'anxieuse mélodie d'Anzimer
06:12 afin que l'immersion prenne le pas sur nous.
06:14 Afin que nous soyons nous aussi à Dunkerque, sur cette plage, en 1940.
06:18 Il ira jusqu'à caster des acteurs méconnus pour pousser son concept jusqu'au bout
06:22 et pour que nous nous identifions à ces jeunes soldats
06:25 qui à cette époque auraient pu être n'importe qui.
06:27 Ces jeunes soldats dont personne ne se souciait et qui ne voyaient jamais l'ennemi
06:31 à part quand l'horreur avait sonné.
06:33 Nous suivrons ces soldats sans savoir qui ils sont, sans y coller une étiquette
06:37 pour que nous, spectateurs, puissions prendre la place de ces soldats
06:40 et comprendre l'horreur.
06:42 Comme eux, nous ne verrons pas l'ennemi à part quand notre heure aura sonné.
06:46 *Musique*
06:52 Maintenant quand il n'essaie pas de nous immerger, il essaye de nous berner
06:55 pour mieux nous éblouir.
06:57 Tel un magicien, l'illusion est son arme favorite.
07:00 Dans la plupart de ses oeuvres, il nous fait regarder à gauche pendant quasiment tout le film
07:04 alors que la vérité se trouve à droite, sous nos yeux, sans que jamais on ne s'en rende compte.
07:09 Jusqu'à la révélation finale.
07:11 Dans Doodlebug, un de ses courts-métrages les plus connus,
07:14 il joue également avec notre perception de la réalité
07:17 jusqu'à ce que la mise en abyme nous éclate au visage
07:19 et nous fasse comprendre qu'on ne regardait pas dans la bonne direction.
07:22 Ça sera d'ailleurs tout le propos de son cinquième film, Le Prestige.
07:25 Le récit étant divisé en trois parties bien distinctes
07:27 qui reprennent dans l'ordre les trois phases d'un tour de magie,
07:30 la promesse, le tour, le prestige.
07:33 Et même si le désir d'illusion est présenté comme toxique dans Le Prestige,
07:36 et ça on y reviendra plus tard bien entendu,
07:38 c'est bel et bien le temps l'antagoniste ultime chez Nolan.
07:41 Dans Memento, le temps efface les souvenirs.
07:44 Il ne laisse aucune trace dans l'esprit du personnage principal.
07:47 Il transforme sa vie en une sorte de puzzle désordonné qu'il tente de réassembler.
07:51 Mais sans souvenir, sans identité,
07:53 le temps devient un fardeau et le monde une illusion.
07:56 Dans The Dark Knight, le temps devient à la fois le jeu malsain du Joker
07:59 quand il lèche jusqu'à minuit pour qu'un des deux féerifs fasse exploser l'autre
08:02 avant qu'ils n'explosent tous les deux,
08:04 mais il est également synonyme d'espoir quand aucun des deux clans ne décide de passer à l'acte.
08:08 Pour rester net, le temps est manipulé pour détruire la race humaine.
08:11 Le but étant pour les générations futures de réparer les dégâts de leurs ancêtres,
08:15 car en inversant le temps, les fautifs périront et la beauté du monde se régénérera.
08:19 Dans Interstellar en revanche, il ne s'agit pas de reculer, mais seulement d'avancer.
08:23 Le problème c'est que certains avancent plus vite que d'autres.
08:26 Durant une des scènes les plus marquantes du film,
08:28 les personnages explorent une planète tellement proche d'un trou noir
08:31 que celui-ci étire l'espace-temps.
08:33 Voilà comment trois heures sur cette planète équivaut à 23 ans sur la Terre.
08:37 À cet instant, Cooper prend conscience que ses enfants sont devenus des parents,
08:41 et que cette chose si précieuse qu'on appelle le temps vient de lui donner le coup de grâce.
08:45 Car le temps est imbattable, indestructible, inarrêtable.
08:48 Il est tout aussi précieux que dangereux et se doit d'être utilisé avec soin.
08:52 Durant cette scène, c'est la vie d'un homme qui perd tout son sens.
08:56 C'est ce qui définissait sa raison de vivre qui vient de s'envoler.
08:59 Et c'est en seulement trois heures qu'il chamboulera la vie de ses enfants
09:03 et laissera un vide d'une vingtaine d'années.
09:06 Nolan rend le temps aussi impitoyable dans son récit que confus dans sa mise en scène.
09:11 Following, son premier film, est tourné en 1.33, en noir et blanc,
09:15 et l'intrigue se déroule durant les années 90.
09:17 Mais la mise en scène, les décors, les costumes, constituent un anachronisme
09:21 qui empêche le spectateur d'ancrer le film dans une époque précise.
09:24 Il en sera de même pour Dunkerque.
09:26 On sait que le film raconte une parcelle d'histoire datant de la Seconde Guerre Mondiale.
09:29 Mais le fait de devoir manipuler les décors d'un Dunkerque contemporain propulse le film hors du temps.
09:34 Et c'est visiblement un choix du réalisateur.
09:37 En dehors de ça, Nolan se sert encore une fois de sa mise en scène
09:47 pour nous faire porter tout le poids du temps sur nos épaules.
09:50 Une semaine sur la plage, un jour en mer, une heure dans les airs.
09:54 Ces trois temporalités seront ressenties telles quelles par le spectateur.
09:57 L'interminable attente et la peur qui en découle sur la plage,
10:00 la puissance de l'océan et la détermination des anglais sur l'eau,
10:03 l'action directe, rapide et étouffante dans les airs.
10:06 Mais manipuler tantôt l'illusion, tantôt le temps ne suffisait pas à Nolan.
10:10 Alors il s'est demandé quel élément tangible, que nous avons au moins tous une fois expérimenté,
10:15 peut à la fois manipuler le temps et la réalité.
10:19 Le rêve est une chose qui ne s'explique pas, mais qui fait partie de nous.
10:24 Qui nous fait voyager, ressentir des émotions, de la plus grande joie à la plus grande peur.
10:29 Le rêve est la seconde terre de l'être humain.
10:31 Un monde que Nolan arrive à retranscrire avec beaucoup de pertinence dans Inception.
10:35 Dans ce film, les rêves sont à la fois un mélange entre étrangeté et réalisme.
10:39 Ce qui sera d'ailleurs la caractéristique de son cinéma et qui s'avère être totalement cohérent.
10:43 Nous rêvons de ce que nous connaissons, mais en y ajoutant cette étrangeté qui nous est propre.
10:47 Ce petit plus qui n'appartient qu'à nous et qui transforme un endroit banal en quelque chose d'unique.
10:52 C'est là tout le propos d'Inception. Où commence le rêve et où s'arrête la réalité.
10:57 Bien sûr, il faut que ce soit clair pour le spectateur. Il faut qu'il ait le doute tout en ayant la réponse.
11:02 Et ça Nolan le mettra en place grâce à des procédés de mise en scène, des inserts, des objets, des personnages.
11:07 Mais on reviendra sur tous ces points un peu plus tard.
11:10 Inception est un rêve. Le cinéma est un rêve.
11:14 Dans une salle de cinéma, nous nous immergeons dans un lieu où nous ne contrôlons rien.
11:18 Où nous vivons l'instant comme si nous y étions.
11:21 L'émotion s'empare de nous et quand arrive le générique de fin et que nous sortons de la salle,
11:25 nous nous réveillons et nous retournons dans notre réalité.
11:28 Le septième film de Christopher Nolan est une magnifique déclaration d'amour au septième art.
11:33 Belle coïncidence.
11:35 Dans Inception, Nolan nous fait douter de notre propre réalité.
11:39 Si nous ne sommes pas conscients de rêver, qu'est-ce qui nous fait dire que nous sommes bel et bien éveillés et conscients ?
11:44 Sans doute des sensations, des moments, ou simplement la gravité qui nous cloue au sol avec une telle force qu'on en ressent toute la puissance.
11:51 En tout cas, dans le film, c'est justifié de cette manière, grâce au totem.
11:55 Un détruqué, une pièce d'échec qui pèse un poids précis, une toupie que la réalité stoppe et que le rêve fait tourner à l'infini.
12:03 Chez Nolan, la fin est souvent synonyme d'interrogation, mais aussi de révélation.
12:17 Dans ses premières oeuvres, Nolan va la plupart du temps opter pour le twist,
12:21 qui est un procédé cinématographique qui permet d'amener le récit vers une fin inattendue que le spectateur n'a généralement pas vue venir.
12:28 Une fin qui lui permettra d'aborder l'oeuvre totalement différemment dès lors qu'il en aura pris connaissance.
12:33 Dans Doodlebug, son court métrage de 1997, le personnage poursuit et tente d'éliminer ce qui s'avère être son double miniature,
12:40 jusqu'à ce que lui-même soit attaqué par un autre de ses doubles bien plus grand.
12:44 Il se rend alors compte que le chasseur est aussi la proie, et ce peut-être même à l'infini.
12:49 Un court métrage qui pose les bases de ce que sera le cinéma de Nolan,
12:52 à savoir la mise en abîme, le développement d'un personnage manipulé, l'illusion d'optique et même le gigantisme.
12:58 Plus tard, il réutilisera le principe du twist dans ses deux premiers longs-métrages, Following et Memento.
13:04 Dans ces deux films, tout le récit et les motivations du personnage vont être remis en cause par la révélation finale.
13:10 On découvre deux personnages en quête d'une identité, qui vont se faire manipuler jusqu'à ce que le twist nous apprenne qu'ils manipulent eux-mêmes leur réalité.
13:17 Dans Memento, alors qu'on croit que Léonard est la victime, on se rend compte au final qu'il est le bourreau,
13:22 et que cette quête de vengeance n'est qu'un prétexte pour donner un sens à sa vie.
13:26 Léonard vit dans un monde qui n'appartient qu'à lui, et quand la réalité le rattrape, il la rejette,
13:31 et préfère répéter une boucle infinie afin de se sentir vivant, de sentir que le monde autour de lui existe bel et bien.
13:37 Le principe sera le même dans le Prestige, et le twist final sera amené d'une façon tellement habile et inattendue,
13:43 qu'à la relecture, le film prendra une tout autre direction.
13:46 La mise en scène, ainsi que certaines situations décousues deviendront limpides durant le second visionnage.
13:51 Et c'est là la force de Nolan avec ce film.
13:53 Il offre quasiment deux oeuvres différentes au premier et au second visionnage.
13:57 Je reviendrai sur le Prestige et Memento et le développement de leurs personnages un peu plus tard.
14:01 Mais sachez que ces deux films à twist poseront également les bases de ce qui sera une des marques de fabrique chez Nolan,
14:07 les fins ouvertes.
14:08 Dans le Prestige, on sous-entend avec un plan final très subtil qu'un des doubles d'Angier n'est peut-être pas mort.
14:14 Et dans Memento, si à première vue ça paraît absurde que Léonard rejette les révélations de Teddy en le prenant pour John Jay, l'assassin de sa femme,
14:21 il n'y a rien dans le film qui contredise la version de Léonard.
14:24 Et Teddy pourrait bien être John Jay.
14:26 On est donc en droit de se demander si Léonard vit dans une utopie ou s'il est tout à fait lucide concernant ses choix et ses accusations.
14:32 Les deux films ont cette finalité en commun, en plus de mettre en avant des personnages qui sacrifient littéralement tout pour leur mission.
14:38 La vengeance pour l'un, la beauté de l'art pour les deux autres.
14:41 Mais alors, pourquoi autant de fins ouvertes dans la filmographie du réalisateur ?
14:45 Et bien pour les mêmes raisons qui le poussent à nous mettre dans la peau de ces personnages.
14:49 Il veut que nous fassions partie intégrante de ces films, jusqu'à ce que nous façonnions nous-mêmes notre fin idéale.
14:54 En clôturant son Dark Knight Rises avec cet ultime plan sur Robin,
14:58 sorte de Monsieur Tout-le-Monde découvrant et s'accaparant l'antre d'un super-héros,
15:02 Nolan place clairement son spectateur au même niveau, et sous-entend que lui aussi peut être un héros.
15:07 Dans Interstellar, on est en droit de se demander si Cooper est bel et bien sorti du Tesseract indemne et a été sauvé par les humains,
15:13 ou s'il est en pleine expérience de mort imminente, et s'imagine durant ses derniers instants de vie un idéal inatteignable.
15:19 La victoire, sa maison, ses enfants.
15:22 Mais la fin qui a fait le plus parler d'elle durant ces dernières années, c'est bien la fin d'Inception.
15:27 Où cet ultime plan sur la toupie qui tourne nous fera nous demander si Cobbs est toujours dans un rêve,
15:32 ou s'il est de retour dans la réalité.
15:34 Personnellement, je pense que la question ne se pose pas.
15:36 Dans le film, Cobbs souffre d'un manque qu'il ne peut combler ni dans un rêve, ni dans la réalité.
15:41 Il ne peut plus voir ses enfants.
15:43 Dans la réalité tout d'abord, car il n'a plus autorisation de séjourner aux USA où il se trouve,
15:48 mais aussi dans ses rêves, où il ne parvient qu'à distinguer leur silhouette de dos.
15:51 Ça n'est que durant ce final qu'il parvient enfin à les approcher, à voir leur visage, à les toucher.
15:57 Je pense que le film se termine sur cet ultime plan où la toupie s'apprête à vaciller sans jamais qu'on ne le voit,
16:02 pour nous faire prendre conscience que ça n'a plus d'importance.
16:05 Car que Cobbs soit dans un rêve ou dans la réalité, il a accompli son but, il a rejoint ses enfants.
16:11 Alors que ce soit dans la réalité ou dans sa réalité, pourquoi s'en soucier,
16:16 quand ce qui compte le plus est là, à portée de main.
16:19 Que le monde soit tangible ou non, ça n'a plus d'importance,
16:22 car l'amour lui, quelle que soit la réalité, il est bel et bien.
16:26 Et c'est une thématique qui sera divinement bien soulevée quelques années plus tard dans Interstellar,
16:30 où le personnage d'Anna Taube supposera que l'amour est un élément quantifiable, bien réel, sans limite.
16:37 Qu'il traverse le temps, la matière, l'univers, et qu'à la fin de toute chose, il continue à subsister.
16:43 Après à vous de vous retrouver à travers ce discours ou non, d'y trouver de la cohérence, d'y trouver une certaine émotion.
16:48 Il y en a qui vont trouver ça totalement absurde et nié,
16:51 et il y en a qui vont y voir un magnifique message et quelque chose de plutôt cohérent au final.
16:56 Et personnellement j'ai plus tendance à me positionner dans la seconde catégorie.
16:59 Faisons maintenant une petite pause en ce qui concerne le fond et intéressons-nous à la forme.
17:03 Parce que Nolan, en plus d'être un excellent scénariste,
17:06 a la réputation de faire du cinéma un terrain de jeu bien réaliste.
17:10 *Musique*
17:17 Le chauffeur Nolan s'accapare bon nombre de genres cinématographiques,
17:20 tout en y insufflant sa patte très reconnaissable et ses thématiques uniques.
17:24 Le film noir avec Following, le trailer avec Memento,
17:27 le polar avec Insomnia et The Dark Knight,
17:30 le comic book movie avec Batman Begins,
17:33 le film de braquage avec Inception,
17:35 la SF avec Interstellar,
17:37 le film de guerre avec Dunkerque,
17:39 et le film d'espionnage avec Tenet.
17:41 Toutes ces oeuvres totalement différentes sur le papier,
17:44 une ligne directrice commune qui insuffle au cinéma de Nolan une cohérence assez renversante.
17:49 La narration à éclater, le deuil, le poids du temps et la fine frontière entre le bien et le mal
17:54 sont des thématiques qu'il abordera aussi dans sa trilogie phare,
17:57 celle qui fera de lui un des réalisateurs les plus connus et reconnus de sa génération.
18:01 *Musique*
18:03 "What the hell are you?"
18:05 *Bruit de tirs*
18:07 "I'm Batman."
18:09 *Musique*
18:11 A l'époque, c'est un pari risqué de faire renaître l'homme chauve-souris sur grand écran.
18:15 Mais Nolan repartira sur des bases solides en s'inspirant des oeuvres les plus sombres du super-héros
18:20 et insufflera à sa trilogie une crédibilité étonnante et insérieuse
18:24 qui rendront justice à cet univers unique.
18:27 L'origine story du super-héros se concentre sur ce qui constitue la meilleure base du personnage,
18:32 son humanité et son rapport à la justice.
18:34 Nolan introduira le personnage en entremêlant passé et présent
18:38 une première partie déstructurée qui permettra de mettre habilement en image
18:41 les motivations et les doutes qui habitent le personnage de Bruce Wayne.
18:44 Il utilisera ce même procédé dans "Man of Steel" des années plus tard
18:48 où il est crédité en tant que producteur et co-scénariste.
18:51 L'introduction du chevalier noir se fait à travers une séquence quasi horrifique
18:55 où la caméra du cinéaste immortalise l'idée de Wayne de retourner sa propre peur contre ses ennemis.
19:00 Une belle entrée en matière pour Nolan qui redonnera ses lettres de noblesse à Batman
19:04 jusqu'en 2008 où ses lettres se transformeront en diamants bruts,
19:08 où le sépia se fera dévorer par la nuit bleutée
19:11 et où un Gotham encore trop ancré dans l'univers comic book
19:14 laissera place à une mégalopole glaçante,
19:16 terrain de jeu d'un psychopathe qui fera régner le chaos en maître.
19:20 Avec "The Dark Knight", Nolan a la force de signer à la fois un blockbuster tout public
19:24 et une oeuvre crépusculaire.
19:26 Un polar noir redoutable doublé d'un film d'action ultra-efficace
19:30 et ancré dans son époque grâce à des thématiques sociétales comme l'individualisme,
19:34 la corruption, la justice contre la vengeance et le chaos.
19:38 A travers sa mise en scène, il démontre sa capacité à gérer la tension et à la faire monter crescendo
19:43 en créant une sorte d'étau qui se resserra sur le spectateur
19:46 à tel point que ce dernier continuera d'être hanté par le film
19:49 des jours et des jours après son visionnage.
19:52 Mais "The Dark Knight", ça n'est pas que ça, c'est aussi des personnages et des relations
19:55 d'une complexité assez renversante.
19:57 Je pense notamment à la dualité entre le Joker et Batman que j'aborderai un peu plus tard dans cette vidéo.
20:01 Parce que ce film, c'est également une réussite technique et une innovation pour l'époque.
20:05 C'est le premier film à être tourné en partie sous le format IMAX.
20:09 En sachant qu'en 2008, il n'existait que 4 caméras IMAX dans le monde
20:12 et que Nolan en détruira une durant une scène qu'il conservera au montage.
20:16 Ce format permet à Nolan de rendre justice à son choix de ne tourner quasiment qu'en décor naturel
20:21 et de n'utiliser les effets numériques seulement pour sublimer des cascades bien réelles.
20:25 Ça, ça explose vraiment.
20:27 Et lui, là, il se retourne vraiment.
20:29 C'est d'ailleurs intéressant de constater durant cette scène à quel point Nolan place sa caméra
20:33 de façon à ce que le rendu de l'action soit le plus réaliste possible.
20:36 Il ne démultiplie pas les plans et laisse le temps aux spectateurs d'admirer la scène
20:40 sous un angle bien particulier et surtout spectaculaire.
20:43 Le format IMAX deviendra récurrent chez Nolan,
20:45 puisqu'il l'utilisera sur la quasi-totalité de ses prochains films.
20:48 Il le préférera à la 3D, qui selon lui n'est qu'un prétexte commercial
20:52 qui s'est toujours refusé d'adopter.
20:54 The Dark Knight signe aussi les débuts d'une longue collaboration avec le compositeur Hans Zimmer.
20:58 Nolan ayant travaillé avec lui sur l'ensemble de ses films post-Dark Knight, à l'exception de Tenet,
21:03 dont la BO sera confiée au jeune compositeur Ludwig Goransson.
21:07 La musique dans le cinéma de Nolan est très importante.
21:10 Dans ses premiers films et sous la direction de David Julian,
21:13 elle se veut plus intimiste, plus mélancolique.
21:15 Avec Zimmer, Nolan passe un cap dans la surenchère
21:18 et va chercher des compositions plus épiques, plus percutantes, plus sensationnelles.
21:22 Le thème du Joker dans The Dark Knight possède un rythme très soutenu, quasi sensoriel, inquiétant.
21:27 Un peu comme la partition qui rythmera l'ensemble du film Dunkerque
21:30 et qui accentuera à merveille la sensation de pressing que le film exerce sur son spectateur.
21:35 Grâce à Zimmer, Nolan parvient à réussir son exercice de style,
21:38 tout en mettant les points sur les éléments essentiels du film,
21:41 le temps qui défile aussi vite que dans un sablier, l'oppression de l'ennemi, l'atmosphère assommante.
21:46 Bref, le son des balles et des explosions deviendront moins inquiétants
21:49 que la musicalité de Monsieur Hans Zimmer.
21:51 Mais c'est dans Interstellar que Zimmer va se surpasser,
21:55 enregistrant ses sons dans une église et utilisant la mélodie inquiétante et quasi surnaturelle de l'orgue
22:00 qui accentuera le côté très christique du film.
22:03 Le point culminant de cette composition accompagnera la scène de l'amarrage
22:06 qui ira chercher son souffle épique dans les percussions du compositeur allemand,
22:09 offrant par la même occasion une des scènes les plus galvanisantes
22:12 qui m'était donné de voir dans une salle de cinéma.
22:15 D'ailleurs, en parlant de galvanisant et d'épique, parlons de The Dark Knight Rises.
22:19 Alors oui, effectivement, le mec est au fond d'un trou au milieu de nulle part
22:22 et il capte la télévision au débit, mais bon, voilà, bon, écoutez, ça passe.
22:26 The Dark Knight Rises est sans doute le film le plus controversé de la filmographie du réalisateur.
22:32 Mais personnellement, c'est un film que j'affectionne tout particulièrement,
22:35 notamment dans sa façon qu'il a d'assumer jusqu'au bout son propos
22:38 et d'aller toujours plus loin dans la générosité.
22:40 Parce que, bon Dieu, que ce film donne tout ce qu'il a en termes de sensationnel.
22:44 Le film prend le contre-pied de ses prédécesseurs
22:46 et Nolan y met tout ce qu'il a dans les tripes et ça se sent.
22:49 Ce que j'aime dans cette trilogie, c'est qu'elle parvient à parfaitement lier trois oeuvres totalement singulières.
22:54 Et c'est sans doute ce qui a porté préjudice à ce troisième film dans son appréciation globale.
22:58 Le fait qu'il soit totalement l'opposé de son prédécesseur.
23:01 Nolan a sans doute fait preuve de trop de générosité.
23:04 Et si certains comme moi en ont eu pour leur argent, d'autres ont subi l'overdose.
23:07 Mais c'est aussi ce qui fait de Nolan un grand cinéaste.
23:10 Car avec ce film, il a voulu nous offrir une oeuvre totale.
23:13 Et c'est sans aucun doute le plus gros film, au sens propre, du réalisateur.
23:17 Je veux dire, l'introduction du Batman dans ce film et tout le contexte qui en découle
23:21 en fait pour moi la plus galvanisante de la trilogie.
23:24 Et peu importe si le gars revient frais comme un gardon alors qu'il boitait encore 48 heures avant.
23:28 Parce que oui, c'est aussi ce qui a des plus au spectateur.
23:31 L'incohérence et ce besoin quasi maladif chez certains spectateurs de vouloir avoir toutes les réponses.
23:36 On reprochera la même chose à Interstellar deux ans plus tard.
23:39 Affirmant que le film n'est pas scientifiquement logique.
23:42 Et qu'il n'a jamais prétendu l'être.
23:44 S'inspirant seulement d'hypothèses plausibles qui n'ont jamais été démontrées.
23:48 Et auquel cas, peu importe, c'est une oeuvre de science-fiction.
23:51 Pourquoi aller forcément y chercher quelque chose de rationnel ?
23:54 Oui, effectivement, le final du film n'est pas crédible.
23:56 Même si, au fond, personne ne le sait parce que personne n'est ressorti d'un trou noir pour en témoigner.
24:00 Mais on s'en fout au final. Peu importe que la fin soit crédible ou non.
24:03 C'est pas ça le sujet.
24:05 Moi je veux que le film me fasse y croire.
24:07 Je veux pas qu'un film me tienne forcément par la main.
24:09 Je veux qu'il me fasse sortir de ma zone de confort.
24:11 Je veux qu'il réussisse à me faire croire à l'impossible.
24:13 Et c'est là toute la force du cinéma de Nolan.
24:15 C'est qu'il va récupérer des sujets totalement loufoques et en faire quelque chose de sérieux, tangible et crédible.
24:21 C'est-à-dire il a rendu hyper grave et hyper sérieux les aventures d'un mec qui se déguise en chauve-souris la nuit.
24:27 A partir de là, on peut croire en n'importe quoi.
24:30 Moi c'est ce qui me plaît dans ces films.
24:31 C'est qu'il va rendre logique ce qui va au-delà de la logique.
24:39 Avec Interstellar, il faut creuser bien plus profondément pour arriver à comprendre toute sa générosité, son message, son énergie.
24:47 Ne pas le comprendre ne veut pas forcément dire qu'il est inutilement complexe.
24:51 Ça signifie simplement ne pas le comprendre et donc ne pas l'apprécier à sa juste valeur.
24:56 Et c'est bien dommage parce que des oeuvres de ce genre, aussi profondes, aussi justes sur la nature humaine et son fonctionnement primaire,
25:03 ben y'en a pas des tonnes.
25:04 Donc si vous n'avez pas aimé Interstellar, vous en avez totalement droit bien entendu.
25:09 Mais n'hésitez pas à lui redonner sa chance.
25:11 Car c'est un film qu'on apprend à apprécier et à comprendre avec du recul, du temps et plusieurs visionnages.
25:17 D'ailleurs, parler d'Interstellar, c'est aussi l'occasion de rendre hommage à l'autre génie de la famille Nolan, Jonathan.
25:23 Qui est à l'origine de cette incroyable histoire, comme il est à l'origine de l'idée du premier film de son frère Memento,
25:29 et lié à l'écriture du Dark Knight et du Prestige.
25:32 C'est également lui et sa femme qui sont les créateurs et showrunners de la série Westworld.
25:37 Bref, il n'a pas grand chose à envier à son frère.
25:40 Même si ce dernier n'est pas en reste en termes d'écriture.
25:42 La preuve avec son premier film, Following, dont il rédigera le scénario et réalisera pour la somme dérisoire de 6000 livres.
25:48 Et c'est assez drôle de constater comment le pro du "too much" débutera de manière très intimiste.
25:53 Et conservera ce style d'écriture unique qui comprend la narration non linéaire,
25:57 le développement du personnage en quête d'identité,
25:59 la manipulation du personnage et du spectateur,
26:01 l'effet d'accumulation,
26:03 les plans d'insert,
26:04 tout ça en y insufflant le budget et le savoir-faire du cinéma hollywoodien.
26:08 Mais avant d'être un réalisateur, Nolan est avant tout un amoureux du cinéma.
26:12 Et il n'hésite pas à le prouver à travers ses nombreuses influences qui le guideront tout au long de sa carrière.
26:17 Nolan a su faire jouer ses références et rendre hommage au cinéma qu'il aime,
26:21 tout en imposant son style bien à lui.
26:23 Dans son premier film, Following, la toute première scène de dialogue entre le protagoniste et l'antagoniste se déroule dans un café.
26:29 Une scène qui n'est pas sans rappeler le fameux dialogue entre Al Pacino et Robert De Niro dans It de Michael Mann.
26:34 Nolan est un grand admirateur de ce cinéaste.
26:37 Il puisera dans son cinéma à de multiples reprises,
26:40 notamment dans Memento où il baignera plusieurs fois son protagoniste dans des nuits bleutées,
26:44 dans Insomnia où il fait le choix d'Al Pacino pour son rôle du vieux flic empli de doute
26:48 qui n'est pas sans rappeler son rôle de Vincent Hanna dans It.
26:51 Un film d'ailleurs qui influencera en grande partie The Dark Knight,
26:54 où Nolan va donner une identité propre à l'environnement du film,
26:57 faisant de Gotham un personnage à part entière comme la ville de Los Angeles dans It.
27:02 Les deux villes ayant en commun de cloisonner leur personnage dans une réalité crasse.
27:06 Sans parler bien entendu de cette introduction qui est clairement une déclaration d'amour au cinéma de Michael Mann
27:11 et à ses scènes d'action qu'il parvient à composer de manière brutale et ultra réaliste.
27:16 C'est en partie grâce au travail de Michael Mann que des cinéastes comme Christopher Nolan ont pu voir le jour.
27:21 On retrouve aussi un peu de Hitchcock dans ses premiers travaux,
27:24 notamment dans son premier film et dans sa manière de gérer la tension, le twist final.
27:28 Et l'influence sur Interstellar de 2001 l'Odyssée de l'espace entre autres est plus qu'évidente, il l'a lui-même avoué.
27:33 Il va également s'inspirer des travaux d'Albert Einstein sous l'expertise de l'astrophysicien Kip Thorne pour Interstellar,
27:39 des récits de Nietzsche, des illustrations de Maurice Cornelis H. H. et de différents films comme Paprika pour Inception,
27:45 et de la mythologie gréco-romaine pour Ténètes en utilisant comme référence le carré Sator,
27:49 retrouvé dans les ruines de Pompéi et qui représente un palindrome, un élément qui reproduit la même chose à l'endroit comme à l'envers.
27:56 On peut aussi voir dans Ténètes un hommage évident à la saga James Bond, qui est sa saga favorite.
28:01 Toute la première partie de Ténètes est construite comme un film James Bond,
28:05 avec l'introduction du héros durant une scène d'action suivie du titre,
28:08 les informations données au héros concernant la menace qui plane sur la Terre entière,
28:12 la protagoniste girl qui va aider le héros dans sa mission,
28:15 le méchant russe, les différentes séquences aux quatre coins du monde, etc. etc.
28:19 Le film possède même une chanson originale interprétée par Travis Scott, comme dans chaque opus de la saga 007.
28:25 Mais les hommages à James Bond ne se limitent pas à Ténètes pour Nolan.
28:28 Dans Inception, la course-poursuite finale à ski est inspirée du James Bond de 1929 au service secret de sa majesté,
28:34 tout comme l'introduction du Dark Knight Rises, qui n'est pas sans rappeler une scène similaire dans Permis de tuer en 1989.
28:42 "Bring him in. Take the load."
28:45 Voilà comment Nolan multiplie les références sans que jamais ce ne soit une simple copie ou un hommage raté.
28:56 Car Nolan a la force d'y ajouter son sens de l'écriture et ses thématiques, qui sont pour la plupart reliées à de simples objets.
29:10 Dans les films de Christopher Nolan, l'objet prend un sens tout particulier.
29:14 Chaque personnage nolannien en possède un qui va de près ou de loin lui servir dans sa quête.
29:18 Dans Memento, Leonard Shelby parvient à garder une trace de ses actions et se situer dans l'espace
29:23 grâce à son polaroïd qui fait office de mémoire à long terme pour ce dernier.
29:27 Dans Inception, il s'agit bien sûr de ses totems qui permettent au personnage de différencier deux réalités bien distinctes.
29:33 Dans Interstellar, c'est la montre offerte par Cooper à sa fille, représentation de l'amour à travers le temps.
29:38 Un amour tellement puissant que Cooper parviendra à communiquer à des années-lumières avec Murphy à travers cette montre.
29:43 Le symbole n'en est que plus puissant quand on sait que cet objet qui permet de cartographier le temps
29:47 et qui est offerte en signe d'amour d'un parent à son enfant parviendra à sauver l'humanité tout entière.
29:53 Dans la trilogie Dark Knight, l'objet le plus symbolique est sans aucun doute la pièce d'Harvey Dent.
29:57 Ce dernier laissant un pouvoir bien trop puissant au hasard à travers cette pièce
30:01 qui finira par être calciné au sens propre comme le visage de Dent
30:04 et figuré comme son idéologie et son sens de la justice qu'il transformera en haine insufflée à travers cet objet.
30:10 Dans Following, les objets du quotidien sont décrits comme la représentation de la personnalité de ceux qui les possèdent.
30:15 L'antagoniste, en entrant chez une personne lambda, va deviner ce qui fait sa vie à travers les différents objets parsemés dans sa maison.
30:22 D'ailleurs, il dit aimer les déplacer pour leur redonner vie
30:25 et pour que leurs propriétaires qui avaient oublié leur existence se mettent à les admirer de nouveau.
30:29 Dans Tenet, les objets ont bien des pouvoirs.
30:31 Ils peuvent permettre de faire pression sur une femme innocente comme ce fameux tableau de Goya.
30:35 Ils permettent de survivre aux voyages temporels comme ces respirateurs artificiels
30:38 qui permettent également d'aider le spectateur à se situer dans les différentes temporalités.
30:43 Mais surtout, ils ont le pouvoir d'être inversés.
30:45 Et à partir de là, le principe de causalité perd tout son sens et le film, lui, entre dans une tout autre dimension.
30:53 Les obsessions de Nolan pour l'espace et le temps prennent tout leur sens dans Tenet.
30:58 Le réalisateur parvient à offrir un film aussi complexe dans son intrigue que généreux dans son exécution.
31:03 Mais Tenet confirme surtout cette faculté qu'a Nolan de nous offrir plusieurs films en un.
31:07 Il faut bien préciser une chose, retourner voir Tenet ne veut pas dire qu'on ne l'a pas compris la première fois.
31:12 Retourner le voir en ayant connaissance de l'intrigue, des personnages et des enjeux, c'est découvrir un tout autre film.
31:18 Se rendre compte qu'une fois les cartes en main, il prend une toute autre direction.
31:22 La sensation est la même quand on revoit des films comme Matrix, Fight Club ou encore Sixième Sens.
31:27 Mais aussi bon nombre de films chez Nolan comme Following, Memento, Le Prestige, Inception ou encore Interstellar.
31:34 Au second visionnage et avec un point de vue différent, on redécouvre totalement l'oeuvre.
31:38 Et c'est ce qui permet à Nolan d'ancrer ses films dans le temps.
31:41 Car on est récompensé à chaque visionnage en découvrant un élément de plus qu'on avait pas forcément remarqué les autres fois.
31:46 Et qui offre une véritable richesse à la filmographie du cinéaste.
31:50 Concernant Tenet, je ne vais pas vous rabâcher le lien qu'il entretient avec le carré de Sator.
31:54 Car ce dernier ne fait office que d'hommage dans le film. Notamment à travers son titre et les noms des personnages.
31:59 Ce qui est intéressant de constater en revanche, c'est que la construction scénaristique de Tenet trouve tout son sens dans son titre.
32:05 En effet, le film entremêle ses timelines comme un palindrome.
32:08 Et possède deux parties bien distinctes dont la transition de l'une vers l'autre équivaut à la scène où les personnages de Neil et du protagoniste...
32:15 ... vont passer en mode inversé pour sauver le personnage de Kate.
32:18 A partir de là, le film fait marche arrière tout en continuant de développer son intrigue.
32:22 Ainsi, la fin de la première partie équivaut au début de la seconde.
32:25 Et la fin de la seconde au début de la première.
32:28 Du coup, au fond, ça va ? Tout le monde suit ? Pas de problème ?
32:32 Tenet possède une force incroyable dans la manière qu'il a de nous faire poser les bonnes questions.
32:36 Son intrigue relativement simple sur le papier est traité de manière tellement originale et habile qu'on y croit.
32:41 Et c'est comme ça que le film gagne en émotions.
32:43 Car oui, il y a de l'émotion dans Tenet, contrairement à ce qui est dit.
32:46 Il n'y a pas que les personnages qui peuvent susciter des émotions.
32:49 On peut être subjugué par la mise en scène, envoûté par la musique et curieux par le destin de ses personnages.
32:55 Car contrairement à sa réputation, Nolan sait écrire de bons personnages.
32:59 Des personnages qui ont tous beaucoup en commun.
33:02 Le temps est lié à l'âme. C'est le temps qui crée les souvenirs.
33:13 C'est le temps qui permet de développer des sentiments comme l'amour, la tristesse ou la haine.
33:18 C'est le temps qui forge une identité.
33:20 C'est toute la problématique de Memento, où sans sa mémoire, le personnage perd tous les repères qui font qu'un humain sait qui il est et pourquoi il est là.
33:28 Et la mise en scène du film est développée tel un puzzle éparpillé pour que le spectateur embrasse la confusion du personnage.
33:34 Ressente sa perte de repères, la futilité de son existence.
33:38 Les souvenirs sont les antagonistes de ce film, car ils s'opposent à la volonté du personnage qui décide donc d'en créer de nouveaux,
33:44 afin de pouvoir leur donner un sens et ainsi poursuivre une quête futile qui l'enfermera dans un paradoxe,
33:50 mais qui lui permettra de garder les pieds sur terre.
33:53 Nolan développe des personnages aux problématiques communes, mais qui se battent pourtant contre différents ennemis.
33:58 Dans Following, le personnage souffre d'une dépendance au voyeurisme et se fera manipuler par un antagoniste à cause de cette faiblesse.
34:04 Dans Memento, il en sera de même. Les personnages joueront et se serviront de la faiblesse de Leonard Shelby pour le manipuler.
34:10 Dans Insomnia, le personnage de Dormer se fera également manipuler facilement à cause de son problème d'insomnie qui l'empêchera de voir les choses clairement.
34:17 C'est aussi intéressant de constater que dans Following et dans Insomnia, les deux antagonistes peuvent être représentés comme le côté obscur des deux héros.
34:24 Dans Following, Cobb a le même penchant que le jeune homme. Il aime entrer dans l'intimité des gens,
34:29 mais contrairement à son alter ego, il ne se fixe aucune règle et pousse le concept jusqu'à ses limites.
34:34 Dans Insomnia, le principe va encore plus loin.
34:36 Les multiples appels de Finch à Dormer pour lui rappeler ce qu'il a fait sonnent comme une sorte de voix dans sa tête,
34:41 comme si Finch était sa conscience, lui rappelant constamment ses péchés.
34:45 Ils ont commis le même crime, ils font tous deux en sorte de ne pas être accusés, et ils s'entendent pour ça. Ils vont jusqu'à mourir en même temps.
34:52 Ça peut laisser sous-entendre que Finch et Dormer sont les deux faces d'une même pièce,
34:56 que Finch est la partie sombre de Dormer, et que ce dernier peut s'en débarrasser qu'avec sa propre mort, simplement en dormant.
35:03 Ce principe de miroir entre deux personnages que tout oppose atteint son paroxysme dans The Dark Knight,
35:08 où l'arrivée du Joker est la conséquence directe de la création de Batman.
35:12 Quand Joker dit "No, you, you complete me", ou encore "This is what happens when an unstoppable force meets an immovable object",
35:26 ça sous-entend que les deux êtres se complètent, que l'un ne peut exister sans l'autre, et qu'ils ne peuvent tout simplement pas se stopper.
35:32 Cette hypothèse se rapproche du paradoxe de la pierre, qui sous-entend que si Batman a créé son alter ego à travers le Joker et qu'il peut le vaincre,
35:39 ça veut dire que Batman lui-même est vulnérable. En revanche, s'il ne peut pas le vaincre, ça veut également dire qu'il est vulnérable.
35:46 Dans les deux cas, Batman est coincé dans ce paradoxe. Voilà pourquoi à la fin du film, il est contraint d'endosser le costume de l'antagoniste,
35:52 car il doit maintenant embrasser son côté obscur, qui était représenté à la base par le Joker.
35:57 Il doit mentir et se sacrifier afin que le Joker ne gagne pas une partie qu'il a pourtant bel et bien gagnée en acculant Batman dans une impasse dont il ne peut s'échapper.
36:06 C'est d'ailleurs assez fascinant de constater le rapport que développe le personnage nolanien avec le mensonge.
36:12 Leonard Shelby qui se ment à lui-même durant tout le film, Dormer qui ment à ses collègues afin de se disculper d'un meurtre,
36:18 Bruce Wayne qui cache sa seconde identité au monde et qui va jusqu'à mentir avec l'aide du commissaire Gordon concernant la vraie nature d'Harvey Dent
36:25 afin de préserver la paix à Gotham.
36:27 Inception où le principe même du film est d'implanter un mensonge dans le subconscient d'un être humain.
36:32 Interstellar est le mensonge du professeur Brandt qui avouera sur son lit de mort que le but de la mission n'est pas de sauver les humains sur Terre mais d'en créer de nouveau ailleurs.
36:41 Dans Dunkerque où le mensonge est synonyme de survie quand un français se fait passer pour un anglais afin de pouvoir s'échapper,
36:46 où Campiter fait en sorte de ménager la vie d'un soldat en lui cachant la mort de son ami dont il est responsable.
36:51 Mais aussi dans le tout récent Tenet où le protagoniste va devoir mentir sur la destruction d'un tableau afin d'infiltrer les rangs de Sator.
36:58 Nolan fait du mensonge une libération. Il est bénéfique dans le développement de ses personnages.
37:03 Il les laisse naviguer sur cette fine frontière entre le bien et le mal afin de conserver cette illusion concernant leur motivation.
37:09 Afin que nous ne prenions jamais pour acquis les faits et gestes d'un personnage nolanien.
37:13 Et s'il y a bien un film qui joue sous cette illusion constante, c'est le Prestige.
37:19 Le film nous compte la rivalité de deux magiciens, deux artistes usant de l'illusion pour séduire un public mais aussi le tromper.
37:25 Borden basera d'ailleurs toute sa vie sur le mensonge et la tromperie pour l'amour de son art.
37:30 C'est le message que véhicule le film. Quelles sont les limites de l'art et de son obsession ?
37:34 Les frères Borden donc continueront de mener une double vie en endossant le costume d'un seul et même être humain afin de ne pas rompre la magie de leur tour.
37:41 Pour l'art ils iront jusqu'à se mutiler, jusqu'à tuer, jusqu'à les mener à leur propre mort.
37:46 Et il en sera de même pour Angier qui, ironie du sort, mourra chaque soir pour qu'un de ses clones prenne sa place.
37:51 Exactement de la même manière que le tour de l'oiseau en cage où ce dernier se fera écraser durant le tour pour qu'un nouvel oiseau apparaisse.
37:58 Toute cette rivalité, ce besoin de se surpasser et d'être le meilleur aura finalement un effet dramatique sur eux-mêmes et sur leur entourage.
38:05 Ils se déshumaniseront par amour pour la magie, transformant leur vie en tour de passe-passe, disparaissant et réapparaissant sans se rendre compte des conséquences.
38:13 C'est d'ailleurs assez habile la manière qu'a Nolan d'insérer le doute dans la tête du spectateur.
38:17 Ce dernier ne sachant pas sur quel pied danser concernant la mentalité des personnages d'Angier et de Borden.
38:22 Tous deux passant du protagoniste à l'antagoniste tout au long du film.
38:25 Au moment où on pense avoir trouvé un personnage auquel s'attacher, son comportement efface toute l'empathie qu'on avait pour lui jusqu'à ce qu'elle revienne un peu plus tard.
38:33 Encore une fois Nolan laisse le manichéisme à la porte et fait comprendre au spectateur que le seul ennemi du film c'est cette obsession déraisonnable qui a fait plus de mal que de bien.
38:42 Parce que toute cette rivalité est finalement née d'une erreur fatale qui rendra Angier Veuf, une situation qui le fera tout de suite basculer, se transformant en quelqu'un d'autre, n'ayant plus qu'un seul objectif, être le meilleur et rendre justice à sa défainte.
38:55 Au vu des différents personnages masculins de la filmographie de Nolan, on peut aisément deviner sa peur la plus profonde.
39:04 Perdre son être cher, sa femme, Emma Thomas, avec qui il est marié depuis plus de 20 ans et avec qui il travaille en collaboration sur l'ensemble de ses projets.
39:13 Nolan fait de ses personnages des veuves qui vont devoir soit vivre avec, soit le rejeter et faire en sorte de l'oublier à travers des actes désespérés.
39:20 Dans Memento, Leonard Shelby refuse d'accepter qu'il est à l'origine de la mort de sa femme et s'invente le tueur idéal qu'il va pourchasser encore et encore jusqu'à l'épuisement.
39:28 Dans The Dark Knight, c'est Rachel qui meurt et qui emporte avec elle la bonté d'Harvey Dent et l'espoir d'une vie normale pour Bruce Wayne.
39:35 Dans Interstellar, Cooper est un père célibataire ayant perdu sa femme d'un cancer et essayant d'assumer comme il peut son rôle de père.
39:42 Et dans Inception, Cobbs est littéralement hanté par les souvenirs de sa femme et de son suicide dont il se sent responsable.
39:48 En perdant son être aimé, le personnage nolanien s'enferme dans sa propre réalité.
39:53 Il se réfugie dans un monde qu'il a créé de toute pièce pour l'oublier, elle.
39:57 Il s'enferme dans le mensonge, dans son art, dans la justice, à travers les galaxies, dans le rêve.
40:04 Voici donc la preuve que Christopher Nolan se soucie bien de ses personnages, qu'il développe bel et bien leurs craintes, leurs doutes, leurs besoins.
40:11 Il crée des personnages qui souffrent et qui tentent d'oublier en se créant une facette, en mettant un masque.
40:17 Maintenant, oui, il arrive aussi que certains personnages ne soient là que pour aider le spectateur à comprendre où il se trouve.
40:23 Je pense notamment au personnage d'Ariane dans Inception, qui va apprendre en même temps que le spectateur le principe du rêve partagé, l'utilisation de certains objets ou le fonctionnement de l'inception.
40:33 Ce personnage va poser environ 80 questions durant tout le long métrage, ce qui n'aide clairement pas à son développement,
40:39 mais ce qui la met au service de l'intrigue et permet au spectateur de ne pas être totalement perdu par le concept.
40:44 Le personnage de Neil dans Tenet n'a pas exactement la même vocation, mais il va constituer la passerelle entre les deux timelines, le fil rouge du récit.
40:52 D'ailleurs, c'est ce fameux fil rouge qui fera comprendre au spectateur qu'il se pose comme le protecteur du protagoniste.
40:57 Et le dialogue final confirme qu'il est envoyé dans le passé par le protagoniste du futur pour protéger le protagoniste du passé.
41:03 Il y a d'ailleurs plusieurs indices qui viennent se mettre en place dans le film avant la révélation.
41:08 Le fait que Neil sauve le protagoniste à l'opéra, le fait qu'il connaisse ses goûts en termes de moisson,
41:12 le fait qu'il ne soit pas perdu dans aucune des situations et qu'il est toujours un coup d'avance.
41:16 A la fin du film, il se sacrifie pour sauver le protagoniste. C'est donc la fin d'une amitié pour lui, mais le début pour le protagoniste qui n'a pas encore rencontré le jeune Neil pour le former.
41:26 Leur amitié est donc également construite comme un palindrome, car elle se termine au même moment où elle commence.
41:31 "Vous êtes sûr que vous suivez toujours, hein ? Parce que sinon on peut faire une pause, y'a pas de soucis."
41:35 Neil a sacrifié sa vie pour son ami, mais aussi pour sa mission, en jonglant entre passé, présent et futur.
41:42 Il s'est lui aussi, comme beaucoup d'autres personnages Nolaniens, enfermé dans sa propre réalité.
41:47 Les personnages chez Christopher Nolan ont tendance à se créer leur propre perception du monde,
41:52 à s'enfermer dans une bulle par peur de la glaçante vérité qu'on appelle la réalité.
41:57 Le cas Leonard Shelby est sans doute le plus représentatif. En fabriquant ses propres souvenirs, il les déforme et se crée sa propre vérité pour ne pas accepter la vraie vérité,
42:06 en l'occurrence qu'il est responsable de la mort de sa femme.
42:09 Cobbs lui s'enferme dans cette obsession d'être le meilleur. Il perd la notion de bien et accepte de se sacrifier tous les soirs pour cette unique vision d'un public conquis.
42:17 Cobbs, lui, refuse que le monde continue de tourner si sa femme n'en fait plus partie.
42:21 Il va donc créer sa propre réalité dans le monde du rêve, en immortalisant et en cartographiant ses souvenirs avec elle.
42:27 Et en ce qui concerne Cooper, d'après l'hypothèse de certains, il meurt dès qu'il entre dans ce trou noir, et entame donc ce qu'on appelle une expérience de mort imminente.
42:35 Refusant donc la fatalité de la mort et s'imaginant un monde où les habitants de la Terre seraient sauvés, où il pourrait retrouver son foyer et dire adieu à sa fille, où il pourrait rejoindre Amelia dans un monde idéal.
42:47 Ce qui est sûr, c'est que tous ces personnages et toutes ces différentes réalités, on y croit.
42:51 De par d'abord la mise en scène de Nolan, mais aussi de par les choix de ses comédiens, qui ont quasiment toutes et tous réussi à tirer leur épingle du jeu.
43:00 *Musique*
43:08 On donne souvent tout le crédit à Nolan pour son oeuvre, et à juste titre.
43:12 Mais il ne faut pas oublier que si tous ses films ont pu être aussi géniaux, c'est aussi parce qu'il a su bien s'entourer.
43:17 Son frère tout d'abord, Jonathan, avec qui il collaborera sur l'écriture de Memento, Le Prestige, les deux Dark Knight et Interstellar.
43:25 Sa femme Emma Thomas, qui a coproduit l'ensemble de ses films, ses compositeurs, David Julian, Ludwig Goransson et bien sûr Hans Zimmer.
43:33 Sans oublier bien entendu ses comédiens.
43:36 *Noms de personnages*
44:05 Kenneth Branagh, John David Washington, Robert Pattinson et bien entendu, j'en passe énormément.
44:12 C'est avant tout le travail d'équipe, la force de Nolan.
44:15 C'est la musique, le cadre et l'interprétation de ses acteurs qui offrent la vraie singularité de sa filmographie.
44:21 Il y a parfois des ratés, et qui viennent de chez nous en plus, c'est bien dommage.
44:25 Mais on retient surtout le très bon, et on retient la grande générosité dont il fait preuve pour nous convaincre, à nous spectateurs,
44:32 et surtout son implication et son dévouement total à son art.
44:35 Un dévouement communicatif et contagieux qui pousse ses collaborateurs à se surpasser.
44:40 Au final, quelles que soient les controverses qui entourent ce réalisateur, je pense que ce que le temps protiendra de lui, c'est son amour pour le cinéma.
44:50 Sa faculté à faire du cinéma réel, ancré dans des décors réels, avec des problématiques réelles.
44:56 Sa faculté à imposer son point de vue à une époque où très peu de réalisateurs le peuvent encore.
45:01 Qu'on aime ou qu'on aime pas ses films, ses thématiques, elles nous parlent.
45:05 Nous font nous questionner sur la nature même de l'être humain, et de son environnement.
45:09 Le temps, aujourd'hui, Nolan le maîtrise, et en fait son jouet préféré.
45:13 Et c'est le temps qui rendra son oeuvre intemporelle.
45:17 Du coup voilà, cette vidéo touche à présent à sa fin, j'espère qu'elle vous aura plu.
45:29 Dites-moi ce que vous avez pensé de cette vidéo en commentaire, ça m'intéresse beaucoup, votre avis m'intéresse énormément.
45:34 Donnez-moi votre avis aussi sur Nolan, je sais qu'il va y avoir pas mal de débats dans les commentaires.
45:39 Et tant que ça reste constructif et respectueux, c'est super.
45:42 Donc voilà, likez, partagez, abonnez-vous, etc.
45:45 Tous les trucs de YouTube, vous avez compris.
45:47 Et quant à moi, je vous dis à très bientôt pour de prochaines...
45:49 *Bruit de bouche*
45:50 Et quant à moi, je vous dis à très bientôt pour de prochaines vidéos, et à très bientôt.
45:54 Ciao !
45:55 *Musique d'outro*