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Art et designTranscription
00:00 -Bonjour à tous.
00:01 On est donc les éditions Robert Laffont.
00:03 On est très heureuses de vous présenter
00:05 notre magnifique rentrée littéraire.
00:08 On a 7 livres, 5 en français et 2 en littérature étrangère.
00:12 Et vous allez voir que tous ces livres sont très différents
00:16 les uns des autres.
00:18 Ils se marchent pas sur les pieds, ils sont complémentaires.
00:21 Il y a beaucoup de livres d'évasion.
00:24 Il y a peut-être un petit fil conducteur autour des femmes,
00:27 mais bon, à vous de voir.
00:29 On est en train de vous distribuer les petits carnets.
00:32 Et je vais passer la parole à Alice Dandigny,
00:36 qui s'occupe de la littérature française.
00:39 Ensuite, Claire Decero présentera la littérature étrangère.
00:43 Et Périne et moi, Catherine, sommes à votre disposition
00:46 pour toutes les questions, les demandes d'épreuves, etc.
00:51 Vous trouverez nos contacts à la fin du petit carnet.
00:55 Allez.
00:57 -Bonjour à tous. C'est assez impressionnant de vous voir aussi nombreux.
01:00 Merci. Le livre doit aussi être une fête.
01:03 Je suis très heureuse de vous présenter
01:06 la rentrée de littéraire française pour Herbert Laffont,
01:12 que nous avons choisie assez vaste.
01:16 Et je commencerai par le livre de Wilfried N. Sondé,
01:21 qui est un roman envoûtant.
01:25 Wilfried N. Sondé, vous le connaissez peut-être
01:27 pour "Un océan, deux mers et trois continents".
01:30 Il était auparavant publié chez Actes Sud et un peu malheureux.
01:34 Donc on l'a accueilli, et j'en suis très, très fière.
01:36 C'est un roman envoûtant
01:38 qui est l'histoire d'une toute jeune fille
01:42 qui naît et grandit dans le royaume du Bas-Congo,
01:47 ayant en tête que Wilfried N. Sondé, il naît lui-même au Congo,
01:51 a grandi à Brazzaville et après est venu en France.
01:54 Et cette petite fille a un destin exceptionnel.
01:59 Elle a vraiment existé,
02:01 mais Wilfried a écrit un roman très narratif,
02:06 très facile à lire, un peu à mettre entre toutes les mains.
02:09 C'est la raison pour laquelle j'insiste sur ce titre.
02:13 Et donc cette petite fille grandit dans son village du Bas-Congo
02:18 à une époque où le Bas-Congo était sous domination portugaise.
02:24 Le pays est exsangue,
02:26 et elle est le fruit à la fois de son éducation, de son village,
02:31 mais aussi de ce que les Portugais ont pu lui imposer
02:35 d'éducation jésuite.
02:36 Elle en fait une sorte de syncrétisme bien à elle,
02:40 et elle commence à parler autour d'elle
02:46 d'affranchissement, de liberté et de paix.
02:50 Évidemment, autour d'elle, elle attire l'attention,
02:54 mais progressivement, elle magnétise
02:56 et elle devient une figure pour tout le pays de résistance,
03:00 un peu à la manière d'une Jeanne d'Arc
03:04 ou d'une Bakhita locale.
03:08 Je vous dirai pas la fin, vous pouvez la deviner,
03:11 mais c'est un personnage qui nous emporte
03:15 et où Wilfried a un sens du détail des scènes assez merveilleux
03:22 qui fait qu'on a l'impression d'être avec cette jeune fille,
03:26 d'être au bord de la rivière où elle naît,
03:30 d'être avec elle dans le village et progressivement
03:33 dans ses itinéraires à travers le pays.
03:35 Voilà, c'est un roman qui est porté par cette narration,
03:42 par un sens du suspense que vous pourrez découvrir.
03:46 Les livres étant quasi tous prêts.
03:50 Voilà.
03:53 Le deuxième...
03:55 - Effectivement, pardon, je complète,
03:57 mais c'est un gros coup de cœur de toute l'équipe
03:58 parce que c'est un livre d'évasion,
04:00 à la fois dans l'espace et puis dans le temps.
04:02 On suit cette jeune fille, on est émus avec elle
04:06 et donc ça en fait vraiment une lecture
04:11 dans laquelle on se jette et qui nous emporte.
04:13 - Le deuxième livre que je vais vous évoquer
04:19 est celui de Abdelmalik.
04:21 Abdelmalik, vous le connaissez,
04:23 il a déjà publié plusieurs livres dont un sur Camus
04:27 et là, il raconte une amitié qu'il a eue avec Juliette,
04:34 c'est Juliette Gréco.
04:36 Il l'a connue pendant 15 ans, ils ont été très proches.
04:40 Ils se sont retrouvés, lui était tout jeune,
04:41 il était presque gamin,
04:42 et ils se sont retrouvés évidemment sur le terrain de la musique,
04:46 mais sur un certain nombre de terrains artistiques
04:49 qui fait qu'en fait, entre ce tout jeune homme
04:51 et cette femme qui est au soir de sa vie,
04:53 rappelez-vous qu'elle est morte à 93 ans,
04:56 ils avaient mille sujets à partager.
04:58 Et la grâce de ce texte,
05:01 c'est que vous retrouvez une Juliette
05:03 qui raconte un peu toutes ses émotions et ses batailles de sa vie.
05:09 Et comme donc, elle a vécu assez âgée,
05:12 elle parle de Prévert, de Barbara, de Brel.
05:16 Donc ça donne un texte très ouvert,
05:18 qui est une évocation sensible.
05:21 Et Abdelmalik étant musicien,
05:24 vous pouvez lire le texte presque à voix haute,
05:29 tant ses phrases sont sonores et généreuses.
05:35 C'est un texte court, 140 pages,
05:38 et Abdelmalik a bien l'intention de le défendre
05:40 parce qu'il parle de Juliette Gréco
05:44 comme pour lui,
05:46 une des morts glorieuses qui l'accompagnent,
05:50 chère à son cœur.
05:52 Voilà.
05:53 Le troisième texte que je voudrais maintenant évoquer,
05:59 c'est celui de L'Hormura.
06:02 L'Hormura, que vous connaissez peut-être pas forcément,
06:06 parce qu'elle a jusqu'à présent été plutôt historienne de la littérature.
06:09 C'est un texte que, personnellement, j'attends depuis 10 ans
06:13 et qui m'a particulièrement émue
06:15 parce que, pour la première fois,
06:17 elle raconte ce qu'est son enfance,
06:22 sa jeunesse, sa famille
06:24 et son parcours personnel.
06:28 Vous avez tous vu ou entendu parler de Dantanabé.
06:33 L'Hormura est né dans un monde qui est celui de Dantanabé,
06:36 dans un monde aristocratique
06:39 qui était un peu sous cloche, en voie de disparition,
06:44 et plein de codes
06:47 assez complexes à comprendre.
06:51 Et la singularité de sa famille, en l'occurrence,
06:53 c'est qu'aussi bien du côté de son père que de sa mère,
06:56 Proust avait été un ami de ses grands-parents,
07:01 assez proche pour, un, avoir été régulièrement chez eux,
07:05 et deux, devenir des personnages de la recherche du temps perdu,
07:09 ce qui n'arrive pas à tout le monde.
07:10 Mais ça ne suffit pas à faire un livre.
07:12 Ce qui fait ce livre et ce qui fait la grâce de l'Hormura,
07:16 c'est que quand elle a eu 18-20 ans, elle a découvert la recherche
07:20 et là, elle a eu une espèce de révélation.
07:23 Proust lui expliquait dans quel monde elle était née
07:27 et Proust lui expliquait aussi comment s'affranchir
07:31 de certains malaises tûts,
07:33 notamment concernant sa sexualité,
07:36 parce qu'elle est homosexuelle.
07:40 Et quand elle l'a dit à ses parents,
07:41 sa mère lui a répondu "Pour moi, tu es une fille perdue."
07:44 Et c'est donc tout son accomplissement dans la vie.
07:48 Elle vit maintenant à Los Angeles.
07:49 Elle enseigne, Proust, entre autres,
07:51 à des gamins de 18 ans américains,
07:53 donc imaginez-vous un peu le défi.
07:55 Et ça lui a permis une liberté de vie, de ton,
08:00 ce qui est particulièrement fort.
08:04 Je voudrais maintenant évoquer, dans un autre genre,
08:09 Louis-Henri de La Rochefoucauld,
08:11 qui est ce jeune romancier et critique à l'Express et à lire,
08:16 qui a publié un roman qui s'appelle "Les petits farceurs".
08:20 Alors, vous vous souvenez peut-être du film de Giannoli
08:24 l'année dernière, qui avait interprété
08:25 "Les illusions perdues" de Balzac.
08:29 Et "Les petits farceurs", c'est l'histoire de deux jeunes hommes
08:33 qui veulent conquérir Paris,
08:34 qui veulent devenir journalistes et romanciers.
08:36 Et comme Balzac disait de son propre personnage,
08:39 "Tu aurais pu être un grand romancier,
08:41 "tu ne seras jamais qu'un petit farceur."
08:44 Et le livre se passe aujourd'hui,
08:46 et ces deux personnages rêveraient d'être des grands romanciers
08:50 et font face à un monde assez cynique,
08:54 celui de l'édition et de la presse.
08:58 En même temps, ce cynisme passe par des moments très drôles.
09:04 Louis-Henri est un styliste hors pair, je vous assure.
09:07 On riait parfois tout fort en lisant son texte.
09:11 C'est un roman très amusant qui parle d'un monde
09:17 à la fois qui fascine et qui peut agacer également,
09:21 mais c'est ce monde du livre qui est un peu le nôtre.
09:24 Alors, nous ne sommes pas que des personnages affreusement cyniques,
09:27 je vous rassure.
09:28 - Et aucun libraire n'est maltraité dans ce livre.
09:31 C'est uniquement le monde de l'édition, de la presse
09:34 et un peu les auteurs quand même aussi, dans leur grande naïveté.
09:37 C'est vraiment du divertissement au meilleur sens,
09:39 avec une petite pointe de nostalgie,
09:41 parce que c'est aussi l'histoire d'une amitié qui s'effiloche
09:44 et des rêves qui se dissolvent avec le passage du temps.
09:47 - C'est tout ce paradoxe sur comment mener la création jusqu'au bout.
09:51 Et ça ne va pas sans bataille.
09:54 Enfin, le dernier texte que je voudrais vous évoquer ce matin,
09:59 c'est le seul que je ne peux pas vous donner à lire.
10:03 Je vais vous expliquer pourquoi.
10:05 C'est un texte, moi, je considère que c'est notre honneur
10:07 de le défendre.
10:09 Pardon pour ce mot solennel.
10:12 C'est l'honneur de Robert Laffont de défendre Eva Ionesco dans ce livre,
10:16 parce que vous avez peut-être entendu ou pas
10:20 sa vie assez compliquée avec un écrivain qui s'appelle Simon Liberati.
10:24 Ça avait commencé comme un grand amour.
10:26 Et souvenez-vous du livre qui s'appelait "Eva",
10:31 qui était sorti en 2015 chez Stock, où je travaillais à l'époque.
10:36 Ça a été un grand amour et après, ça a été un aussi grand désamour.
10:40 Il s'agit là d'un huis clos
10:45 où la question des violences conjugales est très présente.
10:50 Et ce titre, "La bague aux doigts",
10:53 c'est bien sûr l'anneau, l'alliance du mariage,
10:57 mais c'est aussi comme un cercle qui se retrécit
11:01 et qui, progressivement, l'apprend et l'angoisse.
11:08 Et il y a une scène très forte à la fin du livre
11:12 où Eva enlève son alliance parce qu'elle est épuisée
11:16 de tout ce qui se passe, de la maltraitance qu'elle a subie,
11:19 et elle la jette comme une espèce de geste de purification dans la cheminée.
11:27 Et le lendemain matin, c'est un soir, le lendemain matin,
11:29 Simon arrive avec un sac plastique plein de cendres
11:33 et lui dit "Tiens, cherche ton alliance".
11:35 Et là, il n'y a plus une goutte d'or.
11:38 Comme si, je sais pas, vous vous retrouvez dans Stephen King tout d'un coup.
11:41 Qu'est-ce qui s'est passé ?
11:43 C'est un livre où Eva ne s'épargne pas non plus,
11:47 mais c'est un livre très fort et nous sommes contraints pour l'instant
11:51 de le garder avant sa publication de crainte de représailles.
11:57 Voilà.
11:58 Mais vous l'aurez dès qu'il sera prêt.
12:02 Merci.
12:03 Pardon tout ce rythme un peu haché.
12:07 Et bonne lecture à tous pendant l'été.
12:11 (Applaudissements)
12:16 -Bonjour à tous.
12:18 Je suis ravie de vous parler de la littérature étrangère
12:20 avec deux titres.
12:21 Le premier, "La danse des damnés" de Kieran Millwood Hargrave.
12:28 Alors Kieran Millwood Hargrave, peut-être que ça vous dit quelque chose
12:31 puisqu'il y a trois ans, j'avais publié son premier roman
12:33 qui s'appelait "Les Graciers" dans lequel elle revenait
12:36 dans ce village de Norvège, un roman très atmosphérique
12:40 qui était issu d'un fait historique avéré et réel.
12:43 Et là encore, elle s'empare d'un fait historique réel
12:47 qui sont ces danses macabres.
12:48 Alors Jean Tellet, dans "Entrer dans la danse", a déjà traité ce thème,
12:52 mais là, c'est d'une façon extrêmement différente
12:54 puisque pour ceux qui ont lu "Les Graciers"
12:57 et pour ceux qui n'ont pas lu également,
12:59 Kieran a cette habilité à vraiment créer un monde très sensuel
13:03 et très atmosphérique.
13:04 Et elle va nous raconter cet épisode de l'histoire où, je vous rappelle,
13:08 on a retrouvé des femmes, uniquement des femmes,
13:11 ce qui est quand même très intéressant, qui ont dansé,
13:13 dansé dans des danses extrêmement disgracieuses, douloureuses
13:17 et qui finissaient dans la mort, pendant des jours et des jours
13:20 sans qu'on ait vraiment une explication concrète de ce qui s'est passé.
13:23 Et elle imagine, pour nous raconter cette histoire,
13:25 deux personnages principales, deux héroïnes,
13:27 de femmes fortes, très attachantes.
13:30 La première est celle jeune femme qui, au moment du livre, est enceinte,
13:33 très enceinte et qui a déjà fait 13 fausses couches.
13:37 Et qui vit dans cette ferme avec une belle-mère très étouffante,
13:41 un mari qui ne la respecte plus puisqu'elle n'est pas capable de donner la vie
13:45 et qu'attend-on d'une femme, autant plus au XVIe siècle.
13:48 Et elle se retrouve très isolée.
13:50 Tout ce qu'elle a pour elle, ce sont ses abeilles dont elle s'occupe
13:53 et cet arbre dans la forêt un peu lointain,
13:55 où elle a noué 13 petits rubans, comme 13 petites âmes
14:00 qu'elle chérit en secret et qui n'ont malheureusement pas pu naître.
14:04 Et elle est vraiment très isolée dans cette ferme.
14:07 Et puis en parallèle, on attend, on sait que sa belle-sœur,
14:11 qui a été enfermée pendant 10 ans dans un monastère
14:14 pour une faute que tous taisent, va revenir.
14:16 Et cette femme arrive, le crâne rasé, les traits défaits,
14:20 et une amitié très forte va se créer entre ces deux femmes.
14:23 À côté de cela, la première femme se met à danser
14:26 dans cette danse extrêmement disgracieuse sur la place du marché.
14:29 Et c'est la façon dont ces deux histoires parallèles vont se rejoindre.
14:33 C'est surtout un roman qui revient sur ce phénomène
14:36 et ce qui est intéressant là, comme elle l'avait fait dans "Les Graciers",
14:39 c'est qu'elle va évidemment analyser, j'allais dire,
14:42 l'impact de manipulation politique de cet événement,
14:45 puisque évidemment, des femmes qui dansent sur une place du marché,
14:49 comme ça, jusqu'à la mort, ça peut être vu comme un signe,
14:51 à l'époque, du diable ou comme un signe du divin.
14:54 En tous les cas, c'est un signe d'hystérie collective,
14:57 ce mot qu'on aime beaucoup associer aux femmes, n'est-ce pas ?
14:59 Et qui va être manipulé par ce conseil des 13,
15:03 ces hommes issus du clergé majoritairement,
15:05 qui vont s'emparer de ce phénomène pour mieux manipuler les masses.
15:10 Donc en fait, comme elle l'avait fait dans "Les Graciers",
15:11 je dirais qu'elle nous livre un roman d'une très grande sensualité,
15:14 très atmosphérique, et en même temps, l'air de rien,
15:17 elle évoque tout un tas de sujets qui nous frappent encore,
15:20 malheureusement, aujourd'hui.
15:21 Voilà, c'est un très joli second roman.
15:24 Kiran sera parmi nous en juin à Paris
15:26 et on espère qu'elle reviendra pour la promotion,
15:29 puisque le livre était sorti l'année de la pandémie,
15:31 et donc elle n'est jamais venue promouvoir son livre auparavant.
15:36 - Là aussi, très gros coup de coeur partagé.
15:39 On a des reprêts, vous témoignerez, j'espère,
15:42 qui vont vraiment adorer le texte,
15:44 et on attend avec impatience vos retours.
15:47 Grand moment de plaisir de lecture et d'évasion et d'émotion
15:51 aux côtés de ces personnages qu'on garde vraiment dans nos cœurs.
15:57 - Tout à fait.
15:59 Et enfin, un second roman qui est une totale...
16:03 On en perd nos micros, vous voyez, avec l'émotion...
16:05 qui est une totale découverte.
16:07 C'est un roman qui nous vient d'Israël.
16:09 Hila Blum, c'est une autrice qui a écrit ce deux romans,
16:12 mais c'est une première parution en France,
16:15 traduit magnifiquement par Valérie Zenati.
16:17 Je tiens à saluer son travail,
16:19 parce que c'est une traduction vraiment magnifique.
16:22 Hila Blum, c'est d'abord une éditrice,
16:24 puisque pendant 10 ans, elle a travaillé
16:26 dans une des plus grandes maisons d'édition israélienne.
16:28 Elle a d'ailleurs édité elle-même Edgar Keret,
16:30 et on sent que c'est d'abord une lectrice.
16:32 Et pourquoi je vous dis ça ? Parce que c'est très intéressant,
16:35 surtout quand on écrit un roman qui s'appelle
16:37 "Comment aimer sa fille", avec un titre assez évocateur.
16:41 En fait, c'est un livre qui n'est pas de l'autofiction,
16:44 mais qui est un livre dans lequel elle imagine l'inimaginable,
16:46 c'est-à-dire une mère et une fille
16:49 qui, pour plein de raisons qu'elle va décrire très subtilement,
16:52 s'éloignent jusqu'au silence.
16:54 Et c'est un livre qui est magnifique,
16:55 parce qu'il n'y a pas de rupture, il n'y a pas de drame,
16:58 il n'y a pas d'explosion, il y a justement une implosion lente.
17:02 Et ce qu'elle pose comme question dans ce livre,
17:04 c'est qu'est-ce que c'est qu'aimer un enfant ?
17:06 Est-ce qu'à trop aimer, on étouffe ?
17:08 Comment se fait-ce qu'on puisse justement accueillir dans son ventre
17:12 un enfant, l'élever, l'aimer,
17:13 et qu'un jour, malheureusement, la communication soit impossible ?
17:17 Je pense que c'est un livre qui est extrêmement universel,
17:19 qu'on ait des enfants ou non, on est tous issus de quelqu'un,
17:21 on a tous une lignée.
17:23 Et c'est vraiment, en fait, l'air de rien.
17:25 Elle pose cette question en s'appuyant aussi sur des lectures,
17:29 sans forcément les citer.
17:31 On n'est pas du tout dans une dimension universitaire,
17:33 vraiment dans une dimension très sensible.
17:35 Et pour juste clore sur une petite anecdote personnelle,
17:38 en fait, je venais de rentrer de mon premier congé maternité,
17:41 quand j'ai reçu ce livre,
17:42 et évidemment, j'ai eu une fille, donc le titre m'a frappée,
17:45 je me suis mise à le lire.
17:46 J'avais 40 pages en anglais,
17:47 à la fin, j'étais en PLS, comme disent les jeunes maintenant,
17:51 tellement je trouvais ça magnifique.
17:52 Et là, je me suis dit, il faut que j'ai un autre avis,
17:54 parce que je peux pas juste partir sur 40 pages.
17:57 J'ai appelé Valérie Zenati,
17:58 je lui ai dit "Est-ce que, s'il te plaît, tu peux le lire ?"
18:00 Je pense que ça pourrait te plaire, je sais pas, j'ai une intuition.
18:02 Elle l'a lu en 24 heures, elle m'a appelée, elle m'a dit
18:04 "C'est une évidence, il faut faire ce livre."
18:06 Et j'aime aussi ce genre d'histoire littéraire
18:08 où il y a des rencontres comme ça,
18:09 et il y a aussi une rencontre entre Valérie et Hila,
18:12 et j'espère, du coup, maintenant, entre Hila et vous.
18:15 Donc voilà, merci beaucoup.
18:16 [Applaudissements]