Plan logement : "Tous les acteurs de l’immobilier ont la même réaction, mépris, désillusion, déception. Ce sont quelques mesures techniques et court-termistes qui n’apportent aucune réponse à la gravité de la crise du logement", raille Dominique Estrosi-Sassone, sénatrice (LR) des Alpes-Maritimes, vice-présidente de la commission des affaires économiques.
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00:00 - Merci Dominique Estrosi-Sassone de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:03 Vous êtes élue des Alpes-Maritimes, membre du groupe Les Républicains.
00:06 On va parler logement puisque c'est un dossier que vous suivez particulièrement.
00:08 Mais d'abord, l'actualité, c'est toujours la réforme des retraites
00:11 et cette 14e journée de mobilisation hier qui a été la moins suivie.
00:15 Est-ce qu'elle marque, selon vous, la fin du match ?
00:18 - Oui, je pense que c'était en quelque sorte la der-des-ders, le dernier combat.
00:22 D'ailleurs, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a été particulièrement clair.
00:28 Il a dit que c'est très certainement la dernière manifestation contre la réforme des retraites.
00:32 On a vu que la mobilisation n'était pas au rendez-vous,
00:35 que bon nombre de salariés n'ont pas fait grève,
00:37 que les transports n'ont pas tellement été embolisés.
00:42 Donc effectivement, je pense que la page va être tournée.
00:45 De toute façon, tout le monde s'accorde à le dire.
00:47 La loi a été votée, la loi a été promulguée.
00:50 En revanche, je pense qu'il reste encore du grain à moudre
00:53 entre les syndicats et le gouvernement sur un certain nombre de questions,
00:58 en particulier peut-être l'emploi des seniors, les négociations salariales, l'usure professionnelle.
01:04 Donc je pense que de ce point de vue-là, il y aura encore une dénégociation
01:08 et très certainement un dialogue qui ne va pas être facile à mener entre les syndicats et le gouvernement.
01:14 - Mais qui doit reprendre, selon vous ?
01:15 - Oui, bien sûr. Mais je pense que tout le monde en a la volonté quand même.
01:18 - Vous entendez les syndicats et l'opposition s'insurger
01:22 contre le fait que demain, Yael Broun-Pivet dégaine probablement l'article 40
01:26 sur la proposition de loi du groupe Lyot.
01:29 Est-ce que pour vous, cela bafoue les droits du Parlement ?
01:31 - Non. La Constitution, elle est la même pour tout le monde.
01:34 Aujourd'hui, il y a un article 40 qui interdit d'aggraver les charges publiques
01:39 pour diminuer les recettes de l'État.
01:41 L'amendement qui devrait être déposé pour rétablir l'article 1
01:46 fait manifestement aggraver les charges publiques,
01:49 même s'il y a une compensation à travers les charges du tabac.
01:53 On sait que ce n'est pas sérieux.
01:54 On sait que ces charges du tabac sont déjà réemployées à autre chose.
01:57 Donc, effectivement, cet amendement est inconstitutionnel
02:01 et il me semble tout à fait légitime que la présidente de l'Assemblée nationale
02:05 le déclare comme tel et donc que le texte de loi Lyot ne soit pas voté.
02:09 - Vous redoutez cette après-réforme des retraites.
02:11 Est-ce que pour vous, il peut y avoir une crise institutionnelle, une crise démocratique ?
02:15 - Non, je pense par contre qu'il y a toujours dans notre pays
02:18 une colère froide qui gronde, une colère sociale qui est présente,
02:23 peut-être rentrée par bon nombre de nos concitoyens
02:26 qui ne l'expriment pas encore totalement.
02:28 Et je pense qu'effectivement, il faut faire attention, en particulier à la rentrée.
02:32 Et puis, il faut voir comment les choses vont se dérouler.
02:34 Mais je pense plus à cette colère froide qui est assez inquiétante
02:38 que véritablement une crise institutionnelle.
02:40 - Qui pourrait l'exprimer comment ? Dans la rue, dans les urnes ?
02:43 - Alors, dans les urnes, bon, il y aura a priori,
02:45 la prochaine étape ne sera qu'au mois de mai 2024 avec des élections européennes.
02:51 Mais je pense qu'on n'est pas à l'abri, effectivement.
02:53 On le voit de nouveau, d'actes dans la rue, mais aussi peut-être de violence.
03:00 Enfin, on voit bien que tout est à fleur de peau.
03:02 Et donc, je crois que c'est très important que cette négociation, ce dialogue reprenne,
03:07 même s'il va être difficile et très certainement qu'il n'aboutira pas sur tout.
03:12 Mais déjà, pour faire un petit peu tomber cette soupape de sécurité
03:16 qui aujourd'hui est quand même présente sur tous les territoires.
03:19 - On va parler du logement.
03:20 Elisabeth Borne a présenté en début de semaine le plan du gouvernement
03:24 pour faire face à la crise du logement.
03:25 Hier, au Sénat, les professionnels du logement et de ministres
03:28 étaient auditionnés sur le sujet.
03:30 On voit tout ça avec Steve Jourdin.
03:32 [Générique]
03:39 - Bonjour Steve.
03:40 - Bonjour Yann, bonjour Mme la secrétaire d'État.
03:42 Et Steve, la commission d'enquête sur l'efficacité des politiques publiques
03:45 en matière de rénovation énergétique touche à sa fin.
03:47 - Oui, commission qui a entamé ses auditions au mois de janvier
03:50 et qui cherche à répondre à une grande question.
03:53 Pourquoi la France ne parvient pas à atteindre ses objectifs
03:56 en matière de rénovation énergétique ?
03:58 Depuis 2013, un objectif très clair est fixé, 500 000 logements rénovés par an.
04:03 Et d'ici 2025, l'éradication complète des passoires thermiques.
04:07 Alors, on en est très loin.
04:08 Il faut rappeler ce qu'est une passoire thermique.
04:10 Ce sont les logements classés aujourd'hui F ou G par les DPE,
04:14 les fameux diagnostics de performance énergétique.
04:17 On parle de 17% du parc immobilier au total en France
04:20 et 5 200 000 résidences principales.
04:23 Au rythme où on va, il faudra donc rénover 1 600 000 logements par an d'ici 2025.
04:29 L'année dernière, seulement 700 000 logements ont été rénovés.
04:33 - Qu'est-ce qui coince ?
04:33 - C'est la question que vous avez posée Mme la sénatrice,
04:36 hier, aux professionnels de la filière immobilière.
04:38 Premier problème, identifier le grand bazar législatif
04:42 qui freine la décision des propriétaires de rénover.
04:45 Écoutez.
04:46 - Une loi de programmation de 5 ans, renouvelable 5 ans.
04:51 Si vous n'arrivez pas à valider les choses pour que les propriétaires,
04:55 les propriétaires, les locataires comprennent qu'on est sur de la stabilité,
04:59 on n'arrivera à rien.
05:00 Ça change tous les ans, tous les 6 mois, tous les 3 ans.
05:04 C'est trop.
05:04 - Ces lois changeantes créent deux choses.
05:07 Un, de l'attentisme chez les copropriétaires.
05:10 Il n'est pas rare d'entendre en Assemblée générale
05:12 les copropriétaires nous dire d'ici, est-ce que ça change ?
05:14 Autant attendre. Il est urgent d'attendre.
05:17 - Autre problème identifié par les professionnels,
05:19 le calendrier imposé par le gouvernement en matière d'interdiction de location.
05:23 On rappelle qu'à partir de 2025, les logements loués
05:26 devront obligatoirement porter au moins l'étiquette F en matière de DPE.
05:31 Et ça va beaucoup trop vite.
05:32 Écoutez.
05:34 - La temporalité de la copropriété n'est pas celle qui figure
05:37 et qui pourrait être exigée par les pouvoirs publics.
05:39 Interdit la location ou frappé d'indécence des logements
05:42 qui ne seraient pas placés G,
05:44 ceux qui seraient G au 1er janvier 2025 et F en 2028.
05:47 Suspendre l'indécence de ces logements
05:50 heurte et notamment n'est pas productif pour le marché locatif.
05:53 Au contraire, provoque une attrition de celui-ci
05:55 et qui est mauvaise, c'est un mauvais signal.
05:58 - Et les professionnels de l'immobilier ont donc fait valoir
06:01 leurs difficultés devant les sénateurs.
06:02 Quelle est la réponse du gouvernement ?
06:03 Deux ministres étaient auditionnés par la commission d'enquête hier.
06:06 Christophe Béchut et Agnès Pannier-Runacher
06:09 ont répondu aux plaintes des professionnels qu'on vient d'entendre.
06:11 Écoutez.
06:13 - On sait qu'on a un certain nombre de transformations
06:15 qui entraînent des irritants parce que
06:17 elles conduisent à des changements de comportement
06:19 ou à des alourdissements de frais
06:21 qui fragilisent une partie de nos concitoyens,
06:23 qui les interrogent et qui les font assimiler
06:26 la transition écologique à un prétexte pour augmenter les impôts,
06:29 pour faire en sorte de restreindre un certain nombre de libertés.
06:32 Si on veut effectivement atteindre la neutralité carbone en 2050,
06:35 il faut être sérieux et donc il faut anticiper ces sujets.
06:37 Nous, il nous semble important de poser ce sujet en se donnant le temps,
06:41 mais en étant aussi capable de tracer des perspectives ambitieuses
06:45 d'accompagnement de la filière, d'accompagnement des ménages.
06:48 - Madame la sénatrice, les contraintes qui pèsent aujourd'hui
06:51 sur les professionnels de l'immobilier qu'on vient d'entendre
06:53 et que vous avez auditionnés hier,
06:55 ces contraintes, elles sont trop fortes aujourd'hui ?
06:57 - Je pense qu'aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire
07:00 qu'il faut s'embarquer dans cette rénovation énergétique des logements.
07:04 Ce qui manque aujourd'hui, c'est d'abord de la confiance.
07:07 De la confiance pour que nos concitoyens se disent
07:10 qu'ils vont avoir la possibilité de réaliser ces travaux
07:13 de rénovation énergétique, tant au niveau financier,
07:16 parce que très souvent, ce sont des travaux qui coûtent très cher,
07:19 mais aussi qu'ils vont pouvoir être accompagnés
07:22 tout au long de leur parcours pour aboutir enfin
07:25 à cette rénovation énergétique.
07:26 Alors, on a des lois.
07:27 On a une loi qui est aujourd'hui la loi Climat et Résilience,
07:30 qui a imposé un calendrier.
07:32 Nous l'avons dénoncé lorsque le texte a été en discussion au Sénat,
07:36 parce que nous considérons que ce calendrier,
07:38 effectivement, était beaucoup trop contraint.
07:41 Pour autant, il a été adopté.
07:42 Donc, il faut se mettre en capacité de pouvoir le tenir.
07:46 - Vous dites qu'il faut alléger ces contraintes aujourd'hui ?
07:48 - Alléger. En tout cas, il faut redonner de la confiance.
07:51 Il faut véritablement mieux accompagner nos concitoyens
07:55 et il faut continuer à autoriser la rénovation geste par geste,
07:59 parce que, bien évidemment, ce à quoi nous prétendons,
08:02 ce sont des rénovations performantes,
08:04 qui permettent au logement de gagner plusieurs étiquettes d'un coup.
08:07 Mais on sait très bien que c'est très difficile de s'engager
08:10 sur un parcours qui peut être de 18 mois, 2 ans, 3 ans.
08:13 Et donc, on a besoin de continuer à dire à nos concitoyens,
08:17 voilà, si vous faites un premier geste,
08:19 c'est déjà une première façon de pouvoir réaliser
08:22 des économies d'énergie et de lutter contre les gaz à effet de serre.
08:26 Mais vous ne devez pas vous en arrêter là
08:28 et on doit continuer à les accompagner
08:29 tout au long de ce parcours,
08:31 à condition, bien évidemment, qu'on arrive aussi
08:34 à simplifier les procédures, à simplifier les dispositifs,
08:37 parce qu'aujourd'hui, il y a beaucoup d'aide,
08:39 mais nos concitoyens s'y perdent, il y a un maquis d'aide
08:42 et on voit bien que ça peut les décourager de ne pas faire.
08:45 Par contre, ce que j'ai pu constater tout au long de ces auditions,
08:48 c'est que tout le monde s'accorde à dire
08:50 que cette rénovation énergétique, c'est le grand enjeu,
08:53 c'est le grand défi de demain
08:55 et qu'il faut néanmoins être au rendez-vous.
08:57 – Un mot sur le calendrier, parce qu'à partir de 2025,
09:00 il y a des logements qui ne pourront plus être loués,
09:03 vous l'avez dénoncé au Sénat,
09:04 mais est-ce que ça va aggraver la crise du logement qui est en cours ?
09:07 Est-ce que ce calendrier, il est compatible
09:10 avec un retour de la confiance ?
09:12 Elle ne reviendra pas d'ici 2025 ?
09:13 – Il y a des risques, effectivement,
09:15 que, compte tenu du calendrier qui est mis en place,
09:17 que l'on voit déjà d'ailleurs apparaître
09:19 que des personnes, des particuliers, des propriétaires privés
09:23 retirent leur bien du marché du logement,
09:25 soit directement pour le vendre,
09:27 parce qu'ils savent qu'ils n'arriveront pas à réaliser
09:29 des travaux de rénovation énergétique dans le temps imparti.
09:33 – C'est déjà le cas, d'ailleurs.
09:34 – C'est le cas, mais on va voir à l'avenir
09:36 comment les choses vont se passer,
09:37 parce qu'effectivement, pour les passoires thermiques
09:40 les plus énergivores, c'est 2025, donc c'est demain,
09:43 et pour celles qui sont EF, ce sera 2028.
09:46 Donc on voit effectivement, et le risque est de voir
09:48 une attrition des résidences principales,
09:51 une baisse de l'offre sur le marché locatif
09:54 qui ne va pas ranger, effectivement, la crise du logement
09:57 que nous connaissons dans notre pays.
09:58 – Elisabeth Badorne a fait des annonces
09:59 en matière de rénovation énergétique,
10:02 200 000 rénovations en 2024, c'est ce qu'elle a annoncé.
10:05 Ça vous semble assez ambitieux,
10:07 je voulais rappeler les chiffres tout à l'heure,
10:08 mais 200 000 rénovations par an,
10:10 ça vous paraît assez ambitieux, un plan assez ambitieux ?
10:12 – Non, on reparlera du Conseil national de la refondation
10:14 sur le logement et de l'ambition qui n'est pas celle
10:17 qui est au rendez-vous.
10:19 Sur la rénovation énergétique, je vous assure véritablement,
10:21 dans les annonces de la Première ministre,
10:23 il n'y a rien de nouveau.
10:24 Alors elle dit qu'effectivement, il faut augmenter le dispositif
10:29 MaPrimeRénov', mais uniquement pour les rénovations performantes,
10:32 celles qui sont les plus difficiles à conduire et à éteindre,
10:35 avec des chiffres qui ne sont de toute façon pas à la hauteur
10:37 des objectifs ambitieux tels que la France les a fixés.
10:41 Elle dit qu'il faut mettre des points FranceRénov'
10:43 partout dans les territoires, ce qui commence déjà à se faire.
10:46 – Des points FranceRénov' de 450 à 1300.
10:47 – Voilà, un par intercommunalité, mais c'est déjà en route,
10:51 si j'ose dire.
10:52 Et enfin, elle dit qu'il faut augmenter le nombre
10:54 de mon accompagnateur rénov', ces personnes qui vont accompagner
10:58 le parcours de la rénovation énergétique auprès des particuliers,
11:01 depuis la recherche de financement, depuis l'accompagnement technique
11:04 et l'accompagnement social.
11:06 Cet accompagnateur rénov' va se mettre en place seulement
11:09 le 1er septembre.
11:10 Aujourd'hui, ça manque de garantie, de neutralité,
11:13 et on sait aussi qu'il n'y a pas forcément les personnes
11:16 qui seront formées pour faire ces métiers.
11:18 Donc je ne vois pas comment ce nombre pourra doubler
11:21 dans le temps annoncé par la Première Ministre.
11:23 – Vous dites que ce n'est pas faisable, mais que c'est assez ambitieux,
11:27 je essaie de comprendre ce que vous dites.
11:28 – Non, je dis qu'il n'y a rien de nouveau en matière de rénovation énergétique.
11:32 Dans les annonces qui ont été faites, on continue sur ce qui a été fait jusqu'alors.
11:36 Et donc il n'y a pas l'ambition nécessaire pour enfin embarquer
11:40 tout le monde vers cette massification de la rénovation énergétique.
11:43 – Au-delà de la rénovation énergétique, ce plan et les conclusions
11:46 de ce Conseil national de la refondation sur le logement,
11:49 ils visaient à faciliter l'accession à la propriété.
11:52 On sait que c'est difficile aujourd'hui d'accéder à la propriété.
11:54 Du coup, ça a des conséquences sur l'accès à l'allocation
11:57 et il y a aussi des pénuries de logements neufs.
11:59 Est-ce que le plan d'Elisabeth Borne répond à la crise du logement selon vous ?
12:03 – Écoutez, je pense que vous avez pu lire la presse depuis 48 heures,
12:06 tous les acteurs de l'immobilier ont eu les mêmes réactions.
12:09 Mépris, désillusion, déception.
12:13 Je crois que le Conseil national de la refondation sur le logement
12:15 aura eu le mérite de faire l'unanimité contre lui.
12:19 Il y a plus de 200 personnes qui ont travaillé pendant 7 mois
12:23 à ce Conseil national de la refondation, tout ça pour ça,
12:26 pour quelques mesures, quelques mesures techniques,
12:29 quelques mesures court-termistes, mais qui n'apportent aucune réponse
12:33 à la gravité de la crise du logement que connaît notre pays
12:36 et auxquelles sont confrontés les Français.
12:38 Je pense encore une fois, mais comme dans la précédente mandature,
12:41 Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs,
12:44 mais plus particulièrement depuis un an,
12:46 n'ont pas pris conscience de la gravité de la crise du logement,
12:50 n'ont pas les moyens en face qui permettraient de commencer à essayer
12:54 de la résoudre sur tous les marchés du segment du logement.
12:58 Le logement social, il est oublié.
13:00 Le logement locatif neuf, le logement locatif, il est en panne.
13:04 L'accession à la propriété, n'en parlons plus.
13:06 Le parcours résidentiel ne fonctionne plus.
13:08 Eh bien, je pense que malheureusement,
13:10 Emmanuel Macron n'aime pas l'immobilier.
13:13 Le logement n'est pas une priorité pour ce gouvernement.
13:17 Il n'y a aucune ambition, aucune stratégie.
13:20 – Qu'est-ce qui manque ? Qu'est-ce que vous attendiez ?
13:21 Qu'est-ce que vous auriez aimé qu'Elisabeth Borne l'aime ?
13:23 – Je crois qu'il y avait beaucoup de propositions sur la table
13:25 qui ont été faites par tous les acteurs de l'immobilier.
13:28 Des propositions assez innovantes.
13:30 Moi, ça fait longtemps que je plaide pour la mise en place
13:32 d'un statut du bailleur privé.
13:35 De considérer que la personne qui investit dans le logement,
13:38 elle a un rôle d'utilité sociale.
13:41 De considérer qu'un investisseur dans le logement,
13:44 ce n'est pas ni un rentier, ni un ténardier qui va par rapport à des locataires,
13:50 mais c'est quelqu'un qui prend des risques, qui entreprend.
13:52 Mais si en même temps, on n'encourage pas cet investissement locatif
13:56 par des niches fiscales, par la possibilité de pouvoir avoir
14:01 plus de revenus pour pouvoir mieux investir,
14:04 eh bien on bloque le marché de l'investissement locatif.
14:08 C'est un des exemples d'une proposition innovante qui a été mise sur la table.
14:12 Elle a été balayée de revers de la main parce qu'elle coûterait trop cher.
14:15 Mais c'est toujours la même chose.
14:16 C'est-à-dire qu'Emmanuel Macron, le gouvernement de Mme Borne,
14:20 voit le logement uniquement avec une approche budgétaire et comptable.
14:25 On considère que la politique du logement en France, elle coûte trop cher.
14:29 On ne dit jamais ce qu'elle rapporte.
14:31 Effectivement, c'est 35 milliards de dépenses, mais c'est plus de 85 milliards de recettes.
14:36 Et ça, c'est malheureusement, je dirais, le péché originel
14:40 depuis qu'Emmanuel Macron est aux affaires.
14:42 Tout le temps, on a vu que rien n'était fait pour le logement
14:46 à la hauteur de ce qui doit être fait dans notre pays.
14:48 – Un dernier mot, puisque hier en commission, vous avez voté contre
14:51 le prolongement du plafonnement de la hausse des loyers.
14:54 Ça devait s'arrêter fin juin, le gouvernement souhaitait le prolonger.
14:58 Pourquoi vous avez voté contre ?
15:00 Est-ce que dans un contexte d'inflation, vous ne craignez pas que ce soit mal perçu ?
15:03 – Alors, on a voulu d'abord dénoncer une méthode, une méthode d'impréparation,
15:07 une méthode d'urgence.
15:08 Effectivement, ces mesures, nous les avions votées
15:10 dans la loi pouvoir d'achat au mois de juillet dernier.
15:13 Donc, nous ne sommes pas contre de telles mesures.
15:15 Par contre, arrivés avec une proposition de loi,
15:18 il y a tout juste 10 jours à l'Assemblée nationale,
15:20 avec des délais qui ne sont pas respectés.
15:23 Alors que le gouvernement savait très bien que tout s'arrêtait au 30 juin 2023.
15:28 Donc, il avait tout loisir, dès le mois de janvier, dès le mois de février,
15:32 de présenter un texte de loi dont on aurait pu discuter calmement,
15:36 avec une concertation qui aurait pu s'engager avec, là encore,
15:39 les acteurs qui ont été pris de court, avec des études d'impact
15:43 qui auraient pu être menées et surtout avec des compensations
15:46 qui n'ont pas été prévues dans cette proposition de loi,
15:49 alors que l'année dernière, il y avait des garanties de compensation.
15:53 Et puis, je pense que la situation n'est pas tout à fait la même
15:57 que celle que nous avons vécue au mois de juillet dernier,
16:00 lorsque ce paquet a été voté.
16:02 La guerre en Ukraine avait juste commencé, l'inflation était au plus haut.
16:07 Là, l'inflation donne quand même quelques signes de repli.
16:10 Et je pense, pour revenir au sujet précédent,
16:13 que si nous voulons aussi que les propriétaires privés
16:16 puissent véritablement s'engager dans les travaux de rénovation énergétique,
16:19 il faut qu'ils aient des ressources, des recettes.
16:22 Et si on continue à plafonner leur loyer, on n'y arrivera jamais,
16:25 d'autant plus que l'État ne donne aucune garantie financière.
16:29 Enfin, dans les logements sociaux, ce qui pèse le plus
16:32 pour le budget des personnes les plus modestes,
16:34 ce ne sont pas tant les loyers, parce que les loyers,
16:36 les bailleurs sociaux ne vont jamais au plafond de ce qu'ils pourraient appliquer.
16:39 Ce qui pèse le plus, ce sont les charges.
16:42 Et sur la question des charges, rien n'est fait, rien n'est proposé.
16:46 – Merci Steve.
16:47 – Mais merci à vous pour revenir tout à l'heure.
16:49 – Mais vous m'avez grand plaisir.
16:51 – On parle du projet de loi de justice du gouvernement.
16:53 – On vous attend, n'oubliez pas de revenir tout à l'heure Steve.
16:57 On va aller chez vous du côté de Nice, on va voir l'actualité dans votre département.
17:00 On retrouve Denis Carreau.
17:01 Bonjour Denis, merci beaucoup d'être avec nous,
17:04 directeur des rédactions du groupe Nice Matin.
17:06 Et Denis, avec vous, on va revenir sur les incidents à répétition
17:10 dans le quartier des Moulins sur fonds de trafic de drogue.
17:14 – Oui, bonjour Oriane, bonjour Dominique Astro-Zissasson.
17:17 Alors effectivement, le quartier des Moulins,
17:19 que Dominique Astro-Zissasson connaît bien, vit des flambées de violences à répétition.
17:25 Depuis des semaines, mercredi dernier encore,
17:27 une fusillade a fait un blessé grave.
17:30 À chaque fois, le scénario est le même,
17:32 c'est des guerres de territoire sans fin sous fonds de trafic de drogue.
17:37 Une situation qui fait craindre une dérive à la Marseillaise.
17:40 Alors ce sont les mots du préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalès,
17:45 qui a renforcé considérablement les moyens de police dans le quartier.
17:50 En moins de deux mois, ce sont 250 personnes qui ont été arrêtées,
17:55 mais 13 seulement ont été écrouées,
17:58 et certains passent carrément entre les mailles du filet.
18:01 C'est le cas d'un homme et d'une femme qui ont été jugés lundi soir
18:04 par le tribunal de Nice.
18:06 Chez eux, la police avait trouvé trois armes chargées,
18:09 près de 7 kilos de cannabis, de la cocaïne, 11 000 euros en liquide.
18:15 Et ils ont été libérés, le tribunal ayant annulé la procédure à leur rencontre.
18:22 La raison est simple, les policiers n'avaient manifestement pas demandé
18:26 l'autorisation de pénétrer dans les parties communes de l'immeuble au Moulin.
18:31 Alors ma question, Madame la Sénatrice,
18:34 doit-on revoir ce type de disposition juridique qui, au bout du compte,
18:40 laisse planer un sentiment d'impunité ?
18:43 Et doit-on renforcer la réponse pénale pour faire en sorte de mettre fin réellement
18:49 au trafic qui gangrène le quartier des Moulins ?
18:52 Oui, vous l'avez signalé, Denis, je connais bien ce quartier.
18:55 J'ai eu en responsabilité pendant plus de 20 ans tout ce qui touche à la politique de la ville
19:00 et j'étais conseillère départementale du quartier des Moulins.
19:03 Je suis effarée de voir combien la situation s'est dégradée en l'espace de deux ans.
19:08 Mais cette situation qui s'est dégradée, elle n'est quand même pas propre
19:11 au quartier des Moulins, aux cités sensibles.
19:13 On voit malheureusement tous les jours que de plus en plus, ce trafic de drogue,
19:18 ce capitalisme sauvage qui amène à conquérir des territoires,
19:21 se répand non seulement, bien sûr, dans les quartiers les plus sensibles,
19:25 mais aussi dans des villes moyennes ou dans la ruralité.
19:28 Et effectivement, je crois qu'aujourd'hui, pour lutter efficacement contre le trafic de drogue,
19:33 la police fait son travail et je soutiens absolument les forces de sécurité,
19:37 les forces de police bien sûr, qui sont commandées par le préfet des Alpes-Maritimes
19:41 et par le directeur départemental de la sécurité publique.
19:45 Je soutiens également, bien sûr, le maire de Nice qui s'investit largement
19:50 pour faire en sorte que dans ce quartier, on retrouve une vie quasi normale.
19:55 Mais vous l'avez signalé, ce qui pêche aujourd'hui, c'est la chaîne pénale.
19:59 C'est effectivement ce que ne comprennent pas nos concitoyens,
20:02 c'est lorsque la police fait son travail, les policiers sont de véritables fantasains
20:06 de la lutte contre la drogue, et bien très souvent, les dealers,
20:09 qui sont de plus en plus souvent arrêtés, grâce en particulier aux caméras de vidéo protection,
20:15 sont relâchés quasi immédiatement parce qu'on ne trouve pas la preuve
20:20 qui permettait de montrer qu'il y avait la raison de pouvoir les incarcérer.
20:25 Alors moi, quand j'avais été présidente de Code Azur Habitat,
20:28 qui est le plus gros bailleur social et qui est propriétaire
20:31 de la quasi-totalité des logements sociaux dans ce quartier des Moulins,
20:35 j'avais autorisé effectivement les forces de police,
20:38 mais aussi toutes les personnes assermentées,
20:42 de pouvoir rentrer dans les halls d'immeubles.
20:44 Aujourd'hui, que je sache, c'est tout à fait possible et permis par la loi,
20:49 à partir du moment où le bailleur social ou la copropriétaire de l'immeuble
20:55 en donne l'autorisation et l'affiche dans le hall d'immeubles.
20:58 Alors je ne comprends pas beaucoup cette argumentation qui a été utilisée
21:01 dans ce cas précis auquel vous faites référence,
21:04 mais je pense qu'aujourd'hui, on ne vaincra pas cette bataille du trafic de drogue
21:11 uniquement à travers, bien sûr, l'investissement des policiers.
21:16 Il faut qu'il y ait une réponse pénale,
21:17 mais il faut aussi qu'il y ait un ensemble de choses.
21:20 On le voit de plus en plus au niveau de l'éducation nationale,
21:23 au niveau de tout ce qui peut se passer en termes de sensibilisation des publics.
21:27 On a beaucoup plus de consommateurs de drogue que l'on en avait par le passé.
21:31 La France est aujourd'hui le premier marché de cannabis en Europe.
21:35 Donc tout cela explique ceci, mais explique aussi comment les dealers se déplacent,
21:39 investissent des territoires qu'ils ne connaissaient pas jusqu'alors,
21:42 les dérives à la Marseillaise auxquelles vous faites référence.
21:45 Mais pour le quartier des Moulins, effectivement,
21:47 je constate une grande dégradation alors que beaucoup de choses ont été faites
21:51 dans ce quartier, mais on doit avoir qu'une seule préoccupation,
21:54 c'est de permettre à la plupart des habitants de ce quartier
21:57 qui se comportent dignement de pouvoir continuer à y vivre
22:01 en relative sécurité, alors qu'ils ont peur tous les jours
22:05 pour leur vie et pour celle de leurs enfants.
22:08 Denis, une dernière question.
22:10 Oui, vous venez de le dire, Madame la Sénatrice.
22:13 Beaucoup de choses ont été faites dans le quartier des Moulins
22:15 comme dans beaucoup de cités sensibles en France.
22:17 Des dizaines, des centaines de millions ont été investis
22:19 dans des opérations de réhabilitation de grande ampleur.
22:23 Qu'est-ce qui n'a pas marché ?
22:25 Je pense que sur la rénovation urbaine, il n'y a pas eu de véritable échec.
22:30 D'une part, on a agi sur l'architecture, mais aussi on a accompagné,
22:33 en tout cas à Nice, toujours avec des mesures d'accompagnement social,
22:37 des mesures qui visent à meilleure insertion sociale et professionnelle
22:40 des personnes qui y habitent.
22:41 Aujourd'hui, nous sommes submergés,
22:43 submergés parce que ce trafic de drogue, je l'ai dit, a explosé,
22:47 submergés aussi parce qu'il est souvent en lien avec une immigration,
22:51 une immigration illégale, et ce chaos migratoire,
22:54 il faut bien évidemment aujourd'hui arriver à le résoudre, à y mettre fin.
22:59 C'est ce qu'ont fait les Républicains, tant au Sénat
23:02 qu'à l'Assemblée nationale, à travers les propositions de loi
23:06 que nous venons de déposer, qui font en tout cas beaucoup réagir,
23:08 qui montrent qu'on met le doigt sur des mesures
23:10 qu'il faut aujourd'hui impérativement prendre dans notre pays.
23:14 Mais je pense qu'en tant que tel, ce quartier des Moulins,
23:16 il a été ouvert sur la ville et on lui a amené les transports
23:20 et ça relève plus effectivement de politique nationale,
23:23 au niveau bien sûr de la justice, mais au niveau aussi du chaos migratoire,
23:27 parce que je suis désolée, il y a un lien incontestable
23:30 entre immigration et délinquance.
23:33 – Merci Denis Carreau, merci beaucoup d'avoir été avec nous,
23:36 la Une, c'est ce lendemain de manifestation Baroude d'honneur,
23:39 c'est à la Une de Nice matin aujourd'hui.
23:42 Merci Denis Carreau d'avoir été avec nous et merci beaucoup Dominique Roger-Sassane
23:46 d'avoir été notre invitée pendant cette première demi-heure.
23:49 Dans 20 minutes, dans le Club des territoires,
23:50 débat sur les moyens de la justice entre Nelly Bertrand,
23:53 la secrétaire générale du Syndicat de la Magistrature,
23:56 et Dominique Vérien qui est rapporteure du projet de loi justice
23:59 qui est examiné en ce moment même au Sénat,
24:01 ce sera à suivre dans 20 minutes,
24:02 mais d'abord on accueille notre prochaine invitée,
24:03 c'est Olivier Faure qui nous rejoint.