Charles Onana : "La mafia internationale des minerais est en train de piller les richesses du Congo"

  • l’année dernière
Avec Charles Onana, spécialiste des conflits armés et des questions géopolitiques, il est diplômé de la Sorbonne et titulaire d'un doctorat en science politique. Il vient pour présenter son livre « Holocauste au Congo : L'Omerta de la communauté internationale » aux éditions L’artilleur.

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Transcript
00:00 face à face. Le face à face d'André Berkhoff avec Charles Onana, spécialiste des conflits armés et des questions géopolitiques.
00:06 Il vient pour nous présenter son livre "Holocauste au Congo, l'omerta de la communauté internationale".
00:12 Bonjour Charles Onana. Oui bonjour.
00:15 Charles Onana,
00:16 je voudrais d'abord dire
00:18 effectivement, vous commencez, vous parlez de cela, votre livre s'appelle "Holocauste au Congo" et
00:25 "Holocauste" effectivement est un mot totalement approprié, hélas, dans ce qui se passe là.
00:32 Je rappelle
00:34 une guerre
00:36 à bas bruit, en tout cas à bas bruit,
00:39 pour les européens, serait déroulée depuis 30 ans, République démocratique du Congo, le Congo Kinshasa ex Zahir,
00:47 10 millions de morts, au moins 500 000 femmes violées, des enfants martyrisés et torturés
00:53 au nom, et vous le dites, au nom de la transition énergétique.
00:57 Eh oui, parce que qu'est ce qu'il y a quand on prend nos portables, nos ordinateurs, etc.
01:02 Eh bien le colton, il y a le cobalt, et on sait, on en reparlera,
01:08 par quel moyen et dans quelles conditions c'est extrait au Congo justement. Et puis il y a cet état de guerre. Alors
01:16 effectivement, on a beaucoup parlé, et à raison du génocide au Rwanda, il y a 30 ans,
01:22 mais un génocide peut en cacher un autre, hélas, et l'un ne justifie pas l'autre, bien sûr, mais qu'est ce
01:30 qu'il fait que depuis 94,
01:32 1994, donc 30 ans pratiquement justement,
01:37 vous êtes politologue, vous êtes spécialiste, vous connaissez l'Afrique des Grands Lacs, vous avez écrit plusieurs livres, d'ailleurs, sur le sujet déjà,
01:47 Charles Onana, et au fond aujourd'hui,
01:49 c'est une guerre pour, allez, disons-le, c'est une guerre pour le minéraie, pour l'or, pour les diamants, pour le co...
01:58 c'est ça, pour le cobalt, pour le colton.
02:01 - Bien sûr, vous savez qu'il y a un
02:04 expert, un ingénieur belge qui avait dit que
02:07 le Congo était un scandale géologique, c'est à dire que
02:11 on retrouve presque tous les minéraux les plus importants sur le plan stratégique et sur le plan du luxe,
02:17 c'est à dire l'or, le diamant, on retrouve tout ça au Congo.
02:21 - Et en abondance. - En abondance, c'est les plus les plus grosses réserves mondiales, que ce soit pour le cobalt ou le
02:28 colton, c'est en République démocratique du Congo. Et je me souviens que l'ancien secrétaire d'état
02:35 américain aux affaires africaines, monsieur Herman Cohen,
02:38 disait que tout ce qui se passe, toutes ces guerres qu'on voit en République démocratique du Congo,
02:42 ce n'est rien d'autre que pour des raisons économiques et pour des raisons financières.
02:47 Des gens gagnent des milliards de dollars par mois
02:51 en extrayant les minéraux du Congo. Donc c'est évident que
02:55 tout le monde a intérêt à ce qu'on garde le silence sur ce que vivent les Congolais sur leur territoire
03:02 et tout le monde a intérêt à ce qu'on ne sache rien de ce qui s'y passe, puisque vous aurez remarqué que dans
03:08 l'ensemble des télévisions occidentales,
03:10 il n'y a pas une image sur la guerre du Congo. On vous dit qu'il y a la guerre au Congo, mais vous ne voyez pas d'image.
03:15 C'est une guerre sans image. - Vous voulez dire, Charles Onana, alors c'est
03:19 intéressant, il n'y a pas eu, par exemple à votre connaissance, dans les télévisions occidentales, qu'elles soient européennes, françaises ou autres,
03:24 une émission complète, par exemple, sur la guerre du Congo, sur le génocide du Congo.
03:29 - Non, on fait la guerre, on fait des émissions sur le Congo de temps en temps, mais pour parler de
03:38 groupes armés, c'est-à-dire des choses qu'on ne connaît pas, on ne sait pas très bien qui fait quoi, etc. Alors qu'en fait,
03:44 les rapports des Nations Unies depuis 2001 sur le pillage des richesses sont très bien documentés,
03:50 identifiés clairement. - Depuis plus de 20 ans. - Oui, depuis plus de 20 ans, les rapports des Nations Unies.
03:55 Le premier rapport des Nations Unies est sorti en 2001 et dans ce rapport, puisque j'ai travaillé à l'époque avec
04:02 Cynthia McKinney, qui était l'envoyée spéciale du président Bill Clinton dans la région,
04:06 qui détenait des documents très importants sur ce qui se passait en République démocratique du Congo, et elle avait fourni aux Nations Unies
04:14 des documents de virements, de tout ce qui se passait
04:18 à travers les multinationales et les groupes qui soutenaient le président Paul Tshagame dans cette histoire-là,
04:25 eh bien, sa maison a été cambriolée à Atlanta, parce qu'on croyait qu'elle avait des tas de documents
04:32 compromettant certaines des personnes impliquées. Donc, si vous comprenez qu'on est dans une configuration où vous avez,
04:39 depuis plus de 20 ans, vous avez non seulement des multinationales très importantes qui opèrent là-bas, mais vous avez toute la mafia internationale
04:46 des minerais qui agit maintenant à République démocratique du Congo. - Et qui est toujours là, plus active que jamais. - Plus active que jamais, avec des soutiens
04:53 politiques multiples et multiformes, et donc ce qui fait que
04:56 personne n'a intérêt à ce que l'on ouvre cette boîte de Pandore, qui risque de révéler des choses qui sont totalement incroyables.
05:03 - Vous voulez dire qu'au fond, on peut dire aujourd'hui que la
05:06 majorité des grosses mafias ou des grosses entreprises internationales qui s'intéressent à ça, sont là, sont actives, etc.
05:13 Alors, revenons à ça, parce que, effectivement, vous parlez de ce qui s'est passé au Rwanda.
05:18 Vous ne le niez pas, mais il y a eu quand même un sacré massacre au Rwanda. - Il y a eu un génocide au Rwanda, c'est évident.
05:25 - Absolument. Et alors, c'est quoi ? C'est une partie des génocidés
05:30 seraient devenus des génocideurs ? Je vous pose la question brutalement. - Mais votre question est d'autant plus précise
05:37 que ça fait partie des raisons pour lesquelles on ne veut pas parler de ça.
05:41 Pourquoi ? Parce que, qu'est-ce qui s'est passé au Rwanda ? Il s'est passé au Rwanda qu'il y avait un affrontement armé entre les rebelles Tutsis qui
05:47 venaient d'Ouganda et
05:49 le gouvernement Hutu qui était au pouvoir. Et les rebelles Tutsis qui venaient d'Ouganda ont renversé le gouvernement
05:55 Hutu qui était au pouvoir. Et c'est pendant cette période-là qu'il y a eu effectivement un génocide contre les
06:00 Tutsis. - La majorité du Rwanda est en Hutu. - La majorité du Rwanda est en Hutu.
06:07 Le problème, c'est que Paul Kagame, qui était en quelque sorte le chef de la
06:12 mimice
06:15 Tutsi qui a pris le pouvoir, ils sont devenus aujourd'hui ceux qui ont envahi le Congo en
06:20 1997 en renversant le président Mobutu. C'est-à-dire qu'il y a eu l'attentat du 6 avril qui a fait la mort de deux chefs d'état
06:27 africains, le président du Burundi et le président du Rwanda. Et deux ans après, Paul Kagame, qui
06:33 se revendiquait être le porte-parole des Hutus qui avaient été victimes d'un génocide,
06:37 a traversé la frontière pour aller
06:45 organiser des massacres et des bombardements des camps de réfugiés au Congo. Alors qu'en réalité, les Congolais ont toujours accueilli. Et les Tutsis, en
06:52 1959, quand il y a eu la chute de la monarchie Tutsi et que les Tutsis ont quitté le pouvoir,
06:57 les Congolais les ont accueillis. Et en
07:00 1994, lorsque les Hutus ont pris fuite, ont quitté le pouvoir également, les Congolais les ont accueillis. Donc quel est l'intérêt pour lequel
07:07 M. Kagame et ses troupes sont allés massacrer des
07:12 Congolais ? - Leur intérêt, c'est dans le sous-sol. - C'est dans le sous-sol parce que si vous voulez, à la frontière,
07:16 à l'est du Congo, la frontière donc du Congo, la République démocratique du Congo qui sépare le Rwanda de la RDC,
07:23 c'est sur toute cette bordure là, c'est sur toute cette frontière là, que vous avez tous les minéraux, le coltan, le
07:30 - Le kivu, c'est ça ce qu'on a laissé là. - Oui, le kivu.
07:32 Vous avez le coltan,
07:34 le cassiterite,
07:36 diamant, vous avez tout ce dont on a commencé à parler dès le début de l'émission.
07:41 Donc tous ces minerais, eh bien,
07:43 sont aujourd'hui
07:46 attirent à la fois les multinationales,
07:49 Paul Kagame lui-même, parce que lui, il a considéré dès le début, et c'est pour cela que les gens ne veulent pas le dire,
07:56 quand il est arrivé au pouvoir, il a dit d'abord qu'il voulait instaurer la démocratie au Rwanda. Il est au pouvoir depuis 30 ans.
08:03 Et il n'y a pas de démocratie au Rwanda et personne ne se plaint.
08:06 Bon, il a modifié la constitution pour se représenter jusqu'en 2035. Mais ceux qui soutenaient Paul Kagame
08:12 quand il est arrivé au pouvoir en 1994, ne nous disent plus qu'il est un démocrate. En tout cas, ne parle plus de démocratie au Rwanda.
08:19 Bon, la deuxième chose, c'est que l'objectif, l'un des objectifs, qui était celui qui était
08:26 énoncé par ceux qui soutenaient Kagame, notamment monsieur Ron Brown, qui était le secrétaire d'état
08:32 chargé de l'économie, était allé prononcer à Dakar un discours, mais très offensif, pour dire que les anciennes puissances
08:40 coloniales européennes ne peuvent plus
08:43 bénéficier seules des ressources
08:46 africaines, donc il va falloir maintenant que les États-Unis
08:49 prennent leur place. Et prendre leur place, ça signifiait évincer la France de
08:54 ce périmètre, alors qu'en fait la France traditionnellement n'est pas un pays qui a colonisé...
08:59 - En fait, il y avait le gâteau, et il fallait que beaucoup de gens arrivent pour prendre leur part du gâteau.
09:05 - Leur part du gâteau, quitte à ce que, eh bien, on coupe le gâteau en
09:09 deux ou en trois, mais en tout cas, surtout qu'il n'y a pas de gâteau pour les Congolais.
09:16 - C'est ça, pas de gâteau pour les Congolais qui sont propriétaires de cette terre.
09:20 - Absolument.
09:20 - On va en parler tout de suite, Charles Onana, on va continuer à parler, c'est passionnant,
09:25 il faut que tout le monde sache ce qui se passe là-bas, en tout cas, après cette petite pause.
09:30 - Et restez bien avec nous, on se retrouve tout de suite, et vous avez la parole sur Sud Radio pour interpeller Charles Onana sur son livre
09:35 "Holocauste au Congo, l'omerta de la communauté internationale" au 0826 300 300, on attend vos appels.
09:41 0826 300 300, à tout de suite sur Sud Radio.
09:44 Ici Sud Radio,
09:46 les Français parlent au français.
09:50 Je n'aime pas la blanquette de mots.
09:55 Je n'aime pas la blanquette de mots.
09:57 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
10:00 - Et là, c'est le monde qui parle au français, c'est le monde qui parle au français, un livre à lire absolument,
10:05 de Charles Onana, "Holocauste au Congo",
10:08 aux pariositions de l'artilleur, avec une préface de Charles Millon qui a été ministre de la Défense,
10:13 de Chirac, il faut le rappeler, entre
10:15 93 et... non, 95 et 97, pardon, c'est ça, et
10:20 évidemment, et qui a fait une très belle préface d'ailleurs, Charles Millon.
10:24 Mais je voudrais revenir, et parce qu'il faut vraiment expliquer justement à nos amis, à nos auditeurs, nos éditrices,
10:30 au fond, pourquoi le colton ? Pourquoi le cobalt ? Pourquoi c'est tellement... et
10:36 on vous avait dit à quel point le Congo est presque le lieu géométrique, en tout cas, un des lieux géométriques, il y a la Chine,
10:43 il y a tout ça, mais il y a...
10:44 Pourquoi ? Parce que c'était essentiel pour nous, parce qu'on ne pourrait rien faire sans le colton et le cobalt par exemple.
10:49 - Bien entendu, bien entendu.
10:50 Tous nos téléphones portables, le colton est dedans, nos ordinateurs portables, le colton est dedans,
10:56 les jeux vidéo,
10:59 les produits qui servent à fabriquer... enfin, un des produits qui sert à fabriquer
11:02 les consoles de jeux vidéo, il y a le colton. Donc vous voyez que c'est quelque chose qui se chiffre en millions de dollars.
11:08 - Oui, en milliards même.
11:10 - Oui, en milliards de dollars. Enfin, les grosses multinationales du monde sont... Tout le monde a essayé de donner rendez-vous au Congo pour
11:15 récupérer
11:17 sa part de gâteau, pour reprendre votre terme tout à l'heure. Donc c'est pour dire que l'enjeu est très important et
11:24 le cobalt, c'est la même chose.
11:27 Tout ce qui relève de l'aéronautique militaire et tout ce qui relève également de questions de
11:35 stratégies de défense,
11:38 le colton, le cobalt est utilisé et vous retrouvez également
11:44 la fabrication des voitures électriques. On nous dit aujourd'hui, maintenant, qu'il y a eu le texte qui est passé
11:49 au sein de l'Union Européenne demandant qu'on
11:52 fabrique davantage de voitures électriques pour soi-disant... - On a réalisé des voitures thermiques pour les voitures électriques partout.
11:59 - Voilà, parce que c'est l'énergie propre. Bon, qu'ils viennent, ceux qui parlent d'énergie propre, qu'ils aillent d'abord au Congo pour voir dans quel
12:06 contexte et dans quelles circonstances les enfants
12:09 congolais prennent le cobalt dans les mines et ils vont nous dire à quel niveau de propreté on se situe.
12:14 Pour dire encore les choses de façon plus précise, c'est que
12:18 le cobalt est devenu dans la fabrication des batteries électriques un produit très important et donc la Chine, par exemple, est
12:25 aujourd'hui le pays qui est spécialiste
12:29 du raffinage du cobalt. - Ah, du raffinage du cobalt. - Oui, absolument. Et donc une grande partie des entreprises occidentales
12:37 dépendent de la Chine pour cela. Mais c'est qui est aussi... - Ce sont eux qui fabriquent les batteries électriques, les chinois.
12:44 - Bien entendu. Et puis on va constater également que
12:47 dans ce dispositif-là, le Congo est aujourd'hui,
12:52 je dirais, le premier producteur de cobalt et donc avec des réserves de près de 70%.
13:00 - Les réserves mondiales de 70% au Congo ? - Oui, absolument.
13:05 Et les experts considèrent que la demande de cobalt est tellement importante
13:12 qu'elle a triplé
13:15 entre
13:17 2011 et 2023.
13:20 Elle a triplé et on pense que jusqu'en
13:25 2035, la demande sera de plus en plus forte. Ce qui veut dire que tous ceux qui investissent
13:32 aujourd'hui dans l'industrie d'extraction
13:35 minière au Congo sur le cobalt, vont gagner des milliards et des milliards pendant de très nombreuses années.
13:43 Donc voilà le cœur du sujet, l'enjeu principal il est là. - Alors la question,
13:48 elle est mondiale, elle est fondamentale et vous avez raison d'en parler. On ne parle même pas des éoliennes quand il n'y a pas de vent, etc.
13:55 Ça joue aussi, enfin tout.
13:57 Que fait, que peut faire et que fait franchement le gouvernement congolais ?
14:02 Tu qu'est-ce qu'il dit ? Je parle du Congo évidemment, de la République démocratique du Congo.
14:07 Est-ce qu'il s'est exprimé ? Est-ce qu'il s'exprime ? Est-ce que...
14:11 C'est quoi ? Parce qu'après tout, ça appartient aux Congolais tout ça. - Bien entendu, il a dénoncé à la tribune des Nations Unies
14:17 le rôle du Rwanda
14:20 dans cette action nocive et pernicieuse que
14:27 l'armée rwandaise en particulier et l'armée ougandaise sont en train de mener sur le territoire congolais.
14:33 Eh bien, il ne s'est pas passé grand chose au sein du Conseil de sécurité.
14:37 Mais à chaque fois, ce qui est très impressionnant, c'est de constater que très régulièrement, on a demandé aux Congolais de négocier avec...
14:45 - Avec les Rwandais ? - Oui, oui, oui, oui.
14:48 Absolument et ils font ça depuis, les Congolais font ça depuis plus de 20 ans. C'est-à-dire qu'il y a eu un nombre,
14:55 je crois, incalculable
14:57 d'accords de paix, soit disant, pour mettre un terme à la guerre du Congo et le Rwanda n'a jamais respecté un seul accord de paix.
15:05 Donc,
15:06 les Congolais sont aujourd'hui exténués et ne comprennent pas pourquoi à chaque fois on leur demande de négocier avec leurs bourreaux.
15:14 Nous nous souvenons que lorsqu'il y a eu les événements du Rwanda, tout le monde disait qu'on ne négocie pas avec un gouvernement
15:21 génocidaire. On a même créé un tribunal à cet effet. Mais comment peut-on nous dire... - Il n'y a pas de tribunal pour le Congo ?
15:27 - Mais il n'y a absolument aucun projet pour faire un tribunal international, pénal international pour le Congo. Je parle d'ailleurs dans le livre
15:36 de confidence d'un certain nombre de personnalités que j'ai rencontré qui m'ont dit qu'il était impossible de créer un tribunal pénal international.
15:44 D'ailleurs... - Pourquoi ? Pourquoi il vous dit que c'est impossible ?
15:47 - Une des anecdotes qui m'a été racontée par un avocat qui avait rassemblé des marraines... Vous vous souvenez qu'il y a quelques années
15:55 il y avait une tribune dans Le Monde où il y avait eu le président Chirac, madame Trier-Veller et
16:01 beaucoup de personnalités
16:03 qui avaient signé une pétition sur la situation du Congo, sur le viol des femmes du Congo. Et donc il était question de faire
16:11 justement... - On viole et on massacre dans le silence. - Oui, exactement. Et donc dans cette tribune là effectivement il s'agissait d'attirer un peu l'attention de la communauté internationale
16:19 et les personnalités qui ont signé cette tribune n'étaient pas des petites personnalités.
16:24 Donc l'anecdote qui m'a été racontée par un des avocats qui a donc créé
16:29 une association avec des marraines et des très hautes... des juristes françaises de très haut niveau,
16:35 ils ont rencontré monsieur François Hollande, le président François Hollande quand il était encore à l'Élysée.
16:40 Et qu'est-ce qui lui a été demandé ? C'est la possibilité
16:42 d'apporter un appui puisque la France allait prendre la présidence du conseil de sécurité pendant cette période.
16:49 Et donc il était question de voir comment est-ce que sous la présidence française la France peut aider à
16:55 faire une résolution, à soutenir une résolution qui pouvait contribuer à créer
17:00 un tribunal international. Et qu'est-ce que monsieur Hollande a dit très honnêtement à ses invités ? C'est que bien le
17:09 le veto allait être fait par les États-Unis. Et face au veto américain,
17:13 personne n'avait la solution. Donc ce qui confirme effectivement que tant que les États-Unis n'ont pas
17:20 mis un terme à l'attitude du gouvernement rwandais en République démocratique du Congo, puisque ce sont les États-Unis qui ont soutenu
17:27 Paul Kagame pour prendre le pouvoir au Rwanda et qui le laissent faire en République démocratique du Congo,
17:32 tant que les États-Unis ne tapent pas du poing sur la table, et bien tout le monde, il n'y aura personne qui prendra,
17:37 qui aura le courage politique d'affronter les Américains sur cette extermination des populations.
17:43 - Alors, Charles Onana, pourquoi
17:45 tant de cruauté, de férocité dans cette guerre ? C'est-à-dire que
17:49 à supposé, on comprend très bien les intérêts, ça on a bien compris pourquoi ils font ça pour le sous-sol, le minerai, les minerais,
17:56 et que ce soit l'or, le diamant, le colton et cobalt et autres. Mais pourquoi ce génocide ? Pourquoi le massacre ?
18:03 Il faut toujours en passer par les massacres. Pourquoi ? Ou les viols, ou tout cela ?
18:09 - Alors, c'est... ça c'est
18:11 véritablement une question importante. Pourquoi ? Parce que cette question-là,
18:16 elle ramène à la nature des gens qui arrivent au pouvoir.
18:19 Et lorsque Kagame est arrivé au pouvoir avec ce bain de sang effroyable et ces génocides au Rwanda,
18:27 les gens l'ont encensé, le monde entier l'a encensé, alors qu'en fait, M. Kagame a été avec son armée auteur de crimes atroces.
18:34 Moi, j'ai rencontré le procureur Carla Del Ponte dans son bureau en 2005 à La Haye, qui m'a dit que lorsque elle avait
18:43 diligenté des enquêtes, son bureau avait diligenté des enquêtes sur le terrain, et ils ont identifié au moins six fausses communes
18:50 qui étaient... qui relévaient de la responsabilité
18:54 des troupes de Paul Kagame. Et elle est allée au Rwanda rencontrer Paul Kagame, qui lui a dit "vous n'êtes pas venu au tribunal pénal international
19:00 pour mettre des Tutsis en cause". Mais Mme Del Ponte m'a dit "moi je n'étais pas venue au tribunal pénal international pour faire une justice ethnique".
19:09 Et le mandat du tribunal disait "tous les crimes". - Tous les crimes, tous les crimes.
19:13 - Donc peu importe que ce soit des crimes commis par des
19:15 rebelles Tutsis ou par des Hutus, tous ces crimes devraient être examinés. Non, et là encore une fois de plus, on a vu les États-Unis
19:21 intervenir pour empêcher Carla Del Ponte de mettre en cause le
19:25 front patriote rwandais de Paul Kagame, et Mme Del Ponte a été évincée de son poste de procureure.
19:30 - On va en tout... on va continuer à en parler avec vous Charles Onana, et justement je voudrais reprendre la question du pouvoir,
19:36 parce qu'elle est fondamentale. Comment tout pouvoir absolu non seulement corrompt absolument, mais peut tuer absolument ?
19:43 Holocausto Congo, l'omerta de la communauté internationale, c'est le dernier livre de Charles Onana. Vous nous appelez au 0826
19:51 30300, vous souhaitez intervenir, vous nous appelez 0826 30300. A tout de suite sur Sud Radio.
19:55 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
20:11 - Charles Onana, Holocausto Congo,
20:15 l'omerta, la France complice avec un point de dérogation et effectivement justifié aux issues de l'artillerie.
20:21 Charles Onana, on se posait la question juste avant la pause, mais pourquoi
20:26 effectivement cette cruauté ? Pourquoi un génocide ? Pourquoi à chaque fois on peut conquérir, je dis pas conquérir de façon humaniste,
20:35 ne faisons pas de mauvaises plaisanteries, mais quand même sans
20:38 violer les femmes, effacer les populations, etc.
20:43 - Oui parce que, en fait, et c'est pour ça qu'il y a l'omerta, c'est que ceux qui ont soutenu Paul Kagame
20:50 pour l'amener au pouvoir au Rwanda, savaient très bien qu'il allait conquérir le Congo.
20:54 - Ils le savaient. - Ils le savaient très bien, puisque l'opération sous Paul Hope, qui est une opération
20:59 secrète que je décris dans le livre, avec les rapports de cette opération,
21:04 montre très clairement que leur ambition était de renforcer Paul Kagame afin de préparer son invasion du Congo.
21:11 - En fait, Paul Kagame est presté à faire le service, on te met au pouvoir,
21:14 on te protège, mais tu vas nous prendre les minerais et compagnie du Congo.
21:18 - Mais oui, mais vous vous souvenez, en fait, c'est plus grave que ça, c'est-à-dire que
21:21 dans les rapports des services de renseignement américains,
21:24 ils disaient clairement que les crimes qui ont été commis par Paul Kagame au Rwanda en 1994
21:29 ne relévaient pas d'une violation du droit international humanitaire.
21:33 C'est quand même écrit dans un rapport des services de renseignement.
21:36 Donc, on découvre simplement que le but de Paul Kagame, avec cette violence extrême, à la fois au Rwanda et au Congo,
21:45 c'était d'abord de faire peur à tout le monde, de montrer que toute personne qui lèverait la tête,
21:51 que ce soit au Rwanda ou au Congo, sera exterminée.
21:54 Et il a fait cela, il a fait assassiner son ministre de l'Intérieur, Setseda Shunga, en Tanzanie, au Kenya.
22:03 Des officiers qui ont travaillé avec lui pour prendre le pouvoir ont été assassinés, exterminés.
22:09 Il sème une terreur terrible.
22:11 Et puis, pour le Congo, c'est tout simplement de faire partir toutes les populations qui se situent dans la région minière,
22:21 où tous ces minerais sont extraits.
22:24 Et bien, à partir de ce moment-là, on va faire venir d'autres populations.
22:27 - On les remplace par des Rwandais ou des Ougandais.
22:29 - Voilà. La théorie du grand remplacement est déjà en cours au Congo.
22:32 Et ça, c'est d'une gravité extrême qu'on ne comprend pas pourquoi en Occident, on s'éteint.
22:38 - Vous dites que la théorie du grand remplacement est en cours actuellement.
22:40 - Mais elle est en train d'être exécutée. Pourquoi ? Je parle toujours avec des preuves.
22:44 Alors, il se trouve qu'il y a plusieurs années de cela, le professeur Bernard Debré m'avait reçu dans son bureau à l'hôpital Cochin,
22:53 après avoir été ministre de la Coopération.
22:56 Il m'a dit que les Tutsis du Rwanda, du Burundi et du Luganda envisageaient de créer un empire Tutsi dans la sous-région.
23:05 Ils avaient des velléités hégémoniques et que cela allait se réaliser pour épicenter la République démocratique du Congo.
23:13 Ils appelaient eux-mêmes la République des Volcans.
23:16 Et moi, j'ai écouté le professeur Debré pendant 45 minutes, mais je trouvais ce projet tellement ubuesque
23:24 que je n'imaginais pas que c'était possible.
23:26 Parce qu'il s'agissait en fait, les Tutsis dans la région sont minoritaires, c'est une minorité.
23:30 Donc, comment ils allaient être en mesure de réaliser cela ?
23:34 Et puis, ça m'a été dit ensuite par l'ancien conseiller spécial du président Mobutu, qui a vécu cela de l'intérieur.
23:41 Mais plus tard, lorsque j'accède aux archives de l'Elysée,
23:44 je découvre que le chef d'état-major particulier du président François Mitterrand, le général Christian Queneau,
23:49 dit également la même chose.
23:51 - Empire Tutsi, Congo et Angleterre.
23:55 - Oui, il a tenu ses propos à deux reprises en 1994.
24:01 Là, je vous parle de 1994.
24:04 Donc, il dit cela, mais tout le monde se moque un peu de général Queneau
24:09 en disant qu'il fait une géopolitique de comptoir.
24:11 Mais lorsque je découvre, en faisant mes recherches très récemment,
24:16 je tombe sur un rapport qui a été fait par l'ambassade des Etats-Unis au Rwanda en novembre 1994.
24:23 - Vous en parlez dans votre livre d'ailleurs.
24:25 - Et qui parle exactement du même projet.
24:26 Et quand on regarde la réalité sur le terrain,
24:29 on voit que le Rwanda depuis 1997 ne fait que grignoter le territoire congolais
24:36 en multipliant les groupes armés.
24:39 - Des plans conçus en 1994.
24:41 - En 1994 !
24:42 Donc, les gens peuvent dire ce qu'ils veulent.
24:45 Qu'est-ce qui peut justifier la coïncidence entre ce que monsieur Bernard de Brême avait dit,
24:49 ce que le général Queneau a dit,
24:51 les rapports qui sont faits par les services de renseignement américains,
24:56 mais surtout l'ambassade des Etats-Unis à Kigali ?
24:58 Comment cela peut-il coïncider avec la réalité sur le terrain ?
25:02 Et donc ça, je veux bien que les gens continuent de spéculer,
25:05 mais les Congolais sont plus importants.
25:09 Récemment, lors d'une déclaration publique au Bénin,
25:12 Paul Kagame a commencé à revendiquer des terres au Congo.
25:16 Et ça, personne n'a réagi.
25:18 Et donc, on sait quand même que la question de l'intangibilité des frontières héritées du système colonial
25:27 est quelque chose qui est aujourd'hui reconnu par l'Union africaine
25:32 comme quelque chose qu'il ne faut surtout pas toucher.
25:35 Donc, comment peut-il revendiquer des terres au Congo alors que...
25:38 - Il a revendiqué publiquement. - Mais publiquement !
25:40 Publiquement, pas de réaction au niveau africain,
25:43 pas de réaction au niveau européen,
25:45 pas de réaction au niveau international.
25:48 - Tout à fait hallucinant, c'est vrai.
25:50 Je crois que nous avons un auditeur, Lucien.
25:53 - Ah oui, il arrive, l'auditeur arrive, me dit Thibault.
25:56 - C'est Kodjo de Paris.
25:58 - D'accord, non, il n'est pas encore...
26:00 Voilà, alors justement, je voulais...
26:02 - C'est bon, il est là.
26:04 - Oui. - Bonjour Kodjo de Paris.
26:06 - Bonjour Kodjo.
26:08 - Bonjour M. Percoppe, bonjour M. Chalodana.
26:11 Ma question concerne le Conseil de sécurité à l'ONU.
26:19 Alors, je m'en vais demander à Chalodana,
26:23 quelles sont les perspectives de ce groupe africain
26:30 et à l'ONU pour la résolution de ce problème
26:35 au Rwanda et au Congo ?
26:37 N'a-t-il pas une voie assez prépondérante
26:42 pour intervenir auprès de l'ONU
26:45 pour pouvoir résolver ce problème ?
26:48 - Bonne question Kodjo.
26:51 Alors, le groupe africain a-t-il un poids ?
26:54 - Aucun poids, d'ailleurs le groupe africain
26:57 avait essayé de réagir en 1994
27:00 lorsque les résolutions étaient prises sur le Rwanda.
27:03 Évidemment, avec les pays non alignés,
27:06 les États-Unis ont mis leur veto
27:07 et personne et tout le monde s'est écrasé.
27:09 Donc, il ne pèse pas du tout.
27:12 Et c'est d'autant plus important
27:14 que beaucoup de pays justement du groupe africain,
27:18 dont les pays francophones,
27:19 ont toujours regardé la position de la France
27:20 pour savoir si la France parlait ou pas.
27:23 Et dès qu'on voit la France s'écraser également
27:25 devant les États-Unis,
27:26 et bien tous ces pays s'écrasent également.
27:28 - En fait, la France aujourd'hui,
27:29 Charles Onana, s'est alignée
27:31 sur la position des États-Unis
27:33 et soutienne Kagame complètement.
27:35 - Et ça, ça a commencé avec Nicolas Sarkozy.
27:38 Lorsque le président Chirac est arrivé
27:40 après François Mitterrand,
27:42 il a gardé une distance, je dirais, sécuritaire
27:45 avec le Rwanda.
27:47 Il n'était pas du tout emballé
27:49 par la réconciliation avec le Rwanda, etc.
27:53 D'autant plus qu'on soupçonnait effectivement
27:56 le président Chirac de vouloir
27:59 poursuivre la politique de Mitterrand.
28:01 Ça, c'était la vision de Kagame.
28:03 Bon, donc le président Chirac est resté distant.
28:06 Mais lorsque Sarkozy est arrivé,
28:08 et bien il s'est aligné complètement
28:10 sur les positions de Washington.
28:11 En demandant, en 2010,
28:13 lors par exemple d'une réunion des ambassadeurs,
28:16 que les Congolais partagent leur richesse
28:19 avec le Rwanda.
28:21 - En quelle année ça ?
28:22 - Mais en 2010 !
28:24 Ce qui était une absurdité.
28:26 On se demande, moi je me suis demandé,
28:28 est-ce que M. Sarkozy, président de la France,
28:31 accepterait de partager les richesses de la France
28:33 avec la Grèce ou le Portugal ?
28:37 - Avec l'Albanie ou le Portugal.
28:40 Juste un mot, aujourd'hui,
28:42 la politique française continue
28:44 de la même façon ou ça bouge ?
28:46 - Alors là, c'est très intéressant,
28:48 on a vu sous François Hollande,
28:50 également, la même position de retrait,
28:53 de distance qu'avait le président Chirac.
28:55 - C'est le côté corrézien ça.
28:57 - Voilà, et oui, tout à fait,
28:59 on peut le dire comme ça.
29:01 Mais avec M. Macron, pas du tout.
29:04 On a vu le président Macron aller à Kigali,
29:07 comme le président Nicolas Sarkozy,
29:09 faire des j'ai mis flexion devant un criminel de guerre,
29:12 comme Kagame.
29:13 Et considérer même, d'ailleurs,
29:15 aller, disons, s'excuser
29:18 de l'attitude qui aurait été celle de la France en 1994,
29:22 mais une attitude qui n'a jamais été décrite
29:25 très clairement ni très précisément.
29:27 - Non mais comme vous dites, il ne faut pas oublier
29:29 qu'il y a eu un génocide des Hutus
29:31 contre les Tutsis au Rwanda en 1993.
29:33 Mais il ne faut pas oublier le reste,
29:35 ça ne doit pas exonérer...
29:37 - Non mais c'est même pire que ça,
29:39 c'est que les Congolais n'ont jamais été
29:41 mêlés aux histoires du Rwanda.
29:43 Et donc on ne peut pas comprendre
29:45 pourquoi les Congolais sont victimes
29:47 d'une extermination aussi massive
29:49 de leur population sur leur sol,
29:51 d'un viol de plus de...
29:53 d'un demi-million de femmes Congolais
29:55 sur leur territoire, alors qu'ils ne sont
29:57 jamais mêlés aux histoires du Rwanda.
29:59 - Il n'y a été pas. Lucia, je crois que nous avons...
30:01 - Merci beaucoup Kodjo, et oui, on enchaîne avec
30:03 Philippe Decan, bonjour Philippe.
30:05 - Oui, bonjour André,
30:07 bonjour monsieur Renan.
30:09 - Bonjour Philippe.
30:11 - Je vais vous faire évoquer,
30:13 premièrement,
30:15 mobilisation des gouvernements,
30:17 comme l'a déjà fait la France,
30:19 sur, entre parenthèses,
30:21 des biens mal acquis.
30:23 Ça c'est un point qu'il faudrait revoir ensemble.
30:25 Et un autre point,
30:27 sur les multinationales,
30:29 via, on va dire,
30:31 les sociétés utilisant,
30:33 des sociétés, des milices,
30:35 des groupes paramilitaires, ce que vous voulez,
30:37 pour continuer leur activité. André,
30:39 comme moi, à ce titre d'exemple,
30:41 c'était Lafarge en Syrie,
30:43 était plus que parlant.
30:45 Alors, ça concerne toutes les
30:47 multinationales, et les moyens
30:49 de corruption sur les
30:51 élites africaines,
30:53 congolaises, rwandaises, africaines.
30:55 Moi, il y a quand même
30:57 un point majeur, c'est
30:59 quid des élites africaines,
31:01 qui viennent, pour la plupart des jeunes
31:03 élites, viennent se former dans des
31:05 écoles brillantes en Europe,
31:07 et n'ont pas
31:09 les moyens, les capacités
31:11 de relever un défi
31:13 tout simplement, je dirais,
31:15 on va dire, législatif,
31:17 qui ferait
31:19 des sociétés,
31:21 tout simplement...
31:23 - Tout à fait. Oui, Philippe, je voudrais
31:25 résumer. Je crois que vous avez posé deux questions
31:27 très intéressantes, même essentielles.
31:29 Primo, effectivement, on a parlé des armées,
31:31 mais quid ? Est-ce que les multinationales
31:33 ont aussi leur corps expéditionnel ?
31:35 Je peux pas parler...
31:37 Leur "wagner", entre guillemets,
31:39 donc des privés,
31:41 des corps expéditionnels privés,
31:43 et deuxièmement, effectivement, quid
31:45 des élites, ce que disait Philippe, quid
31:47 des élites africaines ? Je veux dire par là
31:49 que, voilà, on aimerait
31:51 aussi les entendre un peu plus. Il y a vous,
31:53 il y a un certain nombre de gens, mais on aimerait entendre
31:55 un peu plus de monde, peut-être. - Oui.
31:57 Sur le premier point,
31:59 il faut... Oui, il a totalement raison.
32:01 Il y a eu...
32:03 Lorsque Laurent-Désiré Kabila a pris le pouvoir,
32:05 il y avait une entreprise qui était basée
32:07 au Canada, qui s'appelait
32:09 American Mineral Field, et donc qui
32:11 avait commencé à signer des contrats
32:13 avant même que Laurent-Désiré Kabila n'arrive au pouvoir.
32:15 - Une force de sécurité !
32:17 - Oui, oui.
32:19 Apporter un appui militaire, un appui
32:21 financier, et évidemment,
32:23 il y a d'autres multinationales
32:25 qui ont joué le même jeu, c'est-à-dire
32:27 ils signaient des contrats avant la prise de pouvoir,
32:29 apporter un soutien militaire,
32:31 paramilitaire, plutôt,
32:33 à des groupes armés, notamment en soutenant
32:35 militairement le Rwanda,
32:37 par exemple, les troupes du Rwanda qui
32:39 venaient mener cette guerre-là.
32:41 Donc, c'est en quelque sorte
32:43 comme si, comme vous avez utilisé
32:45 une expression que je reprends à mon compte
32:47 dès le début de l'émission, "il était un prestataire de services".
32:49 Moi, j'ai toujours considéré
32:51 le Rwanda de Kagame comme un sous-traitant
32:53 non...
32:55 non...
32:57 non reconnu, n'est-ce pas, des multinationales ?
32:59 - Bien rémunérés.
33:01 - Très bien rémunérés, et donc
33:03 qui font un service
33:05 je dirais
33:07 de façon discrète.
33:09 - Et pour les élites ?
33:11 - Et pour les élites, c'est évident que c'est un problème
33:13 essentiel, puisque, en fait,
33:15 il y a deux catégories d'élites.
33:17 En Afrique, là, aujourd'hui, vous avez
33:19 des gens extrêmement brillants, qui ont
33:21 fait de très belles études, comme disait
33:23 monsieur, que ce soit aux États-Unis,
33:25 à Londres, en France, etc.
33:27 Ces gens, pour certains,
33:29 ils sont prêts à les servir
33:31 des régimes comme ceux de Kagame
33:33 et d'autres sans conditions,
33:35 mais pour d'autres qui ont
33:37 un minimum d'éthique, etc., sont combattus
33:39 et à la fois par ces multinationales
33:41 et à la fois par les régimes en place
33:43 qui considèrent que ces gens sont extrêmement
33:45 dangereux, parce que, non seulement, ils sont
33:47 bien formés, sont compétents, mais surtout,
33:49 ils risquent de gêner le jeu
33:51 de trafic et de...
33:53 ce mercantilisme sauvage
33:55 qui est instauré un peu partout
33:57 dans ce genre d'opérations
33:59 clandestines. - J'aimerais que nous connaissons un peu partout
34:01 sous toutes les latitudes, mais effectivement
34:03 c'est un vrai problème, mais
34:05 Philippe a eu raison de le souligner.
34:07 Lucien, je crois que nous avons
34:09 notre auditeur. - Merci beaucoup, Philippe. Oui, on va partir rapidement
34:11 en pub. On se retrouve tout de suite. Restez bien avec
34:13 nous pour le face-à-face d'André Bercoff
34:15 avec Charles Odana pour son livre "Holocauste
34:17 au Congo, l'omerta de la communauté
34:19 internationale". Et nous irons en Seine-et-Marne
34:21 avec Timothée, qui a beaucoup de questions à nous poser.
34:23 A tout de suite sur Sud Radio.
34:25 Sud Radio Bercoff.
34:27 Les Français parlent au français.
34:31 Je n'aime pas
34:33 la blanquette de veau.
34:35 Je n'aime pas la blanquette
34:37 de veau. - Sud Radio Bercoff
34:39 dans tous ses états.
34:41 Vous êtes bien sur Sud Radio dans le face-à-face
34:43 d'André Bercoff avec Charles
34:45 Odana qui vient pour nous parler de son livre
34:47 "Holocauste au Congo, l'omerta de la
34:49 communauté internationale". Et vous avez la parole
34:51 au 0826 300 300.
34:53 On accueille Timothée
34:55 de Seine-et-Marne. Bonjour Timothée. - Bonjour
34:57 Timothée. - Bonjour
34:59 M. Bercoff. Bonjour
35:01 M. Charles Odana.
35:03 Je suis très content de passer
35:05 dans votre émission. En fait,
35:07 je voulais
35:09 revenir sur la question que M.
35:11 Bercoff avait posée tout à l'heure
35:13 à M. Charles Odana concernant
35:15 la crioté
35:17 que les régimes
35:19 de Paul Kagame utilisent, que ce soit
35:21 chez lui ou surtout à l'est du Congo
35:23 pour tuer les gens.
35:25 Pourquoi il ne peut pas
35:27 extraire les minéraux, piller les minéraux
35:29 sans cette crioté ?
35:31 Les femmes éventrées, les femmes violées,
35:33 les morts tous les jours. Pourquoi
35:35 cette crioté ? En fait,
35:37 de la mesure où
35:39 on a compris que ce sont
35:41 les régimes américains qui
35:43 bénissent,
35:45 qui bénissent,
35:47 qui permettent à Paul Kagame de bénéficier
35:49 de cela,
35:51 ce n'est pas suffisant parce qu'en fait,
35:53 il y a eu une époque où
35:55 Barack Obama avait quand même tapé les points
35:57 sur la table contre
35:59 les régimes de Paul Kagame,
36:01 de le demander d'arrêter, et ça s'est calmé.
36:03 Ça s'était calmé.
36:05 Alors pourquoi cette fois-ci,
36:07 on ne peut pas utiliser le même mécanisme
36:09 pour que les régimes actuels,
36:11 qui sont toujours les démocrates,
36:13 pour que les régimes actuels arrêtent ?
36:15 Parce que comme on le sait, ça fait plus de
36:17 20 ans que les gens meurent presque tous les jours.
36:19 D'un certain degré, on a commencé à compter les morts
36:21 jusqu'à ce qu'ils se sont fatigués parce qu'il n'y avait
36:23 pas de suite. Il suffit seulement
36:25 de suivre les archives
36:27 de l'ONU,
36:29 tous les messages qu'ils envoient.
36:31 - Tout à fait, Timothée, Charles Honnain
36:33 en parle, et encore une fois, lisez son
36:35 livre, il y a énormément de rapports
36:37 tout à fait passionnants. Alors Charles Honnain,
36:39 effectivement, j'avais commencé à vous poser la question,
36:41 et Timothée Lamont-Bleu, et alors
36:43 vous avez d'ailleurs répondu en première fois, il dit
36:45 qu'il faut semer la peur pour remplacer
36:47 les populations qui fuient par
36:49 d'autres populations. Mais d'un autre côté,
36:51 alors, ce que dit Timothée,
36:53 Barack Obama aurait à un moment donné
36:55 tapé du poing sur le table, ça serait calmé,
36:57 est-ce qu'effectivement, il n'y aurait pas,
36:59 est-ce que, avec
37:01 une réaction plus forte des
37:03 Américains, est-ce qu'il y aurait,
37:05 on pourrait calmer au moins les choses ?
37:07 - Alors,
37:09 Barack Obama avait
37:11 dénoncé, mais c'était un démocrate.
37:13 Il y avait les soutiens démocrates
37:15 de l'époque de Clinton
37:17 au sein du gouvernement Obama, donc ça n'a pas vraiment
37:19 changé. Et l'inquiétude est
37:21 réellement venue lorsque
37:23 M. Trump est arrivé au pouvoir
37:25 aux Etats-Unis. Et là, effectivement,
37:27 il ne voulait pas entendre parler
37:29 des affaires de Clinton, et ça, ça a
37:31 tellement inquiété Kagame, qu'à un moment
37:33 donné, il a
37:35 commencé à faire profil bas. Donc,
37:37 le problème... - Ah oui, Trump, il s'est dit, Trump va changer de politique.
37:39 - Mais bien entendu, et donc, ils étaient tous
37:41 inquiets, mais sauf que, comme Trump a été
37:43 battu aux élections,
37:45 eh bien, les soutiens de Kagame sont
37:47 revenus à la Maison Blanche, notamment
37:49 avec Susan Rice,
37:51 qui était
37:53 l'un des soutiens,
37:55 je dirais, les plus fanatiques de Kagame
37:57 en 1994.
37:59 Donc, il est évident que, tant que la politique
38:01 n'a pas changé
38:03 aux Etats-Unis, Kagame a de
38:05 beaux jours devant lui.
38:07 C'est la triste réalité. - Alors, la question que je voulais poser,
38:09 c'est un peu dans le prolongement, effectivement,
38:11 je me disais, ok, vous parlez de ça,
38:13 on dit voilà, on dit
38:15 au... Vous avez dit, les Congolais, 20 fois
38:17 on s'est négociés, mais ça n'a rien arrêté.
38:19 Mais attendez, le Congo,
38:21 républicanique, démocratique du Congo,
38:23 4 fois la France,
38:25 on est bien d'accord, 4 fois la France.
38:27 Bon, il n'y a pas d'armée ?
38:29 Il n'y a pas d'armée congolaise ?
38:31 Et alors, les armées, ok,
38:33 je veux bien que le Rwanda ait une armée, je veux bien que
38:35 l'Uganda ait une armée, et l'armée congolaise,
38:37 alors ? - Alors, ça,
38:39 vous mettez le doigt sur le tabou.
38:41 Le tabou, il ne faut pas parler de ça.
38:43 Mais pourquoi il ne faut pas parler de ça ? Parce que,
38:45 en réalité, en 2003-2004,
38:49 l'Union européenne a financé
38:51 une opération au Congo, qu'on appelle
38:53 le programme DDR. Et qu'est-ce que cela
38:55 veut dire ? Le programme DDR, c'est le programme
38:57 démobilisation, désarmement, réintégration.
38:59 Donc, il était question
39:01 de prendre des
39:03 milices armées qui s'aimaient la mort
39:05 au Congo, de les mettre
39:07 au sein de l'armée congolaise pour
39:09 former les forces armées
39:11 de la République démocratique du Congo.
39:13 Et donc, vous aviez des
39:15 officiers formés dans les académies militaires,
39:17 l'Académie royale en
39:19 Belgique, l'école
39:21 militaire en France, etc. - West Point,
39:23 ou ailleurs. - Oui, etc. - Oui. - Ces gens-là
39:25 devaient cohabiter dans l'armée congolaise
39:27 avec des parfaits criminels de guerre,
39:29 et des criminels contre l'humanité. - D'accord. - C'est-à-dire des miliciens
39:31 qui... - C'est-à-dire, c'est à l'initiative de l'Union européenne, ça ?
39:33 - Absolument ! Absolument !
39:35 Comprenez pourquoi il y a l'OMERTA.
39:37 Parce qu'il faut qu'on assume ce
39:39 qu'on a fait. Donc, ce
39:41 programme a été financé par l'Union européenne
39:43 et par la Banque mondiale. - Donc, c'était
39:45 en quelle année ? - En 2004.
39:47 - 2004. - 2004, 2005. Et donc, vous avez
39:49 eu, pendant toute cette période-là,
39:51 ce programme-là... - Oui, mais il y avait des
39:53 mercenaires ou des criminels de guerre
39:55 ou des tueurs, qui étaient mis
39:57 avec l'armée... - Mais...
39:59 - Mais pourquoi ? Enfin, quel but ? - Alors,
40:01 le but était de dire qu'on veut ramener la paix.
40:03 Pourquoi l'Union européenne a fait ça ? Parce que
40:05 l'Union européenne voulait... Il y avait des élections en 2006.
40:07 - Au Congo.
40:09 - Au Congo. Et Joseph Kabila
40:11 était candidat. Et donc, à l'époque,
40:13 tout le monde soutenait plus ou moins Joseph Kabila
40:15 au sein de l'Union européenne, je veux dire.
40:17 Et donc, les gens disaient,
40:19 pour qu'il y ait la paix au Congo, le retour
40:21 à des institutions à peu près normales,
40:23 il faut, en quelque
40:25 sorte, racheter
40:27 ces gens de leurs crimes
40:29 en les mettant au sein de l'armée congolaise.
40:31 Et donc, l'armée congolaise a donc été...
40:33 a vu
40:35 dans ses rangs venir
40:37 des Rwandais, des Tutsis du Rwanda,
40:39 des Tutsis du Burundi, des gens qui...
40:41 - Ah oui, pas seulement des Congolais !
40:43 - Ah non, non, non ! - Ah, il fallait
40:45 remettre tout ça... - Mais tous ces
40:47 militians qui
40:49 venaient du Rwanda, du Burundi, donc
40:51 qui étaient essentiellement, d'ailleurs, Tutsis, hein, et qui sont
40:53 rentrés dans l'armée congolaise. Donc, qu'est-ce
40:55 qu'ils ont fait ? Eh bien, non seulement, ils ont continué
40:57 à massacrer les gens comme ils le faisaient
40:59 en tant que militiaux, au sein des phares d'essai,
41:01 mais en plus de cela, là où
41:03 il y avait des atrocités qui étaient commises,
41:05 ils s'abstaignaient d'intervenir.
41:07 L'exemple le plus
41:09 important, c'est par exemple celui de Laurent
41:11 Kounda, qui était connu...
41:13 qui était quasiment, je dirais,
41:15 courtisé par l'ensemble
41:17 de l'union... des
41:19 gros fonctionnaires de l'Union européenne. - Rappelez-lui Laurent Kounda !
41:21 - Laurent Kounda, qui était donc un chef
41:23 militaire, un chef...
41:25 un militien...
41:27 originaire du Rwanda,
41:29 mais qui disait qu'il était "tutti" congolais.
41:31 Alors, sauf
41:33 que j'ai retrouvé un rapport de la MONUC,
41:35 de la mission des Nations Unies au Congo,
41:37 qui... un rapport spécial,
41:39 un rapport confidentiel de 10 pages,
41:41 qui dit que M. Laurent Kounda n'est pas congolais, il est rwandais.
41:43 La preuve, c'est que M. Laurent Kounda
41:45 est retourné au Rwanda, il est actuellement
41:47 au Rwanda. Et donc,
41:49 les Congolais se sont donc retrouvés
41:51 dans leur armée, avec des "tutti"
41:53 congolais, des "tutti" rwandais,
41:55 des "tutti"
41:57 du Burundi.
41:59 Et donc,
42:01 depuis cette période-là, mais pas seulement au sein
42:03 de l'armée, dans l'ensemble des services de sécurité,
42:05 mais plus grave encore, ça s'est
42:07 repercuté au sommet de l'État.
42:09 On a eu quelqu'un comme Azarias
42:11 Oubéroa, qui était aussi
42:13 chef d'une milice
42:15 congolaise,
42:17 qui disait lui-même être un "tutti"
42:19 congolais, qui s'est retrouvé à être
42:21 vice-président de la République, d'après des accords
42:23 de Sun City, qui étaient des accords de paix en RDC,
42:25 et qui, en même temps,
42:27 n'a pas
42:29 une seule fois condamné
42:31 les attaques qui étaient faites
42:33 par Laurent Kounda et d'autres militiaux "tutti".
42:35 Donc, on a vu beaucoup de
42:37 "tutti" rentrer au sein de l'appareil
42:39 d'État congolais et dans l'ensemble
42:41 de l'appareil sécuritaire, les services d'enseignement, l'armée, la police, etc.
42:43 - Donc, armée déchirée, armée...
42:45 - Armée infiltrée,
42:47 minée. - Noyauté.
42:49 - Voilà, c'est comme si vous aviez
42:51 des Allemands, pour que les Français comprennent
42:53 ce que ça veut dire, c'est comme si vous aviez des Allemands
42:55 qui étaient rentrés dans l'armée française en 1940
42:57 et qui
42:59 empêchaient des massacres sur le territoire français.
43:01 Enfin, qui n'arrivaient pas à empêcher
43:03 des massacres sur le territoire français.
43:05 - C'est quand même hallucinant, mais c'est un livre
43:07 en tout cas passionnant.
43:09 Un livre, je veux dire, vraiment
43:11 qui enseigne beaucoup, beaucoup,
43:13 beaucoup de choses. Lisez-le.
43:15 Lisez-le, "Holocauste au Congo",
43:17 Charles Onana. Beaucoup de choses encore à dire,
43:19 mais on en reparlera, bien sûr.
43:21 - Merci beaucoup, chers auditeurs,
43:23 d'être toujours aussi nombreux à nous écouter.
43:25 Et merci à Charles Onana pour son livre
43:27 "Holocauste au Congo, l'omerta de la communauté internationale"
43:29 aux éditions L'Artilleur.
43:31 Et après les informations,
43:33 l'émission de Brigitte Lahaie, à tout de suite sur Sud Radio.
43:35 Radio.

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