Abysse , aussi profond qu'il soit possible d'aller, ABYSSES, profondeur maximale
Quelle est la profondeur des océans ?
Aussi profond qu'il soit possible d'aller, abysses et grandes profondeurs. Tout un sujet.
Zone crépusculaire, zone hadale,
Au moment où vous m’écoutez git au fond des océans quelques 700 000 carcasses de baleine en décomposition. Réparties sur l’ensemble des plaines abyssales de notre planète, cela fait en moyenne une carcasse de grands cétacés tous les 25 kilomètres. Chacune d’entre elles constituant - pour les 400 espèces animales différentes pouvant être observées en train de s’en délecter - d’immense réserve de nutriments, des cadeaux tombés d’en haut. D’un point de vue nutritif chacune de ces dépouille c’est, sur une zone d’un hectare, l’équivalent de 2 000 ans de neige en apport de matière organique.
Au fond de la fosse des Marianne, par 10 971 mètres de fond, au sein du Challenger Deep, le canyon le plus profond du monde, sur chaque centimètre carré de surface, elle est équivalente à celle qu’excercerait un éléphant en marchant sur vous avec des talons aiguilles ou encore celui d’une petite voiture posé sur un ongle de main.
Aujourd’hui, si douze humains sont allés marcher sur la lune, seuls 4 sont descendus à plus de 10 000 mètres. Et les cartes dont nous disposons de la surface de Mars restent toujours plus détaillées que celles des reliefs sous-marins de notre propre planète. Encore aujourd’hui, certaines zones du globe tel que le sud de l'Atlantique, les monts sous-marins du Pacifique, ou encore les océans australes et arctiques restent en grande partie inexplorés. Ainsi, lors de chaque campagne d’étude scientifique de l’océan profond qui y sont menés, il n’est par rare de remonter - à chaque plongée - plus de 50 % d'espèces non identifiées
Avec le soutien du Centre National du cinéma et de l’image animée en partenariat avec LeBlob.fr, la CITE DE L’OCÉAN et Copernicus Marine service / Mercator ocean.
Images crédits: NOAA / IFREMER
#mondesdudessous #baladementale
Quelle est la profondeur des océans ?
Aussi profond qu'il soit possible d'aller, abysses et grandes profondeurs. Tout un sujet.
Zone crépusculaire, zone hadale,
Au moment où vous m’écoutez git au fond des océans quelques 700 000 carcasses de baleine en décomposition. Réparties sur l’ensemble des plaines abyssales de notre planète, cela fait en moyenne une carcasse de grands cétacés tous les 25 kilomètres. Chacune d’entre elles constituant - pour les 400 espèces animales différentes pouvant être observées en train de s’en délecter - d’immense réserve de nutriments, des cadeaux tombés d’en haut. D’un point de vue nutritif chacune de ces dépouille c’est, sur une zone d’un hectare, l’équivalent de 2 000 ans de neige en apport de matière organique.
Au fond de la fosse des Marianne, par 10 971 mètres de fond, au sein du Challenger Deep, le canyon le plus profond du monde, sur chaque centimètre carré de surface, elle est équivalente à celle qu’excercerait un éléphant en marchant sur vous avec des talons aiguilles ou encore celui d’une petite voiture posé sur un ongle de main.
Aujourd’hui, si douze humains sont allés marcher sur la lune, seuls 4 sont descendus à plus de 10 000 mètres. Et les cartes dont nous disposons de la surface de Mars restent toujours plus détaillées que celles des reliefs sous-marins de notre propre planète. Encore aujourd’hui, certaines zones du globe tel que le sud de l'Atlantique, les monts sous-marins du Pacifique, ou encore les océans australes et arctiques restent en grande partie inexplorés. Ainsi, lors de chaque campagne d’étude scientifique de l’océan profond qui y sont menés, il n’est par rare de remonter - à chaque plongée - plus de 50 % d'espèces non identifiées
Avec le soutien du Centre National du cinéma et de l’image animée en partenariat avec LeBlob.fr, la CITE DE L’OCÉAN et Copernicus Marine service / Mercator ocean.
Images crédits: NOAA / IFREMER
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NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:12 Aujourd'hui, nous allons entreprendre un voyage qui nous mènera de la surface des vagues
00:17 jusqu'aux planchers océaniques et au-delà, dans les abysses,
00:20 aussi profonds et pressurisés qu'il soit possible d'aller.
00:24 [Musique]
00:31 Déjà, pour partir explorer les grands fonds, on rentre toujours par le plafond,
00:35 la surface, une porte d'entrée qui recouvre les deux tiers de notre planète.
00:39 Et c'est là, quelque part dans le Pacifique, un océan qui à lui seul est plus vaste
00:44 que l'ensemble des continents de notre planète réunis,
00:47 que nous allons commencer notre plongée.
00:49 Et voilà que, à peine notre descente dans la colonne d'eau entamée,
00:53 les températures commencent à chuter drastiquement et la luminosité a fortement décliné.
00:58 À 100 mètres de profondeur, même dans les eaux les plus transparentes,
01:01 sous le feu des projecteurs d'un soleil à son zénith,
01:04 la visibilité n'est déjà plus que de 5% de sa valeur en surface.
01:08 Ici, la lumière diffuse péniblement et tout y est comme imbibé d'une douce pénombre
01:13 où ne règne déjà pratiquement plus qu'un unique et grand bleu.
01:16 Et nous voilà arrivés à 200 mètres de profondeur,
01:19 laissant derrière nous la zone photique qui ne représente en volume que 2% de toute l'eau des océans,
01:25 mais abrite 90% de la vie marine qui nous est connue.
01:29 Nous pénétrons maintenant dans la zone crépusculaire, le début de l'océan profond.
01:34 L'intensité lumineuse résiduelle est descendue sous les 1% de sa valeur en surface
01:38 et la quantité d'énergie solaire à parvenir jusqu'ici n'est dès lors plus suffisante
01:43 pour permettre aux plantes de réaliser la photosynthèse.
01:46 Désormais, l'ensemble d'urène végétale est au-dessus de nous.
01:50 Puis, passés les 332 mètres de profondeur,
01:59 alors qu'une hauteur d'eau de l'ordre de celle de la tour Eiffel nous surplombe,
02:02 nous dépassons le point au-delà duquel n'est jamais descendu aucun plongeur en bouteille.
02:07 Tous ceux qui se sont aventurés au-delà sont descendus,
02:10 enfermés dans des boîtes, protégées par des parois de plusieurs centimètres d'épaisseur.
02:14 Cette colonne d'eau extrêmement vaste dans laquelle nous nous enfonçons
02:18 est l'un des environnements les plus grands et les moins connus de notre planète.
02:22 Peut-être même plus mystérieux que le plancher océanique lui-même,
02:25 car les submersibles qui s'aventurent ici sont souvent en transit,
02:29 de passage, en direction des grands fonds.
02:31 On estime ainsi qu'à l'échelle du globe, moins d'1% de cette colonne d'eau a été explorée.
02:37 Se déplaçant librement dans les trois dimensions,
02:39 les animaux évoluant ici sont souvent difficiles à observer.
02:42 Mais avec un peu de chance, dans cet environnement de plus en plus sombre,
02:46 pauvre en nourriture et soumis à une pression croissante,
02:49 on peut croiser de la vie qui a su s'adapter à ces conditions si particulières.
02:54 Claire-semée est très variée, elle comprend du zooplancton,
02:59 des crustacés, des méduses, des calamars, des siphonophores,
03:03 des poissons abyssaux et occasionnellement des requins,
03:10 des espadons ou des mammifères marins de passage.
03:13 On y trouve aussi de nombreux animaux gélatineux
03:16 qui semblent être tout droit sortis de délurés romans de science-fiction.
03:21 Sans échelle pour se figurer la taille de ce que l'on observe,
03:25 notre esprit, souvent encore imbibé de l'imaginaire des mythes et des légendes des abysses,
03:30 a tendance à se représenter ces créatures rodant dans les profondeurs comme gigantesques.
03:35 Sauf que la plupart ne dépassent pas les quelques centimètres de long.
03:40 Tels que les cyclotones, qui sont considérés ni plus ni moins
03:47 comme les vertébrés les plus nombreux de toute la planète.
03:51 Ici, dans la colonne d'eau, toutes les espèces évoluent dans un monde déconcertant d'uniformité,
03:57 sans repères visuels, sans reliefs ni saisons.
04:00 Songez qu'à ces profondeurs, même les plus terribles des ouragans sont sans effet.
04:05 Car bien que capables de déchaîner les eaux de surface,
04:08 ils n'ont déjà presque plus d'influence sur leur mouvement, passé une centaine de mètres.
04:13 Dans l'océan profond, loin des tumultes du roulement et de l'agitation des vagues,
04:18 c'est le calme plat perpétuel.
04:21 Et à mesure que l'on s'enfonce encore, la lumière fait occasionnellement son retour.
04:27 Car ici, évoluent de nombreux organismes ayant mis au point des moyens d'en produire par processus chimiques.
04:34 Ces phénomènes de bioluminescence, relativement rares sur Terre, sont légions dans la colonne d'eau.
04:41 On estime ainsi que près de 80% des animaux vivant entre 200 et 1000 mètres de profondeur
04:47 sont capables de produire de la lumière.
04:49 Il faut dire que disposer de cette capacité dans l'obscurité presque totale
04:53 donne un avantage pour s'accoupler, séduire, chasser ou ne pas l'être.
04:58 Car dans cette zone crépusculaire, même la faible lumière résiduelle provenant péniblement des couches supérieures
05:07 peut être détectée par certains prédateurs.
05:10 Et les proies potentielles, pour passer inaperçues, utilisent une technique dite du contre-éclairage.
05:16 Afin d'éviter que leur silhouette ne dessine par contraste une ombre,
05:19 elles se sont dotées, le long de leur ventre, de rangées de photophores
05:23 qui en émettant une lumière similaire en intensité et en couleur à celle provenant difficilement d'en haut,
05:29 leur permet de se fondre dans l'arrière-plan.
05:32 Et nous voilà arrivés au niveau des 1000 mètres.
05:35 Dans tous les océans du globe, à cette profondeur,
05:38 le thermomètre se stabilise invariablement autour de 4 degrés.
05:42 Dans les années 1930, deux aventuriers ont été les premiers à poser leurs yeux de terrien.
05:48 Sur cette nuit éternelle des grands fonds marins.
05:51 Simplement accrochés à l'extrémité d'un câble en acier enroulé autour d'un treuil mécanique,
05:56 ils sont descendus à ces profondeurs enfermés dans la toute première batisphère.
06:01 Contraints d'observer l'obscurité de poids au travers de hublots de quartz épais de 7 cm
06:07 pour résister aux 90 kg de pression s'exerçant sur chaque centimètre carré.
06:12 Ils verront ici passer quelques ombres mystérieuses.
06:16 Et le plus déstabilisant dans tout ça, c'est peut-être de penser que même à de telles profondeurs,
06:21 bien que surplombées d'une colonne d'eau de presque 1 km,
06:25 nous n'avons effectué qu'un cinquième du trajet qui nous sépare encore du plancher océanique situé 4000 mètres plus bas.
06:33 Ici, même le crépuscule s'est éteint. Plus aucun photon, même de faible énergie, ne parvient.
06:38 En dessous, au delà, c'est la zone de minuit.
06:41 Pour se nourrir en l'absence de plantes, tous les organismes évoluant continuellement dans cet environnement
06:46 dépendent directement ou indirectement des 20% de la production primaire de nourriture
06:51 produite à la surface qui finit par couler jusqu'ici.
06:55 À mesure que l'on s'enfonce toujours plus dans cette obscurité, désormais totale,
07:02 et seulement perturbée occasionnellement par la présence des organismes bioluminescents
07:07 et les faisceaux de lumière des rovers autonomes et des batiscaphes,
07:10 la vie commence à se faire plus rare.
07:13 Car la quantité de matière organique disponible continue, elle aussi, de chuter.
07:19 Et voilà qu'après deux heures de plongée, nous rentrons dans la zone abyssale,
07:25 avant de toucher le fond dans la foulée.
07:28 Bienvenue sur la plaine abyssale, une plaine d'une étendue démentielle à l'échelle de notre planète.
07:34 Car la surface totale des grands fonds, c'est 326 millions de kilomètres carrés,
07:38 500 fois plus vaste que la France, 34 fois que les Etats-Unis, 19 fois plus grand que la Russie.
07:44 Et la très grande majorité de ces fonds reste méconnue ou inexplorée.
07:49 Dans cet environnement hostile, la température de l'eau a très légèrement chuté.
07:54 Elle tutoie désormais celle du point de congélation.
07:57 Ici, ne survivent que des animaux, des bactéries, des archers ou des virus.
08:02 Et à l'exception des formes de vie qui fleurissent à proximité des évents hydrothermaux
08:06 et autres suintements froids, et dont nous avons longuement parlé dans un épisode précédent,
08:11 tous ces êtres vivants dépendent directement ou indirectement pour se nourrir
08:15 de ce qui daigne tomber jusqu'ici.
08:18 Autour de vous, le paysage est lunaire.
08:27 On y trouve ça et là quelques rochers, et le sol luit sous le feu des projecteurs,
08:32 comme si l'endroit était saupoudré de neige. Et dans un sens, il l'est.
08:36 Car sur ce plancher océanique finit par atterrir, par couler,
08:40 après des semaines de voyage depuis les couches supérieures de l'océan,
08:44 de 1 à 5% des matières organiques primaires produites dans la colonne d'eau.
08:48 Bref, il neige sous les mers.
08:50 Une neige marine constituée de débris microscopiques, de minuscules particules organiques,
08:55 provenant de morceaux de cadavres en décomposition, de résidus de plancton en suspension
09:00 et de petits bouts de squelettes microscopiques.
09:03 Tous ces débris qui tombent lentement en tourbillonnant finissent par se déposer sur le fond,
09:08 où, avec le temps, ils forment une sorte de boue, une fine couverture poudreuse,
09:13 que ni le vent, ni la pluie ne peuvent disperser,
09:16 et qui s'accumulent et tapissent le plancher océanique au rythme de 2 à 3 cm d'épaisseur
09:21 tous les 2000 ans en moyenne.
09:23 Dit autrement, vous venez d'atterrir dans le plus grand cimetière de toute la planète.
09:28 Sans l'existence de ces fins flocons de matière organique,
09:31 cet environnement hostile ne serait qu'un immense désert alimentaire.
09:35 Mais grâce à elle, on y trouve une macrophone extrêmement clairsemée
09:39 où concombrent de mer y côtoient donzelles et grenadiers.
09:43 Il est amusant de penser que cette boue, dont nous venons de parler,
09:47 par le jeu du mouvement des plaques tectoniques,
09:49 peut se retrouver compressée pendant des millions d'années,
09:52 transformée par le temps en roches sédimentaires, en calcaires.
09:55 On en retrouve aujourd'hui en surface.
09:57 Les falaises d'Etretat en sont des dizaines de mètres accumulées.
10:00 Et c'est à partir de ce type de roches faites de neige marine solidifiée
10:04 que nous avons construit les pyramides de Gizé,
10:06 le palais de Westminster, l'Empire State Building,
10:09 comme nos trottoirs en béton.
10:11 Toutes ces structures en contiennent,
10:13 et vous en avez probablement mis dans votre bouche aujourd'hui.
10:16 Car dans nos dentifrices se trouve une base de carbonate de calcium,
10:19 un composé crieux se formant à partir des squelettes microscopiques
10:23 accumulées dans les bouts du plancher océanique.
10:25 Quant au silicium, à partir duquel nous construisons nos puces informatiques,
10:29 il provient lui aussi en grande partie de coquilles de silice microscopique,
10:34 fossilisées et remontées à la surface
10:36 par des millions d'années d'activité tectonique.
10:39 Au fond de l'océan, à cette pluie de cadavres microscopiques
10:43 vient s'ajouter occasionnellement celle de mastodontes.
10:46 Car dans la pleine abyssale, il tombe parfois des carcasses de baleines.
10:52 Songez qu'on estime à 2 millions le nombre de ces grands cétacés
10:55 qui, toutes espèces confondues, évoluent dans les océans.
10:59 Ainsi, chaque année, environ 70 000 baleines meurent de vieillesse ou de maladie,
11:04 et dans la grande majorité des cas,
11:06 leur cadavre va couler vers le plancher océanique.
11:09 Dès lors, se forme autour du mort une éphémère oasis de vie
11:13 venant rompre l'apparente monotonie des grands fonds pendant plusieurs décennies.
11:17 Au moment où vous m'écoutez, gissent au fond des océans
11:20 quelques 700 000 carcasses de baleines en décomposition.
11:24 Réparties sur l'ensemble des plaines abyssales de notre planète,
11:27 cela fait en moyenne une carcasse de grands cétacés tous les 25 km.
11:32 Chacune d'entre elles constituant, pour les 400 espèces animales différentes
11:36 pouvant être observées en train de s'en délecter,
11:39 d'immenses réserves de nutriments, des cadeaux tombés d'en haut.
11:42 D'un point de vue nutritif, chacune de ces dépouilles,
11:45 c'est sur une zone d'un hectare,
11:47 l'équivalent de 2000 ans de neige en apport de matières organiques.
11:51 Pour les animaux qui évoluent ici, ces carcasses sont à la fois des aubaines,
11:56 des moments de répit et aussi l'occasion de recharger les batteries.
11:59 Car à vivre dans les grands fonds, il faut savoir faire des réserves.
12:03 Chez les poissons des profondeurs, savoir stocker de l'énergie est un enjeu majeur.
12:12 On pense ainsi que les grenadiers sont capables de survivre 5 mois sans manger.
12:17 Souvent contraints de parcourir de grandes distances pour se sustenter,
12:20 les poissons abyssaux sont passés maîtres dans l'art d'économiser leurs ressources.
12:24 Ici, les vivants, comprimés par plus de 500 barres de pression,
12:28 se meuvent au ralenti car au fil de l'évolution,
12:31 la densité de leurs tissus musculaires et osseux s'est particulièrement réduite.
12:35 Leur chair est devenue gélatineuse
12:37 et leur corps, chargé en eau et en matière grasse, a gagné en fautabilité.
12:42 Et alors que la hauteur de la colonne d'eau qui nous surplombe
12:45 est de l'ordre de celle de 17 tours Eiffel empilées les unes sur les autres,
12:49 pour s'enfoncer encore plus profond, il va nous falloir trouver des trous dans cette plaine.
12:53 Ou plutôt des fosses océaniques au niveau de zones de subduction,
12:57 là où les plaques tectoniques s'enfoncent les unes sous les autres.
13:00 Laissant toujours plus loin derrière nous l'existence d'un soleil définitivement englié,
13:05 enfoui sous plus de 6 km d'eau noire,
13:08 nous rentrons dans une zone qui tient son nom du dieu grec Hadès,
13:12 le maître des enfers.
13:14 Ici pourtant, dans les zones hadales qui comptent pour moins de 2% de la superficie totale des fonds marins,
13:20 il fait froid et la température de l'eau ne va plus en diminuant.
13:24 À descendre plus profondément, seule la pression gagne en puissance.
13:28 Au fond de la fosse des Mariannes, par 10 971 m de fond,
13:32 au sein du Challenger Deep, le canyon le plus profond du monde,
13:36 sur chaque centimètre carré de surface,
13:38 cette pression est équivalente à celle qu'exercerait un éléphant en marchant sur vous,
13:42 avec des talons aiguilles,
13:44 ou encore à celle d'une petite voiture posée sur un ongle de main.
13:47 Et pourtant, même dans l'un des environnements les plus inhospitaliers de notre planète,
13:51 il n'est pas rare de croiser du vivant.
13:54 Lorsqu'en 1960, le bâtiscaphe Trieste se pose après un peu moins de 4 heures de descente au fond de cette fosse,
14:04 les deux hommes à son bord regardent à travers le rublot et voient passer, vivant paisiblement là, un poisson plat.
14:11 Le bâtiscaphe ne restera qu'une vingtaine de minutes à cette profondeur.
14:15 Ici, explorer se résume souvent à jeter un bref coup d'œil, puis remonter dans la foulée.
14:20 Il faudra attendre 52 ans avant que quelqu'un ne retourne à cet endroit.
14:25 Aujourd'hui, si 12 humains sont allés marcher sur la Lune,
14:31 seuls 4 sont descendus à plus de 10 000 mètres de profondeur.
14:35 Et les cartes dont nous disposons de la surface de Mars restent toujours plus détaillées
14:39 que celles des reliefs sous-marins de notre propre planète.
14:42 Encore aujourd'hui, certaines zones du globe, tels que le sud de l'Atlantique,
14:46 les monts sous-marins du Pacifique ou encore les océans Austral et Arctique,
14:50 restent en grande partie inexplorées.
14:53 Ainsi, lors de chaque campagne d'études scientifiques de l'océan profond qui y sont menées,
14:58 il n'est pas rare de remonter à chaque plongée plus de 50% d'espèces non identifiées.
15:04 Dans le monde, les submersibles, ces sortes de vaisseaux spatiaux dirigés vers le bas
15:08 et pouvant atteindre les profondeurs de la plaine abyssale,
15:11 sont au nombre d'une petite dizaine.
15:13 Et malgré leur perfectionnement, l'étude de la vie des grands fonds reste très compliquée.
15:18 D'autant que souvent, la lumière éblouissante émise par les projecteurs
15:22 provoque la fuite immédiate de la faune abyssale.
15:25 Et son prélèvement relève parfois de l'exploit.
15:29 Songez que cette espèce de chthénophore, très répandue dans la colonne d'eau,
15:34 a pu être observée de très nombreuses fois, mais n'a jusqu'à présent jamais été collectée.
15:39 Frustration de savoir qu'à l'échelle du globe,
15:42 seuls 10% des fonds marins en dessous de 200 mètres de profondeur ont été explorés en détail.
15:47 Mais aussi joie à l'idée que les 90% restants, qui n'ont qu'à peine été effleurés,
15:52 regorgent, tapis au fond des océans, de merveilles à découvrir.
15:57 Habitants de l'air, ici ceux de l'eau,
16:01 ce projet un peu fou de vous faire découvrir cette planète, mer,
16:05 cet autre monde situé sous le nôtre, touche à sa fin.
16:08 On ne remerciera jamais assez toutes celles et ceux qui, sur KissKiss et sur les autres plateformes de soutien,
16:13 ont rendu cette aventure possible.
16:15 Et c'est avec un vague sentiment océanique à l'âme qu'on vous dit
16:19 « À très vite pour d'autres aventures ! »
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