Mercredi 19 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Thierry Guille (Président, Raymond James Euro Equities)
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00:00 *Musique*
00:09 Venons-en plus spécifiquement encore au marché américain avec la saison des résultats qui va monter en puissance dans les prochains jours et les prochaines semaines.
00:17 Thierry Guil est à nos côtés, président de Raymond James, Roy Coutis. Bonjour et bienvenue Thierry.
00:21 Bonjour Édouard.
00:21 Merci d'être là. Vous venez généralement avec un graphe un peu marquant qui permet justement d'appuyer un peu vos convictions du moment chez Raymond James, Roy Coutis.
00:33 Thierry, en pleine saison de résultats avec un momentum action qui semble quand même plutôt favorable, très favorable en Europe, plutôt positif quand même sur le marché américain également depuis le début de l'année.
00:46 Beaucoup se posent la question de savoir si c'est un moment pour vendre, alléger un peu ses positions action dans la perspective de marge qui à un moment donné pourrait être mise sous pression.
00:59 Alors l'opportunité sur le marché américain pour des investisseurs européens, elle est doule en fait. D'une part elle est liée, c'est ce qu'évoquait Alice tout à l'heure, de marchés européens qui ont particulièrement été généraux depuis le début d'année.
01:13 Même si sur certains marchés dont la France a été assez concentrée, sur certains secteurs, dans les boîtes de luxe, aux États-Unis on a eu un peu le même phénomène.
01:20 Il ne faut pas se cacher, la hausse du S&P 500 depuis le début d'année, elle se regroupe essentiellement sur les GAFAM.
01:24 Vous avez 9 valeurs de plus de 500 milliards de market cap dans la tech qui ont affiché des hausses, au minimum de 20% et au mieux, c'est le cas d'Envia, plus de 80%.
01:32 Donc c'était quand même une hausse très spécifique.
01:34 Mais l'opportunité, elle existe aussi du fait du niveau du dollar. En général, quand les marchés se mettent en risque off, en quelque sorte, on assiste à un moment donné à un retournement du billet vert.
01:48 Et le billet vert, il a quand même pas mal cédé depuis quelques mois, il a lâché près de 15%, ce qui est beaucoup sur l'échange en l'espace de 6 mois.
01:55 Et vu des investisseurs européens et français en particulier, ça offre une opportunité, gagnant-gagnant, peut-être sur un marché qui a moins monté et un dollar qui est assez déprécié sur les cours actuels.
02:04 Toute la question, bien évidemment, maintenant, c'est sur quoi on se focalise et où sont les opportunités.
02:09 Est-ce que c'est le moment de rentrer quand on a des doutes et des interrogations sur les perspectives de résultats des entreprises ?
02:17 Peut-être pas pour les résultats du premier trimestre, mais tout le monde s'attend à un moment, et on l'a déjà commencé à le voir en séquentiel aux États-Unis,
02:24 un affaiblissement quand même de la dynamique bénéficiaire depuis quelques trimestres maintenant.
02:29 Certains craignent qu'à un moment, ça craque un peu du point de vue des résultats et des bénéfices des entreprises.
02:37 Le Q1 2023 aux USA devrait être en théorie, et a priori on espère que ce sera la réalité, en tout cas chez Raymond James c'est ce qu'on pense,
02:45 le point bas de la croissance des profits si vous êtes sur du 12 moins glissant.
02:49 On est au début de la saison des publics, ça a commencé la semaine dernière avec les grandes banques, on est sur un niveau attendu de -6,6 à peu près.
02:55 Il est fort à parier qu'en général, il y ait un écart entre les attentes et les résultats, mais ce sera à peu près l'ordre de grandeur.
03:04 Q2, Q3, Q4, ça sera une autre histoire. On part du principe qu'en même temps qu'il y aura une détérioration des marges,
03:10 si les ventes en phase d'inflation, qui a malgré tout duré, même si ça décélère aux États-Unis depuis déjà de nombreux mois, depuis octobre dernier,
03:17 un peu de temps après le discours de Jackson Hole qu'avait fait Powell, on devra avoir une légère amélioration des profits.
03:24 On a été chez Raymond James en juin de l'année dernière, une des premières maisons qui avions dit que les profits de 2013 devraient être...
03:33 - 23 ? - 2023, pardon, excusez-moi, 2023, sur des niveaux d'environ 215 dollars.
03:39 C'était des objectifs assez pessimistes à l'époque, si on se réfère à Facset par exemple qui estimait à l'époque 245 dollars,
03:46 ils sont pratiquement à ce niveau-là en début d'année. Vouloir parier sur ce niveau de profit sur fin 2023, c'est un exercice un peu compliqué
03:55 parce que ça dépend de beaucoup de choses. Trouver des niveaux de profit, il faut que vous trouviez les bonnes marges, les bonnes ventes,
04:02 mais on peut raisonnablement s'attendre à cet ordre-là. Le graphe que je vous ai apporté aujourd'hui, il a pour vertu de vouloir un petit peu expliquer,
04:11 pour vous donner une explication un peu courte, qu'il faut être capable d'acheter un marché avec des profits qui baissent.
04:17 Et donc, il y a deux périodes qui sont mentionnées là. Vous avez un graphe qui s'étale sur une durée de 20 ans.
04:23 La première zone grisée remonte à la crise financière de 2007-2008 avec un point bas qui a été touché en mars 2009.
04:30 La ligne bleue du haut représente en fait le SPI 500. La ligne verte représente les profits.
04:36 Vous voyez qu'il y a un décalage entre le point bas qui était touché en mars 2009, qui à l'époque sur le SPI était d'un niveau de 666,
04:44 et avec des profits qui eux-mêmes ont touché un point bas 9 mois plus tard. – C'est ça.
04:48 – Quand vous vous transposez sur la période Covid avec le point bas qu'on a tous connu il n'y a pas très longtemps, en mars 2020, même histoire.
04:56 Les profits s'effondrent, l'activité se ferme et la baisse des profits n'est touchée que finalement 6 à 9 mois plus tard.
05:02 D'où la question. Et voilà, nous l'idée c'est de savoir quand est-ce qu'il faut se mettre long du marché.
05:10 Et aujourd'hui on est un peu dans ce schéma-là. Si vous attendez les profits, il se dit en général, et encore une fois c'est des études un petit peu historiques,
05:20 les profits touchent leur point bas en général 6 à 9 mois après la fin d'une récession.
05:24 Alors j'ai relis cette phrase deux fois parce que je ne sais déjà pas si on va en avoir une et quand elle va commencer,
05:28 et encore moins quand elle va se terminer. Mais imaginons que cette récession pointe le bout de son nez dans les prochains mois,
05:33 qu'elle dure 2, 3, 4 mois, on verra bien. Celle de 2007-2008 était anormalement longue, celle de 2020 était anormalement courte.
05:40 On verra. Mais je pense que vous risquez de voir un point bas peut-être sur des profits US qui en 12 mois glissant seront touchés en début d'année prochaine.
05:50 Mais le marché il faut l'acheter plutôt dans une outil que maintenant. Maintenant je vais répondre à votre question.
05:57 Vous me demandiez ce qu'il faut l'acheter maintenant. Je ne suis pas certain. Je vais vous expliquer pourquoi.
06:02 Je pars du principe que la hausse du marché américain depuis le 1er janvier est une hausse qui techniquement n'est pas très belle.
06:08 Trop concentrée ? Pas assez large ?
06:10 Trop concentrée. Il y a plein d'indicateurs. Elle s'est concentrée sur des grosses boîtes de tech.
06:14 Quand vous regardez la composante de la hausse d'un marché, vous aimez voir une participation broad-based, très large.
06:20 Vous allez voir les nombres de titres qui se ratent au-dessus des moyennes mobiles.
06:23 50 jours, 200 jours, c'est un peu d'analyse technique certes, mais c'est important.
06:26 Cette largeur de marché on ne l'a pas aujourd'hui ?
06:27 On ne l'a pas. Ce qui veut dire qu'il y a toujours trois possibilités.
06:31 Le marché monte, il ne fait rien ou il baisse.
06:33 Je vais en train de dire qu'on n'est pas du tout dans le postulat d'une baisse de marché sensible.
06:37 On le dit depuis un petit bout de temps. On se parle ensemble depuis déjà pas mal de fois.
06:41 Et nous notre postulat était de dire en octobre le point bas du SPI était touché.
06:45 On était à 3006 basé sur des statistiques liées aux élections électorales qu'on avait évoquées à l'époque.
06:50 Je suis sûr qu'on est un peu dans le même schéma. Donc le marché a besoin de faire une pause.
06:55 On va voir ce que vont donner les résultats.
06:56 Si on a, ce n'est pas tant les résultats que les guidance qui vont être donnés par les management des boîtes.
07:01 Ça appelle à une certaine prudence.
07:03 Dans les grandes banques la semaine dernière, Jimmy Dimon qui est le patron de JP Morgan, c'est un petit peu ce qu'il a déclaré.
07:08 Mais les grandes banques c'est un peu le nerf de la guerre.
07:11 Wells Fargo, BAC, Bofar, JP Morgan ont annoncé de bons résultats.
07:16 La seule qui est un peu déçue c'est Goldman Sachs sur son activité obligataire.
07:20 C'est plutôt une bonne chose.
07:21 Donc à court terme, un peu de prudence.
07:26 Après si vous voulez qu'on parle de thématiques ou autre.
07:28 Pour rebondir là-dessus, il y a des stratégistes suivis évidemment.
07:33 Un des stratégistes de Bank of America qui publie chaque mois l'ambiance chez les investisseurs.
07:40 Il mesure le positionnement à travers le poids relatif des actions par rapport aux obligations dans les grandes allocations d'actifs.
07:48 La part des actions relatives aux obligations dans les allocations en avril 2023 n'a jamais été aussi faible que depuis mars 2009.
07:57 Un autre moment clé justement dans la vie des marchés.
08:01 Sa conclusion c'est que c'est un positionnement très bériche qui ne peut pas souffrir trop longtemps l'absence de récession.
08:08 Il faut que le désir de récession comme il l'écrit soit satisfait assez vite pour que ce positionnement soit "gagnant" chez les investisseurs.
08:18 Si la récession se fait encore attendre trop longtemps, si ce désir de récession est encore contrarié pendant quelques mois, quelques trimestres,
08:25 c'est un positionnement qui va faire très mal à tenir.
08:29 Vous avez dans les chiffres que vous citez, dans ce pessimisme, l'essence même du fuel pour une hausse de marché.
08:37 Et ça c'est très important. Je suis excessivement contrariant sur les marchés.
08:41 Il ne faut pas se baser que sur ce paramètre.
08:43 Mais vous avez l'essence même.
08:46 2022 était une année horrible, surtout des classes d'actifs.
08:48 Taux, actions, commodité, crypto, enfin crypto, tout ce que vous voulez.
08:52 Il y a une alternative depuis le début d'année aux Etats-Unis en particulier, c'est les marchés monétaires.
08:57 Vous avez sur les échéances courtes, on vous paye des rendements qui avoisinent pratiquement les 5% aux US.
09:02 On n'est plus dans le "tea in a market", on est dans le "tea on market", "there is an alternative".
09:06 D'où la question qu'on avait évoquée ensemble sur la location 60/40, location historique, qui peut être débattue.
09:13 Mais on est sur un schéma de positionnement écouti où il faut un petit peu un catalyseur.
09:19 Le catalyseur sur l'inflation, nous on dit depuis un petit bout de temps,
09:24 elle est quasiment, sans être provocateur, mais c'est quasiment plus un problème.
09:30 Elle décélère.
09:31 Si vous ne la prenez pas en 12 mois glissant, mais que vous la prenez depuis la tendance d'octobre,
09:34 lorsque la Fed a commencé à envoyer des signaux comme quoi elle sera moins agressive,
09:39 la tendance d'inflation aux Etats-Unis, elle n'est pas à 5.
09:41 Elle est entre 3,2 et 3,3.
09:43 Ça décélère.
09:44 Ce n'est pas les 2% que veut la Fed, mais on est en phase de décélération.
09:47 Donc la clé, il va venir des profits.
09:49 Et il faut que les sociétés délivrent.
09:51 C'est difficile d'avoir des allocations sectorielles quand on est en phase de "bear market" en général.
09:55 Vous avez deux secteurs qui marchent.
09:57 Les banques, aux Etats-Unis en tout cas, c'est les banques et les industriels.
09:59 Les banques, on est encore très traumatisés par la situation du mois de mars.
10:03 Moi, j'ai déjà été satisfait depuis la semaine dernière des grandes banques.
10:06 Je n'ai cesse de regarder les publications des banques régionales.
10:10 On suit près de 150 banques régionales chez Raymond James.
10:12 Donc les premiers résultats ne sont pas si mauvais que ça.
10:14 Un chiffre que je voudrais vous donner, la Fed publie des datas qu'on appelle H8.
10:18 Vous les connaissez peut-être.
10:19 Et depuis deux semaines consécutives, et je ne vais pas faire de deux semaines une tendance très longue,
10:24 mais il n'y a plus de bank run.
10:26 C'est-à-dire que l'argent revient vers les banques régionales.
10:28 Pareil dans les monnaies market fund, enfin, en tout cas...
10:31 La fuite s'est calmée.
10:32 Oui.
10:33 C'est plus la même intensité que ce qu'on a pu voir sur quelques semaines du mois de mars.
10:37 La crise de liquidité, pour l'instant, elle est terminée.
10:38 Je ne sais pas qu'elle ne va pas revenir.
10:40 Il y a des descentes aussi un peu.
10:42 On va voir.
10:43 Mais pour l'instant, ce n'est pas le sien à comment elle est marchée.
10:45 Donc on a en fait une situation qui se présente plutôt pas trop mal.
10:49 Si on arrive à avoir quelques bons résultats de boîtes,
10:52 j'entends de grosses boîtes de tech,
10:53 on a eu Netflix, vous l'avez cité, chez Raymond James, on est neufs.
10:56 C'est une histoire qu'on a un peu réservée depuis quelque temps.
10:58 Mais on verra bien sur les grosses boîtes de tech.
11:00 Ça, ça sera important.
11:02 Comment on s'expose en matière de thématique,
11:06 sans avoir encore le signal définitif peut-être d'un marché structurellement haussier ?
11:13 Il faut quand même bien faire quelque chose.
11:15 Donc le monétaire, ça, d'accord.
11:16 OK.
11:17 C'est une position d'attente.
11:18 Pour le reste, le risque/action ?
11:20 Si les taux poursuivent leur décélération,
11:23 il faudra avoir de nouveau un biais vers une approche value.
11:26 Quand vous regardez les indices boursiers américains depuis le début de l'année,
11:30 pour faire simple, c'était du large cap, des boîtes de croissance.
11:33 C'est le SPIC qui a monté, c'est le S&P 3000 gross, le 2000 pareil.
11:38 C'est ça qui a porté le marché.
11:39 Tous les indices value ont été en retard.
11:41 L'autre thématique qu'on regarde beaucoup,
11:43 parce que c'est un peu notre corps de recherche, c'est les mid-cap américaines.
11:46 Et si on est sur un cycle qui repart,
11:48 alors la croissance PIB 2023 aux US, elle est attendue par nous,
11:51 par la Fed, nous en avons autour de 1%.
11:52 On verra ce que ça donne.
11:53 Mais je pense que c'est là qu'il y aura des opportunités.
11:57 La thématique sectoriale,
11:59 les américains emploient le terme de "barbell approach".
12:00 C'est-à-dire, vous avez, il faut avoir un peu de tout.
12:03 Donc, il faut avoir un peu de tech parce que s'il est obèse,
12:06 vous allez avoir un re-rating du marché.
12:07 C'est tout l'enjeu d'aujourd'hui.
12:09 Le PE du SPIC.
12:09 Mécanique de revalorisation.
12:11 Voilà. Donc, vous voulez avoir un peu de croissance.
12:13 Mais après, on a évoqué tout à l'heure le cas de la santé en Europe.
12:16 Aux États-Unis, c'est un des thèmes où il y a de moins de décélération des profits.
12:20 Mais pour autant, le marché n'a pas payé la santé.
12:22 Alors, il faut être très sélectif.
12:23 UNH est une valeur que nous, on recommande beaucoup.
12:26 Du côté des compagnies aériennes, il y a des thèmes qu'on aime bien.
12:30 Voilà. Ça, c'est difficile d'avoir une vraie approche.
12:34 Mais je pense qu'industriel, avec un biais peut-être sur certains thèmes dans l'industrie
12:41 et une poche santé, ça peut être des secteurs qui sont re-warding sur 2023.
12:45 Merci beaucoup. Merci à vous deux.
12:47 Thierry Guil, je le rappelle, le président de Raymond James,
12:49 Roé Koutis et Alice Ducroix, qui nous accompagnaient également
12:52 pendant cette demi-heure gérante chez Bordier et compagnie
12:54 pour ses éléments d'analyse, de perspective sur les marchés
12:57 en matière de stratégie d'investissement des marchés en Europe
12:59 qui ne font pas grand-chose.
13:01 En attendant la suite des événements, d'autres résultats à venir,
13:04 évidemment, aux États-Unis.
13:05 Nous aurons les résultats de Tesla ce soir et après la clôture en Europe,
13:09 nous aurons la publication de L'Oréal, qui viendra ajouter encore un peu de couleur
13:14 après les publications de LVMH et Hermès la semaine dernière.
13:17 Voilà pour cette édition de la mi-journée.
13:19 On se retrouve à 17h en direct sur Bismarck.
13:22 [Musique]