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Sandrine Rousseau, députée EELV de Paris, était l'invitée du "8h30 franceinfo", vendredi 16 juin 2023. Ligne ferroviaire Lyon-Turin, immigration, retraites... Elle répondait aux questions de Lorrain Sénéchal et Agathe Lambret.

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00:00 *Musique*
00:06 - Bonjour Sandrine Rousseau. - Bonjour.
00:07 - Une manifestation contre les chantiers de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin est prévue demain.
00:13 Elle a pourtant été interdite par le préfet de Savoie en raison de risque de débordement.
00:17 Plusieurs organisations voudraient manifester.
00:19 Par exemple, il y aura le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle,
00:23 la présidente du groupe France Insoumise à l'Assemblée, Mathilde Panot.
00:27 Est-ce que vous, vous allez vous y rendre ? Est-ce qu'ils ont raison d'aller sur place ?
00:30 - Alors, ils ont raison d'aller sur place et c'est très bien qu'il y ait des élus qui aillent sur place
00:36 pour protéger aussi les manifestants et pacifier les situations sur place.
00:42 Mais moi, je ne pourrais pas y aller parce que j'ai déjà des engagements tout le week-end.
00:46 Mais si j'avais été libre, je serais évidemment allée.
00:49 - Protéger les manifestants contre qui ?
00:52 - Protéger les manifestants presque, j'ai envie de dire, parfois contre certains d'entre eux
00:58 qui peuvent vouloir faire déborder le vase et puis mettre aussi des écharpes
01:07 entre les forces de l'ordre et les manifestants, de sorte que les affrontements ne soient pas directs.
01:12 Et je tiens à apporter mon soutien ici aux soulèvements de la terre qui sont menacés de dissolution.
01:18 - Alors, il y a un paradoxe, c'est que ce projet, il est aussi soutenu au nom d'arguments verts
01:22 parce qu'il permettra notamment d'alléger les routes alpines d'un million de poids lourds,
01:27 il permettra de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre.
01:30 On croyait que vous vouliez plus de trains et moins d'avions, non ?
01:33 - Oui, mais il y a déjà des lignes qui existent et en l'occurrence, en 20 ans,
01:36 le frais de ferroviaire entre la France et l'Italie a été divisé par 5.
01:41 Le frais de ferroviaire a été saccagé ces dernières années par manque de soutien public.
01:47 Donc en fait, les millions qui sont mis devraient plutôt être mis sur le soutien à un réseau de fret
01:53 partout en France, aux lignes existantes, à la rénovation des lignes existantes,
01:57 au renforcement des infrastructures déjà existantes.
01:59 - Ça suffirait, les lignes existantes suffisent.
02:02 - Mais là, en 20 ans, je vous dis, il y a eu une diminution par 5, par 5 du frais de ferroviaire.
02:06 - Donc on pourrait les multiplier par 5, c'est ce que vous dites.
02:08 - Sans aucun problème, puisqu'il y a 20 ans, ça existait.
02:10 Donc je veux dire, c'est vraiment...
02:12 Et ça, ça fait partie du problème dans lequel on est, où on ne pense que par la construction,
02:17 par des gros projets, etc.
02:20 Alors qu'en fait, on a déjà tout, là.
02:22 Mais il faudrait des moyens pour que ça fonctionne.
02:24 - Vous dites que les élus doivent se rendre à cette manifestation, même si elle est interdite,
02:28 même s'ils préfèrent, au doute, des éléments radicaux, plusieurs centaines.
02:32 Est-ce que vous prenez aussi l'installation d'une ZAD pour cranter l'installation ?
02:35 Vous dites qu'il faut s'installer...
02:36 - Là, maintenant, en France, on se met à avoir peur des ZAD,
02:39 alors que les ZAD sont quand même des zones, globalement,
02:42 juste, qui occupent des terrains pour le bien commun.
02:44 Enfin, je veux dire, il n'y a personne dans les ZAD qui défend un intérêt personnel,
02:47 dans cette affaire. On ne défend que la planète, en fait.
02:49 On ne défend que la planète.
02:51 Et la planète, en fait, on en a tous besoin.
02:53 Donc, je veux dire, il n'y a pas de risque majeur.
02:55 Et quand même il y a une ZAD qui s'installe, il y a une ZAD qui s'installe.
02:58 - C'est pas grave pour vous, une ZAD ?
02:59 - Non, c'est pas grave, non. Vraiment pas.
03:01 - Elles sont dans le viseur de Gérald Darmanin ?
03:03 - Non, ce qui est grave, c'est la disparition des oiseaux, des vers de terre,
03:07 le fait qu'il y ait des incendies incontrôlables au Canada,
03:10 le fait qu'on urbanise et on bétonnise encore les espaces naturels,
03:15 qu'on pense encore à construire des routes et des autoroutes,
03:19 là où on devrait, au contraire, planter des...
03:22 Enfin, je veux dire, c'est ça qui est grave.
03:23 Ça, c'est très grave.
03:24 - Ce que craint le ministre de l'Intérieur dans les ZAD,
03:26 c'est le foisonnement, l'installation...
03:28 - Le foisonnement d'idées qu'il y a dans les ZAD ?
03:29 - Alors, le corps, c'est plutôt de personnes...
03:30 - Moi, j'aime bien le foisonnement d'idées des ZAD.
03:31 - Il faut se radicaliser, c'est ce qu'il dit, en tout cas.
03:33 - Eh bien, pour avoir visité plusieurs fois des ZAD,
03:35 eh bien, il y a là-bas quelque chose de l'ordre d'une autre société qui s'invente,
03:38 et c'est vraiment très intéressant.
03:40 Et j'invite le ministre de l'Intérieur à y aller et à participer
03:44 au débat qui se déroule dans les ZAD,
03:46 parce que vraiment, une autre société s'invente.
03:48 - Mais Sandrine Rousseau, cette manifestation est organisée notamment
03:50 à l'appel des soulèvements de la terre,
03:52 une organisation qui est menacée de dissolution,
03:54 une organisation qui a dimanche saccagé des cerfs près de Nantes,
03:58 des cerfs pourtant à but environnemental.
04:00 Est-ce que ça, c'est grave et est-ce qu'on ne marche pas un peu sur la tête, là ?
04:03 - Non, mais on nous avait dit la même chose sur les OGM,
04:06 je ne sais pas si vous vous souvenez,
04:06 mais quand il y avait des écologistes qui arrachaient les OGM,
04:08 on disait "ah ben non, mais vous comprenez,
04:11 ça permettrait de moins utiliser de pesticides".
04:13 Bon, on voit que tout cela n'a aucun sens,
04:15 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a et les OGM et les pesticides,
04:18 et que rien n'a changé.
04:19 Donc, les soulèvements de la terre, ce qu'ils veulent,
04:21 c'est qu'on préserve la terre.
04:22 - Mais vous ne répondez pas à ma question.
04:23 Est-ce que c'est grave et est-ce qu'on ne marche pas sur la tête ?
04:25 - Non, ça n'est pas grave.
04:26 - De s'en prendre comme ça, des maraîchers, de saccager des cerfs, c'est pas grave ?
04:29 - Non, ça n'est pas grave.
04:30 - Vous encouragez ce type d'action ?
04:32 - J'encourage rien du tout, je dis juste que là,
04:35 on est dans une situation gravissime, mais gravissime.
04:38 On a perdu 800 millions d'oiseaux en Europe.
04:43 La biodiversité de la terre est en train de s'effondrer complètement,
04:48 de la terre au sens de la terre agricole.
04:51 Et quand est-ce qu'on réagit, en fait ?
04:53 Là, ce qu'ils font, c'est qu'ils défendent le fait qu'il n'y ait plus d'intrant,
04:56 le fait qu'on soit sur des modalités de culture,
04:59 qu'ils soient pour l'alimentation essentiellement,
05:02 et qu'on préserve aussi les revenus des agriculteurs.
05:05 Donc, il y a une révolution à faire.
05:07 Il y a une révolution du monde agricole à faire.
05:09 - Et la radicalité doit passer par l'illégalité et la violence, parfois ?
05:13 - L'illégalité, là, en l'occurrence, c'était une manifestation qui a été déposée, déclarée.
05:17 - Non, mais je parle de saccage, d'action de coup de poing.
05:19 - Déclarée, donc je veux dire, il n'y a pas de sujet, en fait.
05:20 - La destruction de serres expérimentales, ça reste une action violente.
05:23 - Oui, on s'en prend au bien, très bien, voilà.
05:26 - C'est une forme de violence légitime, c'est ce que vous dites.
05:28 - Moi, j'y suis pas allée, il y avait des élus, d'ailleurs, je pense qu'ils y étaient.
05:30 Et vraiment, je crois qu'aujourd'hui, la question, c'est comment on vit, quoi.
05:36 Comment on vit ?
05:38 Enfin, regardez ce qui se passe, mais regardez,
05:39 il y a des villages qui n'ont plus d'eau potable,
05:42 il y a des feux qui explosent, donc qui sont hors de contrôle,
05:46 il y a une pollution de l'air hallucinante,
05:48 et on continue, on continue comme si on ne voulait rien entendre.
05:50 - Le sujet est plus grave, selon vous, que la destruction des serres ?
05:52 - Mais bien sûr, on a trois ans pour agir,
05:54 et c'est trois années qui sont vraiment décisives.
05:56 C'est pour ça qu'il nous manque des politiques publiques,
05:57 c'est pour ça qu'il nous manque une volonté publique.
05:59 Et en venant, je vais vous dire, j'ai regardé le Twitter d'Emmanuel Macron
06:02 pour voir quand est-ce qu'il parlait d'écologie.
06:03 - Il va en parler aujourd'hui, a priori.
06:05 - Sans y arriver, voilà.
06:06 - Emmanuel Macron se rend aujourd'hui chez Safran pour présenter un plan
06:09 pour l'avion zéro émission, avec une enveloppe, a priori,
06:12 de 300 millions d'euros par an, dès l'année prochaine, pour soutenir la recherche.
06:15 Ça vous fait rire ?
06:16 - Non mais ça dit tout, ça dit tout.
06:18 Et voilà, on va chercher, et on va chercher le Yeti, quoi.
06:22 Enfin, on va chercher le DAU.
06:23 - Ça n'existe pas, l'avion zéro émission ?
06:25 - Non, ça n'existe pas, l'avion zéro émission.
06:27 Et toutes les prévisions disent qu'éventuellement,
06:30 on pourrait avoir un avion à hydrogène qui transporte éventuellement des passagers,
06:34 éventuellement en 2050.
06:36 Là, en fait, il faut aider maintenant.
06:37 Il faut trouver des alternatives maintenant.
06:40 Il faudrait que tout euro public que l'on dépense aujourd'hui,
06:43 dans toutes les politiques publiques,
06:44 on regarde l'impact en matière d'amélioration de...
06:49 Enfin, la diminution, pardon, des émissions de gaz à effet de serre,
06:52 et l'adaptation des personnes, et la question de justice sociale.
06:55 - Mais qu'est-ce que vous dites aux Indiens et aux Chinois, par exemple ?
06:58 Le transport aérien, ça va être multiplié par 5,
07:01 le nombre de vols domestiques en Inde d'ici 2042,
07:04 multiplié par 3 en Chine d'ici 2042.
07:06 - Mais que dit Emmanuel Macron aux Indiens et aux Chinois ?
07:09 - En fait, tant qu'on ne fait rien, on n'a rien à dire, en fait.
07:11 Et la France doit être exemplaire, précisément, elle doit montrer le chemin,
07:15 et elle doit faire des efforts qui sont énormes, conséquents.
07:18 Et dans ces cas-là, alors, on pourra aller voir la Chine et l'Inde en disant,
07:20 "On l'a fait, donc faites-le maintenant."
07:22 - Ça veut dire quoi, "montrer l'exemple" ?
07:24 - Mais "montrer l'exemple", ça veut dire...
07:26 - Arrêter avec les vols domestiques, par exemple, tous les vols domestiques.
07:28 - Mais bien sûr, les vols qui sont à l'intérieur des frontières françaises,
07:33 il y a des alternatives en train qui existent.
07:35 - Y compris un Marseille-Brive-la-Gaillard, par exemple.
07:39 - Mais oui.
07:40 - Et est-ce qu'il faut limiter les vols à 4 vols dans une vie ?
07:42 C'est ce que prône l'ingénieur Jean-Marc Jancovici.
07:44 - Mais quand Jean-Marc Jancovici, que je critique beaucoup par ailleurs,
07:48 et vraiment, et je ne pense pas qu'il dise le juste...
07:51 - Il est pronucléaire, par exemple.
07:53 - Oui, il est pronucléaire et il est phrasiciste.
07:56 Mais sur les 4 vols dans la vie, ce qu'il dit,
08:00 ce n'est pas "il faut aller à 4 vols dans la vie",
08:02 ce qu'il dit, c'est qu'on est dans une situation d'effondrement.
08:05 Et ça, il faut l'entendre aujourd'hui.
08:06 Nous sommes dans une situation d'effondrement.
08:09 Et donc, si nous ne prenons pas, nous, les rênes,
08:12 et que tout de suite, nous prenions des mesures très fortes,
08:16 comme la diminution du nombre de voyages en avion,
08:20 comme le fait de ne plus détruire
08:23 et de protéger le fait de diminuer les pesticides, enfin, tout ça,
08:26 si nous, nous ne prenons pas les rênes des politiques publiques,
08:29 et y compris pour accompagner les plus vulnérables,
08:31 alors on le fera dans le chaos.
08:32 Et le chaos ne permettra pas d'avoir une politique de justice sociale.
08:37 Et c'est cela, en fait, pour moi, l'enjeu.
08:38 C'est pour ça qu'il faut le faire maintenant.
08:39 - Sandrine Rousseau, députée Europe Écologie-Les Verts de Paris,
08:42 invité du 8.30, vous restez avec nous.
08:43 8h41, c'est le Fil Info avec Maureen Suignard.
08:46 - On peut continuer à avoir des relations
08:49 sans pour autant dérouler le tapis rouge à ce point.
08:52 L'incompréhension sur France Info du président
08:54 de la Ligue des Droits de l'Homme.
08:55 Le prince héritier d'Arabie Saoudite est reçu par Emmanuel Macron ce midi.
08:59 La LDH accuse le pays de mener des arrestations arbitraires
09:04 et de pratiquer la torture.
09:05 Après six mois de mobilisation contre la réforme des retraites,
09:08 les syndicats reconnaissent qu'ils n'ont pas réussi
09:11 à faire reculer le gouvernement.
09:12 Mais l'intersyndical prévoit déjà de se réunir à la rentrée
09:15 et appelle les salariés à se mobiliser sur la question des salaires.
09:19 Trois jours après le naufrage d'un bateau transportant
09:23 des migrants au large de la Grèce,
09:24 neuf personnes sont entre les mains de la police.
09:26 Neuf Égyptiens soupçonnés d'être des passeurs.
09:29 Des centaines de personnes sont portées disparues.
09:31 Et 78 corps ont été repêchés pour le moment.
09:35 Gibraltar, France, c'est à 20h45 ce soir.
09:38 Nouveau match de qualification à l'Euro 2024 de football.
09:41 Hier, le capitaine des Bleus, Kylian Mbappé, a surtout répondu
09:45 à des questions sur son futur en club.
09:47 "Rester au PSG est ma seule option pour, à ce stade",
09:51 réaffirme l'attaquant parisien.
09:57 Le 8/30 France Info.
09:59 Agathe Lambret, Laurence Enechal.
10:02 Toujours avec Sandrine Rousseau, députée Europe Écologie Les Verts.
10:05 Sandrine Rousseau, mercredi, un navire transportant des migrants
10:08 a fait naufrage au large de la Grèce.
10:10 Hier, Marine Le Pen était à votre place
10:13 et elle s'en est prise au rôle des ONG, complices des passeurs, selon elle.
10:17 Est-ce qu'on peut s'interroger sur le rôle des ONG ?
10:20 Non, mais c'est scandaleux.
10:22 Les ONG sont là pour sauver des vies,
10:25 pour permettre à des personnes de ne pas se noyer.
10:28 Là, ça n'a pas permis cela.
10:30 Mais je rappelle que l'année dernière,
10:32 il y a eu 1300 morts dans la Méditerranée.
10:35 1300 personnes.
10:37 Aujourd'hui, la Méditerranée est un cimetière.
10:39 Et nous, ce qu'on dit, c'est "on va faire de l'immigration,
10:43 uniquement si ça nous sert économiquement.
10:46 On va criminaliser les ONG, on va criminaliser l'accueil.
10:50 Je voudrais qu'on retrouve un petit peu d'humanisme dans cette affaire.
10:54 Et en l'occurrence, le réchauffement climatique,
10:57 puisqu'on en parlait tout à l'heure,
10:59 est aussi un facteur de migration très fort.
11:01 On prévoit qu'il y ait près de 216 millions de réfugiés climatiques
11:06 dans les prochaines années.
11:08 Vous voulez créer un pétage de réfugiés climatiques,
11:10 comme le prône les insoumis ?
11:11 Oui, et puis surtout, j'ai envie de vous dire que plus on ferme les frontières,
11:14 plus on est dans quelque chose de l'ordre du policier,
11:19 de la répression.
11:20 Alors que si on ouvre les frontières,
11:23 si on permet aux gens de venir et de repartir,
11:26 eh bien, en fait, on crée une espèce de flux
11:31 qui nous permettrait d'arrêter d'être dans la violence contre ces personnes,
11:36 parce que les parcours de migration aujourd'hui sont des parcours extrêmement violents.
11:39 Vous croyez vraiment qu'ils vont repartir ?
11:41 Je pense notamment aux femmes migrantes,
11:43 qui souvent subissent des viols et des violences sexuelles
11:47 le long de leur parcours de migration.
11:49 Et nous, on accepte ça.
11:51 Et quand même, j'ai envie de dire,
11:53 quand Marine Le Pen dit que les ONG sont le problème,
11:56 elle accepte que les gens meurent, en fait, dans la Méditerranée.
11:59 C'est ça qu'elle fait.
12:00 Elle accepte que les gens meurent, Marine Le Pen, vous dites ça ?
12:02 Oui, elle accepte que les gens meurent en Méditerranée
12:04 et qu'ils ne soient pas sauvés.
12:06 Eh bien, ça, c'est inadmissible.
12:08 Elle dit qu'il faudrait les sauver et les renvoyer au port d'origine.
12:12 Non, parce qu'elle ne veut pas qu'il y ait Frontex,
12:15 elle ne veut pas qu'il y ait les ONG qui les sauvent.
12:17 Donc, ça n'est pas vrai.
12:18 Elle veut que Frontex vienne en aide aux personnes
12:21 pour les renvoyer dans le port d'origine.
12:23 Non, mais elle ne veut pas mettre d'argent sur Frontex.
12:26 Non, mais en fait, non.
12:27 Elle ne veut pas mettre d'argent sur Frontex.
12:29 Et par ailleurs, ça n'est pas en les renvoyant comme ça.
12:31 Je rappelle quand même que l'essentiel de la migration
12:33 est intra-africaine aujourd'hui.
12:34 C'est-à-dire que l'essentiel des migrants sont accueillis
12:36 par des pays qui sont bien plus pauvres que nous
12:38 et qui sont en bien moins grande capacité à les accueillir.
12:41 Si on ouvrait les frontières, vous avez la certitude,
12:44 vous êtes convaincue que ces personnes viendraient chez nous,
12:47 ils repartiraient ?
12:48 C'est ce qui s'est passé dans les années 50 et 60.
12:50 C'est-à-dire qu'on a fait venir des travailleurs migrants
12:53 parce que l'industrie française, en l'occurrence, en avait besoin.
12:56 Et puis, ils pouvaient venir et repartir.
12:58 Et là, plus on durcit les conditions,
13:01 plus on oblige les gens, en quelque sorte,
13:04 à prendre des décisions définitives sur leur vie.
13:06 Et compte tenu, encore une fois, de la difficulté que ça représente,
13:10 pour bien comprendre que parfois, les familles se ruinent
13:15 pour faire passer un des leurs.
13:17 Ils ne sont pas les plus pauvres qui arrivent à faire la traversée.
13:19 Non seulement ce n'est pas les plus pauvres,
13:21 mais en plus, c'est souvent les personnes les plus dégourdies,
13:23 les plus diplômées, qui ont ce qu'on appelle un capital social le plus important.
13:27 Et nous, on les traite comme s'ils étaient inhumains,
13:30 comme si ça n'était plus des humains.
13:32 Et là, je crois qu'il faut revenir à la raison.
13:34 Sandrine Rousseau, la gauche est assez inaudible en matière d'immigration.
13:37 Est-ce que ce n'est pas tout simplement parce qu'il y a autant de lignes
13:40 que de couleurs au sein de la nupes ?
13:41 On a du mal à comprendre quelle est la direction.
13:44 Est-ce que c'est Fabien Roussel qui s'en prend aux frontières passoires,
13:47 ou est-ce que c'est vous qui voulez accueillir plus largement ?
13:50 Je ne crois pas qu'il y ait de différence de lignes pour le coup sur l'immigration.
13:53 Ah si, il y a des différences de lignes au sein de la nupe.
13:55 Fabien Roussel avait corrigé en disant que c'était les questions économiques,
13:58 c'était les marchandises et non pas les personnes.
14:00 Mais il n'est pas non-border, il n'est pas pour l'absence de frontières.
14:02 Quand je suis allée visiter par exemple des centres de rétention administrative,
14:05 dont il faut se dire que ce sont des zones de non-droit.
14:07 Aujourd'hui, en France, ce sont des zones qui sont fermées
14:10 et dans lesquelles sont retenues des personnes qui juste sont étrangées
14:15 et sont retenues dans des conditions parfois vraiment extrêmement difficiles.
14:19 Quand je visite des centres de rétention administrative,
14:21 je le fais avec des députés de toutes les forces de la nupe.
14:24 Et c'est ça aussi la force de la nupe, c'est de mettre les droits humains
14:28 avant les questions d'intérêt économique.
14:33 Justement.
14:34 Pour la migration comme pour tout le reste.
14:36 Sandrine Roussel, les sociétés se droitisent, l'opinion se droitise.
14:38 Est-ce que vous n'êtes pas en décalage avec ce programme
14:41 en disant qu'il faut accueillir plus à un moment où il y a une crise patiente ?
14:45 Je ne sais pas si l'opinion se droitise, parce que j'observe aussi beaucoup de solidarité.
14:49 Je salue par exemple, je vous conseille d'ailleurs de lire le livre de Cédric Heroux
14:54 qu'il a sorti dans la collection Libel, là où il explique
14:57 combien les populations se mobilisent pour accueillir des gens qui sont en détresse.
15:01 Cédric Heroux, je précise, c'est un berger des Alpes-Maritimes
15:04 qui a aidé des migrants à traverser la frontière.
15:07 Mais Sandrine Roussel, quand on essaie de relocaliser des migrants
15:10 dans des départements, dans des régions, ça pose très souvent des problèmes.
15:13 Ce n'est pas si facile que ça.
15:14 Oui, mais là-dessus, il faut vraiment distinguer une forme de violence
15:20 qui est exercée par des groupuscules d'extrême droite et qui sont peu nombreux
15:24 et une population qui, elle, est beaucoup plus incline à accueillir
15:28 à condition que ce soit dans des conditions correctes,
15:30 à condition que ce soit dans des conditions où il n'y a pas de parquage de ces gens
15:34 et que ça ne crée pas de problème autre que juste l'accueil.
15:39 Mais au contraire, les Français se mobilisent pour les accueillir.
15:42 Et la France est un pays traditionnellement d'accueil.
15:45 Donc, moi, je pense qu'il ne faut pas se laisser avoir par une espèce de guerre culturelle
15:49 qui est en train d'être menée par des groupuscules qui sont racistes, xénophobes
15:54 et qu'au contraire, on doit renouer avec la tradition d'accueil et de tolérance
15:59 qui est celle de la France et de droits humains.
16:01 Puisque l'essentiel quand même des gens qui arrivent là ont connu des atteintes énormes
16:06 à leurs propres droits humains, que ce soit dans leur pays d'origine ou sur le parcours de migration.
16:11 - Sandrine Rousseau, on évoquait tout à l'heure avec Agathe Lambret
16:13 les différences qui existent au sein de la gauche sur la question des frontières.
16:17 Autre point de désaccord, la question des retraites.
16:19 Vous promettez tout ça, c'est évident, de continuer le combat contre la retraite à 64 ans.
16:25 Mais qu'est-ce que vous espérez obtenir ? 60 ans, comme le réclame la France Insoumise ?
16:29 62 ans comme le portait Yannick Jadot, candidat écologiste à la présidentielle ?
16:33 - Eh bien déjà l'abrogation de la loi sur les 64 ans, ça on est tous d'accord.
16:38 Ensuite, moi je pense qu'il faut ouvrir la possibilité de partir dès 60 ans.
16:43 C'est d'ailleurs ce qui était dans le programme de la NUPES pour les élections législatives.
16:47 - Donc vous êtes ralliée à la position de la France Insoumise ?
16:49 - Non mais ça fait partie du programme de diminution du temps de travail dans la vie que nous portons.
16:54 La semaine de 4 jours, la diminution du temps de travail.
16:57 Pourquoi ? Parce que ce modèle, et ça c'est une question profonde de société,
17:02 ce modèle qui nous conduit à toujours produire plus, à travailler plus,
17:06 et à mettre toute une société en coupe réglée pour aller chercher de la croissance,
17:11 en fait c'est un modèle qui nous envoie dans le mur en matière écologique.
17:15 - Donc ça va avec la décroissance ?
17:17 - La décroissance, de toute façon, j'ai envie de vous dire, on va la subir.
17:20 - Elle est inévitable pour vous ?
17:22 - Elle est dans l'état actuel de notre économie, de l'absence de politique publique
17:25 et de l'absence de prise en compte des questions climatiques, elle est inévitable.
17:28 La seule chance que l'on ait, c'est que précisément en diminuant le temps de travail,
17:31 en ayant des politiques de transport public, en accompagnant l'isolation des logements,
17:36 en développant le fret, toutes ces politiques-là permettraient de gérer démocratiquement
17:41 et donc dans la justice sociale les grandes mesures à faire.
17:44 Comme nous ignorons cela, nous relégons le problème à plus tard
17:49 et nous aggravons la situation, ce qui la rend chaotique.
17:52 Je rappelle quand même que plus nous investissons aujourd'hui,
17:55 moins nous aurons d'argent à investir demain là-dessus
17:57 et que toute inaction coûte bien plus cher que l'action.
18:01 - Sandrine Rousseau, on va parler des ZFE dans un tout petit instant, si vous le voulez bien.
18:05 Vous quête députée Europe Ecologie-Lévers de Paris.
18:07 D'abord le Fil-Info, 8h51, Maureen Suignard.
18:10 - Il plaide l'accident, un coup parti tout seul alors qu'il nettoyait son arme.
18:15 Michel Pial, le mari de Karine Esquivillon, reconnaît avoir tué son épouse.
18:19 Les enquêteurs ont retrouvé son corps en suivant ses indications.
18:23 La mère de cinq enfants avait disparu en Vendée depuis un mois et demi.
18:27 Des plaintes pour tromperie, mise en danger de la vie d'autrui, homicide involontaire, 217.
18:32 Plaintes déposées au pénal en France contre Philips.
18:35 C'est une information de la cellule Investigation de Radio France.
18:38 Les plaignants accusent l'entreprise d'avoir commercialisé des appareils
18:42 contre l'apnée du sommeil contenant une mousse potentiellement cancérogène.
18:46 Si vous roulez en Ile-de-France, aujourd'hui, vous devez baisser votre vitesse de 20 km/h.
18:51 Avec le beau temps, l'épisode de pollution perdure.
18:54 Il faut aussi éviter les activités physiques en extérieur.
18:57 On apprend à l'instant que le pape François a quitté l'hôpital après son opération de l'abdomen.
19:01 Le souverain pontife de 86 ans peut rentrer au Vatican.
19:05 Il signe la meilleure performance mondiale de l'année sur le 50 mètres nation libre,
19:10 21 secondes et 56 centièmes. Performance de Florent Manodou au championnat de France de natation.
19:16 Le champion olympique se qualifie pour les championnats du monde.
19:19 Toujours avec Sandrine Rousseau, députée Europe Écologie des Verts.
19:31 Sandrine Rousseau, vous aviez réclamé un acte II de la NUPES. Où en est-il ?
19:34 Aujourd'hui, il était un peu au point mort et je le regrette.
19:38 Nous allons lancer des initiatives, je pense, au niveau parlementaire à la rentrée.
19:45 Parce qu'en fait, la NUPES est une construction, certes, faite dans l'urgence des élections législatives,
19:54 mais qui est extrêmement précieuse pour contrer les discours xénophobes, racistes de l'extrême droite.
20:02 Et en fait, il faut aujourd'hui que nous construisions l'espoir pour un peuple de gauche et de l'écologie,
20:07 et que nous arrivions à les convaincre que nous sommes en capacité de prendre le pouvoir et du coup de changer leur vie.
20:14 Et là, aujourd'hui, la NUPES ne me semble pas être en mesure de porter cela,
20:18 alors même que nous avons un projet sur la base des mesures qui ont été négociées lors des législatives,
20:25 mais que nous pourrions enrichir avec la confrontation à des intellectuels, à des syndicalistes.
20:29 Et pour cela, il nous faut avoir la volonté de continuer ensemble.
20:32 – Justement, et quand Jean-Luc Mélenchon cite Adrien Quatennens, par exemple,
20:35 comme potentiel candidat en 2027, qui a été condamné pour violence sur son ex-compagne, c'est acte II, ça ?
20:41 – Non, ce n'est pas l'acte II, et je sais que Jean-Luc Mélenchon fait une espèce de fixation là-dessus,
20:49 sur le fait qu'il faille faire revenir Adrien Quatennens, et je pense que c'est une erreur.
20:54 Je pense qu'il n'y a aucun parti de gauche aujourd'hui qui n'est exemplaire sur les questions sexistes,
20:58 enfin je veux dire, on ne va pas se voiler la face, mais là, ça n'est pas possible de présenter les choses de cette manière-là.
21:05 Mais par contre, faisons ensemble le bilan de ce qui s'est passé.
21:10 Jean-Luc Mélenchon, je me souviens qu'il a ouvert des meetings avec l'hymne des femmes,
21:15 et il a fait du féminisme un axe très fort de sa campagne pour les présidentielles,
21:21 et donc je voudrais qu'on renoue avec cet esprit-là,
21:24 qui est un esprit de défense des droits sociaux, et de défense des femmes en l'occurrence.
21:28 Il y a une image qui a beaucoup circulé sur internet ces derniers jours,
21:31 Sandrine Rousseau, c'est vous qu'on voit à Paris, chez vous,
21:34 vous êtes en train de faire barrage de votre corps à une intercassion entre un cycliste et un automobiliste,
21:38 d'abord bravo pour votre courage, parce que ce n'est pas forcément évident,
21:41 mais vous avez donc pu mesurer le niveau de tension dans le partage de la route aujourd'hui.
21:47 Dans ce contexte de tension arrivent les ZFE, les zones à faible émission,
21:52 les zones qui excluent les voitures polluantes,
21:54 les voitures polluantes souvent sont la propriété des classes les plus populaires,
21:58 est-ce que vous ne craignez pas qu'elles viennent ajouter encore une forme de violence à ces personnes ?
22:03 Ça va tendre les choses, c'est indéniable, mais précisément aussi parce qu'on manque d'une mobilisation de l'État sur cette question de ZFE.
22:11 Je rappelle pourquoi il y a des zones à faible émission,
22:13 parce qu'aujourd'hui il y a entre 40 000 voire 97 000 morts par an en France de la pollution de l'air.
22:20 Entre 40 000 et 97 000, c'est à peu près une ville comme Bayonne qui disparaît chaque année de la pollution de l'air.
22:28 Il faut quand même mesurer ça.
22:29 Et les principales victimes de cette pollution de l'air sont les gens qui habitent le long des axes routiers,
22:33 soit les personnes les plus pauvres.
22:35 Donc en fait il y a aussi un enjeu sanitaire pour les personnes les plus pauvres.
22:39 Mais vous avez raison, les personnes qui possèdent les véhicules les plus polluants
22:43 sont les personnes qui ont souvent le moins de moyens financiers,
22:47 qui habitent et qui ont été souvent d'ailleurs reléguées en périphérie des villes.
22:50 Et c'est pour ça qu'on ne peut pas faire des zones ZFE sans avoir des politiques publiques massives,
22:56 massives d'accompagnement.
22:58 Ça veut dire investissement massif dans les transports en commun,
23:01 ça veut dire accompagnement des personnes pour des changements de véhicules,
23:05 ça veut dire développer des zones de stationnement,
23:07 ça veut dire changer aussi le rapport à la ville,
23:10 faire en sorte que les emplois ne soient pas tous en cœur de ville et que les habitations soient...
23:14 Autrement dit on est en train de mettre la charrue avant les bœufs.
23:16 Exactement, et aujourd'hui on est dans ce qui rend l'écologie si impopulaire alors qu'elle est une urgence,
23:21 c'est qu'on impose et on gère ça par l'interdiction plutôt que par l'accompagnement.
23:26 Et vraiment là il y a un enjeu sanitaire majeur, je le redis,
23:29 parce que quand on parle des ZFE on n'en parle que sous l'angle des contraintes,
23:33 alors que c'est un enjeu de santé.
23:35 Sandrine Rousseau, Marlène Schiappa s'est expliquée devant les sénateurs mercredi,
23:39 elle a concédé des dysfonctionnements dans la gestion de l'organisation du fonds Marianne.
23:42 C'était ce fonds qui avait été créé après l'assassinat de Samuel Paty pour promouvoir les valeurs de la République.
23:50 Est-ce qu'elle doit démissionner Sandrine Rousseau ?
23:52 Est-ce qu'il y a un problème avec Marlène Schiappa ?
23:54 Oui, elle doit démissionner.
23:57 Et pourquoi ? Sur quelle base ?
23:58 Mais parce qu'on parle de la mort de Samuel Paty,
24:02 on parle de quelqu'un qui a été égorgé dans le cadre des cours qu'il faisait, il était enseignant.
24:10 On parle de quelque chose de très grave, on parle de quelque chose de solennel, on parle de quelque chose...
24:15 Et quand j'ai entendu une partie, parce que j'ai pas passé des heures là-dessus,
24:19 mais enfin quand j'ai entendu une partie de l'audition de Marlène Schiappa qui ne savait rien, qui n'entendait rien,
24:24 quand j'ai entendu une partie de l'audition de Sifawi qui dit que la lutte contre l'islamisme consistait à faire des tweets,
24:33 y compris par exemple des tweets contre moi.
24:36 Là on n'est pas du tout au bon niveau et on n'est pas du tout au bon endroit.
24:41 Mais il y a une information judiciaire qui est ouverte pour des soupçons de favoritisme notamment.
24:46 Il y a une information judiciaire qui est ouverte pour des soupçons de favoritisme, de subventions indues, vous citiez notamment Mohamed Sifawi.
24:52 Oui, Agathe Lambret a raison de le préciser, mais ça ne vise pas Marlène Schiappa en l'occurrence, elle n'est pas mise en examen.
24:56 Oui, mais à un moment donné c'est une question d'éthique et là la situation est suffisamment grave pour que...
25:01 Enfin, la politique c'est de l'éthique.
25:03 Est-ce que vous pensez comme Julien Bayou qui est député Europe Ecologie Les Verts aussi,
25:07 qu'en cas de simple mise en cause, un ministre doit démissionner parce que, c'est ce qu'il explique,
25:12 les ministres sont en situation de proximité potentielle avec le garde des Sceaux et donc en position potentielle de pouvoir être favorisés ?
25:20 Oui, et puis là je pense que la mémoire de Samuel Paty mérite qu'il y ait un acte politique qui soit posé.
25:26 Donc c'est un cas particulier, c'est ce que vous dites ?
25:29 Là en l'occurrence oui, je pense qu'il y a un cas qui... la nature de ce fonds Marianne,
25:34 ce pourquoi il a été créé, rajoute en effet de la tension sur ce qui s'est passé.
25:39 Sandrine Rousseau, merci beaucoup. Invitée du 8.30 ce matin, députée Europe Ecologie Les Verts de Paris. Bonne journée à vous.

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