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Mardi 6 juin 2023, SMART JOB reçoit Dominique Largaud (déléguée régionale IDF, APEC) , Albane Armand-Prieto (Directrice, Robert Half France) et Marc Landré (Associé, Sia Partners)

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00:00 Le cercle RH et notre débat quotidien pour s'intéresser.
00:15 Alors, un sujet à la fois qui est au carrefour de l'économie, de l'entreprise, de la philosophie,
00:19 de la psychologie, c'est pourquoi je m'engage, pourquoi je vais travailler et évidemment
00:23 versus pourquoi je me désengage, pourquoi je n'ai plus envie d'aller travailler ou
00:28 de donner à mon entreprise.
00:29 C'est le sujet central qui traverse évidemment les entreprises.
00:33 On en parle avec mes invités, je ne sais pas si on va résoudre le sujet, mais en tout
00:36 cas on va le poser sur la table.
00:37 Albane Armand.
00:38 Vous avez un problème avec mon nom Armand ?
00:42 Mais je n'ai aucun problème avec mon nom.
00:44 Albane Armand, je suis ravi de vous accueillir, directrice chez Robert Half et on commentera
00:48 cette étude que vous étiez venue nous présenter il y a quelques semaines maintenant qui est
00:52 assez intéressante sur l'engagement et le désengagement et les envies des collaborateurs.
00:56 Exactement.
00:57 Elle est intéressante.
00:58 Et avec moi, Marc Largot, ravi de vous accueillir.
01:00 Vous êtes la déléguée régionale Île-de-France pour l'APEC.
01:03 On parlera de ses cadres, de leur envie de renverser la table.
01:06 Ils en ont plus envie qu'ils ne le font, si j'ai bien compris.
01:09 Oui, c'est plutôt ça.
01:10 Ils en rêvent mais ils ne le font pas.
01:12 Et avec nous, Marc Landré, ravi de vous accueillir Marc, associé chez SIA Partners avec beaucoup
01:18 de vos équipes qui sont venues dans nos émissions et c'était passionnant.
01:22 Juste pour qu'on soit d'accord sur le sujet dont on a parlé, est-ce que poser le problème
01:26 sur pourquoi vais-je travailler vous semble être la bonne thématique du moment ? C'est
01:31 à dire le nouveau rapport que l'on entretient au travail.
01:34 Est-ce que ce rapport a changé pour ne pas dire a explosé, Albane ?
01:40 Oui, alors je pense que c'est le bon angle, effectivement.
01:43 Il y a le sujet de ce que veulent les candidats et ce qu'ils ne veulent plus aujourd'hui
01:47 et puis corrélé à ce que les entreprises comprennent de ces messages.
01:52 Et puis un deuxième sujet que vous avez déjà évoqué avec Dominique qui est l'intention
01:56 des candidats et puis la réalité aussi derrière.
01:59 62% des SAC-APEC, des entreprises recrutant des cadres, ont révisé la rémunération
02:04 à la hausse.
02:05 Je vous donne la parole, mais Marc Landré, vous avez une vue un petit peu comme ça,
02:09 un peu en hauteur de l'histoire du marché du travail.
02:12 Restons modestes, mais vous connaissez ce sujet.
02:15 Est-ce qu'on est en train de vivre une révolution dans le rapport de force entre le collaborateur
02:20 et l'entreprise ?
02:21 C'est une révolution, une accélération parce que chaque génération n'a pas envie
02:25 de revivre ce que ses parents ont vécu en matière professionnelle.
02:28 Donc il y a toujours des variations, des évolutions, des modifications dans leur rapport au travail
02:33 par rapport à la génération précédente.
02:35 Mais là, il y a un double phénomène qui est en train de se passer qui est le phénomène
02:39 post-Covid où on a vu le rapport au travail changer du fait des confinements, du fait
02:44 de l'isolement, du fait du développement du télétravail.
02:48 Et on a cette nouvelle génération qui est une génération qui est dite "zapping",
02:52 c'est-à-dire qu'elle va de cause en cause et sur des modalités qui sont encore très
02:56 différentes des précédentes, notamment sur toutes les questions de développement durable,
02:59 sur les questions d'égalité professionnelle.
03:01 Et donc ces deux phénomènes-là viennent se cumuler pour faire un rapport au travail
03:07 qui a fortement évolué, en tout cas qui a plus fortement évolué par rapport aux
03:10 générations précédentes que ce qu'on avait connu par le passé.
03:13 Alors là, ça se gâte, c'est la question du recrutement.
03:15 Je me mets du côté des recruteurs, de ceux qui chassent, mais aussi des RH en direct.
03:20 Côté APEC, 64% des entreprises ayant recruté au moins un cadre en 2022 ont rencontré des
03:26 difficultés de recrutement.
03:27 Quels sont les problèmes de recrutement auxquels ils sont confrontés ? C'est-à-dire que
03:31 le candidat n'a pas envie de venir, l'entreprise n'est pas attractive.
03:34 C'est quoi les sujets qui bloquent ?
03:35 Alors, de l'avis des entreprises, le premier sujet, c'est le déficit de candidature.
03:39 Ça, c'est très clair, c'est le premier élément qui est évoqué.
03:41 Le deuxième, c'est celui de l'inadéquation des profils avec les postes proposés.
03:46 Et donc, effectivement, les entreprises sont obligées de s'adapter, de faire des ajustements
03:51 dans leurs pratiques de recrutement pour pouvoir avoir des candidats pour occuper leurs postes.
03:56 En connaissant que c'est une révolution, l'entreprise est obligée de se montrer sous
03:58 son meilleur profil, faire des campagnes, aller sur les réseaux sociaux.
04:03 Enfin, il y a 20 ans, mais...
04:04 Le raccours de force est inversé.
04:05 Mais totalement.
04:06 C'est le salarié qui choisit l'entreprise dans laquelle il veut aller, alors qu'avant,
04:09 quand on avait un marché du travail qui était nettement moins tendu, l'employeur avait
04:12 l'embarras du choix, il pouvait choisir parmi un certain nombre de salariés.
04:15 Et ça, c'est une vraie révolution, c'est une vraie différence par rapport aux générations
04:18 précédentes.
04:19 Il y a même des entreprises qui aujourd'hui font leur CV.
04:23 C'est ça.
04:24 C'est elles qui se vendent.
04:27 C'est elles qui se vendent, absolument.
04:28 Donc, on a été créé en 2012, on a un bon chiffre d'affaires, en RSE, on est top.
04:34 On propose ça, tel service, tel service, tel service, tel service, parce qu'on parle
04:37 effectivement et on en parlera après de la rémunération, qui reste un facteur important
04:40 de choix.
04:41 Quand même.
04:42 Mais pas que.
04:43 Avant, ça importait tout.
04:44 Maintenant, c'est l'autonomie dans le travail, c'est les capacités de progression de carrière,
04:48 et c'est les services plus qu'on va être capable d'offrir aux salariés pour les attirer
04:52 et ensuite les retenir.
04:53 Mais vous, collectivement, et moi-même d'ailleurs, est-ce que vous avez le sentiment qu'on est
04:56 en train de transformer le candidat en consommateur et que la relation qui s'installe, c'est
05:00 un peu une relation de consommateur avec un produit ?
05:02 Je ne sais pas si c'est consommateur, parce que quand on pose la question au cadre sur
05:06 le lien qu'ils ont avec leur entreprise, et je pense que c'est important que les entreprises
05:11 l'aient en tête, ils sont 58% à dire que ce lien est plus affectif que contractuel.
05:16 Donc en fait, ce n'est pas forcément un sujet de consommation, mais c'est un sujet d'attraction
05:19 en fait et de séduction entre les candidats et les entreprises.
05:23 Mais le lien du consommateur, excusez-moi, à une marque est souvent affectif.
05:26 On a les souvenirs d'enfance, on aime un yaourt plutôt qu'un autre parce qu'on a des souvenirs.
05:31 C'est un peu le rapport qu'on a avec sa boîte.
05:33 Mais avec une capacité de zapping qui est beaucoup plus importante que par le passé.
05:36 Regardez, vous avez une étude américaine qui démontrait qu'aujourd'hui, la génération
05:40 alpha est capable de quitter un job parce qu'il y a une politique dans l'entreprise
05:44 qui ne lui plaît pas.
05:45 C'est des choses qu'on ne connaissait pas avant, parce que quand on avait la peur du
05:47 chômage ou qu'on n'avait pas la même relation au travail, on hésitait beaucoup plus avant
05:52 de se lancer dans l'aventure, de quitter une entreprise pour aller retrouver un autre emploi.
05:55 Et ça, c'est une révolution, c'est un changement fondamental dans le lien de subordination
06:00 dans la relation que les uns et les autres vont avoir avec la notion même de travail.
06:05 Alman, vos études montrent aussi cela, montrent non pas un désengagement, mais un rapport
06:10 un peu distordu avec le travail.
06:13 Ce n'est pas une question que de désengagement ?
06:14 Alors, ce n'est pas une question que de désengagement.
06:17 Je rejoins Marc, effectivement, sur le fait que la génération de nos parents est avant
06:20 rentrée dans une structure pour y faire carrière jusqu'au bout.
06:24 Dans un lien de subordination rigide.
06:26 Dans un lien très patriarcal, finalement, dans l'approche.
06:29 Aujourd'hui, ce que demandent les candidats et les générations suivantes, c'est du collectif.
06:35 Donc la relation au management, elle n'est plus verticale comme on pouvait...
06:40 Plus horizontale.
06:41 Exactement.
06:42 Management par projet.
06:43 C'est management par projet, c'est le collectif, on se met autour d'une table, on est transparent
06:47 et on va chercher les informations aussi, j'allais dire presque du bas vers le haut.
06:53 En tout cas, voilà, tout le monde est corrélé dans un projet qui est commun.
06:56 Juste un petit focus, vous l'avez évoqué, les crises environnementales, les sujets d'écologie
07:00 pour tous les alumnis qui sortent d'école, c'est le sujet de préoccupation numéro un,
07:05 sondage Ipsos.
07:06 Il y a un sujet, je voudrais l'ouvrir, quand on interroge les cadres et quand ils sont dans
07:10 l'entreprise, ils vous disent "moi j'ai un besoin".
07:12 Alors, je mets le mot "amour", mais le vrai mot c'est le mot "reconnaissance".
07:16 "J'ai besoin de reconnaissance".
07:17 Est-ce que ça, ça ressort aussi ? C'est-à-dire, c'est peut-être de dire "je viens dans une
07:21 boîte, je me lève le matin pour y aller, mais je voudrais qu'on me rende quelque chose".
07:25 Absolument, ça se traduit sous deux formes.
07:28 Il y a la reconnaissance salariale, évidemment, mais ces derniers temps, les entreprises ont
07:31 fait beaucoup d'efforts sur le sujet.
07:33 Mais il y a aussi la possibilité d'avoir une vision sur ses perspectives.
07:37 Et ça c'est vraiment important, ça apparaît en deuxième point comme élément de fidélisation
07:42 et de maintien dans l'entreprise, ou comme premier élément de départ de l'entreprise
07:47 si on n'a pas de perspective.
07:48 Et vraiment, dans ce cadre-là, les TPE, PME sont un peu moins facilités que les grandes
07:56 entreprises qui peuvent offrir des perspectives de carrière un peu différentes.
08:00 Mais c'est un vrai sujet pour les...
08:01 Non mais la reconnaissance, elle passe aussi dans la relation directe qu'on a avec son
08:04 manager, c'est-à-dire le lien que je peux avoir avec lui, ou le pas de lien, qui fait
08:08 qu'à un moment donné, je me dis "mais pourquoi je reste ici ? J'ai pas de retour, j'ai pas
08:13 d'intérêt à rester".
08:14 On le voit beaucoup ça dans les études.
08:15 C'est un peu sociologique.
08:16 Oui, il n'y a pas que ça.
08:18 C'est pas exclusivement focussé non plus sur la relation managériale, c'est-à-dire
08:22 que ce que dit Dominique est très juste dans la reconnaissance, il y a aussi un package,
08:26 et même les petites entreprises peuvent apporter autre chose sur la table, et notamment la
08:30 dimension formation.
08:31 Parce qu'aujourd'hui, ils cherchent des repères, ils vont switcher en 3-4 ans si derrière
08:37 il n'y a pas plus à apporter.
08:39 Et il y a du salaire.
08:40 Si je vais jeter quoi ?
08:41 Mais il y a de la formation.
08:42 Et dans notre étude, ce qui ressort, je trouve ça intéressant en termes de dimension chiffrée,
08:47 c'est que vous avez un candidat sur 4 qui aujourd'hui va envisager de la reconversion
08:53 professionnelle.
08:54 Et quand on parle de reconversion professionnelle, c'est pas passer de directeur commercial
08:58 à boucher nécessairement.
08:59 Ça peut être du transvers, de structure...
09:01 Du même secteur.
09:02 C'est beaucoup le même secteur.
09:04 On passe pas comme ça de producteur de fromage de chèvre en étant cadre.
09:08 C'est très rare.
09:09 Non, mais vous voyez, si effectivement le dialogue est beaucoup plus instauré entre
09:13 la direction et les collaborateurs, derrière, vous prenez ça au conseil.
09:17 Vous voyez, il faut remettre de l'humain, il faut mettre des mots.
09:19 Vous retenez vos talents.
09:20 Mais pas que.
09:21 L'offre de travail aujourd'hui, elle a évolué.
09:23 C'est un package.
09:24 C'est une offre au sens large, avec du psychologique, du sociologique, avec de l'accompagnement,
09:30 avec de la progression de carrière, de la promesse, du salaire.
09:33 C'est le mouton à 5 pattes que vous nous décrivez.
09:35 Le recruteur, il s'arrache la tête.
09:36 Oui, mais avec une donne qu'on n'avait pas vue depuis longtemps, ou du moins qui est
09:39 apparue, c'est dans cette relation au travail, c'est ma propre relation par rapport à mon
09:43 organisation du travail.
09:45 Avant, effectivement, on était dans les travails postés.
09:47 Je deviens mon patron, en fait.
09:48 Oui, je suis ma propre TPE, c'est-à-dire que je gère mon travail comme je l'entends.
09:52 Et vous avez des stratégies d'optimisation qui vont se présenter sur le marché auxquelles
09:56 les employeurs vont devoir répondre.
09:57 C'est-à-dire, je recrute un cadre et le cadre vient à l'entretien en disant très
10:01 bien « Mais moi, c'est ça.
10:02 C'est 3 ou 4 jours de télétravail, y compris si la politique interne est à 2 jours.
10:07 » Et on voit de plus en plus d'entreprises dire « Je ne veux pas rentrer dans ce processus-là,
10:11 me vendre à tout prix, donc je refuse.
10:13 » Oui, surtout parce que je décale.
10:14 Je fais rentrer un cadre en 4 jours de télétravail, on est à 2.
10:17 On est à 2.
10:18 Ça fait une discrimination ou une disproportion.
10:20 C'est le bazar.
10:21 C'est le bordel.
10:22 Donc on ne le prend pas.
10:23 On ne le prend pas.
10:24 Donc on recrute en interne, là, maintenant.
10:25 Oui, et on arrive maintenant avec des...
10:26 J'en discutais pas plus tard que la semaine dernière avec un EDRH d'un grand groupe français
10:30 qui dit « J'ai été au regret de dire à une postulante non parce qu'elle voulait
10:34 travailler 4 jours en télétravail depuis chez elle en province.
10:37 Ce n'est pas la politique de la maison.
10:39 Et donc, pour ne pas créer de distorsion en interne, même si son profil était exceptionnel,
10:43 j'ai été obligé de dire non et ça me met dans la panade parce qu'il va falloir
10:46 que je trouve quelqu'un d'autre, que je comble ce besoin.
10:49 Il nous reste un peu de temps.
10:50 Ces deux chiffres, je voudrais qu'on les commande parce qu'encore une fois, on creuse
10:53 un peu plus loin cette relation au travail.
10:55 En 90, 60%, c'est la proportion de Français qui considèrent que le travail comme très
11:01 important dans leur vie.
11:02 On est en 1990.
11:03 On fait un petit saut, 2021, on sort Covid.
11:07 24%, c'est la proportion de Français qui considèrent que leur travail comme très
11:12 important dans leur vie.
11:13 Comment vous recevez ce chiffre ? Le travail, ça compte plus ?
11:17 En fait, c'est en effet miroir de ce qui se passe pour moi.
11:20 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'équilibre vie privée-vie professionnelle a pris le
11:23 pas.
11:24 Aujourd'hui, c'est ce qui ressort en top 1.
11:25 Un quart le travail.
11:27 Oui.
11:28 Et puis donc, effectivement, la relation au travail, elle a totalement changé.
11:31 Donc aujourd'hui, c'est quelque chose d'important pour être payé, mais avoir des loisirs,
11:38 pouvoir vivre avec sa vie de famille le mieux possible.
11:41 Une société de loisirs.
11:42 Et avec une nécessité de s'adapter à ce nouveau paradigme.
11:47 Et c'est ce qu'a pas compris le gouvernement avec la réforme des retraites.
11:49 Parce qu'en pensant que le fait d'augmenter de deux ans l'âge de départ en retraite
11:53 passerait comme une lettre à la poste ou pas loin, en réalité, comme le rapport au
11:57 travail a changé, les gens se sont dit "moi, je préfère partir au même âge en gagnant
12:01 moins, sauf qu'on lui a pas demandé son avis".
12:05 C'est là où le schisme s'est passé.
12:06 Ce n'est pas un débat politique.
12:08 C'est un choc sociologique.
12:09 On prend deux ans de loisirs.
12:11 Et le travail n'a plus le même poids pour moi que ce qu'il avait avant, ou ce qu'il
12:14 avait pour mes parents.
12:15 Et donc j'organise ma vie professionnelle, personnelle, différemment de ce qu'on avait
12:21 tendance à voir par le passé.
12:23 Dominique Largo, vos cadres, ça colle ces chiffres-là ?
12:26 Totalement.
12:27 Il y a plus de la moitié des cadres qui disent avoir des difficultés dans l'équilibre
12:30 vie pro-vie perso.
12:31 Puisque c'est des...
12:33 Ils sont particulièrement engagés.
12:35 Donc effectivement, le travail s'immisce dans la vie personnelle.
12:40 Du coup, ils sont en recherche d'un meilleur équilibre.
12:42 Et ce sujet-là devient prégnant et crucial pour toutes les entreprises.
12:45 Et on a effectivement de plus en plus d'entreprises qui réfléchissent, y compris dans la négociation,
12:51 ce que vous disiez tout à l'heure, la négociation au moment du recrutement, sur le package
12:56 cadre de travail, quelles sont les conditions de travail à augmenter le télétravail,
13:01 imaginer d'autres choses.
13:02 On a aussi le sujet de la semaine de 4 jours.
13:06 J'allais doucement y venir.
13:07 Qui commence à pointer assez fortement.
13:10 Et dans ce cadre-là, par exemple, sur la semaine de 4 jours, les entreprises qui sont
13:14 passées la semaine de 4 jours ont multiplié par deux les candidatures sur le...
13:17 Papiers du Monde avant-hier sur...
13:19 Pas le début de l'explosion, mais une vraie prise de conscience.
13:22 Ils vous disent quoi, vos cadres ? Parce qu'on était sur le rapport de subordination.
13:26 Restons-y.
13:27 Chacun est un peu patron de sa petite TPE, il veut organiser son temps comme s'il était
13:30 entrepreneur.
13:31 Est-ce qu'il y a un désir aussi de ne plus être dans le CDI, mais plutôt être dans
13:33 une relation de consultant ?
13:35 J'ai le sentiment que le CDI reste encore paradoxalement majoritaire.
13:39 75%.
13:40 On est d'accord.
13:41 Donc on veut tout en même temps.
13:42 Et on oublie qu'au milieu des 20e siècle, on avait beaucoup moins de CDI et beaucoup
13:47 plus d'indépendants.
13:48 Donc on arrive à une forme de...
13:49 Et au début du siècle, il n'y avait que des indépendants.
13:51 Il n'y avait que des indépendants.
13:52 C'était très majoritaire.
13:53 Et même chez les jeunes générations, on pourrait imaginer...
13:56 Ils se protègent avec le CDI.
13:57 Absolument.
13:58 En fait, ils veulent le CDI.
13:59 Ils veulent le beurre et l'argent du beurre.
14:00 Et la flexibilité du cadre de travail.
14:01 Albane, c'est vrai ça ?
14:02 Alors, il y a un côté...
14:04 Le freelancing par exemple, ou le portage salarial, aujourd'hui, c'est quand même
14:08 plébiscité majoritairement aussi par des profils tech.
14:11 Qualifiés cadres.
14:12 IT, digital, qualifiés cadres.
14:14 L'autre sujet, dans notre étude, on a vu une disparité entre novembre 2022 et avril
14:18 2023.
14:19 C'est-à-dire 6 mois.
14:20 En 6 mois, l'intention de se mettre en freelance a quand même baissé.
14:26 Pourquoi ? Parce qu'il y a quand même un retour un petit peu sécuritaire aussi, avec
14:30 l'inflation.
14:31 Il fait un peu plus froid.
14:32 Mais c'est-à-dire que, attention, c'est une intention.
14:34 Donc c'est ce qu'on se disait tout à l'heure.
14:36 On se reconnaît.
14:37 On est d'accord.
14:38 On a plein de rêves.
14:39 Et puis le CDI, c'est quand même très protecteur.
14:41 On est d'accord.
14:42 Oui, mais on est capable de le rompre beaucoup plus facilement que par le passé.
14:46 Et en plus, les ruptures conventionnelles...
14:48 Vous savez, c'était Laurence Parizeau qui, justement, au moment de la définition de
14:51 la rupture conventionnelle en 2008, disait "le travail, c'est comme l'amour, c'est
14:54 précaire".
14:55 Et donc, ils avaient créé la rupture conventionnelle.
14:58 On arrive finalement aujourd'hui au bout du bout du processus où effectivement un
15:01 CDI protège, mais protège tant que j'en ai envie.
15:04 C'est ça.
15:05 C'est encore le salarié qui a la main.
15:06 C'est le salarié qui a la main.
15:08 Qualité de vie au travail...
15:09 Alors ça, c'est des chiffres intéressants parce que vous l'évoquez.
15:11 Pouvoir choisir ses heures de travail à 45%, avoir plus de jours de vacances à 36%, avoir
15:16 des options de travail entièrement flexibles à 35%.
15:18 Moi, je ne veux pas faire le réac absolu sur ce plateau.
15:21 Un peu quand même.
15:22 Un peu quand même.
15:23 Enfin, je ne suis pas des raches non plus, mais quand même, je me dis, vous voulez à
15:27 la fois un CDI ultra protecteur, assez peu de contraintes sur ce que je vous oblige à
15:31 faire en temps de travail, des demandes sur la semaine des quatre jours.
15:35 Enfin, attendez, excusez-moi, on va où, là ?
15:36 Je mets les pieds dans le plat, mais on va où ?
15:38 Il y a une équation quand même aussi, c'est-à-dire que ça augmente la relation de confiance,
15:44 d'autonomie du collaborateur avec son patron et d'engagement.
15:47 C'est vrai.
15:48 Ça, c'est positif.
15:49 En revanche, on ne se questionne pas sur comment les entreprises draguent les choses
15:52 derrière.
15:53 Je trouve que le degré, le rapport à la performance a aussi été accru.
15:57 De la part d'entreprise, mais de la part des salariés, non.
16:01 Exactement.
16:02 Mais s'il vous plaît, comment vous mettez le curseur ? Lorsque vous avez plus de télétravail,
16:06 etc., à un moment donné, le rapport à la performance est obligatoire.
16:10 Qu'à la confiance.
16:11 Je ne peux faire que confiance à celui que je n'ai pas.
16:13 Pas le choix.
16:14 Mais je n'ai pas le choix.
16:15 Je n'ai pas le choix.
16:16 Après, là, on parle aussi de sociétés qui sont des sociétés tertiaires avec des personnalités
16:20 qui ont un col blanc.
16:21 Dans l'école bleue, on n'est pas du tout là.
16:24 La semaine de quatre jours, ils la connaissent avec les 3-8 et des concentrations sur certaines
16:28 parties de la semaine.
16:29 C'est vrai qu'on n'en parle jamais de cette semaine.
16:30 C'est quatre jours en 3-8.
16:31 Elle existe déjà, cette semaine des 4 jours.
16:33 Et pour des ouvriers.
16:34 Même si les ouvriers deviennent de plus en plus qualifiés, de plus en plus digitaux,
16:38 avec des outils digitaux, mais finalement, c'est une extension du champ du domaine de
16:42 la lutte, comme dirait l'autre.
16:43 C'est du Welbeck.
16:44 Voilà.
16:45 Paix à son âme.
16:46 Des choses qu'on connaissait dans l'industrie ou pour l'école bleue, effectivement, se
16:53 transposent dans l'école blanc.
16:55 Et puis après, on va avoir un retour en arrière d'école blanc vers l'école bleue.
16:57 Et on le voit notamment sur le télétravail.
16:59 Quand vous avez du télétravail qui est permis pour l'école blanc, l'école bleue, ils
17:03 disent mais nous, on ne peut pas.
17:05 Donc, c'est pour ça que vous avez maintenant des possibilités de formation qui sont beaucoup
17:09 plus développées ou des logiques en horaires partagés, en horaires choisis pour leur permettre
17:14 d'avoir cette flexibilité qui est permise pour l'école blanc.
17:17 Une lutte des classes sur la transformation du travail.
17:19 Et de son organisation.
17:20 Eh oui, parce que ceux qui sont postés disent mais moi, je ne peux pas faire du télétravail
17:25 en servant un café.
17:26 Je vous ai vu sourire tout à l'heure quand je dis qu'ils veulent tout.
17:28 Je suis un peu dur.
17:29 Mais c'est vrai que celui qui recrute dit attendez, vous ne pouvez pas me demander 4
17:34 jours plus le… Je ne peux pas.
17:36 Est-ce qu'il y a un rapport de force ?
17:38 Je ne suis pas sûre que tous les salariés ou tous les candidats aujourd'hui demandent
17:41 4 jours de télétravail parce qu'il y a aussi une demande assez forte de collectifs,
17:46 de rapports humains et donc on est plutôt autour de 2 jours de télétravail.
17:51 C'est 2 jours.
17:52 2-3.
17:53 La moyenne c'est 2 jours.
17:54 Excepté effectivement dans l'IT où là on a un peu une surenchère sur le télétravail.
17:57 Mais avant de nous quitter, est-ce que vous êtes, excusez-moi d'utiliser ce terme un
17:59 peu fort, mais un peu halluciné de ce qu'on est en train de vivre collectivement là ? Quand
18:03 même vous qui êtes des spécialistes de ces sujets.
18:05 C'est un vrai changement.
18:06 C'est un vrai changement avec un nouveau paradigme auquel tout le monde doit s'adapter
18:09 et pour l'instant ce ne sont pas les entreprises qui ont la main.
18:12 Donc c'est pour ça qu'elles sont déstabilisées.
18:14 Le rapport de force a changé de camp et donc les entreprises doivent s'adapter.
18:17 Et la vraie question c'est jusqu'où on peut aller trop loin.
18:19 On est d'accord.
18:20 Jusqu'où on peut aller trop loin quand on est un candidat dans sa demande de package
18:25 par rapport à une…
18:26 Où j'arrête le curseur quoi.
18:28 Pour être sûr de trouver le bon… Vous êtes d'accord ?
18:31 Alors je suis d'accord.
18:32 C'est hallucinant ce qu'on vit quand même.
18:33 Je suis totalement d'accord effectivement et pour autant j'ai envie d'avoir aussi
18:36 une vision un peu positive de la suite.
18:37 C'est un peu la positive du plateau.
18:39 C'est-à-dire que…
18:40 Ce n'est pas si noir que ça.
18:41 Je vois aussi, on voit au quotidien chez nos clients des rebonds de créativité.
18:45 Il y a des choses qui se mixent collectivement.
18:49 Ils réfléchissent.
18:50 Ils réfléchissent.
18:51 Même dans les packages, les petites entreprises de moins de 50 salariés qui arrivent à faire
18:55 des choses détonantes et qui bougent un peu tout ça si vous voulez.
18:59 Oui bien sûr il y aura toujours des divas au niveau des candidats.
19:03 Il faut savoir les recadrer et leur dire les choses aussi.
19:05 Ça c'est dit.
19:06 Les conseiller.
19:07 Un petit coup de règle.
19:08 Pas tout noir.
19:09 Pas tout noir.
19:10 Je suis totalement d'accord avec ce qu'Alban vient de dire.
19:14 La diversité des packages et la possibilité d'être un peu créative dans les packages,
19:19 ça joue énormément.
19:20 En fait c'est vraiment un sujet de…
19:22 D'attractivité.
19:23 Oui et puis de différenciation des entreprises.
19:27 Un peu de communication.
19:28 Il vaut mieux ne pas promettre des choses qu'on ne pourra pas tenir mais par contre
19:33 être vraiment au clair sur ce qu'on peut ouvrir.
19:35 Ne survendez pas.
19:36 Soyez honnête.
19:37 Ne survendez pas.
19:38 Et avec cette ère de l'individualisation du rapport au travail, vous avez la technologie
19:43 et les nouvelles technologies qui vous offrent des possibilités énormes dans les packages
19:47 d'offrir des services qui n'existaient pas avant.
19:49 Juste en résumé, je pense à une petite boîte qui s'appelle Thiel qui fait de l'accompagnement
19:53 à la santé mentale.
19:54 Aujourd'hui on sait que dans nos professions on est beaucoup plus fragile, l'engagement
19:58 est beaucoup plus fort, en tout cas en demande, et donc on peut beaucoup plus facilement
20:03 racigner.
20:04 C'est une petite boîte Thiel qui propose un accompagnement dans un package d'entreprise
20:09 pour des accès à des psychologues sur un accompagnement au quotidien.
20:14 Et ça, ça, c'est du bien-être au salarié.
20:17 On est d'accord.
20:18 Merci à vous trois.
20:19 Vous me faites peur Alba.
20:20 Oui, excusez-moi Arnaud, mais je voulais juste le placer quand même parce que les entreprises
20:24 aussi vont beaucoup plus dans le partage de leur propre succès.
20:27 PPV, primes de partage de valeur, etc.
20:30 Et ça, bravo à eux quand même aussi.
20:32 De partager aussi le fruit de la réussite.
20:35 C'est un débat d'inflation et c'est un débat purement politique ça, du partage
20:38 de la valeur avec un texte qui se profite et qui arrive.
20:41 Merci à vous trois, à Dominique Largot, aux délégués régionales IDF, Île-de-France,
20:44 APEC.
20:45 Merci à Albane Armand, ça y est c'est entré, directrice Robert Half et merci à
20:49 Marc Landré, associé SIA Partners.
20:51 Merci pour ce beau débat.
20:52 Merci.
20:53 On termine avec fenêtre sur l'emploi.
20:54 On ne va pas être dépaysé, on va s'intéresser à l'engagement.
20:56 C'est Julien Breuil, EDC Business School, qui a compilé pas mal d'études passionnantes
21:00 sur ce sujet et on l'accueille.