Plusieurs dirigeants politiques et de la tech sont attendus à Paris les 10 et 11 février pour assister au sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle. La France souhaite lancer un "réveil européen" dans le domaine, face aux investissements américains et chinois, alors que l'IA devrait prendre de plus en plus de place dans nos vies.
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00:00Avec nous Maya Noël, bonjour. Vous êtes la directrice générale de France Digital,
00:08c'est la plus grande association de start-up en Europe. Merci d'être là face à Frédéric
00:12Simotel, le rédacteur en chef de Tech&Co et Business&Tech sur BFM Business. Bonjour Frédéric,
00:18vous présentez aussi l'émission BusinessIA, vous êtes le spécialiste intelligence artificielle de
00:24notre groupe. Tiens, il se trouve que la France accueillera dans une semaine, lundi et mardi
00:29prochains, un sommet mondial sur l'intelligence artificielle et on vient d'apprendre que le
00:33vice-président américain, J. Davens, en serait. Il va faire le déplacement, ça va vraiment être
00:37le premier grand sommet mondial pour le coup sur l'intelligence artificielle, la présence de J.
00:42Davens. Oui, c'est vrai qu'on attend beaucoup de monde venu de différents pays. On a invité
00:47près de 100 chefs d'État à venir à cet événement-là, aussi beaucoup d'entreprises du monde
00:51entier. Le but, c'est vraiment de faire un moment clé pour pouvoir parler de l'IA et surtout des
00:55usages qui découlent de cette technologie. Ce qui est tout à fait stupéfiant, Frédéric, c'est qu'il
00:59ne se passe pas un jour sans qu'il y ait de nouvelles annonces liées à l'intelligence
01:01artificielle. Au début de la semaine, ChatGPT a dévoilé un prolongement de son outil, confronté
01:07à la concurrence du chinois DeepSeek. Quel est ce prolongement ? Qu'est-ce qui change très
01:13concrètement ? C'est aller toujours plus vite dans la recherche. Aujourd'hui, vous utilisez
01:16ChatGPT. Vous n'utilisez pas tout le monde, il faut expliquer d'ailleurs. ChatGPT, regardez,
01:22vous tapez « ChatGPT » sur Internet, vous allez voir ce moteur. On s'inscrit, on ne s'inscrit pas,
01:26il y a une version gratuite et on peut lui poser des questions. Comment on prépare une tarte aux
01:31pommes ? Ça, Google sait le faire, c'est plus que ça. Il y a ce qu'on appelle un prompt, c'est-à-dire
01:40c'est ce que vous allez demander à l'intelligence artificielle. Vous allez, par exemple, lui dire
01:43« Je dois préparer la lettre d'entrée au lycée pour mon fils dans un lycée qui a
01:52de la bienveillance, de l'accompagnement. » Il va faire toute la lettre. « Cher monsieur,
01:55je vous sollicite. » Instantanément. Précisément. En quelques secondes. Diffusable immédiatement.
02:01Diffusable immédiatement, sans faute d'orthographe. C'est ça qui est impressionnant.
02:04Et comme ça, vous allez pouvoir… Nous, journalistes, on fait régulièrement des
02:09recherches. On va lui dire « Tiens, rappelle-moi J. Davens, qu'est-ce qu'il a fait ? » Fais-moi un
02:15résumé un peu de tout ce qu'il a dit dans sa campagne sur les technologies. Il va aller vous
02:19chercher tout ça. Très structuré. Alors que Google va vous donner des liens. Lui, il va vous faire
02:23tout un programme. Et puis, on pourra même lui dire « Non, mais fais-le-moi en cinq points. Et
02:26puis, introduis-moi quelques graphiques. Et puis, si tu as deux, trois photos où on le voit avec des
02:30patrons de la tech, pourquoi pas ? » Et j'ai vu qu'on pouvait même lui parler maintenant.
02:33Ah oui. On l'utilise. Avant, j'écrivais. Ça, c'est vraiment la phase d'aujourd'hui. C'est
02:39qu'on lui parle. Moi, je parle beaucoup plus à mon téléphone. Enfin, à ChatGPT que…
02:43Y compris, s'il jargonne, il suffit de lui dire avec des mots plus simples. Et il refait le même
02:50texte, mais en plus simple. Plus accessible. Mais je dirais même que quand on est dans une
02:53discussion avec lui, on va même jusqu'à lui dire « Merci. Bonjour. » Et il répond. Il dit « Je
02:58suis en santé. » Tu crées une intimité avec l'intelligence artificielle. Exactement. Alors,
03:01il y a ChatGPT. Il y a DeepSeek depuis maintenant une dizaine de jours. Le robot
03:05conversationnel développé par les Chinois. Et puis, les Européens, ils sont un peu spectateurs
03:10de tout ça. Il y a quand même en France Mistral AI. Et nous, on a voulu savoir qui était le
03:14meilleur. Donc, on a testé avec Guillaume Barky et Théo Touché dans des essais. Trouver une recette
03:20avec ce qu'on a dans le frigo, les 3 IA que nous testons savent le faire. Que ce soit ChatGPT,
03:26DeepSeek ou la française Mistral. Omelette, salade, tartine. Chaque IA a bien pris en compte
03:32les consignes. Les 3 IA sont extrêmement rapides. Ça joue à quelques dixièmes de secondes. Mistral
03:38est quand même l'IA la plus rapide, très légèrement. Mais dès qu'on aborde des questions
03:42plus controversées, comme la politique, l'une d'entre elles refuse catégoriquement de répondre.
03:48Désolée, cela dépasse mon champ d'action. Parlons d'autre chose. Chaque IA a des biais
03:52de neutralité. Ça, c'est normal. Mais dans le cas de DeepSeek, là, dès que l'on commence à poser
03:56des questions sur le gouvernement chinois, on se heurte à un vrai problème d'objectivité. Pour
04:01cette spécialiste, l'important, c'est la concurrence. L'arrivée d'une IA comme DeepSeek sur le marché
04:06pousse les autres à s'améliorer. C'est vraiment important d'avoir des acteurs comme DeepSeek qui
04:10chamboulent un petit peu tout le marché et reviennent un petit peu à la course, au coût,
04:17à la productivité. Et donc là, on le voit avec OpenAI qui a sorti un nouveau modèle, justement,
04:21pour contrer tout ça. On aura sûrement Gemini qui va sortir, Meta qui va sortir. L'Europe l'assure,
04:26elle sera stricte sur la sécurité et le respect des données. Une régulation qui,
04:32selon cette spécialiste, pourrait freiner l'innovation sur le vieux continent. Les Américains,
04:37Maya, il y a les Chinois, les Européens, ils en sont ouf. On parle beaucoup de chat GPT, on parle
04:41beaucoup de DeepSeek. En fait, on parle de l'outil d'intelligence artificielle, mais on ne parle pas
04:45assez dans les débats de l'usage qu'on en fait. Et je pense que c'est un des objectifs de ce sommet,
04:48c'est de se dire qu'est-ce qu'on fait avec l'intelligence artificielle ? Et aujourd'hui,
04:51là où on est fort en Europe et notamment en France, c'est en santé. Je vais vous donner un
04:55exemple très concret parce qu'au final, l'intelligence artificielle, vous l'avez tous utilisée ce matin,
04:58je sais que certains ont travaillé avec ce matin, vous l'utilise sans même le savoir. Par exemple,
05:03vous avez une notification sur votre téléphone qui vous dit tiens, vous allez au travail,
05:05il va peut-être falloir emprunter tel itinéraire parce qu'il y a du trafic. Ça, on ne le sait pas.
05:09Mais il y a des choses extraordinaires dans le quotidien d'accessibilité que permet l'IA. Par
05:12exemple, je pense à la société Wondercraft, ce fameux exosquelette qui va permettre à des
05:16personnes paraplégiques de remarcher. Et c'est ça, en fait, sur quoi il faut se concentrer. Et je
05:20pense que l'objectif de ce sommet, c'est qu'est-ce qu'on fait de l'IA ? Alors justement, Emmanuel
05:23Macron se rend au centre anti-cancer de Villejuif ce matin. C'est la journée contre le cancer. L'IA
05:28est utilisée par la moitié des soignants. La moitié des soignants. Est-ce que ça révolutionne le monde
05:33de la santé et de l'intelligence artificielle et de quelle façon ? À différents égards. Je prends
05:38le cas d'un patient qui va chez le médecin et qui ne parle pas, par exemple, le français alors que
05:41son médecin est français. Il y a une solution comme Aliatech qui va permettre de pouvoir transcrire
05:45en direct ce que dit le patient. Donc ça change complètement. Une société comme Nabla va pouvoir
05:50retranscrire le compte rendu de justement la consultation en direct pour que le patient
05:55puisse se concentrer sur son patient. Après, au-delà de ça, on peut aller techniquement beaucoup plus loin
05:59puisque ça va assister le médecin, par exemple, dans l'analyse de radio. Ça va assister le médecin
06:03même à distance pour pouvoir suivre son patient. C'est-à-dire qu'on va faire du progrès, des
06:08progrès dans la médecine préventive au profit de la médecine curative. C'est bien ça. Tout à fait.
06:13Puisqu'on va pouvoir anticiper en ayant justement un maximum de données, en étant plus sur du
06:18sous-mesure vis-à-vis du patient, être capable d'anticiper les problèmes auxquels il va pouvoir être
06:22confronté. Et donc, quelque part, ça fait partie du modèle économique de la santé aujourd'hui.
06:26Pouvoir se concentrer sur la prévention et pas sur la guérison, ça offre des années de vie.
06:30Et ça a des répercussions également, cette notion de prévention des risques, sur d'autres secteurs.
06:36Je pense par exemple à l'industrie. Tout à fait, exactement. En fait, l'IA, c'est une sorte d'assistant
06:40qui va pouvoir aller plus loin que nos capacités humaines. Je pense à une société qui s'appelle
06:43DeepHawk, par exemple. DeepHawk, c'est une société qui va analyser les défauts d'un produit qu'on
06:48ne peut pas forcément voir à l'œil nu. Mais quel produit, par exemple ? Vous êtes sur une chaîne et
06:53vous avez une pièce que vous montez qui présente une toute petite fissure qui n'est pas visible à
06:58partir de... Genre un petit boulon. Exactement. Même pas un boulon, mais vraiment une fissure dans le boulon.
07:01DeepHawk, grâce à la vision et l'analyse, justement, de l'image dans tous les sens, ce que peut faire
07:07l'être humain, va pouvoir dire oui, effectivement, il y a un défaut et cette pièce, on ne va pas aller plus
07:11loin, on va la sortir de la chaîne de production, ce qui va éviter, quelque part, beaucoup de défauts
07:16de fabrication, de la surproduction, parfois, et beaucoup de temps, surtout. Qu'est-ce qu'on n'imagine
07:20pas encore, Frédéric, de l'intelligence artificielle ? À quoi faut-il s'attendre ?
07:26Il faut s'attendre à ce que ça nous simplifie la vie sur beaucoup de choses. Il ne faut pas
07:30forcément s'attendre à des révolutions. Alors, bien sûr, on aura des robots, on aura ces lectures
07:34d'images, mais ça va être au quotidien. Vous cherchez un voyage... J'ai l'impression que ça va très, très vite.
07:38Oui, alors, ça va extrêmement vite. Mais par exemple, un voyage, aujourd'hui, vous préparez un voyage, vous
07:44allez parler avec un robot, un chatbot, et vous allez lui dire, voilà, j'ai trois enfants, je voudrais une
07:48destination au soleil, j'ai un budget, voilà, je suis déjà allé à tel et tel endroit, et il va vous faire
07:53tout votre voyage. Mais non seulement, il va vous proposer, mais il va même vous proposer les
07:57réservations, il va organiser tout votre voyage. Clé en main. Voilà, clé en main. Et vous aurez des choses
08:01comme ça. Et alors, ce qu'il va faire, c'est qu'il va retenir tout ça, et puis, peut-être que trois,
08:06quatre mois plus tard, il va vous dire, tiens, ce n'est pas le moment de repartir, peut-être, dans une autre
08:10destination plus culturelle, parce que la dernière fois, vous étiez... Voilà, ça va être de l'assistance au quotidien.
08:15On avait l'exemple avec la cuisine, on a l'exemple dans l'éducation aussi, parce que là aussi, il va falloir
08:19que... Bon, les élèves, je pense qu'ils se sont déjà appropriés, mais que derrière, tout le système éducatif
08:24intègre tout ça, parce qu'il ne s'agit pas de bloquer les enfants à ne pas aller sur ChatGPT, ils iront de toute
08:29façon. Donc, c'est comment l'éducation nationale, comment l'enseignement va adapter ces technologies
08:34pour qu'on continue quand même à lire.
08:37L'IA sera vraiment capable de réserver pour nous et de payer avec nos... Enfin, en ayant les données de notre carte
08:41bancaire, elle va aller jusque-là ?
08:43Si on prolonge, oui, bien sûr. On lui aura donné les autorisations, mais on n'en est pas loin aujourd'hui.
08:49Mais c'est ça qui est intéressant, c'est-à-dire que c'est à la fois attrayant, est-ce que tu évoques, Marc, peut-être
08:53aussi inquiétant. Je suis toujours partagé, il y a une forme de schizophrénie. Est-ce que tout ça est réjouissant
09:01ou est-ce que tout ça est inquiétant ? Est-ce qu'il faut fixer des bornes, Maya ?
09:05Comme je le disais, c'est un outil et tout dépend de l'usage qu'on en fait. Là, dans les événements que cité Frédéric,
09:10c'est une forme de luxe de se dire qu'on peut nous réserver nos vacances en avance, voire aller jusqu'à payer,
09:14vraiment un assistant sur mesure à temps plein. Mais je pense qu'on peut aussi prendre cet outil dans l'autre sens
09:19en disant que ça va permettre une forme d'énorme accessibilité à des personnes qui ne pouvaient pas faire
09:23certaines choses. Je pense, dans les cas de figure, à des déficients visuels, par exemple, ou des malentendants
09:28qui, grâce à l'IA, par exemple, vont pouvoir entendre une conversation, en tout cas, la voir se retranscrire en texte
09:33ou via des avatars. Là, en fait, ça ouvre des énormes possibilités. Donc, tout est une question d'usage.