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Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous raconte la main glorieuse d’un officier militaire du Second Empire. Intégré au régiment étranger dans les années 1850, le capitaine Jean Danjou (1828-1863) perd accidentellement sa main gauche dans l’explosion de son fusil. Équipé d’une prothèse, il continue à servir les drapeaux jusqu’à mourir sur le champ de bataille lors de la fameuse bataille de Camerone, au Mexique. Sa main de bois connaîtra un destin singulier…

Retrouvez "Dans l'intimité de l'Histoire" sur : http://www.europe1.fr/emissions/dans-lintimite-de-lhistoire

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Transcription
00:00 Europe 1, historiquement vôtre avec Stéphane Berne.
00:04 Tous les jours, vous le savez, historiquement vôtre,
00:06 vous raconte l'histoire sans se la raconter avec Jean-Luc Lemoyne
00:09 qui vient tout juste de mettre le point d'interrogation finale à son quiz à suivre.
00:12 N'est-ce pas Jean-Luc ?
00:13 Exactement Stéphane.
00:14 Et pour ce quiz, j'ai été gratté un petit peu dans ma discothèque
00:18 et j'ai redécouvert, on va dire, un morceau que j'avais oublié.
00:21 Écoutez-le.
00:22 [Musique]
00:28 Ah c'est ça de Dormo !
00:29 C'est Michel Sardou !
00:30 Ah mais oui !
00:31 Un Michel Sardou plus jeune qui chantait déjà "God Save the King", il était en avance.
00:34 Oui.
00:35 Et on va parler de ça.
00:37 On va parler de "God Save the King" aujourd'hui.
00:39 Parfait.
00:40 Mais avant cet affrontement avec Clémentine, on va lui laisser la parole.
00:43 Elle nous raconte des histoires dont elle seule a le secret.
00:45 Dans l'intimité de l'histoire.
00:48 Et aujourd'hui Clémentine, vous nous racontez le capitaine d'Anjou,
00:50 un officier militaire du Second Empire, héros de la bataille de Cameroun au Mexique
00:55 et de la Légion étrangère.
00:56 Lui, mais surtout sa main, une main devenue un symbole de gloire que des légionnaires
01:01 ont chaque année l'honneur de porter.
01:03 Eh oui.
01:04 Eh oui.
01:05 Jean d'Anjou.
01:06 Jean d'Anjou en un seul mot, je précise.
01:08 Ce n'était pas un nom à tiroir.
01:10 Ce n'était pas un départicule.
01:11 Ce n'était pas un nom à particule.
01:12 Il est né en 1828 à Chalabre, dans l'Aude.
01:15 Et il était le quatrième garçon dans une fratrie d'huit.
01:18 Alors son avenir était tout tracé.
01:19 Il aurait dû travailler dans la fabrique de bonnets familiales.
01:23 Et d'ailleurs, il va travailler dans cette fabrique de bonnets un certain temps.
01:26 Jusqu'à l'âge de 15 ans.
01:28 Et un jour, il y a un ancien ouvrier de la fabrique qui vient voir les parents de Jean
01:34 et qui est invité à déjeuner.
01:36 Et c'est un ouvrier qui est devenu militaire.
01:39 Il arrive en belle uniforme.
01:41 Il est à présent sous lieutenant.
01:43 Et à table, il raconte avec fougue sa campagne d'Afrique.
01:48 Ça, c'est très précieux.
01:49 C'est-à-dire que vraiment, quand vous avez un conteur qui sait vous emmener dans ses
01:52 récits.
01:53 En tout cas, le petit Jean d'Anjou, lui, il est fasciné par le lieutenant Canut.
01:58 Et cette rencontre va décider de son destin.
02:00 Parce qu'il se met du coup, alors qu'il aurait pu faire toute sa carrière dans l'usine
02:04 de bonnets, il se met du coup à bachoter comme un fou pour rentrer à Saint-Cyr.
02:09 Et on l'y retrouve quatre ans plus tard, en 1847.
02:12 1847, quand on est officier à cette époque, qu'est-ce qu'on fait ? Où est-ce qu'on
02:15 se bat ? En gros, en Algérie.
02:17 La conquête d'Algérie, c'est 1830.
02:19 Donc là, il est intégré au régiment étranger.
02:22 Et c'est là qu'il perd sa main gauche.
02:25 Alors, sachez-le, le capitaine d'Anjou n'a pas perdu sa main au combat, mais dans l'explosion
02:31 de son fusil.
02:32 Et voilà pourquoi il doit se procurer une prothèse articulée en bois.
02:36 Mais ça ne l'empêche pas de continuer à servir sous les drapeaux.
02:41 Donc, je disais Algérie.
02:42 Qu'est-ce qu'il y a aussi sous le Second Empire comme guerre ? La Crimée.
02:46 Il est capitaine pendant cette guerre.
02:48 Donc, il participe au siège de Sébastopol.
02:50 - Et l'Italie aussi, après.
02:51 - Exactement.
02:52 En 1859, il combat Magenta et Solferino.
02:55 Vous voyez, il est de toutes les campagnes de la France.
02:57 Et donc, tout naturellement, le Second Empire.
02:59 C'est aussi la guerre du Mexique.
03:01 Et donc, le 9 février 1863, d'Anjou embarque à Mersel-Québire.
03:05 Pouf ! Direction Veracruz.
03:07 Alors, je ne vais pas entrer dans les détails de Cameroun.
03:10 Je crois qu'en plus, vous y avez déjà eu droit.
03:13 Mais si elle est mythique, sachez-le.
03:15 C'est parce que ce jour-là, le 30 avril 1863, il y avait 63 légionnaires français.
03:21 63 légionnaires français qui ont fait face à 2000 soldats de l'armée mexicaine.
03:27 63 contre 2000.
03:29 Et ces 63 étaient retranchés dans une hacienda délabrée.
03:33 Et ils ont refusé de se rendre alors qu'ils croulaient sous l'attaque et la mitraille.
03:41 Et d'Anjou lui-même a été mortellement frappé d'une balle en pleine poitrine.
03:45 Alors qu'il traversait la foule et la cour pour inspecter ses positions.
03:50 Sa main articulée a disparu.
03:52 Et alors on la cherche parce que déjà on sait que cet événement va devenir historique.
03:57 Et donc on la retrouve deux ans plus tard.
03:59 C'est un lieutenant de la Légion Autrichien, Karl Gröber, qui retrouve la main du capitaine d'Anjou.
04:05 Elle avait été achetée par un français qui possédait un ranch à 100 km de Cameroun.
04:09 Un guerriero mexicain qui l'avait lui récupéré et qui avait participé à la bataille.
04:14 Alors il y a un certain nombre d'hypothèses autour.
04:17 Peut-être le général Ramirez qui l'avait conservée, on n'en sait rien.
04:20 Toujours est-il qu'elle est rapportée à Sidi Bélabès en 1865 par le colonel Guillem.
04:26 Et depuis, elle est présente tous les ans lors de la cérémonie de Cameroun.
04:31 Et chaque année, je le disais tout à l'heure, c'est un légionnaire particulièrement méritant
04:35 qui est choisi par ses pairs et il a l'honneur de porter la main du capitaine d'Anjou.
04:40 Et on l'appelle pour l'occasion le porteur de la main.
04:43 Tout cela est très solennel et au cours de cette cérémonie,
04:46 les légionnaires renouvellent leur serment de servir avec honneur et fidélité.
04:51 Alors tout ça pour en venir où aux justes soldats Bernays-le-Moine ?
04:55 Au fait qu'aujourd'hui, la Légion a besoin de vous,
04:59 non pas pour les crapahuter dans la jungle indochinoise comme le fit votre grand-père légionnaire Jean-Luc,
05:04 donc je vois déjà une larmichette perlée,
05:07 mais pour aider l'institution des Invalides de la Légion étrangère
05:10 à se hiberger au domaine capitaine d'Anjou bien sûr.
05:13 Et donc il y a un événement étonnant qui va se produire pour la première fois dans quelques temps,
05:18 c'est que la Légion pour la première fois organise deux concerts à l'Olympia.
05:22 Ça sera le 18 juin prochain, ça s'est jamais produit,
05:25 ça promet des tonitruants et c'est à l'Olympia le 18 juin prochain et Jean-Luc...
05:30 - Ça veut dire que potentiellement... - C'est fallché pas, mais Jean-Luc, ça vous allez pas pouvoir...
05:34 - Bah oui évidemment, j'ai d'y aller Jean-Luc.
05:36 - En hommage à son grand-père, bah oui. - Exactement.
05:38 - Bien sûr. - Merci Clémentine.
05:40 Bon, maintenant c'est le moment de l'émission, vous le savez chers auditeurs, je ne contrôle plus rien,
05:44 c'est Jean-Luc qui prend la main pour le quiz "Burn to be alive".

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