Vous allez reconsidérer les réseaux sociaux après ces témoignages - Ça Rec#5

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00:00 Souvent, les gens qui ont beaucoup d'abonnés, ils s'abonnaient pas en retour.
00:02 Et je sais pas, je trouve ça vraiment...
00:06 En fait, c'est de l'indifférence.
00:07 À la limite, c'est pire que du mépris.
00:09 C'est genre...
00:10 "Tu m'intéresses pas."
00:12 Et moi, je le prenais vraiment comme ça.
00:13 -Avoir moins de 30 ans et ne pas avoir de réseaux sociaux,
00:16 ça existe et ce n'est pas aussi rare que ça.
00:18 Selon le Digital Report de 2020,
00:20 de 80 % des Français les utilisent,
00:22 et moi, je suis partie à la rencontre de ceux
00:24 qui ne sont pas ou plus intéressés par ce monde virtuel.
00:26 Alma, Chloé, Violette et Alexandre ont bien voulu nous raconter tout ça,
00:29 allez, psych !
00:30 -J'ai eu des réseaux sociaux pendant 5-7 ans.
00:37 J'ai commencé au collège avec Instagram et ensuite, j'ai eu Twitter,
00:41 que j'ai arrêté et réinstallé à plusieurs reprises.
00:44 Et ensuite, j'ai arrêté tous les réseaux sociaux d'un coup.
00:48 Ça faisait longtemps que j'y pensais,
00:50 ça faisait longtemps que j'avais envie d'arrêter,
00:52 parce que c'était pas quelque chose qui me plaisait forcément.
00:55 Je perdais beaucoup de temps dessus,
00:57 j'en avais marre à la fin de mes journées de me dire
00:59 "J'ai passé des heures et des heures dessus et j'ai rien fait", au final.
01:05 Et en plus de ça, j'avais très envie de reprendre la lecture.
01:09 Et à cette période-là, j'avais pas mal de problèmes d'anxiété,
01:13 j'avais des TOC, etc.
01:15 Et en plus de ça, j'avais des problèmes de concentration
01:17 à cause des réseaux sociaux.
01:19 Et en fait, quand j'ai arrêté les réseaux sociaux,
01:22 ça m'a beaucoup aidée, parce que ça a diminué mon anxiété.
01:25 J'étais beaucoup moins sur le qui-vive,
01:27 à toujours attendre des notifications, etc.
01:29 Et ça a réglé mes problèmes de concentration et mes problèmes de TOC.
01:34 Pour l'instant, c'est pas totalement réglé,
01:36 mais ça m'a beaucoup aidée pour reprendre la lecture.
01:39 J'ai fait une dépression pendant à peu près un an et demi,
01:42 c'est un peu difficile d'évaluer la durée,
01:44 et pendant cette période-là, je passais 12 heures par jour sur mon téléphone,
01:48 j'arrivais pas du tout à faire autre chose,
01:51 et ça m'a pas du tout aidée.
01:53 Au contraire, je pense que ça a aussi joué dans la durée de ma dépression.
01:59 Et en plus de ça, ça me déprimait fortement de voir la vie des gens,
02:04 d'avoir l'impression qu'ils vivaient des choses plus belles que moi,
02:09 qu'ils réussissaient mieux leurs études, etc.
02:11 Alors qu'en fait, c'est juste une illusion,
02:13 c'est juste parce que tout le monde partage sa vie,
02:15 mais en exposant que les faits positifs.
02:19 Et du coup, nous, on voit que ça, et on se dit...
02:22 "Il réussit beaucoup mieux que moi,
02:24 il fait des choses plus intéressantes que moi", etc.
02:26 Et du coup, je me dévalorisais beaucoup en lisant la vie des gens.
02:31 -Tu te comparais systématiquement ? -Je me comparais systématiquement,
02:33 et en plus de ça, pour ma confiance en moi, c'était vraiment néfaste.
02:37 Et depuis que j'ai arrêté, j'arrive beaucoup plus à...
02:41 Je vois une augmentation de ma confiance en moi.
02:43 -Quand j'ai quitté les réseaux sociaux, ça a pas surpris mon entourage,
02:48 parce que ça faisait déjà longtemps que j'enlevais, que je revenais, etc.
02:52 Et ils avaient compris que c'était un peu une addiction pour moi.
02:55 Et du coup, ils étaient en mode "OK, c'est bien, bravo",
02:58 ils m'encourageaient un peu...
03:00 Donc moi, j'impose un peu d'aller sur WhatsApp ou d'envoyer des SMS.
03:05 Et donc...
03:06 Oui, je vois pas...
03:08 Par exemple, pendant les vacances,
03:09 si j'envoie pas de messages à mes amis ou qu'ils m'en envoient pas,
03:12 je vois pas ce qu'ils font,
03:13 alors que je le verrais instantanément sur les réseaux sociaux.
03:16 Mais en même temps, moi, ça me plaît, parce que...
03:19 Déjà, c'est un peu spécial.
03:21 C'est genre "Ah oui, c'est notre pote bizarre qui a pas de réseaux sociaux,
03:25 c'est celle à qui on doit envoyer un message..."
03:28 Donc ça, ça m'amuse.
03:29 Quand j'étais en classe ou dans mon lycée,
03:32 je me disais...
03:33 J'imaginais comment les gens me voyaient,
03:35 et ça me plaisait pas, cette image-là.
03:37 Je me rendais compte que c'était pas très naturel,
03:40 parce que, par exemple, à chaque fois que j'allais parler à quelqu'un,
03:42 j'allais avoir plein d'a priori sur cette personne,
03:44 parce qu'avant, je l'avais stalkée,
03:46 je savais un peu dans quel état d'esprit elle était,
03:50 si elle avait beaucoup d'abonnés ou pas.
03:51 Et donc, si, par exemple, une personne qui avait beaucoup d'abonnés,
03:55 elle me parlait,
03:56 alors j'allais me dire "Ouais, c'est stylé..."
04:00 Enfin, limite... Je sais pas, je...
04:02 -Ça te valorisait. -Oui, voilà.
04:03 Comme si j'étais valorisée, alors que juste j'aurais dû lui parler,
04:06 voir si elle était sympa, puis voilà.
04:08 En fait, c'est que je me disais que tout le monde faisait attention à ça,
04:11 donc moi, j'étais obligée de m'adapter.
04:13 Et je me disais "Bon, c'est comme ça,
04:15 c'est un fait qu'il y a un peu une hiérarchie sociale..."
04:18 -Wow ! -Calmez-moi !
04:20 Après, je pense que je l'avais pas autant conscientisé,
04:22 mais les effets étaient là,
04:23 c'est-à-dire que si quelqu'un de populaire me parlait,
04:25 je me sentais valorisée.
04:27 J'avais l'impression d'être un peu la victime...
04:29 Enfin...
04:31 C'était pas vraiment une victime, mais c'est juste...
04:33 J'étais pas vraiment dans le jeu, donc...
04:37 Je sais pas, c'est juste je me dévalorisais toute seule.
04:39 -Je m'appelle Alexandre, j'ai 26 ans,
04:43 je travaille dans le domaine de l'informatique,
04:45 dans une petite startup à Luxembourg.
04:47 -C'est paradoxal, parce que tu taffes dans l'informatique
04:49 et t'as pas de réseau sociaux.
04:50 -C'est ce genre de phrase avec laquelle j'ai été confronté ces dernières années.
04:53 -Après, j'ai pris une orientation professionnelle comme personnelle,
04:57 parce que je suis passionné d'informatique,
04:58 puis je suis tout jeune, donc j'avais tendance à me demander
05:01 ce qu'il pouvait y avoir derrière,
05:03 et je me suis très vite rendu compte qu'il y a des articles qui sont sortis,
05:06 je me suis renseigné, plus que d'autres, sans doute,
05:08 sur le business model, justement, de ces gars-femmes,
05:12 et je me suis rendu compte qu'on était un petit peu le produit
05:15 et qu'il y avait pas de réel plus-value.
05:17 -Mais c'est uniquement de l'ego.
05:18 Tu postes une photo...
05:19 C'est simple, tu discutes avec tes potes,
05:21 t'es sur le point de poster une photo,
05:22 et tu vas sur Internet, sur Google, comme bon nombre de personnes,
05:25 pour savoir quelle est l'heure à laquelle il est mieux de poster une photo,
05:28 parce qu'il y a plus de personnes qui vont automatiquement être sur ces réseaux-là.
05:31 Et tu t'attends, tu te crées un besoin, tu te crées une attente, tu te crées une envie.
05:36 Limite, tu postes, tu te dis "OK, je veux 120, 60 j'aime",
05:40 et t'es déçu parce que tu n'arrives pas à ce stade, à ce palier,
05:43 et t'en prends un coup, alors que non,
05:46 ça ne veut rien dire, ça ne signifie rien.
05:48 -À quel moment, toi, t'as eu un déclic et tu t'es dit "OK, j'arrête" ?
05:51 -Ça fait 5-6 ans.
05:52 Ouais, je vais pas avoir 20 ans.
05:54 En fait, ça s'est fait petit à petit.
05:55 C'est comme quand tu veux arrêter de fumer,
05:57 t'y vas petit à petit et tu te rends compte que celui-là, je l'utilise moins,
06:01 puis celui-là, je l'utilise moins, donc j'ai les supprimés.
06:03 C'est surtout que je voyais...
06:05 Par exemple, quand on sortait en boîte,
06:07 je suis pas quelqu'un qui sort énormément en boîte,
06:08 mais pour le peu que je suis sorti,
06:10 je voyais les gens qui vivaient leur soirée à travers leur téléphone pour mettre des stories.
06:12 Alors c'est bien, tu mets une photo pour t'en rappeler,
06:14 ou même tu conserves la photo, ça crée des souvenirs.
06:17 Je me suis dit "Mais en fait, c'est pas la vie réelle,
06:19 c'est vraiment de l'interaction virtuelle plus qu'autre chose."
06:21 Je pense que, pour certaines personnes, le virtuel prime sur le réel,
06:24 et c'est plus facile de discuter derrière un téléphone
06:27 et d'interagir derrière un téléphone qu'en face à face.
06:29 En face à face, c'est qu'on rencontre à l'émotion,
06:31 tu regardes la personne dans le blanc des yeux,
06:32 tu dois lui dire la chose que tu lui aurais dit très facilement par téléphone.
06:35 En fait, c'est quand tu prends du recul lorsque tu arrêtes
06:37 et que tu te rends compte que "j'ai ressenti ça, j'ai ressenti ça",
06:40 il y avait, premièrement, une certaine angoisse,
06:43 parce que, du coup, tu publies, mais t'es pas sûr que ça va plaire,
06:47 t'es pas sûr que tu te crées...
06:50 T'es en opposition à que la confiance en soi soit constante.
06:52 -J'ai jamais eu de réseaux sociaux.
06:57 D'abord parce que mes parents étaient pas trop chauds.
07:02 Quand j'étais au collège...
07:05 Déjà, j'avais pas de portable, donc c'était déjà compliqué.
07:08 Et puis, comme j'avais pas forcément l'assentiment de mes parents,
07:10 j'allais pas me mettre sur les réseaux sociaux sans eux.
07:13 Et puis, à partir du moment où j'ai pu le faire,
07:17 j'avais pas forcément l'envie de m'y mettre.
07:22 Et puis j'étais assez timide,
07:24 j'étais pas forcément à l'aise avec mon image et tout,
07:26 et donc me mettre sur les réseaux pour ça,
07:30 ça me mettait pas à l'aise,
07:32 c'était presque trop intime pour moi, en fait.
07:35 Je pense que c'est un peu impressionnant quand on y est pas, les réseaux,
07:38 parce qu'il y a beaucoup de choses qui s'y passent,
07:41 parce qu'on peut aller très facilement vers les gens.
07:44 Et moi, justement, j'avais un peu peur de ça,
07:47 d'aller vers les gens, que les gens viennent me parler...
07:51 Je sais pas, oui, de montrer mon image, qu'on fasse des commentaires,
07:54 des choses comme ça.
07:55 Donc je pense que, d'un point de vue extérieur,
07:57 ça m'angoissait un peu, on va dire.
08:00 -T'as jamais eu la tentation d'avoir des réseaux sociaux ? Jamais ?
08:03 -Si, je l'ai déjà eu,
08:05 parce que quand on n'a pas les réseaux sociaux, on est un peu...
08:09 Je me suis jamais sentie véritablement exclue,
08:11 parce que j'ai toujours eu des amis, j'ai jamais...
08:14 Mais on n'est pas comme les autres.
08:16 Et plein de fois, quand j'étais adolescente,
08:18 on me disait que je vivais dans une caverne, que des choses comme ça...
08:21 Non, mais c'était pour rigoler,
08:23 mais je sentais qu'il y avait un décalage.
08:26 Et je pense que oui, à certains moments, je me suis dit
08:29 que j'aimerais bien les avoir.
08:31 Je me disais, quand j'aurai plus confiance en moi,
08:33 peut-être que je les aurai, peut-être que...
08:36 Mais au final, c'est passé,
08:39 et maintenant, j'en ai plus du tout envie.
08:41 -Souvent, les gens qui ont beaucoup d'abonnés, ils s'abonnaient pas en retour.
08:48 Et je sais pas, je trouve ça vraiment...
08:51 En fait, c'est de l'indifférence.
08:52 À l'imminence, c'est pire que du mépris.
08:54 C'est genre...
08:55 "Tu m'intéresses pas."
08:56 Et moi, je le prenais vraiment comme ça,
08:58 alors que si je lui parlais... -Ça te touchait ?
08:59 -Mais oui, ça me touchait ! Mais je sais pas, c'est...
09:01 Comme si on arrive, je te dis...
09:04 "Tu m'intéresses dans la vie, vas-y, parle-moi de ta vie."
09:06 Puis toi, t'es là et tu regardes d'autre part.
09:08 Bah... Ça va, quoi !
09:10 Mais du coup, ça fait que je prenais tout ça pour vraiment des réalités.
09:14 Il y a eu un moment intermédiaire où j'ai enlevé un peu les réseaux sociaux.
09:18 -Pourquoi ?
09:20 -Parce que je voyais que ça prenait trop de temps.
09:22 En fait, j'étais dépendante.
09:23 Un jour, je crois que j'avais plus de batterie,
09:25 donc j'étais comme ça, normale, dans le bus.
09:28 Et puis j'ai regardé les gens et je me suis trop amusée !
09:30 Et après, au fur et à mesure,
09:33 j'ai lâché mon téléphone dans les transports
09:36 et je me suis dit que les choses qui se passent,
09:38 elles se passent là et elles se passent pas là.
09:40 Je sais qu'avant, je me regardais beaucoup dans le miroir
09:42 et je me disais "Comment ça rendrait en photo ?"
09:45 Alors que maintenant, plus je me regarde pas dans le miroir,
09:48 quand je me regarde dans le miroir,
09:50 je regarde plus ce qu'il y a autour,
09:53 pas les traits,
09:56 mais plus quelle énergie est là.
09:58 Parce que je me suis rendue compte que c'était ça,
10:01 les réseaux sociaux, souvent, on met une image de soi
10:04 et du coup, on regarde vraiment les traits.
10:06 C'est un peu mathématique, en fait.
10:08 Et après, je me suis dit "Non, mais dans la vie, c'est pas comme ça."
10:10 Dans la vie, quelque chose qu'on trouve beau,
10:12 c'est quelqu'un qui nous fait rire,
10:14 quelqu'un qui rit,
10:16 quelqu'un qui danse.
10:18 Ça, c'est beau.
10:19 Et puis y a du mouvement aussi.
10:24 Quand j'étais sur mon téléphone, je voyais pas l'heure passer.
10:26 Je me suis dit "C'est très bizarre de plus avoir ce même rapport au temps."
10:31 J'étais happée par mon téléphone.
10:33 Et quand j'essayais de lire, par exemple,
10:35 je lisais une ligne et après, directement, j'avais envie de faire autre chose.
10:39 J'arrivais pas à me plonger dans quelque chose.
10:42 Quand on lit un livre, le rythme est globalement très lent,
10:46 parce que le rythme de lecture des phrases,
10:48 il est pas du tout le même que quand on regarde une vidéo,
10:50 on doit se concentrer sur plein de choses, etc.
10:53 Et je lisais une phrase, ça me lassait,
10:56 et puis j'avais plus envie de continuer.
10:58 Alors que là, depuis que j'ai arrêté,
10:59 j'arrive vraiment à être beaucoup plus happée par mon livre,
11:03 à vouloir continuer à lire, à développer de l'intérêt
11:06 pour des choses qui font une stimulation sur un plus long terme.
11:12 C'est-à-dire que là, c'est une heure de concentration,
11:14 mais avec peu d'infos qui sont apportées par rapport au TikTok.
11:17 Alors que sur TikTok, on regarde une vidéo, en dix secondes, on a...
11:21 En fait, il y a tous les sens qui sont surstimulés,
11:23 et du coup, en plus, c'est fatigant...
11:25 Et puis c'est surtout qu'à la fin de la journée, on se dit
11:27 "En fait, j'ai retenu aucune vidéo".
11:29 C'est vexant, d'une certaine manière,
11:31 de voir qu'on consomme du contenu qui est vide d'intérêt.
11:36 Je vois vraiment une grosse différence de concentration
11:38 entre avant et après l'arrêt des réseaux sociaux.
11:41 -Quand j'ai supprimé les réseaux sociaux,
11:46 j'ai fait une annonce, mais de manière personnelle,
11:49 à envoyer des SMS pour prévenir
11:50 que je ne serais plus en capacité de répondre si on me contacte par là.
11:53 Après, les gens s'en rendaient bien compte sur certains réseaux,
11:54 à partir du moment où tu n'as plus de compte,
11:57 il n'y a plus d'interaction réelle,
11:59 donc on est même venu me demander
12:01 "Pourquoi je n'arrive plus à te contacter par tel réseau ou tel réseau ?"
12:03 Les gens étaient surpris.
12:05 Je dirais qu'ils ont été très surpris
12:07 parce que c'est une décision qui, pour eux, semblait inimaginable.
12:10 Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de personnes qui peuvent se dire
12:13 "Je vis sans réseau",
12:14 et même quand on voit certaines vidéos sur différentes plateformes,
12:18 l'expérience de certaines personnes pour faire du put-à-clic,
12:23 si on peut dire ça comme ça,
12:24 c'est "J'ai passé une semaine sans réseau."
12:26 -C'est vrai ! -Alors que moi, c'est mon quotidien,
12:29 et ça va, je survis.
12:31 Enfin, je vis, justement.
12:33 Après, avec le recul,
12:35 je pense qu'il y a encore aujourd'hui,
12:37 ça s'est développé encore plus, de l'inconscience.
12:39 On oublie que tout ce qu'on va publier sur Internet,
12:42 ça restera gravé et ça restera quelque part dans un serveur.
12:45 Il y a énormément de sites et il y a énormément d'articles
12:47 qui prouvent qu'il y a des aspirateurs
12:49 qui font que des personnes ou des entités récupèrent certaines photos.
12:54 Quand on commence à s'intéresser à tout ça,
12:56 on se rend compte qu'il y a un monde émergent
12:59 qui est là pour défendre tout ce qui n'est pas défendu aujourd'hui
13:03 par l'exploitation des données
13:04 et la quantité de données qui peuvent être amassées.
13:07 Par exemple, il y a certaines applications
13:09 sur lesquelles on te demande ta localisation,
13:10 ça défend le marketing,
13:11 mais c'est juste inapproprié pour l'application que tu utilises.
13:16 Certains jeunes, surtout, ne sont pas sensibilisés au contenu qui est publié,
13:20 et surtout la gravité de ce qui peut être publié et comment ça peut être détourné.
13:23 -Qu'est-ce que tu as gagné en arrêtant les réseaux sociaux ?
13:26 -Je pense avoir gagné une certaine liberté,
13:28 parce que c'est une addiction,
13:29 c'est une réelle addiction dont on ne parle sans doute pas suffisamment.
13:33 Ça peut être néfaste selon la manière dont on l'utilise,
13:36 et je pense que ça manque surtout de sensibilisation pour les jeunes,
13:39 quand on voit les conséquences qu'il peut y avoir sur certaines personnes.
13:42 Donc, une certaine liberté.
13:43 Après, il est vrai qu'à force de prendre l'habitude,
13:45 t'es quand même sur ton téléphone.
13:46 Enfin, j'ai pas un Nokia 3310,
13:48 j'ai un téléphone normal, j'ai même un smartphone.
13:52 -Pendant le confinement, en avril, on devait fêter l'anniversaire d'une amie,
13:59 et donc on était toutes aux quatre coins de la France,
14:02 et on voulait s'appeler,
14:03 et en fait, on était beaucoup trop pour s'appeler sur WhatsApp.
14:06 Et du coup, mes amis m'ont dit
14:08 "Là, Alma, il faut que tu t'inscrives sur Messenger
14:10 pour qu'on fasse un appel groupé",
14:11 et donc je l'ai fait.
14:13 Effectivement, on a fait l'appel, ça s'est très bien passé,
14:16 mais quand je suis arrivée, on m'a tout de suite donné une liste
14:19 de tous les gens qui étaient en cours avec moi,
14:21 même des gens que j'aimais pas forcément, que je connaissais pas trop.
14:24 J'ai vu tous les messages sur la conversation de groupe
14:26 à laquelle j'étais intégrée.
14:27 Il y avait tellement de choses qui se passaient,
14:29 je me suis dit "Non, c'est vraiment pas quelque chose que je veux,
14:33 ça m'angoisse trop".
14:35 -Toutes les notifications, tout ça. -Oui, c'est ça.
14:37 Je me suis dit "Franchement, je préfère partir".
14:40 Du coup, je me suis inscrite.
14:42 -Ça a duré 24 heures ? -Non, même pas.
14:43 Je pense que ça a dû durer trois heures, et qu'après, j'ai supprimé mon compte.
14:46 -Mais aujourd'hui, comment ça se passe pour toi ?
14:49 Est-ce que c'est une forme d'engagement presque politique ?
14:52 Est-ce que c'est un engagement tout court ?
14:54 -En fait, c'est devenu un engagement petit à petit,
14:57 parce que vraiment, au départ, ça a commencé sur le fait que
14:59 c'était pas quelque chose qu'on faisait chez moi,
15:02 ou en tout cas, mes parents étaient pas forcément d'accord.
15:05 Ensuite, je me suis dit "C'est quelque chose qui me démarque aussi,
15:08 j'aime bien, j'apprécie ça quand on est ado,
15:10 on aime bien montrer qu'on est un peu différents".
15:12 Et après, au lycée, quand on a commencé à avoir des cours sur les GAFA,
15:17 sur les "dangers d'Internet", je me suis dit
15:20 "Oui, ça devient une forme d'engagement,
15:23 dans le sens où j'ai pas envie de mettre ma vie sur les réseaux,
15:27 c'est pas un système de pensée que je cautionne, en fait,
15:30 j'ai pas non plus envie de partager mon avis sur tout",
15:33 parce que je trouve qu'on a aussi une pression
15:34 pour toujours prendre la parole sur un sujet ou un autre.
15:38 Et moi, c'est pas comme ça que je vois l'information, les médias, tout ça,
15:41 donc je me suis dit "Là, ça devient politique, en fait".
15:45 -Je pense pas que je rate des choses,
15:51 mais c'est vrai que c'est quand même une ouverture.
15:53 C'est-à-dire que quand on a les réseaux sociaux,
15:55 il y a tout le temps des choses du monde entier qui peuvent arriver,
15:58 alors que là, non, mais c'est pas grave.
16:01 Je me sens tellement mieux sans réseaux sociaux,
16:03 parce que mon temps, déjà, j'en ai plus qu'avant,
16:06 et en plus, je discute avec les gens,
16:09 même quand c'est par un téléphone,
16:11 je le fais, mais beaucoup plus directement.
16:13 Quand on m'envoie un message, c'est que vraiment, on s'est dit
16:16 "Je vais envoyer un message à telle personne",
16:18 et donc il y a une raison.
16:19 En fait, moi, je suis pas du tout contre les réseaux sociaux,
16:21 dans le sens où si on sait bien les utiliser,
16:23 c'est trop bien, c'est génial,
16:25 mais juste, moi, vu que j'étais addict,
16:26 bon, il vaut mieux que j'arrête,
16:29 puis je vois bien que dans mon cerveau, ça fait des trucs bizarres,
16:32 mais même, il y a des études qui le disent,
16:35 que la dopamine, ça nous rend addicts, etc.
16:37 -Ça faisait quoi, dans ton cerveau, toi ?
16:38 -Si je mettais une photo et que les gens, ils disaient
16:41 "Trop cool, t'es belle", ou je sais pas quoi,
16:44 j'étais toute contente.
16:46 Et alors, je me disais "Mais personne va me dire ça."
16:48 Dans la réalité, jamais ça n'arrivera
16:51 que 15 personnes à la suite me disent "T'es incroyable !"
16:55 Ça va pas arriver !
16:56 Donc je sais pas, c'était des pics de choses qui arrivent comme ça,
17:03 alors qu'en vrai, je sais pas, dans la vie, c'est...
17:07 Je sais pas, c'est compliqué.
17:09 En fait, j'ai l'impression de plus rêver.
17:11 Genre je regarde le ciel, parfois.
17:13 -Mais c'est pas ce que tu dis !
17:15 -Non, mais... -Mais j'aime trop !
17:17 -Mais c'est juste... Je sais pas.
17:19 Parfois, je regarde, je lève la tête,
17:21 et ça me fait rire, parce que j'ai l'impression d'être une mamie.
17:24 Moi, mes grands-parents, ils me disent "Mais lève la tête,
17:28 regarde l'architecture !"
17:31 Et en fait, je le fais et ça me fait rire.
17:33 Je me dis "Ah, je suis vieille !"
17:34 Maintenant, dans la rue, je fais mes petits dramas dans la rue,
17:39 donc quand il se passe quelque chose,
17:41 quand y a quelqu'un qui crie et tout, je regarde comme ça.
17:44 Et je vais pas sortir mon téléphone pour mettre un live,
17:46 mais juste je vais me dire "Ah, qu'est-ce qui se passe ?"
17:48 Alors je m'arrête et tout.
17:50 Je me dis "Vas-y, j'ai du temps, maintenant que j'ai plus de réseaux sociaux."
17:53 -Est-ce que le fait d'avoir arrêté les réseaux sociaux,
17:58 ça t'a fait perdre des contacts ?
18:00 -Oui.
18:01 J'ai perdu pas mal de contacts suite à l'arrêt des réseaux,
18:04 parce qu'on a tous des potes du lycée avec qui on a perdu contact,
18:07 pourtant on a vécu des soirées et des soirées,
18:10 mais y a des personnes que j'ai pu en contact.
18:12 T'as pu cette interaction en mode "le petit message d'anniversaire"
18:15 ou la petite invitation de "On ira rebond un verre",
18:18 et t'y vas jamais, ça se fait pas.
18:19 Mais ça, tu l'as pu.
18:20 -Et ça te manque pas ? -Pas forcément, non.
18:23 -Tu te sentais contrôlé ?
18:24 -En fait, ouais, tu te sens contrôlé,
18:26 mais pas directement par la société en elle-même.
18:30 Tu te sens contrôlé par le sentiment qu'on veut te faire ressentir
18:34 lorsque tu es dessus,
18:35 mais aussi, t'as une pression sociale derrière.
18:37 Parce que si tu n'y es pas, les questions qu'on me pose parfois,
18:40 c'est "Comment tu fais rencontrer des gens ?"
18:43 Instagram, aujourd'hui, c'est tellement un essor
18:45 qu'on ne croit pas quand je dis que je n'ai pas Instagram.
18:47 Même, y a certains qui me disent
18:49 "Si, t'as un faux compte pour stalker."
18:50 Mais non !
18:51 Non, j'ai pas de plus-value à faire ça !
18:53 En étant sur une application de rencontre sans avoir de réseau,
18:56 j'ai eu quelques mésaventures qui n'ont eu zéro conséquence,
18:59 mais c'est lors de l'interaction.
19:00 Donc, sur la plupart des applications, aujourd'hui,
19:02 tu "likes", la personne "likes", tu matches, t'interagis,
19:06 et la conversation se fait, tout se passe bien,
19:09 jusqu'au moment où je stipule que si on souhaite interagir, c'est par message,
19:12 parce que j'ai pas de réseau social.
19:14 Et j'ai déjà eu des messages pour me dire "Ah bah t'es un fake."
19:17 Si tu n'as pas d'interaction avec les réseaux sociaux,
19:19 on peut te faire ressentir que t'as une inexistence d'une certaine part.
19:24 Tu te fermes à un certain monde.
19:26 Ce qui peut être le cas, je dis pas le contraire,
19:29 mais ça me permet juste d'interagir avec celui dans lequel on vit aujourd'hui,
19:32 c'est déjà pas mal, je trouve.
19:33 -J'estime que les réseaux sociaux, c'est pas une plateforme
19:39 où tu es censé apprendre tes cours,
19:43 où tu es censé avoir des informations essentielles.
19:45 Normalement, les informations essentielles, je peux les avoir à haute part.
19:48 Il y a même eu, pendant le confinement, un prof qui a fait ses cours sur Facebook,
19:52 et même à ce moment-là, j'ai refusé de m'inscrire sur Facebook pour ses cours,
19:55 et c'était une amie qui m'envoyait ses cours TAP, en fait.
19:58 L'hypersollicitation qui est amenée par les réseaux sociaux,
20:01 déjà, j'ai pas envie de la subir.
20:04 J'ai la flemme qu'on me contacte tout le temps.
20:06 Enfin, déjà, non...
20:08 Non, mais ce que je veux dire,
20:09 c'est que même les messages peuvent mettre très longtemps à répondre,
20:11 parce qu'en fait, des fois, j'ai juste envie d'être tranquille
20:13 et de pas avoir l'influence du monde extérieur ou des gens.
20:17 Et bon, ça peut paraître un peu...
20:19 Un peu égoïste ou quoi, de dire ça,
20:22 mais c'est juste que j'ai pas besoin d'avoir tout le temps
20:26 un rappel du monde extérieur ou un rappel des autres personnes.
20:29 J'ai envie de prendre mon temps,
20:31 si j'ai envie de répondre rapidement, je le fais ou pas.
20:33 Comme je suis fille unique et que j'ai toujours été toute seule pour jouer
20:36 ou pour faire des choses, je me suis toujours inventée des histoires.
20:38 Et du coup, j'ai une...
20:40 Enfin, j'ai une "vie intérieure" qui fait que je me suis vraiment amenée.
20:45 -Même si j'ai supprimé les réseaux sociaux,
20:50 j'essaie quand même de limiter au maximum le téléphone de manière générale.
20:53 Parce que quand on est dessus,
20:55 même si on n'est pas sur une application qui prend notre attention,
20:58 on a quand même tendance à y rester.
21:01 Et du coup, j'avais envie d'être totalement éloignée du téléphone
21:05 et de l'utiliser que quand j'avais une nécessité.
21:08 -Et toi, Chloé, t'es dans quelle dynamique ?
21:09 Est-ce que tu comptes y retourner un jour ou c'est définitif ?
21:12 -Ah non, moi, c'est définitif parce que...
21:14 -J'aime beaucoup cette answer !
21:16 -Non, non, parce qu'en fait, ça me fait tellement de bien
21:20 sur tellement de points que j'ai pas du tout envie d'y retourner.
21:24 Après, je dis "c'est définitif", mais on peut jamais savoir.
21:27 Mais en tout cas, à l'heure actuelle, j'ai pas du tout envie d'y retourner.
21:31 Je suis très bien comme ça.
21:32 Quand je suis dans une situation, par exemple une salle d'attente,
21:36 ou un moment où je dois attendre,
21:38 j'ai beaucoup plus de facilité à ne rien faire sans m'ennuyer.
21:42 Donc je peux juste rester...
21:44 En fait, à rien faire du tout !
21:46 Et je vais pas forcément avoir le réflexe de sortir mon téléphone.
21:50 Pour les personnes qui se sentent...
21:54 En fait, qui sentent que c'est pas positif pour elles,
21:57 ce serait bien qu'elles voient cette vidéo et qu'elles se disent
22:00 "En fait, c'est pas si dramatique que ça d'arrêter les réseaux sociaux,
22:03 et ça va pas non plus me priver de certaines choses."
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