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Chaque jour, des invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce mardi, Eugénie Bastié et Olivier Dartigolles.
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News
Transcription
00:00 Le club de la presse européen se donne 100 jours d'apaisement d'unités et d'actions,
00:06 voilà la formule, pour tourner la page d'une crise des retraites qui dure elle aussi depuis
00:10 100 jours.
00:11 Tiens, tiens, alors a-t-il trouvé les mots le président de la République pour apaiser
00:14 le pays et désensabler son quinquennat ? On débriefe cette allocution présidentielle
00:19 d'hier soir avec nos deux plumes du mardi.
00:21 Bonjour Olivier Dardigolle, bienvenue sur Europe 1, Eugénie Bastier également journaliste
00:25 au Figaro Vox.
00:26 Bonjour Eugénie, qu'est-ce que vous avez retenu de ces 13 minutes d'allocution Eugénie ?
00:29 Écoutez, Jésus a proposé de rebâtir le temple de Jérusalem en 3 jours, Emmanuel
00:34 Macron propose de rebâtir la France en 100, c'est une ambition extrêmement importante.
00:39 On voit que, moi ce qui m'a frappé c'est finalement le contraste entre l'ampleur de
00:44 l'ambition, c'est-à-dire on a vu énormément de chantiers sur la table, l'école, l'hôpital,
00:50 l'immigration, la sécurité, enfin à peu près tout, le travail, c'est-à-dire à peu
00:54 près tout ce qui touche les Français, en un laps de temps assez réduit.
00:58 Je trouve que cette ambition est disproportionnée, elle contraste avec la dévitalisation de
01:02 la parole d'Emmanuel Macron, le fait qu'effectivement sa parole n'imprime plus, et c'est ça qui
01:08 me frappe.
01:09 Alors on voit bien qu'Emmanuel Macron est hanté par le spectre de la chirakisation,
01:14 vous savez Chirac qui en 2002 après son élection face à Jean-Marie Le Pen avait 3 petits chantiers
01:20 qui étaient le plan cancer, la sécurité routière et le handicap, qui était effectivement
01:24 une vision très modeste et réduite du périmètre de l'action publique.
01:27 - Le syndrome du président mal élu parce qu'élu en...
01:29 - Voilà, et donc lui il veut faire l'inverse de Chirac en réalité, c'est-à-dire au contraire
01:32 faire des chantiers absolument mirifiques, et il met en peine à voir le fil rouge qui
01:41 articule ces différents chantiers.
01:43 - Mais est-ce que c'est crédible, tout à l'heure je parlais des douze travaux d'Hercule
01:48 Macron, d'une certaine manière Olivier Dardigolles, est-ce que le président était vraiment sérieux
01:52 ou est-ce qu'il cherchait simplement à gagner du temps, 100 jours ?
01:55 - C'était de nouveau assez lunaire, allez j'ai commencé par un bon point, il y avait
01:59 dans l'expression et la forme un peu moins d'arrogance, il a mis un peu d'eau dans son
02:03 vinaigre, même si quand il parle de la colère on sent qu'il ne la comprend toujours pas.
02:08 Sur cette image des 100 jours, petit rappel historique, c'est le retour de l'île d'Elbe,
02:13 c'est dire le sentiment d'isolement peut-être du locataire de l'Elysée, mais ça se termine
02:18 plutôt de manière moyenne, et assez dure puisque c'est Waterloo.
02:22 - Et ce qui est intéressant c'est que ce qui se dit des 100 jours c'est aussi le départ
02:24 de Louis XVIII de Paris et après son retour.
02:26 - C'est la bataille et la défaite de Waterloo, même si Waterloo c'était un 22 juin alors
02:31 que là il donne à sa première ministre un petit rhabio jusqu'au 14 juillet.
02:36 - Il y a une exception plus contemporaine des 100 jours.
02:39 - Mais ce qu'il paye cash, c'est le fait que normalement une élection présidentielle,
02:45 ça a été moins le cas les dernières années, les dernières décennies, mais quand même,
02:48 une élection présidentielle et une élection législative doivent donner un souffle, un
02:52 élan, une adhésion majoritaire du pays à un projet.
02:55 Or il n'y a pas eu de souffle, il n'y a pas eu d'élan, et donc le macronisme, comme l'a
02:59 dit Vincent Hervois dans sa chronique, semble à l'arrêt.
03:02 - Mais il y a quand même, on lit ça beaucoup dans les journaux ce matin et même dans la
03:07 rue, on entendait des français tout à l'heure de Strasbourg le dire, combien de fois le
03:11 chef de l'État a-t-il promis une nouvelle méthode, un plus d'écoute, moins de verticalité,
03:16 les gilets jaunes, après le Covid, après sa réélection, après les législatives
03:20 aussi, Jenny Bastia, le ressort fonctionne-t-il encore ?
03:23 - Non, je pense que le disque est rayé, effectivement, et alors Emmanuel Macron a dit quelque chose
03:28 d'intéressant hier, il a dit qu'il fallait redonner aux français l'impression, le sentiment
03:31 que voter c'était décider.
03:33 Et donc, en fait, il identifie la crise démocratique actuelle à une crise de l'action publique,
03:38 de la décision publique, plutôt qu'à une crise de la représentation.
03:41 Ce en quoi il n'a pas tort, mais je pense aussi qu'il évacue un peu rapidement la question
03:45 de la représentation, la question de la défiance et du lien politique cassé entre l'élite
03:50 et le peuple, au sens politique du terme.
03:52 Et je pense qu'il ne prend pas la mesure de cette crise démocratique, il y a aussi un
03:57 problème d'identification.
03:58 - Donc pour vous, il y a une crise démocratique ?
04:00 - Oui, c'est pour ça que pour moi, la seule sortie de crise efficace à cette impasse
04:03 politique que nous vivons, c'était la dissolution.
04:05 Et d'ailleurs, c'est ce qu'avait fait le général De Gaulle le 30 mai 1968, à l'issue
04:10 de mai 68, qui était une crise politique pas beaucoup plus grave, je pense, que celle
04:15 que nous vivons actuellement.
04:16 - Oui, mais est-ce que ça résout le problème d'efficacité de la décision publique ?
04:21 - Le problème n'est pas un problème d'efficacité, c'est un problème aussi de représentation,
04:26 de se sentir de légitimité politique.
04:29 Et je crois que c'est ça qui fait défaut à Emmanuel Macron.
04:31 Alors on peut multiplier les chantiers, on peut dire on va faire une espèce de méthode
04:35 coé, nous allons agir, nous allons agir, nous allons agir.
04:37 Si on n'a pas la légitimité, on ne peut pas agir.
04:39 - Moi je partage l'idée, la réalité d'une crise démocratique institutionnelle.
04:44 Après les Gilets jaunes, il dit, il fait le grand débat, sans que ce grand débat
04:52 n'ait amené à un changement dans les pratiques démocratiques.
04:55 Après la crise du Covid, la crise sanitaire, il dit "j'ai changé", sans qu'il n'ait absolument
05:01 changé d'un iota.
05:03 Et donc il y a aujourd'hui, en effet, la question qui se pose sur quelle sortie, quelle
05:09 issue.
05:10 De Gaulle fait la dissolution après 68 et en avril 69, il fait le référendum.
05:15 - Et il démissionne.
05:16 - Et il démissionne.
05:17 Là, on sent véritablement qu'il joue à plein le fait que les institutions le protègent,
05:24 mais sans pouvoir donner au pays le début d'un commencement d'une perspective de solution
05:29 et de sortie de crise.
05:30 C'est pour ça qu'il y a beaucoup de commentateurs aujourd'hui, de toute sensibilité politique,
05:34 qui s'inquiètent de la manière dont les choses vont évoluer.
05:38 - Oui, mais c'est intéressant parce que Général De Gaulle, si on fait un peu d'histoire,
05:42 fait la dissolution et aussi manipule l'outil du référendum parce qu'aussi, quelque part,
05:48 c'est un peu la soupape qui est prévue d'un pouvoir qui est pensé comme très autoritaire.
05:52 Ce qui est beaucoup plus...
05:54 Emmanuel Macron a parlé des problèmes d'efficacité de la décision publique, d'efficacité d'acceptation
05:58 même de la décision publique.
06:00 J'ai dit "bah si on n'a pas du tout le même type de pouvoir, qui est bien plus affaibli
06:05 qu'il n'était dans les années 60".
06:06 - Oui, un pouvoir très affaibli, effectivement.
06:08 - Non mais je pense qu'il a raison de dire qu'il y a une forme d'impuissance publique.
06:12 Simplement, la crise est tellement profonde que l'espèce de liste à l'après-verre des
06:17 chantiers qui étaient ouverts hier donne un sentiment de vertige.
06:19 Alors dans ce cas-là, il fallait choisir un chantier prioritaire en disant "nous nous
06:23 mettons, nous nous donnons tous les moyens possibles pour que ce soit le travail, l'éducation
06:28 ou la santé".
06:29 Mais on ne peut pas tout faire en un instant.
06:30 - Mais est-ce que ça résolvait la crise des retraites ?
06:31 - Non, et moi je pense vraiment qu'il y a un problème d'auditimité et qu'il aurait dû
06:34 courir le risque d'une dissolution en disant "écoutez, vous ne voulez pas de ma politique,
06:39 et bien débrouillez-vous quelque part.
06:41 Si vous voulez lire Jean-Marie Le Pen, si vous voulez lire Jean-Luc Mélenchon, allez-y
06:45 si vous voulez cette soupape populiste".
06:46 C'est vrai qu'il existait dans tous les pays européens, que ce soit l'Angleterre, l'Italie,
06:51 les Etats-Unis, il y a eu un moment populiste de décompression politique.
06:55 En France, nous ne l'avons jamais eu.
06:57 On va avoir dix ans de macronisme qui écrase finalement cette espèce de déflagration
07:03 populiste qui a été le cas de quasiment toutes les démocraties occidentales.
07:07 Et je crois que ça ne peut pas durer éternellement.
07:09 - Emmanuel Macron a voulu aussi, comme Cluado qui a fait le crime et dans quelle pièce,
07:14 il a voulu aussi tuer l'idée même du débat politique.
07:17 Quand vous avez un président qui dit "je suis à moi seul le camp de la raison, et
07:21 tous ceux qui contestent ma politique n'ont pas droit au chapitre, ils sont dangereux,
07:25 sédicieux", ça ne permet pas un débat politique aiguisé, approfondi.
07:29 Je suis assez d'accord sur l'idée de prendre une question à bras-le-corps.
07:32 Aujourd'hui, les inégalités scolaires sont le reflet exact des inégalités sociales.
07:37 Le séparatisme scolaire est quelque chose de catastrophique dans notre pays.
07:41 On a les plus mauvais chiffres à l'échelle de l'OCDE.
07:43 Prenons cette question à bras-le-corps.
07:45 Il y aura certainement du débat entre Jenny et moi sur la manière de résoudre la question scolaire.
07:49 Mais allons-y.
07:50 Le problème d'Emmanuel Macron, c'est qu'il convoque des sujets très régulièrement,
07:54 mais en les laissant crever au fil de l'eau, j'ai envie de dire.
07:58 - Alors, je voudrais vous faire réagir également à ce sondage publié ce matin par le journal
08:01 Le Figaro, fiducial Odoxa, sur la violence.
08:04 90% de la population pense que la casse est les heurts.
08:08 Avec la police vont se systématiser.
08:10 À titre de comparaison, on est 10 points au-dessus d'avril 2019,
08:14 pic de la séquence Gilets jaunes.
08:16 C'est vous dire l'ambiance.
08:17 Et puis, il y a cet autre chiffre qui nous interpelle.
08:19 57% des Français pensent que le pays pourrait connaître l'envahissement
08:23 d'un bâtiment institutionnel.
08:25 Comprenez, une action façon Capitole, 6 janvier 2021 aux Etats-Unis,
08:30 ou ce qui s'était passé à Brasilia, juste avant l'élection présidentielle au Brésil.
08:36 - Attention en effet à ceux qui m'accusent.
08:39 Mais ça me dit que quand on théorise le fait que les syndicats n'ont pas véritablement droit au chapitre,
08:43 qu'ils ne sont pas reçus pendant les 3 mois de la séquence sur les retraites,
08:46 quand on se comporte comme on vient de se comporter avec le Parlement,
08:50 quand on a théorisé le fait que les corps intermédiaires ne servaient plus à rien,
08:55 et quand on dit qu'un peuple peut quand même se saisir du référendum d'initiative partagée
09:00 pour s'exprimer, on le lui refuse, ça fait une addition,
09:04 j'airais mieux dire un condensé d'éléments qui font sens,
09:09 et des personnes peuvent se poser la question "alors vers quoi faut-il aller ?"
09:14 et ça peut nourrir en effet un imaginaire de violence.
09:17 - Le mot de la fin, Julie Basté ?
09:18 - Oui, d'ailleurs moi j'étais très choquée du rejet du RIP,
09:20 parce que c'était d'ailleurs une révendication des Gilets jaunes, le RIC,
09:23 et qu'on conçoive un outil démocratique pour ne pas l'utiliser,
09:27 on se moque des gens en réalité, on se moque du peuple,
09:31 et moi je n'étais pas forcément favorable au retrait de la réforme de la retraite,
09:36 mais je pense que ça fait partie de la crise que nous vivons,
09:39 c'est-à-dire qu'on a peur du peuple, et prendre son risque politique,
09:42 être Bonaparte, si Emmanuel Macron avait voulu être Bonaparte, il aurait dit sous.
09:46 - Merci à tous les deux, Olivier Dardigolle, Julie Basté,
09:48 des prises de position fortes tous les matins dans le club de la presse européen,
09:51 c'était un plaisir de vous avoir.

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