Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote
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00:00 Bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver, si vous nous rejoignez, sur CNews pour votre
00:13 rendez-vous du samedi soir 20h face à Bocote avec bien évidemment Mathieu Bocote.
00:17 Bonsoir mon cher Mathieu.
00:18 Bonsoir.
00:19 Avec vous également Arthur de Vatrigan, directeur de la rédaction de L'Incorrect.
00:23 Bonsoir mon cher Arthur.
00:24 On en profite pour rappeler la une de L'Incorrect, la une avec Michel Houellebecq, politique,
00:29 littérature.
00:30 Il réplique dans les colonnes de L'Incorrect donc.
00:33 Le journaliste et écrivain Laurent Auberton est votre invité ce soir mon cher Mathieu.
00:38 Laurent Auberton, bonsoir.
00:39 Bonsoir.
00:40 Dans un instant nous vous entendrons bien évidemment mais avant, le sommaire de l'émission
00:45 face à Bocote au sommaire ce soir, quatrième nuit des meutes un peu partout en France,
00:50 dans les grandes villes mais pas seulement et une nouvelle fois des dégradations de
00:53 bâtiments publics, des pillages dans des magasins, des heurts avec les forces de l'ordre, des
00:57 agressions d'élus alors que traverse la France.
01:00 Comment nommer ces troubles ? Votre analyse Mathieu Bocote à suivre.
01:05 Et puis la situation en France, il en sera également question avec votre invité, le
01:08 journaliste et écrivain Laurent Auberton, l'un des précurseurs d'ailleurs de l'utilisation
01:13 du terme d'ensauvagement avec son premier livre, La France orange mécanique, une théorie
01:17 qui a eu écho auprès de nombreux responsables politiques.
01:19 Vous l'aurez compris, une émission essentiellement consacrée à l'actualité, c'est-à-dire
01:23 aux violences qui touchent notre pays.
01:26 Alors c'est vrai mon cher Mathieu que depuis plusieurs jours, plusieurs nuits, la France
01:30 est frappée par des émeutes à répétition.
01:33 Au-delà de la sidération générale et de ce que plusieurs nomment notamment l'impuissance
01:38 des autorités, une question s'impose à tous.
01:41 Comment nommer la présente séquence ? Comment nommer ces troubles ? Les uns parlent d'émeutes,
01:47 d'autres vont jusqu'à parler de guerre civile.
01:50 Comment est-ce que vous abordez ce problème mon cher Mathieu ?
01:53 Je pense d'abord qu'il faut décrire tout simplement la rapidité des événements.
01:58 C'est le premier élément.
01:59 C'est-à-dire qu'on parlait d'abord d'explosion dans les banlieues, d'embrasement des banlieues.
02:04 Ça c'est le jour 1.
02:05 Et c'est qui se vit dans la peur de la répétition de 2005.
02:10 Alors moi ce qui va tout de suite frapper, c'est que l'évolution démographique, l'évolution
02:15 sociologique de la France depuis 20 ans fait en sorte qu'aujourd'hui, pour peu qu'on regarde
02:20 les choses avec, je le dis avec tristesse, c'est-à-dire je ne fais pas ce constat en
02:23 m'en réjouissant, mais plusieurs grandes villes aujourd'hui peuvent être, on peut
02:27 se les représenter comme étant assiégées aujourd'hui.
02:29 Étant assiégées, c'est-à-dire qu'on retrouve autour d'elles des villes dont la composition
02:34 sociologique, la composition culturelle, démographique a suffisamment changé pour que le contraste
02:38 soit marqué et surtout, quand on sait la violence présente dans ces quartiers, lorsque la situation
02:47 s'embrase, mais quelle est la prochaine étape ?
02:49 Alors moi très rapidement, je me suis dit est-ce que finalement les RAID seront lancés,
02:53 les RAZIA seront lancés sur Paris ? On se demandait est-ce que c'est pour maintenant,
02:56 dans 5 ans, dans 10 ans, mais c'était pour maintenant finalement.
02:58 Et la première chose qui frappe, c'est la réaction de ce qu'on pourrait appeler la
03:02 bourgeoisie digicode.
03:03 La bourgeoisie digicode qui se croyait à l'abri de tout cela, qui se disait « si ça brûle
03:08 dans les banlieues, on n'y peut rien, c'est comme ça, c'est comme si elle avait acté
03:12 déjà la partition à tout le moins mentalement.
03:14 » Et là qu'est-ce qu'on voit ? Il est désormais possible de lancer des RAID à Paris et c'est
03:19 cette violence extrême de jeunes qui se comprennent, j'ajouterais une chose, qui sont justement
03:25 parce qu'ils ne sont pas organisés, structurés, peuvent être encore plus dangereux.
03:29 Parce qu'à la rigueur quand on se bat contre des dealers, quand on se bat contre des trafiquants,
03:32 il y a ne serait-ce qu'une structure du crime qui fait en sorte, est-ce que oui ou non on
03:35 passe aux armes.
03:36 Là on est devant une forme de violence sauvage qui surgit au cœur des métropoles, donc
03:41 Paris, mais pas seulement Paris, un peu partout.
03:43 Et les Français découvrent finalement aujourd'hui les effets sociologiques, les effets culturels,
03:49 les effets aussi dans la violence de cette grande mutation que la France connaît depuis
03:53 20 ans.
03:54 Et quoi qu'on en dise, les fameux jeunes qu'on présente comme des martyrs de la diversité,
04:00 parce que le cas de Naël a été instrumentalisé, cette mort tragique sans le moindre doute
04:04 a été instrumentalisée, et les jeunes martyrs de la diversité qu'on nous présente aujourd'hui
04:08 ont en fait la conviction, si je peux parler de la conviction, c'est l'instinct d'avoir
04:12 un monopole de la violence légitime, c'est un droit de pillage, c'est un droit de conquête,
04:16 c'est un droit qu'ils affirment en pillant un peu partout, en décidant de multiplier
04:21 les violences en disant "nous exprimons notre souveraineté ici, maintenant, et si on veut
04:26 nommer les choses sans édulcoration, plusieurs termes circulent, plusieurs termes circulent,
04:30 guerre civile parmi ceux-là, on en entend d'autres, reste à voir lequel est le bon".
04:34 Et bien voilà, vous l'avez dit, ce terme qui revient souvent, "guerre civile", est-ce
04:38 que vous le reprendriez à votre compte au fond Mathieu ?
04:40 Alors je le trouve inadéquat.
04:42 Je le trouve inadéquat pour une raison simple, c'est qu'une guerre civile, c'est une guerre
04:46 au sein d'un même peuple.
04:47 Au sein d'un même peuple, donc c'est normalement une guerre idéologique.
04:50 On peut penser à la guerre civile irlandaise après l'indépendance, on peut penser à
04:56 la guerre, si on veut, la guerre de sécession américaine, la civil war, ils disent là-bas.
05:01 Là on est dans autre chose, c'est que les populations présentes, encore une fois on
05:05 peut s'en désoler, mais ne se représentent pas nécessairement comme étant membre du
05:08 même peuple.
05:09 C'est ce qu'il faut comprendre.
05:10 Dans les banlieues, il y a une logique qui est à la fois sécessionniste et une logique
05:14 conquérante.
05:15 La logique sécessionniste, c'est désormais les Français ne seront plus, dans leur esprit,
05:20 les bienvenus.
05:21 Les services publics ne sont plus les bienvenus.
05:22 Donc pourquoi on détruit les symboles de l'État ? Pourquoi on saccage les symboles
05:25 de l'État ? Parce qu'on dit, on ne veut plus des symboles de la souveraineté française.
05:29 Une autre souveraineté s'impose ici.
05:31 Premier élément qu'il faut mentionner.
05:32 Ensuite, quand je parle de...
05:34 C'est comme si les banlieues se constituaient en petites républiques qui veulent se séparer
05:39 du territoire national.
05:40 Tout le monde qui ne veut pas la présence des policiers, c'est un exemple parmi d'autres.
05:43 Ensuite, quand je dis élément de conquête, c'est qu'on l'a vu, et je pense que les premières
05:47 à le savoir depuis quelques années, ce sont les femmes.
05:49 Ce sont les femmes qui, dans les transports en commun, et ça, ça n'a pas d'air, ont
05:52 commencé à intégrer, à porter des vêtements plus amples et ainsi de suite, pour se protéger
05:57 du comportement de voyous qui imposent désormais, lorsqu'ils s'imposent, lorsqu'ils pénètrent
06:02 dans les villes, ils imposent leurs mœurs en disant « Désormais, vous allez vivre
06:04 selon nos codes, sinon vous vous présentez à nous comme des proies sexuelles et il est
06:08 possible de se jeter sur vous ». Et on le voit.
06:10 Donc, les femmes ont intériorisé dans leur comportement au quotidien le sentiment d'un
06:14 basculement des mœurs, qui est le signe de cette logique de conquête avec cette vieille
06:18 vérité anthropologique que, lorsqu'un ordre nouveau s'installe, il s'impose d'abord aux
06:23 femmes.
06:24 C'est tragique à dire, mais c'est ainsi.
06:25 Donc, il y a une guerre pour le maîtrise du territoire qui se mène en ce moment.
06:28 Il y a une volonté d'imposer des codes, de montrer chez les jeunes voyous qu'ils sont
06:33 en droit de faire ce qu'ils veulent en toutes circonstances, partout, et que personne ne
06:36 les arrêtera.
06:37 Et avec ça, il y a un personnage très particulier dans cette histoire, c'est Jean-Luc Mélenchon.
06:41 C'est le rôle de la gauche, mais cette gauche en particulier, Jean-Luc Mélenchon, qui a
06:45 dit hier, je crois, « S'il vous plaît, ne détruisez pas les gymnases, les écoles et
06:50 les bibliothèques ». Autrement dit, Mélenchon dit « Voilà ce qu'on peut détruire et voilà
06:53 ce qu'on ne peut pas détruire ».
06:54 Ils se rangent de leur côté.
06:55 Exactement, ils se rangent de leur côté en disant « Je comprends votre colère, je
07:00 suis avec vous, mais s'il vous plaît, conservez les formes, préservez les formes, ne détruisez
07:04 pas tout le plomb, les équipements publics urbains ».
07:08 Ce à quoi on pourrait répondre derrière cela, que je me demande dans six semaines,
07:12 dans six mois, est-ce que les Français, après avoir vu les banlieues être soumises à un
07:16 tel jeu de carnage, de destruction, est-ce qu'ils accepteront de financer la reconstruction
07:20 de ces banlieues ?
07:21 Encore une fois, on va tous payer, non seulement on vit désormais dans la peur, non seulement
07:25 on vit dans la peur des bandes, non seulement on vit dans la peur des voyous, non seulement
07:29 on sent qu'une forme de fracture telle que c'est moins une guerre civile qui s'impose
07:32 qu'une logique de conquête portée par des gens qui chassent la France mentalement de
07:37 leur environnement et qui ne se sentent pas français et qui veulent soumettre à les
07:40 Français, mais en plus on va payer la reconstruction.
07:42 Il y a quelque chose là-dedans d'un peu ubuesque.
07:45 Alors, disons cela comme ça, en France, à mon avis, je l'ai souvent dit, il n'y a pas
07:48 de zone de non-droit.
07:49 Il y a tout simplement des zones d'un autre droit qui se constituent et dans cette zone
07:52 d'un autre droit, le drapeau français est piétiné.
07:54 Vous décrivez une situation qui pourrait, à vous entendre, devenir irrécupérable au
07:59 fond Mathieu, mais notre classe politique, elle n'a rien vu venir selon vous ?
08:03 Non, mais elle a tout vu venir.
08:04 Il ne faut jamais oublier.
08:05 François Hollande, Gérard Collomb, ils avaient vu les choses, mais c'est seulement qu'ils
08:11 le disaient en privé, ils le disaient à l'abri des micros.
08:13 Et publiquement, quand quelqu'un disait la même chose qu'eux, c'est-à-dire la partition,
08:18 la fracture du pays, quand quelqu'un disait la même chose qu'eux, il était traité d'extrême
08:21 droite, on l'accusait d'être d'extrême droite.
08:23 Alors aujourd'hui, est-ce qu'on va arriver à ce moment particulier ? On va être capable
08:26 de passer de la confession privée au discours public ? Et là, si je ne le crois pas, voilà
08:31 pourquoi la situation pourrait se dégrader pendant encore un bon moment.
08:33 Arthur de Matrigan, cette classe politique, effectivement, elle n'a rien vu venir ou
08:37 pas ? Ou elle a tout vu venir, comme nous expliquait Mathieu Bobcoté.
08:40 Elle a tout vu venir et c'est pour ça qu'ils sont tous responsables, coupables, de droite
08:44 comme de gauche.
08:45 Mais il y en a une qui est encore plus coupable que les autres, c'est cette gauche, elle a
08:50 une responsabilité morale encore plus grande, parce que cette gauche a fait son beurre sur
08:54 la dénonciation et sur l'accusation de la France, pas assez belle pour l'admirer et
08:58 trop coupable pour qu'on puisse vouloir la changer de fond en comble.
09:01 Et donc, ils ont créé un ennemi intérieur, bien aidé par les puissances étrangères,
09:04 comme par exemple l'Algérie.
09:06 Cette gauche qui a proclamé ce droit à la différence et la désintégration contre
09:10 l'assimilation, donc ils ont créé une identité fictive, mais à l'imaginaire, destructeur
09:14 et perfusée à haute dose par tous les canaux politiques, écoles, associations.
09:18 Cette même gauche qui a bien loué les bienfaits de l'immigration, qui offre des bataillons
09:23 entiers sur tout le territoire, dont des armées.
09:25 Cette gauche qui a apporté plus récemment un discours racialiste des États-Unis, avec
09:30 le concept fumeux de racisme systémique, et donc qui a créé un produit marketing
09:34 et qui a offert ce droit de contester le monopole de la violence légitime et donc d'offrir
09:38 un concurrent à cette violence légitime.
09:40 Lorsqu'on voit les réactions de la France insoumise, des élus de la France insoumise
09:44 et de Jean-Luc Mélenchon, il y a gare de doute que non seulement ils croient au grand
09:48 remplacement mis dessus pour accéder au pouvoir, à croire que tous ces gens-là se sont fait
09:53 amputés de toute conscience à la naissance, mais là où ils se plantent, c'est que le
09:57 nerf de la guerre, c'est l'argent.
09:59 Quand on voit toutes ces racailles, ils viennent piller.
10:01 Et lorsqu'on parle d'un concurrent, d'un monopole concurrent, c'est le monopole des
10:04 narcotraficants.
10:05 Regardez les villes et les quartiers où il s'est passé ce chaos hier, ce sont les
10:10 villes et les endroits où les maires et la police ont décidé de mener une guerre
10:14 contre les narcotraficants.
10:15 Nanterre, rappelez-vous Nanterre, ce qui s'était passé, alors que les trafiquants de drogue
10:18 avaient affiché dans un immeuble un règlement antérieur.
10:21 C'était à Nanterre.
10:22 Gérard Lamalin était venu, avait venu à la police.
10:25 À Marseille, voilà, trafiquants de drogue, on sait qu'il y a une guerre ouverte avec
10:29 la police.
10:30 Dans la banque de Lyon, à Rieux-la-Pape, le maire et la police mènent une guerre sans
10:34 merci contre les narcotrafiquants.
10:35 Hier, c'était Beyrouth.
10:36 À Vau-en-Velin, tout d'un coup, pourquoi Vau-en-Velin est attaqué ? Parce qu'il y
10:40 a un point d'île qui a rapporté 20 000 euros qui a été démantelé il y a deux mois.
10:43 Pareil à Limoges.
10:44 La réalité, c'est qu'en fait, c'est Raqqa qui pille sur les bras arabes et les narcotrafiquants
10:48 qui permettent de reconquérir les territoires.
10:50 On sait comment ça va se terminer.
10:51 Les régions et l'État, donc nous, on va payer pour reconstruire leurs écoles, leurs
10:55 tramways, leurs belles médiathèques.
10:56 Et en échange, l'État va demander, va céder des territoires, il va faire des concessions.
11:00 Et donc, les narcotrafiquants vont récupérer des points d'île et donc de l'argent.
11:04 Donc, tout ceci est une opération tout bénef pour eux.
11:07 Merci Arthur.
11:08 Et cette situation, cette crise que traverse la France, Mathieu, de votre côté, on continue
11:12 d'en parler avec votre invité, Laurent Auberton, écrivain et journaliste, auteur notamment
11:18 de la France Orange Mécanique aux éditions Magnus, concorde la trilogie Guerilla toujours
11:21 aux éditions Magnus.
11:22 Pourquoi ce choix ce soir, mon cher Mathieu, d'avoir voulu inviter Laurent Auberton autour
11:27 de ce plateau ?
11:28 Je crois qu'il s'impose parce que plusieurs diront, en l'ayant lu, que Laurent Auberton
11:33 fait partie de ceux qui ont vu venir la situation présente, qui ont vu venir les prochaines
11:37 étapes, peut-être, qui ont même imaginé ce qui pourrait suivre la situation actuelle
11:42 qui est déjà assez tragique.
11:43 Alors Laurent Auberton, bonsoir.
11:44 Bonsoir.
11:45 Alors, question toute simple.
11:46 Je vous pose la question à laquelle j'ai cherché à répondre sans être certain de
11:49 ma réponse.
11:50 On utilise le concept de guerre civile en ce moment pour décrire ce qui pourrait advenir
11:54 en France.
11:55 Quel terme utiliseriez-vous pour parler de ce qui se passe en ce moment et de ce qui
11:59 pourrait suivre si la situation s'embrasait ?
12:01 Moi, comme vous, je pense que le terme de guerre civile n'est pas le plus approprié.
12:05 C'est pour ça que je parle de guerrilla parce qu'effectivement, il n'y a pas du
12:08 tout deux coins distincts.
12:09 Il y a le chaos plus ou moins désorganisé.
12:15 C'est le bordel, c'est les gangs, c'est les bandes, c'est un peu chacun pour soi.
12:18 C'est la gauche qui essaie d'en profiter, une certaine gauche qui essaie de mettre un
12:22 petit peu d'huile là-dessus pour essayer de gratter quelques voix de manière, à mon
12:26 avis, très audacieuse.
12:27 Et la police qui fait face, qui fait ce qu'elle peut face à l'armada médiatique, aux condamnations
12:37 morales et la population majoritaire qui, dans sa grande majorité, soutient la police
12:44 et attend.
12:45 Elle est attentiste, elle regarde le match à la télé, elle espère que ça va se calmer,
12:49 mais elle ne prend pas du tout part à tout ça.
12:51 Elle essaie de protéger ce qu'elle peut, sa voiture, ses biens.
12:54 Et tout ce qui l'importe, c'est que la routine continue.
12:58 Donc, on ne peut pas du tout parler de guerre civile.
13:01 D'ailleurs, dans ma trilogie Guerilla, j'ai décrit une situation qui est comparable à
13:06 celle qu'on connaît.
13:07 Mais le monsieur moyen, le français, le contribuable, celui qui attend de savoir à quel niveau va
13:16 s'élever la facture qu'il va devoir régler comme d'habitude, eh bien lui, il est passif,
13:20 il est attentiste.
13:21 Il préfère croire que Gérald Darmanin va tout régler.
13:24 Alors, la question qu'on peut se poser, c'est en ce moment, pour certains, sur la relevée
13:28 de l'inimaginable.
13:29 Mais en fait, si on fait une histoire des 20 dernières années, les présents événements
13:34 ne surviennent pas, ne surgissent pas spontanément sans qu'on puisse s'y attendre.
13:37 La gradation de 2005 à aujourd'hui, on pourrait dire que c'est l'extension des foyers d'incivilité,
13:42 l'extension des foyers de Guerilla, pour reprendre votre formule.
13:45 Oui, oui, moi, je n'aime pas du tout qu'on me qualifie de visionnaire parce que je suis
13:50 plutôt visionnant, simplement, j'ai les yeux ouverts et ça fait, ça doit faire 30 ans
13:54 que je dis ce que je dis, je le dis depuis mes 9 ans, ça fait longtemps, mais d'autres
13:58 le disent depuis 60 ans quand même.
13:59 On peut citer Jean Raspail, Jean-Marie Le Pen, ils étaient déjà dans un constat comme
14:03 ça de dire ce qu'on est en train de faire va nous mener à une situation qui sera totalement
14:08 hors de contrôle.
14:09 Et moi, j'ai écrit La France Orange Mécanique il y a 10 ans, c'était sous François Hollande.
14:13 Depuis, les violences en personne sont en augmentation continue et on n'a jamais voulu
14:18 prendre la mesure de ça.
14:19 Quand je l'ai dit, j'ai dit excusez-moi, il y a plus de 200 femmes qui sont violées
14:22 par jour dans ce pays.
14:23 Est-ce qu'on peut en parler ? On m'a dit que j'étais d'extrême droite.
14:26 Et on dit la même chose aujourd'hui, quand vous parlez d'une gamine qui se fait massacrer,
14:30 si vous dites oui quand même, c'est un type, ce n'est pas normal, il faut en parler.
14:33 On va toujours vous renvoyer à ça, à l'extrémisme, aux accusations, à ce fameux chantage qui
14:40 vous intime l'ordre de ne pas parler de ces problèmes et évoque la galère.
14:45 Mais malheureusement, évidemment, de temps en temps, ça va éclater.
14:48 Et quand on a comme ça sous le nez ce trop plein de réalité qui explose, les Français
14:55 sont stupéfaits par ce qui se passe.
14:57 Et nos gouvernants sont complètement dépassés.
14:59 Alors, comment comprenez-vous le contraste entre ce qu'on pourrait appeler la fabrication
15:02 du martyr ? C'est-à-dire, il y a le drame indéniable de la mort du jeune Yaël.
15:07 Donc, sans le moindre doute, mais qui est traité par plusieurs.
15:12 On voit des personnalités s'emmêler en disant ce qui se passe là, c'est tragique,
15:16 ça engage l'ensemble de la nation.
15:17 Et si on se reporte quelques semaines ou quelques mois auparavant avec la petite Lola, alors
15:21 il y avait l'obligation de le penser comme un fait divers, sans signification sociologique
15:24 et politique.
15:25 Comment comprenez-vous ce contraste des représentations ?
15:28 C'est une forme de stratégie, oui, de chantage de ceux qui bénéficient d'appuis médiatiques
15:36 et qui ont ce réflexe indigné habituel, parce que c'est une réalité qu'ils ne veulent
15:41 pas voir.
15:42 Ils ne veulent surtout pas que les Français connaissent la réalité de l'insécurité
15:46 de ce pays, savent très bien que ce n'est pas du tout un cas isolé, que c'est au contraire
15:49 très représentatif de ce qui se passe tous les jours.
15:51 Et d'ailleurs, là, on parle beaucoup de ce qui se passe, de ces émeutes, de ces exactions.
15:56 Mais ça se passe tous les jours en France depuis très longtemps et on refuse de le
16:00 voir.
16:01 Et c'est ça, la réalité.
16:03 Autrement dit, on braque une caméra sur une réalité qui existait de semblable manière,
16:07 mais qu'on décidait de ne pas voir.
16:08 Mais bien sûr, avant les émeutes, on était à plus de 120 agressions à l'arme blanche
16:13 tous les jours en France.
16:14 On a des centaines d'agressions sexuelles, de viols, de tentatives de viol.
16:18 On a des milliers d'agressions physiques dites gratuites, non crapuleuses.
16:23 Et donc, évidemment, la réalité des chiffres est terrifiante.
16:27 Et nous, ce qu'on essaie de faire avec les réseaux sociaux, c'est de dire attention,
16:31 si on voit ici des bébés poignardés dans les poussettes, peut-être qu'il faudra
16:35 en parler.
16:36 Et on vous dit récupération, amalgame, extrême droite, peur sombre.
16:39 Et là, le narratif change.
16:43 Violence policière, etc.
16:46 Discrimination, racisme systémique, c'est un carburant idéologique majeur pour la gauche.
16:53 Donc, évidemment, la récupération, les amalgames, tout est autorisé, recommandé
16:58 et très fortement conseillé, on va dire.
17:01 - Qu'est-ce qui a changé depuis la France Orange Mécanique ?
17:04 Qu'est-ce qui a changé depuis les émeutes de 2005 ?
17:06 Qu'est-ce qui a empiré ?
17:08 Et à quoi est-ce dû ?
17:10 - Alors, il y a chaque année, je crois qu'on a battu l'année dernière le nombre de titres
17:17 de séjour délivrés, le nombre de demandes d'asile octroyées.
17:21 Je crois que les visas sont toujours à un niveau extraordinaire.
17:23 Il y a cette immigration de quantité qui est complètement...
17:27 Parler d'assimilation est un délire total parce qu'on est sur des chiffres qui sont
17:32 vraiment énormes.
17:33 On atteint, je crois qu'on est à 10% d'immigrés, 12% de descendants directs d'immigrés sur
17:38 trois générations.
17:39 Ça fait 19 millions de personnes.
17:41 Évidemment, pas tous issus des pays qui sont surreprésentés dans la criminalité, mais
17:46 tout de même, ça en représente une forte partie.
17:48 Et évidemment, cette délinquance suit cette immigration de masse qui n'a jamais été
17:56 souhaitée par le peuple français, encore une fois, qu'on a imposée au peuple français
18:00 et qui a des conséquences, qui a un lien direct avec cette criminalité.
18:03 Dans la France Orange Mécanique, j'avais montré que deux tiers des crimes et délits
18:07 étaient commis par des individus issus de cette immigration extra-européenne en particulier.
18:12 Évidemment, ça n'a aucune raison que ça s'améliore.
18:15 - On vous avait contesté à l'époque ?
18:16 - On m'a contesté, mais ça, c'est pas un problème.
18:18 J'ai utilisé les chiffres de l'INSEE, les chiffres de chercheurs qui ont fait des études
18:25 criminelles.
18:26 Et maintenant, aujourd'hui, plus personne, j'ai envie de dire, ne conteste ces évidences.
18:31 On va me dire que c'est social, que c'est la police, que c'est...
18:34 - Autrement dit, on ne conteste plus les faits, mais le type d'explication.
18:38 - Voilà.
18:39 - Donc les faits sont reconnus, mais on explique autrement.
18:41 - Maintenant, c'est la société.
18:42 Maintenant, c'est le racisme systémique.
18:43 C'est un argument qui est effectivement, qui vient des États-Unis et qui est plus pratique,
18:47 puisqu'on ne peut plus nier la réalité.
18:49 Ça se voit trop.
18:50 C'est beaucoup trop prégnant sur les réseaux sociaux.
18:53 On ne peut plus l'étouffer.
18:55 Donc oui, c'est vrai.
18:56 Mais vous n'avez pas compris.
18:58 Les coupables ne sont pas les coupables.
19:00 C'est la société.
19:01 Donc nous, on doit s'excuser.
19:03 On doit payer.
19:04 On doit trouver des structures, de l'éducation, etc.
19:05 Du moment que c'est la société, la gauche est sauvée en quelque sorte.
19:11 C'est social.
19:12 Ça nous fait une mission.
19:13 Il faut beaucoup d'investissements, d'argent public, de structures.
19:16 En tout cas, on ne peut pas, il ne faut pas punir.
19:19 Il faut comprendre.
19:20 On est toujours dans le même discours de la culture de l'excuse, qui est très tenace
19:24 et qui est là depuis les années François-Ange-Mécanique, mais même avant cela.
19:28 D'ailleurs, diriez-vous, il nous reste une minute quarante avant la pause, diriez-vous
19:32 que cette culture de l'excuse, elle aussi, s'est radicalisée ou elle est désormais
19:35 remise en question dans l'espace public ?
19:36 C'est-à-dire qu'elle est là depuis très longtemps et c'est un mode de fonctionnement
19:41 de la justice maintenant.
19:42 Vraiment, prenez votre code pénal.
19:45 Vous allez assister à n'importe quelle audience et vous verrez que la loi est plus que pas
19:50 appliquée, c'est-à-dire qu'on est énormément, les réquisitions du parquet vont être très
19:54 inférieures à ce que prévoit le code pénal, quel que soit le type d'affaires, mais y compris
19:57 dans les crimes de sang, dans les affaires très graves, les condamnations prononcées
20:01 sont encore inférieures aux réquisitions.
20:03 Les condamnations effectuées, j'en parle même pas, puisqu'il y a les remises de
20:06 peine, les bracelets électroniques, etc.
20:08 Donc, il y a un sentiment d'impunité qui était déjà massif, qu'il a avec les émeutes,
20:12 c'est accru, mais de manière vertigineuse, puisque vous aurez peut-être 0,01% des types
20:18 qui ont commis des exactions qui auront affaire à la justice, donc c'est une catastrophe.
20:23 Et ça, évidemment, va alimenter le crime au premier chef, parce que si on appliquait
20:29 ne serait-ce qu'à demi le code pénal, je peux vous dire que ce serait pas du tout la
20:33 même chose.
20:34 Il nous reste 30 secondes avant la pause.
20:35 Vous disiez que l'État n'applique pas le code pénal, mais après, il n'applique pas
20:38 sa politique, mais cela dit, il a tendance à dénoncer sévèrement, les autorités
20:42 ont tendance à dénoncer sévèrement ceux qui font vos constats.
20:45 Donc si je comprends bien la logique, on décide de punir le messager plutôt que de combattre
20:49 un essendier.
20:50 Oui, je pense que c'est plus facile de jeter l'opprobre médiatiquement sur des lanceurs
20:56 d'alerte qui font du mal à notre communication et à tous nos efforts et à nos cabinets
21:01 de conseil que de traiter un problème aussi compliqué à traiter.
21:05 Laurent Auberton, l'invité de Mathieu Bocote ce soir.
21:11 On s'intéresse bien évidemment à la situation en France.
21:14 La crise, les émeutes, l'épillage, on marque une très courte pause.
21:17 Restez avec nous sur CNews.
21:19 Mathieu Bocote, Arthur de Vatrigan, Laurent Auberton, c'est tout de suite.
21:24 Restez avec nous sur CNews.
21:27 Et de retour sur le plateau de Face à Bocote, bienvenue si vous nous rejoignez toujours avec
21:32 Mathieu Bocote, Arthur de Vatrigan et votre invité ce soir, Laurent Auberton, journaliste
21:39 et écrivain.
21:40 Vous parlez de la situation que traverse la France, les émeutes, l'épillage, situation
21:45 de crise.
21:46 Vous y revenez dans un instant.
21:47 Mais avant le rappel des titres, avec vous Isabelle Piboulot.
21:50 Bonsoir Isabelle.
21:51 En proie à des heurts et des pillages hier, Marseille se prépare à une nouvelle soirée
21:57 de tensions.
21:58 Manifestations interdites, transports en commun à l'arrêt, espaces publics dégagés.
22:03 Les autorités ont renforcé les effectifs des forces de l'ordre.
22:07 Trois compagnies de CRS, soit 200 agents, ont été envoyées dans la cité phocéenne.
22:12 Pour l'heure, selon une source policière à CNews, sept individus ont été interpellés,
22:17 pris en flagrant délit de vol dans un magasin.
22:20 La responsabilité des parents de plus en plus pointée du doigt.
22:24 Eric Dupond-Moretti ne mâche pas ses mots.
22:26 Ce n'est pas à l'Etat d'élever les enfants.
22:29 Il faut redire aux parents qu'ils tiennent leurs gosses, a lancé le garde des sceaux
22:33 lors d'un déplacement au tribunal judiciaire de Créteil.
22:36 Les auteurs des incivilités sont en partie des mineurs, en moyenne âgés de 17 ans,
22:41 selon le ministre de l'Intérieur.
22:43 Et puis côté transports en commun, les derniers métros parisiens fermeront leurs portes autour
22:48 d'une heure du matin.
22:49 Le trafic se terminera une heure plus tôt que d'habitude, pour la sécurité des agents
22:54 et des voyageurs et afin de limiter la propagation d'éventuelles émeutes.
22:58 Pour rappel, hier, Ile-de-France Mobilité avait annoncé la fin des services de bus
23:03 et tramway à 21h tous les soirs.
23:06 Jusqu'à nouvel ordre.
23:07 Merci Isabelle Piboulot qu'on retrouvera à 21h.
23:12 Mathieu Bocotte, vous continuez avec votre invité d'analyser la crise que traversent
23:17 la France, les émeutes, les pillages.
23:19 On suit tout ça de très près bien évidemment sur C News.
23:21 Alors je reprends les mots d'Olivier.
23:23 Émeutes, violences, pillages.
23:25 L'exécutif à la recherche d'une explication croit en avoir trouvé une.
23:29 Les réseaux sociaux et les jeux vidéos.
23:31 Que vous inspire cette explication dans les circonstances actuelles ?
23:34 Je ris pour ne pas pleurer parce que c'est vraiment affligeant et ça montre vraiment
23:41 le décalage incroyable de l'exécutif qui a quand même eu pas mal de temps pour préparer
23:45 une communication un petit peu élaborée avec sa cellule interministériale de crise
23:49 et sa jolie table ronde avec tous les ministres, l'air grave et qui donc nous sort cette
23:56 énormité qui n'a vraiment aucun sens.
23:59 Les réseaux sociaux, à la limite on pourrait dire oui, certains jeunes qui veulent se donner
24:06 rendez-vous à tel ou tel endroit vont utiliser Snapchat, ils vont se filmer dessus, ils vont
24:10 s'amuser, ça augmentera un petit peu leur prestige auprès de leurs camarades.
24:17 Certes, mais j'ai vu un émeutier avec une tronçonneuse.
24:20 On ne va pas interdire les tronçonneuses en France.
24:22 Je vous le disais, il y a 120 coups de couteau par jour dans ce pays.
24:26 On ne va pas interdire les couteaux à l'ensemble du territoire.
24:30 Ça n'a aucun sens.
24:31 Donc évidemment, ce sont des outils, chacun s'en sert de la même manière.
24:35 Simplement, encore une fois, on tape à côté.
24:38 Si on faisait simplement appliquer la loi, on n'aurait pas besoin d'interdire quoi que
24:42 ce soit.
24:43 Mais malheureusement, c'est un réflexe fréquent en France, c'est-à-dire il y a une demande
24:47 d'interdit qui est forte.
24:49 Le citoyen aime bien entendre ce genre de discours.
24:52 On va interdire les choses, ça va régler des problèmes.
24:55 Mais on ne se rend pas compte que l'interdit ne va le pénaliser que lui, puisqu'il n'y
24:59 a que lui qui respecte les interdits, qui a peur de la police, de la répression.
25:06 Lui, il paye la note, comme je l'ai dit.
25:07 Il est bien élevé, il est parfaitement domestiqué, M. Moyen.
25:10 Et donc, il n'y a que lui qui va faire les frais de cette politique-là.
25:14 – D'accord.
25:15 Laissons de côté les réseaux sociaux.
25:17 On pourrait dire que c'est une évolution des techniques de communication.
25:19 68 est impensable sans les transistors.
25:22 On pourrait penser qu'aujourd'hui, le type d'émeutes que nous connaissons sont
25:25 impensables sans les techniques de communication qui sont les nôtres.
25:27 Jeux vidéo.
25:28 Alors, on se retrouve effectivement devant une jeunesse, les émeutiers sont de plus
25:32 en plus jeunes et de plus en plus violents, et d'une violence de plus en plus désinhibée.
25:37 Alors, l'explication de l'exécutif, c'est… pas que l'exécutif, jeux vidéo.
25:42 Alors, je devine que cette explication ne vous satisfait pas non plus.
25:46 Mais quelle est la vôtre ?
25:47 – Elle ne me satisfait absolument pas parce que beaucoup de pays
25:53 sont énormément consommateurs de jeux vidéo.
25:56 Le Japon, la Suisse, et ce sont des pays qui n'ont pas du tout
26:00 les problèmes que nous connaissons.
26:03 Donc, cette explication, encore une fois, me paraît n'avoir aucun sens.
26:07 Je pense que cette ultra-violence banale à laquelle nous assistons
26:11 et qui nous saute aux yeux aujourd'hui, mais encore une fois,
26:14 qui est quotidienne en France, réside dans la sensation d'impunité
26:20 qui est vraiment frappante de ces groupes, de ces bandes, pour qui…
26:24 C'est-à-dire, c'est vraiment… là, on est sur une explication sociologique abyssale.
26:29 Eux, de leur point de vue, shooter dans la tête d'un type inconscient, c'est rigolo.
26:34 D'ailleurs, on le voit sur les vidéos qu'ils font, ça les amuse beaucoup,
26:39 de brûler une voiture, d'agresser une vieille dame…
26:41 – Oui, parce qu'il y a une forme d'hilarité, l'agression, il a !
26:43 – Oui, c'est bizarre, mais sérieusement, c'est un amusement,
26:47 c'est ludique de leur point de vue.
26:49 On marque des points auprès des copains,
26:50 on montre qu'on est prêts, qu'on a encore moins de limites que les autres,
26:53 qu'on est prêts à aller encore plus loin dans le mal, et ça nous amuse beaucoup.
26:58 Et c'est pour ça qu'on parle d'ensauvagement, de décivilisation,
27:00 parce qu'il y a un gouffre qui s'est créé entre ces populations
27:03 qui sont, encore une fois, complètement coupées du reste de la société.
27:07 Elles sont archi communautaires, elles n'ont pas à faire au reste de la population,
27:11 sauf dans la confrontation avec la police éventuellement.
27:15 Donc ce gouffre ne peut pas être comblé avec les rapports numériques de l'immigration aujourd'hui.
27:23 On ne parle pas de quelques individus, on a basculé dans complètement autre chose,
27:27 on parle de territoires entiers,
27:30 avec des citoyens qui n'ont jamais affaire à la population majoritaire.
27:33 Donc c'est ce que disait Gérard Collomb, on n'est peut-être même pas face à face,
27:37 mais ce pays est en train de se fragmenter en une forme de balkanisation,
27:44 comme vous le disiez, maintenant il y a des digicodes partout,
27:47 il y a de la sécurité privée partout, chacun va vivre dans ses petites résidences sécurisées,
27:51 ceux qui ont les moyens de le faire du moins.
27:54 Les frontières sont ouvertes, très bien, mais elles sont partout en réalité.
27:57 Alors, vous avez évoqué la communautarisation,
28:01 donc une volonté de vivre à l'écart, ce que certains ont appelé le séparatisme.
28:05 Et ça correspond à la réalité, on reviendra sur ça.
28:08 Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi une dimension de conquête de territoire
28:11 chez ces jeunes, chez ces voyous, qui veulent affirmer que désormais ils font la loi ?
28:15 Je ne dis pas que c'est théoriquement conçu,
28:17 je ne dis pas que c'est pensé, je ne dis pas que c'est intellectuellement réfléchi,
28:20 mais une forme d'instinct de conquête chez certains des plus jeunes ou d'autres,
28:23 qui disent désormais c'est nous qui faisons la loi ici.
28:26 Est-ce que cette dimension presque vitale ou vitaliste est aussi présente selon vous ?
28:30 Oui, c'est automatique, c'est-à-dire quand vous affrontez la police,
28:33 quand vous faites reculer des policiers, quand vous faites baisser les yeux aux passants,
28:38 quand vous tabassez n'importe qui pour une cigarette en regard de je ne sais pas quel prétexte,
28:42 vous montrez votre domination, c'est très primaire, mais c'est comme ça.
28:48 Vous vous imposez sur un territoire.
28:51 Et évidemment, comme je le disais, M. Moyen qui paye ses factures,
28:55 qui a sa voiture stationnée devant chez lui,
28:58 et bien dès qu'il peut, il va fuir de telle zone.
29:00 Malheureusement, ça le rattrapera, ça le rattrapera toujours.
29:03 Mais en attendant, des enclaves se créent de plus en plus grandes,
29:08 de plus en plus compliquées à accéder pour la police, pour les services et pour tout ce qui va avec.
29:13 Donc le problème s'aggrave.
29:15 Alors, vous parlez d'enclave.
29:17 On parlait aussi, je l'ai dit, de le fait que certaines bandes décident d'imposer une violence,
29:22 une souveraineté nouvelle, pourrait-on dire, dans certaines parties du territoire, dans les métropoles.
29:26 Dans les premiers jours, enfin, le lendemain, on se souvient, on demande la marche blanche.
29:30 Évidemment, il y avait la douleur de la mer, que l'on peut parfaitement comprendre.
29:34 Il y avait la douleur de plusieurs de la communauté.
29:36 Mais rappelez-vous, il y avait aussi certaines figures indigénistes qui étaient là
29:40 et qui cherchaient à encadrer l'expression de l'émotion,
29:42 à encadrer l'expression du sentiment d'indignation, de colère.
29:47 Est-ce que pour vous, dans cette violence en ce moment,
29:48 il y a une dimension explicitement politique, consciemment politique,
29:52 ou est-ce que la dimension politique est indirecte?
29:54 Alors, je pense que pour les émeutiers, il n'y a pas cette dimension-là.
29:58 Le marketing indigéniste et la gauche type France Insoumise espère,
30:05 au moins sur le papier, transformer cette colère en une révolution.
30:08 Ce n'est même pas une colère.
30:10 Transformer ces émeutes, ces exactions, en une forme de révolution,
30:14 justement, lui donner un sens politique qu'elle n'a pas du tout.
30:18 Et d'ailleurs, sur le terrain, quand...
30:21 Vous avez parlé de la bourgeoisie digicode.
30:23 Moi, je parle de la bourgeoisie quinoa.
30:25 Quand elle va essayer de montrer de la sympathie pour ses mouvements sur le terrain,
30:29 ça va très mal se passer.
30:31 On a vu un député éléphi qui en a fait l'expérience.
30:34 Monsieur Bilongo, je crois.
30:35 Voilà, monsieur Bilongo, qui a été malmené.
30:38 Et je peux vous dire que beaucoup de députés éléphi n'osent pas aller au contact
30:41 parce qu'ils savent très bien ce qui risque de leur arriver.
30:44 Donc voilà, ce rêve, ce fantasme d'une alliance intersectionnelle
30:51 va rester un fantasme.
30:53 Ça, c'est un très mauvais calcul, à mon avis, de la France insoumise.
30:57 Mais bon, on sait bien, c'est leur fond de commerce.
30:59 Est-ce qu'on peut reprocher une prostituée de porter des jupes courtes ?
31:03 Je ne sais pas.
31:04 En tout cas, pour moi, c'est un très mauvais calcul.
31:06 Arthur de Matrigan.
31:07 Vous parliez un peu plus tôt de domination.
31:09 Pensez-vous que le gouvernement craigne que ces émeutiers, ces racailles,
31:13 fassent tout pour éviter l'affrontement ?
31:16 Dans ce cas-là, comment pourrait-on inverser ce rapport de force ?
31:19 Qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
31:20 Aujourd'hui, je pense que le gouvernement ne craint qu'une mauvaise publicité.
31:26 Ça date pas d'aujourd'hui, d'ailleurs.
31:28 Il est vraiment basé sur la communication.
31:31 Les faits ne le préoccupent pas vraiment.
31:33 Mais par contre, l'impact médiatique des faits
31:35 et la répercussion que ça va avoir sur son image, sur son agenda,
31:39 là, évidemment, c'est vraiment tout le problème pour le gouvernement.
31:43 Et c'est pour ça que, donc, on a Darmanin qui va prendre ce rôle sarcosiste,
31:47 un petit peu à contre-temps, je trouve, mais qui va essayer de dire
31:49 "Vous allez voir ce que vous allez voir, la fermeté, etc."
31:51 Ça coûte pas cher et M. Moignan adore ce genre de discours.
31:54 Ça a toujours marché dans l'histoire de la France.
31:56 Peut-être que ça va encore marcher, que Darmanin va redevenir un petit peu populaire
32:01 et être en quelque sorte la béquille de ce gouvernement.
32:03 Mais si aujourd'hui, le gouvernement est confronté à une problématique,
32:07 c'est-à-dire qu'il ne peut pas s'attaquer à la réalité de la situation
32:11 et conserver à la fois l'estime de l'ONU,
32:15 comment dire, une bonne presse internationale, une bonne presse même nationale.
32:20 Il sait très bien qu'il est confronté à ses limites.
32:22 Il doit gérer une crise qui est digne du tiers-monde
32:26 avec des méthodes extrêmement démocratiques et irréprochables.
32:31 Et c'est impossible. Les deux ne sont pas compatibles.
32:33 C'est-à-dire, soit il veut régler réellement la crise
32:36 et il va être obligé de prendre des mesures radicales
32:38 et il va donc se mettre à dos le progressisme mondial.
32:42 Sinon, il va faire comme il fait, comme il va faire d'ailleurs, de la communication
32:47 en disant on va prendre des mesures, on va mettre des moyens,
32:49 on va tout reconstruire, la République, on va vivre ensemble, etc.
32:52 Et ça va continuer comme ça jusqu'à la prochaine.
32:56 Et nous allons revenir sur la question de ce que vous appelez les mesures radicales
32:59 qui pourraient être nécessaires.
33:01 Mais une étape avant, normalement lorsqu'on parle de ces questions,
33:04 il est d'usage d'être sévère envers la gauche.
33:06 Vous l'êtes.
33:07 Il est d'usage d'être sévère envers le gouvernement.
33:09 Vous l'êtes.
33:09 Il est d'usage d'être sévère envers les émulsiers.
33:11 Évidemment, vous l'êtes.
33:13 Mais vous ajoutez une case de plus à la sévérité,
33:16 ce que vous appelez Monsieur Moyen.
33:17 C'est un terme qui revient souvent chez vous.
33:20 Qui appelez-vous ou qu'appelez-vous Monsieur Moyen
33:23 et que lui reprochez-vous parce qu'on comprend
33:24 que vous n'êtes pas particulièrement tendre à son endroit ?
33:26 Alors Monsieur Moyen...
33:27 Est-ce de commune et mortelle ?
33:28 Voilà, c'est le prototype de la majorité silencieuse.
33:30 C'est-à-dire Monsieur Moyen, il est devant sa télé,
33:33 il regarde les JT des grandes chaînes, il soutient sa police,
33:37 il paye ses impôts, il paye ses factures, il travaille, etc.
33:42 Pour l'instant, ce sont plutôt des comportements civilisés,
33:45 des comportements qui relèvent d'une bonne morale civique.
33:46 Monsieur Moyen est très civilisé, il est parfaitement socialisé,
33:49 il ne comprend pas ce qui se passe,
33:51 il pense qu'il faudrait de la fermeté, de l'autorité,
33:53 il faudrait plus d'État, etc.
33:56 Et il attend.
33:57 Et il pense que l'État, la politique à laquelle il a à peu près tout délégué,
34:03 doit assurer sa sécurité,
34:05 doit du matin au soir gérer sa vie,
34:08 et surtout que lui ne se mouille pas les mains,
34:09 n'ait pas à prendre ses responsabilités,
34:11 et il veut croire en ce maître tout puissant,
34:14 en quelque sorte, pour ramener l'ordre.
34:16 Et ça lui va très bien, et ça l'empêche,
34:19 la responsabilité qu'il va mettre exclusivement sur l'État,
34:23 de se poser la question de ses propres responsabilités.
34:28 Quelles sont ses responsabilités ?
34:30 D'avoir laissé faire cette situation,
34:31 d'avoir été aussi peu sévère à l'endroit de ceux qui nous gouvernent
34:34 et qui échouent depuis très longtemps,
34:35 et d'attendre et de croire en quelque sorte à un miracle,
34:40 à ce que M. Darmanin se révèle un super président,
34:42 et fasse ce que tous les autres avant lui n'ont pas fait.
34:44 Il vit dans une fiction, et il ne veut pas voir en face la réalité.
34:48 M. Moyen, pour l'instant, c'est ce que je lui reproche.
34:51 Alors, il y a deux choses.
34:52 Vous lui reprochez d'avoir tout délégué,
34:53 en fait de faire confiance exagérément à l'État, je comprends,
34:56 mais quand vous dites qu'il a délégué toutes les responsabilités à l'État,
34:59 si je comprends bien votre logique,
35:00 mais vous me corrigez si je l'ai mal compris,
35:02 vous dites finalement que celui que vous appelez M. Moyen
35:04 devrait réclamer le droit de se faire justice lui-même ?
35:07 J'essaie de voir, de réclamer l'autodéfense ?
35:09 Si je comprends bien votre logique,
35:12 que devrait faire M. Moyen
35:14 pour finalement ne pas être simplement le joueur du pouvoir ?
35:17 Le gros problème de sa situation, on le voit actuellement,
35:19 c'est-à-dire qu'il attend, il a absolument confié à l'État le monopole
35:25 de sa défense et de sa sécurité.
35:27 N'est-ce pas le problème de toutes les sociétés démocratiques ?
35:30 Bien sûr, mais justement, la société qui a des règles démocratiques
35:34 a évolué en profondeur et maintenant, il est confronté à des situations
35:38 qui mettent en péril sa vie, très clairement,
35:41 et il attend toujours que la police réponde.
35:44 Et là, on a vu durant ces émeutes que des gens paniquaient
35:48 parce qu'ils étaient chez eux, que ça cramait dans la rue,
35:50 qu'on essayait d'entrer et que la police ne répondait plus.
35:53 Et ils se rendent compte que cet État à qui ils ont confié le monopole
35:57 de la justice, du maintien de l'ordre, etc. est complètement défaillant.
36:02 C'est une faillite absolument lourde que la loi n'est plus appliquée,
36:05 que la loi, encore une fois, qui est l'expression de la volonté générale,
36:08 qui est vraiment l'unité de base de l'ordre démocratique,
36:13 n'est plus appliquée à partir du moment où ce maître est son seul protecteur
36:18 et que ce maître est très jaloux de ce monopole.
36:20 C'est-à-dire que si lui, M. Moyen, on l'a vu,
36:23 on a vu un monsieur excédé qui a voulu menacer d'une arme les émeutiers,
36:29 lui, il a été embarqué et lui, il peut prendre très cher
36:32 parce que ce n'est pas normal de se suppléer à l'État.
36:34 Mais l'État est défaillant.
36:36 Donc là, il faut qu'il se rende compte, M. Moyen,
36:38 que cet État, il doit le juger beaucoup plus sévèrement
36:41 que ce qu'il a bien voulu faire jusqu'à maintenant.
36:44 – Alors j'en rends un peu votre propos, il y a M. Moyen,
36:46 il y a Mme Moyen, si je peux me permettre.
36:48 De plus en plus, on le note, les femmes,
36:51 il y a eu plusieurs reportages qui ont été faits sur ça,
36:53 d'essai de s'inscrire à des cours d'autodéfense,
36:55 que ce soit la boxe, les arts martiaux,
36:57 ils ont une petite bonbonne de poivre
37:01 pour être capable de poivre de cayenne pour se protéger.
37:03 Est-ce que les femmes, aujourd'hui, seraient les premières
37:05 dans le portrait que vous faites de la société majoritaire
37:07 à avoir intériorisé cette idée qu'on ne peut plus faire confiance aux autorités
37:11 et d'alors avoir intégré cette logique de l'autodéfense,
37:14 si je vous comprends bien ?
37:15 – Elles se sentent encore plus menacées parce qu'elles savent très bien
37:19 qu'elles représentent des proies faciles, en quelque sorte.
37:22 Et donc certaines vont soit adopter, comme vous le disiez, des vêtements amples,
37:28 peut-être même se convertir, ça arrive,
37:30 pour ne pas avoir de problème, dans certains quartiers on en est là,
37:33 et vont prendre des cours d'autodéfense, avoir des armes pour essayer,
37:38 en tout cas d'intimider leurs agresseurs, évidemment ça ne suffira pas,
37:41 c'est malheureusement perdu d'avance pour elles.
37:45 Donc évidemment, il y a une crainte qui est énorme,
37:48 et la seule expression de cette crainte peut être politique aujourd'hui,
37:53 puisque c'est ça, on a confiance en ce jeu électoral,
37:56 on se dit que si on vote, peut-être ça va,
37:59 mais M. Moyen est extrêmement conditionné,
38:02 on lui dit depuis des années et des années et des années
38:04 que s'il vote Mal, il aura la guerre civile, il ne voit pas qu'elle est déjà là,
38:09 il va encore espérer que quelqu'un de "présentable" va encore régler la situation,
38:14 et ça, ça dure depuis très longtemps,
38:16 et évidemment ça ne contribue pas à résoudre les problèmes.
38:19 – Arthaud de Vatriguin.
38:21 – Nous sommes ce soir, on va arriver à la troisième nuit,
38:24 a priori des meutes, vous avez écrit un scénario, Nanguiria,
38:29 peut-être le rappeler aux téléspectateurs lequel est-ce,
38:31 et quels sont les autres scénarios possibles ?
38:33 Qu'est-ce qui peut se passer demain ou après-demain ?
38:35 Je ne sais pas, par exemple on parle toujours de nuit,
38:37 est-ce qu'ils peuvent attaquer le jour,
38:39 ou alors non, c'est que la Francis Leftoe qui est de bois sorcier,
38:42 quels sont les scénarios possibles qui peuvent nous tomber dessus
38:44 d'ici lundi ou mardi ?
38:45 – Alors c'est très difficile à faire de la prospection,
38:49 on a l'impression que ça se joue selon le sentiment d'impunité,
38:53 là il y a eu beaucoup d'interpellations,
38:55 s'il y a quelques petites condamnations qui tombent,
38:57 peut-être que ça peut calmer certains,
39:00 peut-être qu'au contraire le mouvement va s'amplifier,
39:03 puisque maintenant j'ai vu qu'il y avait des appels de certains syndicats,
39:06 de certaines organisations d'ultra-gauche, de black bloc, etc.
39:10 pour essayer de leur côté de se greffer au chaos,
39:14 les renseignements sont très inquiets à ce sujet d'ailleurs,
39:16 se disent que peut-être s'il y a une organisation pas des émeutiers,
39:20 là pour le coup l'organisation politique des émeutiers
39:22 n'est pas imaginée pour l'instant,
39:24 mais que si derrière la gauche activiste s'organise,
39:27 ça pourrait vraiment compliquer les choses,
39:30 mais encore une fois, moi je pense que ça va se calmer petit à petit,
39:34 on va comprendre que peut-être on ne peut plus se servir partout comme ça,
39:39 sans que ça finisse par tomber quand même un petit peu,
39:42 et que les choses rentrent dans l'ordre,
39:44 puisque il y a le trafic aussi, il y a l'ordre de la cité quand même,
39:47 qui peut, même si les trafiquants peut-être
39:50 est un petit peu débordé par les petits,
39:52 comme on dit dans les quartiers,
39:53 ils vont un petit peu reprendre la main,
39:55 en disant maintenant vous êtes bien gentils,
39:57 mais l'économie doit reprendre ses droits en quelque sorte,
40:00 et ça va continuer jusqu'à la prochaine,
40:02 qui sera de plus en plus importante,
40:04 jusqu'à ce que l'État tout simplement ne tienne plus,
40:06 puisque les policiers sont au bout du rouleau aujourd'hui,
40:08 ils n'en peuvent plus,
40:09 et évidemment comme ils sont confrontés en permanence à cette hostilité,
40:14 qui n'est pas du tout un cas exceptionnel,
40:17 le refus d'obtempérer c'est tout le temps, tous les jours,
40:19 les insultes, les coups,
40:21 donc il y aura évidemment d'autres morts,
40:24 c'est inévitable, et c'est le postulat de Guérilla,
40:27 une descente dans une cité sensible,
40:29 un flic qui ne va pas tuer un jeune,
40:32 mais qui va en tuer cinq ou six,
40:33 et après, un jour, tôt ou tard, l'État n'arrivera plus à suivre.
40:39 - Guérilla, qui est la trilogie que vous avez publiée.
40:41 Vous avez évoqué il y a quelques instants l'idée que,
40:45 selon vous, le gouvernement se contentera d'une forme de maintien de l'ordre,
40:49 espérant que les choses finissent par passer,
40:52 et s'il voulait véritablement casser cette dynamique,
40:55 soit insurrectionnelle, soit des émeutes à répétition,
40:58 il devrait prendre des mesures radicales,
41:00 mesures qui seraient condamnées par ce que vous avez appelé
41:02 le progressisme mondial.
41:03 Alors, on en arrive évidemment à cette question,
41:05 dans votre esprit,
41:06 quelles sont les mesures radicales qui permettraient véritablement
41:09 d'inverser la tendance, de changer la donne?
41:12 - Alors, elles sont "radicales",
41:14 puisque, encore une fois, la simple application de la loi,
41:17 ce qui est permis par le code pénal,
41:20 quand on vous tire dessus, par exemple, avec des armes à grenailles,
41:23 vous avez le droit, vous êtes en état de légitime défense,
41:25 vous avez le droit d'abattre les personnes qui vous tirent dessus.
41:27 Les policiers ont ordre de ne pas riposter aux tirs.
41:30 - Mais vous imaginez le scénario, c'est-à-dire si les policiers,
41:32 dans les circonstances actuelles,
41:33 si les policiers se mettent à faire ce que vous évoquez.
41:37 - Mais c'est aussi un début de désémotier,
41:38 c'est-à-dire que le désarmement moral des policiers,
41:41 les policiers maintenant n'oseront plus se servir de leurs armes,
41:44 même s'ils sont menacés directement.
41:46 Ils ont, eux, dans leur tête des flics,
41:49 des règlements, l'IGPN, les médias, etc.
41:51 On voit ce qui est arrivé à ce policier.
41:54 Ils savent très bien qu'ils seront lâchés de partout,
41:56 que leur vie s'arrête.
41:57 Ils sont pères de famille aussi, ce sont des gens normaux,
41:59 il ne faut pas croire.
42:00 Et donc, ils vont être dans une situation de poaching ball,
42:04 mais encore démultipliés.
42:06 Et ils sont vraiment accablés de partout,
42:10 et ils sont très très mal aujourd'hui.
42:13 Donc, simplement, si la justice faisait son travail,
42:16 appliquer le code pénal, encore une fois,
42:17 il y a des...
42:19 Les appels à commettre des délits peuvent être punis
42:22 par trois, cinq ans, sept ans de prison
42:24 sur les circonstances aggravantes.
42:26 Les incendiaires sont très sévèrement punis par le code pénal,
42:28 mais ce code pénal n'est jamais appliqué.
42:30 Si celui qui incendie la voiture de M. Tout-le-Monde
42:33 se prend trois ans, quatre ans ferme derrière,
42:36 je peux vous garantir que ça va s'arrêter tout de suite.
42:38 Mais évidemment, il n'y a aucune volonté politique judiciaire.
42:41 On sait bien qu'en plus, la justice n'a pas du tout les moyens
42:44 de faire ça, puisqu'il n'y a pas de place dans les prisons.
42:46 Elle n'osera pas expulser les ressortissants étrangers
42:50 qui composent une très large part, justement,
42:53 de la clientèle de ces prisons,
42:55 et d'échoir de leur nationalité les personnes issues
43:00 de l'immigration qui composent l'autre grande part
43:03 de ces prisonniers, on ne le fera pas non plus.
43:05 Donc, ce sont des mesures qui sont hors de portée
43:09 d'un gouvernement comme le nôtre aujourd'hui.
43:11 Des mesures qui vous semblent inimaginables,
43:13 mais qui vous semblent nécessaires.
43:14 Qui sont extrêmement simples, qui sont légales
43:17 et qui sont évidemment nécessaires et qui mettraient un terme
43:21 vraiment très rapide à tout ça et pas seulement
43:23 aux émeutes qu'on vit actuellement, mais aussi
43:26 à ce qui est en train de se passer chaque jour.
43:28 - Je reviens à un des scénarios que vous avez évoqués,
43:31 c'est-à-dire les policiers qui auraient le droit de riposter
43:33 avec leurs armes lorsqu'ils sont attaqués à coup de bordier.
43:35 Vous faites la liste des armes possibles.
43:37 Vous voyez quand même, d'ailleurs,
43:39 vous voyez le scénario, vous avez écrit trois livres
43:41 sur cette question, guérilla.
43:43 Il y a quelque chose d'inimaginable dans le scénario
43:45 que vous présentez, c'est-à-dire si une telle violence
43:48 dans un tel scénario peut engranger une situation,
43:50 celle-là véritablement, sinon de guerre civile,
43:52 il n'y a absolument fait de guérilla généralisé
43:54 sur l'ensemble du territoire national.
43:56 Le monopole de la violence légitime concédée à l'État
43:58 vient avec un usage que l'on dit pondéré
44:01 et raisonnable de cette violence.
44:02 - Mais là, le gros problème, c'est que le monopole
44:04 de la violence légitime, on l'abandonne à la rue
44:06 quand c'est comme ça.
44:07 Les policiers ont vraiment cet ordre.
44:08 Arrêter les poursuites, arrêter les opérations,
44:10 ne riposter pas, dégager le terrain quand ça tourne mal.
44:14 Si c'était déjà des ordres, ça datait de Villiers-Lebel
44:17 ou même de 2005, des ordres avaient été donnés,
44:19 même en cas de tir, si vous essuyez des tirs,
44:22 des grenades, des plombs, vous ne ripostez pas.
44:24 Il ne faut pas ajouter à la bavure.
44:25 Donc, on abandonne...
44:27 - Donc, les territoires sont concédés, en fait.
44:28 Les territoires sont concédés à ceux qui osent tirer,
44:30 qui sont les dealers, qui sont les bandits,
44:32 qui sont les trafiquants, qui sont les voyous.
44:33 - En espérant que c'est temporaire,
44:35 on abandonne le monopole de la violence légitime à la rue
44:38 et on espère que ça va se calmer un petit peu tout seul,
44:41 qu'on va reprendre le contrôle petit à petit.
44:44 Mais ce calcul, encore une fois,
44:48 nourrit, favorise de telles explosions urbaines.
44:52 Si celui qui prend de tels risques sait qu'il s'expose
44:55 à quelque chose de sérieux,
44:56 je ne dis pas forcément par rapport à la police,
44:58 mais même par rapport à la justice,
45:00 il n'agira pas du tout de la même façon.
45:02 Là, si on voit ces scènes de pillage,
45:04 de types qui ne prennent même pas la peine
45:06 de se couvrir le visage pour dévaliser et casser,
45:10 s'ils risquaient un minimum, ils ne s'amuseraient pas autant.
45:13 Ça, c'est très clair.
45:15 - Arthur Le Batriglin.
45:16 Vous parlez tout à l'heure un peu plus tôt
45:18 des renseignements qui craignent,
45:20 vous avez dit, l'arrivée de la milice d'extrême-gauche, Black Box.
45:23 Comment ça fonctionnerait ?
45:25 Parce qu'il ne peut pas y avoir, je suppose,
45:27 d'alliance entre les Raqqais et l'extrême-gauche.
45:29 Qu'est-ce qu'ils craignent et ça va se matérialiser comment ?
45:32 - Alors, c'est-à-dire, encore une fois,
45:34 l'alliance intersectionnelle n'aura pas lieu.
45:36 Ça, c'est très clair.
45:37 C'est-à-dire que les activistes de gauche en rêvent.
45:43 Ils ont tenté de le faire à deux ou trois reprises.
45:45 Ça s'est très mal passé.
45:46 - Vous pensez à quoi en disant ça ?
45:48 - Il y a eu pas mal de mouvements comme ça
45:51 où ils ont tenté de se joindre aux émeutiers
45:54 lors de certaines crises sociales, etc.
45:56 en espérant fraterniser.
45:58 Et ça s'est très mal fini.
46:00 Ils ont été évidemment pris à partie.
46:02 Enfin voilà, ils seront les premières victimes
46:07 de l'enthousiasme des émeutiers, qui est assez indistinct.
46:10 Ils ne visent pas spécifiquement les symboles du pouvoir.
46:14 Ça, c'est faux.
46:14 Ils visent vraiment tout et n'importe quoi.
46:17 Ils brûlent des librairies, etc.
46:18 Mais ils ne savent même pas exactement
46:19 ce que c'est au départ, une librairie.
46:21 Et toutes les victimes sont bonnes
46:25 du moment qu'elles ne font pas partie de leur groupe.
46:26 Ça, c'est la seule chose qui est taboue.
46:30 Mais donc, il n'y aura pas d'alliance.
46:32 Mais dans les circonstances, on voit,
46:36 on l'a vu dans certaines grandes villes,
46:37 à Strasbourg par exemple,
46:39 une certaine jeunesse de gauche bourgeoise
46:41 qui se donne un petit frisson,
46:44 qui se dit qu'il y a le petit côté nihiliste,
46:47 la société est injuste, elle mérite d'être détruite.
46:49 Voilà, on en profite, on va lancer des cailloux sur une banque.
46:52 Et cette convergence rend encore la situation
46:54 plus compliquée pour les policiers.
46:56 En fait, ça va les monopoliser.
46:58 Et donc, le danger est là.
47:00 Ça commence à faire beaucoup.
47:01 Et quand on voit, on parle quand même de milliers de personnes
47:06 pour ces émeutes.
47:07 Si à chaque fois, on augmente le nombre d'émeutiers,
47:10 les policiers sont clairement numériquement débordés.
47:13 - Et on revient à la question de la violence.
47:15 Et là, vous évoquez deux types de violences distinctes.
47:17 Il y a la violence des antifas, qui est une violence ciblée,
47:20 une violence politique, pensée organisée.
47:23 Et la violence des émeutiers, vous me direz,
47:24 si j'ai le bon terme dans votre esprit,
47:26 vous présentez cela davantage comme une violence sauvage
47:29 ou presque une violence nihiliste,
47:30 une violence qui s'accomplit dans l'hypnose de détruire.
47:34 Est-ce que vous décrivez quelque chose qui ressemble à ça?
47:37 - Oui, c'est vraiment un phénomène de groupe,
47:40 dans ce que le groupe a de plus primaire.
47:44 C'est-à-dire, on a tous des groupes sociaux
47:47 dans lesquels on essaie d'être reconnu,
47:49 de se faire bien voir, d'exister.
47:51 Et bien là, c'est la même chose,
47:52 sauf que les critères de reconnaissance
47:54 ne sont pas du tout les mêmes.
47:55 Et la transgression, la violence,
47:59 le fait, encore une fois, de...
48:01 Voilà, moi, j'ai peur de rien, j'assomme un mec,
48:03 ça me fait rire.
48:05 Je sais que le groupe va dire, lui, c'est un vrai.
48:07 Il a un beau palmarès judiciaire.
48:11 - Est-ce que vous préférez le lien entre ça
48:12 et le fameux refus d'obtempérer?
48:13 C'est-à-dire, désormais, c'est presque un rituel
48:15 d'initiation civique ou anti-civique
48:18 de ne pas accepter le refus d'obtempérer
48:21 pour prouver qu'on appartient à l'ordre de la cité
48:23 plutôt qu'à l'ordre politique.
48:25 - Celui qui va soumettre son discuté à la police,
48:27 c'est une baltringue, c'est le pire qu'on peut imaginer.
48:30 Donc, évidemment, il faut qu'il ait un peu de panache,
48:32 il faut qu'il montre qu'il existe.
48:35 Et oui, c'est parfaitement puéril,
48:37 mais c'est ce jeu permanent entre la police
48:39 et entre cette jeunesse.
48:42 Et évidemment, des fois, ça reste des mots,
48:46 ça reste des intimidations,
48:48 mais ça dérape de plus en plus.
48:50 Et pour un rien, on voit des conséquences absolument tragiques.
48:54 On sort des couteaux pour rien, maintenant.
48:56 - Il nous reste deux minutes.
48:57 Alors, je ne vais pas vous transformer en optimiste ce soir.
49:00 Ce serait, je crois, un rôle un peu forcé.
49:02 Mais vous êtes à court terme, on peut s'attendre
49:04 à ce que les émeutes s'épuisent,
49:06 parce que l'ordre des cités, l'ordre des dealers
49:09 cassera le mouvement des émeutes.
49:11 Ça, c'est ce qu'on peut comprendre ?
49:12 - Oui, parce qu'il n'y a pas d'organisation politique
49:15 dans ces émeutes.
49:16 C'est un opportunisme total.
49:19 Les gangs sont souvent des bandes rivales.
49:23 Les rivalités vont revenir aussi.
49:26 L'ordre du deal, effectivement, va avoir son importance.
49:30 Peut-être quelques condamnations par-ci, par-là,
49:33 qui peuvent enlever certains meneurs du paysage.
49:37 Une réaction générale aussi, de se dire
49:40 "bon, maintenant, on commence à parler
49:42 de suspendre les aides aux parents, etc."
49:47 Voilà, certains vont commencer à essayer de calmer le jeu.
49:50 Donc, tout ça cumulé, ça devrait se tasser.
49:55 On devrait passer à autre chose.
49:57 Et c'est là qu'il y a le problème.
49:59 C'est que justement, M. Moyen serait bien inspiré
50:01 de ne pas se rendormir cette fois-ci,
50:03 de réfléchir à la situation, de la regarder en face.
50:05 Et évidemment, nos responsables aussi.
50:07 Mais là, pour le coup, c'est très optimiste, beaucoup trop.
50:10 Jusqu'à la prochaine.
50:11 - On a le temps d'une dernière question.
50:14 La prochaine qui, évidemment, dans votre esprit,
50:16 sera de plus en plus grave, jusqu'à une crise
50:18 qui pourrait changer de nature et enflammer
50:20 l'ensemble du pays durablement ?
50:22 - Oui, bien sûr.
50:24 S'il y a une organisation un peu plus élaborée
50:26 qui se met en place,
50:28 on sera dans une situation...
50:33 La police sera débordée.
50:35 Ce sera...
50:36 Le gouvernement peut, pour le coup, tomber.
50:38 - Et un grand merci à tous les trois.
50:40 Merci, Laurent Oberthon.
50:41 On rappelle votre actualité, c'est la sortie de FURIA,
50:43 le numéro 7 de votre revue trimestrielle.
50:46 Ce sera le 12 juillet, semble-t-il.
50:48 En un mot, qu'est-ce qu'on y trouve ?
50:50 - Alors, dans la FURIA, revue créée par Laura Manier,
50:54 moi-même, Marceau, Papacito,
50:56 on trouve beaucoup de...
50:59 Comment dire ?
51:00 De piquants, d'épices,
51:02 pour analyser l'actualité, analyser la société
51:06 et essayer quand même de rire un peu de tout ça,
51:09 parce que ça peut nous aider aujourd'hui.
51:12 - Une revue à découvrir.
51:13 Donc merci, Arthur de Vatrigan.
51:15 Merci beaucoup, Mathieu Bocot.
51:16 Et une émission à revoir sur notre site www.cnews.fr.
51:19 Restez avec nous sur notre antenne.
51:21 Dans un instant,
51:22 Eliott Deval pour Soir Info.
51:24 On vous informe tout au long de la soirée
51:26 et même de la nuit sur l'évolution de la situation
51:28 avec nos équipes sur le terrain.
51:30 Eliott Deval qui s'installe dans quelques secondes.
51:33 Restez avec nous sur CNews.
51:34 Excellente soirée sur notre antenne.
51:36 *musique*