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Quel est le pire de nos biais cognitifs ? Pas facile à juger, mais clairement celui-ci prétend au titre.

Retour sur l'incontournable expérience de Milgram, et sur la vérification de sa conclusion au sein de la société.

0:00 • Début de l'épisode
0:59 • L'expérience de Milgram
3:09 • Interprétation du résultat
3:51 • Facteurs anthropologiques et éducationnels
4:36 • Facteurs motivationnels
5:44 • Biais d'autorité et crimes contre l'humanité
6:20 • Le biais d'autorité dans la publicité
8:03 • Biais d'autorité et usurpation
8:52 • Détournement de titre
9:51 • Évaluer l'avis d'une autorité
11:57 • Liberté, responsabilité et bonheur

Musique par Jean-Michou : https://soundcloud.com/jean-michou
Texte original : https://amzn.to/3wnTUxP

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Transcription
00:00 Au cours de la pire formation au jeu d'acteur à laquelle j'ai participé,
00:03 Lordur, qui nous servait de professeur, pratiquait entre autres le harcèlement moral sur ses élèves.
00:08 Je suis allé voir l'une d'elles qui sortait de scène en larmes après s'être fait longuement hurler dessus et humilier
00:13 pour lui apporter mon soutien pour aller confronter le salopard.
00:16 Elle m'a alors répondu en sanglotant que si le professeur avait agi ainsi, c'est que ça devait être pour son bien
00:21 et qu'elle n'envisageait pas de se défendre.
00:23 J'ai alors porté mon indignation à l'attention du reste du groupe.
00:26 Presque tous m'ont répondu de la même manière et expliqué que c'était ma réaction qui devait être inadéquate
00:31 puisqu'après tout je n'étais pas le professeur.
00:34 Quoique très frustrante, cette situation s'explique par un biais cognitif assez redoutable
00:38 qui obscurcit notre jugement et dont les conséquences sont souvent dramatiques.
00:41 Je veux parler bien sûr du biais d'autorité.
00:44 En 1961, le psychologue Stanley Milgram propose l'expérience suivante.
00:52 Un cobaye, qu'on appelle l'élève, est attaché à une sorte de chaise électrique.
00:56 Oui, ça commence bien !
00:57 Il doit mémoriser des suites de mots prononcés par un autre cobaye, qu'on appelle l'instructeur.
01:02 Les deux cobayes sont séparés par une cloison, mais s'entendent néanmoins distinctement.
01:06 En cas d'erreur, l'instructeur est prié d'enclencher une manette
01:10 qui punit l'élève en lui administrant un choc électrique.
01:12 Les premières erreurs sont punies par des décharges faibles.
01:20 On part sur du 15 volts, assez pour le sentir passer quand même.
01:23 Mais à chaque nouvelle erreur, on ajoute 15 volts jusqu'à atteindre les 450 volts.
01:27 Pour vous donner une idée, mettre les doigts dans la prise chez vous, c'est du 230 volts.
01:31 Et je vous le déconseille déjà fortement.
01:33 Donc oui, du 450 volts, on est sur du très potentiellement mortel.
01:37 Enfin, l'expérience est surveillée par un superviseur, vêtu d'une blouse.
01:41 Voilà, ça c'est l'expérience telle qu'on la présente aux cobayes.
01:44 Je vous révèle maintenant ce qu'on ne leur dit pas.
01:47 En réalité, les manettes n'actionnent aucun choc électrique.
01:50 Et l'élève n'est pas un cobaye, mais un complice qui fait semblant de subir les décharges déclenchées par l'instructeur.
01:55 À partir de 75 volts, le complice se plaint de souffrir.
01:59 Plus la tension grimpe, plus ses gémissements se transforment en cris, en supplications et en hurlements violents.
02:04 Si bien que, la plupart du temps, le cobaye instructeur hésite à poursuivre l'expérience.
02:08 Le superviseur le rassure alors, en lui disant assumer l'entière responsabilité de ce qui adviendra.
02:14 Puis il le prie calmement de poursuivre.
02:16 Le but réel de cette expérience est de mesurer la proportion de cobayes qui se rebellent contre le superviseur et refusent de continuer l'expérience
02:24 contre la proportion de cobayes qui, au contraire, s'en remettent à l'autorité du superviseur et poursuivent l'expérience jusqu'au bout.
02:31 Je vous laisse maintenant deviner la proportion de cobayes qui ont poursuivi l'expérience jusqu'au bout.
02:36 C'est-à-dire jusqu'à croire infliger une décharge potentiellement mortelle de 450 volts à l'élève.
02:44 Voilà, si l'expérience avait vraiment eu lieu tel qu'on leur a décrit,
02:47 alors deux personnes sur trois auraient risqué de tuer l'élève
02:50 uniquement parce qu'un mec en blouse leur a dit de le faire.
02:53 Le biais d'autorité est notre tendance, lorsque nous sommes en présence d'une figure d'autorité que nous jugeons légitime,
03:03 à adopter son opinion ou à exécuter ses instructions,
03:06 même lorsqu'elles entrent en conflit avec notre propre jugement ou nos valeurs morales.
03:10 En voyant le résultat de l'expérience de Milgram, on pourrait être tenté de se dire
03:13 "Bon, c'est officiel, deux personnes sur trois sont des connards."
03:16 C'est pas du tout ça et il faut pas mal interpréter le résultat.
03:19 Le biais d'autorité ne concerne pas deux personnes sur trois, nous y sommes tous sujet.
03:23 Ce qu'il faut comprendre c'est que face à des situations similaires,
03:26 nous avons tous en moyenne deux chances sur trois de nous faire avoir si on n'a pas conscience de ce biais.
03:30 Et même en en ayant conscience, ok, ça réduit un peu le risque, mais ça le réduit pas à zéro, loin de là.
03:39 Notre tendance à nous soumettre à l'autorité s'explique de plusieurs manières.
03:43 Dès la préhistoire, les humains se sont regroupés en sociétés organisées et hiérarchisées,
03:48 ce qui leur a permis de subsister et de prospérer en tant qu'espèce.
03:51 On peut supposer que les humains incapables d'obéissance n'auraient pas pu prendre part à ces sociétés,
03:56 ce qui les aurait désavantagés et empêchés de survivre.
03:58 Notre tendance à l'obéissance aurait donc été un critère de sélection naturelle,
04:02 dont nous aurions tous naturellement hérité aujourd'hui.
04:05 De plus, nous consolidons cette tendance par l'éducation.
04:08 Les enfants obéissent à une autorité parentale qui les protège,
04:11 tant qu'ils ne sont pas capables d'assurer leur propre sécurité.
04:14 C'est ce qui leur permet de survivre.
04:16 Si on lâchait nos enfants dans la nature en espérant qu'ils se débrouillent tout seuls,
04:19 je pense que très peu atteindraient l'âge adulte.
04:21 Nous percevons des avantages concrets à suivre les directives que nous dicte une autorité,
04:28 comme par exemple le fait de ne pas subir de représailles.
04:31 C'est une des raisons pour lesquelles, généralement, on obéit aux lois.
04:34 Parce que si on les enfreint, on risque d'être pénalisé.
04:37 De plus, si le plus grand nombre obéit à l'autorité,
04:40 alors y désobéir revient à se marginaliser.
04:42 Or, comme nous l'avons vu à l'épisode 6,
04:44 nous avons au contraire une tendance naturelle au conformisme.
04:47 Nous y sommes poussés par notre crainte du jugement des autres,
04:49 par manque de confiance en nous,
04:51 et pour ne pas être exclus du groupe.
04:53 Enfin, en obéissant à une autorité qu'on juge légitime,
04:56 plus ou moins consciemment, nous nous rassurons.
04:58 D'une part, en nous persuadant que ces directives sont probablement bien fondées.
05:01 En d'autres termes, on associe intuitivement une qualité exagérée à l'avis de l'autorité,
05:06 de sorte qu'on croit prendre un risque plus grand en le contredisant.
05:10 Et d'autre part, en nous persuadant que si on se trompe,
05:12 alors ce ne sera pas notre faute,
05:14 puisque nous n'avons pas suivi notre avis, mais celui de quelqu'un d'autre.
05:17 On croit se soulager ainsi du poids de la responsabilité.
05:20 Sauf que bien sûr, c'est une erreur de raisonnement.
05:22 Si on suit l'avis de quelqu'un d'autre alors qu'on peut suivre le nôtre,
05:25 ça reste par choix conscient,
05:27 et donc, notre responsabilité.
05:29 Au cours de la Seconde Guerre Mondiale,
05:34 de nombreux individus ont participé, directement ou indirectement,
05:38 à des atrocités, en dépit de leur valeur morale.
05:41 Bien sûr, dans de nombreux cas, ils y étaient forcés et n'avaient pas d'alternative.
05:44 On peut très bien concevoir, par exemple,
05:46 qu'un père de famille choisisse d'obéir
05:48 pour ne pas condamner à mort sa femme et ses enfants.
05:50 Mais dans certains cas, les individus n'étaient pas fortement contraints
05:53 de prendre part à de tels actes.
05:54 Ils auraient pu s'y soustraire de la même manière
05:56 qu'il était possible au cobaye de Milgram
05:58 de ne pas poursuivre l'expérience.
06:00 Mais du fait de leur biais d'autorité,
06:02 ils n'ont même pas envisagé sur le moment de désobéir.
06:05 Évidemment, le biais d'autorité nous influence encore aujourd'hui.
06:11 Et puisqu'il est connu, certains cherchent souvent à s'en servir pour nous influencer.
06:15 On retrouve ça notamment dans la publicité.
06:17 "Savez-vous qu'un Français sur deux a des problèmes de joncives ou de dents sensibles ?"
06:21 "Bertrand, vous êtes dentiste, qu'en dites-vous ?"
06:23 "C'est une réalité, Mac !"
06:24 Bon, bah, cette pub, c'est un cas d'école,
06:25 présenté par Mac Lesgui, animateur de la célèbre émission de vulgarisation
06:29 E=M6, donc "Grosse Crédibilité Scientifique".
06:31 Et au cas où ça suffirait pas,
06:33 ils nous ont quand même casé ce bon vieux Bertrand,
06:35 dentiste basé à Londres,
06:37 même si là, pour le coup, je vois pas le rapport avec la choucroute.
06:39 "En vrai, c'est pour des raisons légales."
06:41 "Les praticiens exerçants en France ont pas le droit de faire de la publicité"
06:45 "pour pas contrevenir à la déontologie."
06:47 "Alors du coup, on va les chercher à l'étranger."
06:49 Pas étonnant qu'Oral-B soit la marque de dentifrice la plus utilisée par les dentistes.
06:53 Oui, ok, si tu veux, Mac,
06:55 mais bon, ton sondage réalisé sur 200 dentistes en France
06:57 sur les quelques 40 000 en activité,
06:59 toi-même, tu sais qu'ils prouvent pas grand-chose.
07:01 Déjà, on sait pas si 200 dentistes ont été interrogés
07:03 ou si 200 dentistes ont répondu au sondage.
07:06 Quand bien même les 200 auraient répondu,
07:07 j'ai fait le calcul,
07:08 pour un niveau de confiance de 95%,
07:10 ça fait une marge d'erreur de 7%.
07:12 Ce qui veut dire que si, par exemple,
07:13 20% des répondants utilisent Oral-B,
07:15 mais que 18% utilisent, imaginons, Signal,
07:17 alors du fait de la marge d'erreur,
07:19 on ne pourrait pas conclure qu'Oral-B soit la marque de dentifrice numéro 1
07:22 utilisée par les dentistes.
07:24 Bon, là encore, c'est gentillesse,
07:26 c'est juste une petite pub.
07:27 Mais aux Etats-Unis, par exemple,
07:29 il existe l'émission de téléachat The Dr. Oz Show
07:32 où un docteur diplômé,
07:33 apparaissant parfois en blouse,
07:34 fait la promotion de suppléments nutritionnels prouvés inefficaces,
07:37 voire pour certains, potentiellement dangereux.
07:39 Il n'a jamais vraiment été inquiété pour ça,
07:41 et pour la petite histoire,
07:42 le bon Dr. Oz est même entré à la Maison Blanche
07:44 comme conseiller au sport, à la nutrition et à la santé,
07:47 sous l'administration Trump.
07:48 En criminalité, il existe le coup ultra-classique des braqueurs
07:55 qui se font passer pour des policiers pour tromper leur victime,
07:57 par exemple pour s'introduire chez eux.
07:59 Et vous connaissez sûrement la variante en ligne de ce truc-là,
08:01 qu'on appelle le phishing,
08:02 qui consiste à se faire passer pour votre banque, le fisc, la poste,
08:05 ou je ne sais quoi d'autre,
08:06 pour vous pousser à divulguer vos identifiants
08:08 ou vos informations de paiement.
08:10 D'ailleurs, sans déconner,
08:11 parfois les mecs sont plutôt convaincants.
08:12 Je me suis fait avoir comme ça une fois,
08:14 je reçois un SMS de la poste
08:15 qui me demande de payer le droit d'affranchissement
08:17 sur un colis en provenance de l'étranger.
08:19 Or, pas de bol, il se trouve qu'à ce moment-là,
08:20 j'étais pressé,
08:21 et qu'en plus, j'attendais vraiment un colis de l'étranger
08:23 sur lequel je m'attendais à payer des droits.
08:25 Heureusement, j'ai eu un doute
08:26 juste après avoir renseigné mes informations de paiement,
08:29 et après avoir vérifié l'adresse du site web,
08:31 j'ai vu que ça clochait.
08:32 J'ai tout de suite fait opposition à ma carte
08:33 et ils n'ont pas eu le temps de l'utiliser.
08:35 Mais quand même, j'ai été vexé de m'être fait piéger.
08:37 Il arrive souvent que certains se servent de leur titre
08:43 pour convaincre les autres de leurs opinions
08:45 sur des sujets sur lesquels ils ne sont pourtant pas compétents.
08:48 Je vous conseille de tout miser sur le rouge !
08:50 Attendez, vous pouvez me faire confiance, hein !
08:51 Je suis expert en biologie sous-marine, quand même !
08:53 J'exagère à peine.
08:54 Entre les neurochirurgiens qui vendent des bouquins
08:56 sur l'éducation des enfants,
08:57 ou les pharmaciens qui donnent des conférences payées
08:59 pour propager des délires antivax,
09:01 de loin, on pourrait vaguement penser
09:03 que leur titre leur confère une légitimité
09:05 à parler de ces sujets.
09:06 Mais en réalité, c'est pas du tout leur métier.
09:07 Ils le détournent pour gagner de l'argent ou de la notoriété,
09:10 ou simplement pour avoir raison sur les réseaux sociaux.
09:12 Or, c'est très irresponsable,
09:14 parce que ça peut avoir des conséquences graves.
09:16 Au début de la pandémie, énormément de "spécialistes"
09:18 se sont succédés sur les plateaux télé
09:20 pour formuler leurs recommandations
09:21 ou leurs prévisions perso
09:23 à propos d'un virus dont, à l'époque,
09:24 on ne connaissait rien.
09:26 En abusant de leur figure d'autorité
09:27 et en posant comme certaines
09:29 des suppositions totalement infondées,
09:31 ces gens ont créé de la confusion
09:32 qui a perturbé la gestion de crise
09:34 et mis énormément de vies en danger.
09:36 On se fait piéger par l'argument d'autorité
09:42 lorsqu'un avis suffit à nous convaincre
09:44 uniquement parce qu'il a été prononcé
09:45 par telle ou telle personne.
09:46 Cela dit, qu'une autorité réputée
09:48 compétente formule un avis sur un sujet,
09:50 c'est une information qu'il ne faut pas
09:51 jeter à la poubelle.
09:53 On doit en tenir compte, mais à sa "juste valeur".
09:55 Et cette juste valeur, il nous faut l'évaluer.
09:58 D'une, en vérifiant la pertinence
10:00 de l'autorité concernée
10:01 vis-à-vis du domaine dans lequel elle s'exprime.
10:03 L'avis d'un footballeur célèbre
10:05 concernant la gestion d'un conflit géopolitique
10:07 complexe, par exemple,
10:08 n'est pas forcément inintéressant.
10:10 Mais il sera probablement moins éclairé
10:12 que celui d'experts en la matière.
10:14 De deux, en éprouvant le raisonnement
10:16 de l'autorité par lequel elle aboutit
10:17 à sa conclusion.
10:19 Même sans être expert dans un domaine,
10:20 il est possible de détecter
10:22 lorsqu'une argumentation repose sur des sophismes
10:24 ou ne tient pas la route.
10:25 Même les meilleurs experts ne sont pas à l'abri
10:27 de faire des fautes de raisonnement.
10:29 Et de trois, en confrontant si possible
10:31 cet avis à celui d'autres autorités,
10:33 de préférence indépendante les unes des autres,
10:35 mais toutes également pertinentes sur le sujet.
10:37 Si un scientifique dans un pays tombe sur un résultat,
10:39 mais que la majorité des autres scientifiques
10:41 dans les autres pays en trouvent un autre,
10:43 alors il faut remettre en question
10:45 la conclusion de ce scientifique.
10:46 Personnellement, je ne compte plus le nombre de fois
10:48 où on m'a dit "Ah oui, mais moi j'ai un ami
10:50 qui est épidémiologiste ou virologue
10:52 et qui dit je sais pas quoi à propos du Covid".
10:54 C'est typiquement le genre d'argument
10:55 auquel il ne faut pas accorder de crédit,
10:57 parce que l'avis d'un virologue
10:59 ou d'un épidémiologiste
11:00 ne fait pas un consensus scientifique.
11:02 Je vous revois à ce sujet à l'épisode 16,
11:04 où on avait déjà largement parlé de ça.
11:06 N'empêche, c'est incroyable, littéralement,
11:09 le nombre de gens qui se sont trouvés
11:10 pendant la pandémie des amis épidémiologistes
11:12 ou virologues,
11:13 pour appuyer leurs propres opinions.
11:16 Pour finir, nous devrions nous abstenir nous-mêmes
11:18 de propager des arguments d'autorité,
11:20 en ne partageant pas,
11:21 notamment sur les réseaux sociaux,
11:23 l'avis d'un tel uniquement parce que c'est un tel,
11:25 mais parce qu'on l'a évalué objectivement
11:27 comme on vient de le voir.
11:28 Et oui, je vous l'accorde,
11:29 ça fait beaucoup de boulot
11:30 et on n'a jamais dit que c'était facile.
11:31 Mais ça vaut le coup,
11:32 parce que c'est ce qui nous permet d'approcher la vérité.
11:34 Vérité dont nous avons besoin
11:36 pour prendre des décisions éclairées
11:38 et pour nous assurer que nos actions
11:39 servent bien la poursuite de notre bonheur.
11:45 Certains cobayes de l'expérience de Milgram,
11:47 parmi ceux qui ont cru administrer un choc
11:49 potentiellement mortel à l'élève,
11:51 en sont ressortis profondément bouleversés.
11:53 Et ce, même après qu'on les ait rassurés
11:55 quant au fait que l'élève n'était qu'un acteur
11:57 et qu'il ne recevait pas réellement de décharges.
11:59 Ils ont été sujets à énormément de remords
12:01 quant à leur conduite durant l'expérience.
12:03 Il n'est donc pas surprenant
12:04 qu'après la Seconde Guerre mondiale,
12:05 de nombreux individus soient restés
12:07 irrémédiablement traumatisés
12:08 par les actions qu'ils ont commises.
12:10 Au point, pour nombre d'entre eux,
12:11 de sombrer dans l'alcoolisme, la drogue dure,
12:13 la dépression ou encore la folie.
12:15 Le plus dur pour ces personnes
12:16 étant de reconnaître après coup
12:17 qu'elles auraient pu agir autrement.
12:19 Et de regretter de ne pas l'avoir fait.
12:21 C'est là un malheur terrible,
12:22 et c'est pour ça que je recommande
12:23 de nous en prémunir.
12:25 De manière générale, nous voulons éviter
12:26 d'être manipulés au point d'agir
12:28 contre nos intérêts ou contre nos valeurs morales.
12:31 Nous devrions toujours nous assurer d'agir
12:33 pour de bonnes raisons.
12:34 Ni par obéissance aveugle,
12:35 ni par peur d'être pénalisé,
12:36 ni par flemme de réfléchir par soi-même,
12:38 mais au contraire en prenant librement
12:40 la responsabilité de chacune de nos actions,
12:42 qu'elle nous ait été dictée ou non.
12:44 Autrement dit, il ne devrait jamais arriver
12:46 qu'on fasse quoi que ce soit
12:47 sans savoir expliquer pourquoi on l'a fait.
12:49 On l'a vu, c'est en prenant nos responsabilités
12:51 que nous affirmons qui nous sommes,
12:53 et que nous gagnons notre liberté,
12:55 qui elle-même est une condition de notre bonheur.
12:58 Voilà, il me semble avoir fait le tour.
12:59 J'espère que cette vidéo bonus vous a plu.
13:01 Personnellement, c'est un sujet
13:02 qui me tient très à cœur,
13:03 parce que le biais d'autorité
13:04 me paraît l'un des plus redoutables qui soit.
13:06 N'hésitez pas à me faire part de vos remarques en commentaire,
13:08 et surtout ce que je voudrais vous proposer,
13:10 c'est que si vous avez connu des situations
13:12 où le biais d'autorité vous a piégé,
13:14 vous ou quelqu'un d'autre,
13:16 eh bien n'hésitez pas à les partager,
13:18 de sorte à en faire profiter tout le monde.
13:20 Ce biais peut prendre plein de formes différentes,
13:22 et plus on voit de cas de figure,
13:23 mieux on apprend à le reconnaître.
13:25 Voilà, c'est tout pour moi.
13:27 Comme d'habitude, je vous dis à la prochaine,
13:29 et d'ici là, prenez soin de vous.
13:31 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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