Les nouvelles mégatendances

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00:00 [Générique]
00:12 Bonjour et bienvenue dans cette émission dans laquelle je vais un peu faire un update d'une émission que j'avais fait en septembre 2020,
00:18 donc ça fait maintenant deux ans et demi, émission que j'avais fait sur ce que j'appelais à l'époque les méga-trends ou bien les méga-tendances.
00:24 Alors pour qu'on soit bien d'accord sur les termes, ce que j'appelle une méga-tendance, c'est une tendance séculaire, une tendance vraiment très long terme,
00:31 vous savez, quelque chose avec une énorme inertie. En fait, c'est presque une tendance qu'on ne peut pas remettre en question, qu'on ne peut pas stopper,
00:38 donc vraiment, il faut voir ça comme une lame de fond, comme un tsunami. On n'est vraiment pas là sur des tendances de type effet de mode,
00:43 on est vraiment sur une tendance qu'on ne peut pas remettre en cause. Et à l'époque, donc en 2020, je m'étais basé entre autres sur des documents de BlackRock,
00:51 et BlackRock, dans ses perspectives de milieu d'année 2023, a fait un update sur ces méga-tendances,
00:56 donc c'est intéressant de voir ce qu'ils ont rajouté, puisqu'ils ont sorti depuis 2020.
01:01 Donc en 2020, BlackRock avait identifié cinq méga-tendances. La technologie, bien sûr, les changements démographiques et sociaux, une urbanisation rapide,
01:10 le changement climatique et la raréfaction des ressources, ils avaient mis ça ensemble, et enfin l'apparition d'une nouvelle classe aisée dans les marchés émergents,
01:18 notamment en Chine et en Inde. Alors de mon côté, dans mon émission, dans ma vidéo, j'étais d'accord avec à peu près toutes ces tendances,
01:26 ce sont effectivement des tendances structurelles difficiles à remettre en cause, sauf l'urbanisation.
01:31 J'ai toujours pensé qu'il y avait des limites à l'urbanisation, et puis suite au Covid, on voit bien que c'est clairement remis en cause,
01:38 en tout cas en France, avec une fuite des grandes villes, ou en tout cas fuite de Paris et de la région parisienne.
01:43 Donc ça c'était pour 2020. En 2023, BlackRock reprend certaines de ces méga-tendances, avec bien sûr la technologie,
01:50 et notamment ce qui était déjà apparu en 2020, déjà cité en 2020, mais qui a vraiment explosé cette année, c'est l'intelligence artificielle,
01:59 dont la popularité a explosé, comme je le disais, depuis que chaque GPT a été mis en ligne.
02:04 Et c'est ça qui est intéressant dans ces méga-tendances, c'est qu'en fait, comme je le disais, c'est des tendances qui ne peuvent pas être stoppées,
02:10 ou alors peut-être ralenties, mais elles peuvent très facilement être accélérées, et l'intelligence artificielle,
02:16 voilà, mentionnée en 2020 parmi plein d'autres thèmes technologiques, mais on voit qu'il suffit d'une petite étincelle,
02:22 et c'est quelque chose qui s'accélère énormément. Alors attention, point très important, quand une méga-tendance se trouve confirmée ou renforcée,
02:31 comme celle de l'intelligence artificielle aujourd'hui, elle fait la une des journaux, mais c'est souvent le pire moment pour y investir.
02:37 Il faut en général le faire soit avant, soit après cette période un petit peu de bulle.
02:42 Donc aujourd'hui, l'intelligence artificielle est un peu trop mise en avant pour moi, avec des valorisations qui sont très élevées,
02:49 donc j'aurais plutôt tendance, dans ce secteur technologique, à me tourner vers des secteurs qui sont liés, mais moins sous les projecteurs,
02:56 comme la cybersécurité par exemple.
02:58 Le deuxième point mentionné par BlackRock, c'est la fragmentation géopolitique, et notamment la concurrence stratégique entre les États-Unis et la Chine.
03:06 Et on voit les chaînes d'approvisionnement mondiales, elles ont changé, avec notamment des relocalisations de la production,
03:13 et cette relocalisation a été poussée par les entreprises, qui ont été bien refroidies pendant la période Covid,
03:19 où à chaque fois qu'il y a des guerres commerciales entre États-Unis et Chine,
03:22 mais, et ça c'est un peu plus nouveau, poussée par les gouvernements qui veulent produire, soit localement ou bien dans des pays alliés,
03:29 pour que ce soit un peu plus robuste.
03:32 Et c'est typiquement la fin d'une méga tendance précédente, qui était l'exact inverse, qui était la mondialisation.
03:38 En fait, l'économie s'est mondialisée de 1870 à 1914, le commerce mondial est passé de 17% du PIB à 30%,
03:46 ensuite, ce qu'on sait un petit peu moins, c'est que l'économie s'est démondialisée entre les deux guerres,
03:51 le commerce mondial est passé de 30% du PIB à 10%,
03:54 et enfin, il y a ce qu'on connaît mieux, c'est-à-dire la remondialisation de 1945 à environ 2010,
04:01 avec un commerce mondial qui a atteint un pic à 60% du PIB, et on le voit maintenant une démondialisation,
04:08 mais alors, attention, c'est une démondialisation qui est relativement lente, on est vraiment au tout début.
04:14 Troisième tendance mentionnée par BlackRock, la décarbonation de l'économie.
04:18 Donc, à nouveau, c'est initié par les entreprises, mais aussi poussé par les gouvernements,
04:25 on le voit bien, la fin des véhicules thermiques, la fin des chaudières au fuel, etc.,
04:28 les réglementations vont renforcer cette tendance.
04:32 Parce que si on regarde du côté des comportements des consommateurs,
04:35 ces comportements changent très lentement, on n'a pas encore de point de bascule,
04:39 alors on le voit un peu apparaître du point de vue des véhicules électriques, par exemple,
04:43 mais on n'est pas encore à ce point de bascule où vraiment la majorité des personnes vont basculer au tout électrique.
04:48 Et c'est encore pire du côté des marchés émergents,
04:50 on voit qu'on est loin encore de ces points de bascule sur la décarbonation de l'économie.
04:55 Et ça, c'est dû au fait qu'on n'a pas encore de signal au niveau des prix.
04:59 En fait, le pétrole et le charbon, ce sont encore parmi les énergies les moins chères pour se chauffer,
05:04 pour se déplacer, enfin bon, peu importe.
05:06 Il n'y a quasiment que dans les pays développés qu'on peut se permettre de faire un choix plus coûteux
05:10 pour se déplacer ou bien se chauffer, pour lutter contre le changement climatique.
05:15 Donc, ce n'est pas du tout un choix qui est logique économiquement,
05:18 c'est un choix qui est logique de manière bien plus large.
05:22 Et dans d'autres pays, comme je le disais, notamment dans les pays émergents,
05:25 il faudra que ça passe soit par des réglementations, mais honnêtement, j'en doute,
05:29 soit plutôt par des prix qui deviennent moins chers pour les solutions d'acarbone.
05:33 Et là, c'est là qu'on verra ce fameux point de bascule avec un basculement sur, par exemple, les véhicules électriques.
05:38 Le quatrième thème de BlackRock en 2023 sur ces méga tendances, c'est le vieillissement de la population.
05:44 Alors, ce n'est pas une nouvelle méga tendance, c'est sûrement l'une des tendances les plus prévisibles
05:48 et celle avec le plus d'inertie.
05:50 Et dans son document, BlackRock le mesure notamment par les changements de la population en âge de travaillé.
05:56 Entre 2020 et 2035, les pays développés vont voir leur population active baisser.
06:01 C'est déjà quelque chose qu'on constate.
06:03 Alors bien sûr, le champion, c'est le Japon, -11%.
06:05 En Europe, on va tourner autour de -8%.
06:09 En Chine, -6%.
06:11 Étonnamment, les États-Unis vont voir leur population active encore augmenter d'environ 3% entre 2020 et 2035,
06:18 alors que la plupart des pays émergents ensuite vont avoir une population active qui va rester croissante,
06:23 et notamment l'Inde.
06:24 Alors, les secteurs qui vont le plus profiter vont être, alors là c'est selon BlackRock, la santé, ça c'est plutôt évident,
06:30 les loisirs aussi, l'immobilier, là j'ai plutôt un doute.
06:33 Et puis bien sûr, sur les entreprises qui offrent des produits qui sont directement liés au senior.
06:38 Le cinquième thème est intéressant parce que c'est un thème qui n'était pas mentionné par BlackRock en 2020,
06:43 alors que c'était des tendances qui étaient déjà visibles, ce sont les changements dans le monde de la finance.
06:47 Avec notamment, point principal, les banques qui vont perdre ou qui sont en train de perdre leur dominance,
06:53 dues à plusieurs facteurs, notamment les fortes réglementations, dues aux nouvelles technologies,
06:57 et puis enfin à l'arrivée de nouveaux concurrents.
07:00 Donc comme je disais, c'est une tendance qui existait déjà avec l'apparition des néobanques,
07:03 avec les géants technologiques, Apple en tête qui commence tout doucement à mettre un pied dans la finance,
07:08 comme Apple et son compte rémunéré.
07:11 Et puis, ce processus a été accéléré par les faillites bancaires américaines qui ont accéléré le processus,
07:18 le processus qui était, comme je le disais, déjà enclenché,
07:21 mais du côté des GAFA, du côté d'Apple, Amazon, Facebook ou autres, il n'y a pas encore eu de grosses offensives.
07:28 On voit qu'ils sont sur d'autres choses, mais c'est quelque chose qui peut à nouveau basculer.
07:35 On est très très loin du point de bascule, tout le monde n'a pas son compte chez Apple ou Amazon,
07:39 il n'y a quasiment qu'Apple qui a mis un petit peu le pied dedans.
07:41 Mais voilà, c'est quelque chose qui... c'est une méga tendance à laquelle je crois pas mal.
07:45 Et donc, ce qui est intéressant, quand on lit régulièrement de la recherche,
07:48 c'est, comme je l'ai fait aujourd'hui, de faire des comparaisons dans le temps.
07:51 Donc pour reprendre les différences entre les méga tendances de BlackRock en 2020 et à 2023,
07:56 déjà, celle qui me surprend le moins, c'est que BlackRock a enlevé de ses méga tendances l'urbanisation,
08:01 comme je le pensais déjà à l'époque.
08:03 Il parle ensuite moins de l'émergence d'une classe aisée dans les marchés émergents,
08:07 je pense que ça c'est dû au fait que la Chine, c'est un marché qui ralentit.
08:11 Donc c'est quand même une méga tendance auquel je crois,
08:14 mais c'est moins le rat de marée de touristes chinois, de gros consommateurs chinois qu'on s'imaginait.
08:20 C'est peut-être une tendance qui va être plus lente que prévue.
08:23 Ensuite, on a les valeurs sûres qui étaient déjà présentes en 2020,
08:26 qui sont toujours présentes en 2023, c'est-à-dire la digitalisation au sens large,
08:30 le vieillissement de la population, notamment des pays développés,
08:34 la fragmentation du monde, ce que j'appelle plutôt la démondialisation,
08:38 et puis la décarbonation de l'économie.
08:41 Donc plutôt que changement climatique ou raréfaction des ressources, il parle de décarbonation.
08:46 Et puis nouveau thème intéressant, cette fois-ci sur la fin de la prédominance des banques dans la finance,
08:52 thème que j'ai déjà abordé plusieurs fois sur cette chaîne,
08:56 mais qui pour moi a globalement moins d'importance.
08:58 On ne peut pas mettre ça sur le même pied que la décarbonation,
09:02 ou bien le vieillissement de la population, la digitalisation.
09:05 C'est un thème qui est beaucoup plus spécifique.
09:07 Avant de terminer cette émission, je voulais vous mentionner trois points importants.
09:10 Le premier point, et c'est d'ailleurs un point qui pour moi permet de quasiment détecter des méga tendances,
09:15 c'est qu'à chaque fois qu'on a un choc externe, ces chocs externes ont tendance à accélérer la méga tendance.
09:21 On a eu deux beaux chocs externes récemment, on a eu le Covid et ensuite on a eu la guerre en Ukraine,
09:26 et ça a accéléré la plupart de ces méga tendances.
09:30 Pour prendre un exemple assez basique, la démondialisation a été aidée par le Covid.
09:36 On a essayé de rapatrier la production, comme je le disais, et de faire de plus en plus du local.
09:41 Même chose pour la guerre en Ukraine, avec les pénuries de gaz, etc.
09:44 On s'est rendu compte qu'on avait des systèmes beaucoup plus robustes
09:47 si on produisait localement ou en tout cas de manière plus proche.
09:51 Deuxième point important que j'ai déjà signalé,
09:54 ces méga tendances ont tendance à faire la une des journaux de temps en temps,
09:59 mais comme c'est des tendances très longues, ce n'est pas quelque chose qui va faire la une des journaux pendant 20 ans.
10:04 Par exemple, le vieillissement de la population, il va y avoir des micro-effets de mode comme ça.
10:08 Vieillissement de la population, on en parlait déjà en 2015-2016,
10:11 et à l'époque, en tout cas dans le monde de l'investissement, on disait qu'il faut investir dans les EPAD.
10:16 Et on a vu un peu une bulle, comme ça tout le monde voulait investir dans ce genre de boîtes.
10:20 Ensuite, sur la partie décarbonation, on a eu une bulle sur l'hydrogène ou bien les énergies renouvelables dans l'ensemble.
10:26 Maintenant, on est plutôt dans une bulle sur l'intelligence artificielle.
10:29 Donc là où il faut se méfier, c'est que ces méga tendances sont effectivement des secteurs
10:34 dans lesquels il va y avoir de la croissance, mais ce n'est pas toujours une explosion de la croissance.
10:38 Donc il faut vraiment surveiller les valorisations.
10:40 Si je prends par exemple le vieillissement de la population, d'après l'OMS,
10:44 c'est de 1 personne sur 7 personnes âgées, on va dire, à 1 personne sur 6 en 2030.
10:49 Donc on voit, oui, il y a une croissance, mais ce n'est pas non plus une explosion.
10:53 Donc les valorisations restent importantes et ce n'est pas parce que c'est une méga tendance
10:57 qu'il faut investir à tout prix dans ce domaine.
10:59 Et puis mon dernier point, c'est que ces méga tendances sont très souvent interconnectées.
11:02 On va trouver les thèmes d'investissement les plus intéressants à la croisée de ces méga tendances.
11:07 Par exemple, quand on dit que l'Asie va prendre plus de poids,
11:11 je crois que c'était plutôt un thème de 2020, quand les marchés émergents vont prendre plus de poids,
11:15 qu'on va avoir une force, une classe aisée, une classe riche qui va vraiment émerger,
11:19 qui va être les principaux consommateurs du monde du côté de l'Inde et de la Chine,
11:23 c'est lié au fait aussi qu'on va avoir un vieillissement de la population du côté des pays développés.
11:28 Donc on voit ces deux tendances qui se confondent.
11:31 Les véhicules électriques, c'est un mix entre une tendance technologique,
11:35 intelligence artificielle, batterie, etc.
11:38 Et puis de l'autre côté, bien sûr, la décarbonation de l'économie.
11:42 Quand on voit la Chine, par exemple, qui veut garder ses terres rares pour elle,
11:46 notamment pour les batteries, on a un mix entre la fragmentation du monde,
11:50 la démondialisation, et puis le côté manque de ressources, décarbonation, etc.
11:55 Donc on voit que tout est interconnecté.
11:58 Dites-moi, quelles sont selon vous les méga tendances sur lesquelles on peut compter
12:02 pour aller au moins 10, 15 ans ?
12:04 C'est ça que j'appelle une méga tendance.
12:06 10, 15 ans, c'est une tendance toute bête.
12:09 Quelles sont selon vous les tendances, soit celles qui ont été mentionnées par BlackRock,
12:12 ou pas, mais qui sont des lames de fond qu'on ne peut pas éviter ?
12:15 Ça m'intéresse énormément, mettez-moi ça en commentaire.
12:17 Si vous m'écoutez en podcast, n'hésitez pas à mettre une revue,
12:19 idéalement 5 étoiles, sur la plateforme de votre choix, pour donner un peu de visibilité.
12:24 Merci encore pour votre fidélité, et à bientôt pour une autre émission.

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