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Permettre aux collaborateurs de créer des assistants intelligents, connectés aux infrastructures de l’entreprise, pour "accélérer leur travail" : voici l’objectif que s’est fixé la start-up française "Dust". Les précisions de son co-fondateur, Gabriel Hubert, présent au sommet international sur l'IA à Paris.
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00:00Et on repart à Paris donc pour évoquer ce salon consacré à l'intelligence artificielle, grand salon international.
00:06Bonjour Gabriel Hubert, vous êtes participant également de ce sommet international consacré à l'intelligence artificielle.
00:15Vous êtes cofondateur de la start-up DUST, vous êtes présent donc à Paris. Alors dites-moi comment ça se prononce ?
00:26Ça se passe très bien pour l'instant.
00:28Comment se prononce votre start-up ?
00:30Comptant DUST.
00:33Alors je vais vous la présenter au grand public. Dites-moi si j'ai faux, vous avez fondé cette entreprise en 2023
00:41et elle est souvent présentée comme l'une des pépites françaises de l'intelligence artificielle.
00:45Vous dépassez les 2 millions d'euros de revenus récurrents annuels en 2024.
00:50Déjà est-ce que vous pouvez nous la présenter cette start-up ?
00:55Oui bien sûr. DUST c'est une plateforme qui permet à des entreprises de facilement déployer des agents IA
01:04connectés à leurs données internes, des données qui sont parfois très sensibles,
01:08tout en ayant accès aux meilleurs modèles, les modèles de Mistral ou de Gemini ou d'Entropique ou d'OpenAI.
01:14Donc c'est une plateforme qui va permettre à tous les métiers au sein de l'entreprise de bénéficier d'agents
01:20qui vont augmenter leur productivité sur des scénarios de transmission d'informations, de génération de données, de graphiques ou d'analyses
01:27et qui permet à certains de nos clients d'avoir plus de 80% d'entre eux qui se servent de DUST d'une manière ou d'une autre tous les jours de la semaine.
01:34Donc concrètement ça veut dire que j'aurais pu avoir un assistant virtuel pour préparer l'interview ?
01:42Oui vous auriez peut-être pu en avoir plusieurs. Un pour trouver exactement qui j'étais et ce que faisait ma société.
01:47Un pour imaginer quelques questions, un pour générer quelques graphiques de couverture presque qu'on n'ait pu avoir
01:54ou de l'écosystème et de la compétition qu'on a. Voilà toutes ces choses-là qui auraient pu vous accélérer un peu la matinée.
01:59Donc c'est une aide, un assistant mais pas un remplaçant.
02:03Vous savez qu'ici en France l'intelligence artificielle elle suscite beaucoup de craintes pour l'emploi. Vous répondez quoi ?
02:11Absolument. Un de nos principes produits c'est d'augmenter plutôt que de remplacer.
02:15Pas simplement parce qu'on veut faire une positive un peu naïve mais vraiment parce qu'on pense qu'il y a une opportunité incroyable
02:22à donner aux employés les capacités, les exosquelettes qui leur manquent pour se débarrasser des tâches répétitives dont personne n'a vraiment envie
02:29et qui ne définissent pas les métiers des gens. On a parfois tort de confondre les tâches que les gens font pendant la journée
02:36et la valeur qu'ils apportent à une entreprise. J'ai passé une bonne partie de mon week-end aux urgences avec ma femme
02:42et je peux vous assurer que les infirmiers et les infirmières qui sont occupées de nous n'avaient absolument pas que ça à faire de remplir des fiches toute la nuit.
02:48C'est pourtant ce que ces personnes ont dû faire alors qu'elles aimeraient prodiguer des soins.
02:52C'est le genre de tâches et de parties de la journée dont ça se serait bien passé et avec lesquelles on pense que DOS pourra aider.
02:57Je lisais une interview du numéro 1 de l'OIT, c'est l'Organisation Internationale du Travail.
03:02Il dit que l'intelligence artificielle selon lui va accroître les inégalités entre les hommes et les femmes.
03:08Nous savons que la plupart des emplois qui seront automatisés, dit-il, seront des emplois dans lesquels nous aurons une majorité de femmes qui travaillent.
03:15Est-ce que ce risque est réel selon vous ?
03:20Je ne sais pas exactement de quel périmètre parle ce rapport.
03:23Ce que je peux vous assurer c'est que pour les métiers qui se passent à un ordinateur,
03:26il n'y a pas fondamentalement de raison que les femmes voient les tâches qui leur sont confiées plus ou moins automatisées que pour les hommes.
03:34Il se peut que le rapport se penche sur des métiers qui sont plus occupés par des femmes et pour lesquels l'automatisation est en route plus vite.
03:41C'est ce genre de nuances que je pense qu'il faut qu'on apporte rapidement à tous ces chiffres ou tous ces résultats un peu alarmistes.
03:48Ça pourra également créer des emplois, donner plus de flexibilité aux gens qui veulent participer au monde de l'emploi,
03:55ce qui pourrait par exemple bénéficier aux femmes tout autant que les hommes.
03:58Vous pensez que les entreprises qui n'utilisent pas aujourd'hui l'IA sont en train de rater le coche comme Internet il y a quelques années ?
04:08Je pense que je peux le dire assez franchement.
04:11Tout simplement parce que les cas d'usages concrets déjà disponibles avec la technologie qui est là sont relativement intéressants
04:19et dans certains cas peuvent faire gagner 20, 30, 40% de productivité.
04:24Donc ne pas explorer ces opportunités quand on est une entreprise c'est un petit peu la politique de l'autruche
04:30sachant qu'on est dans un marché ouvert avec de la compétition
04:34et qu'il n'y a aucune raison que les autres entreprises n'aillent pas regarder ce qui peut leur être bénéficiaire dans cette nouvelle industrie.
04:41Et il n'est pas un peu difficile aussi de convaincre les entreprises de vous donner aussi accès à leurs données personnelles ?
04:47Ça peut être des données sensibles ?
04:51C'est un excellent point et c'est une des raisons pour lesquelles on se concentre avec Dust sur ce sujet depuis bientôt deux ans.
04:58Les modèles les plus puissants sont intéressants mais ne sont vraiment utiles dans le monde du travail
05:04que quand ils sont mis en connexion avec les données internes de l'entreprise
05:08et là ce qui est critique évidemment c'est de pouvoir le faire dans des conditions de sécurité, de visibilité et de contrôle
05:14qui sont correctes pour les entreprises.
05:18Donc on fournit une plateforme qui donne le contrôle complet aux entreprises,
05:23des données qu'elles fournissent, des assistants qui ont accès à ces données
05:27et une visibilité dans les cas d'usages qui ont pu être présentés ou fournis aux employés.
05:33Je crois savoir, c'est l'intelligence artificielle qui me l'a dit, que vous avez travaillé aux Etats-Unis.
05:37Les entreprises françaises, vous les voyez plus hermétiques à l'IA ou pas ?
05:41Je pense qu'on est dans une situation où il y a plus de points communs entre certaines entreprises,
05:49où qu'elles soient dans le monde, qu'il y en a entre des entreprises qui adoptent plus vite cette technologie
05:55et celles qui décident de l'adopter moins vite au sein du même pays.
05:58Donc en moyenne je pense que les entreprises en France adoptent peut-être un peu moins vite
06:03que leurs homologues américaines l'intelligence artificielle
06:07mais il y a au sein du groupe économique des entreprises en France des entreprises qui se détachent,
06:13qui font vraiment figure de référence en matière d'adoption.
06:16On a la chance de compter parmi nos clients les entreprises comme Doctolib ou Conto ou encore Alan
06:21qui permettent à leurs employés de toutes et tous avoir accès à cette technologie
06:26pour découvrir localement, autour d'elles, par métier, les cas d'usages qui sont les plus propices.
06:32Donc je ne dirais pas que la France est perdue et que c'est le début de la course
06:36mais en effet ce qu'on observe c'est que l'adoption aux Etats-Unis se fait quand même de façon un petit peu plus enthousiaste.
06:41Et les perspectives, vous l'avez, comment l'avenir de l'IA en entreprise,
06:46c'est quoi les tendances qui vont dominer les prochaines années selon vous ?
06:52Je pense que l'année dernière était vraiment l'année de l'accélération,
06:56celle où on a compris qu'il y avait un certain nombre de tâches qui pouvaient prendre 5 minutes
06:59là où elles nous prenaient parfois une heure ou deux.
07:01Je pense que l'année 2025 va vraiment être l'année de l'orchestration,
07:05le fait de pouvoir donner à des agents des tâches de plus en plus complexes
07:09et de les faire travailler pendant une quinzaine ou une vingtaine de minutes,
07:12de leur demander de revenir avec un plan, des options, une proposition.
07:17Donc ça va vraiment être une année où il va falloir que les employés comprennent
07:20l'opportunité qui leur est offerte, celle de pouvoir parler à plusieurs agents en parallèle
07:25et de les orchestrer pour mieux faire leur travail.
07:27Ça c'est vraiment une tendance qui m'a l'air assez certaine.
07:29Il va falloir accompagner les employés, il y a une certaine acculturation, une formation à proposer ?
07:38Je pense que le problème de la transformation, de l'accompagnement et de l'éducation est absolument critique.
07:44Là où je reste optimiste c'est qu'il y a certaines technologies qui nous sont tombées dessus
07:47et pour lesquelles on n'a pas eu le temps ou pas eu le choix de se former
07:51mais où les employés s'y sont finalement retrouvés.
07:53Je prends l'exemple du téléphone portable, je n'ai pas l'impression que les formations en entreprise
07:57pour apprendre à envoyer un SMS ou recevoir un coup de fil sur son portable étaient nécessaires.
08:02Dans le cadre de l'intelligence artificielle générative, on a la chance d'avoir une interface qui est vraiment naturelle.
08:07On peut parler, on peut s'exprimer, taper en langage naturel et recevoir des résultats hyper intéressants.
08:13C'est une technologie qui a le mérite de presque voir la technologie s'effacer
08:18pour laisser place à la valeur que les entreprises et les employés peuvent créer au jour le jour.
08:23Gabriel Hubert, plus globalement Emmanuel Macron a annoncé 109 milliards d'euros d'investissement dans l'intelligence artificielle
08:31rien qu'en France dans les prochaines années.
08:33On est loin des 500 milliards annoncés par Donald Trump.
08:36Vous diriez néanmoins que la France est un carrefour de l'IA dans le monde ou en Europe ?
08:43Premièrement on n'est pas si loin que ça à toute proportion gardée étant donné la population française.
08:50C'est le cas des investissements annoncés.
08:53Deuxièmement oui je pense qu'il y a trois pôles pour l'intelligence artificielle.
08:58Évidemment les Etats-Unis, la Chine, l'Europe qui est en troisième position.
09:02Mais au sein de l'Europe je pense que la France peut se vanter d'avoir les talents, l'écosystème, l'infrastructure électrique,
09:09peu carbonée qui vont être absolument critiques pour continuer dans cette course qui n'en est qu'à ses débuts
09:15et dont on espère qu'elle apportera sur le territoire français beaucoup de valeurs et beaucoup de richesses.
09:21Je pense qu'en plus de l'annonce assez théorique des 109 milliards du président hier,
09:25moi ce que j'ai beaucoup aimé c'est l'annonce de l'ouverture à venir du data center de Mistral dans l'Essonne.
09:32Ça donne une localisation, un code postal, des métiers qui vont être créés et des bassins d'emploi qui vont fructifier.
09:41C'est intéressant puisque vous parlez des talents, vous en êtes un, vous êtes revenu en France après avoir travaillé aux Etats-Unis.
09:48Pourquoi ce choix et plus globalement comment est-ce qu'on fait pour faire revenir nos talents ici en France pour qu'ils travaillent dans l'intelligence artificielle ?
09:59Pourquoi pas ce choix ? Il y a plein de choses géniales en France.
10:02Je pense qu'on a la chance d'avoir un pays où la technologie n'occupe pas tous les écrans
10:08et où il y a une richesse culturelle et économique qui permet à ceux qui ont une carrière dans la technologie
10:13d'être confrontés à d'autres points de vue et d'autres réalités par rapport au côté parfois un peu monomaniaque de certains bassins d'emploi.
10:20On pense notamment à la Silicon Valley.
10:22Mais au-delà de ça, je pense qu'on a vraiment toutes les chances quand on regarde les formations qui sont en France
10:28et qui permettent à des cohortes d'ingénieurs, de designers ou de product managers de se former en France.
10:34On a vraiment beaucoup d'atouts.
10:36Donc qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut continuer.
10:38Je pense que c'est un début très prometteur, un début encore fragile qu'il faut absolument confirmer
10:43en permettant à ces entreprises de rester attractives pour des talents qui ont l'embarras du choix,
10:48qui peuvent aller se faire embaucher n'importe où dans le monde.
10:50Il va falloir être pragmatique sur les salaires qu'on leur offre, pragmatique sur les perspectives qu'on offre à leurs entreprises.
10:56Une stabilité à la fois réglementaire et économique qui permet à ces entreprises de se développer sereinement
11:01sans avoir peur d'un coup près qui tomberait ici ou là.
11:04C'est un écosystème qui grandira de lui-même puisque finalement les bonnes volontés qui cherchent à créer des entreprises
11:10ou à rejoindre des entreprises qui ont encore tout à prouver, c'est des gens qui aimeraient faire ça le plus près possible de leur famille,
11:17dans l'écosystème qui les éloigne le moins de leurs proches ou de ceux qu'ils aiment.
11:21Et si on leur offre cette opportunité-là, tout porte à croire que ces personnes-là le feront.
11:27Vous êtes plutôt optimiste. Vous attendez quoi de ce salon ?
11:31Plutôt optimiste, oui.
11:33Le salon a lieu sur deux jours. Vous attendez quoi de ce salon ?
11:37Il y a un volet qui s'appelle la gouvernance mondiale de l'IA. Est-ce qu'il y a besoin de plus d'encadrement ?
11:45Je pense que c'est intéressant que les États-nations se rassemblent et se posent des questions.
11:50Je ne sais pas si on trouvera toutes les réponses.
11:52Mais de garder les canaux de communication ouverts alors que s'ouvre une ère technologique assez nouvelle,
11:59potentiellement assez disruptive, ça paraît vraiment important.
12:02Au-delà de ça, des effets d'annonce dont on a pu en avoir quelques-uns déjà hier
12:07et dont on attend peut-être encore dans les jours à venir.
12:09Je pense que ces rituels, ils ont une importance à la fois pratique et symbolique.
12:13C'est pratique parce qu'on voit que beaucoup sont venus d'assez loin pour participer à ce sommet.
12:16Les Américains, les Européens, ils sont en bas derrière moi et j'en ai rencontré un certain nombre depuis ce matin.
12:21Je continuerai à le faire aujourd'hui et demain.
12:23Mais une importance symbolique aussi puisque dans ce bâtiment qui a accueilli,
12:27il n'y a pas si longtemps que ça, les épreuves des JO,
12:29et puis pendant plus d'un siècle avant ça, des démonstrations de force, d'expertise, de génie parfois,
12:36on donne une image concrète de ce que la France est capable de proposer à la génération actuelle et aux générations futures.
12:42Je pense que des personnes qui ont la moitié de mon âge ou moins peuvent regarder aujourd'hui et se dire
12:47« Tiens, finalement, c'est peut-être une carrière ou une industrie qui me tente.
12:50Je vais aller me renseigner un peu plus. »
12:51Et on a besoin de ces symboles aussi. Je pense que c'est important.

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