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Le sommet sur l'intelligence artificielle à Paris est ouvert ! Des dirigeants politiques du monde entier et des patrons de la tech sont attendus sur place. Emmanuel Macron a déjà annoncé sur France 2 une enveloppe de 109 milliards d'euros d'investissements "dans les prochaines années" dans le secteur de l'IA en France.
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00:00Ce lundi, c'est donc le premier jour du Sommet international sur l'intelligence artificielle.
00:04Il a lieu en ce moment même à Paris, au Grand Palais, alors quels sont les enjeux économiques ?
00:09Quelle est la place de la France ? On en parle tout de suite avec mes invités en plateau.
00:13Bonjour à tous les quatre. Merci d'être avec moi cet après-midi.
00:16Bonjour Stéphanie Villers.
00:17Bonjour.
00:17Merci d'être avec nous, économiste, conseillère économique au cabinet PwC France.
00:21Merci d'être avec nous.
00:23Bonjour Cathy Brême, vous êtes directrice de l'innovation à France TV, rédactrice en chef de Métamédia.
00:28Merci d'être avec nous cet après-midi.
00:30Bonjour Jean-Gabriel Ganassia.
00:32Bonjour.
00:32Merci d'être avec nous cet après-midi, professeur d'informatique à la faculté des sciences de Sorbonne Université
00:38et chercheur en intelligence artificielle.
00:40Vous allez nous éclairer cet après-midi.
00:42Bonjour Jean-Mathieu Pernin.
00:43Bonjour.
00:43Merci d'être avec moi cet après-midi, spécialiste des questions internationales à France Info.
00:47Merci d'être sur ce plateau.
00:49Je vous propose qu'on prenne tout de suite la direction du Grand Palais où se déroule ce sommet de l'IA.
00:54Plus de 100 pays sont représentés, notamment la présidente de la Commission Européenne, de nombreux chefs d'État étrangers.
01:00On va retrouver tout de suite notre journaliste Lise Vogel.
01:02Vous êtes sur place.
01:03Bonjour Lise.
01:04Emmanuel Macron doit prendre la parole tout à l'heure vers 17h30.
01:10Oui, c'est ça Fanny.
01:11Cette prise de parole est imminente et ce sera l'occasion pour le chef de l'État de réaffirmer les ambitions françaises en matière d'intelligence artificielle.
01:20Alors pour ce faire, regardez derrière moi, rien de moins qu'un décor absolument spectaculaire, celui du Grand Palais et de sa nef majestueuse.
01:29C'est ici, vous l'avez dit, que pendant deux jours, plus d'un millier d'acteurs du secteur privé et de la société civile vont se rencontrer.
01:37Ils sont venus de tous les continents, plus d'une centaine de pays sont représentés.
01:41Et ces acteurs sont issus de secteurs très différents, des secteurs dans lesquels l'intelligence artificielle peut avoir une application, que ce soit la santé, la culture ou encore l'industrie.
01:52Alors l'Elysée le rappelle, le président de la République est mobilisé depuis 2017 pour faire de la France et de l'Europe des acteurs de premier plan de l'intelligence artificielle.
02:03Mais avec une signature particulière, si l'on peut dire, parce que vous le savez, les leaders mondiaux dans ce domaine, ce sont les Etats-Unis et la Chine.
02:12Or, Emmanuel Macron fait avec ce sommet la promotion d'une intelligence artificielle, certes vertueuse et porteuse de croissance, mais aussi plus régulée.
02:22Une intelligence artificielle pas totalement débridée, si l'on peut dire.
02:27Et c'est donc l'objectif de ce sommet, c'est de poser les contours d'une technologie à la sauce européenne, si l'on peut dire, avec ce sommet co-présidé par l'Inde.
02:38Emmanuel Macron s'exprimera dans quelques minutes une première fois et il prendra à nouveau la parole demain matin, signe qu'il est pleinement impliqué et mobilisé sur ce sujet.
02:49Merci beaucoup, Lise Vogel depuis le Grand Palais à Paris. Merci beaucoup.
02:54Cathy Brehm, quel est l'objectif de ce sommet international ?
02:58Convaincre les investisseurs et aussi rassurer ceux qui pourraient avoir des doutes ou des craintes vis-à-vis de l'IA ?
03:03C'est effectivement de se positionner dans cette ambiance mondiale très, très tendue en ce moment,
03:09où on a les Etats-Unis qui poussent vers une IA complètement débridée, avec deux figures très, très fortes à la tête de ces idées-là.
03:18La Chine, qui vient de nous prouver que l'on peut faire de l'IA avec très peu de moyens, mais que la Chine est très, très, très puissante,
03:23et donc de montrer les atouts de la France au sein de l'Union européenne pour fabriquer une IA digne et de confiance qui est celle de l'Europe.
03:33Jean-Gabriel Ganassi, effectivement, le but de ces deux jours hautement diplomatique, économique, quel est l'objectif d'Emmanuel Macron ?
03:40Je crois que c'est vrai ce que vous venez de dire, c'est de montrer qu'il y a une autre voie que la voie américaine.
03:46Je crois que c'est vraiment extrêmement important, parce qu'on voit que ce sont des investissements massifs qui sont tellement vertigineux
03:53qu'on peut douter de la capacité de l'Europe à suivre ces investissements, mais aussi une voie différente de celle de la Chine.
03:59Là où je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit tout à l'heure, c'est sauce européenne, car je crois que l'ambition est plus large.
04:05On voit qu'il y a des Européens, mais il y a des Africains, il y a des Coréens, il y a des Japonais.
04:09L'idée, c'est quand même de s'ouvrir sur le monde entier, de montrer qu'il y a une troisième voie de l'intelligence artificielle,
04:16qui soit ni l'un ni l'autre, et qui soit axée sur la coopération, sur l'aspect vertueux, sur les réflexions écologiques,
04:24afin d'avoir une intelligence artificielle qui soit moins gourmande en énergie.
04:29C'est pour ça que le modèle proposé par la Chine est particulièrement intéressant, mais il y a d'autres modèles.
04:36En France d'ailleurs, Mistral a proposé d'autres modèles qui seraient peut-être moins gros et moins gourmands en énergie.
04:42Donc, il y a des alternatives à ces perspectives qui nous ont été présentées ces derniers temps.
04:49C'est quand même l'annonce aux États-Unis, 500 milliards de dollars sur quatre ans,
04:55avec l'idée qu'il fallait avoir asséché le marché des microprocesseurs, ce qui fermait totalement le jeu.
05:01L'idée, c'est de le réouvrir au plan européen et au plan mondial.
05:06Hier, Emmanuel Macron a accordé une interview à France 2.
05:10Il a déclaré et annoncé un investissement de 109 milliards d'euros.
05:15Je vous propose de voir ça avec Julie Rico, et on en parle juste après.
05:19Dès aujourd'hui, le Sommet international sur l'intelligence artificielle fait de la France le centre mondial de cette nouvelle technologie,
05:26mais pour un temps seulement.
05:28Alors, pour espérer le rester ou du moins se faire une place entre les États-Unis et la Chine,
05:33Emmanuel Macron multiplie les annonces.
05:36On annonce demain à ce Sommet 109 milliards d'euros d'investissement dans l'intelligence artificielle sur les prochaines années.
05:44Des investissements venus d'entreprises privées, placées notamment dans les data centers, ces centres de données géants.
05:51On ne veut dépendre de personne. On veut être indépendant. Ça ne veut pas dire fermer.
05:56Mais on veut des technologies qu'on maîtrise, avec des partenaires en qui on a confiance, sans jamais de dépendance excessive.
06:02Ces technologies pourraient permettre des avancées dans le monde médical, selon le président, mais aussi dans celui du travail.
06:09Je propose justement qu'on entre un peu dans le détail de ces fonds qui financeront ces 109 milliards d'euros d'investissement.
06:16Regardez, 30 à 50 milliards devraient venir des Émirats arabes unis, 20 milliards, un fonds canadien, pour des centres de données.
06:25Et puis aussi, il y a l'entreprise Mistral, qui pourrait participer, de plusieurs milliards.
06:30Stéphanie Villers, quand on voit cet investissement de 109 milliards d'euros, on vient de le dire avec Jean-Gabriel Ganassia,
06:37du côté des États-Unis, c'est 500 milliards. Est-ce que là, on est à la hauteur ?
06:42Déjà, je pense que c'est une bonne chose. C'est une première étape.
06:45Parce que la France, généralement, ne joue pas du tout dans les mêmes ordres de grandeur que les États-Unis.
06:51Bon, là, 100 milliards par rapport à 500, on se dit quand même que ça reste moindre.
06:55N'empêche que DeepSeek nous a quand même appris que ça ne se jouait pas uniquement sous coût de milliards de dollars.
07:06C'est la nouvelle donnée. Parce que jusqu'à présent, en fait…
07:08D'ici fait, pour préciser, c'est l'acteur chinois du marché.
07:11L'acteur chinois qui se vante. Il faudra vérifier.
07:14d'avoir offert un outil ultra performant avec 5 millions d'investissements de départ.
07:21Bon, ça paraît quand même étonnant. N'empêche que c'est reconnu comme un outil efficace.
07:27Et donc, ça montre bien que l'IA ne se joue pas uniquement à coût de montagne de dollars.
07:37Et que ça laisse donc un espoir pour les talents, les technologies.
07:42Et dans ce cas-là, ça donne un espoir pour la France.
07:46Jean-Mathieu Pernin, je cite le président de la République.
07:49On ne veut dépendre de personne. On n'est pas fermé à avoir des partenaires,
07:53mais en qui on a confiance sans dépendance. Qui ?
07:56Voilà. Et bien, en fait, ça, c'est le réflexe de tous les chefs d'État aujourd'hui.
07:59Personne ne veut être dépendant. En fait, c'est ça le souci, parce qu'il y a d'autres acteurs aussi.
08:03On parle beaucoup des Chinois, des Américains, des Européens.
08:06Mais par exemple, les Indiens qui coprésident ce sommet, eux aussi, ils aimeraient bien être leaders.
08:10Je vous cite juste Narendra Modi, qui est le dirigeant indien.
08:12Il a dit « leader mondial de l'intelligence artificielle ».
08:15C'est bizarre, parce que c'est exactement ce qu'a dit Donald Trump.
08:17C'est exactement ce que dit Xi Jinping.
08:19Donc, tout le monde veut diriger.
08:20Il y a également aussi, si on prend l'Amérique du Sud,
08:22il y a le Brésil qui aimerait bien développer un super ordinateur, être leader de la région.
08:26Il y a aussi le Japon qui, lui, a carrément développé une société 5.0.
08:30Donc, on le voit que derrière ça, il y a en effet, c'est pas seulement une histoire d'argent.
08:34C'est aussi une histoire de souveraineté nationale.
08:36Parce qu'ils ont bien compris, les Indiens, par exemple,
08:38les premiers qui sont venus les aider, comme par hasard,
08:40ce sont les Américains.
08:41Parce que, voilà, ils se disent, il y a une possibilité,
08:44il y a beaucoup, beaucoup de main d'œuvre.
08:46Donc, on peut faire quelque chose.
08:48Mais à partir de là, est-ce que vous ne perdez pas votre souveraineté ?
08:50Non pas par rapport à un État, mais par rapport à des entreprises
08:53qui, elles, appartiennent justement à des États,
08:55et donc, notamment américaines.
08:57Et c'est là où ça devient compliqué.
08:58Et c'est là où ça devient un enjeu d'indépendance nationale.
09:01Cathy Brehm, là, on l'a vu,
09:03c'est une partie de ces milliards qui servira à financer des data centers
09:07pour qu'on comprenne bien, pour ceux qui ne connaissent pas bien l'IA,
09:10c'est vraiment le nerf de la guerre, les data centers ?
09:12C'est ça, vraiment, dans lequel il faut investir en priorité ?
09:15C'est ça ?
09:16En fait, sans données, il n'y a pas d'intelligence artificielle.
09:18Puisque l'intelligence artificielle, d'un côté, elle est entraînée
09:21sur des données, qu'il faut stocker quelque chose, quelque part.
09:24En fait, ça fait des années que l'on nous vend le numérique
09:27comme quelque chose de très naturel, avec un cloud,
09:29avec des nuages et tout ça.
09:30Mais en fait, tout ceci, ce sont des choses très, très physiques.
09:33Ce sont des bâtiments avec des ordinateurs dedans,
09:35donc des centres de données.
09:36Ce sont ces ordinateurs sur lesquels on stocke des données
09:39et sur lesquels on fait les calculs.
09:41On effectue les calculs, en fait.
09:43Et donc, c'est exactement de cela que l'on a besoin en France.
09:46Et ce sont ces fameux data centers dont tout le monde parle.
09:49Jean-Briel, Gabrielle Ganassia, effectivement,
09:52c'est ces data centers qui peuvent permettre ensuite l'évolution,
09:56l'essor de l'IA en France ?
09:58Aujourd'hui, compte tenu de ce qu'est l'état de l'art,
10:01on pense qu'il faut effectivement de très gros data centers.
10:04Il y en a aux États-Unis, il y en a quelques-uns en France.
10:07Il ne faut pas penser qu'on est dans le désert.
10:09Il y en a déjà.
10:10Mais il faut augmenter la capacité de ces data centers
10:13et ça coûte très cher.
10:14Et il y en a dans d'autres pays.
10:15Par exemple, l'Inde a annoncé un data center
10:19de 60 milliards de dollars il y a quelques semaines.
10:23Dans le monde entier, c'est un peu une course
10:26à ces grosses machines de stockage et de traitement des données.
10:32Bien sûr, c'est le traitement des données
10:34qui, au plan écologique, pose problème.
10:36Mais rien ne dit que dans le futur,
10:39ce sera toujours comme cela.
10:40C'est bien sûr la grande inconnue.
10:41Ce qui est très étonnant avec les technologies,
10:43c'est qu'elles nous surprennent.
10:44Elles nous ont surpris il y a deux ans et demi
10:47avec chaque GPT.
10:48Et puis, elles nous ont surpris avec DeepSea.
10:51Elles risquent de nous surprendre encore dans le futur.
10:53Je crois que l'attitude sage, l'attitude raisonnable,
10:56ce qui justifie tout à fait la prise de position
10:58d'Emmanuel Macron, c'est de se préparer
11:01à toutes les possibilités et les éventualités.
11:03Bien sûr, ces questions de souveraineté sont centrales.
11:06Je crois que vous l'avez dit.
11:07Je crois que nous sommes dans un monde
11:09qui est en train de changer.
11:10Le risque, c'est d'avoir des grands acteurs privés
11:13qui assument à la place des États
11:15un certain nombre d'attributs de la souveraineté.
11:17Bien sûr, à ce moment-là,
11:18on se trouve dans une forte de feudalisme
11:21où ils deviennent presque plus importants
11:23que les États.
11:25D'ailleurs, souvenez-vous, on voit bien qu'aux États-Unis,
11:28l'élection de Donald Trump a donné une part
11:30très importante à Elon Musk.
11:32Mais regardez en Chine, l'État chinois l'a compris
11:34et les dirigeants des grandes sociétés
11:36ont été mis sur la touche.
11:39Donc, c'est un enjeu majeur pour le futur.
11:41Jean-Mathieu Pernin.
11:42Juste une petite info.
11:43Demain, il y a J. Davids,
11:44le président américain qui sera là.
11:46Et vous parliez du coût écologique,
11:48en effet, de ces data centers
11:49très gourmands en eau, notamment.
11:51J. Davids, quand il va venir,
11:52justement pour parler
11:53d'intelligence artificielle,
11:54il y aurait, voilà, c'est ce qu'on dit,
11:56presque interdiction
11:57de lui poser des questions environnementales.
11:59Vous savez que Donald Trump
12:00est très violent,
12:01il ne veut plus entendre parler
12:02de protection de l'environnement.
12:03Et notamment, on ne peut plus
12:04lier cette question
12:05à l'intelligence artificielle.
12:06Son développement ne sera pas interrompu
12:08par des questions environnementales,
12:10en tout cas par rapport à J. Davids
12:11qui arrive demain à Paris.
12:12Stéphanie Villers,
12:13pour revenir aux chiffres,
12:14on disait à peu près là
12:15la moitié de ces 109 milliards
12:17viendront des Émirats arabes unis.
12:19Donc, ça veut dire
12:20quel rapport on va avoir
12:21avec les Émirats ?
12:22Comme le disait Emmanuel Macron,
12:24partenaire, confiance,
12:25mais pas dépendance.
12:26Là, c'est ça,
12:27c'est ce type de partenariat
12:28qu'il va falloir mettre en place.
12:29En fait, je pense qu'il faut comprendre...
12:30Parce qu'on voit que c'est des fonds
12:31qui viennent en moitié de l'étranger,
12:32en fait.
12:33Oui, mais en fait,
12:34ce qu'il faut comprendre,
12:35c'est que jusqu'à présent,
12:36en fait, la mondialisation heureuse
12:37se faisait avec les États-Unis
12:38et l'Europe.
12:39En fait,
12:40ce n'est pas beaucoup
12:41posé de questions.
12:42Ça s'est vu avec la transition numérique
12:45où les mastodontes américains
12:48sont arrivés en Europe.
12:49Et finalement,
12:50on a mis quelques règles,
12:51mais on a laissé faire.
12:52Aujourd'hui,
12:53avec l'arrivée de Trump
12:54et de l'IA,
12:55le problème est tout autre.
12:56L'ultralibéralisme de Trump,
13:00qui en fait veut un capitalisme
13:03et sans contrôle des données,
13:06en tout cas sans entrave
13:07et sans contrainte,
13:08pose un immense problème
13:11à nos démocraties,
13:12à l'Union européenne,
13:13qui évolue plutôt
13:15dans un système,
13:16on va dire,
13:17néolibéral,
13:18avec la nécessité,
13:19avec l'idée qu'il faut,
13:20en fait,
13:21contrôler le marché
13:23pour lui assurer
13:24une certaine forme de stabilité.
13:25Donc, on voit bien
13:26que jusqu'à présent,
13:27en fait,
13:28l'IA,
13:29la problématique
13:30et l'enjeu de l'IA
13:31ne s'arrêtent pas uniquement
13:32à un enjeu technologique.
13:33Ils sont...
13:34Il va plus loin
13:36jusqu'à la souveraineté,
13:37puisque les modèles,
13:38maintenant américains
13:39et européens,
13:40sont en train de s'opposer
13:41à travers l'IA.
13:42Nous, nous ne sommes pas,
13:44en fait,
13:45en phase avec
13:46ce que nous propose
13:47Trump,
13:48c'est-à-dire
13:49un capitalisme
13:50sans contrainte
13:51et sans entrave.
13:52Et ça,
13:53on est obligé,
13:54en fait,
13:55d'essayer d'arriver
13:56avec une réponse équivalente
13:57à...
13:58Enfin,
13:59on essaye
14:00d'arriver avec
14:01une offre équivalente
14:02à ce que propose
14:03l'IA américaine
14:04pour essayer
14:05de se protéger,
14:06notamment en matière
14:07d'exploitation des données.
14:08Cathy Brême,
14:09je vous relisais
14:10le rapport Draghi
14:11sur ces questions-là,
14:12vous recommandez
14:13d'investir 200 milliards
14:14d'euros sur 7 ans
14:15et créer une agence européenne
14:16pour l'innovation
14:17de rupture.
14:18Est-ce que là,
14:19on est sur ce chemin-là ?
14:20J'espère qu'on va y arriver,
14:21effectivement,
14:22mais...
14:23Parce que là,
14:24on est à la moitié
14:25en termes d'investissement,
14:26mais est-ce qu'il est possible
14:27qu'on arrive,
14:28effectivement,
14:29à atteindre cet objectif ?
14:30L'innovation ne se déclare
14:31pas comme ça,
14:32c'est vraiment
14:33un écosystème
14:34qu'il faut mettre en place.
14:35On a une partie
14:36de l'écosystème,
14:38mais on n'a pas vraiment
14:39ce système de rupture,
14:40d'innovation de rupture,
14:41parce que,
14:42un,
14:43on n'a pas
14:44d'état d'esprit
14:45pour cela en Europe.
14:46En fait,
14:47on a très peu
14:48cet état d'esprit
14:49de tester des choses,
14:50de pouvoir échouer
14:51et de recommencer
14:52très rapidement.
14:53On n'est pas
14:54dans cette culture.
14:55Et deux,
14:56on n'a pas vraiment
14:57non plus
14:58les moyens
14:59d'investir massivement,
15:00de façon centralisée,
15:01dans quelques pépites
15:02que l'on peut sélectionner.
15:03On ne l'a jamais vraiment fait
15:04ces dernières années.
15:05On a beaucoup distribué
15:06beaucoup d'argent,
15:07mais on n'a pas l'argent,
15:08en fait.
15:09C'est juste que
15:10c'est très, très fragmenté.
15:11Et donc,
15:12il faut,
15:13à un moment donné,
15:14mettre en compétition
15:15ces différents pépites
15:16et choisir quelques-unes
15:17sur lesquelles
15:18on va construire.
15:19Alors,
15:20je voudrais qu'on revienne
15:21justement à ce qu'on évoquait
15:22tout à l'heure,
15:23les classements,
15:24la position de la France,
15:25notamment par rapport
15:26aux Etats-Unis.
15:27Jordan Klein,
15:28vous êtes penché
15:29sur les chiffres.
15:30Oui, absolument.
15:31Les investissements,
15:32ils sont très importants.
15:33Regardez,
15:34la France,
15:35eh bien,
15:37sur les prochaines années,
15:38sans forcément donner
15:39d'échéances très concrètes.
15:40Mais il y a déjà
15:41de l'argent qui a été investi.
15:426,6 milliards d'euros
15:44pour la France.
15:45Et pour les Etats-Unis,
15:46eh bien,
15:47évidemment,
15:48il est bien plus important
15:49de ne pas annoncer
15:50500 milliards de dollars
15:51d'ici 2029.
15:53Et la somme déjà investie,
15:54elle est colossale.
15:55249 milliards de dollars.
15:58Mais attention,
15:59il faut mettre tout ça
16:00en perspective
16:01puisque la population
16:02entre la France et les Etats-Unis
16:03n'est absolument pas la même.
16:04335 millions d'habitants
16:05aux Etats-Unis
16:06contre 68 millions en France.
16:08Il faut mettre ça,
16:09évidemment,
16:10en proportion.
16:11Le nombre d'entreprises,
16:12eh bien, là aussi,
16:13il commence à être important.
16:14En France,
16:15750 startups,
16:16dont 16 licornes.
16:17Des licornes,
16:18qu'est-ce que c'est ?
16:19Eh bien,
16:20ce sont des entreprises
16:21qui ont déjà
16:22une capitalisation supérieure
16:23à 1 milliard d'euros.
16:24Il y en a déjà 16 en France.
16:25Aux Etats-Unis,
16:26eh bien,
16:27regardez,
16:28le nombre est beaucoup plus important.
16:2917 000 entreprises,
16:30dont les GAFA
16:31qu'on commence à connaître,
16:32Google,
16:33Amazon,
16:35ou encore Apple.
16:36Mais attention,
16:37la France tire son épingle du jeu
16:38sur une chose,
16:39sur la formation
16:40puisque le gouvernement souhaite
16:41mettre l'accent sur la formation
16:42dédiée à l'intelligence artificielle.
16:44360 millions d'euros
16:46sur les cinq prochaines années.
16:47Et il y a même un plan
16:48qui a été annoncé
16:49dans France 2030
16:50avec une dizaine d'universités
16:52déjà ciblées
16:53pour ces sommes.
16:54Par exemple,
16:55voyez ici,
16:5620 millions d'euros
16:57pour l'Université de Rennes,
16:5870 millions pour
16:59l'Institut Polytechnique de Paris.
17:00Et évidemment,
17:01il y en a encore d'autres.
17:03Et puis,
17:04il y a aussi,
17:05et c'est indispensable
17:06au fonctionnement
17:07de l'intelligence artificielle,
17:08les data centers.
17:09En France,
17:10ils sont au nombre de 35,
17:12alors qu'aux États-Unis,
17:13ils sont bien plus nombreux,
17:14plus de 5 000.
17:15Et Jean-Denis,
17:16qui sont les grands champions
17:17du domaine ?
17:18En France,
17:19on peut évidemment citer
17:21Mistral,
17:22IA,
17:23pour intelligence artificielle,
17:24qui met par exemple
17:25en place
17:26le robot conversationnel,
17:27le chat,
17:28dont on a beaucoup parlé récemment.
17:29On peut aussi, évidemment,
17:30citer Poolside
17:31ou encore
17:32H.
17:33Et aux États-Unis,
17:34ils sont évidemment
17:35bien plus connus.
17:36Microsoft,
17:37qui investit énormément
17:39dans l'intelligence artificielle,
17:41ou encore
17:42Open AI,
17:43qui a mis en place
17:44le très connu
17:45chat GPT.
17:46Et puis ensuite,
17:47il y a évidemment
17:48la branche
17:49intelligence artificielle
17:50de Google.
17:51Stéphanie Villers,
17:52on vient de voir
17:53ce comparatif,
17:54ces chiffres,
17:55qui sont quand même parlants.
17:56Bon,
17:57750 startups en France,
17:5817 000 aux États-Unis.
17:59Mais on voit
18:00qu'il y a quand même aussi
18:01des atouts en France.
18:02Qu'est-ce qui peut faire décoller
18:03la France sur cette thématique ?
18:04Alors,
18:05vraisemblablement,
18:06c'est nos formations
18:07et nos talents.
18:08On a d'excellentes formations
18:10d'ingénieurs.
18:11La preuve en est,
18:12c'est que,
18:13effectivement,
18:14les États-Unis
18:15essayent de récupérer
18:16le maximum d'entre eux.
18:17Il y a énormément
18:18de Français
18:19qui travaillent
18:20à la Silicon Valley.
18:21Mais pour autant,
18:22en fait,
18:23il faut arrêter
18:24de comparer la France
18:25avec les États-Unis.
18:26Il faut maintenant
18:27passer à l'échelle européenne.
18:28Si vous voulez,
18:29ce n'est pas comparable.
18:3060 millions d'habitants,
18:31rien que le nombre d'habitants.
18:32On voit bien
18:33qu'on ne va pas pouvoir
18:34combattre
18:35les États-Unis
18:36tout seul,
18:37uniquement avec
18:38la petite économie
18:39intermédiaire
18:40qu'on représente,
18:41la France.
18:42Mais par contre,
18:43au niveau européen,
18:44là,
18:45on est de taille,
18:46en fait,
18:47à s'affronter.
18:48On a clairement les moyens.
18:49Mais ce qui manque,
18:50il faut dire vraiment
18:51ce qui fâche,
18:52c'est un manque,
18:53clairement,
18:54de solidarité
18:55entre les différents pays
18:56au sein de l'Union européenne.
18:57Mistralay,
18:58qui marche très bien
18:59Mistralay,
19:00qui marche extrêmement bien,
19:01qui est
19:02une entreprise française.
19:03Est-ce que
19:04les Allemands,
19:05est-ce que les Italiens
19:06ont envie,
19:07en fait,
19:08d'utiliser le chat
19:09pour,
19:10justement,
19:11faire concurrence
19:12à Tchadjépeté ?
19:13Est-ce que,
19:14véritablement,
19:15il y a cet élan
19:16qui va
19:17nous donner
19:18envie
19:19de propulser
19:20une entreprise
19:21française
19:22au niveau européen
19:23pour après,
19:24ensuite,
19:25se déployer ailleurs ?
19:26Mais déjà,
19:27il faut arriver à convaincre
19:28sur le marché européen.
19:29Et c'est ça,
19:30tout l'enjeu.
19:31Et aujourd'hui,
19:32les entreprises françaises
19:33disent,
19:34ben oui,
19:35mais on est
19:36dans un univers morcelé.
19:37Il y a 27 pays
19:38au sein de l'Union européenne.
19:39Oui,
19:40mais enfin,
19:41les États-Unis,
19:42quand ils arrivent en Europe,
19:43ils se retrouvent face
19:44à la même problématique.
19:45Ils ont aussi 27 pays,
19:46ils y arrivent quand même.
19:47Donc,
19:48je pense qu'il faut
19:49inverser la tendance
19:50et véritablement considérer
19:51que c'est un enjeu européen
19:52de survie du modèle économique.
19:53Comme je vous disais,
19:54il y a vraiment,
19:55ça va bien au-delà
19:56d'un jeu
19:58d'une révolution technologique,
19:59puisque ces deux modèles
20:00qui se confrontent,
20:01est-ce que,
20:02oui,
20:03on est d'accord
20:04pour que le modèle
20:05de Trump
20:06d'un capitalisme
20:07sans entrave
20:08règne au sein même
20:09de l'Union européenne ?
20:10Jean-Gabriel Ganassi,
20:11est-ce qu'il y a
20:12effectivement
20:13un manque
20:14de solidarité européenne
20:15qui pourrait
20:16nous porter préjudice ?
20:17Oui,
20:18je voudrais insister
20:19sur ce qui a déjà été dit.
20:20Ce sont les atouts,
20:21quand même,
20:22de la France.
20:23Alors,
20:24double atout,
20:25d'abord,
20:26la formation initiale.
20:27On a de très bons ingénieurs
20:29et de bonnes universités,
20:30mais aussi
20:31un tissu
20:32de jeunes pouces,
20:33de start-up,
20:34qui est très dynamique.
20:35Je crois qu'il ne faut
20:36pas l'oublier
20:37parce que
20:38la difficulté
20:39qui se pose
20:40aujourd'hui en France,
20:41c'est ensuite
20:42la transformation.
20:43C'est-à-dire,
20:44passer de ces jeunes entreprises
20:46à des licornes
20:48et puis
20:49à des très grosses entreprises
20:50après.
20:51Et ça,
20:52on ne sait pas le faire.
20:53Et pour ça,
20:54bien sûr,
20:55il faut le faire
20:56à l'échelle européenne.
20:57Or,
20:58pour l'instant,
20:59il y a d'un côté
21:00un manque de solidarité
21:01et puis,
21:02d'un autre côté,
21:03l'Europe,
21:04par cette approche
21:05hyper libérale,
21:06a empêché
21:07souvent des regroupements.
21:08Et donc,
21:09il y a aussi
21:10un problème,
21:11je crois,
21:12du côté
21:13des institutions européennes.
21:14Je crois qu'il faut
21:15vraiment que ça change.
21:16Il me semble
21:17qu'on en prend conscience
21:18et ça,
21:19donc,
21:20c'est un enjeu central
21:21pour le futur.
21:22Mais je voudrais insister
21:23sur ce que j'ai dit tout à l'heure.
21:24C'est qu'aujourd'hui,
21:25la donne a un peu changé.
21:26C'est-à-dire que ce n'est pas
21:27simplement les États-Unis
21:28vis-à-vis de l'Europe.
21:29C'est un monde
21:30qui est en train de naître
21:31aux États-Unis,
21:32qui est extrêmement éloigné
21:33de nos valeurs
21:34et de nos idéaux démocratiques.
21:35Et c'est pour ça,
21:36je crois que dans le cadre
21:37du sommet,
21:38il y a l'idée d'aller
21:39au-delà simplement
21:40de l'Europe,
21:41mais essayer
21:42d'avoir des échanges
21:43avec les autres pays
21:44du monde.
21:45Et d'ailleurs,
21:46ce sommet,
21:47c'est un sommet sans Américains,
21:48mais avec tous les autres pays
21:50et même,
21:51d'ailleurs,
21:52surtout l'Afrique,
21:53le Brésil,
21:54l'Ibris,
21:55etc.
21:56Kate Ibrahim,
21:57est-ce qu'il peut y avoir
21:58effectivement un avant-après
21:59avec ce sommet ?
22:00Effectivement,
22:01comme le disait
22:02Stéphanie Villers,
22:03permettre d'avoir
22:04un sursaut européen
22:05et effectivement déjà
22:06consolider ce qu'il y a
22:07au sein de l'Europe
22:08pour permettre
22:09de faire face
22:10à ce qui se passe
22:11du côté des États-Unis ?
22:12En effet,
22:13le sommet,
22:14c'est vraiment l'occasion
22:15et on le voit tous les jours.
22:16Toutes les minutes,
22:17on a des annonces
22:18autour de l'IA
22:19en France ou en Europe.
22:20Ça peut être un moyen
22:21pour mettre plus en avance
22:22la France
22:23en tant que leader
22:24sur l'IA
22:25au sein de l'Europe
22:26parce qu'encore une fois,
22:27effectivement,
22:28ce n'est pas la France
22:29toute seule qui peut y arriver
22:30et avec des partenaires
22:31ailleurs dans le monde
22:32qui sont alignés
22:33sur les mêmes valeurs.
22:34On vient de voir encore
22:35l'annonce
22:36de partenariat
22:37entre Free et Mistral
22:38qui est quand même
22:39aussi très très important.
22:40Donc,
22:41c'est le moyen peut-être
22:42d'essayer de regrouper
22:43un peu les gens
22:44qui doivent travailler ensemble
22:45et qui doivent avancer ensemble
22:47et de comprendre
22:48que c'est maintenant
22:50ou jamais
22:51qu'il faut se positionner
22:52face à des modèles
22:53de société
22:54qui ne nous conviennent pas
22:55comme un élan de masque
22:56qui propose de licencier
22:57tout le monde
22:58et de remplacer tout le monde
22:59par des robots.
23:00Jean-Gabriel Ganassia,
23:01vous parliez de la formation,
23:02du fait,
23:03vous le disiez aussi,
23:04qu'il y a des très bonnes
23:05formations,
23:06en formation contenue,
23:07formation initiale,
23:08des très bons ingénieurs.
23:09Le problème,
23:10c'est qu'il y en a certains
23:11qui partent aux États-Unis.
23:12Comment faire ?
23:13Comment éviter
23:14cette fuite des talents
23:15et faire en sorte
23:16qu'ils aient envie de rester
23:17en France et en Europe ?
23:18Bien évidemment,
23:19c'est la difficulté.
23:20Il y a deux raisons.
23:21La première,
23:22c'est parce qu'on leur offre
23:23des conditions matérielles
23:24qui sont incomparables.
23:25Peut-être qu'il faut
23:26payer un peu mieux
23:27les ingénieurs dans l'entreprise.
23:29Et puis,
23:30les chercheurs
23:31dans les instituts de recherche
23:33et dans les universités
23:34leur offrir des situations
23:36qui soient plus confortables.
23:38Mais aussi peut-être
23:39parce que,
23:40quelquefois,
23:41ils ont le sentiment
23:42que le monde
23:43est un peu fermé.
23:44Je crois qu'il faut
23:45leur offrir des perspectives.
23:46Il y a beaucoup
23:47de jeunes ingénieurs
23:48qui ne veulent pas simplement
23:49gagner de l'argent,
23:50ils veulent aussi
23:51avoir des perspectives
23:52exaltantes.
23:53Et je crois que,
23:54justement,
23:55si on arrive à lancer
23:56des grands projets
23:57et des projets
23:58de taille suffisante,
23:59à ce moment-là,
24:00bien sûr,
24:01ils seront
24:02beaucoup plus mobilisés.
24:03Je crois que c'est ça
24:04l'enjeu majeur
24:05pour les années qui viennent.
24:06Oui.
24:07Alors, allez-y.
24:08J'ai beaucoup d'enthousiasme,
24:09c'est normal,
24:10autour de ça.
24:11Et on se dit,
24:12en plus,
24:13c'est vrai que l'Europe,
24:14on en a déjà fait
24:15des choses en commun
24:16sur les vaccins,
24:17sur le budget,
24:18sur les armes aussi en Ukraine.
24:19Le seul problème aujourd'hui,
24:20et c'est pour ça
24:21que je ne vais pas aller
24:22dans votre sens,
24:23c'est que,
24:24parmi les 27 aujourd'hui,
24:25il y a des gens
24:26qui ne sont pas vraiment
24:27raccords avec nous
24:28sur les idéaux,
24:29même démocratiques.
24:30On se dit,
24:31est-ce qu'on veut vraiment
24:32partager une intelligence artificielle
24:33avec Victor Orban
24:34ou Georgia Meloni ?
24:35Notamment Victor Orban
24:36qui, aujourd'hui,
24:37se tourne vers Moscou.
24:38Et donc,
24:39est-ce qu'aujourd'hui,
24:40nos données seraient vraiment
24:41protégées en Europe ?
24:42C'est là, en fait,
24:43véritablement la question aussi.
24:44C'est qu'on a des politiques
24:45différentes en Europe
24:47au sein des Etats.
24:48Mais je pense qu'on peut,
24:49peut-être,
24:50par des moyens financiers,
24:51arriver à convaincre
24:52la Hongrie
24:53ou d'autres petits pays.
24:54Convaincre les Etats-Unis,
24:55c'est déjà beaucoup plus compliqué.
24:56Et pour revenir
24:57sur les formations en France,
24:58moi, ce qui m'étonne,
24:59c'est que
25:00les formations en France
25:01d'ingénieurs
25:02sont partiellement,
25:03voire totalement,
25:04gratuites
25:05et financées par l'État.
25:06Et ça coûte extrêmement cher.
25:07En fait,
25:08on se tire une balle
25:09dans le pied,
25:10direct.
25:11C'est-à-dire qu'on forme
25:12une formation
25:13en France
25:14directement,
25:15direct.
25:16C'est-à-dire qu'on forme
25:17avec les deniers
25:18de l'État,
25:19de l'argent public,
25:20des cerveaux hors-pair
25:23pour aller faire
25:24la richesse
25:25des autres pays.
25:26Alors au moment
25:27où tout allait bien,
25:28effectivement,
25:29cette mondialisation
25:30heureuse
25:31qui a duré pendant
25:32une quarantaine d'années,
25:33tout allait bien
25:34parce qu'il repartait
25:35puis il revenait.
25:36Et puis donc,
25:37ça nourrissait
25:38une espèce de,
25:39voilà,
25:40cette pensée
25:41internationale,
25:42mondiale
25:43qui nous amenait
25:44à aller plus loin
25:45et encore plus vite.
25:46Aujourd'hui,
25:47en fait,
25:48je pense que c'est un peu
25:49remis en question.
25:50Il y a cette forme
25:51de protectionnisme
25:52qui est mis en place
25:53à la fois par la Chine
25:54et les États-Unis.
25:55Il faut garder ça
25:56à l'esprit.
25:57Enfin,
25:58est-ce que la France
25:59est amenée
26:00à former
26:01des jeunes
26:02pour qu'ils fassent
26:03la richesse
26:04de patries
26:05qui sont
26:06de moins en moins alliées ?
26:07Oui,
26:08je voudrais quand même...
26:09Je voudrais qu'on écoute,
26:10je voudrais juste
26:11qu'on écoute
26:12Thomas Clausell
26:13qui répond sur ce sujet.
26:14Avant ça,
26:15je remercie Jean-Mathieu Pernin
26:16d'avoir été avec nous
26:17cet après-midi
26:18sur ce plateau.
26:19Je vais vous donner la parole
26:20mais je voudrais quand même
26:21qu'on écoute
26:22Thomas Clausell
26:23qui est cofondateur
26:24et patron d'Hawking
26:25qui est une des grandes entreprises
26:26franco-américaines
26:27sur le sujet
26:28et qui parle de cette question
26:29d'être aux États-Unis,
26:30de pouvoir revenir en France.
26:31Écoutez.
26:32Oui,
26:33on est en train d'essayer,
26:34en fait,
26:35on est en train d'explorer.
26:36On a 80% de nos employés
26:37qui sont en France.
26:38On travaille avec tous les hôpitaux français.
26:39Aujourd'hui,
26:40clairement,
26:41on est incorporé aux États-Unis.
26:42C'était prêt à Macron.
26:43Franchement,
26:44on l'a créé juste avant
26:45et aujourd'hui,
26:46je ne suis pas sûr
26:47qu'on l'aurait créé là-bas.
26:48Non, vraiment.
26:49Ça a changé.
26:50Le monde a changé.
26:51Et qu'est-ce qui vous freine
26:52pour le retour ?
26:53Pour le retour,
26:54on est en train d'explorer
26:55toutes les pistes.
26:56Quand vous avez voué
26:57beaucoup de fonds américains,
26:58il y a une taxe très forte
26:59quand il y a un changement fiscalisé.
27:00On a beaucoup d'avocats.
27:01C'est un sujet qui nous motive
27:02quand même,
27:03vraiment beaucoup.
27:04Jean-Gabriel Ganassi,
27:05la politique fiscale
27:06est difficile.
27:07Ça rend la vie difficile.
27:08Mais je crois que
27:09beaucoup de personnes
27:10qui viennent de France
27:11vont aux États-Unis
27:12et ensuite,
27:13sont en mesure
27:14de ramener aussi
27:15un certain nombre
27:16de technologies,
27:17d'approches,
27:18d'habitudes américaines.
27:19Et beaucoup de jeunes Français
27:20qui ont été aux États-Unis
27:21ensuite reviennent en France
27:22et sont extrêmement dynamiques.
27:23Ils dynamisent le secteur.
27:24Donc,
27:25je comprends bien
27:26votre argument,
27:27mais en même temps,
27:28c'est positif
27:29le fait qu'on quitte
27:30les États-Unis.
27:31C'est positif,
27:32oui.
27:33C'est positif.
27:35C'est positif tant que...
27:36Mais à condition,
27:37et je crois que c'est ça
27:38qui est important,
27:39à condition qu'on soit
27:40capable de leur offrir
27:41des conditions en France
27:42qui soient suffisamment
27:43attractives
27:44pour qu'ils reviennent.
27:45Et c'est ça
27:46l'enjeu majeur
27:47pour le futur.
27:48Mais est-ce que c'est possible
27:49d'aller rivaliser
27:50avec les conditions
27:51qui leur sont offertes
27:52aux États-Unis,
27:53par exemple ?
27:54En fait,
27:55là,
27:56c'est des choix à faire.
27:57Comme on est capable
27:58de miser sur des talents
27:59et de former
28:00un ingénieur en France,
28:01à Polytechnique,
28:02ça coûte quand même
28:03une certaine somme.
28:04Donc pourquoi pas
28:05aller plus loin
28:06pour ne pas perdre cette...
28:07C'est un manque à gagner
28:08quand même
28:09lorsque le jeune,
28:10même s'il revient un moment,
28:11mais je pense que l'idée
28:12qu'il va se nourrir ailleurs
28:13et il revienne
28:14avec l'esprit
28:15encore plus formé,
28:16ça devient dangereux
28:17dans une situation
28:18où aujourd'hui,
28:19on sait,
28:20les États-Unis,
28:21c'est un peu
28:22du chacun pour soi.
28:23Donc,
28:24il faut arrêter
28:25d'être naïf.
28:26Voilà.
28:27Merci.
28:28Merci.
28:29Merci.
28:30Merci.
28:31Merci.
28:33Julien Pain,
28:34vous nous avez rejoint
28:35à un plateau.
28:36Merci d'être avec moi,
28:37rédacteur en chef
28:38de l'émission
28:39Vrai ou Faux
28:40sur France Info.
28:41On en parlait
28:42tout à l'heure,
28:43un des différents
28:44modèles d'IA.
28:45Effectivement,
28:46aux États-Unis,
28:47ça ne va pas être
28:48forcément la même chose
28:49qu'en France ou en Europe.
28:50Est-ce que vous pouvez
28:51nous expliquer
28:52les différents biais
28:53qu'il peut y avoir,
28:54très concrètement,
28:55quand on parle
28:56d'intelligence artificielle ?
28:57Pourtant,
28:58quand on parle
28:59d'intelligence artificielle,
29:00on se dit,
29:01c'est un peu
29:02les intelligences artificielles.
29:03Par exemple,
29:04j'ai parlé avec
29:05cette intelligence artificielle chinoise
29:06dont on a beaucoup parlé,
29:07qui s'appelle DeepSeek.
29:08Je lui ai posé une question
29:09au départ toute simple.
29:10Je lui ai dit,
29:11est-ce que Staline
29:12est un dictateur ?
29:13Pas de problème.
29:14Elle me répond,
29:15évidemment,
29:16Staline est un dictateur.
29:17Aucun souci.
29:18Après,
29:19j'ai dit,
29:20est-ce que Poutine
29:21est un dictateur ?
29:22Déjà,
29:23quand on connaît
29:24la ligne de Pékin,
29:25un peu plus compliqué
29:26de dire,
29:27oui,
29:28c'est un dictateur,
29:29mais en même temps,
29:30il y a un bug total,
29:31on va le voir.
29:32Elle me répond,
29:33elle commence à me répondre,
29:34on sent qu'elle a envie
29:35de me répondre,
29:36et au bout d'un moment,
29:37elle bloque.
29:38Elle me répond en anglais
29:39et je suis désolé,
29:40c'est le genre de questions
29:41qu'on ne peut pas me poser.
29:42Donc voilà,
29:43biais assez clair.
29:44J'avais l'impression
29:45de parler avec un représentant
29:46du parti communiste chinois.
29:47Si vous me laissez,
29:48je voudrais aussi parler
29:49des...
29:50C'est un peu le cas,
29:51visiblement.
29:52C'était un peu le cas,
29:53en tout cas,
29:54il n'était pas loin.
29:55Et je voudrais aussi parler
29:56des biais des outils
29:57d'intelligence artificielle
29:59Lui, je lui ai parlé
30:00d'un complotiste
30:01qu'on suit très régulièrement,
30:02nous, à Vrai ou Faux,
30:03je ne vais pas mentionner son nom,
30:04mais c'est quelqu'un,
30:05par exemple,
30:06qui pense que la lune est creuse
30:07et que c'est un astre artificiel.
30:08On est bien d'accord,
30:09c'est n'importe quoi.
30:10Et donc,
30:11je lui ai posé
30:12cette question toute simple
30:13à cette intelligence artificielle,
30:14est-ce que cette personne,
30:15ce complotiste,
30:16il est fiable ?
30:17Là, il aurait pu me répondre,
30:18non, il n'est pas fiable,
30:19tout simplement.
30:20Sauf que non,
30:21il m'a fait une réponse à la mosque
30:22qui m'a dit,
30:23alors, les scientifiques
30:24Maintenant,
30:25si vous n'êtes pas un scientifique
30:26et que vous ne voulez pas
30:27vous informer simplement
30:28sur les médias traditionnels,
30:29là, vous pouvez trouver
30:30un intérêt
30:31à lire les propos
30:32de ce complotiste.
30:33Et là,
30:34comme j'avais tout à l'heure
30:35l'impression de parler
30:36avec quelqu'un
30:37du parti communiste chinois,
30:38là, franchement,
30:39je ne sais pas vous,
30:40mais j'avais l'impression
30:41de parler directement
30:42à Elon Musk
30:43qui, en fait,
30:44me faisait une réponse
30:45totalement biaisée.
30:46Cathy Brehm,
30:47on sait qu'un des enjeux
30:48de ce sommet,
30:49c'est aussi de parler
30:50de l'éthique de la régulation.
30:51Mais on le voit,
30:52ça va être pour le modèle européen,
30:53le modèle chinois,
30:54ni les États-Unis,
30:55d'avoir des modèles d'IA
30:56qui respectent
30:57les valeurs
30:58du droit fondamental,
30:59de politique,
31:00de respect de l'information.
31:01Là, à un moment donné,
31:02on va être sur
31:03des modèles très différents.
31:04Mais on est déjà
31:05sur des modèles très différents.
31:06On est déjà sur un Internet
31:07qui est très différent
31:08puisqu'on n'a pas du tout
31:09le même Internet
31:10en Chine,
31:11aux États-Unis
31:12et en Europe
31:13ou en Russie.
31:14En Chine,
31:15dès le début,
31:16ils ont développé
31:17leur Internet parallèle
31:18avec des applications parallèles.
31:19Ils n'ont jamais utilisé
31:20les applications des États-Unis.
31:21Ils ont toujours été souverains
31:22sur leur système
31:23à la fin
31:24des installations techniques
31:25et des applications
31:26qu'ils utilisent.
31:27Ils ont par ailleurs
31:28commencé à exporter
31:29leurs applications
31:30comme TikTok
31:31qui, auparavant,
31:32était vraiment 100% chinois.
31:33C'est à peu près
31:34autour de 2019.
31:35Ils ont commencé
31:36à se mondialiser
31:37et à essayer
31:38de fabriquer
31:39un petit peu
31:40ce soft power
31:41pour influer
31:42sur les autres pays.
31:43Donc, on n'aura
31:44de toute façon
31:45avec l'IA
31:46jamais cette IA mondiale
31:47qui aura
31:48les mêmes valeurs partout.
31:49On aura peut-être
31:50d'un côté une IA
31:51avec des valeurs
31:52qui ressemblent
31:53à celles de l'Europe
31:54et, de l'autre côté,
31:55une IA
31:56complètement débridée
31:57et, du côté de la Chine,
31:58une IA très centralisée
31:59et gouvernée par l'État.
32:00D'où l'importance
32:01de ne pas dépendre
32:02des IA des autres
32:03parce que si on n'a pas
32:04des IA qui correspondent
32:05à nos valeurs,
32:06vous voyez bien le problème.
32:07Vous n'avez pas envie
32:08tous les jours
32:09de parler à Elon Musk
32:10ou aux représentants du PCC.
32:11Je crois qu'il est important
32:12de dire que la Chine
32:13a des valeurs
32:14et elle a une éthique.
32:15Elle ne fait pas n'importe quoi.
32:16Simplement,
32:17les valeurs européennes
32:18sont plus centralisées
32:21et plus centrées
32:22sur la défense
32:23des libertés fondamentales.
32:24Dans le cas de la Chine,
32:25ce sont d'autres valeurs
32:26qui sont en œuvre.
32:27Quant à la question des biais,
32:28bien sûr,
32:29c'est une question très délicate
32:30car qu'est-ce que ce serait
32:31qu'une IA
32:32qui n'aurait pas de biais
32:33et qui dirait toujours la vérité ?
32:34Nous ne le savons pas
32:35parce qu'il faudrait savoir
32:36la vérité
32:37pour savoir ce que c'est.
32:38Bien sûr,
32:39il y a des biais
32:40qui sont sujets inadmissibles.
32:41Par exemple,
32:42dans le cas
32:43d'un système
32:44qui fait des offres d'emploi
32:45qui pourrait avoir des biais
32:46qui seraient discriminatoires,
32:48il y a des biais politiques
32:49comme ceux
32:50qu'a introduit sciemment
32:51la Chine
32:52dans les réponses
32:53à DeepSeek.
32:54Il y a
32:55les biais
32:56d'Elon Musk
32:57qu'il nous a évoqués.
32:58Mais justement,
32:59Elon Musk,
33:00c'est quand même
33:01la pire des choses.
33:02Au début de ChatGPT,
33:03il a signé
33:04une pétition
33:05pour un moratoire
33:06sur ChatGPT.
33:07Et puis,
33:08quelques semaines après,
33:09il a dit
33:10mais moi,
33:11vous savez,
33:12ChatGPT,
33:13c'est trop woke.
33:14Je vais développer
33:15mon propre modèle de langage
33:16pour qu'il y ait
33:17la vérité,
33:18c'est-à-dire la Pravda.
33:19Pravda 3.0.
33:20Moi, je préfère
33:21avoir un système
33:22avec des biais
33:23dont on sait
33:24qu'il peut avoir des biais
33:25mais qu'on peut discuter
33:26à un système
33:27qui nous impose
33:28ce qui serait
33:29une vérité absolue.
33:30Je crois que c'est ça,
33:31le danger,
33:32c'est de croire
33:33qu'on peut avoir
33:34une vérité absolue.
33:35Stéphanie Villers,
33:36vous parliez tout à l'heure
33:37de la solidarité européenne.
33:38Il faudrait que l'allié
33:39développé,
33:40là par exemple,
33:41parlier le Chat,
33:42soit utilisé en Europe
33:43déjà en priorité
33:44de convaincre
33:45l'allié européen.
33:46Est-ce que ça,
33:47c'est jouable ?
33:48On voit bien,
33:49au sein
33:50de l'Union européenne,
33:51il y a quand même
33:52une certaine forme
33:53de chacun pour soi
33:54par rapport
33:55au déploiement
33:56d'une offre commerciale.
33:57Mais ce n'est pas
33:58uniquement dans l'IA,
33:59ça arrive partout.
34:00On voit que
34:01certains pays
34:02préfèrent,
34:03Européens,
34:04préfèrent
34:05aller s'achalander
34:06auprès
34:07des fournisseurs américains
34:08plutôt que,
34:09alors qu'il y a
34:10cette même offre
34:11que l'Alliance européenne.
34:12C'est-à-dire que
34:13l'Alliance européenne
34:14préfère,
34:15alors qu'il y a
34:16cette même offre,
34:17je parle d'une offre militaire,
34:18alors qu'il y a
34:19ces mêmes produits
34:20au sein même
34:21des pays
34:22de l'Union européenne.
34:23Donc, en fait,
34:24ce n'est pas nouveau.
34:25En fait,
34:26on veut être
34:27soi-disant solidaires,
34:28mais quand il s'agit
34:29de soutenir
34:30une innovation
34:31pour le pays voisin,
34:32il y a une certaine
34:33forme
34:34de restriction
34:35en disant
34:36que c'est
34:37vaut mieux
34:38aider l'autre
34:39qu'aider
34:40les États-Unis
34:41parce que c'est toujours
34:42la même démarche
34:43plutôt que
34:44soutenir
34:45dans ce
34:46qu'apprécient
34:47les Français.
34:48C'est le risque
34:49avec Mistral IA
34:50qui marche quand même,
34:51qui a écouté
34:52véritablement
34:53des vraies dispositions
34:54à concurrencer
34:55les États-Unis
34:56et la Chine
34:57et avec ce risque,
34:58il n'y a que la France
34:59qui a envie
35:00de développer
35:01cette application,
35:02ce système
35:03et que
35:04dans les autres pays,
35:05on n'en entend
35:06même pas parler
35:07parce qu'aussi,
35:08en France,
35:09on ne sait pas
35:10faire le marketing
35:11de nos produits.
35:12Les États-Unis,
35:13ils font,
35:14ils savent
35:15y mettre
35:16les moyens.
35:17Pour le coup,
35:18c'est une histoire de moyens.
35:19C'est-à-dire,
35:20il faut parler,
35:21il faut vendre.
35:22Là, c'est ce que va faire
35:23un petit peu Emmanuel Macron
35:24dans ces deux jours,
35:25c'est-à-dire le VRP.
35:26Mais il reste en France
35:27qu'il aille à Francfort
35:28pour le sommet
35:29de l'IA
35:30et qu'il aille
35:31parler de Mistral.
35:32Là, ça serait déjà
35:33un autre point
35:34parce que là,
35:35on reste encore chez nous.
35:36C'est ça, le frein.
35:37Je rappelle
35:38que vous êtes
35:39rédacteur en chef
35:40de notre émission
35:41d'infos.
35:42Évidemment,
35:43je voudrais qu'on parle
35:44de cette question
35:45qui est liée
35:46à l'IA
35:47et des biais dont vous parlez,
35:48qui est la désinformation
35:49liée à l'intelligence artificielle.
35:50Forcément,
35:51c'est une question qui se pose.
35:52Moi, je suis le type
35:53rabat-joie.
35:54Évidemment,
35:55l'IA,
35:56ça a des possibilités
35:57fantastiques.
35:58Je ne dis pas le contraire.
35:59Mais moi, mon boulot,
36:00c'est la désinformation.
36:01Et ce que je constate,
36:02c'est que ça fait 15 ans
36:03que je travaille
36:04sur la désinformation
36:05et là,
36:06on rentre dans une ère
36:07de désinformation,
36:08on va dire,
36:09industrielle et massive.
36:10C'est-à-dire,
36:11il y a des fausses images,
36:12de reproduire votre visage
36:13et peut-être de vous faire dire
36:14n'importe quoi.
36:15Ça, on imagine bien,
36:16on sait que peut-être
36:17à la veille d'une élection,
36:18si on reprenait Marine Le Pen
36:19ou Emmanuel Macron,
36:20on lui fait dire
36:21une phrase sensationnelle,
36:22ça peut changer
36:23le visage d'une élection.
36:24Mais ce n'est pas ça
36:25qui m'inquiète le plus.
36:26Moi, ce qui m'inquiète le plus,
36:27c'est ce qui s'est passé
36:28en Allemagne
36:29la semaine dernière
36:30où on s'est aperçu
36:31qu'il y avait
36:32toute une galaxie
36:33de sites Internet
36:34qui étaient apparus comme ça,
36:35des centaines de pages
36:37destinés à un public allemand
36:38et quand on a regardé
36:39qui était derrière,
36:40en réalité,
36:41il s'agissait d'un seul homme,
36:42un Américain,
36:43pro-Poutine.
36:44Alors, est-ce qu'il a bénéficié
36:45d'argent de la Russie ?
36:46Moi, je ne peux pas vous le dire.
36:47Mais en tout cas,
36:48juste avec l'intelligence artificielle,
36:49il a été capable
36:50de mettre en place
36:51une galaxie
36:52de sites Internet
36:53qui a fait la propagande
36:54de l'AFD,
36:55donc le parti
36:56d'extrême droite allemand.
36:57Alors, pour ce coup-là,
36:58heureusement,
36:59cette galaxie a été repérée.
37:00Mais ce qui est très inquiétant,
37:01c'est que c'est industriel
37:02avec très peu d'argent
37:06et qu'avec une seule personne
37:07ou quelques personnes,
37:08on est capable
37:09de faire le travail
37:10de plusieurs centaines de personnes.
37:12Avant,
37:13la propagande,
37:14ça a toujours existé,
37:15mais là,
37:16c'est automatisé.
37:17Et je tiens à préciser,
37:18parce que c'est mon métier,
37:19que face à ça,
37:20on a quoi ?
37:21On a des journalistes
37:22qui, nous,
37:23travaillons pas
37:24comme une intelligence artificielle.
37:25Donc, le combat est déséquilibré
37:26et j'ai bien peur
37:27que dans les prochaines élections européennes,
37:28à chaque fois,
37:29on ait ce genre d'ingérence.
37:30Je suis tout à fait d'accord avec vous.
37:31Je crois que c'est un enjeu majeur
37:32pour le futur
37:33qu'il y ait cette production
37:34d'informations,
37:35cette possibilité
37:36de cibler des publics
37:37qui sont sensibles
37:38à un type d'information
37:39et donc de fragmenter
37:40encore plus la société.
37:42Heureusement,
37:43l'intelligence artificielle
37:44peut essayer
37:45de soigner le mal
37:46qu'elle cause.
37:47Et justement,
37:48quand vous dites
37:49c'est mon travail,
37:50je dis c'est aussi mon travail.
37:51Dans mon équipe,
37:52on travaille justement
37:53sur la détection
37:54des fausses nouvelles
37:55avec des techniques
37:56d'intelligence artificielle.
37:57Alors, il y a des personnes
37:58qui essayent
37:59d'identifier les deepfakes.
38:00Nous, nous travaillons
38:01plutôt sur les textes
38:02en langage naturel
38:04sur une notion donnée,
38:05faire un peu l'équivalent
38:06du travail des journalistes,
38:07c'est-à-dire,
38:08confronter, regarder
38:09s'il y a des sources,
38:10s'il y a des tensions
38:11entre les éléments d'information.
38:12Parce que je pense
38:13que la difficulté,
38:14c'est qu'il y a tellement
38:15de sources d'informations
38:16que manuellement,
38:17on aura du mal à le faire.
38:18Et je crois qu'il faut
38:19redonner aux citoyens
38:20les possibilités
38:21de juger des informations
38:22sur les réseaux sociaux.
38:23C'est un langage optimiste
38:24et j'aimerais être optimiste
38:25comme vous,
38:26mais pour l'instant,
38:27on se sent un peu démuni
38:28face à cette vague
38:29de désinformation industrielle.
38:30C'est un langage de scientifique
38:31qui essaye d'aborder
38:32cette question.
38:33Et j'espère qu'on pourra
38:34travailler ensemble
38:35pour trouver des outils
38:36pour aider les journalistes.
38:37J'ai pris votre proposition.
38:38Les journalistes,
38:39mais aussi les jeunes
38:40qui sont les premières cibles.
38:41Comment on fait ?
38:42On les forme dans les écoles,
38:43ils ont déjà des cours.
38:44Comment ça se passe ?
38:45Parce que là,
38:46on voit que ça se développe
38:47extrêmement vite.
38:48Est-ce que l'éducation
38:49va aussi vite
38:50par rapport au développement
38:51des technologies
38:52et des parfums
38:53qu'il faudrait mettre ?
38:54Évidemment,
38:55c'est très important
38:56d'aller former les jeunes
38:57pour qu'ils puissent
38:59Je demande à tous les journalistes
39:00de le faire,
39:01les spécialistes de l'IA,
39:02allez-y,
39:03allez parler dans les collèges
39:04et les lycées
39:05pour ne pas laisser
39:06les enseignants seuls
39:07face à ce problème.
39:08Après,
39:09je voudrais insister
39:10sur quelque chose,
39:11c'est qu'on pointe souvent
39:12du doigt les jeunes.
39:13Mais moi,
39:14j'ai fait des tests
39:15en leur montrant,
39:16dans la rue comme ça,
39:17j'ai montré des deepfakes,
39:18des fausses vidéos
39:19générées par
39:20l'intelligence artificielle.
39:21Et bien,
39:22je peux vous dire
39:23que ceux qui se sont trompés
39:24et qui ont été choqués
39:25par mes vidéos,
39:26ce n'étaient pas les jeunes.
39:27La plupart des jeunes
39:28vivent depuis
39:29la naissance
39:30dans un univers
39:31où ils savent
39:32qu'il y a du faux,
39:33il y a du vrai
39:34et qu'ils savent
39:35qu'une image peut être manipulée.
39:36Les gens plus âgés,
39:37c'est aussi eux
39:38avec qui il faut faire
39:39un travail d'éducation,
39:40de pédagogie
39:41pour dire attention,
39:42ce n'est pas parce
39:43qu'une image peut mentir.
39:44Pour quelqu'un
39:45d'une autre génération,
39:46une image,
39:47ça ne ment pas,
39:48c'est la vérité,
39:49c'est le choc des images
39:50et on y croit.
39:51Il faut mettre en doute ça.
39:52Et le plus inquiétant,
39:53je pense,
39:54à terme,
39:55c'est que ces jeunes
39:56qui ne peuvent pas
39:57voir autant de fausses informations
39:58qui circulent sur les réseaux,
39:59ce que ça donne,
40:00c'est qu'on s'en fiche
40:01que ça soit vrai
40:02ou que ça soit faux.
40:03C'est le langage de Donald Trump,
40:04c'est de finalement dire
40:05le vrai, le faux,
40:06ce n'est pas important.
40:07La seule chose qui est importante,
40:08c'est le combat politique,
40:09le combat idéologique
40:10et ce que moi, je pense.
40:11Et ce monde-là,
40:12je pense qu'il est dangereux.
40:13Alors là, on voit à l'écran,
40:14je ne sais pas si vous voyez
40:15les images effectivement
40:16de deepfake
40:17qui ont été montées
40:19avec le visage
40:20d'Emmanuel Macron.
40:21Bon là, il est bien évident.
40:22Est-ce que peut-être
40:23vous pouvez nous expliquer
40:24effectivement, Julien,
40:25ce que c'est que ce montage ?
40:27Alors ça, c'est des images
40:28qui sont finalement maintenant
40:29assez faciles à faire.
40:30Je veux dire, il y a 15 ans,
40:32ça, il fallait des ingénieurs
40:34dans des studios cinéma
40:36qui passent des heures
40:37et des heures et des heures
40:38pour arriver à faire ça.
40:39C'était très compliqué.
40:40Sauf que maintenant,
40:41c'est à la portée
40:42de n'importe quel internaute
40:43puisque de plus en plus,
40:44ça va être des outils.
40:45On va arriver avec
40:46une vidéo de Macron,
40:47mais ça peut être une vidéo
40:48de vous ou de vous.
40:49Je vais vous donner
40:50quelques images de vous
40:52et le résultat sera tellement fiable
40:54que ça pourra très bien fonctionner
40:56sur les réseaux sociaux.
40:57Donc le problème,
40:58ce n'est pas tellement le mensonge.
40:59Le mensonge a toujours existé.
41:01C'est maintenant la capacité
41:02à faire mentir des vidéos
41:03et de l'audio
41:04de façon très simple
41:05et même pour des gens
41:06qui n'ont pas de formation technique.
41:07C'est le monde dans lequel
41:08on va arriver.
41:09N'importe qui,
41:10un jeune de 14 ans,
41:11pourra dire,
41:12je vais faire dire à Macron
41:13n'importe quoi
41:14et le balancer sur les réseaux sociaux.
41:15D'ailleurs, on rappelle
41:16que ce montage vidéo,
41:17Emmanuel Macron lui-même
41:18l'a rediffusé pour montrer
41:20et alerter et montrer
41:21les effets de l'IA.
41:23Cathy Brême,
41:24quand on parle justement
41:25de l'effet que ça va avoir,
41:26de comment former,
41:27pas forcément les plus jeunes,
41:28en fait,
41:29qui s'en charge ?
41:30L'école, les médias,
41:31comment on fait
41:32pour se développer
41:33et répondre aux enjeux de l'IA
41:35dans la société ?
41:37Parce qu'effectivement,
41:38c'est un effort commun.
41:39On ne peut pas le faire
41:40qu'à une échelle
41:41et on l'a dit,
41:43c'est un effort
41:44de formation d'un côté,
41:45d'explication,
41:46d'éducation aux médias,
41:47y compris
41:48chez les tout petits, en fait.
41:49Il faut vraiment
41:50commencer à l'école maternelle.
41:51Il faut commencer
41:52à comprendre
41:53comment fonctionnent
41:54ces technologies
41:55parce qu'on dit toujours
41:56que maintenant,
41:57les technologies fonctionnent
41:58tellement bien,
41:59on n'a pas besoin de comprendre.
42:00Mais demain,
42:01pour travailler avec une IA,
42:02il faut comprendre
42:03comment fonctionne cette IA
42:04parce que peut-être demain,
42:05on aura des métiers
42:06où on sera plus dans la surveillance,
42:07dans le contrôle
42:08que dans le faire.
42:09Mais il faut savoir
42:10comment il faut fabriquer
42:11les choses.
42:12Donc ça, c'est vraiment
42:13une chaîne d'éducation
42:14qu'il faut mettre en place
42:15très, très vite.
42:16Mais après,
42:17il y a aussi la régulation
42:18qu'il faut mettre en place
42:19puisqu'on vient de dire
42:20tout ceci est diffusé
42:21sur les réseaux sociaux,
42:22des réseaux sociaux
42:23qui sont entre des mains
42:24surtout de gens aux États-Unis
42:26qui disent clairement
42:27moi, les fake news,
42:28ce n'est pas à moi
42:29de contrôler si quelque chose
42:30est faux ou vrai.
42:31Google vient de le dire,
42:32Mark Zuckerberg
42:33vient de le dire aussi.
42:34Donc il faut aussi
42:35qu'on ajoute à l'éducation
42:37quand même le volet régulation
42:39et que l'on en ait
42:40un petit peu plus de pouvoir.
42:41C'est là où on voit
42:42tout l'avantage
42:43de notre système européen.
42:44C'est un marché
42:45qui est régulé
42:46et toute innovation
42:47aussi n'est pas bonne à prendre.
42:49Je vous rappelle
42:50sur la période des subprimes,
42:51les titres,
42:52les produits financiers
42:53qui ont été considérés
42:54comme toxiques,
42:55pourquoi ils ont pu se déployer ?
42:56Parce que justement
42:57aux États-Unis,
42:58il n'y avait pas de régulation.
42:59C'est vraiment extrêmement difficile.
43:02Oui, parce qu'il y a
43:03une telle masse d'informations
43:05qu'il est extrêmement difficile
43:06de toutes les filtrer.
43:08Et même si un certain
43:09nombre de journalistes,
43:10c'est un travail très louable,
43:11essayent de détecter le faux,
43:13il faut arriver.
43:14C'est pour ça que nous,
43:15on travaille sur des outils
43:16qui permettent d'identifier le faux.
43:18Et puis l'éducation,
43:19d'autres points,
43:20l'éducation aux médias,
43:21c'est essentiel,
43:22mais l'éducation
43:23à l'intelligence artificielle,
43:24il y a l'éducation technique
43:25à l'intelligence artificielle,
43:26ça on le fait dans les écoles,
43:27mais l'éducation générale
43:28que toute la population comprenne
43:29quels sont ces concepts,
43:30de quelle intelligence on parle
43:32lorsqu'on parle
43:33d'intelligence artificielle
43:34parce qu'il y a tellement
43:35de confusion
43:36et c'est ce que j'essaye
43:37de faire modestement.
43:39Alors il y a un dernier point
43:40que je voudrais qu'on aborde
43:41parce qu'on a abordé
43:42effectivement les effets positifs,
43:43les effets négatifs,
43:44la désinformation,
43:45les biais qu'il peut y avoir.
43:46Il y a aussi un autre sujet
43:47qui revient souvent,
43:48c'est le risque
43:49de destruction d'emplois.
43:51Souvent, l'IA est accusée
43:52de détruire,
43:53de risquer de détruire
43:54beaucoup d'emplois.
43:55Je vous propose d'écouter
43:56la réponse de Xavier Niel
43:57sur le sujet.
43:58Vous ne serez pas remplacé
43:59par l'intelligence artificielle,
44:00vous serez peut-être remplacé
44:01dans votre emploi
44:02par quelqu'un
44:03qui sait utiliser
44:04l'intelligence artificielle.
44:05Et ça, c'est vraiment
44:06quelque chose d'important
44:07et c'est l'importance
44:08que les gens se saisissent
44:09de ces produits.
44:10Il y a une bonne nouvelle,
44:11pour utiliser ces produits,
44:12on a par exemple
44:13un nouveau produit
44:14qui a été lancé la semaine dernière
44:15qui s'appelle le Chat
44:16qui est plus rapide
44:17que Chat GPT.
44:18C'est un produit français,
44:19il est gratuit,
44:20il est utilisable.
44:21Tout le monde peut l'essayer
44:22aujourd'hui
44:23et ça, c'est important
44:24d'essayer de comprendre,
44:25d'utiliser et de voir
44:26ce qu'on est capable
44:27de faire avec ça.
44:28Stéphanie Villers,
44:29sur ce qu'on vient d'entendre,
44:30Xavier Niel, fondateur de Free,
44:31qui répond sur ce risque
44:32de destruction d'emplois,
44:33il ne faut pas s'inquiéter ?
44:34Non, parce que dans
44:35toutes les innovations,
44:37je vous rappelle,
44:38quand on arrive à l'informatique,
44:39vous vous rappelez,
44:40vous êtes trop jeune,
44:41il y a 40 ou 50 ans,
44:42il y avait une armée
44:43de secrétaires,
44:44de dactylo qui tapait,
44:45ça a été remplacé,
44:46en fait,
44:47il y a eu d'autres métiers
44:48derrière et là,
44:49c'est pareil,
44:50mais en mieux.
44:51C'est-à-dire que l'IA
44:52va prendre à sa charge
44:53toutes les tâches administratives,
44:54un peu pénibles,
44:55va améliorer aussi
44:56différents types de tâches.
44:57On va plutôt vers
44:58l'information,
44:59l'information,
45:00l'information,
45:01l'information,
45:02l'information,
45:03l'information,
45:04l'information,
45:05on va plutôt vers
45:06un salarié augmenté,
45:07en fait.
45:08Ça va être un outil d'aide
45:09qui va nous permettre
45:10d'améliorer
45:11notre productivité.
45:12Alors après,
45:13comme toute transformation
45:14technologique,
45:15oui,
45:16il y aura
45:17des nouveaux métiers
45:18et il y aura
45:19les plus anciens,
45:20ce qu'on appelle
45:21la destruction créatrice,
45:22bien,
45:23ceux qui ne sont pas...
45:24C'est ça la question,
45:25est-ce que c'est vraiment
45:26de la destruction créatrice ?
45:27Est-ce qu'il va y avoir
45:28assez d'emplois créés
45:29pour le nombre d'emplois ?
45:30Voilà,
45:31parce que là,
45:32si vous avez le chiffre,
45:33selon Goldman Sachs,
45:34les traducteurs,
45:35ils vous disent
45:36à quel point
45:37leur métier a changé.
45:38Selon Goldman Sachs,
45:39300 millions d'emplois
45:40seront remplacés.
45:41Oui,
45:42alors là,
45:43je pense que ce sont
45:44des études qui souvent
45:45ne sont pas très sérieuses.
45:46Donc je crois,
45:47je suis d'accord avec...
45:48Quand on voit le potentiel
45:49de l'IA,
45:50on peut imaginer
45:51qu'effectivement,
45:52le nombre d'emplois
45:53y compris créés
45:54seront remplacés.
45:55Vous avez raison,
45:56les métiers vont changer,
45:57des tâches vont être automatisées,
45:58il faudra maîtriser
45:59ces outils,
46:00certains emplois vont disparaître,
46:01mais d'autres emplois
46:02vont apparaître.
46:03Vous savez qu'en France,
46:04on dit qu'il y a trop
46:05de fonctions administrantes.
46:06Dans les hôpitaux,
46:07il y a trop d'administratifs,
46:08il n'y a pas assez
46:09de personnel de santé.
46:10Justement,
46:11l'IA va pouvoir
46:12prendre en charge
46:13toutes ces tâches administratives
46:14qui finalement
46:15pénalisent
46:16le système de santé.
46:17Prennent trop de temps
46:18au détriment
46:19de l'humain
46:20et de la relation humaine
46:21et des citoyens.
46:22Et donc,
46:23les agents publics
46:24vont pouvoir se concentrer
46:25sur l'émission
46:26de services publics.
46:27Donc c'est quand même...
46:28Moi,
46:29je trouve que
46:30c'est plutôt porteur
46:32et c'est plutôt enthousiasme,
46:33en fait,
46:34ce qui va arriver.
46:35Julien Pain, aucun risque ?
46:36Non, mais ce qu'on entend
46:37tout le temps,
46:38c'est qu'il y a déjà eu
46:39des grandes révolutions
46:40technologiques.
46:41Gutenberg, par exemple,
46:42l'imprimerie,
46:43c'était une évolution énorme
46:44pour notre société.
46:45La différence, je pense,
46:46c'est que ça se passait
46:47sur le temps relativement long.
46:48C'est-à-dire que le temps
46:49que la technologie
46:50de l'imprimerie
46:51se propage en Europe,
46:52ça a pris
46:53des dizaines d'années,
46:54voire des centaines d'années.
46:55Là, on n'est pas du tout
46:56sur cette échelle de temps.
46:57On a du mal à imaginer
46:58ce que ça va donner
46:59dans dix ans.
47:00Dans dix ans,
47:01il y a beaucoup de métiers
47:02qui vont disparaître.
47:03D'un coup, je parlais
47:04avec des illustrateurs de presse,
47:05des gens qui font des dessins
47:06pour illustrer.
47:07Ça, en deux minutes,
47:08avec des outils
47:09d'intelligence artificielle
47:10et pour rien du tout
47:11en termes d'argent,
47:12on peut le refaire.
47:13Les traducteurs, c'est pareil.
47:14Les traducteurs,
47:15qu'est-ce qu'ils vont faire ?
47:16Ça, on sait
47:17que ça va disparaître.
47:18Probablement qu'à terme,
47:19ça va créer de nouveaux métiers.
47:20Mais cette période intermédiaire
47:21où il va falloir s'adapter
47:23sur un laps de temps
47:24aussi court,
47:25là, effectivement,
47:26on ne sait pas.
47:27On est dans l'inconnu.
47:28Mais c'est ça,
47:29Jean-Gabriel Gennatia.
47:30C'est ça, la question.
47:31C'est parce que ça va très,
47:32très vite.
47:33Est-ce que les formations
47:34vont être aussi rapides
47:35pour remplacer les emplois
47:36qui, potentiellement,
47:37vont évoluer ?
47:38Je pense parce qu'il faut
47:39passer déjà d'une formation
47:40pour la vie,
47:41ce qu'on a trop l'habitude
47:42de donner en France,
47:43à des formations
47:44tout au long de la vie.
47:45C'est-à-dire qu'il faut
47:46comprendre qu'au milieu
47:47de sa carrière,
47:48on doit pouvoir se reformer,
47:49s'habituer.
47:50C'est un peu
47:51ce que dit, ici,
47:52Xavier Niel.
47:53Et il a absolument raison.
47:54Alors, bien sûr,
47:55ce qui est tragique
47:56des professions
47:57comme traducteur,
47:58pour les gens assez âgés,
47:59ils se disent,
48:00bon, on est en fin de carrière.
48:01Mais pour ceux
48:02qui sont en milieu de carrière,
48:03c'est extrêmement douloureux
48:04parce qu'ils ont l'impression
48:05qu'ils ont un horizon bouché.
48:06Mais c'est un peu exceptionnel
48:07quand même pour les traducteurs.
48:08Il y a quand même
48:09beaucoup d'autres métiers
48:10qui vont, je crois,
48:11évoluer avec
48:12l'intelligence artificielle
48:13et, bien sûr,
48:14avec des perspectives
48:15qui sont positives.
48:16Je pense qu'on ne peut pas
48:17être totalement positif
48:18Je pense qu'on ne peut pas
48:19être totalement optimiste,
48:20mais on ne peut pas être
48:21totalement pessimiste.
48:22Et, en tout cas,
48:23les chiffres que vous avez annoncés,
48:24300 millions d'emplois
48:25qui vont disparaître,
48:26lorsque vous regardez
48:27de façon précise
48:28la façon dont ces chiffres
48:29ont été construits,
48:30vous vous rendez compte
48:31que la méthodologie
48:32est vraiment désastreuse.
48:33Donc, il faut être extrêmement
48:34prudent avec ces chiffres.
48:35Avec ces chiffres.
48:36Stéphanie Villarouille,
48:37elle a agi.
48:38Oui, je pense que
48:39les entreprises,
48:40elles sont pragmatiques.
48:41Alors, oui, s'il y a
48:42les aides à augmenter
48:43la productivité,
48:44leur productivité,
48:45c'est dans leur intérêt
48:46de l'utiliser.
48:47Mais je vous rappelle
48:48que, quand même,
48:49ce que disait Ford,
48:50c'est je paye mes salariés
48:51pour qu'ils achètent mes voitures.
48:52S'il n'y a plus de salariés,
48:53donc il n'y a plus de salaire,
48:54donc il n'y a plus de chiffre d'affaires
48:55pour les entreprises.
48:56Donc, on ne va pas mettre
48:57tout le monde à la rue
48:58puisque, de toute manière,
48:59ça ne ferait pas.
49:00La mécanique,
49:01elle est économique et simple.
49:02Il faut travailler
49:03pour avoir un salaire
49:04et puis, après,
49:05pour acheter des produits.
49:06Donc, on n'a pas trouvé
49:07encore d'autres modèles
49:08dans notre système
49:09qui fonctionnent.
49:10Autrement.
49:11Merci beaucoup
49:12à tous les quatre
49:13d'avoir été avec moi
49:14cet après-midi.
49:15Merci Stéphanie Villers,
49:16merci Cathy Brême,
49:17merci Jean-Gabriel Ganassia
49:18et puis merci beaucoup,
49:19Julien Pain,
49:20de nous avoir éclairés,
49:21d'avoir été avec moi
49:22sur ce plateau cet après-midi.

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