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Grand gagnant des cérémonies majeures en 2019 et 2020, "Parasite" de Bong Joon-Ho est, pour sûr, un des meilleurs films de la dernière décennie. Du coup, c’est avec plaisir que je vous livre mon analyse détaillée de cette œuvre unique.‬

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- Cinematic and Inspiring Background Music For Documentary Videos & Film
- Intervention Dramatic Cinematic Piano Electronica CC - Scott_Buckley
- Hall of the Mountain King - Kevin MacLeod
- Somewhere Down The Line - AERHEAD
- Art of Silence

#Parasite #Analyse
Transcription
00:00 *Musique*
00:06 C'est à partir de ce jour ensoleillé de mai 2019 que le film "Parasite", écrit et réalisé par Bong Joon-ho,
00:12 va commencer son ascension vers le sommet.
00:14 Car la palme d'or fait office de récompense, écrite en lettres dorées sur le curriculum vitae d'un long métrage.
00:19 Et c'est grâce à cette palme d'or que le grand public du monde entier va enfin tourner son regard vers le cinéma sud-coréen.
00:25 Après ça, les récompenses succèderont.
00:27 Golden Globe du meilleur film étranger, SAG Award pour la meilleure distribution,
00:31 BAFTA du meilleur scénario original et du meilleur film étranger,
00:35 César du meilleur film étranger,
00:36 *Mes ailes je les combo*
00:38 Et enfin, 4 Oscars dont meilleur scénario original, meilleur film international, meilleur réalisateur et meilleur film.
00:46 Le succès sera également public avec une recette mondiale estimée à près de 300 millions de dollars,
00:50 dont 1,8 millions d'entrées en France.
00:52 Vous l'aurez compris, "Parasite" est un succès absolu.
00:55 Mais quelles sont les raisons de ce succès ?
00:57 Pourquoi le film fait l'unanimité à travers le monde ?
00:59 Et que raconte-t-il ?
01:00 Je vais tenter de répondre à toutes ces questions en vous proposant mon point de vue à travers une analyse détaillée
01:05 de ce que beaucoup considèrent comme le chef-d'œuvre ultime de Bong Joon-ho.
01:09 En seulement 7 films, Bong Joon-ho a su manipuler différents genres.
01:24 Que ce soit la comédie dramatique avec "Barking Dog", le polar avec "Memories of Murder",
01:29 le drame avec "Mother" et la science-fiction avec "The Host", "Snowpiser" et "Ocja".
01:34 Mais avec "Parasite", le cinéaste va encore plus loin.
01:37 L'idée du film lui vient en 2013 et pendant 5 ans, il va le travailler.
01:41 Du scénario au storyboard qu'il dessinera avec beaucoup de discipline et de minutie,
01:45 ce qui permettra au cinéaste de faire preuve d'une précision et d'une grande maîtrise sur chacun de ses plans.
01:49 Bong Joon-ho est très réaliste dans sa mise en scène.
01:52 Il filme ses plans de façon relativement simple,
01:54 mais les emboîte afin qu'il mette en place un récit ultra cohérent.
01:58 "Parasite" s'amuse également à reprendre plusieurs genres.
02:01 La comédie, le trailer, l'horreur, le drame sont les différents maillons que le réalisateur associera
02:06 pour offrir au spectateur des sensations uniques et une tension palpable.
02:10 Le tout sans perdre le fil du récit et dans une fluidité incroyable.
02:13 Tous les films de Bong Joon-ho sont donc relativement différents,
02:16 mais ils ont pourtant en commun de traiter des problèmes sociétaux évidents.
02:19 La surconsommation, l'environnement, la lutte des classes et bien d'autres problématiques universelles.
02:24 Bong Joon-ho est un homme du peuple et avec son dernier film "Parasite", il le prouve plus que jamais.
02:30 "Il y a une pyramide sociale où il y a un mec qui est en haut tout seul.
02:34 On dirait qu'il y a du vent en ce moment là-haut.
02:37 Parce qu'il y a beaucoup de mecs qui veulent sa place.
02:38 Et plus on descend, plus on est nombreux.
02:40 Et quand on arrive en bas, on est vraiment dans la merde."
02:49 Le film commence en introduisant la famille Kim.
02:52 Et les cinq premières minutes s'avèrent d'ores et déjà plus que représentatives
02:55 sur la méthode de vie de cette famille atypique.
02:58 En ce laps de temps, on apprend qu'ils vivent dans une pauvreté relativement importante,
03:01 vivant dans un petit appartement étroit situé au niveau du sol.
03:05 On apprend également que personne n'a de véritable travail
03:07 et surtout que la famille profite des autres dès qu'ils le peuvent.
03:10 En récupérant la wifi de la voisine ou en baratinant la responsable d'une pizzeria
03:14 pour qui ils doivent plier des centaines de boîtes.
03:16 En cinq minutes, Bong Joon-ho nous livre déjà toutes les informations nécessaires
03:20 dont nous avons besoin pour comprendre la situation de cette famille
03:23 et donc les décisions qu'ils prendront à l'avenir.
03:25 A partir de là, l'ami de Ki-woo, alias Kevin,
03:28 va débarquer avec un présent plus que spécial
03:30 et une proposition qui va littéralement changer le destin de cette famille.
03:34 En effet, ce dernier part pour une année à l'étranger
03:36 et propose à Ki-woo de le remplacer comme prof d'anglais particulier pour une jeune fille
03:40 vivant dans les quartiers huppés de la ville.
03:42 Cette proposition sera jointe d'une pierre offerte par l'ami en question à toute la famille,
03:47 une pierre que Ki-woo verra comme un signe, une opportunité,
03:50 comme le symbole de l'émancipation et du changement.
03:53 Mais on verra bien plus tard dans le film que les symboles peuvent vite nous ramener à la réalité.
03:57 D'ailleurs ce symbole est tellement mis en avant dans le film
03:59 que Bong Joon-ho avouera en interview le faire dire clairement de la bouche de ses personnages
04:03 afin que ça n'en devienne pas ridiculeusement évident.
04:06 A partir de là, Ki-woo y croit.
04:08 Il peut s'en sortir, quitter cette situation étroite qui l'étouffe,
04:11 qui l'empêche lui et sa famille de s'émanciper de ce train de vie.
04:14 A partir de là, il se dit qu'il peut lui aussi gravir les sommets.
04:18 La première partie du film est assez cartoonesque, comique et plutôt jouissive.
04:23 "Tu as peint un chimpanzé ?"
04:24 "C'est un self-portrait."
04:26 "Bien sûr."
04:30 On prend un réel plaisir à voir la famille Kim faire preuve d'une grande ingéniosité
04:35 et d'un certain machiavélisme afin d'intégrer la famille Park.
04:38 Une famille très aisée qui n'a jamais su voir plus loin que le bout de leur nez
04:41 à tel point qu'ils ne se rendront jamais compte du subterfuge.
04:43 Les Park vivent dans une maison d'architecte assez atypique.
04:46 Une maison que Bong Joon-ho a pensée et réfléchie afin qu'elle soit lisible pour le spectateur,
04:51 qu'il puisse se situer dans l'action.
04:52 Une maison qui est clairement considérée comme un personnage à part entière du film.
04:56 Et cette fameuse maison possède un sous-sol dont les Park ignorent l'existence.
05:00 Un sous-sol qui abrite le mari de la gouvernante.
05:02 Un homme bien plus pauvre que la famille Kim.
05:04 Une pauvreté tellement grande que la famille Park ne peut se l'imaginer.
05:07 À tel point que cet homme apparaît face à un des membres de la famille
05:10 comme une véritable entité démoniaque et surtout irréelle.
05:13 Car comme ce dernier, la pauvreté n'est qu'une illusion, une légende pour les Park.
05:23 Ils en connaissent l'histoire de loin, mais n'y ont jamais été confrontés.
05:27 Voilà pourquoi ils se font aussi facilement berner par les Kim.
05:30 Car ils n'ont pas conscience de cette réalité
05:32 et de ce qu'un être humain peut faire pour échapper à son statut.
05:35 Eux qui sont au sommet de la montagne.
05:37 Malgré tout, les Park ne sont pas les méchants de l'histoire.
05:40 Le film va plus loin que le simple cliché "riches contre pauvres".
05:43 Les Park sont simplement ignorants.
05:45 Leur garde est baissée car ils font partie d'un système très fermé.
05:48 "Ah, je ne peux plus croire en les gens."
05:50 "Si ce n'est pas une bonne introduction, je ne crois pas."
05:54 "Mais c'est un homme que Jessica a vu depuis sa petite âge, il est vraiment un homme de la tête."
05:59 Voilà comment les Kim vont réussir à tirer parti de cette ignorance.
06:01 Et au moment où les Kim vont eux aussi se faire à ce mode de vie,
06:05 ils vont du coup aussi baisser leur garde.
06:07 Et c'est là qu'ils vont être confrontés à une autre famille,
06:09 bien plus dans le besoin et qui vont à leur tour tirer profit de la situation des Kim.
06:13 On a donc affaire à la pyramide sociale dans sa représentation la plus pure.
06:17 Plus tu es en bas, plus tu vas vouloir monter.
06:19 Mais pour monter, tu vas devoir prendre la place de ceux qui sont plus haut que toi.
06:23 Et dans le film, chacun méprise ceux qui leur sont inférieurs.
06:26 Les Park méprisent les Kim.
06:28 "C'est la vie de la vie. C'est ce que je veux."
06:30 "C'est ça."
06:34 Les Kim méprisent la gouvernante et son mari.
06:37 "Oh, une... Une, s'il te plaît."
06:39 "Une, s'il te plaît, ne fais pas ça entre des proches."
06:42 "Je ne suis pas une proche."
06:44 "Oh, je... Je... Nous sommes des proches."
06:47 Voilà comment les Park vont être malgré eux et sans le savoir,
06:51 confrontés à deux familles qui vont se servir de leurs ressources pour survivre,
06:54 pour gagner leur place dans ce monde.
06:56 Et c'est ce qui nous amène à la deuxième partie du film.
07:04 La deuxième partie connaît une rupture de ton évidente,
07:06 plongeant le film dans son côté le plus sombre, dramatique, voire même horrifique.
07:10 C'est durant cette soirée où les Kim profitent de la maison des Park en leur absence
07:14 que les choses vont commencer à se compliquer.
07:16 Tout comme le ciel ce soir-là, la situation va se mettre à s'assombrir.
07:19 C'est dès la découverte du secret de la gouvernante que les choses vont s'accélérer.
07:23 Et la mise en scène de Bong Joon-ho ne ment pas.
07:25 À partir de cet instant, les personnages vont commencer à s'enfoncer encore plus profondément dans le sol,
07:30 jusqu'à être entourés de murs froids et étroits qui vont les étouffer dans leurs propres mensonges.
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08:28 Le film a un rapport plus qu'évident à la symbolique.
08:32 La pierre bien sûr, les sous-sols, l'odeur, qu'on verra un peu plus tard,
08:36 et les escaliers.
08:37 Ces escaliers que monte Ki-woo et sa sœur en début de film afin d'y trouver de la wifi,
08:41 ces escaliers qui séparent deux classes sociales,
08:43 et bien sûr cette descente vertigineuse de la famille Kim qui suit leur altercation avec la gouvernante
08:48 et le retour des parcs chez eux.
08:50 Cette descente accompagnée d'eau, comme si les Kim étaient littéralement évacués vers leur réalité.
08:54 Bong Joon-ho nous éclairera dans une interview et avouera que ce moment précis
08:58 où Ki-woo regarde la pluie couler sous ses pieds
09:01 est le moment où il prend conscience que tout comme l'eau,
09:03 sa situation sociale ne fait que couler vers le bas et ne pourra jamais s'élever.
09:08 C'est le point d'orgue du film, le retour à la réalité pour chacun.
09:11 L'inégalité sous forme d'averse, qui n'est qu'une distraction pour certains
09:16 et une réalité crue pour d'autres.
09:18 Madame Park ne manquera pas de nous le rappeler.
09:20 "Le ciel est totalement bleu et il n'y a pas de micro-ondes."
09:23 "Oui, c'est grâce à la pluie de la journée."
09:25 Ce fossé social, Bong Joon-ho le caractérise à travers l'odeur.
09:30 Dans le film, quand le petit Da-song se rend compte que le chauffeur et la gouvernante ont la même odeur,
09:35 la famille Kim décide de faire une lessive par personne.
09:37 Et c'est là que Jessica précise que ça n'a rien à voir avec leur lessive,
09:40 que c'est ce lieu qui les imprègne de cette odeur.
09:43 Sous-entendu bien sûr que l'odeur est une métaphore sur leur situation sociale
09:46 et que ça ne va pas être aussi simple de s'en débarrasser.
09:49 Et quand Monsieur Park dit ça...
09:51 "Enfin, que rien ne va."
09:52 "Genre, en général, les choses ne sont pas très bien, mais en fin de compte, elles ne sont pas très bien."
10:00 "Ça c'est bien, je l'accepte."
10:01 "C'est bien."
10:02 "Mais la odeur, c'est un cadeau, la odeur..."
10:06 "La odeur de la merde qui a été mis au-dessus de la voiture."
10:09 Ça sous-entend que le père de Kim pourra faire n'importe quoi,
10:12 il ne sera jamais accepté dans cette société.
10:14 Et c'est durant la scène finale qu'il en prendra conscience.
10:17 Il se rendra compte que même dans un chaos ambiant,
10:19 subsistera toujours ces différentes cases.
10:21 Il refusera cette situation et c'est ce qui amorcera de ce fait son ultime descente,
10:26 celle qui le conduira à la marginalité et à l'isolement.
10:30 *musique*
10:32 La mise en scène de ce final, c'est tout le génie de Bong Joon-ho.
10:35 Tout d'abord cette fameuse pierre qui va tomber au pied du mari de la gouvernante.
10:39 Cette pierre qui le fera lui aussi sortir de sa condition
10:41 avant que le réalisateur n'efface toute trace de symbolisme
10:44 et nous rappelle simplement que c'est un objet, et un objet potentiellement mortel.
10:48 Cet homme, c'est le mal façonné par la société.
10:51 Un mal qui finit toujours par remonter à la surface.
10:54 Si les Kim n'avaient pas méprisé ceux qui leur sont inférieurs,
10:57 ils n'en auraient pas payé le prix.
10:58 Et si les parcs n'avaient pas fait de même, ils n'en auraient pas non plus payé le prix.
11:02 *musique*
11:04 Tout ceci me vient à dire que le titre "Parasite" écrit au singulier n'est peut-être pas anodin.
11:09 Et si le parasite, c'était tout simplement cette société ?
11:12 Une société inégale qui place les humains sur une échelle
11:15 et qu'ils s'efforceront de gravir en écrasant tout sur leur passage
11:18 car personne ne leur tendra la main pour les aider à monter.
11:21 *musique*
11:23 Après ça, Ki-woo apprendra que son père s'est enfermé dans cette cave pour éviter tout jugement
11:28 et lui enverra une lettre d'espoir lui expliquant qu'un beau jour,
11:31 il gagnera beaucoup d'argent et qu'il achètera la maison afin de le libérer.
11:35 *musique*
11:50 Cette phrase prend tout son sens quand le réalisateur décide de nous montrer la scène.
11:54 Mais le soleil radieux qui recouvre le jardin de la maison fera place à la froideur de la neige
11:59 et le film nous laissera sur la même image avec laquelle il a été introduit.
12:03 Le personnage de Ki-woo à la même place où nous l'avons découvert.
12:06 Comme si rien ne s'était passé, comme si le personnage n'avait pas bougé.
12:10 Imaginant ce que pourrait être sa vie, élaborant un plan voué à l'échec
12:14 mais empli d'espoir, seulement d'espoir.
12:17 Car au final, c'est tout ce qui reste à cette famille.
12:21 *musique*
12:29 Voilà cette vidéo touche à présent à sa fin, j'espère qu'elle vous aura plu.
12:32 Sachez avant d'émettre un avis sur cette analyse qu'elle ne représente que ma vision personnelle
12:36 et qu'elle ne constitue en aucun cas une réalité absolue.
12:39 Quoi qu'il en soit, Parasite est un des tout meilleurs films de la dernière décennie pour moi
12:43 et ce fut un réel plaisir de partager avec vous ma vision de cette oeuvre unique.
12:46 Je vous laisse donc au bon plaisir de liker et partager cette vidéo.
12:50 Prenez soin de vous et à la prochaine.
12:52 *musique*