« Le dictionnaire amoureux de la radio » réunit une jolie brochette de personnalités qui s’attardent sur un mot : Philippe Labro « directeur » ; Laurent Ruquier « humour » ; Christophe Hondelatte « direct » ; Marc Olivier Fogiel « Matinale » et notre Marc Fauvelle de franceinfo « enfance ». Parmi les mots choisis : couleur d’antenne, direct, écriture, reportage, histoire, raconter, jeu, studio… Frank Lanoux valide les mots de Jean Michel Jarre, qui a choisi le mot « innovation » et pense que « ce projet de livre est presque militant ou activiste par rapport à la radio, car on la critique tellement. » De nombreux directeurs participent aussi à ce livre : Alain Weill, Michel Boyon, Laurence Bloch, Olivier Mazerolle, Jean Pierre Elkabbach, Pierre Bellanger, Jean Luc Hess… Le « dictionnaire amoureux de la radio » parait chez Plon.
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00:00 Bonjour Laurent Vallière, votre invité est un professionnel de radio, un pionnier de la bande FM.
00:04 Il a fait sa carrière dans les radios privées, du groupe Europe 1 à RMC.
00:08 En passant par NRJ, il publie un dictionnaire amoureux de la radio aux éditions Plon.
00:12 Bonjour Franck Lanou, vous avez voulu un livre collectif avec une jolie brochette de contributeurs.
00:18 Philippe Labrault parle du mot « directeur », Laurent Ruquier du mot « humour », Christophe
00:24 Condlat du « direct », notre Marc Fauvel a choisi le mot « enfance », notre Marc Fauvel de France Info.
00:30 Et puis j'ai retenu ces mots de Jean-Michel Jarre qui a choisi le mot « innovation ».
00:33 Il dit dans son texte, il écrit « ce projet de livre est presque militant ou activiste par rapport à la radio,
00:40 car on la critique tellement ». C'est pour ça que vous avez voulu faire ce film, ce livre ?
00:44 C'est vrai, exact. Moi je suis un ardent défenseur du média, je ne comprends même pas d'ailleurs pourquoi il faut le défendre.
00:50 Tellement il est évident, tellement il est simple, il est superbe. C'est une belle expression de l'âme humaine en fin de compte la radio.
00:58 On s'y informe, on s'y distrait, on fait ça très simplement entre nous.
01:01 Et donc cette dimension-là, ce mode de production exceptionnel de la radio, c'est quelque chose qu'il faut défendre aujourd'hui.
01:08 Et moi, je m'interroge même pourquoi on arrive à cette situation.
01:11 Pourquoi il faut le défendre ? Contre quoi il faut le défendre ?
01:14 Parce qu'il y a une dictature de l'image.
01:16 Et il est possible même d'ailleurs qu'avec les années, les gens aient envie de revenir de cette dictature de l'image
01:21 pour revenir à plus de vérité, plus de simplicité, plus de direct, comme on fait nous en ce moment.
01:26 Et je pense que c'est ça, c'est là où la radio est la meilleure.
01:29 Et je pense que c'est ça qui va revenir, j'espère, avec les années.
01:33 Comment vous avez choisi vos contributeurs ?
01:36 C'est compliqué parce qu'il y a de l'amitié avec certains.
01:39 Je devais aussi avoir un panel qui ait du sens. C'est un dictionnaire qui va de A à Z.
01:44 Donc il faut qu'une sélection aille du sens. Et donc j'ai été les chercher parmi les grands succès de la radio,
01:48 parmi l'histoire de la radio, parmi les grands acteurs actuels.
01:52 Il y a beaucoup de directeurs. Jean-Pierre Elkabache, Alain Veil, Michel Boyon, Laurence Bloch, Olivier Mazerolle, Jean Luques.
02:00 Vous avez des grandes voix aussi dans ce que vous dites là.
02:02 Oui, des grandes voix.
02:03 Il y en a donc 114.
02:04 Pourquoi autant de directeurs ?
02:05 Non, j'ai plutôt évité le directeur. Vous n'avez pas la présidente de Radio France, vous n'avez pas le patron d'RTL,
02:11 vous n'avez pas la patronne d'Europe, vous n'avez pas le patron des RMC.
02:14 Donc j'ai plutôt été chercher des grandes voix de la radio.
02:17 Il fallait que ça résonne. Mais quand vous faites un dictionnaire, un dictionnaire, c'est un exercice un petit peu exhaustif.
02:22 Donc il faut tout y mettre. Donc il y a des directeurs, mais il n'y a pas que ça.
02:25 Dans les directeurs que vous citez, il y a des très grandes voix.
02:27 Et du coup, beaucoup comptaient dans la radio.
02:30 Et puis j'ai été chercher aussi, bien évidemment, un peu tous les métiers.
02:34 On parle de business aussi.
02:36 On parle de technique.
02:37 On parle de marketing.
02:39 On parle de marque. On parle d'antenne, de journalisme, d'animation, de musique, de liberté.
02:45 C'est vraiment, j'essaye de faire un dictionnaire donc à peu près exhaustif, en fin de compte, sur l'exercice.
02:51 Alors on vous connaît parce que vous avez été l'artisan de la remontada de RMC,
02:55 dont vous avez vraiment fait fructifier l'audience.
02:59 Ce qui m'intrigue, c'est que vous avez choisi un mot très intéressant, qui n'est absolument pas radiophonique.
03:03 C'est le logo.
03:04 Et vous dites que le logo d'une radio, vous dites que la radio, c'est un monde invisible.
03:09 Et vous dites que son logo est une invitation à entrer dans un monde.
03:13 Une radio, pour vous, c'est un monde, Franck Lanou ?
03:15 C'est au-delà même. C'est un univers.
03:17 C'est un univers parce que, déjà le média en soi, parce que le média, il est tellement simple à produire
03:22 qu'il épouse vraiment tous les intérêts de l'homme.
03:28 Et donc ça, c'est déjà un univers en soi.
03:32 Cette bande-effet, ou même maintenant grâce au digital, où on peut aller encore plus loin, c'est un univers.
03:37 Et puis après, chacune des radios, c'est un petit monde.
03:40 Il y a des personnalités, il y a des thématiques, il y a de la musique, on y parle.
03:43 C'est un monde en soi.
03:45 Et je pense en effet que le logo est anecdotique parce que le logo, c'est parfois la seule image qu'a une radio.
03:52 Et c'est vrai qu'on y passe du temps pour le choisir, pour faire en sorte que les gens reconnaissent assez rapidement la radio en question.
03:59 Mais au-delà de ça, c'est vrai qu'il faut savoir exprimer beaucoup de choses avec très peu de choses dans un logo.
04:04 C'est ça que j'ai voulu raconter dans cet article.
04:07 - Alors, à travers tous ces textes, il y a à peu près 120 contributions, ce qui m'a marqué aussi, c'est l'importance de la voix.
04:12 Je crois que Patrick Cohen explique qu'une bonne voix est une voix sincère.
04:18 Et Pierre Bélanger explique qu'en fait, quoi qu'il arrive, l'avenir, c'est la voix et que du coup, la radio a un avenir.
04:27 Qu'est-ce qu'elle a de si important, la voix ?
04:29 Et pourquoi en avoir autant parlé dans votre dictionnaire amoureux ?
04:32 - Parce que tout passe par la voix.
04:34 Alors, Bézo à la musique était aussi un élément moteur, majeur de la production radiophonique.
04:40 Donc là-dessus, il n'y a pas de sujet.
04:42 Mais c'est vrai que lancer un disque, accompagner des invités, les recevoir, vous allez faire passer beaucoup de choses par votre voix.
04:52 La conviction, la culture, l'envie, l'énergie, la voix est un vecteur extraordinaire.
05:00 Et puis elle ne triche pas.
05:02 Les gens m'entendent en ce moment, ils peuvent peut-être entendre un petit peu de fébrilité, etc.
05:07 Parce que moi, ça fait 40 ans que je fais de la radio, j'ai dû faire de l'antenne pendant trois semaines.
05:10 Donc si vous voulez, c'est vraiment pas mon terrain de jeu.
05:12 Et c'est vrai que la radio, la voix, fait passer beaucoup de choses, beaucoup d'émotions.
05:20 Il y a même parfois des horreurs qui se disent avec une très jolie voix et ça peut être terrifiant.
05:24 - Et il y a même Maryse Gildas, qui a longtemps travaillé sur Europe 1, qui explique qu'en fait,
05:30 elle essayait de travailler son souffle pour essayer d'apather la jante masculine lorsqu'elle est arrivée sur l'antenne.
05:37 - C'est en fin de compte ce qu'on lui demandait.
05:39 Donc là, heureusement que c'est une femme qui raconte ça et qui nous raconte ça à l'aube des années 60.
05:45 Mais c'est vrai, sinon la voix...
05:49 Il y a même un élément que j'ai déjà raconté, que Gérard Klein, qui est également contributeur,
05:55 qui est un enfant de cette maison, raconte.
05:57 Mais lui, parfois, quand il prenait la parole, il ne savait pas ce qu'il allait dire du tout.
06:02 - Il avait les mains dans les poches, il dit dans le livre.
06:04 - Exactement. Il avait une émission d'une heure et demie, deux heures à faire,
06:06 il ne savait pas ce qu'il allait dire et parfois même il commençait par un blanc pour précisément attirer l'attention.
06:12 - Alors, Marise Vildas craint dans le livre et elle n'a pas tort qu'il n'y ait pas vraiment la parité dans le bouquin.
06:17 Je crois qu'effectivement, il y a 120 contributeurs et seulement 25 femmes.
06:20 Et comment ça se fait ?
06:21 - C'est sûrement un triste état du secteur lui-même.
06:26 Donc j'ai quand même veillé, non pas à l'équilibre, puisque l'équilibre n'existe pas dans l'histoire de la radio.
06:32 C'est sûr que les hommes ont une préprodérence qui est forcément dommageable
06:36 et que l'histoire, progressivement, change et c'est très bien.
06:40 - Alors ça ressemble quand même surtout à un dictionnaire historique, on va dire.
06:44 Il y a très peu d'entrées sur le futur. Jean-Michel Jarre parle d'innovation.
06:48 Laurent Friche, le directeur technique à Radio France, parle du futur du streaming.
06:54 Pourquoi si peu parler de l'avenir de la radio ?
06:57 - C'est un dictionnaire, donc on raconte l'histoire dans sa globalité.
07:01 Moi j'ai quand même le sentiment que, sans parler du futur ou d'avenir,
07:07 on parle beaucoup des vertus du média.
07:08 Et c'est là-dessus que je veux insister, parce que c'est ça le vrai ressort de ce média.
07:13 Ce sont ses vertus propres.
07:14 Et là, c'est vrai que souvent, parfois, on oublie un petit peu ces grandes valeurs de ce média,
07:21 même par rapport aux autres.
07:22 Enfin, la facilité qu'on a aujourd'hui, nous, à communiquer.
07:25 On est en train de discuter tous les deux dans un studio, on dirait une tablée d'amis.
07:29 Les gens qui nous écoutent sont en train de faire autre chose.
07:31 C'est une vraie expression de la vie.
07:32 Et cette facilité-là, elle produit beaucoup de choses.
07:35 Et c'est ça qu'on raconte, sans forcément évoquer que c'est l'avenir de la radio.
07:39 Mais par contre, c'est les vertus, c'est les points sur lesquels on doit s'appuyer
07:43 pour que perdure ce magnifique média.
07:46 Merci Franck Hanou.
07:47 Merci à vous.
07:48 Et le dictionnaire amoureux de la radio vient de paraître chez Plon.