Face à l'Info (Émission du 05/07/2023)

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00 Ravie de vous retrouver, je suis en train de me préparer.
00:03 Vous allez nous mettre des claques ?
00:05 Je retrousse les manches.
00:08 Je suis presque prête.
00:09 Allez, vous êtes en forme ?
00:13 Non mais ça y est enfin, tiens.
00:15 Aujourd'hui la journée passait tellement vite, ça y est.
00:19 La Minute Info, sommeille à la bible.
00:22 Gérald Darmanin, auditionné au Sénat dans le cadre des émeutes,
00:29 le ministre de l'Intérieur est revenu sur le lourd bilan de cette semaine de violence.
00:33 105 mairies saccagées, 17 agressions d'élus, 500 bâtiments publics dégradés.
00:38 Il précise que l'IGPN et l'IGGN ont été saisis de 10 enquêtes
00:42 sur les agissements des forces de l'ordre.
00:45 Enfin, il a déclaré que la situation est calme, mais reste toutefois à surveiller.
00:50 Et pendant ce temps, le festival d'Avignon ouvre sous haute sécurité.
00:54 Près de 100 policiers par jour seront mobilisés entre Amuros,
00:57 une compagnie de CRS et de militaires de l'opération Sentinelle
01:00 veilleront également sur le festival.
01:03 Et un drone va être utilisé pour s'assurer du bon déroulé des festivités.
01:08 Et puis le PSG dit au revoir à Christophe Galtier
01:11 et souhaite la bienvenue à Louis Sénriquet.
01:13 Le nouvel entraîneur a été présenté lors d'une conférence de presse
01:16 dans le courant de l'après-midi, objectif de ce recrutement,
01:19 rendre le club plus compétitif en Ligue des Champions.
01:25 Et au sommaire ce soir, tous, enfin la plupart,
01:30 se félicitent du retour au calme sur le front des émeutes.
01:33 Mais à qui doit-on cet accalmi ?
01:35 Aux maires de familles qui se sont mobilisés ?
01:38 À ces citoyens qui, d'eux-mêmes, ont décidé d'aider la police ?
01:42 Ou aux dealers qui ont demandé de cesser les violences
01:44 pour pouvoir reprendre leur trafic de drogue ?
01:47 L'édito de Mathieu Bocote.
01:49 Derrière ces émeutes urbaines, en quoi les grilles misérabilistes,
01:53 criminels ou identitaires qui circulent sont réelles ou fausses ?
01:57 Quel est le réel diagnostic de ce qui s'est passé ?
02:00 Et qui couvre encore, sans doute ?
02:02 Quelle est la psychologie des émeutiers ?
02:04 Que cherchait-il ? Que cherche-t-il encore aujourd'hui ?
02:06 L'autorité des meneurs va-t-elle sortir renforcée
02:10 en l'absence de réponse claire de l'État ?
02:12 L'édito de Guillaume Ligo.
02:14 Alors que la philosophe Chantal Delsol explique dans Le Figaro
02:19 que ces émeutes nous rappellent l'importance des pères
02:22 et de la famille dans l'éducation,
02:25 doit-on admettre que sans un père, un enfant serait perdu ?
02:29 Alors que plus d'un tiers de ceux qui se sont rendus responsables
02:33 d'actes de violence de ces derniers jours
02:35 sont issus de familles monoparentales ?
02:38 Le regard de Marc Menand.
02:40 Alors que l'extrême-gauche, qui n'a pas appelé au calme des émeutes,
02:44 a perturbé une audience de comparution immédiate à Lyon,
02:47 nous nous demanderons si la justice peut demeurer indépendante, ferme,
02:52 faire son travail, et quelle justice faut-il pour les émeutiers ?
02:56 Le temps de la justice est donc venu, mais elle est déjà critiquée,
02:59 qu'en est-il de la grande partie des émeutiers mineurs
03:02 qui bénéficieront de l'excuse de minorité ?
03:04 N'est-ce pas de la fermeté dans un principe de neutralité de la justice
03:10 que dépendra la suite de ces émeutes ?
03:13 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
03:16 Et puis la France est à peine remise de la violence des émeutes de ces derniers jours
03:20 que LFI appelle déjà à une marche pour Adama Traoré le week-end prochain.
03:25 Pourtant, Fabien Roussel s'est désolidarisé, Olivier Faure également,
03:29 et la Première ministre a clairement dénoncé la sortie de LFI
03:32 du champ républicain lors de ces émeutes.
03:35 Si LFI est sortie du champ républicain, comment définir sa place aujourd'hui ?
03:40 Réponse avec l'édito de Mathieu Bocoté.
03:43 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos éditeurs réalistes et nos journalistes.
03:47 On commente, on écrive, on analyse et c'est maintenant.
03:49 Je voulais vous montrer ce superbe bouquet de fleurs que j'ai reçu aujourd'hui.
04:05 Je vous dirais pas qui. C'est pas Marc Menand pour une fois.
04:10 Mais je voulais dire merci à ceux qui m'ont offert ce bouquet de fleurs
04:14 et qui sont en ce moment en régie à Seine.
04:17 Ce sont des dames, je les remercie infiniment.
04:19 Et toute l'équipe, remercie, vous aurez l'odeur, j'aurai les fleurs.
04:22 Qui a contribué à l'arrêt des émeutes ?
04:29 Et si les parents, l'État, la police, les maires et ma hière
04:33 n'avaient pas autant de pouvoir que les dealers, Mathieu Bocoté ?
04:37 Les policiers eux-mêmes reconnaissent leur influence, le narcotrafic.
04:40 Est-il le remède aux émeutes ?
04:42 Où est-ce l'arrivée des vacances, la pression des forces de l'ordre,
04:46 la diminution des munitions ?
04:48 À qui, à quoi doit-on le retour au calme ?
04:52 Il serait malvenu de ne pas d'abord mentionner le rôle essentiel des forces de l'ordre.
04:56 Quoi qu'on en dise, aucun phénomène social ne s'explique par une seule variable.
05:01 Et les forces de l'ordre ont fait preuve de courage exceptionnel
05:04 pour mater, dans la mesure du possible et dans les moyens qui leur étaient accordés,
05:09 ces émeutes qui étaient, on l'a souvent dit, qui relevaient du raide,
05:13 qui relevaient de la rasia. Premier élément.
05:16 Deuxièmement, les cyniques diront qu'il y a d'autant moins de pillages
05:19 qu'il n'y a plus rien à piller.
05:21 C'est-à-dire, quand on a fait le tour des magasins,
05:23 quand on a fait le tour des commerces, et finalement il ne reste plus grand-chose,
05:26 on pourrait dire que ça calme l'appétit de ceux qui se lançaient justement en rasia
05:31 pour pouvoir récupérer les biens de consommation qu'ils préfèrent ne pas s'acheter,
05:34 qu'ils préfèrent voler.
05:36 Bon. Tenons compte de cela, et les autres facteurs que vous mentionnez sont tous valables.
05:40 Mais la question qu'on pose aujourd'hui, qui est assez intéressante,
05:45 qui a traversé en fait toute la journée de réflexion, c'est le rôle des dealers.
05:49 Qu'est-ce que ça veut dire lorsqu'on dit « les dealers ont ramené l'ordre dans les circonstances » ?
05:54 Qu'est-ce que ça nous dit sur la structuration politique des banlieues ?
05:57 Qu'est-ce que ça nous dit sur le rôle de ces dealers dans l'organisation sociale de la France ?
06:02 On a quelquefois une représentation un peu caricaturale du dealer.
06:05 C'est le petit dealer au coin de la rue. C'est celui qui est dans un point de vente, dans un point de deal.
06:10 Mais là, ce n'est pas de ça dont on parle ici. On parle derrière le mot « dealer » d'un ordre,
06:14 un ordre narcotrafiquant, comme ça on pourrait utiliser d'autres termes,
06:18 un ordre de narcotrafique qui structure une partie de la vie politique française,
06:23 de la vie sociale et économique française.
06:25 Alors, le point de départ, on l'a dit, c'est que les trafiquants, au tout début, constatent probablement
06:32 qu'on ne peut rien faire. Il y a une espèce de telle poussée de violence,
06:35 il y a une telle colère qui s'exprime, il y a un tel désir de partir en raide, justement.
06:40 On doit laisser partir, c'est l'idée de laisser partir un peu de vapeur,
06:46 de retirer la soupape, permettre à cette violence de se déchaîner,
06:51 permettre à ceux qui veulent casser de casser, permettre aux émeutes de se manifester,
06:55 parce que tout ordre, l'État, de temps en temps, il sait qu'une société commence à bouillir
07:00 un peu d'une certaine manière et il faut permettre aux éléments éruptifs de se manifester
07:06 avant de ramener l'ordre. Donc, on peut interpréter les premiers jours de l'émeute
07:10 sur le mode « on n'y peut rien, ils veulent sortir, ils veulent foncer, ils veulent tout détruire,
07:14 ils veulent tout brûler, c'est inévitable, on doit leur concéder quelques jours d'émeute
07:18 avant de ramener l'ordre ». Mais là, quand on dit « ramener l'ordre », on s'entend,
07:22 ce n'est pas l'État qui ramène l'ordre, ce sont les dealers. Ce qui nous ramène,
07:26 et là je vais y aller d'une forme d'hypothèse qui va sembler étonnante,
07:30 mais dans les quartiers, c'est l'ordre narcotrafiquant qui exerce la fonction régalienne.
07:36 La fonction régalienne, la verticalité, le pouvoir, la capacité de décider de la violence légitime
07:42 de leur point de vue ou de ce qui ne l'est pas, la possibilité pour un jeune homme
07:45 de se mettre au service d'un ordre politique institué pour le servir dans une ambition
07:51 d'ascension sociale. Donc on rejoint l'ordre du trafic, évidemment on risque sa vie,
07:56 mais on a la possibilité d'une ascension sociale dans cet ordre. Le trafic, les trafiquants,
08:02 ce n'est pas un ordre de petits, de petits gangsters, c'est un ordre qui structure la vie
08:07 dans les banlieues, et dès lors, c'est un ordre qui fait concurrence à l'État.
08:12 On a souvent analysé ici, Dieu sait que j'en ai parlé, le rôle de l'idéologie décoloniale
08:16 dans tout ce qui se passe en ce moment, notamment le rapport à la police.
08:21 Mais si on veut avoir un traitement non-idéologique de la chose, où on s'intéresse simplement
08:25 au rapport de force, pourquoi la police est aussi peu acceptée dans les quartiers
08:30 dans cette logique? C'est que c'est un conflit de souveraineté. L'ordre gangstaire,
08:35 l'ordre des dealers, l'ordre des trafiquants considèrent que c'est leur territoire,
08:39 ce n'est pas le vôtre. De quel droit osez-vous désormais vous présenter dans notre territoire?
08:45 De quel droit osez-vous chercher à pénétrer dans notre territoire? Ce n'est pas votre violence.
08:49 Ça arrête à la frontière de nos territoires, et nous incarnons ici la force légitime.
08:54 Alors, c'est assez intéressant de le garder à l'esprit. J'ajouterais une chose
08:58 qui me semble importante. Les premiers jours, on l'a dit, les jeunes deviennent complètement fous,
09:03 veulent tout brûler, et on peut croire qu'une partie des autorités de l'État, de l'État,
09:08 se sont dit « bon, il est temps que les trafiquants fassent leur travail, il est temps que les dealers,
09:13 en fait, que l'ordre gangstaire fasse son travail pour ramener les choses à l'ordre ».
09:19 Autrement dit, il n'est pas interdit de penser que l'État lui-même a espéré que l'ordre gangstaire
09:24 fasse son travail de ramener les choses à l'ordre au nom de la possibilité de faire son trafic,
09:28 en se disant « au moins, eux, on a le pouvoir de le mater, nous, on ne l'a pas ».
09:32 J'en note une chose, petit commentaire nord-américain, mais pas seulement.
09:35 On a souvent vu en Amérique du Nord, vous savez, il y a la mafia qui est assez importante dans certaines villes,
09:39 mais en fait, ça se présente en Amérique du Nord, et souvent, on voyait des jeunes voyous
09:44 semer la pagaille, tirer un peu partout dans la ville d'une manière ou de l'autre,
09:48 donc qui jouaient finalement aux grands gangsters, en fusion, et puis partout,
09:51 à l'extérieur des règles établies par le crime organisé.
09:53 Et souvent, on a vu la police exprimer publiquement, ça filtrait publiquement,
09:57 la police envoyer un signal à la mafia en disant « tenez vos gens, ramenez l'ordre dans vos rangs,
10:03 nous, on est en lutte contre vous, mais vous, il y a des règles qui structurent cela,
10:07 et vous, vous devez contenir les pires voyous, parce que si vous n'êtes pas capables de le faire,
10:11 on passe à un autre registre d'affrontement ».
10:13 Donc, vous voyez, ce qui se révèle ici de manière assez étonnante,
10:17 c'est qu'une force politique, structurée, est parfaitement capable de rétablir l'ordre dans les banlieues,
10:22 mais ce n'est pas la République.
10:24 - Et ce que vous dites, Mathieu, est assez grave, justement, ce n'est pas la République.
10:27 En d'autres mots, comme ce n'est pas la République qui a ramené l'ordre,
10:30 c'est une force quand même qui, structurellement, l'a défini. La défi.
10:35 - Vous avez tout à fait raison. Absolument, mais j'irais même plus loin.
10:38 Je dis que la défi, mais ce n'est pas seulement une force qui, structurellement, la défie,
10:41 c'est une force étrangère, en fait. C'est une souveraineté étrangère qui a pris forme en France,
10:46 qui a pris forme dans les quartiers, et qui, aujourd'hui, se croit suffisamment forte.
10:51 Évidemment, on peut imaginer que si jamais le pouvoir disait « on appelle l'armée »,
10:55 on utilise tous les moyens de la violence légitime de l'État pour casser cet ordre gangstaire,
11:02 cet ordre des dealers dans les banlieues, là, le rapport de force ne serait pas le même.
11:08 On s'entend. Le jour où on décide d'utiliser tous les moyens nécessaires pour casser ça,
11:11 on peut croire que l'ordre dealer est un peu fragilisé.
11:14 Mais tant qu'on se bat à armes polices républicaines, encadrées par toutes les normes et les règles qu'il faut
11:20 pour justifier l'usage de la force légitime par l'État, et de l'autre côté,
11:24 cet ordre qui ne doute pas de sa légitimité, de tuer, de mitrailler, de multiplier les attaques
11:30 contre de simples citoyens ou contre les agents de la République,
11:33 on ne se bat pas à armes égales, et les armes les plus fortes sont du côté, justement,
11:37 de cet ordre du narcotrafic.
11:39 C'est une question, donc, c'est une forme de puissance étrangère, en fait.
11:42 Et on peut se poser quelques questions inquiétantes.
11:44 La première, qui me semble, on pourrait dire, celle qui s'est peut-être passée les premiers jours,
11:48 on a craint cela, que se passerait-il si les jeunes n'étaient plus contrôlables?
11:53 Parce que vous savez, dans toute société, dans tout ordre, il y a toujours un moment
11:56 où la jeunesse peut se révolter contre l'ordre qui se présente à nous.
11:59 Se représenter contre l'ordre du père, contre l'État, contre la France, contre la Grande-Bretagne,
12:04 peut-être dans la mesure où l'autorité politique dans les quartiers, c'est l'autorité du narcotrafic,
12:11 une partie de la jeunesse peut dire un jour, mais on en a marre, sans l'avoir théorisé,
12:15 puis on décide de se laisser aller à notre violence, puis ne fais pas ça, c'est mauvais pour le trafic,
12:18 je m'en fous, j'ai envie de buter un flic.
12:20 Et là, la question qui s'impose à ce moment-là, c'est que se passerait-il si cette jeunesse
12:24 se laissait aller à ses instincts les plus sauvages, et arriver à ce que tous ont redouté ces derniers jours,
12:29 qu'un flic se fasse descendre, un autre se fasse descendre, qu'un autre jeune...
12:32 Vous savez, quelques fois, les guerres peuvent être déclenchées de manière inattendue,
12:35 sans qu'aucun des grands protagonistes ne le souhaite.
12:37 Marc nous parlait tout récemment du déclenchement de la Première Guerre mondiale,
12:41 c'est un triste souvenir là-dedans, c'est une guerre qui est déclenchée
12:45 contre la volonté de ses principaux protagonistes, mais qu'il y a un effet d'engrenage,
12:49 et tous finissent par y passer d'une manière ou de l'autre.
12:52 Deuxième option, c'est assez intéressant, c'est le jour où cet ordre dealer,
12:56 cet ordre du narcotrafic, se développerait suffisamment pour constater qu'il doit désormais
13:01 déstabiliser la République, pour une raison ou pour une autre, déstabiliser l'État,
13:04 et là, désormais, les troupes nécessaires en cette jeunesse qu'il est capable de mobiliser,
13:08 et le jour où les caves d'armes, les cages d'armes, on dit bien, pigeées finalement,
13:12 elles sont disponibles, ça change complètement la donne dont nous parlons.
13:17 Donc je précise, je ne dis pas ça pour jouer à l'esprit catastrophique,
13:20 je prends au sérieux simplement l'idée que l'ordre du narcotrafic est un ordre politique,
13:25 mais un ordre politique non étatique. Notez, on a souvent présenté certains États aujourd'hui
13:29 qui deviennent des États finalement soumis à la règle du narcotrafic,
13:32 on s'est déjà demandé est-ce que la Belgique est un État aujourd'hui soumis aux narcotrafiquants,
13:36 est-ce que certaines parties du territoire français sont aujourd'hui composées
13:40 sur un État du narcotrafic, il y a une part de vérité là-dedans.
13:44 Je vais plus loin, selon ce qu'on parle ici, c'est un ordre politique non étatique
13:48 qui ne se substitue pas, enfin qui ne... je dirais qui se substitue à l'ordre étatique,
13:55 qui se substitue à l'ordre étatique et qui lui permet de survivre de manière résiduelle.
14:00 Une école, quelques dépenses publiques, de temps en temps on accepte les grands investissements
14:04 de l'État parce que l'État doit faire participer à la parade, donner l'impression qu'il reprend
14:08 en main le territoire, tout en sachant que c'est une reprise en main bien illusoire.
14:12 Et allons plus loin, allons plus loin, et là élargissons vraiment la réflexion,
14:16 les ordres politiques non étatiques, mais quelques fois qui ne sont pas nécessairement mafieux,
14:20 se multiplient aujourd'hui et les États sont dépossédés de la substance du pouvoir.
14:24 On peut en donner quelques exemples, que ce soit les multinationales,
14:27 que ce soit les empires numériques que sont les fameux GAFAM qui structurent les codes
14:31 de la démocratie mondiale aujourd'hui, on pourrait multiplier certaines ONG.
14:35 La souveraineté aujourd'hui n'appartient plus nécessairement à l'État,
14:38 plusieurs s'en arrachent un morceau et l'ordre du narcotrafic est assurément
14:42 un des pouvoirs qui est parmi les plus forts parce qu'il s'exerce de manière territoriale.
14:47 Donc il exerce sa souveraineté sur certains territoires, même si quelques fois
14:50 il y a des conflits entre eux. Je donne quelques exemples, la France je dirais
14:54 de moins en moins un État souverain dans cette logique. Et là je déploie la réflexion,
14:58 une souveraineté qui est empêchée par la tutelle européenne,
15:01 qui est transformée par les changements de peuple que l'on connaît de plus en plus,
15:05 qui est un islam qui quelquefois s'impose comme autorité régulatrice lorsqu'il y a
15:09 des bambes en lutte les unes contre les autres. On l'avait vu à Dijon
15:12 entre les Tchétchènes et les Marocains. L'ordre des trafiquants dont nous parlons.
15:16 Donc devant tout cela, les redémontages républicaines peuvent faire chaud au cœur,
15:19 mais sur le peu d'efficacité.
15:21 - Petite réaction intéressante que je vois sur les réseaux sociaux,
15:24 est-ce que ces forces des dealers auraient l'amabilité de bien vouloir participer
15:27 au financement de la remise en état des dégâts?
15:30 J'aime la parenthèse, c'était pour rigoler.
15:32 Permettez-moi d'insister sur cette question grave, Mathieu Bocotte,
15:35 dernière question. La République ne se sent-elle pas humiliée de la présente séquence?
15:40 - Je n'aime pas ce terme, mais vous avez peut-être raison de l'utiliser.
15:43 C'est un terme très violent. Je dirais tout simplement, la République est une nue.
15:47 La République est une nue, tout simplement. Il y a un dévoilement de la vérité
15:50 des rapports de pouvoir sur le territoire qu'on a devant soi.
15:52 Il y a une partie aujourd'hui du pouvoir de la République, des médias, du système,
15:56 c'est de faire croire que ce qu'on a vu n'a pas eu lieu.
15:59 C'est de croire que finalement, c'est un détail qui n'est pas structurant
16:03 dans l'ordre politique français aujourd'hui.
16:05 Donc, une bonne partie de la puissance du récit aujourd'hui consiste à nous raconter
16:09 que tout ce que je crois avoir décrit plus ou moins adéquatement, d'autres le diront,
16:13 tout ça est un détail, ça ne compte pas.
16:15 Donc, le pouvoir cherche à faire illusion, le pouvoir cherche à faire écran
16:18 dans la réalité des faits. La République est nue et un pouvoir autre se compose
16:22 sur son territoire.
16:24 - Merci beaucoup. Dans un instant, on parlera avec Marc Menon du rôle des parents,
16:28 du rôle des mères, on a vu à Poitiers des mères de famille qui sont intervenues
16:32 à Metz en Moselle, des mères aussi qui se sont rassemblées devant la médiathèque
16:37 à Sandilaveil. On parle dans un instant de l'absence des pères et du rôle des mères.
16:42 Guillaume Bigot, derrière ces émeutes urbaines, en quoi les grilles misérabilistes,
16:47 criminelles ou identitaires qui circulent sont-elles réelles ou fausses ?
16:51 Quel est le réel diagnostic de ce qui s'est passé ?
16:54 Et on pourrait même dire qu'ils couvent encore. Est-ce qu'on se trompe
16:58 de diagnostic sur ce qui s'est réellement passé lors de ces émeutes ?
17:02 - D'abord, vous avez raison, les trois grandes grilles d'explications qui circulent,
17:05 c'est la grille misérabiliste, la grille identitaire, la grille criminelle.
17:09 Je pense que la première, c'est-à-dire la grille misérabiliste au sens du film
17:12 "Les Misérables", au sens de LFI, au sens de LV, beaucoup de médias partagent ça,
17:17 des sociologues partagent ça, c'est-à-dire ils sont pauvres, ils sont immigrés, etc.
17:22 Ce sont des victimes, victimes de l'islamophobie, victimes du contrôle aux faciès, et j'en passe.
17:27 Cette grille-là, elle est carrément fausse.
17:30 D'abord, elle est fausse, elle ne correspond pas du tout à la réalité.
17:33 Les gens dans ces quartiers qui ont participé à ces émeutes
17:36 ne se pensent pas du tout comme des victimes.
17:38 Il leur arrive de mettre en avant ce discours victimaire parce qu'ils savent que ça fonctionne,
17:42 mais eux ne se perçoivent pas du tout comme des victimes.
17:44 - Donc ils mettent en avant le discours victimaire sans le prouver en fait.
17:46 - Bien sûr, parce qu'ils savent que ça marche, qu'ils savent que ça plaît à l'IB,
17:49 ça plaît aux sociologues, ça plaît à un certain nombre de bobos bien-pensants,
17:53 ça leur plaît, donc ils mettent ça en avant.
17:54 Mais eux se pensent comme des dominants, pas du tout comme des victimes.
17:57 Surtout, cette grille, elle manque l'essentiel.
18:00 Ce n'est pas la première émeute qu'il y a dans l'histoire de France.
18:03 La France est pleine d'émeutes.
18:05 C'est la première émeute anti-française de l'histoire, et ça, personne ne le souligne.
18:09 Deuxième point et deuxième grille de lecture.
18:11 Alors on tombe sur la grille de lecture identitaire,
18:13 c'est-à-dire que c'est vraiment la transposition d'une culture subsahélienne,
18:18 maghrébine, musulmane en France et que ça ne fonctionne pas.
18:21 Alors moi, je ne vais pas nier, mais je pense que cette grille de lecture,
18:24 elle n'est pas fausse, mais elle est incomplète.
18:26 C'est-à-dire qu'il n'est pas question de nier que c'est un lien avec une immigration massive,
18:30 porteuse de valeurs qui parfois sont incompatibles avec les nôtres,
18:33 mais on ne peut pas en aucun cas faire de ces racailles et de ces émeutiers
18:38 des petits soldats enrôlés par l'islamisme,
18:41 des petits soldats même enrôlés par la Turquie, l'Algérie.
18:45 Ça ne veut pas dire que les islamistes ou ces États ne cherchent pas à utiliser
18:49 cette révolte à leur profit, mais ça veut dire qu'en fait,
18:51 ils font semblant de la contrôler, mais ils ne la contrôlent absolument pas.
18:54 D'ailleurs, si les banlieues, c'était une mini-Algérie,
18:57 si les banlieues, c'était un mini-Mali, si les banlieues,
18:59 il y avait un contrôle islamique sur les banlieues,
19:01 on n'en entendrait pas parler, il y aura un contrôle social.
19:03 Or, ce n'est pas le cas.
19:05 En fait, personne ne contrôle ces jeunes, alors peut-être, sauf les dealers,
19:07 effectivement, Mathieu a raison, parce qu'ils ont la force d'une certaine façon.
19:10 Et on tombe sur la troisième grille, la grille criminelle.
19:13 C'est donc la criminalité, le trafic de stupéfiants, etc.
19:16 Et cette grille, je ne dis pas qu'elle se veut rassurante,
19:18 mais en tout cas, elle minimise.
19:20 D'ailleurs, le gouvernement insiste beaucoup pour nous expliquer
19:22 qu'il y avait 7000 émeutiers.
19:24 Ah oui, 7000 émeutiers.
19:25 Donc, ce sont en fait des gens qui sont liés au trafic de stupéfiants,
19:27 et donc, les trafiquants envoient ces émeutiers pour envoyer un message à l'État,
19:31 ce qui est vrai dans le cas du maire, par exemple, de la Héléro.
19:34 C'était tout à fait clair, puisque lui, c'est opposé aux dealers.
19:36 Mais réduire ce qui se passe à ça, ce n'est pas possible.
19:39 Déjà, 7000, il y a 1500 quartiers prioritaires, ce n'est pas possible mathématiquement.
19:44 Il y avait des villes de moins de 100 000 habitants
19:46 où il y avait plus d'une centaine d'émeutiers.
19:48 Donc, vous multipliez ça, on arrive peut-être sur une centaine de milliers d'émeutiers,
19:51 pas sur 7000.
19:52 On se rassure à bon compte.
19:54 Est-ce que les trafiquants, d'ailleurs, est-ce que les dealers,
19:56 contrôlent vraiment ces gamins ?
19:57 Moi, je n'en suis pas sûr du tout.
19:58 En tout cas, ça déborde, à mon avis, largement, ce phénomène.
20:01 Donc, ce qui se passe, en fait, pour bien comprendre ce qui se passe,
20:04 c'est le mélange détonnant entre à la fois, effectivement,
20:08 cette culture étrangère qui est importée chez nous
20:11 avec des valeurs incompatibles.
20:13 Il y a également le poids des trafics.
20:16 Les deux se mélangent.
20:18 Et pour bien comprendre ce qui se passe, il faut surtout comprendre
20:21 que ces deux réalités viennent s'entrechoquer avec ce que nous sommes devenus,
20:25 c'est-à-dire une espèce de post-modernité compassionnelle et lâche,
20:29 avec une France qui a renoncé à toute notion de fierté collective
20:33 et à toute espèce de patriotisme.
20:35 Et effectivement, ça engendre une forme de barbarie
20:38 qui n'est pas complètement réductible à la culture arabo-musulmane.
20:41 Ce n'est pas la même chose.
20:42 Et donc, c'est quelque chose qui n'est ni français, ni africain,
20:45 ni maghrébin, ni musulman.
20:47 C'est une espèce de mélange.
20:48 Ce n'est pas complètement un ordre, c'est plutôt un désordre.
20:50 Mathieu a raison.
20:51 Ce n'est pas complètement la France, ce n'est pas complètement le bled,
20:53 ce n'est pas complètement le ghetto américain.
20:55 C'est ce qu'on pourrait appeler une espèce de Frankistan
20:57 qui est très instable et très dangereux.
20:59 Alors, qu'est-ce que ces émeutiers ont dans la tête ?
21:02 Que cherchent-ils ?
21:03 Il faut bien comprendre qu'ils ne résument pas
21:06 tous les habitants de ces quartiers.
21:08 Mais ce que Mathieu a rappelé, c'est qu'ils sont, en tout cas,
21:10 les dominants sur place.
21:12 C'est ça le problème.
21:13 Et donc, ils donnent le ton.
21:14 Ils ne sont pas tous des islamistes,
21:16 ils ne sont pas tous des djihadistes, encore moins,
21:17 ils ne sont pas tous des trafiquants, etc.
21:19 Mais ce sont donc, je répète, des aliénés
21:22 qui ne se sentent pas français, voire qui détestent la France.
21:25 Et quand ils retournent au bled, on le sait,
21:27 ils ne sont pas non plus considérés comme des gens du coin,
21:29 mais plutôt comme des Français.
21:30 Et donc, ces aliénés sont à la fois des adolescents,
21:33 des jeunes adultes, et si on regarde les réseaux sociaux,
21:36 qu'est-ce qu'ils cherchent à faire ?
21:37 Ce qu'ils appellent un concours de dinguerie.
21:39 C'est-à-dire, quel quartier va être,
21:41 je mets trois toines de guillemets, le plus chaud ?
21:43 Et ils en profitent pour exprimer leur haine de la police,
21:46 pour exprimer leur haine de la France,
21:48 et évidemment, pour piller.
21:49 Et là, je pense qu'il faut souligner trois points
21:52 pour comprendre ce qui se passe.
21:53 Le premier point, c'est d'abord personne.
21:55 Les gens ont été très surpris qu'il y ait beaucoup de mineurs,
21:57 mais ça n'a rien de surprenant.
21:58 Et surtout, est-ce que dans la réalité,
22:00 hors de ces quartiers et hors de ces bandes,
22:02 il est possible d'imaginer des gens de 12 ans
22:05 qui "traînent" ou font partie d'une même bande
22:08 avec des gens de 18-20 ans ?
22:09 Est-ce que des gens de 18-20 ans sont dans des mêmes groupes
22:12 avec des gamins de 12 ans ?
22:13 Alors, on dira oui, mais c'est parce qu'ils veulent les envoyer
22:15 en première ligne, vu qu'ils ne sont pas responsables pénalement.
22:18 Mais même, ils appartiennent à une espèce de même bande,
22:20 si vous voulez, avec des mêmes leaders.
22:22 Et ça, ce n'est pas possible.
22:23 Et donc, ça, c'est la trace de leur immaturité affective totale.
22:27 Ça ne les rend pas moins dangereux,
22:28 ça les rend au contraire plus dangereux et plus incontrôlables.
22:31 Les analyses du pédopsychiatre Maurice Berger
22:33 sont extrêmement éclairantes.
22:34 Ils n'ont pas de réalité.
22:35 Ils n'ont pas de limite et ils peuvent verser
22:37 très facilement dans la barbarie tout ce qui n'est pas
22:39 dans leur bande ou dans leur clan.
22:41 Potentiellement, ils peuvent le massacrer
22:43 sans aucun problème.
22:44 Deuxième point clé, pour comprendre ces bandes,
22:48 leur culture, c'est le culte de la force.
22:51 Ils ne respectent que la force.
22:54 Ils n'admirent que la force.
22:56 Pourquoi l'islamisme marche chez eux ?
22:58 Parce qu'ils redécouvrent leur religion et leur identité ?
23:00 Pas vraiment.
23:01 En fait, l'islamisme fonctionne parce que l'islamisme,
23:03 et l'islam en particulier, a des héros et respecte la force.
23:07 Pourquoi d'une certaine façon, les caïds, ça fonctionne aussi ?
23:10 Parce que les caïds, c'est pareil.
23:11 Ils ont une espèce de culte de la brutalité qui les fascine.
23:14 Ce n'est pas seulement pour l'argent facile.
23:16 Et ils leur donnent l'appartenance à un groupe
23:19 qui les valorise, un groupe où il y a de l'héroïsme
23:21 et où il y a de la force.
23:22 Le troisième point clé, je le dis, je le redis,
23:25 il faut l'entendre, c'est que la société française
23:27 ne remplit plus ce besoin.
23:29 Ce besoin d'être la plus forte sur son territoire,
23:32 c'est un truc de mammifère très simple.
23:34 Qui est le dominant sur un territoire ?
23:35 C'est très clair.
23:36 Ça s'entend, ça se sent.
23:38 Deuxièmement, la classe dirigeante française n'est plus patriote.
23:41 Et donc, elle ne procure plus un sentiment d'identité collectif
23:44 qui est lié à l'héroïsme, qui est lié d'ailleurs
23:46 à la valeur militaire de la France.
23:48 Comment se fait-il qu'en Corse, il n'y ait pas d'émeutes ?
23:50 Expliquez-moi.
23:51 Comment se fait-il qu'en Italie, et je pense que ce n'est pas du tout
23:53 l'État qui empêche les émeutes en Italie,
23:55 c'est la mafia qui est à la fois catholique et patriote,
23:58 ou en tout cas régionaliste, qui empêche les émeutes.
24:00 Ils savent que s'ils prennent les armes,
24:02 évidemment, ils vont rencontrer la force immédiatement.
24:04 On va marquer une pause parce que je vous sens vraiment
24:06 dans l'énergie incroyable, inarrêtable.
24:08 C'est vrai.
24:09 Non, mais ce que vous dites, la France patriote,
24:12 est-ce que si la France était vraiment patriote,
24:15 on se serait passé de ce genre d'émeutes ?
24:17 On reviendra sur cette question.
24:18 Et sur la question, la réponse de notre société sera-t-elle à la hauteur ?
24:21 On en parlera avec vous. On en parlera aussi avec vous, Charlotte.
24:24 Et avec vous, Marc, si vous êtes sage.
24:25 À tout de suite, on remarque une pause.
24:27 Retour sur le plateau de Face à l'Info.
24:31 Dans un instant, on fera un tour de table sur un soutien
24:34 aux familles des jeunes interpellés.
24:37 Un concert se tient ce soir à 20h.
24:39 On va essayer de comprendre de quoi il s'agit.
24:41 Il y a une cagnotte qui a été lancée également
24:43 pour les familles des jeunes interpellés.
24:46 Vous me direz, Charlotte, dans un instant,
24:47 est-ce que vous êtes choquée ou pas ?
24:49 On va parler justement des interpellations
24:51 et de la suite de la justice.
24:53 Je retourne vers vous.
24:54 Et la cagnotte, elle est à 78 000 euros ce soir,
24:56 pour information, pour ces jeunes interpellés.
24:59 Retour donc sur la psychologie des émeutiers.
25:01 On en a parlé avec vous, Guillaume Bigot.
25:03 Et maintenant, la réponse de notre société sera-t-elle,
25:07 selon vous, à la hauteur de ce qui s'est passé ?
25:10 Poser la question, c'est presque déjà répondre.
25:13 En fait, on rêverait d'une réponse qui soit une réponse punitive,
25:18 qui soit à la fois une réponse automatique
25:20 et qui soit à la fois une réponse immédiate.
25:23 Ce qui s'est passé est vraiment grave.
25:25 Il faudrait qu'il y ait réponse, en fait.
25:28 Réponse à tous les niveaux, mais vraiment multiples.
25:30 C'est-à-dire que les gens qui sont violents dans les classes,
25:33 les professeurs, ne sont pas des spécialistes d'aïkido.
25:37 On devrait sortir les plus violents des classes
25:39 et les mettre dans des centres fermés.
25:41 On devrait couper les allocations des familles,
25:43 de gens violents, et pas seulement menacer de le faire.
25:46 Il faudrait le faire, et le faire tout de suite.
25:48 Je pense qu'il faudrait même aller plus loin.
25:50 Des gens qui ont été très violents, très agressifs,
25:52 qui ont brûlé, incendié, pillé,
25:54 il faudrait, s'ils ont la double nationalité,
25:56 pouvoir les déchoirer de leur nationalité
25:58 et les renvoyer d'où ils viennent,
26:00 ou d'où viennent leurs parents, en tout cas, pour l'exemple.
26:02 Il faudrait pouvoir emprisonner les plus violents.
26:04 Il faudrait arrêter le flux migratoire,
26:06 cet espèce de tonneau d'édamé,
26:08 qui fait que quand les quartiers se vident
26:10 parce que des gens en sortent,
26:12 ils sont remplacés immédiatement.
26:13 Mais en fait, là, on rêve, en réalité.
26:15 La réponse, elle ne sera pas du tout celle-là.
26:17 D'abord, la réponse pénale, elle sera très insuffisante,
26:20 et même à côté de la plaque.
26:22 D'abord, les mineurs, pour la plupart,
26:24 ne seront pas inquiétés.
26:25 Leurs parents, c'est peu de chance
26:27 qu'ils soient vraiment inquiétés et poursuivis.
26:29 C'était des menaces un peu en l'air.
26:31 L'essentiel des gens qui ont pris des peines fermes
26:33 sont un peu des lampistes.
26:35 En fait, les gens vraiment dangereux,
26:36 ils étaient cagoulés, ils étaient masqués,
26:38 ils ne seront pas inquiétés.
26:39 Donc, les meneurs vont retourner dans leur cité.
26:42 D'une certaine façon, ils ont défié l'État,
26:44 il n'y a rien passé pour eux.
26:45 Thibault de Montbrié a raison de dire
26:47 que la réponse économique, elle est inévitable,
26:50 la reconstruction, elle est inévitable,
26:51 elle est nécessaire même.
26:52 Mais quel message va-t-elle envoyer,
26:54 cette reconstruction ?
26:55 Un message terrible.
26:56 C'est-à-dire, il dit, il ne faudrait pas reconstruire
26:58 pour mieux brûler derrière.
26:59 Mais si rien ne se passe, c'est bien ce qui va se passer.
27:02 Force est restée aux émeutiers, d'une certaine façon.
27:04 En fait, on comprend quoi ?
27:05 Que cette riposte, cette réaction,
27:07 cette répression qui n'arrive pas,
27:09 en plus, elle n'est, à mon avis, pas suffisante.
27:13 Pour comprendre comment et ce qu'il faudrait faire
27:16 pour que ça fonctionne,
27:17 il faut bien se dire que les islamistes, par exemple,
27:20 ou les dealers, par exemple, pourquoi ça fonctionne ?
27:23 Un, parce qu'ils n'ont pas peur de ces jeunes
27:25 et ils les dominent physiquement.
27:27 Deux, parce qu'ils encadrent, non pas des individus,
27:31 mais des groupes.
27:32 C'est extrêmement important sur des territoires
27:34 et qu'ils dominent ces territoires et ces groupes.
27:36 Et troisième point, bien évidemment,
27:39 ils ont un modèle, d'une certaine façon, de courage.
27:42 Même si c'est un courage dévoyé
27:44 au service de causes inacceptables.
27:46 En tout cas, ils sont courageux.
27:48 Et en réalité, il faut bien comprendre
27:50 que nous ne sommes pas armés.
27:51 Pourquoi ? Parce que l'école,
27:52 elle n'est, d'abord, les professeurs ont peur d'eux.
27:55 Et les policiers, ils ne sont pas là pour les éduquer.
27:57 Les policiers sont là pour les réprimer.
27:59 Donc, on n'a pas d'outil pour l'instant.
28:01 Et la conclusion, c'est la formule de Nietzsche.
28:03 La faiblesse inspire la haine.
28:06 On en est là.
28:10 La faiblesse inspire la haine.
28:12 Merci beaucoup, Guillaume Bigot.
28:14 Marc Menand, je me tourne vers vous.
28:16 Dans un instant, on parlera justement de la justice.
28:18 Place à la justice avec Charlotte.
28:20 Mais la philosophe Chantal Delsol dans Le Figaro,
28:22 aujourd'hui, expliquait que ces émeutes
28:25 nous rappellent l'importance des pères
28:28 et de la famille dans l'éducation.
28:30 Doit-on admettre que sans un père,
28:33 un enfant serait perdu,
28:35 alors que plus d'un tiers de ceux
28:37 qui se sont rendus responsables des actes de violence
28:40 ces derniers jours sont issus de familles monoparentales ?
28:43 La famille, bien évidemment, est essentielle.
28:46 Mais l'image du père qui est là, respecté,
28:51 qui trône sur ses rejetons
28:54 et qui impose une discipline qui n'est jamais bafouée,
28:58 quand on regarde l'histoire, ce n'est pas arrivé très souvent.
29:01 Et puis, surtout, il y a des personnages qu'il faut citer.
29:05 Louis IX, il n'avait pas de père,
29:07 c'est sa mère Blanche de Castille qui l'élève.
29:09 Saint-Augustin, c'est sa...
29:11 Non, mais c'est pour montrer le rôle des mères.
29:15 Saint-Augustin, c'est pareil.
29:17 François Ier...
29:18 - On n'a pas vu, mais quand vous avez cité Blanche de Castille...
29:20 - Oui, oui, oui.
29:21 - C'est la mère et le père en même temps.
29:23 - C'est la mère et le père en même temps.
29:24 Ça veut tout dire.
29:25 - François Ier, pareil.
29:27 Louis XIV, pareil.
29:28 Lamartine, pareil.
29:29 Victor Hugon, pareil.
29:30 C'était le divorce des parents, etc.
29:33 Flaubert, Churchill, Martin Luther King,
29:37 ça en fait quand même des personnages d'envergure
29:39 qui n'ont pas eu de père.
29:41 Ça permet quoi ?
29:43 Eh bien, de ne pas laisser en détresse ces mères
29:45 qui, aujourd'hui, sont complètement dépassées.
29:47 Mais pourquoi ces femmes-là ont pu imposer à leur enfant
29:52 un principe éducatif et de respect,
29:54 d'abord de soi et de l'autre ?
29:56 C'est parce qu'elles avaient un minimum d'instruction
29:59 et qu'elles avaient le temps nécessaire
30:02 pour se consacrer à leur éducation.
30:04 - Elles ont pris le temps.
30:06 - Oui, mais elles en avaient le temps.
30:08 Malheureusement, aujourd'hui, parmi ces femmes monoparentales,
30:11 combien travaillent la nuit, ont des horaires démesurés
30:14 et en dehors de ces horaires, les temps de transport.
30:17 Elles n'ont pas l'éducation nécessaire pour aider les gamins.
30:21 Donc, elles sont perdues.
30:23 C'est là où, à mon sens, il y a deux voies.
30:26 La première, déjà, c'est comment agir dans l'immédiateté.
30:29 Moi, je ne crois pas à la prison.
30:31 Je crois à des centres fermés.
30:33 Je crois à ce qui existait avant.
30:36 Non, ce n'est pas pareil.
30:37 Un centre de redressement, c'est un lieu où vous apprendre
30:40 ce qu'est la République, ce qu'est le fait d'être citoyen.
30:44 Et on va vous donner aussi le désir d'apprendre.
30:48 On va vous donner le désir et le goût de l'effort.
30:52 C'est fondamental.
30:54 Si vous placez des mômes qui sont déjà dans le désœuvrement
30:57 en prison pour la prison, quand ils en sortiront,
31:00 on n'aura pas évolué.
31:02 Par ailleurs, si on punit les parents en disant
31:04 « on vous retire les subventions qui permettent d'inscrire
31:08 le petit à la bibliothèque, au sport, etc. »,
31:12 vous ne réservez rien.
31:13 Ce sera encore une plus grande détresse.
31:16 Donc, il y a l'action immédiate,
31:18 qui est celle de ces centres de redressement.
31:21 Il y a nombre de casernes aujourd'hui qui sont en jachère.
31:24 Il faut les récupérer.
31:26 Dans un premier temps, ce sera avec des tentes de camping
31:29 qu'on les logera.
31:30 Il faut trouver des éducateurs, parfois d'anciens militaires,
31:34 d'anciens policiers, d'anciens professeurs,
31:37 et qu'il y ait une dynamique pour faire en sorte
31:40 que l'on puisse dire que la République,
31:42 elle croit en elle, la République a des valeurs,
31:45 et ces valeurs, tout le monde peut les incuber.
31:49 On n'est pas définitivement perdus,
31:51 on ne naît pas petite pourriture.
31:53 Il faut dire à tout un chacun, si vous vous en donnez les moyens,
31:57 et il faut donner ce sens aux uns et aux autres,
32:00 vous pourrez vous aussi réussir.
32:03 Or, aujourd'hui, ce n'est pas cela que l'on fait.
32:05 Aujourd'hui, on a tout un discours qu'il aurait matraqué
32:10 au quotidien, qui est de dire « Attention,
32:13 vous n'avez pas droit à ceci. »
32:16 Pourquoi ? Parce que vous êtes noir,
32:18 parce que vous êtes arabe.
32:19 Vos ancêtres ont été martyrisés,
32:22 vos ancêtres étaient des esclaves,
32:24 et vous, on vous réserve la même chose.
32:26 Donc, à l'école, vous vous en moquez,
32:29 ce qui compte, ce sont nos façons de vivre.
32:32 Ne vivez pas comme la République française.
32:34 Alors, c'est là où, oui, vous avez les frères musulmans
32:37 et différents courants comme ça, qui viennent et qui disent
32:40 « Notre façon d'exister sera la vôtre,
32:43 et il n'est pas question que vous ayez les tentations citoyennes,
32:47 les tentations républicaines. »
32:50 Après, il faut permettre à ces femmes
32:53 de savoir ce qu'est déjà la pédagogie.
32:56 Parce que la politique de la taloche,
32:58 « J'étais enseignant, vous pouvez être là
33:00 à jouer les durs de dur »,
33:02 ça ne résout pas véritablement le problème.
33:04 Comment on conquiert un enfant ?
33:06 En lui donnant la confiance,
33:08 en lui donnant la sensation qu'il est important,
33:11 donc en lui accordant de l'affection,
33:14 et pour une mère, de l'amour.
33:16 Mais il faut avoir aussi les outils nécessaires,
33:19 c'est-à-dire avoir un minimum d'instructions
33:22 si vous ne parlez pas la langue.
33:24 Et aujourd'hui, la langue, elle est en péril,
33:26 puisqu'on favorise ces langues qui n'en sont pas,
33:29 ces idiomes qui décrépitent notre façon de nous exprimer
33:33 et qui interdisent tout développement philosophique,
33:36 je dirais toute base de raisonnement,
33:39 à savoir la langue inclusive.
33:41 C'est ça qui se répand partout.
33:43 C'est quand il faut redonner un sens à ce qui fait
33:47 le minimum de la culture, et la base, c'est la langue.
33:50 Il faut que les mamans aient des cours de français,
33:53 il faut que les mamans aient des cours de pédagogie.
33:56 Et puis, il y avait une époque, quoi,
33:58 quand à la fin de l'école, à 17h, c'était terminé,
34:03 pour les plus démunis, il y avait l'étude.
34:06 Et l'étude, vous étiez encadrés,
34:08 vous ne vous laissiez pas dans la rue comme ça.
34:10 Au moment des vacances, là, on rentre en vacances,
34:12 il va se passer quoi sur tous ces mômes
34:14 qui ont échappé à la police ?
34:16 Ils peuvent recommencer.
34:18 On va les laisser où ?
34:19 Tapie avait eu la très bonne idée, il y a une quinzaine d'années,
34:21 faisons des centres, non pas de retraitement,
34:24 mais des centres de capacité à l'effort.
34:27 Il faut tout de suite les prendre et les emmener,
34:29 ils ne sont plus laissés en sauvageon.
34:32 Il faut également redresser les petits conservatoires municipaux
34:37 qui disent-ils quoi ?
34:38 Le goût de la musique, le goût de la culture,
34:41 c'est par la culture, c'est par l'art que l'on trouve une âme,
34:45 sinon on n'a rien.
34:47 Donc il est important de jouer sur le bénévolat,
34:51 de motiver ce bénévolat.
34:52 Combien de retraités aujourd'hui s'ennuient ?
34:55 Eh bien, il faut faire appel à eux,
34:56 afin qu'il y ait une dynamique
34:58 et sortir de l'illusion du père idéal,
35:02 de la sanction punitive qui résout tout.
35:05 Non, il faut que nous soyons tous mobilisés.
35:08 Il n'y a pas de crapules pour crapules,
35:10 il y a l'éducation, il y a l'instruction,
35:13 et c'est ça qui doit fleurir.
35:15 C'est vrai que les familles monoparentales
35:17 ressortent un peu de ces émeutes.
35:19 On se rappelle en 2011, l'été 2011,
35:21 le Premier ministre à Londres, David Cameron,
35:23 avait ciblé les familles monoparentales.
35:26 Et c'est intéressant parce qu'en France,
35:27 on a une famille sur quatre qui est issue d'une famille monoparentale,
35:30 85% sont dirigées par des femmes,
35:33 ce sont les premières victimes de la pauvreté,
35:35 les premières victimes du surendettement,
35:37 mais la plupart des délinquants, il faut le dire,
35:39 sont issus des familles monoparentales,
35:41 mais ce n'est pas parce qu'on est issu d'une famille monoparentale
35:44 qu'on devient délinquant.
35:45 Non, et c'est pour ça, mais vous savez,
35:47 il y a une belle image, elle est utopique,
35:49 c'est le cercle des poètes disparus
35:51 où passaient de gamins qui refusent l'autorité
35:53 au fleurissement de l'esprit.
35:55 Très beau film.
35:58 Charlotte, le temps de la justice est venu,
36:01 et elle est déjà critiquée médiatiquement
36:03 pour son caractère exceptionnel dans les circonstances.
36:06 Je vais vous citer quelques chiffres.
36:08 3 486 personnes interpellées, 12 200 en poubelle,
36:12 5 892 véhicules brûlés.
36:15 Il y a déjà eu 374 comparutions immédiates.
36:19 Certains parlent des comparutions immédiates
36:21 utilisées pour de très jeunes émeutiers,
36:24 parfois même sans casier.
36:26 Qu'est-ce qu'il faut comprendre de ce moment de justice qui est arrivé ?
36:29 Déjà, vous savez, à chaque fois qu'on commente la justice,
36:32 avec les chiffres qui ressortent des études auprès des Français,
36:35 les deux critiques qui viennent le plus souvent,
36:37 c'est la justice est laxiste et la justice est extrêmement lente.
36:40 Alors là, en l'occurrence, on a une justice qui est rapide
36:43 pour certains de ces dossiers, et qui, par ailleurs, est ferme,
36:47 qui est encore en deçà du code pénal
36:49 que nous avons tous en commun, je le précise quand même.
36:51 Donc vous avez raison de préciser que ce récit est médiatique,
36:54 parce que je pense que dans le pays, il y a une vision
36:56 sur ce qui est en train de se passer dans les tribunaux
36:58 qui est un peu différente des indignations médiatiques
37:02 sur la rapidité de la justice.
37:04 Alors, la première chose qui a choqué, c'est que le ministre
37:07 a fait une circulaire d'une fermeté incroyable.
37:09 Alors, ça s'appelle une politique pénale.
37:11 Le ministre de la Justice fait régulièrement des circulaires
37:14 pour demander aux parquets d'insister sur telle ou telle chose.
37:18 Ça ne fait jamais de bruit qu'on ne s'est sur telle ou telle priorité.
37:21 Là, en l'occurrence, étant donné ce qu'on vient de vivre
37:23 pendant trois jours, parce qu'on a l'impression
37:25 qu'on commente les comparutions immédiates
37:27 en ayant oublié littéralement ce qui vient de se passer
37:30 en France ces derniers jours.
37:31 Donc, c'est dans une circonstance assez particulière.
37:34 On nous dit, oui, il y a des petits jeunes, ils ont volé une canette.
37:37 Attendez, ils ont volé une canette, ils étaient dehors
37:39 avec des bandes d'émetiers qui ont éclaté des vitrines
37:42 et ils sont rentrés dedans.
37:44 Alors, il y en a peut-être compris une canette,
37:45 mais enfin, ils ont participé quand même à un peu plus
37:47 qu'un vol de canette un mercredi après-midi
37:49 en sortant de l'école dans la supérette d'à côté.
37:51 Ce n'est pas exactement ça l'ambiance.
37:53 Donc, c'est dans une situation grave et inquiétante.
37:56 Et en effet, les dossiers sont traités rapidement et fermement
38:00 en comparution immédiate, parce que c'est ça,
38:02 le mot qu'on entend dans la bouche de beaucoup,
38:05 ce sont les comparutions immédiates qui font hurler.
38:07 Elles sont trop rapides, trop expéditives,
38:09 trop tout à peu près, trop fermes, trop tout.
38:12 Alors, un, j'entends beaucoup dire qu'il y a des émetiers
38:15 parfois très jeunes.
38:17 Alors, les comparutions immédiates, c'est une procédure
38:19 qui est interdite pour les mineurs.
38:21 Je ne sais pas ce que ça veut dire très jeune,
38:22 mais en tout cas, c'est plus de 18 ans déjà.
38:24 Donc, on peut imaginer dans un pays qui se respecte un peu
38:26 et qui fait passer la justice, que au-delà de 18 ans,
38:28 on est responsable au minimum de ses actes
38:31 et que personne au-delà de 18 ans ne peut ignorer
38:33 la gravité d'un incendie, d'un pillage ou d'une agression.
38:36 Surtout que là, en l'occurrence, l'ambiance n'était pas
38:39 exactement à l'encouragement de ces émeutes.
38:42 Ensuite, la comparution immédiate, elle existe toute l'année.
38:45 C'est une procédure qui existe tous les jours de la semaine.
38:48 Dans tous les tribunaux, il y a des comparations immédiates.
38:50 Donc, il n'y a aucune procédure spéciale dans les circonstances.
38:53 C'est une procédure classique qui est utilisée
38:55 pour deux cas particuliers.
38:57 Un, pour les faits graves.
38:59 L'idée étant précisément de juger rapidement
39:01 et parfois de prononcer des mandats de dépôt
39:03 pour qu'il y ait incarcération immédiate.
39:05 Et parfois pour les profils multiréitérans ou multirécidivistes.
39:09 Là, en l'occurrence, la justice se dit qu'il faut agir
39:11 extrêmement rapidement.
39:12 Ça fait plusieurs fois. Là, il faut dire stop
39:14 très rapidement et fermement.
39:16 Et par ailleurs, on nous dit que les casiers
39:19 sont parfois vierges.
39:20 Alors, c'est vrai pour certains, il n'y a pas de casiers
39:22 et pas d'antécédents judiciaires.
39:24 Mais je rappelle qu'en comparution immédiate,
39:25 vous avez des majeurs et les jeunes majeurs,
39:27 ils peuvent avoir des antécédents judiciaires.
39:29 Ils ne sont plus inscrits sur le casier.
39:31 Donc, ils ont des casiers vierges, mais parfois
39:33 des antécédents judiciaires quand même.
39:35 Par ailleurs, je rappelle également que vous pouvez
39:37 être connu des services de police et de justice
39:39 sans avoir de casier, sans avoir aucune condamnation non plus.
39:43 Et même très connu.
39:44 Et même très connu parfois de ces services-là.
39:47 Donc, s'il n'y a pas de casier judiciaire,
39:50 en l'occurrence, c'est en raison de la gravité des faits
39:52 qu'il y a comparution immédiate.
39:54 Et là, en l'occurrence, je précise quand même
39:56 que dans les circonstances, les faits sont,
39:58 pour certains d'entre eux, criminels.
40:00 Donc, on comprend évidemment que dans les circonstances,
40:02 on ne va pas saisir, on ne va pas ouvrir une information,
40:04 saisir un juge d'instruction, c'est absolument impossible
40:06 devant le nombre de dossiers qu'il y a.
40:08 Donc, les faits criminels sont requalifiés en délictuels,
40:11 passés en comparution immédiate,
40:13 mais ils n'en sont pas moins graves.
40:15 Donc, ils sont examinés en raison de leur gravité
40:18 en comparution immédiate et non en raison
40:20 d'une justice exceptionnelle en ce moment.
40:23 - Certains affirment pourtant que les procédures sont bâclées,
40:26 qu'elles sont trop rapides,
40:28 que certains paient pour pas grand-chose.
40:30 Comment le comprendre ?
40:32 - Alors déjà, c'est un discours qu'on entend extrêmement souvent,
40:34 notamment de la part des avocats, qui défendent leurs clients,
40:36 sur la comparution immédiate de manière générale.
40:39 D'abord, un, c'est une procédure, on va dire,
40:42 qui est assez frustrante pour les avocats,
40:44 parce qu'il n'y a pas grand-chose à plaider
40:46 en comparution immédiate, puisqu'il y a souvent
40:48 de la flagrance et donc une gravité qui est absolument évidente.
40:51 Donc il n'y a pas grand-chose.
40:53 Et par ailleurs, l'avocat n'a accès à la procédure
40:56 que au moment où le client est déféré.
40:58 Donc parfois, vous avez deux heures entre le moment
41:00 où le client est déféré et le moment de la comparution immédiate.
41:02 Donc il y a peu de temps aussi pour préparer la défense.
41:04 Donc c'est une procédure que les avocats n'aiment pas trop.
41:06 Et vous savez que dans les médias, on a beaucoup plus
41:09 le regard des avocats que celui des magistrats
41:11 qui ne parlent pas, évidemment.
41:13 Donc ensuite, la comparution immédiate,
41:16 c'est une procédure rapide, ça c'est sûr,
41:18 mais ce qui ne veut pas dire bâclée.
41:20 Il y a deux choses différentes.
41:22 Un, si les procédures ne tiennent pas,
41:24 il n'y a pas de renvoi en comparution immédiate.
41:26 Ça n'est pas possible.
41:28 Et par ailleurs, certains sont relaxés en comparution immédiate,
41:30 même avec des dossiers qui ont tenu.
41:32 Ensuite, comme d'habitude,
41:34 toutes les personnes qui passent en comparution immédiate
41:36 peuvent faire appel, donc il n'y a rien d'exceptionnel.
41:38 Troisièmement, toute peine de moins d'un an de prison ferme
41:41 est désormais aménageable par le biais de la loi.
41:44 Donc même avec un mandat de dépôt,
41:46 il y a un juge d'application des peines qui va intervenir.
41:48 Donc que tout le monde respire,
41:50 ça va bien se passer pour l'immense majorité des personnes
41:52 en raison de la loi.
41:54 Et par ailleurs, vous avez rappelé les chiffres
41:56 de l'ampleur du drame que nous avons vécu.
41:58 Encore une fois, certains ont l'air de l'oublier rapidement.
42:01 Au regard de ça, nous avons entre...
42:03 Ça dépend des chiffres.
42:05 Gérald Darmanin nous a dit hier 3 200 interpellés.
42:07 Les chiffres qui sortent aujourd'hui, c'est 3 600.
42:09 Entre 3 200 et 3 600,
42:11 d'ailleurs les 7 000 émeutiers,
42:13 ça m'étonnerait qu'on en ait arrêté un sur deux,
42:15 donc il va peut-être falloir revoir les chiffres quand même.
42:17 Mais sur 3 000, allez, 500, on va prendre la moyenne,
42:19 interpellés,
42:21 nous avons, c'est pareil les chiffres, parce que vous savez,
42:23 ça remonte par département, donc c'est un peu compliqué,
42:25 entre 390 et 480 comparutions immédiates.
42:28 Donc il y a un ratio qui est assez faible.
42:30 Donc la justice n'est pas automatique.
42:32 Tout le monde ne passe pas en comparution immédiate,
42:34 tout le monde n'a pas exactement la même peine,
42:38 tout le monde ne part pas non plus en prison,
42:40 et les dossiers sont examinés au cas par cas.
42:42 Et notons par ailleurs que dans le détail,
42:44 ici et là dans les tribunaux,
42:46 il n'y a pas d'accès en comparution immédiate,
42:48 il y a des parquets, certains parquets ont fait appel
42:50 à toutes les condamnations prononcées en comparution immédiate,
42:52 tant ils les jugeaient faibles.
42:54 Alors c'est moins apparent dans le discours médiatique,
42:56 mais ça existe aussi,
42:58 et dans certains tribunaux, des travaux d'intérêt général
43:00 ont également été prononcés en comparution immédiate.
43:02 Donc non, il n'y a pas de justice automatique.
43:04 Il y a une justice sur certains dossiers qui est ferme,
43:07 enfin j'ai envie de dire,
43:09 mais simplement en respect total du code pénal
43:13 que nous avons tous en commun encore une fois.
43:16 Alors les hommes politiques sont aussi intervenus dans ce débat
43:18 en reposant la question de la justice des mineurs.
43:21 Certains veulent poursuivre les parents,
43:23 d'autres remettre en cause l'excuse de minorité.
43:26 Qu'en est-il pour eux justement ?
43:28 Alors justement sur les mineurs,
43:30 qui sont très nombreux,
43:32 c'est 30% des personnes interpellées, nous a dit Gérald Darmanin,
43:34 et sur ces 30% d'interpellés,
43:36 alors les données elles ont deux jours,
43:38 parce que c'est pareil, il faut que ça remonte au ministère,
43:40 donc c'est un peu long,
43:42 mais ça nous donne un ordre d'idée,
43:44 sur les 30% d'interpellés, on a 109 qui a été présenté
43:46 pour la fameuse audience de culpabilité,
43:48 vous savez pour les mineurs, il y a une première audience,
43:50 on reconnaît si vous êtes coupable ou non,
43:52 et plusieurs mois plus tard,
43:54 vous avez une audience pour prononcer éventuellement une peine,
43:56 en fonction de la manière dont vous êtes comporté entre les deux.
43:58 109 ont été présentés en audience de culpabilité,
44:01 donc pour l'instant il n'y a pas de peine,
44:02 on ne peut pas dire que c'est sévère, c'est impossible,
44:04 s'ils sont coupables ou non, mais pour l'instant il n'y a pas de peine.
44:06 21 sont passés seulement devant les tribunaux,
44:09 parce qu'une audience unique a été ordonnée,
44:12 donc culpabilité et peine, en raison de la gravité des faits
44:15 pour lesquels ils étaient poursuivis.
44:17 Et 83 autres étaient convoqués dans les 3 mois par un juge,
44:20 parce que devant l'ampleur du travail pour la justice,
44:24 il fallait aller vite.
44:26 Et sur la question de l'excuse de minorité,
44:28 c'est vrai que c'est ressorti immédiatement,
44:30 moi je pense que, je n'ai pas de problème avec la question
44:32 qui est posée à l'excuse de minorité,
44:34 mais je pense que c'est assez anecdotique,
44:36 étant donné le problème qu'on a déjà,
44:38 même avec les peines encourues par un mineur aujourd'hui.
44:41 Un, les peines, même réduites, doivent être prononcées,
44:45 on peut peut-être commencer par là.
44:46 Parce qu'en effet, un gamin qui a 13 ans,
44:49 il a beau avoir fait quelque chose de grave,
44:51 si un adulte en court 20 ans de prison,
44:53 et que lui en obtient 10,
44:55 10 ans à 13 ans, c'est énorme.
44:57 Donc évidemment ce n'est pas la même justice,
44:59 moi ça ne me choque pas par principe,
45:01 mais on pourrait peut-être commencer par avoir des peines réellement appliquées.
45:03 La deuxième chose, c'est la distance entre la culpabilité et la peine,
45:06 je pense que ce n'est pas du tout une bonne idée,
45:09 surtout pour les plus jeunes qui doivent avoir un stop immédiat,
45:12 et ça peut en sauver certains, c'est sûr.
45:14 Et le rôle des parents, alors c'est pareil,
45:16 on se dit le rôle des parents, qu'est-ce qu'on fait avec les parents ?
45:18 Alors il y a un article du Code pénal qui existe déjà, je vous le lis,
45:23 "Le fait par le père ou la mère de se soustraire sans motif légitime
45:27 à ses obligations légales au point de compromettre
45:30 la santé, la sécurité, la moralité ou l'éducation de son enfant mineur
45:35 est puni de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende."
45:38 C'est déjà quelque chose qui existe.
45:40 Le parquet de Créteil, par exemple, sur les comparutions immédiates
45:44 sur les mineurs qui ont été jugés ces derniers,
45:48 qui sont passés devant le tribunal, certains ont des mesures éducatives.
45:51 Le parquet de Créteil a envoyé cet article-là à tous les parents
45:54 des mineurs qu'ils ont eu en phase 2, en disant
45:56 "Si jamais ces mesures ne sont pas respectées, on vous poursuivra
46:01 pour vérifier si la responsabilité pénale peut être engagée."
46:04 Donc oui, les parents sont engagés, et par ailleurs,
46:06 la question qui se pose sur les allocations, les logements sociaux,
46:09 je rappelle que l'État aide les parents, notamment parce qu'il "délègue"
46:14 pour l'avenir du pays, l'éducation des futurs citoyens.
46:18 Donc c'est bien une question, en tout cas, qu'il est légitime de poser,
46:21 et par ailleurs, si vous passez devant un juge,
46:23 ce sera étudié au cas par cas, donc les parents qui vraiment
46:26 sont totalement dépassés par leurs enfants ne seront pas concernés
46:30 par ces dispositions. Donc c'est une question qui,
46:32 au minimum, est légitime de poser, parce que non seulement
46:34 les enfants cassent et on répare avec les impôts de tous les Français,
46:37 et en plus, avec les mêmes impôts, on va donner des allocations
46:40 à des parents qui, parfois, encouragent aussi leurs enfants,
46:42 parce que ça existe aussi.
46:44 Je dis souvent qu'on est dans une société d'inversion de valeur,
46:49 aujourd'hui le feu d'artifice c'était la fête,
46:51 mais maintenant c'est une arme, et on va voir comment
46:55 il y a un concert qui se passe ce soir à Paris,
46:58 dans le 20e arrondissement, on va faire un tour de table
47:00 sur ce sujet, soutien aux familles des jeunes interpellés.
47:05 Donc ici, l'affiche, et parallèlement, il y a une cagnotte
47:09 pour les jeunes interpellés qui a été lancée,
47:13 et qui est, ce soir, à l'heure qu'il est, à peu près de 78 000 euros.
47:17 Je commence par vous, Mathieu Beaucoupté, êtes-vous choqué
47:19 par ce concert en soutien aux jeunes interpellés ?
47:22 Je voudrais d'abord que je ne suis pas surpris.
47:24 Il y a un principe de base qui est assez fascinant aujourd'hui,
47:27 c'est qu'il n'a pas sa cagnotte, rate sa vie.
47:29 C'est assez étonnant, la multiplication des cagnottes,
47:32 ça devient un symbole d'engagement civique,
47:34 c'est un phénomène intéressant à analyser.
47:36 Cela dit, vous voyez, ne serait-ce que dans la présentation,
47:39 si on peut revoir à l'affiche, c'est en écriture inclusive.
47:41 Alors, ce n'est pas un détail, je le note, ça veut dire quoi ?
47:44 C'est-à-dire que l'ensemble de la mouvance de la gauche intersectionnelle,
47:46 de la gauche radicale, de la gauche néo-féministe,
47:48 veut s'approprier la lutte, ou le combat, l'émeute,
47:53 de gens qui, globalement, moi je suis persuadé d'une chose,
47:56 le jour où les néo-inclusifs progressistes diversitaires à cheveux roses
48:00 ou à cheveux bleus tombent dans les mains des émeutiers,
48:03 ils ne leur réservent pas un très bon traitement.
48:05 Il ne faut pas oublier que le jour, en fait, où cette gauche qui rêve d'alliance
48:08 avec les émeutiers des banlieues réussirait à se placer sur son chemin,
48:11 elle risquerait de se faire piétiner. Premier élément.
48:14 Ensuite, ce qui est fascinant ici, c'est la solidarité avec les émeutiers.
48:18 On parle de solidarité avec les voyous,
48:20 on parle de solidarité avec des gens qui se sont comportés comme des pillards,
48:23 et apparemment on devrait être solidaires avec ça.
48:25 Je reprends votre formule, c'est l'inversion des valeurs.
48:27 - L'inversion des valeurs. Alors, plusieurs musiciens regardent encore l'affiche,
48:31 et chanteurs sont programmés de 20h à minuit,
48:33 entrer 15 euros payables en cash only.
48:36 Je ne sais pas ce que ça veut dire en français.
48:38 Mais l'établissement indique sur les réseaux sociaux
48:40 qu'il reversera les bénéfices à la légal team antiraciste
48:44 et aux familles de victimes de violences policières.
48:47 Votre regard, Guillaume ?
48:48 - Bah, peut-être qu'il y aura le DJ Bilongo qui va animer la soirée,
48:51 et effectivement si les émeutiers se pointent, ça va être très mauvais pour lui,
48:54 on l'a déjà vu sur les vidéos.
48:55 "Malaise vagal", c'est un titre de groupe, j'ai l'impression,
48:58 mais c'est peut-être aussi une anticipation de ce qui va se passer
49:01 pour ces gens qui pensent faire ami-ami avec les émeutiers.
49:05 En fait, il y a une espèce de mimétisme et de jalousie avec ces affaires de cagnottes.
49:09 Cagnotte pour Naël ou cagnotte pour le policier.
49:12 Mais on peut comprendre ces cagnottes qui visent à soutenir des individus.
49:17 Là, on parle d'émeutiers.
49:19 Donc il y a une confusion entre une dimension individuelle et une dimension collective.
49:22 Aucun État dans le monde...
49:24 - Et pas de tous les émeutiers, les émeutiers, si vous permettez, interpellés.
49:28 Interpellés.
49:29 - Absolument.
49:30 Donc il s'agit de soutenir des gens qui sont interpellés,
49:32 mais surtout, collectivement, il y a une dimension collective,
49:35 qu'ils veulent eux, collectif et politique, c'est-à-dire débranler l'État.
49:39 - Non mais c'est terrifiant parce qu'effectivement,
49:42 on devient victime en étant agresseur.
49:46 Et tout le monde, moi enfin, ceux qui participent à ça,
49:49 c'est au-delà de l'inversion.
49:52 On est dans un monde qui a perdu tout bon sens commun.
49:56 Alors moi, je proposerais, j'en reviens, j'ai des idées fixes,
50:00 il faut les enfermer, mais pour leur donner une éducation,
50:04 ben oui, parce qu'on ne peut pas les laisser comme ça.
50:06 Donc on va récupérer cet argent et on va l'investir dans des lieux
50:10 où ils seront là, parce que c'est de la maltraitance
50:13 que de laisser ses gamins en déshérence.
50:15 C'est de la maltraitance.
50:16 - D'accord.
50:17 Charlotte Dornelas, on parlait de justice tout à l'heure.
50:20 La justice ne devrait pas peut-être interdire ce genre de soutien ?
50:25 - La justice, oui, c'est une question qui peut se poser en effet,
50:29 surtout que là, dans les tribunaux, en même temps,
50:31 on les juge en vertu de la loi française.
50:33 La chose qui m'a le plus choquée, parce que moi, quand je vois ça,
50:36 je me dis, bon, que je sois choqué ou pas, à la limite,
50:39 on peut décider de son fiche.
50:41 Mais en revanche, ça existe.
50:43 Non, mais il faut regarder la réalité en face.
50:45 Il y a des soutiens aux émeutiers qui génèrent, qui fédèrent,
50:49 et ça existe aujourd'hui dans le pays.
50:51 C'est la première chose qu'il faut voir.
50:53 La deuxième chose, et ce qui m'a vraiment choquée dans cette soirée,
50:55 c'est le comportement de la ville de Paris.
50:57 Parce que le lieu dans lequel se passe cette soirée appartient à la ville.
51:02 Et là, on se dit, la ville a été interrogée en disant,
51:06 qu'est-ce que vous en pensez ?
51:07 Et ils disent, on n'en pense rien en raison de la liberté
51:11 de la programmation artistique.
51:14 Et la ville de Paris nous dit, on n'a pas de regard
51:16 sur la programmation dans les salles que l'on possède.
51:19 Donc là, tout ça relève de la liberté artistique.
51:21 Et je vous dis, tous ces gens ont oublié ce que l'on vient de vivre.
51:24 Ont oublié dans l'histoire récente et contemporaine de la France,
51:27 ce que nous sommes en train de vivre.
51:29 Et ça, je remarque que personne n'a encore porté plainte
51:31 contre la cagnotte.
51:33 Paris ne pense rien à ce qui est habituel en général.
51:35 Elisabeth Borne a fait scandale à gauche hier,
51:38 en déclarant que les filles, désormais,
51:40 en dehors du champ républicain, les députés LFI sont outrés.
51:44 Faut-il donner raison, Elisabeth Borne ?
51:46 A-t-elle raison de vouloir chasser LFI du périmètre
51:49 de la vie démocratique légitime ?
51:51 Ou s'agit-il d'un geste excessif ?
51:54 - Alors, le LFI est hors du champ républicain, apparemment.
51:57 J'aimerais être d'accord, hein.
51:59 Je n'ai pas une tendresse infinie pour ce parti.
52:01 Mais je ne sais pas ce qu'est le champ républicain.
52:04 Je le confesse, je le confesse vraiment ça.
52:06 Je ne sais pas ce qu'est le champ républicain.
52:09 Je sais ce qu'est respecter les lois.
52:11 Je sais ce que veut dire appeler à l'insurrection,
52:13 appeler à l'émeute, appeler à la violence.
52:15 Mais parpartener au champ républicain,
52:17 je ne sais pas exactement ce que ça veut dire. Pourquoi ?
52:20 Parce qu'évidemment, ce concept a d'abord été utilisé
52:22 pour parler du RN.
52:24 Et on a des figures aussi contrastées que Mme Borne
52:26 ou M. Sciotti, qui ont déjà dit du RN, de Mme Le Pen,
52:29 qu'ils étaient extérieurs au champ républicain aussi.
52:32 Alors, la question que je pose, c'est quels sont,
52:34 si on veut être extérieurs au champ républicain ?
52:36 Moi aussi, je veux garder le champ républicain.
52:38 J'aimerais pour une fois être gardien de frontière.
52:40 Et puis chasser des gens en disant
52:42 « Vous n'êtes pas dans le champ républicain, dors ! »
52:44 J'aimerais faire ça. Mais sur quels critères ?
52:46 Alors, si le critère, c'est la violence.
52:48 Et les filles, effectivement, on en a parlé hier,
52:51 ont témoigné d'une complicité étonnante et inquiétante
52:54 avec la violence.
52:56 Mélenchon, lorsqu'il dit « Vous pouvez détruire ça,
52:58 mais pas ça, ça, mais pas ça. »
53:00 Mais si le critère, c'est la violence,
53:02 si le critère, c'est le non-respect de la démocratie,
53:04 j'aimerais avoir la chance de demander à Mme Borne
53:06 à partir de quels critères ?
53:08 Le RN aujourd'hui est extérieur au champ républicain.
53:11 J'aimerais connaître le critère qui me permettrait, moi aussi,
53:14 de chasser des gens républicains
53:16 ou de les réintégrer dans le champ républicain.
53:18 Et pour l'instant, je ne vois rien d'autre dans ce concept
53:20 qu'une espèce de grenade morale lancée sur quelqu'un
53:23 pour le disqualifier politiquement et le frapper d'interdit.
53:25 Et je dis tout ça sans tendresse excessive pour les insoumis,
53:28 mais j'aimerais savoir quel est le critère
53:30 qui permet de savoir si on est dans le champ républicain
53:32 ou si on ne l'est pas.
53:34 - Toutefois, Mathieu, la critique sévère de LFI
53:36 dépasse largement la Macronie.
53:38 Fabien Roussel, si aussi à donner en se désolidarisant
53:41 totalement de Jean-Luc Mélenchon,
53:43 ce rejet n'est-il pas finalement généralisé ?
53:45 - C'est intéressant dans le cas de M. Roussel,
53:47 parce qu'on pourrait dire que le roussellisme
53:49 est une technique politique assez intéressante.
53:51 Fabien Roussel est un spécialiste des phrases-chocs
53:53 qui le font aimer globalement de la presse de droite.
53:55 C'est l'homme de gauche préféré de la presse de droite.
53:58 Je cite M. Roussel,
54:00 "Je me désolidarise complètement des propos
54:02 qui légitiment les violences.
54:04 Je ne veux pas que ces jeunes associent la gauche
54:06 à Jean-Luc Mélenchon."
54:08 Bon, il y a un calcul tactique assez évident là-dedans.
54:10 Le rêve de Fabien Roussel, c'est de déclasser LFI
54:12 et de refaire du Parti communiste
54:14 la force de radicalité légitime à gauche.
54:16 Premier élément.
54:18 Mais comme le note Libé, je cite rarement positivement Libé,
54:20 mais je le fais ce soir,
54:22 Libé dit, "Mais regardez les propositions de LFI
54:24 et du Parti communiste français."
54:26 Le Parti communiste français,
54:28 leurs propositions par rapport aux policiers,
54:30 aux policiers japonaises, sont à peu près les mêmes.
54:32 Donc le désaccord de M. Roussel
54:34 est un désaccord de formes,
54:36 c'est un désaccord de formules.
54:38 Il dit, "J'aime pas le style de Mélenchon,
54:40 mais sur le fond du programme, je suis quand même capable
54:42 de me présenter avec lui à la NUPES,
54:44 il faut pas l'oublier."
54:46 Et ça va un peu plus loin.
54:48 Tout le génie politique de Fabien Roussel consiste
54:50 à être capable de faire parler lui, on s'en souvient,
54:52 une bonne viande, un bon fromage, un bon vin,
54:54 et ainsi de suite, ce qui fait qu'on oublie de regarder
54:56 le programme du Parti communiste,
54:58 et j'y reviens dans les circonstances,
55:00 parce que c'est la chose la plus importante,
55:02 ce machin du champ républicain.
55:04 J'invite chaque journaliste, il doit y en avoir quelques-uns
55:06 en France, chaque fois que vous avez un politique devant vous
55:08 qui parle du champ républicain, demandez-lui de le définir,
55:10 et d'ensuite expliquer qui en fait partie,
55:12 qui n'en fait pas partie,
55:14 le RN, pourquoi, LFI, pourquoi,
55:16 Zemmour, pourquoi,
55:18 Les Verts, pourquoi, pourrais-je savoir
55:20 à partir de quelle raison on peut chasser
55:22 quelqu'un du champ républicain?
55:24 Je suis prêt à travailler dans un comité
55:26 pour en préciser.
55:28 - Suite à la surmédiatisation du concert,
55:30 on apprend à l'instant qu'il a été annulé
55:32 selon les organisateurs.
55:34 Parfois on va annuler, parfois on va reporter.
55:36 À suivre, en tout cas,
55:38 on apprend que le concert
55:40 prévu en soutien,
55:42 je dis bien, non pas aux émeutiers,
55:44 mais aux interpellés, à la Flèche d'or à Paris,
55:46 a été annulé. Peut-être que c'est
55:48 une bonne nouvelle, diront certains.
55:50 Excellent suite de programme. Simon Guylain, à suivre.
55:52 (Générique)
55:54 - En réponse aux violences et dégradations
55:56 commises par des mineurs ces derniers jours,
55:58 le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti,
56:00 a annoncé avoir rédigé un flyer
56:02 à destination des parents,
56:04 l'objectif est de leur rappeler leurs obligations.
56:06 Le tract du garde des Sceaux insiste notamment
56:08 sur la responsabilité civile des parents
56:10 lorsque leur enfant vole, abîme ou détruit
56:12 quelque chose.
56:14 Et puis, retour à la normale pour la circulation
56:16 des bus et trams. La circulation reprend
56:18 normalement partout en France ce soir,
56:20 sauf dérogations localisées qui pourront
56:22 s'appliquer en fonction de la situation.
56:24 Sachez qu'une quarantaine d'autobus et un tramway
56:26 ont été détruits en Ile-de-France
56:28 lors des émeutes. Des dépôts de bus
56:30 ont également été incendiés.
56:32 Et puis, la fusée Ariane 5
56:34 va effectuer son tout dernier viol
56:36 cette nuit, en service depuis 1996.
56:38 Il s'agira du 117e vol
56:40 de la fusée, et pour sa dernière mission,
56:42 Ariane 5 doit propulser
56:44 en orbite deux satellites militaires.
56:46 (Générique)
56:48 ♪ ♪ ♪

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