Lundi 19 juin 2023, SMART JOB reçoit Gino Balderacchi (DRH, Kingfisher France) , Emilie Meridjen (avocate en droit du travail) , Mélanie Sueur-Sy (Directrice générale, Enactus France) , Catherine Schilansky (DRH, Amazon Stores France, Belgique et Luxembourg) , Lucille Desjonquères (Présidente, fondatrice, Assises de la parité 2023, cabinet Leyders Associates) et Serge Fourcade (Directeur Produit et qualité, membre, Thalazur, France Thalasso)
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00:00 Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui dans Smart Job, votre rendez-vous
00:12 emploi RH tous les jours sur BeSmart, débat, analyse, expertise et bien sûr vos rubriques
00:19 habituelles.
00:20 Bien dans son job, comment former les jeunes à l'entrepreneuriat social ? Vaste question
00:24 à laquelle nous allons tenter de répondre sur le plateau de Smart Job avec Mélanie
00:28 Chieursy, c'est la directrice générale d'Enactus France, une association lancée
00:33 en France en 2002 qui forme les jeunes lycéens et étudiants à l'entrepreneuriat social.
00:38 Smart et réglo, aujourd'hui on parle de la responsabilité pénale et plus précisément
00:43 de la responsabilité pénale du chef d'entreprise.
00:46 On vous explique tout dans un instant avec Émilie Meridjen, associée en droit du travail
00:51 au cabinet, s'écrit Valentin Zerouk.
00:53 Dans le cercle RH, aujourd'hui on s'intéresse de plus près aux assises de la parité 2023
00:58 on évoquera notamment la parité évidemment, est-elle au rendez-vous ? Mais on s'intéressera
01:03 aussi au sexisme ordinaire en entreprise et aux écarts de rémunération avec Véronique
01:08 Gilles, directrice des ressources humaines de Castorama France, Catherine Chilansky,
01:13 directrice des ressources humaines chez Amazon France Belgique et Luxembourg et enfin Lucille
01:17 Desjonckières qui est la présidente d'IWF France et présidente des assises de la parité.
01:23 On finira avec fenêtres sur l'emploi, on parlera des métiers du tourisme et oui,
01:28 un sujet d'actualité à un petit mois des vacances d'été.
01:31 Le problème c'est que ces métiers peinent à recruter.
01:34 On retrouve en fin d'émission Serge Fourcade, directeur produit et qualité chez Talazur,
01:40 une filiale de France Talasso.
01:41 Bienvenue à vous tous qui m'ont rejoigné, SmartJob c'est tout de suite et on commence
01:45 avec bien dans son job, c'est parti !
01:46 [Musique]
01:59 Bienvenue dans Bien dans son job, aujourd'hui on est ravis de recevoir sur notre plateau
02:03 Mélanie Suercy, bonjour.
02:05 Bonjour.
02:06 Vous êtes la directrice générale de l'association Enactus France, une asso qui forme les jeunes
02:10 lycéens et étudiants à l'entrepreneuriat social et aujourd'hui on va parler donc
02:14 entrepreneuriat ensemble et la question qui va nous animer c'est comment former les jeunes
02:18 à l'entrepreneuriat social ? Alors pour commencer Mélanie Suercy, est-ce que vous
02:23 pourriez nous présenter Enactus France qui, je le précise, fait ses 20 ans cette année,
02:27 c'est donc la branche France d'Enactus International, c'est bien ça ?
02:30 C'est ça.
02:31 Enactus c'est une association qui a été lancée en France pendant l'année scolaire
02:34 2022-2023 et qui fait partie du réseau Enactus présent dans 33 pays.
02:40 Donc on est un acteur de l'éducation au changement et notre ADN c'est vraiment la pédagogie
02:45 expérientielle, donc le fait d'apprendre en faisant.
02:47 Ce que nous faisons c'est à travers des parcours pédagogiques qui sont complémentaires
02:52 aux programmes scolaires, nous formons, nous accompagnons les jeunes à vivre leur toute
02:56 première expérience d'engagement.
02:57 Très concrètement, on les accompagne à monter des projets d'entrepreneuriat social
03:03 et des actions solidaires au service d'enjeux divers, ça peut aller des enjeux de santé,
03:08 de la pollution, des pièges alimentaires ou les violences.
03:11 Et depuis 2018, Enactus c'est aussi un organisme de formation pour les professionnels, pour
03:17 développer leur leadership entrepreneurial, leurs compétences en innovation sociale et
03:21 en collaboration notamment.
03:22 Donc vous avez vraiment ces deux branches en fait chez Enactus et vous avez aussi trois
03:26 programmes, donc il y a Enactus étudiant, Enactus lycéen et Enactus organisation.
03:31 Donc j'imagine que l'organisation c'est ce dont vous venez de nous parler pour les
03:35 entrepreneurs.
03:36 Vous pourriez détailler rapidement la différence entre Enactus étudiant et lycéen ?
03:39 Oui, Enactus étudiant c'est un programme où les étudiants s'engagent volontairement
03:44 en parallèle de leurs études parce qu'ils ont envie de s'engager, ils sont porteurs
03:47 d'une envie, d'une idée, d'un projet et on les accompagne à concrétiser et aller
03:51 jusqu'à la création de leur entreprise sociale.
03:53 Enactus lycéen, ce sont des parcours qui ont été conçus avec l'éducation nationale
03:57 et qui sont animés avec les enseignants dans les classes.
04:00 Donc là les lycéens n'ont pas choisi, c'est les enseignants qui s'engagent mais on essaye
04:04 quand même…
04:05 C'est le plus grand des programmes éducatifs au sein de ces écoles-là ?
04:08 C'est ça, c'est les enseignants qui décident de s'engager avec Enactus, qui ont envie
04:11 de faire travailler leurs élèves sur des sujets qui ont du sens et ça s'adresse
04:15 aussi à des profils de jeunes particulièrement en difficulté, en fragile on va dire, en
04:20 voie professionnelle où il y a un risque de décrochage scolaire et d'exclusion plus
04:23 important et donc on va essayer via des enjeux qui les touchent, qui les motivent et la pédagogie
04:28 de projet d'aller chercher l'envie d'agir de ces jeunes et de les motiver tout au long
04:32 de l'année scolaire.
04:33 Et donc avant d'entrer vraiment dans le vif du sujet, Mélanie Suersi, vous avez formé
04:37 combien de jeunes chez Enactus France depuis le début ?
04:40 22 000 jeunes depuis 20 ans.
04:43 D'accord.
04:44 Donc c'est énorme, c'est important, à peu près 9 000 lycéens depuis que le programme
04:50 existe, c'est le plus jeune, il est né en 2015 et près de 18 000 étudiants.
04:59 D'accord.
05:00 Est-ce que vous pourriez donc nous définir plus précisément ce que c'est que l'entrepreneuriat
05:03 social ?
05:04 L'entrepreneuriat social c'est vraiment partir d'un enjeu social ou environnemental
05:09 pour travailler à le résoudre et on va parler d'entrepreneuriat parce que ce n'est pas
05:13 juste une action, on va dire un programme, une politique publique, une action caritative,
05:19 c'est vraiment aller chercher un modèle économique, aller chercher une activité
05:23 qui va pouvoir être financée de façon pérenne pour avoir des impacts sur cet enjeu social
05:27 ou environnemental.
05:28 Donc vous vous adressez à des jeunes, ça on l'a bien compris, et aussi à des entreprises
05:32 mais on va se baser plutôt sur les jeunes.
05:34 Quelle est la tranche d'âge de ces jeunes lycéens et étudiants ?
05:36 15-25 ans, les lycéens 15-18 ans et 18-25 ans les étudiants.
05:43 Donc c'est un public qui est très très jeune.
05:45 Pourquoi vous vous adressez à ces jeunes-là ? Pourquoi ce choix de s'adresser à un public
05:49 si jeune en fait ?
05:50 Alors c'est vraiment, ça a toujours été notre cible, c'est dans notre ADN, agir avec
05:56 et pour les jeunes, des professionnels de l'entreprise, des professionnels de l'éducation
05:59 agissent avec nous, avec ces jeunes.
06:01 Et on part du constat que 9 jeunes sur 10 estiment que leur génération doit changer
06:05 le monde mais qu'ils n'y sont pas assez préparés.
06:07 Et parallèlement, on a une étude de France Active de 2022 qui montre que près d'un jeune
06:12 sur deux souhaite créer son entreprise, c'est 5 points de plus en 2019, et qu'une des principales
06:18 motivations pour 65% d'entre eux, c'est changer le monde.
06:22 Donc quelque part, ce levier de l'entreprenariat est vu comme un vecteur aussi pour agir au
06:27 service de la société et de la planète.
06:29 Mais j'imagine que l'idée, ce n'est quand même pas de créer une société constituée
06:32 à 100% d'entrepreneurs.
06:33 Qu'est-ce que vous cherchez sur le plan éducatif pour ces jeunes, Mélanie Suercy ?
06:37 Oui, pas du tout, vous avez raison.
06:38 En fait, le projet entrepreneurial est parfois même un prétexte à d'abord développer
06:42 des compétences.
06:43 Et c'est en ça qu'on se dit accélérateur de compétences pour un impact positif parce
06:47 que c'est d'abord ça qui nous intéresse, c'est les jeunes vont développer leur esprit
06:50 entrepreneurial, leur posture proactive pour agir face aux enjeux de société et vont
06:54 développer des compétences entrepreneuriales, des compétences en gestion de projet, des
06:58 soft skills qui sont essentielles aujourd'hui.
07:00 Mais même dans le monde du travail en général en fait.
07:03 Exactement.
07:04 Et tous les jeunes qu'on accompagne ne vont évidemment pas devenir des entrepreneurs,
07:06 ce n'est pas le but.
07:07 Ils vont devenir en fait des entrepreneurs et ils vont pouvoir être intrapreneurs en
07:12 entreprise pour résoudre, pour agir sur les transitions.
07:15 Ils vont pouvoir être partout où ils seront finalement acteurs du changement.
07:19 Et en fait c'est les préparer aussi au monde de l'entreprise auquel on n'est pas forcément
07:24 prêt à 15 ans, à 18 ans et même à 25 ans.
07:27 Complètement.
07:28 C'est une expérience qui est professionnalisante, qui va les aider à s'insérer dans la société
07:31 comme citoyen, comme professionnel, partout où ils seront.
07:35 Et c'est aussi une expérience d'engagement forte qui va en fait marquer leur parcours.
07:39 Plus ils vont vivre cette expérience d'engagement tôt, plus en fait toute leur vie, dans leurs
07:44 expériences personnelles et professionnelles, ils vont avoir envie d'agir sur ces enjeux
07:47 sociaux et environnementaux.
07:49 Donc vous le disiez, les jeunes apprennent à entreprendre mais surtout à s'ouvrir
07:54 à des thématiques sociales.
07:56 C'est bien ça Mélanie ?
07:57 C'est ça.
07:58 Pourriez-vous nous donner des exemples concrets pour le coup de jeunes qui ont réalisé,
08:03 pardon, de projets réalisés par des étudiants, par des jeunes qui sont lancés dans l'entrepreneuriat
08:08 par le biais de Enactus France ?
08:09 Oui, alors par exemple le lauréat national qui vient de gagner la compétition nationale
08:14 d'Enactus cette année, c'est Vincent, un étudiant en faculté de médecine, qui a
08:18 voulu travailler sur l'accès à une éducation de qualité pour les enfants dyslexiques.
08:22 Lui-même dyslexique, en fait, il a étudié le problème et il s'est aperçu qu'il n'y
08:26 avait pas de solution à des prix raisonnables, des solutions très chères et pas toujours
08:31 basées sur vraiment des savoirs scientifiques, sur ces difficultés d'apprentissage des
08:36 enfants dyslexiques.
08:37 Et donc il a créé Easylex, une application mobile très simple qui en fait permet d'adapter
08:42 la mise en forme.
08:43 Et finalement, c'est scientifiquement prouvé que c'est un des premiers problèmes.
08:45 Et donc à partir d'une photo, d'un document en papier ou d'un PDF, cette application
08:51 adapte la mise en page et a des résultats impressionnants sur la capacité des enfants
08:55 à pouvoir lire ces textes.
08:57 Donc ça c'est un exemple de projet qui part d'un enjeu de santé et d'un enjeu social
09:02 pour créer une solution qui a beaucoup de potentiel.
09:05 Et un autre exemple peut-être d'un projet qui a été leurré il y a quelques années,
09:09 donc maintenant on a un petit peu de recul, c'était Biodemain.
09:10 Donc c'était deux étudiants en école d'ingénieur qui sont partis du constat que c'est très
09:15 cher, c'est très difficile financièrement pour des agriculteurs même quand ils le souhaitent
09:20 de passer à l'agriculture biologique.
09:21 Et donc ce qu'ils ont fait c'est qu'ils achètent finalement les produits en conversion à ces
09:27 agriculteurs et les vendent aux consommateurs sous une marque de produits de l'agriculture
09:32 en conversion pour permettre à ces agriculteurs de passer cette phase difficile.
09:36 Et donc quand ils ont démarré en 2019, qu'ils ont été accompagnés par Enactos, c'était
09:41 trois marchés hebdomadaires, 5000 euros de chiffre d'affaires et 12 agriculteurs partenaires.
09:47 Aujourd'hui c'est une belle entreprise qui a créé des emplois, qui a 400 agriculteurs
09:51 partenaires, qui est une marque qui est vendue dans 600 magasins au niveau national.
09:55 Et c'est déjà 15 hectares de terres qui ont été convertis à l'agriculture biologique
10:00 grâce à Biodemain, donc c'est leur nouveau nom aujourd'hui.
10:03 Très très rapidement, juste pour finir, est-ce que selon vous Mélanie Suercy, l'entrepreneuriat
10:08 c'est une école ?
10:09 C'est une école, on apprend énormément de choses.
10:12 L'entrepreneuriat c'est une expérience transformatrice et c'est d'abord ça qui nous intéresse.
10:16 C'est l'entrepreneuriat pour se transformer soi-même et pour transformer la société
10:20 au service du bien commun et des enjeux.
10:22 Merci beaucoup Mélanie Suercy, vous êtes directrice générale d'Enactos France.
10:27 Merci d'avoir répondu à toutes ces questions sur le plateau de Smart Job.
10:31 Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans Smarterriglo.
10:33 Et on se retrouve dans Smarterriglo, le droit, rien que le droit.
10:41 On accueille aujourd'hui Émilie Meridjen, associée en droit du travail au cabinet Sécri-Valentin
10:45 Zerouk.
10:46 Bonjour.
10:47 Bonjour Pauline.
10:48 Alors aujourd'hui Émilie Meridjen, on s'intéresse à la responsabilité pénale du dirigeant
10:52 d'entreprise.
10:53 C'est quoi ?
10:54 Alors c'est un sujet dont on ne parle pas énormément et que les chefs d'entreprise
10:57 n'ont pas forcément en tête quand ils décident de créer une entreprise.
11:00 C'est le fait pour un dirigeant d'entreprise d'avoir à assumer un certain nombre de responsabilités
11:06 liées à des infractions qui sont prévues soit par le code pénal, soit par le code
11:09 du travail.
11:10 Mais des infractions dont ils ont à répondre devant l'État et pas forcément devant
11:14 une autre partie.
11:15 On l'oppose à la responsabilité civile, qui est celle qui résulte du fait d'avoir
11:19 causé un dommage à quelqu'un et d'avoir à réparer son dommage auprès de quelqu'un.
11:24 Là on va réparer son dommage, ou même sans dommage, mais auprès de l'État.
11:29 Et quelles fautes peuvent entraîner la mise en jeu de la responsabilité pénale du coup ?
11:34 Alors c'est extrêmement varié pour un chef d'entreprise.
11:36 Il y a essentiellement des infractions qui sont prévues par le code pénal, comme son
11:40 nom l'indique, mais pas seulement.
11:42 Il y a aussi des infractions dans le code général des impôts, dans le code de l'environnement,
11:47 dans le code du travail.
11:48 Pour vous donner des exemples qui parlent à tout le monde, la fraude fiscale peut entraîner
11:52 des condamnations pénales, un accident du travail peut exposer le chef d'entreprise
11:56 à avoir sa responsabilité pénale engagée, du harcèlement moral ou du harcèlement sexuel
12:00 peut être poursuivi pénalement devant les juridictions.
12:02 Donc c'est extrêmement large.
12:04 Et par exemple pour un accident du travail c'est forcément devant...
12:08 Tout à fait.
12:09 C'est le tribunal correctionnel, exactement.
12:11 Et alors les chefs d'entreprise n'ont pas l'habitude et c'est assez impressionnant.
12:15 Autant les chefs d'entreprise, quand on leur dit d'aller au tribunal de commerce ou au
12:17 conseil de prud'homme, c'est assez familier.
12:20 En général ils ne se déplacent même pas et ils font confiance à leur avocat.
12:23 Quand il s'agit de responsabilité pénale et d'être sur les bandes du tribunal correctionnel,
12:27 qu'on associe dans la vie courante aux voyous, en fait, souvent les chefs d'entreprise ne
12:33 se reconnaissent pas dans cette position et n'ont pas eu l'intention de faire une infraction.
12:38 Et je précise que les chefs d'entreprise ne sont pas forcément les auteurs de l'infraction.
12:42 Il peut y avoir une infraction qui a été commise dans leur entreprise.
12:45 Par un employé par exemple ?
12:46 Exactement.
12:47 Mais c'est néanmoins eux.
12:48 Exactement.
12:49 Ça peut être aussi une infraction liée à de la négligence, typiquement sur les accidents
12:52 de travail.
12:53 C'est souvent le cas.
12:54 Des règles de sécurité qui n'ont pas été correctement appliquées.
12:57 Le chef d'entreprise n'y est directement pour rien et pour autant c'est sa responsabilité
13:01 qui est engagée.
13:02 Donc on en a un petit peu parlé, mais qui est responsable à part le chef d'entreprise ?
13:05 Est-ce qu'un employé par exemple peut être responsable pénalement ?
13:08 Alors, un employé peut être responsable pénalement s'il commet une faute pénale
13:12 directe, mais le chef d'entreprise est toujours potentiellement responsable, aussi bien que
13:17 la société en elle-même en tant que personne morale.
13:19 Donc en premier lieu, c'est le chef d'entreprise, c'est-à-dire celui qui est sur le cabis,
13:24 le président, le gérant, le directeur général, c'est lui qui est responsable.
13:27 Après, quand les entreprises grossissent un petit peu, il est souvent utile de penser
13:32 à organiser cette responsabilité pénale.
13:34 C'est assez méconnu, mais c'est pourtant très important.
13:36 De dire au cas où, si ça arrive, on va faire comme ça.
13:39 Exactement.
13:40 Et dans ce cas-là, ce qu'on fait, c'est ce qu'on appelle des délégations de pouvoir
13:42 qui ont le mérite, pour le chef d'entreprise, de transférer sa responsabilité pénale
13:46 sur quelqu'un d'autre, mais surtout, l'idée, c'est d'avoir une organisation qui soit
13:50 très efficace.
13:51 Et que la personne qui a eu cette délégation de pouvoir ait les compétences, l'autorité,
13:57 les moyens pour traiter un risque.
13:59 Déjà, être au courant qu'elle a ce risque pénal, qu'elle engage sa responsabilité
14:03 pour mettre en place de la prévention, des systèmes de contrôle, d'alerte, etc.
14:07 Pour éviter dans un premier temps que le risque ne se produise.
14:09 Et si le risque se réalise et qu'il devait y avoir un accident, par exemple, pour reprendre
14:13 le cadre des accidents de travail, c'est la personne qui est responsable qui va finalement
14:18 répondre de ses actes.
14:19 Et pas le chef d'entreprise qui lui aura été beaucoup plus loin et qui aura délégué
14:23 son pouvoir et sa responsabilité à son manager, son directeur, etc.
14:28 Alors du coup, quand on est responsable, on risque quoi, Émilie Meridien ?
14:32 Alors, ça dépend évidemment de l'infraction.
14:34 L'ampleur est extrêmement vaste, ça va de la contre-avance.
14:38 [Générique]
14:50 Et on se retrouve tout de suite dans le cerclérage de Smart Job.
14:53 Alors aujourd'hui, c'est un jour un petit peu spécial puisque c'est le jour des assises
14:56 de la parité 2023.
14:58 Ces assises qui ont lieu à Bercy au ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté
15:03 industrielle et numérique pour cette édition 2023.
15:07 Pour cet événement, un grand thème, celui de la transformation.
15:10 Les compositions des comex, la parité dans l'accès au financement et l'écosystème
15:14 entrepreneurial, la parité dans les salaires ou encore dans la répartition des charges
15:19 au sein d'une famille.
15:20 Dans les sujets de cette journée, on va aussi parler du sexisme ordinaire en entreprise,
15:25 des secteurs du numérique, de la tech, etc.
15:27 Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, j'ai le plaisir d'être accompagnée avec
15:32 Lucille Desjonckers, présidente d'IWF France, International Women's Forum et également
15:38 présidente des assises de la parité.
15:39 Bonjour.
15:40 Bonjour.
15:41 Gino Balderacchi, DRH de Kingfisher France, Castorama + Bregodepo.
15:47 Bonjour.
15:48 Absolument, bonjour.
15:49 Et Catherine Chilansky, directrice des ressources humaines chez Amazon en France-Belgique et
15:54 Luxembourg.
15:55 Bonjour.
15:56 Bonjour.
15:57 Alors bienvenue à tous les trois sur ce plateau.
15:58 Lucille Desjonckers, pour commencer, pourquoi avoir choisi le thème de la transformation
16:02 cette année ?
16:03 La transformation incarne bien tout ce qu'on va pouvoir observer et entendre durant la
16:08 journée puisque on est dans un monde qui bouge à tous les niveaux et on ne peut pas
16:14 exclure les femmes de ce changement.
16:17 On parle de 50% de la population et malgré ça, malgré cette modernité qui est en place,
16:23 c'est un peu poussif de faire monter en hiérarchie les femmes.
16:28 Donc on va expliquer pourquoi, comment, il y aura des études.
16:31 Mais ce mot de la transformation est essentiel parce que les femmes doivent faire partie
16:36 de cette transformation porteuse de performance.
16:39 Juste avant d'entrer dans le vif du sujet avec des exemples concrets, donc Amazon et
16:44 Kingfisher, Lucille Desjonckers, maintenant en plus de l'index égalité femmes-hommes,
16:50 les entreprises de plus de 1000 salariés doivent communiquer la part des femmes présentes
16:54 dans les comex, dans les cadres dirigeants et aussi au sein des instances dirigeantes.
16:58 Est-ce que cette nouvelle mesure est déjà suivie selon vous ?
17:02 Ça se prépare longtemps à l'avance.
17:04 Il faudra pour les entreprises concernées que le 1er mars 2026, elles aient 30% de femmes
17:11 dans les comex et donc instances dirigeantes, comme vous le disiez, et en 2029, 40%.
17:16 Et on ne fait pas ça du jour au lendemain, ce ne sont pas les personnes qui sont à côté
17:20 de moi qui vont me dire l'inverse.
17:21 Donc il faut identifier en interne les hauts potentiels féminins qui pourront accéder
17:26 à ce Graal et les préparer en conséquence.
17:29 Et pour les sociétés qui n'ont malheureusement pas les femmes, parce que c'est voilà, pour
17:33 un tas de raisons, il faudra penser à les recruter, mais aussi en avance pour qu'elles
17:38 s'imprègnent de l'entreprise qu'elles vont rejoindre, c'est une fonction clé.
17:42 Catherine Chylansky, vous avez mis en place des actions concrètes concernant la parité
17:47 chez Amazon, pourriez-vous nous en dire plus par exemple sur le mentorat ?
17:49 Oui tout à fait.
17:51 Première chose que je voudrais dire c'est que Lucille vous disiez que dans la population
17:57 française il y avait 50% de femmes, on est très fiers chez Amazon de pouvoir afficher
18:00 qu'on est quasiment à parité sur l'ensemble de nos effectifs.
18:03 Oui c'est vrai que vous avez un index égalité femmes/hommes qui est quasi excellent.
18:06 Absolument, et je pense qu'il y a deux choses là-dedans, il y a à la fois la parité,
18:11 mais aussi comment on traite la rémunération et l'évolution professionnelle.
18:15 Et nous chez Amazon on est très attachés à ce qu'il y ait une parité, mais aussi
18:20 à ce qu'il y ait une équité de rémunération et d'évolution professionnelle.
18:24 Donc effectivement ça se traduit dans des scores très hauts d'index égalité professionnelle.
18:28 Et oui, le mentorat au féminin en particulier est une de nos actions clés chez Amazon,
18:36 mais pas que.
18:37 J'aurais peut-être l'occasion d'y revenir.
18:38 Parce qu'on croit vraiment dans la puissance du mentorat au féminin pour les femmes qui
18:43 sont dans des carrières techniques, qui comme ça peuvent se faire mentorer par leurs aînés,
18:49 qui les aident à développer leur carrière, à relever des défis, et puis aussi à lutter
18:54 contre, on en parlait, le syndrome de l'imposteur dont parfois les femmes souffrent.
19:00 Mais le mentoring croisé est très intéressant.
19:05 C'est vrai.
19:06 Quand un homme mentor une femme, d'abord il se responsabilise par rapport à ce rôle
19:12 et devient convaincu de plus en plus de l'intérêt de cette tâche.
19:17 On voit des hommes vraiment s'embarquer dans cette voie de vouloir aider les femmes.
19:22 Gino Balderacchi, chez Kingfisher France, qu'est-ce que vous avez mis en place comme
19:27 action concrète pour la parité ?
19:28 On en a mis plusieurs.
19:33 Je reviens juste sur ce que disait Lucille.
19:35 Nous aussi on a fait le choix de ce mentoring croisé, qui part directement du comité de
19:44 direction France.
19:45 Chaque directeur et directrice a pu comme ça mentorer un jeune manager pour l'aider
19:54 à progresser dans l'entreprise, à se créer un réseau, à dépasser certains biais mentaux,
20:01 on y reviendra, pour pouvoir justement sur un programme de plus de 12 mois permettre
20:07 à ces jeunes talents de pouvoir s'exprimer.
20:10 C'est un point qui est très important.
20:12 Ensuite, on a été extrêmement chanceux avec les péripéties du Covid.
20:21 On a vu arriver dans nos magasins énormément de femmes.
20:26 Notre population de clients s'est trouvée changée.
20:32 Aujourd'hui, on a la moitié de nos clients qui sont des clientes.
20:39 Comme cela, ça nous a permis aussi sur une base à la fois concrète et objective de
20:46 pouvoir développer certains de nos programmes.
20:50 C'est passé premièrement par un e-learning sur tout ce qui concerne les biais, accessible
20:57 à l'ensemble de nos collègues.
21:00 On a mis aussi en place une formation spécifique pour nos cadres dirigeants, là aussi sur
21:08 les biais mentaux, parce qu'on a encore trop tendance à recruter des personnes.
21:13 Par exemple, c'est quoi les biais mentaux ? Sur quoi vous accédez ces formations ?
21:16 Par exemple, on en parlait tout à l'heure, c'est le fait qu'on a, quand on est une
21:25 femme, souvent, tendance à ne pas oser postuler sur certaines propositions, parce qu'on
21:35 considère que l'écart qui existe entre le poste actuel et le poste visé est trop
21:40 important.
21:41 Alors que les hommes se disent "moi j'apprendrai en marchant et j'y vais".
21:45 Ils ont raison !
21:46 C'est hyper intéressant.
21:49 Chez Amazon, ça fait très longtemps qu'on sensibilise et qu'on forme l'ensemble de
21:55 nos collaborateurs et collaboratrices et managers à ce qu'on appelle les biais inconscients.
22:00 Et les biais inconscients, on en a tous.
22:05 La question c'est d'arriver à en prendre conscience.
22:10 Et l'objectif d'en prendre conscience, c'est parce que ces biais inconscients ont
22:13 deux conséquences, à mon avis, très néfastes.
22:15 La première, c'est que ça crée des croyances autolimitantes, dont vous parliez.
22:20 C'est-à-dire qu'effectivement, on s'autolimite parce que, de par notre culture, de par notre
22:24 genre, de par notre milieu social, de par notre pays, etc.
22:29 On s'autolimite.
22:30 Mais peut-être que ces biais sont ancrés depuis trop longtemps dans la société ?
22:34 Oui, ils sont ancrés depuis longtemps.
22:36 Mais la première étape pour arriver à lutter contre, c'est d'en prendre conscience.
22:42 Il y a des croyances autolimitantes.
22:43 Et ensuite, le fait de ne pas prendre conscience de ces biais, ça empêche, ça peut générer
22:51 de l'exclusion.
22:52 Parce qu'en fait, ça fait qu'on apprécie les différences de façon négative.
22:57 Alors qu'en fait, il faut savoir apprécier les différences.
23:00 Parce que, une fois que vous appréciez les différences, vous êtes dans l'inclusion.
23:03 Il y a la parité, mais il y a l'inclusion.
23:05 Et donc, en fait, c'est hyper important de former, de sensibiliser au bien conscient,
23:11 au stéréotype, pour pouvoir en fait, à terme, les déconstruire.
23:15 Bien sûr.
23:16 En parlant de formation, Catherine Chilansky, j'aimerais qu'on revienne sur le programme
23:20 que vous avez lancé, Amazon Future Engineer, pour permettre aux jeunes filles qui souhaitent
23:24 s'orienter vers des études d'informatique de pouvoir le faire.
23:29 Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus sur ce programme ? Est-ce que ça veut
23:32 dire que la parité dans le secteur du numérique, c'est un peu une utopie, finalement, Catherine
23:36 Chilansky ?
23:37 Oui, enfin, je crois qu'on partage tous le constat, à l'heure actuelle, il n'y a pas
23:44 assez de femmes dans les filières scientifiques ou dans les filières de formation, ingénieur,
23:49 etc.
23:50 Ça, c'est un constat que nous, Amazon, on a fait assez tôt et qui nous a conduit, en
23:55 fait, en 2020, à avoir une réflexion qui est presque une réflexion citoyenne sur
24:00 comment on arrive à faire en sorte de sensibiliser, dès le plus jeune âge, des jeunes filles
24:05 sur le fait que, oui, elles peuvent aller dans des filières scientifiques, elles peuvent
24:10 faire des métiers d'ingénieur.
24:12 Et en fait, on travaille avec des associations qui sont spécialisées dans le domaine de
24:17 l'éducation et on va dans les lycées, on va dans les collèges, on va dans les écoles
24:22 primaires parce qu'il faut que les jeunes filles, dès leur plus jeune âge, comprennent
24:28 que ces métiers-là, ils peuvent être intéressants, que l'usage qu'on en fait, ce n'est pas
24:34 une grande boîte noire, etc.
24:36 Donc, on fait des ateliers de codage, on fait des témoignages métiers, c'est hyper important
24:41 qu'ils comprennent c'est quoi nos métiers.
24:43 Oui, d'avoir vraiment une vision très précise de ce métier-là, est-ce que c'est vraiment
24:47 ce qu'elles veulent faire et si elles veulent le faire, comment on fait pour le faire ?
24:50 Exactement, du mentorat et puis…
24:52 L'intérêt des rôles modèles.
24:53 Tout à fait, absolument.
24:54 Mais je crois que c'est très important que l'entreprise, en général, puisse justement
25:00 aider ces jeunes femmes et également ces jeunes hommes à pouvoir se situer dans la
25:08 société et à les aider justement à trouver leur voie après le bac ou après des études
25:16 supérieures.
25:17 Nous, en l'occurrence, on a décidé de travailler avec NQT et Mosaïc RH pour justement avoir
25:27 des cadres qui, prenant sur leur temps, vont aider ces jeunes à se trouver et les aider
25:35 à pouvoir bien se placer ensuite auprès des entreprises.
25:41 Alors, il faut qu'on avance sur les sujets parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de sujets
25:45 à traiter sur ces assises de la parité 2023.
25:47 J'aimerais qu'on passe un petit peu sur l'égalité des salaires ou plutôt les
25:52 écarts salariaux, Lucie Desjonckers.
25:54 Selon vous, la transparence en termes de salaire, est-ce que ça peut être un levier pour atteindre
25:58 l'égalité ?
25:59 Oui, mais il y a eu beaucoup de lois qui ont été promulguées sur ce thème depuis des
26:04 années et pas tellement appliquées.
26:07 En France, on est très fort pour faire des lois.
26:09 La dernière loi Pénicaud a un impact, c'est certain.
26:13 Mais quelqu'un me disait, on en parlait tout à l'heure aussi, que le jour où il
26:18 n'y aura plus d'inégalité salariale entre les femmes et les hommes, l'État encaissera
26:23 davantage de charges sociales et de ce fait, ils trouveront l'argent pour résoudre le
26:28 problème des retraites.
26:29 Donc, tout ça pour dire qu'à partir du sujet de l'inégalité salariale entre femmes
26:33 et hommes, on pourrait résoudre, entre autres, un vaste sujet économique.
26:37 Donc, c'est vraiment l'effet domino où tout est vraiment lié.
26:41 Et aujourd'hui, c'est vrai que grâce à la loi Pénicaud, pour répondre à votre
26:44 question, la transparence est essentielle et on assiste en tous les cas parce que là,
26:50 c'est une amende qui est assez forte, à des efforts, mais ça prend du temps.
26:55 Gino Balderacchi, est-ce que vous le constatez concrètement chez Kim Fischer ?
26:58 Alors, absolument.
27:01 Absolument.
27:02 Non, non, mais c'est vrai à tel point que ce n'est plus un problème.
27:06 D'accord.
27:07 Comme le disait Lucide pour tous les sujets liés à la parité, c'est quelque chose
27:12 qu'on a commencé il y a déjà plusieurs années.
27:14 Donc, on a revu tous les salaires par catégorie, on a regardé les moyennes, on a comparé
27:22 moyenne femme et moyenne homme et on a vu des disparités.
27:25 Oui, on rappelle que ça ne se fait pas en deux jours de tout revoir.
27:28 Nous, c'est un travail clairement qui a duré quatre ans.
27:31 D'accord.
27:32 D'accord.
27:33 Aujourd'hui, on est au point de mesurer des micro-écarts et j'ai envie de dire, on n'a
27:38 plus d'écarts.
27:39 D'accord.
27:40 Et voilà, c'est quatre ans de travail, ça ne se fait pas du jour au lendemain.
27:42 Et chez Amazon, Catherine ?
27:43 Non, non, je suis d'accord avec ce qui a été dit.
27:46 Je pense qu'il y a un vrai besoin de transparence.
27:49 Moi, je suis très contente qu'il y ait cet index égalité professionnelle qui soit publié,
27:54 qui mesure les écarts de rémunération, les écarts d'augmentation, si les sociétés
27:59 augmentent les femmes après les arrêts maternités.
28:01 Et je suis assez fière de dire que chez Amazon, on a sur nos activités logistiques un index
28:07 égal pro à 99 %, c'est-à-dire qu'on ne constate plus.
28:11 Ah oui, j'avais une question sur…
28:12 L'écart de rémunération.
28:13 Sur des métiers qui, historiquement, étaient plutôt faits pour des hommes en fait.
28:18 Exactement.
28:19 Et sur lesquels on est à la fois à parité sur nos effectifs, mais aussi, ce que je disais
28:23 au début, c'est que pour nous, il y a la parité, mais il y a le fait ensuite de traiter
28:28 équitablement nos collaborateurs.
28:30 Et ça, l'équité de traitement, c'est la rémunération, c'est l'évolution professionnelle.
28:34 Donc un index égal pro à 99 % sur les activités logistiques, ça veut dire que clairement,
28:43 on rémunère les femmes comme les hommes, on fait évoluer les femmes comme les hommes,
28:46 et sur nos activités retail, même chose.
28:52 C'est hyper important.
28:53 Je pense qu'il faut faire coller les paroles et les actes.
28:57 Tout à fait.
28:58 Justement, vous avez parlé d'équité, Catherine Chilansky, ce qui nous fait une transition
29:03 toute trouvée pour parler du sexisme ordinaire en entreprise.
29:06 Gino Balderacchi, est-ce que vous pourriez nous redéfinir le sexisme ordinaire en entreprise ?
29:11 Le sexisme ordinaire en entreprise, c'est pour moi l'expression d'une forme de mépris
29:20 qui arrive de façon toujours, je trouve, sous la forme de l'humour.
29:28 Et c'est très difficile de lutter contre cela.
29:31 Justement, on fait comment pour réagir à une pseudo-blague en fait en 2023 ?
29:35 D'une part, on ne réagit pas, et d'autre part, on souligne que c'est déplacé.
29:40 Mais il faut le faire systématiquement.
29:41 C'est-à-dire, il ne faut pas laisser passer, il ne faut pas faire semblant d'esquisser,
29:46 de rire, non, non.
29:47 Il faut être très ferme, il faut le dire.
29:48 Vous êtes d'accord Lucille Desjoncaires ? Comment on fait pour réagir à une pseudo-blague ?
29:52 Oui, parce que quelques fois, ces personnes qui font ces blagues, ils pensent être drôles,
29:56 ils ne pensent pas une seule minute à être méchants.
29:59 Donc le fait de leur dire, ils disent "ah bon, je ne savais pas, ok d'accord".
30:03 Il y en a d'autres qui sont vraiment méchants, mais on va parler de ceux-là.
30:07 Et donc c'est important de dire.
30:09 Et surtout que l'entreprise applique une tolérance zéro et le fasse.
30:13 Exactement.
30:14 Non, non, c'est très important.
30:15 J'ai des exemples à l'esprit, on est allé voir certaines personnes, on leur a expliqué,
30:21 on a eu un entretien, ils ont été parfois sanctionnés.
30:24 Il y a vraiment ces tolérances zéro.
30:26 Il y a des tout nouveaux chiffres qui sont sortis récemment sur le baromètre #stop
30:31 qui est coordonné par l'AFMD.
30:33 Pour 8 femmes sur 10, les attitudes et décisions sexistes sont régulières au travail.
30:38 Un constat qui reste inchangé depuis 2 ans et aujourd'hui qui est partagé par toutes
30:44 les générations.
30:45 Que doit-on en penser, Catherine Chilansky ?
30:47 Qu'est-ce que vous en pensez, vous, de ce chiffre ?
30:49 Je suis effrayée, déjà.
30:51 Je trouve que ce n'est pas acceptable, tout simplement.
30:55 D'où la tolérance zéro.
30:56 D'où la tolérance zéro, il n'y a pas de problème.
30:59 D'où le fait qu'effectivement le management a un rôle hyper important et ne doit pas
31:05 tolérer.
31:06 Pour revenir sur ce que je disais, il y a plusieurs choses.
31:10 Un, je pense que c'est d'autant moins acceptable pour les jeunes générations.
31:13 Je crois que ça ne passe plus du tout.
31:17 Qu'ils aient un regard là-dessus qui est très différent.
31:20 Et l'autre chose, je pense que de nouveau, ça passe par de la formation.
31:26 Je reviens sur mes biais inconscients, mais le fait d'expliquer à quelqu'un qu'effectivement
31:32 une blague un peu graveleuse, faite sur le ton de l'humour, pour une femme, c'est une
31:36 agression.
31:37 Une fois que vous avez fait prendre conscience...
31:40 Parce que je pense qu'effectivement il n'y a pas forcément d'intentionnalité toujours.
31:43 Il y a un mécanisme.
31:44 Et donc le fait de faire prendre conscience que ça, ça peut être vécu comme une agression
31:50 ou une microagression, c'est le début.
31:53 Et ensuite, si ça ne passe pas, il faut sanctionner.
31:55 Il n'y a pas de tolérance zéro.
31:56 Il ne faut pas tourner autour du pot.
31:59 Oui, les langues se délient maintenant.
32:01 Mais pendant longtemps, personne n'osait parler.
32:04 Ce qui change aujourd'hui, c'est qu'on ose parler.
32:07 J'ai une dernière question pour finir, Lucile Desjonckers.
32:11 Il y a quelque chose qui m'a interpellée sur le programme des Assises de la parité.
32:15 Je voulais qu'on en parle un petit peu aujourd'hui.
32:17 Vous êtes l'organisatrice de cet événement.
32:20 Et dans le programme, il y a une table ronde qui est prévue pour la représentation des
32:24 femmes dans les jeux vidéo.
32:26 Est-ce que vous pourriez nous expliquer pourquoi, Lucile Desjonckers ?
32:28 Oui, parce qu'il y a très peu de femmes dans les jeux vidéo et pas assez.
32:32 Est-ce que ça a eu une influence sur la vie d'une entreprise ?
32:34 Non, alors d'abord, je sais pourquoi vous faites référence à ça.
32:38 Parce qu'en fait, l'EDEC est une des écoles qui a fait une étude pour les Assises de
32:43 la parité sur ce thème, de la place des femmes dans ces métiers de jeux vidéo.
32:48 Et donc, c'est plutôt un regard croisé et des commentaires de l'étude.
32:51 Il s'avère qu'il y a quelques jours, j'ai eu la possibilité de discuter avec la directrice
32:56 générale d'une société dont c'est l'activité.
32:59 Et elle ne m'a pas caché qu'effectivement, elle-même est là, c'est une femme, il y
33:03 en a, mais les femmes ne vont pas naturellement vers ce filière-là.
33:08 Donc, ça revient à ce qu'on disait tout à l'heure sur les métiers du numérique
33:11 avec notamment Catherine Chilansky.
33:13 Malheureusement, c'est déjà fini.
33:15 Merci beaucoup, Lucile Desjonckers, présidente d'IWF France International Women's Forum
33:22 et également présidente des Assises de la parité.
33:24 Merci.
33:25 Merci Gino Balderacchi, DRH de Kingfisher France.
33:29 Et merci à Catherine Chilansky, directrice des ressources humaines chez Amazon en France,
33:34 Belgique et Luxembourg.
33:36 Merci d'avoir répondu à toutes ces questions.
33:37 Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans Fenêtres sur l'emploi.
33:41 Et c'est parti pour la dernière séquence de cette émission, Fenêtres sur l'emploi.
33:58 Serge Fourcade, bonjour.
33:59 Bonjour.
34:00 Vous êtes directeur produit et qualité chez Thalassure, membre de France Thalasso.
34:04 Je suis ravie de vous recevoir sur le plateau de SmartJob.
34:07 Et aujourd'hui, on va donc parler des métiers du tourisme qui peinent à recruter.
34:12 Alors, pour commencer, Serge Fourcade, pourriez-vous nous présenter Thalassure et France Thalasso ?
34:19 Oui, effectivement.
34:20 Alors, Thalassure, c'est une marque de thalassothérapie où nous avons neuf instituts sur la plupart
34:26 des littoraux, sur les trois littoraux.
34:27 Et effectivement, nos établissements sont rattachés à France Thalasso, qui est le
34:34 syndicat de la thalassothérapie, qui a été créé en 2008.
34:38 Donc, on va entrer tout de suite dans le vif du sujet.
34:42 En 2023, le secteur du tourisme doit pourvoir 30 000 à 40 000 postes, vacances supplémentaires
34:49 à 2022.
34:50 Et les métiers de l'hôtellerie-restauration figurent parmi ceux qui sont le plus en tension.
34:55 Mais les métiers de la thalasso ne sont pas épargnés, Serge Fourcade ?
34:58 Oui, oui, tout à fait.
34:59 Les métiers de la thalasso n'ont pas été épargnés par cette crise.
35:01 Un sujet qui n'était pas du tout le cas avant la crise du Covid, où nous n'avions pas trop
35:09 de problématiques pour trouver des gens, soit pour réaliser les soins d'hydrothérapie,
35:14 soit pour réaliser les soins d'esthétique ou les soins du spa, ou bien tous les autres
35:18 métiers de l'accueil, du vestiaire, des responsables techniques ou des employés au
35:24 niveau des zones techniques.
35:27 Et tout d'un coup, après le Covid, on s'est aperçu que là, pour le coup, la donne avait
35:33 changé et que ça devenait complètement inconfortable de retrouver des profils pouvant convenir
35:41 à nos emplois.
35:42 Ils avaient disparu.
35:43 En fait, ce que vous nous dites, c'est que le Covid, c'est ça qui a été l'élément
35:46 déclencheur en fait ?
35:47 Oui, et on a trouvé ça assez étonnant puisque normalement, on est sur des littoraux avec
35:52 une qualité de vie plutôt agréable et donc on pensait être vraiment attractif autour
35:59 de la qualité de vie qu'on pouvait proposer dans nos établissements.
36:02 Et donc, il a fallu qu'on revoie notre copie en termes de recrutement, ce que nous pouvions
36:09 offrir à nos équipes, à nos salariés.
36:11 Petite parenthèse, les salariés justement, vous les logez dans les centres de Thalasso ?
36:15 Alors, il y a très peu de thalassothérapie qui loge le personnel.
36:19 Ah oui, c'est ça ?
36:20 Oui, donc il peut y avoir cette problématique d'hébergement, même si là aussi, se sont
36:24 mis en place des sortes de colocations qui sont directement financées par des instituts
36:32 de thalassothérapie qui ont fait le choix d'avoir des hébergements à proposer à leurs
36:38 équipes.
36:39 En parlant d'hébergement, le gouvernement a fait des propositions quant à la formation,
36:45 quant à l'accompagnement et quant au logement des saisonniers.
36:49 Est-ce que vous pensez que ces mesures-là sont suffisantes selon vous ?
36:52 Elles ne seront pas suffisantes.
36:53 On le voit parce que nous, c'est vraiment les métiers de la thalassothérapie, mais
36:58 on voit que sur ces secteurs-là, il y a beaucoup d'hôtellerie, de restauration classique.
37:02 Et comme on souhaite tous héberger effectivement nos futures équipes, et puis les prix et
37:11 l'accès au logement étant compliqués, forcément que ce budget-là ne suffira pas.
37:16 C'est quoi les grands enjeux pour attirer des saisonniers ?
37:19 Dans ce secteur-là, les grands enjeux, c'est vraiment de donner du sens aux emplois qu'on
37:25 propose.
37:26 On s'aperçoit que la nouvelle génération ne souhaite pas qu'un salaire.
37:30 Elle souhaite aussi qu'on les accompagne dans la formation, qu'on les fasse participer.
37:35 C'est quelque chose de nouveau, mais qu'on voit dans les 42 thalassothérapies qui font
37:38 partir du syndicat.
37:39 C'est-à-dire qu'on fait participer les équipes à des enjeux de création de protocoles de
37:44 soins, d'organisation.
37:46 Et le fait de les faire participer est un élément fondamental aussi, parce que, ce
37:52 n'est pas une impression, on est reconnu pour les compétences qu'on peut apporter.
37:57 Il y a ça, et puis il y a bien sûr au niveau des avantages sociaux, beaucoup de choses
38:04 se sont mises en place dans le secteur.
38:06 Alors comme on est 42 thalassothérapies ou syndicats, effectivement on ne fonctionne
38:12 pas tous de la même façon, mais tous on a remarqué que dans le domaine de la RSE,
38:19 il y a vraiment l'enjeu social qui est fondamental.
38:21 Il faut pouvoir proposer des choses.
38:23 Parce que le secteur du tourisme, on l'a dit, c'est un des secteurs qui est le plus
38:28 en tension quand on parle de recrutement.
38:30 Vous, sur le terrain, comment ça se traduit ? Est-ce que vous avez des pertes de chiffre
38:34 d'affaires ? Est-ce que vous avez des augmentations de burn-out ? Comment ça se passe ?
38:39 Oui, alors en chiffre d'affaires, effectivement juste après Covid, nous avons été nombreux
38:45 à être obligés de stopper les ventes.
38:47 Pourquoi ? Parce que nous n'avions pas suffisamment de personnel pour réaliser les soins.
38:51 Je rassure, on peut se rassurer tous sur le fait que les choses sont quand même en train
38:58 d'évoluer.
38:59 Pourquoi les choses sont en train d'évoluer ? Parce que justement, on a été très réactifs
39:03 sur tout ce que nous pouvions mettre en place.
39:04 Donc aujourd'hui, on est quand même en train de reconstituer des équipes parce qu'on propose
39:09 de nouvelles choses, parce qu'on propose de l'accompagnement.
39:12 Et même, je veux dire, il y a quelque chose qui est primordial, fondamental, qui vraiment
39:18 nous a été soumis par la situation Covid, c'est de faire appel plutôt au savoir-être
39:28 et ensuite le savoir-faire, nous on sait l'amener.
39:31 Donc vous avez des Thalasso Therapy aujourd'hui qui ont leur propre académie de formation,
39:36 ce genre de choses.
39:37 Donc ce qu'on va chercher, c'est vraiment le savoir-être, le fameux soft skill.
39:41 Le fameux savoir-être, les soft skills très importants dans le monde du travail aujourd'hui.
39:47 Merci beaucoup Serge Fourcade, directeur produit et qualité chez Thalassure, membre de France
39:52 Thalasso d'avoir répondu à toutes ces questions et bon courage pour la saison qui commence.
39:56 Je vous remercie.
39:57 Et voilà, Smart Job, c'est déjà fini.
39:59 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
40:01 Un grand merci à Nicolas Juchat et à Alexis Mathieu qui m'ont aidé à préparer cette
40:06 émission.
40:07 Et quant à nous, on se retrouve très bientôt pour une nouvelle émission Smart Job sur
40:10 Bsmart.
40:11 A bientôt.
40:11 [Musique]