Portrait de Los Angeles par ses beach movies

  • l’année dernière
'Portrait de Los Angeles par ses beach movies'. Cours de cinéma par Elsa Devienne, maîtresse de conférences à l’université de Northumbria.

De Charlot à 'Alerte à Malibu', Hollywood a filmé les rivages angelins sous toutes les coutures. Mais au-delà de filmer les corps considérés comme les plus beaux du monde, qu’est-ce que ces films révèlent de la ville et son histoire ?

Dans le cadre de la thématique Portrait de Los Angeles.

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Transcript
00:00:00 Merci beaucoup, merci Laurence pour cette présentation. Merci à vous d'être venu.
00:00:07 J'ai le droit des applaudissements. Merci beaucoup à vous d'être venu. On va parler
00:00:18 de plage pendant cette conférence. On va parler de Hollywood, on va parler de cinéma.
00:00:22 Et je me suis dit que j'allais commencer cette conférence par une anecdote et puis
00:00:27 par une vidéo qui va vous donner un peu le ton. L'anecdote, et alors par contre pour
00:00:31 ce premier extrait, je ne vous promets pas du grand cinéma hollywoodien, vous allez
00:00:35 voir. Je ne vous dirai, c'est une surprise. Mais j'espère que ça va donner un peu le
00:00:39 ton pour cette conférence. Alors l'anecdote, elle est la suivante. J'enseigne donc à l'université
00:00:44 de Northumbria à Newcastle en Grande-Bretagne. Et donc chaque année, j'enseigne aux étudiants
00:00:48 de première année d'histoire un cours d'introduction à l'histoire des États-Unis. Et on commence,
00:00:56 on est toute une équipe spécialiste d'histoire des États-Unis et on commence avec une question
00:01:00 qui est, on pose la question aux étudiants, on leur demande "What is America for you?"
00:01:04 Qu'est-ce que c'est les États-Unis pour vous? Et on leur demande la semaine suivante
00:01:08 de venir avec un objet, quelque chose qui symbolise les États-Unis pour eux. Donc ça
00:01:12 peut être un film, une citation, un objet, une photo, peu importe. Toute la créativité
00:01:20 est possible. Et donc, et avant évidemment de demander aux étudiants de faire ça, on
00:01:24 présente notre objet Amérique, chacun à notre tour. Alors, il y a toutes sortes de
00:01:29 choses qui viennent. Et donc, la première année où j'enseignais à Northumbria, j'étais
00:01:35 en train de finir mon livre qui s'appelle "La ruée vers le sable, une histoire environnementale
00:01:40 des plages de Los Angeles". Mon éditrice est dans la salle, elle est très contente,
00:01:43 je suis sûre que je commence avec ça. Et donc, j'étais en train de finir ce livre,
00:01:49 j'avais ça en tête et puis je voulais trouver un moyen aussi d'établir un rapport avec
00:01:53 ces étudiants anglais, qui n'ont pas grandi dans le même pays que moi et qui sont d'une
00:01:59 autre génération déjà. Et donc, j'ai eu cette idée et je vais vous montrer mon objet,
00:02:05 mon objet que je réutilise d'ailleurs chaque année depuis, qui fait un tabac chaque année,
00:02:10 le voici. Donc je vais demander à Mathilde, premier extrait.
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00:04:04 Alors, qui ici a vu un épisode dans sa vie d'Alerte à Malibu ? Levez le main. Voilà, très bien, je vois beaucoup de mains levées.
00:04:13 Eh bien oui, je fais partie de cette génération dans les années 90 qui a grandi avec Alerte à Malibu à la télé, qui a grandi avec beaucoup de séries télévisées.
00:04:20 Ma mère est dans la salle, elle a essayé de nous cacher le câble de la télé, mais on le retrouvait toujours.
00:04:24 Bref, j'ai regardé beaucoup de télévision et donc pour moi c'était un objet amérique, Alerte à Malibu, parce que c'était, pour moi, l'endroit où on pouvait voir le corps hollywoodien dans toute sa splendeur.
00:04:36 Le corps hollywoodien, peut-être pas le corps américain parce qu'on connaît les histoires d'obésité, etc. Mais il n'empêche, le corps hollywoodien dans toute sa splendeur.
00:04:45 Alors c'est évidemment Baywatch, traduit par Alerte à Malibu en France et dont la première saison est diffusée en 1989 sur NBC, avant d'être annulée, puis reprise en syndication,
00:04:57 grâce à ses ventes à l'étranger, grâce au fait que les Français, les Anglais, les Allemands, les Autrichiens adorent David Hasselhoff, adorent Pamela Anderson.
00:05:05 Alors ça a continué pendant 11 saisons, ça a donné lieu à un spin-off, c'est le plus grand succès télévisuel de l'histoire, Alerte à Malibu.
00:05:13 Donc il faut le prendre un peu au sérieux, pendant un instant. Il a quand même été vendu dans plus de 145 pays à travers le monde.
00:05:19 Alors pourquoi est-ce que je commence cette conférence par le générique d'Alerte à Malibu ?
00:05:23 D'abord parce que je crois que ça met tout de suite en avant le rôle de Hollywood dans la création du mythe des plages de Los Angeles.
00:05:30 Alors je reviendrai là-dessus, mais par rapport aussi à mes étudiants anglais dont je parlais, ça permet aussi tout de suite de trouver ce terrain de compréhension.
00:05:38 C'est-à-dire qu'eux aussi ont vu ces diffusions et rediffusions, donc on partage ce socle, entre guillemets, d'imaginaire et de référence visuelle.
00:05:47 C'est l'Europe, je vous disais, qui a vraiment sauvé Alerte à Malibu de l'annulation de NBC, qui lui a permis de renaître et de devenir un symbole international.
00:05:58 Et puis c'est aussi pour dire quelque chose de cette plage de Los Angeles qui existe dans cette tension entre un lieu qui existe bel et bien,
00:06:06 qui par bien des aspects a besoin d'être protégé, j'en parlerai, mais c'est aussi qui existe dans cette tension entre un lieu qui existe et en même temps,
00:06:14 voilà, ce rêve qui existe dans l'imaginaire de millions de téléspectateurs à travers le monde.
00:06:21 Ensuite, pourquoi Alerte à Malibu ? Allez, je vous mets le casting d'Alerte à Malibu.
00:06:27 Parce que dans ce générique, j'espère que vous l'avez regardé avec attention, avec sérieux, on voit déjà apparaître en filigrane tous les thèmes importants que je voudrais aborder aujourd'hui avec vous.
00:06:37 D'abord, comme je disais, filmer les plages de Los Angeles, c'est filmer des corps, et pas n'importe quel décor, pardon, les plus beaux corps de Hollywood,
00:06:47 et donc en un sens, les plus beaux corps du monde. Alors, dans le générique, on a toutes les grandes tendances corporelles des années 90,
00:06:53 on a évidemment les poitrines siliconées, les peaux bronzées, les cheveux blonds décolorés, les tablettes de chocolat,
00:06:59 et en fait, ce qui est important de se rendre compte, c'est que ce n'est pas la première fois, ni la dernière d'ailleurs, que les réalisateurs de Hollywood se sont servis de la plage
00:07:07 comme de scène de choix pour filmer des corps exceptionnels sous tous les angles.
00:07:12 Donc si "Alert à Malibu" peut sembler, a priori, comme l'origine du mythe de la pin-up hollywoodienne, du sauveteur en mer musclée, du surfeur aux cheveux péroxydés,
00:07:25 en fait, ce sont des stéréotypes qui reviennent de très très loin. Et en fait, "Alert à Malibu" n'est pas le point de départ de ces stéréotypes, de ces archétypes,
00:07:37 si vous voulez, c'en est plutôt l'aboutissement ultime. C'est vraiment ce que je vais essayer de dire. C'est-à-dire que si on prend au sérieux "Alert à Malibu",
00:07:45 on reconnaît que c'est une série qui réactive toute une série d'imaginaires, de fantasmes et d'archétypes qui circulent de longue date
00:07:55 et qui sont liés à cette histoire d'amour entre Hollywood et ses plages. Et donc, je vais vous en parler.
00:08:02 Ensuite, filmer les plages de Los Angeles, c'est aussi filmer le plus grand espace public d'une des plus grandes villes des États-Unis.
00:08:09 On l'a vu, il y a des scènes de foule dans ce générique qui refait une réalité. C'est des plages qui sont très... Les étés, elles peuvent être bondées.
00:08:19 Et donc, on a parfois tendance à assimiler Los Angeles à une ville où tout est privé, tout est privatisé, une ville où les gens ne se mélangent pas.
00:08:27 Et en fait, on a tendance à oublier que c'est un endroit où il y a quand même un énorme espace public en plein air.
00:08:34 Et en même temps, c'est un espace auquel l'accès n'est jamais garanti. Et je vous en parlerai un peu.
00:08:41 Vous avez peut-être entendu parler des propriétaires très riches de Malibu qui essaient à tout prix d'empêcher le public d'avoir accès à leurs plages.
00:08:48 C'est à ça que je fais référence, mais ça a une longue histoire à travers le XXe siècle. Et les "beach movies" en font référence.
00:08:55 Alors, troisième point. On lit aussi un autre thème à travers ce générique. C'est celui de la question raciale.
00:09:03 À part le sergent Garner LRB, qui est donc l'officier de police noire assigné au quartier littoral, qu'on voit vers la fin du générique,
00:09:12 tout le monde apparemment sur la plage de Malibu est blanc. Et il est vrai que c'est quelque chose qui revient souvent.
00:09:19 Le fait que la culture surf et la culture de plage en général en Californie est très blanc en apparence, en réalité c'est beaucoup plus complexe que ça.
00:09:32 Et le fait est qu'Alert à Malibu et beaucoup d'autres produits culturels ont contribué à effacer la contribution des minorités ethniques et raciales à cette culture de plage californienne.
00:09:46 Et alors, dernier point, qui est peut-être anecdotique, mais en même temps qui révèle beaucoup d'une ville que certains ont décrit comme fragmentée.
00:09:54 C'est le sens par exemple du "City of Quartz" de Mike Davis, qui est un ouvrage classique de la sociologie urbaine.
00:10:02 Cette idée du quartz qui est fragmentée, à travers lequel on ne peut pas vraiment voir. Et cette idée d'une ville sans centre, une ville éclatée.
00:10:13 Alors, Alert à Malibu, c'est le choix de la traduction pour Baywatch, mais évidemment Baywatch n'est pas du tout tourné à Malibu.
00:10:21 Malibu, c'est des falaises rocailleuses, c'est des petites criques, toutes petites, ça n'a rien à voir avec les immenses plages de Will Rogers State Beach où fut tourné Alert à Malibu.
00:10:33 Petit prétexte pour vous montrer une carte de la ville. On voit la ville en rouge, les limites administratives de la ville de Los Angeles.
00:10:44 On voit que c'est très fragmenté puisqu'au milieu on a des villes qui sont indépendantes de Los Angeles, comme Santa Monica, Beverly Hills, etc.
00:10:51 Et notamment beaucoup de villes qui ont accès à la plage. En rose, avec la petite étoile rose, je vous ai mis Malibu, qui est très au nord,
00:10:59 qui n'est pas dans Los Angeles techniquement, mais bon. Et en jaune, c'est là où est Will Rogers State Beach, l'endroit où est effectivement tourné Alert à Malibu.
00:11:10 Alors, pourquoi ce choix de traduire Baywatch par Alert à Malibu ? Sans doute parce que cette petite enclave de la ville est associée historiquement à Hollywood.
00:11:22 Dès les années 30, on a des grands noms de Hollywood qui vont y habiter. Elle a un fort pouvoir évocateur. Malibu, tout de suite, on a des images en tête de surfeurs, etc.
00:11:33 En tous les cas, ce qui me semble intéressant ici, c'est que c'est un choix qui reflète l'idée que la ville est non seulement éclatée dans la réalité, mais aussi dans les imaginaires.
00:11:45 C'est bien le propre de cette ville mirage. Et pour reprendre les mots de Joseph Kessel, c'est bien le propre de cette ville. Qu'importe les noms qui désignent les différents fragments de cette figure géométrique,
00:11:57 Beverly Hills, Glendale, Santa Monica, il n'y a pas de solution de continuité entre ces quartiers. C'est ce qu'il disait dans un ouvrage qui s'appelle Hollywood, ville, mirage, en 1936.
00:12:07 Il finissait ainsi, le seul nom qui compte, c'est Hollywood. C'est ce dernier nom qui seul est connu par le monde, qui seul porte en lui toute l'efficacité, tout le rayonnement.
00:12:21 Et donc, à travers Malibu, on a Hollywood et on a ce dont on a besoin pour attirer un public français. C'est assez intéressant.
00:12:29 Je vous emmène tout de suite sur la plage de Los Angeles au début du XXe siècle, quand Hollywood arrive.
00:12:37 Puisque Hollywood, en tous les cas, l'industrie cinématographique au début du XXe siècle n'est pas à la base concentrée à Los Angeles.
00:12:47 Ça tourne plutôt autour du New Jersey et de New York. Et finalement, la Californie du Sud devient le centre de cette production cinématographique autour des années 1910-1915.
00:12:58 Et c'est vraiment dans les années 1920 qu'on parle de Hollywood comme le lieu synonyme de l'industrie du cinéma.
00:13:07 Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les réalisateurs se relocalisent. On a parlé du fait qu'il y a l'attrait du soleil, du climat qui fait qu'on peut tourner en extérieur toute l'année.
00:13:20 La proximité du Mexique, on en parle peu, mais qui permet aussi d'échapper, pour beaucoup d'entre eux, à leur dette et aux poursuites judiciaires.
00:13:28 Il y a beaucoup d'histoires de brevets à l'époque. Il y a l'absence d'une tradition syndicale à Los Angeles, une bonne raison de commencer une nouvelle industrie.
00:13:37 Mais il faut aussi également mentionner la diversité des paysages. Le fait qu'à quelques kilomètres de Los Angeles, on a la plage, les montagnes,
00:13:47 on a tout ce qu'il faut pour recréer n'importe quel pays du monde, de la rivièra au désert.
00:13:53 Cela va donner une énorme liberté narrative aux réalisateurs, à commencer par Daniel Griffith, qui va tourner le premier long métrage américain,
00:14:02 "Hancock Arden", à Santa Monica, sur la plage. C'est en 1911. Dès le début de l'arrivée du cinéma, l'océan et les plages vont occuper une place très importante en tant que lieu de tournage.
00:14:15 On le voit à travers cet exemple. On le voit aussi dans tout ce qui est ce qu'on appelle le "California slapstick", c'est-à-dire un genre de comédie qu'on associe à Charlie Chaplin,
00:14:27 qui est beaucoup lié à un humour assez physique, notamment aux scènes de poursuites. Alors où est-ce qu'on peut faire des super scènes de poursuites ? Sur les plages.
00:14:36 Par exemple, la première scène du cirque de Charlie Chaplin se passe à Vénice et il essaie d'échapper à la police à travers la zone foraine de Vénice.
00:14:46 C'est une scène assez amusante. Je vous emmène un petit peu dans mes archives. Voici un journal du début des années 1920, d'un quartier littoral de Los Angeles, qui s'appelle "Palisades del Rey".
00:15:02 Si on fait la lecture de ce journal dans les années 1920, on se rend compte qu'il y a une frénésie d'activité filmique sur le sable.
00:15:11 Puisqu'en l'espace de deux ans, j'ai compté de 1926 à 1928, on a quatre tournages juste sur les plages de Del Rey, qui sont des petites plages. Il y a plein d'autres plages à Los Angeles.
00:15:20 Ça montre qu'en fonction des besoins du script, les plages vont servir à toutes sortes de choses. Ici, elles servent à reproduire un peu le désert.
00:15:32 C'est pour un film qui s'appelle "The Queen of Queens". Et à la fin de la production, on voit la deuxième image sur votre droite.
00:15:39 Toute l'équipe du tournage vient à l'occasion du fait que le réalisateur va acheter du terrain à Del Rey, sur la plage, pour s'acheter une maison à côté de la plage.
00:15:52 Et donc toute l'équipe du tournage va poser pour la signature du chèque.
00:15:56 Et alors ça, c'est intéressant parce que ça reflète un autre mouvement qui se passe au même moment, qui est que tous ces gens de Hollywood vont commencer à s'installer sur la plage, littéralement, à y vivre.
00:16:06 Alors évidemment, on a les grands noms de Hollywood qui vont commencer cette tendance sur ce qu'on appelle la "Gold Coast", c'est-à-dire le long de Santa Monica.
00:16:16 On le voit sur cette photo-là, avec les falaises, là, vous voyez, qui donnent ensuite sur la plage, c'est Santa Monica.
00:16:23 Et on a notamment la fameuse maison, enfin, maison, c'est pas une maison, c'est un palace de 118 chambres, qui est construit entre 1926 et 1930 par le magnat de la presse William Randolph Hearst,
00:16:38 pour sa petite amie, Marion Davis, grande actrice du cinéma muet.
00:16:44 Alors il y a une piscine, un terrain de tennis, bref, c'est très très luxueux.
00:16:49 D'ailleurs, ça existe toujours, si vous voulez vous rendre à Los Angeles, c'est possible d'y avoir accès, et même d'aller dans la piscine.
00:16:55 Alors, Hollywood s'inspire beaucoup de...
00:16:59 Du coup, donc Hollywood est présent sur la plage, et évidemment, les réalisateurs vont s'inspirer de ce qui se passe sur la plage, assez naturellement.
00:17:06 Et alors, l'un des premiers à s'inspirer de cette culture corporelle qui émerge en Californie à cette époque, autour de la beauté, de l'athlétisme, du plaisir,
00:17:18 et bien le premier à le faire, c'est Max Ennett, qui est le grand maître de la comédie burlesque, dans les années 1910-1920,
00:17:27 et qui va être frappé par ces jeunes femmes en maillot de bain qui batifolent sur la plage,
00:17:33 et qui va être aussi inspiré par le tourisme publicitaire à l'époque,
00:17:38 la Californie du Sud, c'est un lieu de tourisme, en fait, très important au début du XXe siècle, toujours d'ailleurs, aujourd'hui.
00:17:45 Et donc, il va s'inspirer de cet archétype qu'est la bathing beauty,
00:17:52 la bathing beauty, littéralement, la jeune femme en maillot de bain qui vous regarde d'un air un peu aguicheur,
00:17:56 vous le voyez par exemple sur cette brochure publicitaire qui date du tout début du XXe siècle, pour Rolando Beach.
00:18:02 Il va adapter ça, et il va en faire, qu'est-ce qu'il va y faire exactement ?
00:18:06 Et bien, il va inventer les Max Ennett bathing beauties.
00:18:08 Alors, ce sont des jeunes femmes, des jeunes actrices en maillot de bain, qui vont au départ être utilisées dans les supports publicitaires,
00:18:15 et puis ensuite, elles vont faire leur apparence dans les films de Max Ennett, mais elles n'ont évidemment aucune importance dans l'intrigue.
00:18:22 C'est vraiment des femmes potiches, c'est l'origine de la femme potiche, littéralement,
00:18:26 puisque Max Ennett le fait, il le dit assez clairement, que c'est pour attirer le chaland.
00:18:32 Ces jeunes femmes, elles sont sur la plage, donc on peut les mettre à maillot de bain,
00:18:36 donc on peut révéler un petit peu plus que d'habitude, dans un contexte où quand même la pudeur reste une valeur importante.
00:18:43 Et donc, elles vont aller bâtifoler sur la plage, et ça va être un énorme succès.
00:18:49 Un tel succès, en fait, que ça va devenir l'un des types d'actrices spécifiques à Los Angeles,
00:18:55 qu'on recrute avec sa propre section dans les colonnes d'offres d'emploi.
00:18:59 Et d'autres studios vont également avoir leurs bathing beauties.
00:19:05 Alors, je vais vous montrer un extrait de The Beach Club, de Max Ennett,
00:19:09 qui est un cours de 1928 où on voit ces bathing beauties.
00:19:13 Et ce qui est intéressant aussi, c'est que ça nous parle un petit peu de ce moment, les années 1920,
00:19:18 quand les beach clubs, les clubs de plage privées, se multiplient sur la plage de Los Angeles.
00:19:24 Alors, la plage à Los Angeles, elle est, au début des années 1920, et au début du XXe siècle de manière générale,
00:19:30 c'est un endroit de mixité sociale énorme, puisqu'elles sont accessibles par la voiture,
00:19:35 elles sont accessibles, et beaucoup de gens ont accès à la voiture à Los Angeles dans les années 1920,
00:19:39 c'est pas comme en France. Et par ailleurs, elles sont accessibles par le tramway.
00:19:44 Donc, c'est des grands espaces où tout le monde se rencontre.
00:19:46 Et en même temps, Los Angeles, dans les années 1920, c'est l'explosion démographique.
00:19:50 On passe de 100 000 habitants en 1920 à 1 million en 1930.
00:19:55 Donc, c'est vraiment une ville champignon. Et soudain, avoir tous ces ouvriers qui arrivent sur la plage,
00:19:59 évidemment, ne plaît pas à tout le monde. Et là, on voit tous ces clubs de plage qui sont ouverts dans cette période.
00:20:06 Donc, c'est clairement une tentative ouverte de ségrégation sociale, de tentative de recréer un entre-soi.
00:20:12 Et alors, ce qui est assez amusant avec cette comédie, c'est qu'elle, comme toutes les comédies de cette époque,
00:20:16 en général, elle vient se moquer un petit peu de ces tentatives de mettre en place une hiérarchie sociale.
00:20:23 Et donc, on va voir le personnage au centre du cours est quelqu'un qui n'a pas un sou,
00:20:28 mais qui veut faire partie de ce monde un peu mondain des clubs de plage du début des années 1920.
00:20:37 Donc, Mathilde, si tu peux nous mettre le premier extrait, le extrait numéro 2, pardon, mais premier du Beach Club.
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00:23:33 Alors voilà, donc Billy Doolittle a payé 10 dollars sur les 1000 dollars qu'il doit normalement payer pour faire partie du club de plage.
00:23:42 Donc c'est vraiment, voilà, ça reflète cette tension autour d'un espace qui est en train d'être finalement privatisé par ces clubs de plage.
00:23:48 Et en même temps c'est aussi, voilà, ça nous rappelle aussi que c'est "Bathing Beauty" qu'on est dans un moment intéressant pour les femmes et pour le corps
00:23:56 puisque c'est un moment de grande vogue, notamment des concours de beauté avec, voilà, le moment en maillot de bain.
00:24:03 Et puis un moment où on a tout un discours sur la nouvelle femme, cette femme qui repousse le moment du mariage et des enfants, qui fait des études, etc.
00:24:11 Et donc il y a une certaine fascination autour de ces jeunes femmes blanches, salariées, qui prennent ces libertés.
00:24:18 Et qui, en même temps, voilà, et aussi représentent un nouvel idéal féminin complètement en rupture avec un idéal victorien qui était beaucoup plus sur la retenue, sur la modestie, etc.
00:24:28 C'est des jeunes femmes qui, elles, voilà, flirtent, etc.
00:24:33 Évidemment personne dans les années 1920 se retrouverait en maillot de bain en train de jouer au billard.
00:24:38 Ça c'est quelque chose qui est seulement permis parce qu'on est au cinéma.
00:24:42 Et en même temps, en mettant en scène ce genre de femmes dans ces tenues-là au cinéma,
00:24:47 Max Sennett fait aussi partie de tout un ensemble de forces qui contribuent à rétrécir les maillots de bain, etc.
00:24:54 Et à faire qu'on voit plus de peau, plus de chair dans les magazines, etc.
00:24:59 Alors c'est d'ailleurs un phénomène, la bathing beauty, ce qui n'est pas circonscrit seulement à la population blanche.
00:25:05 On a des bathing beauties noires, on a des femmes qui gagnent des concours de beauté noires, etc.
00:25:13 Et dans certains cas, elles peuvent aussi avoir leurs films, etc.
00:25:17 Mais en général, ils vont être projetés seulement dans les cinémas noirs du quartier de South Central.
00:25:23 Et on ne va pas du tout les voir dans la culture mainstream, pour le dire rapidement.
00:25:28 Et de fait, en parallèle, les Noirs de Los Angeles subissent des discriminations dans tous les aspects de leur vie.
00:25:35 Même si Los Angeles, ce n'est quand même pas le sud des États-Unis, et notamment aussi sur la plage.
00:25:40 Alors on va regarder le deuxième extrait.
00:25:43 Ce qui se passe après, c'est que Billy Doolittle, quand il arrive dans le club de plage,
00:25:47 tombe sur son ex-petite amie, qui s'est mariée depuis avec un homme très riche.
00:25:51 Et alors, évidemment, ça ne plaît pas du tout à Billy Doolittle, qui va essayer un peu de l'embêter.
00:25:57 Et ce qui est intéressant ici, c'est qu'on va voir qu'il y a une nouvelle hiérarchie qui essaie de remettre en cause la hiérarchie sociale.
00:26:05 Voilà, Billy Doolittle est pauvre, cet homme est riche.
00:26:08 Il y a cette hiérarchie corporelle qui est en train de faire son entrée, en fait, dans les imaginaires et dans les films.
00:26:15 Alors, sur la plage, ce grand lieu d'égalisateur, quelqu'un avec un ventre beudonnant, soudain, il perd la mise.
00:26:24 Voilà donc deuxième extrait du Beach Club, extrait numéro 3, Mathilde.
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00:27:46 Vous voyez les bathing beauties, elles sont vraiment en arrière-plan, en train de faire des rondes.
00:27:55 Enfin bref, on s'en fiche complètement, elles ne sont pas là pour ça.
00:27:58 Mais ce que ça nous montre ici, c'est que vraiment, dès les années 20, la plage hollywoodienne, c'est le lieu de mise en scène,
00:28:05 de ces nouveaux critères de beauté qui s'imposent à cette époque, donc minceur en particulier.
00:28:10 Mais aussi, il y a un certain niveau d'athlétisme, on va dire, de fitness, on dirait aujourd'hui.
00:28:18 Et il est vrai que c'est l'idée de s'occuper de son corps, d'utiliser les activités sportives comme un moyen de faire en sorte que son corps soit beau,
00:28:29 soit... quand on est en public, qu'il soit... voilà, je ne retrouve pas mes mots, mais qu'il soit bien mis en valeur.
00:28:42 C'est quelque chose qui intéresse beaucoup les américains au début du XXe siècle et surtout les habitants de Los Angeles.
00:28:47 Et les stars de Hollywood vont être les premières évidemment à s'emparer du sport comme un outil de contrôle sur soi, sur son corps.
00:28:56 Alors ici, on a un exemple formidable avec Marion Davis qu'on retrouve à nouveau devant sa maison, 218 chambres.
00:29:02 Elle est devant sa maison, elle est en train de faire du sport, elle est vraiment en plein effort,
00:29:07 et puis elle a cette tenue sportive tout à fait typique des années 20, mais qui est très moderne à l'époque,
00:29:12 puisqu'elle a un pantalon qui est large, qui est blanc, elle est on va dire un peu une joueuse de tennis.
00:29:18 Et c'est parce qu'elle veut imposer cette image, c'est très important pour les stars de Hollywood à cette époque, d'avoir une image, une brand.
00:29:25 Et là, l'image qu'elle veut donner c'est "je suis sportive et donc je suis moderne".
00:29:30 Alors bien sûr, on fait du sport partout dans le monde, sur la plage. Je ne veux pas dire que c'est seulement en Californie du Sud qu'on fait ça.
00:29:36 Mais la différence c'est que parce qu'il y a Hollywood, parce qu'il y a aussi cette culture du corps,
00:29:42 ce culte du physique en Californie, va se développer une culture qui est beaucoup plus centrée sur la beauté,
00:29:50 sur le plaisir et sur l'hédonisme qu'ailleurs. En France, on a par exemple des gens qui font de l'exercice sur la plage,
00:29:58 mais ça va être beaucoup plus centré sur une idée divienne, voire faire en sorte que les enfants grandissent bien pour devenir des bons soldats.
00:30:07 Un exemple qui est typique de cette manière dont on investit les plages à cette époque, c'est Muscle Beach.
00:30:16 Alors évidemment, si je vous dis Muscle Beach, pour ceux d'entre vous qui ont été à Los Angeles, vous allez penser au Muscle Beach qui est à Venice Beach
00:30:22 et qui est associé à la figure de Arnold Schwarzenegger. La réalité en fait, c'est que Muscle Beach, le vrai, l'ancien, l'original,
00:30:30 Muscle Beach est un endroit de la plage de Santa Monica qui date des années 1930 et qui est fermé à la fin des années 1950.
00:30:39 Muscle Beach, c'est un phénomène qui est vraiment très intéressant dans cette perspective de mise en scène des corps sur la plage.
00:30:45 A la base, c'est un espace de jeu pour enfants qui est pris d'assaut par des gens qui font du vaudeville, du cirque, des gens de Hollywood dans les années 30
00:30:58 et qui vont commencer à se retrouver là pour faire du sport, pour s'entraîner, pour faire leurs nouvelles acrobaties du jour.
00:31:04 Muscle Beach est très connu par exemple pour les pyramides et puis dans les années 1950, ça devient connu parce qu'il y a des bodybuilders qui commencent à s'y retrouver
00:31:12 et c'est la première fois qu'on voit des gens soulever des altères en public. Les altères, ce n'est pas du tout à la mode, c'est un truc de prisonnier, de teenager boutonneux,
00:31:23 pas du tout quelque chose qu'on voit normalement. Et non seulement des gens font des altères, mais des femmes soulèvent des altères.
00:31:30 Alors c'est vraiment un lieu très intéressant, tellement intéressant qu'évidemment que les réalisateurs vont s'y tourner assez rapidement.
00:31:38 Et le premier à braquer sa caméra sur les athlètes de Muscle Beach, c'est le réalisateur Joseph Strick. En 1948, c'est un cinéaste indépendant qui fait des documentaires
00:31:48 et il fait un documentaire un peu artistique, vous allez voir, sur Muscle Beach. D'ailleurs, c'est intitulé Muscle Beach, tout simplement.
00:31:55 C'est très court et puis il n'y a pas de dialogue, il y a juste une chanson. Et ça va faire un tabac, enfin un tabac dans les petits milieux de documentaires artistiques de l'époque.
00:32:06 Quelque chose en tête à regarder avant qu'on passe à l'extrait, on va y voir des femmes comme des hommes, comme je vous disais.
00:32:12 Notamment des femmes un peu "butch" pour reprendre la manière dont on parle aujourd'hui, qui vraiment remettent en question les codes de la féminité et de la masculinité.
00:32:21 Qui remettent en question, notamment dans les années 40-50, enfin là 40 encore ça va, mais dans les années 50, quand les choses deviennent beaucoup plus strictes
00:32:29 du point de vue des modèles de genre, c'est assez alternatif en fait comme lieu. Et c'est assez intéressant.
00:32:36 A l'époque, le bodybuilding, ce n'est pas du tout mainstream. Donc ce qui est intéressant, regardez ça avec cette idée que c'est un moment important
00:32:44 dans l'entrée du corps musclé dans notre répertoire visuel, dans nos références visuelles.
00:32:51 Voilà, on va lancer l'extrait. On en est au numéro 4. Muscle Beach.
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00:43:42 Hé, Milred.
00:44:04 Tu as trouvé ce sac de pigeon, chérie?
00:44:06 Tu as faim?
00:44:09 Non, je ne crois pas.
00:44:12 Si tu te sens mal, viens chez toi et bois un verre.
00:44:16 Tu sais, acheter ce joint est la meilleure décision que j'ai jamais faite.
00:44:23 - Un verre de boisson, Tony. - Oui, sir.
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01:03:30 - Stand tall. Look smart. Come on.
01:03:33 - All in straight. Straighter and taller.
01:03:36 - Today is the day of the latissimus dorsum.
01:03:39 - We will give...
01:03:41 - Hey man, that creeps on my blanket.
01:03:43 - Yeah, let's get him off.
01:03:45 - Don't forget to say please.
01:03:46 - Are you kidding man? I'm not afraid of those muscle-bound jerks.
01:03:49 - Yeah, they're not for real anyway.
01:03:51 - The latissimus is...
01:03:54 - Here.
01:03:56 - No.
01:03:58 - Hey!
01:04:00 - I may need your help.
01:04:08 - Sorry. You're on his blanket.
01:04:12 - You made me fall.
01:04:13 - What's my blanket?
01:04:14 - It was in my way.
01:04:16 - What was in your way?
01:04:17 - Well, wait a second, Hoded.
01:04:19 - I mean, nobody invited you and your muscle farm to cut in here.
01:04:22 - You live there?
01:04:23 - That's right.
01:04:24 - You live there?
01:04:25 - That's right.
01:04:26 - We live over there.
01:04:27 - Well, I know that.
01:04:28 - I got an idea.
01:04:29 - You stay on your side of the beach and we'll stay on ours.
01:04:32 - Oh man, the beach is public. It's for everybody.
01:04:35 - I don't think I made myself clear.
01:04:38 - Him.
01:04:40 - Him what?
01:04:41 - Mikey!
01:04:45 - Get him!
01:04:47 - Hey, help!
01:04:48 - Help!
01:04:49 - So, surfers say it well.
01:04:51 - This is a public beach and it's for everybody.
01:04:54 - This is a public beach and it's for everybody.
01:04:56 - So, it's a public beach.
01:04:57 - And it's important that they say that at this time,
01:04:59 - because we're in a time when the state of California has a lot of money
01:05:03 - and is buying a lot of beaches for the public.
01:05:06 - And it's anchoring this idea in people's minds and habits
01:05:13 - that the beach in California is public.
01:05:15 - And it's very important because Hollywood contributes to spreading this idea.
01:05:21 - And it's still important today.
01:05:23 - And that's what I'm going to finish on today.
01:05:26 - I'm going to talk about the evolution of the way we filmed the Los Angeles beach today.
01:05:33 - And I think that today, when we film the Los Angeles beach,
01:05:37 - it's often in filigree, not always in an obvious way,
01:05:43 - but often in filigree, we see two important questions
01:05:46 - when we film the Los Angeles beach today.
01:05:48 - The first is the question of climate change and the rise of water.
01:05:52 - And the way it's going to affect coastal communities.
01:05:55 - Of course, it's not a specific problem in Los Angeles,
01:05:58 - but it's going to touch the heart of the city's identity,
01:06:02 - of its real estate heritage.
01:06:04 - Here we see a representation of the Santa Monica pier,
01:06:08 - of the Santa Monica Falls, if the temperatures go up to 3 degrees
01:06:15 - compared to the pre-industrial period.
01:06:18 - So it won't always be like that,
01:06:20 - but at least part of the year, we can imagine it.
01:06:23 - These are visualizations.
01:06:25 - And the second question is the question of access to the coastal community,
01:06:30 - of the beach community.
01:06:32 - These environmental questions appear on the screen.
01:06:35 - For example, in the 90s, the question of pollution
01:06:39 - comes back in one of the big surf movies of the last years,
01:06:43 - Point Break, which will be released tonight at 8.30pm for the fans.
01:06:48 - It's an essential element of the plot, for those who saw Point Break.
01:06:52 - You may remember that the FBI managed to find out which beaches
01:06:58 - the surfers who do the breaks in the region come from,
01:07:02 - compared to the fact that they find a hair after one of the breaks.
01:07:06 - And by analyzing the hair, they find the result of toxins
01:07:09 - that correspond to pollution in a specific beach of Los Angeles.
01:07:14 - Because there are big pollution problems linked to wastewater in Los Angeles.
01:07:19 - So, again, it says something about the importance of pollution,
01:07:23 - even if it's indirectly, but Hollywood represents this reality.
01:07:30 - Second question, I was talking about the access of the public to the coast.
01:07:35 - You may have heard about it in the newspapers,
01:07:38 - that the rich owners of Malibu try to prevent the public
01:07:43 - from having access to the beaches in front of their houses.
01:07:47 - This results in endless lawsuits.
01:07:51 - But, what's interesting is that these questions have found
01:07:56 - a new expression on the screen, especially in the film adaptation
01:08:01 - of Alert in Malibu. I'll come back to Alert in Malibu at the end of the conference.
01:08:05 - In 2017, the TV series was broadcasted.
01:08:10 - The film is very bad, I don't recommend it.
01:08:13 - It's a bad good film, I don't know how to say it,
01:08:16 - but it's so bad that it's almost good.
01:08:19 - But it's still relevant, because in this new version,
01:08:22 - the beach owners fight to prevent a businesswoman
01:08:27 - from having a diabolical plan to privatize the beaches.
01:08:31 - In the US, the film was a failure at the box office,
01:08:35 - and it's again, at the international, that Alert in Malibu
01:08:38 - woke up paying, with very good money.
01:08:41 - This shows that the Angeline beaches, the Hollywood bodies of beaches,
01:08:47 - all of this remains a safe value in the world's imagination.
01:08:52 - But, it remains to be seen if, beyond the Hollywood fictions,
01:08:55 - the beaches of Los Angeles will survive in the 21st century.
01:09:00 - Thank you very much.
01:09:02 (Applause)
01:09:07 (...)

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