1er Mai : "C’est Emmanuel Macron qui est dans l’impasse politique, pas le mouvement social."

  • l’année dernière
"Il y a les canaux juridiques, on attend la décision du Conseil constitutionnel sur le RIP, on aura une proposition de loi à l'Assemblée. Maintenant, nous sommes sur le terrain politique : ce gouvernement est dans une impasse pour gouverner." déclare Jérôme Guedj, porte-parole du Parti socialiste, député PS de l'Essonne.

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00:00 – Et notre invité politique ce matin c'est Jean M'Gage, bonjour.
00:03 – Bonjour.
00:03 – Merci beaucoup d'être avec nous député de l'Essonne,
00:05 perte-parole du Parti Socialiste.
00:06 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview
00:08 en partenariat avec la presse régionale,
00:10 représentée par Stéphane Vernet de Ouest France.
00:12 Bonjour Stéphane.
00:13 – Bonjour, bonjour.
00:15 – Merci d'être avec nous.
00:16 On va évidemment parler de ce 1er mai,
00:17 les cortèges hier marqués par des violences à Paris, à Nantes,
00:21 à Lyon, à Angers ou encore à Rennes.
00:23 108 policiers blessés.
00:24 Gérald Darmanin qui a déploré hier qu'une partie de la classe politique
00:28 ne condamne pas ces violences visant notamment la gauche et l'extrême gauche.
00:32 Est-ce que vous condamnez fermement ces violences ?
00:33 – Évidemment, moi je soutiens évidemment à chaque fois les forces de l'ordre
00:39 quand elles sont prises à partie par, nommons-les, des crétins décérébrés.
00:44 Les Black Blocs sont les idiots utiles de l'opposition à cette réforme des retraites.
00:47 La preuve c'est qu'on parle d'emblée,
00:49 au lieu de parler de l'ampleur de la mobilisation,
00:51 on va parler de ceux qui viennent pour casser, pour casser du flic,
00:55 pour casser des biens publics ou des biens privés.
00:58 Donc aucune complaisance, aucune tolérance pour cela.
01:02 Et donc moi je condamne.
01:03 Simplement c'est un peu cousu de fil blanc aussi de la part du gouvernement
01:08 de venir constater qu'un tel ou un tel n'a pas condamné.
01:12 Moi je ne veux pas faire de polémique sur le sujet
01:14 mais je mets quand même dans le débat public.
01:17 Et mon collègue sénateur Jérôme Durain,
01:20 ça fait une immersion intéressante à l'invitation de Gérald Darmanin.
01:25 Je veux qu'on ait dans ce pays un débat public
01:28 sur les conditions du maintien de l'ordre.
01:30 Parce que sur un point précis,
01:33 ça faisait plusieurs jours qu'on nous dit
01:35 il va y avoir 1000 ou 2000 Black Blocs
01:37 présents dans ces manifestations et ils ont bien été là.
01:40 Donc moi je pose aussi la question de l'efficacité,
01:43 de la prévention, de la détection, du repérage en amont
01:46 et de la manière de contenir ces Black Blocs
01:48 pour éviter qu'à ce point ils puissent être néfastes au mouvement social.
01:53 Je ne sais pas comment.
01:55 Je constate juste que depuis plusieurs années,
01:57 je ne jette pas la pierre uniquement à ce gouvernement,
01:59 depuis plusieurs années,
02:01 notamment depuis la loi travail en 2016,
02:03 on a la présence de ces casseurs,
02:06 de ces idiots, de ces crétins,
02:08 comme on veut en tous les cas,
02:10 de ceux qui viennent pour toute autre chose
02:12 que les motifs des manifestations.
02:13 Et il y a une sorte d'impuissance dans la doctrine
02:16 et dans la technique de maintien de l'ordre
02:18 à les contenir et à éviter les images désastreuses qu'on a vues hier.
02:21 Et encore une fois, j'exprime toute ma solidarité
02:23 à chaque fois qu'on voit des policiers qui sont pris à partie,
02:28 qui reçoivent des cocktails Molotov ou autre.
02:31 Et le questionnement sur la doctrine du maintien de l'ordre,
02:34 il est sur cette efficacité-là.
02:35 Et puis plus largement,
02:37 parce qu'il ne faut pas non plus éluder ce qui malheureusement peut aussi exister.
02:40 On a vu aussi des images qui sont problématiques,
02:43 de forces de l'ordre qui, épuisées, harassées
02:47 et peut-être sans cap clair,
02:50 se retrouvent elles-mêmes à participer à ce climat de tension
02:54 et parfois de violences policières.
02:55 – Donc il y a des violences policières pour ?
02:57 – Incontestablement, il suffit de voir les images,
02:59 elles ne sont pas forcément systémiques,
03:01 mais en tous les cas,
03:02 elles sont liées à la doctrine de maintien de l'ordre,
03:05 au nassage, à l'utilisation de certains armements
03:10 qui sont une anomalie française dans la scène européenne
03:15 de la doctrine de maintien de l'ordre.
03:17 – Il y a la problématique de la doctrine du maintien de l'ordre,
03:19 mais vous parlez d'action préventive,
03:21 le problème c'est que l'arsenal juridique n'existe pas
03:23 et si la loi venait à changer,
03:25 on entendrait partout dire que la France ne respecte plus les droits de l'homme,
03:31 va beaucoup trop loin en la matière.
03:32 Qu'est-ce qui peut être fait sur ce point précis ?
03:35 – En tous les cas, je veux qu'on ait ce débat-là,
03:36 il y a une sorte de tabou français à avoir…
03:38 – Vous ne porteriez à l'assemblée, ce débat ?
03:39 – Il y a une sorte de tabou à avoir un questionnement
03:41 sur l'efficacité du maintien de l'ordre.
03:44 On nous dit "c'est comme ça, circulez, il n'y a rien à voir".
03:46 – Au-delà du maintien de l'ordre,
03:48 il y a aussi une problématique de l'ordre juridique ?
03:50 – En tous les cas, dans une manifestation,
03:52 quand vous avez des attroupements qui s'organisent,
03:55 qui sont repérés, etc.,
03:57 je pense qu'il y a un cadre juridique qui permet aujourd'hui d'intervenir.
04:01 Je ne vous dis pas d'aller arrêter les gens
04:03 au moment où ils partent de chez eux en amont,
04:06 quoique dans certaines situations.
04:07 Vous verrez, on a été capable de faire des choses,
04:10 je pense notamment au hooliganisme dans les stades,
04:12 où on a été capable, quand je parle de gens
04:15 qui ont déjà été condamnés, qui ont déjà été identifiés par la justice,
04:20 on a été capable d'avoir des mesures préventives
04:23 sur le terrain de la violence dans les stades.
04:24 – Dans les stades, ce sont des enceintes privées,
04:27 dans la rue, ce n'est pas pour partir, ça n'existe pas.
04:29 – Oui, mais d'accord, donc on fait quoi ?
04:31 – C'est la question qu'on vous pose.
04:32 – À chaque moment, on va passer plus de temps à débattre.
04:34 – Est-ce que vous, en tant que député,
04:37 est-ce que vous, en tant que député,
04:38 confieriez une proposition à la matière ?
04:40 – Moi, je suis un républicain conséquent,
04:42 et donc quand j'ai un problème de maintien de l'ordre
04:44 avec des gens qui délibérément viennent pourrir un mouvement social,
04:48 je me dis qu'il faut qu'on règle ce problème-là.
04:50 Mais je ne le ferai pas en passant par-dessus bord
04:52 les libertés publiques et les abus éventuels qui peuvent être faits.
04:54 Mais attendez, cette ligne de crête, pour l'instant, personne ne la recherche,
04:58 je pense que c'est un débat, il n'y a pas de débat interdit,
05:00 a fortiori, je le redis, quand on a passé déjà beaucoup de temps
05:03 à parler de ceux qui sont venus pourrir ces manifestations,
05:06 alors que ces manifs ont été quand même un grand succès.
05:09 – Mais on va en parler, mais vous dites,
05:10 ce sont les idiots utiles du gouvernement,
05:12 ça veut dire que vous craignez que ces violences affaiblissent le mouvement,
05:15 les soufflent ?
05:16 – Évidemment, quand on a ces images désastreuses, amplifiées, regardées,
05:22 et c'est normal de les regarder, on passe plus de temps à les évoquer,
05:27 et puis il y a un effet un peu repoussoir, évidemment,
05:31 et je le redis, sur lequel cet effet, parfois le gouvernement joue et surjoue,
05:38 rien que cette mise en cause permanente en disant
05:40 "ah vous n'avez pas condamné, c'est donc que vous êtes des complaisants",
05:43 je veux dire, ça suffit, j'ai presque failli dire que c'était de bonne guerre
05:47 de la part d'un ministre de l'Intérieur,
05:50 mais là, quand même, c'est avec des gros sabots,
05:52 mais M. Darmanin est assez coutumier des gros sabots.
05:55 – 2,3 millions de manifestants selon la CGT,
05:57 près de 800 000 selon le ministère de l'Intérieur,
05:59 alors c'est pas le raz-de-marée espéré par les syndicats, vous êtes déçus ?
06:03 – Vous plaisantez, comparons avec les 1er mai,
06:06 c'est 7 à 10 fois plus que les 1er mai habituels,
06:09 la dernière fois qu'il y a eu un 1er mai de cette ampleur,
06:13 c'était le 1er mai 2002 dans l'entre-deux-tours très particulier
06:16 de l'élection présidentielle avec Jean-Marie Le Pen.
06:19 – C'est rare que les 1er mai soient unitaires de la part des syndicats.
06:22 – Oui, mais en tous les cas, c'est une 13e journée de mobilisation réussie,
06:26 il faut le mettre au crédit de l'intersyndicale,
06:29 en effet de cette dimension unitaire et qui atteste d'une chose,
06:33 qui atteste de la permanence et de la profondeur dans le pays
06:37 du rejet de cette réforme de retraite.
06:40 Tous ceux qui pensaient qu'on allait pouvoir passer à autre chose,
06:43 tourner la page, et c'était l'ambition des fumeux 100 jours
06:47 présentés par Elisabeth Born la semaine dernière,
06:49 c'était assez symptomatique, elle n'a pas eu un mot
06:52 sur la question des retraites dans son allocution.
06:55 Ils veulent jouer une sorte d'amnésie, de résignation, d'oubli,
07:00 là ce que nous dit le mouvement, ce que continuent à dire les sondages
07:05 et n'importe quelle discussion dans une famille ou au boulot,
07:08 c'est que les gens n'oublieront pas, ça doit être le sparadrap du capitaine Haddock,
07:13 le boulet de ce gouvernement parce qu'il s'est entêté,
07:16 la protestation ne se dément pas et que d'une manière ou d'une autre,
07:21 il y aura remise en cause de cette réforme de retraite.
07:23 – Alors d'une manière ou d'une autre, de quelle manière ?
07:24 Comment est-ce qu'on rebondit ?
07:25 Comment est-ce que le mouvement peut se poursuivre aujourd'hui ?
07:28 – Alors il y a les canaux juridiques,
07:31 on attend demain la décision du Conseil constitutionnel
07:34 sur la deuxième vague du référendum d'initiative partagée.
07:36 – Vous y croyez ? Vous pensez qu'il sera validé ?
07:39 – Écoutez, le Conseil constitutionnel a des arcanes mystérieuses et complexes à décrypter.
07:46 Une demande a été faite, on verra si elle est validée,
07:49 c'est un chemin compliqué la mise en œuvre du référendum d'initiative partagée
07:54 mais ça atteste du fait qu'on a essayé d'user de tous les outils,
07:57 sommes toutes assez réduites dans ce parlementarisme rationalisé.
08:01 On va voir la décision du Conseil constitutionnel,
08:04 c'est que vous savez, le RIP a été fait d'une certaine manière en 2008
08:07 pour ne jamais être mis en œuvre, ou alors dans des conditions très très compliquées.
08:11 Donc on va voir, on a une proposition de loi
08:14 qui viendra à l'Assemblée nationale début juin d'abrogation,
08:19 tout ça nous permet de maintenir…
08:21 – Elle vous fait pour vous ?
08:22 – En tous les cas, moi je l'ai co-signé avec mes collègues du groupe socialiste.
08:25 – Vous pensez qu'elle pourra passer ?
08:26 – En tous les cas, elle va nous permettre à nouveau d'avoir le débat à l'Assemblée nationale
08:29 et de poser la question à toutes celles et ceux qui se sont opposés à cette réforme,
08:34 et je pense notamment aux Républicains, en leur disant
08:36 "là vous avez la possibilité d'incarner votre vote, ou dans tous les cas votre rejet,
08:41 vous n'avez pas pu le faire parce que le 49.3 a été dégainé,
08:45 là vous avez l'occasion de le faire".
08:47 Mais je vous ai dit que j'étais un Républicain conséquent,
08:49 je suis lucide aussi, je sais que c'est un chemin compliqué,
08:52 puisque après un vote à l'Assemblée nationale,
08:54 il faudrait aller au Sénat et on connaît le côté conservateur du Sénat
08:58 sur cet aspect des choses, mais encore une fois,
09:00 là je vous parlais du terrain juridique,
09:03 mais aujourd'hui nous sommes essentiellement sur le terrain politique,
09:07 c'est-à-dire que ce gouvernement est dans une impasse à gouverner,
09:11 et on le voit bien dans les difficultés à élargir la majorité qu'a Elisabeth Borne,
09:16 il est dans une impasse à convaincre les Français, parce qu'il ne le croit plus,
09:21 il a vu les mensonges, les pipos, les approximations,
09:26 l'entêtement, la brutalité démocratique,
09:29 la séquence a été désastreuse pour les gouvernements,
09:31 il y avait une impasse politique qui pouvait être surmontée
09:35 au lendemain des élections législatives,
09:37 avec la construction d'une nouvelle méthode de travail,
09:41 c'est tout le contraire qui s'est passé,
09:42 et donc aujourd'hui on est vraiment sur le terrain politique,
09:46 et ça doit continuer sur le terrain politique,
09:48 et la balle est dans le coin.
09:50 – Mais vous n'êtes pas dans une impasse pour faire échouer cette réforme des retraites,
09:52 est-ce que maintenant ce n'est pas trop tard ?
09:54 – Mais ce n'est jamais trop tard, ce n'est pas parce qu'une loi est votée
09:56 qu'on ne peut pas continuer à s'y opposer,
09:58 il y a plein de lois qui sont dans le droit positif, comme on dit en France,
10:02 avec lesquelles je ne suis pas d'accord,
10:04 et pour lesquelles je veux mener une opposition démocratique,
10:07 pour lesquelles le rendez-vous s'appelle l'alternance démocratique,
10:10 mais pour que l'alternance démocratique se construise en connaissance de cause,
10:13 il faut maintenir vivace le souvenir de ce qui s'est passé dans cette réforme des retraites,
10:18 à chaque fois qu'il y a eu un mouvement social d'ampleur dans ce pays,
10:21 il y a eu d'une certaine manière une réplique politique qui a suivi,
10:24 après les grèves de 1995, il y a eu la victoire de Donald Jospin en 1997,
10:31 après les grèves de 2010, il y a eu la victoire de la gauche en 2012,
10:37 à chaque fois c'était sur des questions relatives aux retraites.
10:40 – Mais vous reviendrez dessus si vous avez le droit,
10:42 on a entendu ça dans la précédente réforme,
10:44 et vous n'êtes pas revenu sur la réforme de France 2010 ?
10:46 – Non mais moi je n'étais pas aux responsabilités,
10:48 je vous dis une chose c'est qu'à minima nous reviendrons sur les 64 ans
10:52 pour revenir aux 62 ans parce qu'on ne peut pas avoir fait la démonstration
10:56 du caractère injuste et inutile de cette réforme
10:59 et ne pas leur remettre en question le moment venu.
11:04 – Vous n'êtes pas revenu sur les 62 ans, au contraire vous êtes passé à 43 annuités.
11:09 – Il faudra un vrai débat, oui mais moi je le regrette,
11:11 si vous me posez la question,
11:12 moi je n'ai pas voté cet allongement des cotisations à l'époque où j'étais parlementaire,
11:17 et je pense que sur la question des retraites qui est identitaire,
11:20 gérée dans l'identité républicaine, dans l'adhésion à un certain modèle social,
11:24 je pense qu'on peut faire autrement plutôt que de céder à la facilité
11:26 qui a été celle du gouvernement.
11:27 – Vous avez cité deux dates intéressantes,
11:29 celles des mouvements sociaux de 1995 et 2010,
11:31 deux ans après l'alternance a eu lieu,
11:33 deux ans après, là on a quatre ans avant la prochaine présidentielle.
11:36 – C'est notre défi, vous avez raison.
11:38 – Quatre ans c'est très long, comment on fait pour vivre cette impasse politique
11:41 et maintenir cette espèce de continuum pendant quatre ans ?
11:45 – Vous avez raison, mais l'impasse politique,
11:46 il faut quand même rendre à César ce qui est à Saint-Zar,
11:48 à César c'est Emmanuel Macron qui est dans l'impasse politique,
11:51 c'est lui qui est dans l'imposition de l'unité aujourd'hui.
11:52 – Alors je vais vous poser la question, comment est-ce qu'il peut en sortir
11:53 de cette impasse politique ?
11:55 La seule solution c'est de retirer le texte ?
11:57 – Là en l'espèce, il s'honorerait et au-delà de ça
12:01 il serait le garant de l'union et de l'unité nationale.
12:03 – Mais ça lui permettrait de sortir de l'impasse politique,
12:05 ça ne lui ferait pas une majorité pour autant ?
12:07 – Oui mais ça lui donnerait un peu de respiration,
12:09 d'abord on aurait pour nous atteint l'objectif,
12:13 voulu par l'écrasante majorité des Français,
12:16 qui est de ne pas appliquer au 1er septembre,
12:17 parce que moi on va rentrer dans le dur là,
12:19 à partir de septembre et octobre prochains,
12:21 sous réserve de la prise de la trentaine de décrets
12:24 qui doivent être pris pour appliquer cette réforme,
12:28 il y a des gens qui vont commencer à avoir un allongement
12:30 de leur durée de cotisation,
12:34 et donc moi je ne renonce pas à cette victoire
12:36 qui avant d'être une victoire politique,
12:38 est d'abord une victoire pour la vie des gens,
12:40 pour tous ceux à qui on va demander de travailler
12:41 deux ans de plus de manière injuste,
12:44 donc le retrait c'est ce qui permet par exemple
12:47 de renouer le dialogue avec les organisations syndicales,
12:50 et de ne pas être dans l'impasse du dialogue social
12:54 dans laquelle on a été de manière quand même assez paroxystique.
12:57 – Sur les organisations syndicales,
12:59 est-ce que vous souhaitez qu'il y ait d'autres journées de manifestation
13:02 ou est-ce que désormais ça ne sert plus à rien
13:04 et vous souhaitez d'autres formes de contestation ?
13:05 Est-ce que par exemple il faut perturber des événements,
13:07 des matchs de foot, le festival de Cannes,
13:09 est-ce que vous êtes favorable à ça ?
13:10 – La manifestation, la mobilisation sociale,
13:14 elle est dans le patrimoine social de ce pays,
13:17 et donc là où les syndicales, intersyndicales
13:20 et parfois les organisations politiques
13:22 auront des propositions à faire,
13:23 moi encore une fois ce qui m'intéresse
13:25 c'est qu'on maintienne une pression démocratique,
13:28 pacifique évidemment, sur le gouvernement pour pas qu'il ne passe…
13:31 – Mais Raquel, est-ce que vous cautionnez
13:32 que des événements sportifs et culturels soient perturbés ?
13:34 – Tout dépend de ce qu'on appelle "perturber",
13:36 avoir une expression symbolique,
13:39 regardez ce qui s'est passé samedi au Stade de France,
13:42 l'espèce d'hystérie sécuritaire dans laquelle la crainte
13:45 d'une expression somme toute symbolique,
13:48 je veux dire qu'un président se fasse siffler
13:50 ou que des cartons rouges soient arborés dans une enceinte sportive,
13:54 je ne vois pas en quoi c'est attentatoire
13:56 à y compris l'organisation de l'événement.
13:57 – Ça n'a pas très bien marché d'ailleurs, c'était un échec pour vous ?
14:00 – Non mais il a fallu, mais regardez le niveau d'hystérie
14:02 dans lequel on a été de la part du gouvernement,
14:05 avec un président de la République qui est obligé d'être présent
14:08 d'une certaine manière en catimini avec l'image
14:10 qui n'était pas présente dans le stade,
14:13 à un moment il faut assumer quand on est président de la République,
14:15 si on est droit dans ses votes, on prend des décisions,
14:17 on les assume et se faire siffler encore une fois,
14:20 mais ça participe du jeu démocratique, il n'y a pas à en avoir peur.
14:25 – Sur la suite, Laurent Berger dit qu'il se rendra à Matignon
14:29 quand Élisabeth Borne l'invitera, alors sous condition
14:31 et en disant que la confiance n'est pas là,
14:32 mais est-ce qu'il a raison d'accepter l'invitation ?
14:35 – D'abord il est souverain dans son organisation syndicale,
14:39 et je n'ai jamais considéré qu'il y aurait une rupture ad vitam aeternam
14:44 dû à la discussion et du dialogue, simplement on ne peut pas passer crème,
14:48 pardonnez-moi l'expression, et donc s'il faut par une période de décence
14:54 indiquer au gouvernement qu'on n'a pas oublié,
14:58 je pense que c'est ça aussi qui alimente le mouvement social,
15:02 là le gouvernement a voulu ouvrir des chantiers,
15:05 mais il ne faut pas oublier que ces chantiers en eux-mêmes
15:07 ils sont à nouveau problématiques,
15:09 moi je suis frappé par le fait qu'Élisabeth Borne nous ait dit
15:12 "on va rentrer dans une période d'apaisement",
15:14 mais les sujets qui sont mis sur la table,
15:16 la réforme du lycée professionnel, France Travaille est conditionné,
15:20 le RSA a une période d'activité obligatoire,
15:24 et les autres sujets qui ont été mis sur la table
15:27 ne sont pas des sujets qui sont super consensuels,
15:30 donc j'attendrai vraiment à ce que ce soit signifié.
15:31 – Mais vous avez déjà travaillé avec le gouvernement sur ce sujet,
15:33 sur la loi Travail, sur la loi Plein emploi ?
15:35 – Nous on a toujours indiqué que nous travaillons,
15:37 stylo à la main, sur les propositions,
15:40 mais simplement pardonnez-moi l'expression, mais chat et chaudé…
15:42 – Donc ce n'est pas un vote de rejet ?
15:43 – Chat et chaudé, crin l'eau froide,
15:44 depuis juillet dernier le discours de politique générale d'Élisabeth Borne,
15:49 ça n'a pas du tout été la pratique,
15:52 moi je le vois sur des textes sur lesquels j'ai travaillé,
15:54 je pense aux sujets relatifs au vieillissement de la population,
15:56 au bien vieillir, c'était le gouvernement tout seul qui travaille,
16:00 et qui impose son calendrier et ses toutes petites mesurettes,
16:04 et on l'a vu sur bien des sujets.
16:05 – Un mot, une question sur l'agence de notation Fitch,
16:08 qui a dégradé la note de la France,
16:11 et qui doute de la capacité d'Emmanuel Macron à poursuivre la réforme,
16:14 et qui dit que la poursuite de la contestation du mouvement social
16:17 a faibli le pays, qu'est-ce que vous en pensez ?
16:19 – Je pense que les agences de notation,
16:22 celles-là en l'occurrence, rendent hommage d'une certaine manière
16:24 au mouvement social, la dégradation de la note,
16:28 c'est une inquiétude libérale sur le fait que les mesures
16:32 ne sont pas assez dures, ne vont pas assez loin,
16:35 et ne produisent pas des effets de cure, si j'ose dire, suffisamment rapides.
16:43 Moi je n'ai jamais été un fan de ces agences de notation,
16:45 j'ai été présent dans un département et je subissais la notation…
16:48 – Alors vous savez aussi que ça peut avoir un impact
16:53 sur les finances publiques du pays, notamment sur la hausse des taux d'intérêt
16:58 que l'État français va l'emprunter.
17:00 – Dans ce cas-là, ça veut dire quoi ?
17:02 Ça veut dire qu'on assume qu'il y a des gens, un système financiarisé qui dit,
17:07 pour que je vous donne une bonne note, il faut que vous soyez encore plus durs,
17:11 il faut que vous réduisiez les dépenses sociales,
17:14 il faut que vous réduisiez le périmètre d'intervention des services publics,
17:20 et à ce moment-là vous serez dans un bon canal libéral
17:23 et je vous donnerai des bonnes notes.
17:24 Donc il y a aussi une capacité à s'extraire à ça.
17:27 Il y a toujours une part de souveraineté et d'indépendance.
17:32 Je fais un parallèle, à l'époque, nous on en avait marre de se faire noter
17:35 par ces organismes, on a créé l'agence des finances locales.
17:38 C'est un sujet dont les sénateurs ont beaucoup débattu,
17:42 c'est-à-dire à un moment donné de s'unir pour être en capacité d'emprunter ensemble
17:46 et avoir une force de frappe.
17:48 Donc à un moment donné, il faut aussi être en capacité de s'extraire de cette doxa
17:52 qui nous dit qu'il n'y a pas d'Erizno alternative,
17:54 le fameux mantra tachérien qui nous dit qu'hormis la baisse des dépenses sociales
17:59 ou des dépenses publiques, il n'y a pas de solution.
18:01 – Là il y a une alternative, le niveau d'endettement du pays,
18:04 3 000 milliards de dettes, 110% du PIB,
18:07 est-ce qu'on peut encore se permettre d'accroître les déficits ?
18:11 – En tous les cas, on peut se poser la question de savoir
18:14 pourquoi on est arrivé à ce niveau de déficit.
18:16 Dans la doxa libérale, personne ne pose jamais la question
18:19 de pourquoi la baisse des impôts qui a été décidée ces 4 ou 5 dernières années
18:23 a elle-même alimenté le déficit sans le fameux ruissellement…
18:27 – En tout cas, c'est ça, augmenter les impôts ?
18:28 – Non, en tous les cas questionner l'efficacité des baisses d'impôts
18:31 ou des exonérations de cotisations qui ont été mises en oeuvre,
18:33 c'est-à-dire que ce n'est jamais questionné.
18:35 Quand on a des exonérations de cotisations sociales,
18:37 on nous dit "ah ben c'est absolument indispensable pour l'emploi".
18:40 Moi, je viens de lancer, avec la mission d'évaluation des comptes
18:42 de la Sécurité Sociale à l'Assemblée Nationale,
18:45 avec un député Renaissance, Marc Ferracci,
18:47 une mission pour évaluer l'efficacité des exonérations de cotisations sociales
18:51 parce qu'on sait bien que certaines sont totalement inutiles
18:54 et impactent l'équilibre des finances publiques.
18:56 – On va te parler du PS et de la NUP, pour terminer,
18:58 Marine Tondelier, la chef d'Europe Écologie Les Verts,
19:01 a dit une nouvelle fois, une énième fois, j'ai envie de dire
19:03 qu'il n'y aura pas de liste commune aux européennes, vous le regrettez ?
19:06 – Oui, je le regrette par principe.
19:08 Chacun s'exprime avec son histoire, sa sensibilité,
19:11 mais nous sommes aujourd'hui dépositaires de ce qu'est la NUP,
19:14 c'est-à-dire une espérance qui a été levée il y a presque un an,
19:18 jour pour jour, en mai 2022, au lendemain de l'élection présidentielle,
19:23 ce rassemblement de la gauche et des écologistes était un fait inédit
19:27 depuis des années dans l'histoire politique du pays.
19:29 Et moi, je croise encore aujourd'hui des électeurs qui nous disent
19:33 "vous avez bien fait mais ne lâchez pas".
19:36 Donc après, il y a des mouvements centrifuges, je les entends bien,
19:39 la question des européennes en fait partie, mais au moins qu'on vérifie
19:43 si nous avons des accords ou des désaccords,
19:45 plutôt que d'être sur une position de principe.
19:47 – Et vous y croyez encore aujourd'hui ?
19:48 – Moi, je serai unitaire pour 2, pour 3, pour 5, pour 10,
19:52 et qu'à chaque fois qu'on a l'occasion de garder ce cadre commun,
19:56 de le préserver pour la suite des opérations,
19:59 parce que l'alternance et l'alternative, le moment venu,
20:02 ne pourra se construire que dans le cadre du rassemblement de la gauche
20:05 et des écologistes, en le faisant évoluer évidemment.
20:07 Et donc, moi, vous savez quoi, je n'ai pas envie,
20:10 au soir des élections européennes, d'avoir cette image désastreuse,
20:14 je la visualise déjà, d'avoir le Rassemblement National en tête,
20:18 suivi probablement de Renaissance, les deux au-dessus de 20%,
20:22 et pourquoi pas plus, et puis un gros trou entre les deux,
20:26 et puis un éclatement, une kyrielle, vous savez, de ces barres
20:29 entre Europe Écologie, les Verts, l'EPS, les communistes, les insoumis, etc.
20:34 Si cette image-là s'imprime au soir des élections européennes,
20:38 alors plein de gens vont se dire "mais qu'est-ce qu'ils ont fait ?"
20:40 – C'est peu ou prou l'image qu'on a eue aux dernières européennes,
20:43 en fait, à ce que vous êtes en train de décrire.
20:44 – Mais je suis absolument d'accord.
20:46 Et on a tourné la page de ces divisions mortifères à gauche,
20:49 à l'occasion des élections législatives,
20:52 en construisant rapidement un contrat de coalition,
20:56 c'est pour ça que moi je plaide pour qu'on travaille sur le fond,
20:59 là, Olivier Faure a proposé de se réunir dans le cadre du NAGORA,
21:06 en stylo à la main sur les questions notamment européennes,
21:09 et moi je souhaite qu'on le fasse sur tous les autres sujets.
21:11 Moi, l'horizon 2027, c'est construire un contrat de coalition
21:15 qu'on n'a pas élaboré en 13 jours et 13 nuits juste avant,
21:18 qu'on a pris le temps à partir de ce qu'est l'accord NUPES de 2022,
21:23 d'enrichir, d'amender, de faire évoluer, mais de travailler.
21:26 Montaigne disait "il faut se limer les cervelles dans la discussion les uns les autres".
21:31 Et bien continuons à le faire.
21:32 - Vous vous êtes encore incarné en 2027, comment vous désignez votre candidat ?
21:35 - D'abord, chaque chose en son temps,
21:36 mais moi je l'ai déjà dit dès le début du mois de janvier,
21:39 j'avais indiqué qu'une fois qu'on a fait ce travail sincère,
21:43 en gardant la NUPES,
21:44 et malheur à celui ou à celle qui va faire péter le cadre de la NUPES,
21:48 mais en gardant ce cadre-là, en ayant une démarche sincère,
21:51 en travaillant sur le fond de chacune des propositions,
21:54 la question sociale, la question écologique, la question fiscale,
21:57 la question républicaine, la question internationale,
21:59 enfin, enrichir le programme et le compléter,
22:02 on construit ce contrat de coalition pour les élections législatives de 2027,
22:07 parce qu'il faut qu'on sorte tous du crétinisme présidentiel dans lequel on est,
22:10 en se disant "il y a un homme ou une femme présidentiel",
22:12 construisons le programme des législatives.
22:14 On a compris qu'il n'y a pas de politique possible
22:16 si on n'a pas une majorité à l'Assemblée nationale.
22:18 Donc on construit ce contrat de coalition,
22:20 et après on va chercher celui ou celle qui peut l'incarner.
22:22 Et je le redis, je ne vois pas d'autre solution qu'une primaire,
22:26 pas à l'ancienne, parce qu'à l'ancienne, les primaires, c'était problématique,
22:29 parce qu'on tranchait à la fois la ligne et la personne.
22:31 – Mais à laquelle quasiment personne n'est favorable à part vous ?
22:33 – Parce que pour l'instant, tout le monde a en tête les précédentes primaires
22:37 où on tranchait à la fois une ligne et une personne.
22:40 Si on s'est mis d'accord sur un contrat de coalition,
22:42 on a donc une ligne, et après on choisit le meilleur ou la meilleure pour l'incarner,
22:47 et on aura à ses côtés des compétiteurs qui le jour, le moment venu,
22:51 soutiendront celui ou celle qui a gagné.
22:53 – Juste une question, vous dites malheur à celui qui cassera le cadre de la NUP,
22:55 est-ce qu'aujourd'hui, le paradoxe, c'est pas Jean-Luc Mélenchon
22:58 qui essaye de casser lui-même la NUP qu'il a créée ?
23:00 – Je… en tous les cas…
23:01 – Parce qu'elle ne veut plus de lui en fait.
23:03 Si vous aviez aujourd'hui à faire une primaire pour désigner votre candidat à gauche,
23:07 on est d'accord, c'est pas Jean-Luc Mélenchon qui sortirait du chapeau ?
23:09 – Si il décidait d'être candidat et qu'il était retenu
23:13 par la majorité des électeurs de gauche,
23:16 il deviendrait à ce moment-là notre candidat.
23:18 Mais il faut accepter ce cadre de la dispute apaisée,
23:22 ce cadre démocratique autour d'un programme.
23:24 Moi, ce qui m'intéresse le plus avant de parler de la primaire,
23:26 avant de parler de la présidentielle,
23:28 c'est qu'on se mette en ordre de bataille pour…
23:31 on le fait dans le travail parlementaire et c'est très heureux.
23:33 Là, je vais vous quitter pour rejoindre l'intergroupe de la NUPES
23:36 qui se réunit toutes les semaines.
23:37 On se parle, on affine nos propositions, la manière de nous opposer, etc.
23:42 Donc ça, c'est déjà un acquis.
23:43 Mais élargissons-le dans la préparation de l'alternative.
23:46 – Merci Jérôme Gage, merci beaucoup d'avoir été notre invité.
23:50 La Une de Ouest-France, Stéphane, mobilisation du 1er mai,
23:53 la rue maintient la pression.
23:54 Merci Stéphane, merci Jérôme Gage.

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