Anne Fulda reçoit Marin de Viry pour son livre «La montée des périls» dans #HDLivres
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00:00 - Bonjour, Marin de Véry. - Bonjour, Anne Fulda.
00:03 - Alors, vous êtes écrivain, bien sûr, vous êtes aussi membre du comité éditorial de la Revue des Demandes.
00:09 Vous êtes chroniqueur également et vous venez de publier "La montée des périls", c'est paru aux éditions du Rocher.
00:15 C'est une comédie savoureuse, grinçante et drôle, qui se passe autour d'une histoire d'amour
00:23 sur un fond d'un Paris où se frôlent les ambitieux, les précieux ridicules en mal de notoriété.
00:31 Alors, le héros du livre, il s'appelle Paul de Sales. Il est pour le moins blasé, désabusé, ce garçon.
00:39 On a envie de vous demander ce qu'il vous ressemble.
00:43 - Ah non, non, pas du tout, parce qu'il n'y a pas le moindre désabus dans mon existence.
00:48 Mais lui, il l'est un peu, oui. Ça ne dure pas très longtemps, parce qu'en fait, il rentre très vite dans un processus de fusion hétérosexuelle,
00:56 si je peux dire, avec l'héroïne qui s'appelle Erika.
01:00 Et ensemble, ils vont donc constituer un couple. C'est vraiment le démarrage d'une histoire d'amour.
01:06 Et ce démarrage d'histoire d'amour me sert de la manière suivante.
01:10 C'est qu'en fait, toute la société contemporaine qu'ils fréquentent est vue à travers le prisme de leur amour naissant.
01:19 - Oui, alors, parce qu'avant que se constitue ce couple, vous nous emmenez un peu dans les coulisses du monde éditorial, du monde de l'art.
01:26 Ça commence par une exposition au Palais de Tokyo, assez croquignolesque.
01:30 - Oui, qui est d'ailleurs, c'est une vraie exposition, enfin, l'exposition d'Animoff.
01:35 Et c'est une exposition qui était autant une exposition qu'une espèce de performance générale dans laquelle Animoff dansait ou simili dansait.
01:44 Puis il y avait des photos, il y avait des vidéos, il y avait des sculptures.
01:47 Bref, il y avait de tout. Et donc, c'était une sorte de paroxysme de la saison d'art contemporain au Palais de Tokyo.
01:53 Et donc, il se retrouve là-dedans, lui arrivant assez déprimé, effectivement, mais généralement déprimé, pas ponctuellement déprimé,
02:00 mais généralement déprimé parce qu'il trouve qu'il a fait le tour du milieu littéraire, il a fait le tour des médias, enfin, du média dans lequel il travaille.
02:08 - Il connaît trop la petite cuisine, en fait. Il connaît trop le fonctionnement des petits mondes qui comptent, en fait, c'est ça.
02:14 - Oui, il est attiré parce que cette vie peut avoir d'avilissant. Donc, il commence à s'avilir lui-même.
02:20 Il le sent qu'il est en train d'être avili. Et donc, il est de mauvaise humeur.
02:25 Et il se dit, la seule chose qui importe dans mon existence, c'est d'aller faire de la voile dans le Finistère Sud.
02:30 - À Sainte-Marie. Alors, jusqu'à ce qu'apparaisse donc Érika.
02:34 - Oui, Érika a cette exposition. Donc, c'est pour ça qu'il est déprimé très peu de temps.
02:38 Il est tout de suite remis en sel, si je peux dire, par cette apparition séraphique.
02:43 Donc, en fait, cette fusion hétérosexuelle, c'est entre un type qui est un peu un cornichon, légèrement déprimé, bien élevé, etc.,
02:51 mais qui tout à coup devient ardent à cause d'Érika. Et puis, Érika, qui est une créature séraphique,
02:57 qui est tellement séraphique qu'on se demande presque si elle peut exister, si je peux dire.
03:01 - Il devient ardent et romantique, finalement. - Oui, oui, oui.
03:05 - Il utilise les codes d'un monde amoureux qui semble daté pour certains.
03:11 - Oui, il maîtrise très bien le cynisme parce qu'il connaît son milieu et les ficelles.
03:16 Mais en même temps, il a une culture littéraire qui le fait tendre vers un amour romantique.
03:22 Il est très... Ouais, la martinienne, disons. La martinienne.
03:27 - Alors, il prend conseil auprès de l'un de ses amis, qui s'appelle Frédéric, qui est écrivain,
03:31 qui ressemble beaucoup à certains Frédéric Bacmédé, qui lui donne des conseils goguenard pour attaquer sa belle.
03:40 - Oui, oui, absolument. Oui, ça arrive qu'il y ait des amitiés dans lesquelles on parle,
03:47 des sujets amoureux qui nous préoccupent à certains moments
03:51 et qu'il y en ait un qui soit plus doué pour la tactique que l'autre.
03:54 Enfin, la tactique, je veux dire la manière d'arriver à ses fins que l'autre. Et là, c'est le cas.
03:59 Et alors, ce Frédéric, en fait, c'est pas du tout le genre de garçon qu'on doit consulter
04:04 quand on a une affaire d'amour et parce qu'il est extrêmement, effectivement, rigolard, cynique, détaché, etc.
04:10 Mais à la fin, il finit quand même par devenir cette espèce d'ami à qui on peut se confier.
04:15 - Alors, parmi les mondes que vous évoquez, il y a le monde de l'édition, le monde du journalisme,
04:20 le monde politique aussi, puisque Érika conseille une jeune ambitieuse,
04:25 sans un corpus doctrinaire extrêmement structuré, on va dire.
04:30 Et le héros, d'ailleurs, lui, ses dernières émotions, c'était...
04:35 Il est né sous Mitterrand et c'était le discours de Séguin et Villepin.
04:41 - Oui, sa dernière émotion politique, c'est Dominique de Villepin, oui, tout à fait.
04:45 - Là, il y a un petit point avec vous, un petit point commun.
04:49 - Et alors, Érika travaille avec cette femme politique qui, effectivement, a un corps doctrinal très mouvant.
04:56 En fait, tout est emprunté chez cette femme, donc elle n'a pas véritablement de socle original,
05:01 si je peux dire, tout est emprunté.
05:03 Mais elle fait très bien son métier de femme politique sur le plan de la communication,
05:07 sur le fond, les idées, etc.
05:09 Il n'y a rien que ce qu'on lui dit de pensée pour correspondre à, disons, un courant électoral.
05:18 Et donc, en fait, Érika travaille avec cette femme politique, mais elle ne travaille que ponctuellement.
05:25 Elle fait ses langages, comme on dit dans le système, c'est-à-dire les discours, les articles, les éléments de langage.
05:31 - Alors, vous verrez, c'est vraiment un roman enlevé, amusant, fin, cynique parfois, un peu graissant quand même.
05:40 Ça s'appelle "La montée des périls".
05:42 C'est paru aux éditions du Rocher.
05:44 Merci beaucoup, Mare Anne Viry.
05:46 - Merci Anne Schmider.
05:48 [Musique]
05:51 [SILENCE]