Pendaye Sidibe : "Le nombre d'excisions a augmenté durant la période covid."

  • l’année dernière
Avec Bruno Deval, gynécologue obstétricien et cancérologue. Auteur de « Le périnée féminin » aux éditions du Rocher et Halimata Fofana, auteure de « A l’ombre de la cité Rimbaud » aux éditions du Rocher.


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##NOEPISODE##
Transcript
00:00 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:03 Nous sommes en compagnie de Bruno Duval, gynécologue et également réparateur de femmes qui ont été excisés.
00:12 Comment ça s'appelle d'ailleurs cette opération ?
00:14 La clitoridoplastie.
00:15 Clitoridoplastie, facile à retenir, évidemment.
00:18 Alors, Panday Sidibé, vous êtes avec nous sur l'antenne, merci beaucoup de prendre la parole.
00:24 Vous êtes donc pour la troisième fois vice-présidente de l'association Excision Parlons-en.
00:32 Vous avez vous-même vécu l'excision.
00:35 Justement, on se posait la question avec Bruno Duval, qu'est-ce qu'on peut faire ?
00:38 Comment on peut interdire cette barbarie ?
00:42 Bonjour Brigitte, bonjour Bruno.
00:45 Merci pour l'opportunité que vous nous proposez concernant ce sujet qui est très important à mes yeux.
00:52 Tout simplement, on fait un travail autour de la sensibilisation.
00:56 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, en effet, comme vous l'avez précisé un peu tout à l'heure,
00:58 il y a certains pays qui pénalisent l'acte en lui-même.
01:01 Il y en a plein d'autres qui ne le pénalisent pas.
01:03 Et on a plein d'autres qui confirment un petit peu l'acte à travers la médicalisation de l'excision,
01:09 qui se pratique en effet dans les hôpitaux.
01:11 C'est ça, oui, donc de ce fait-là, c'est bien opéré en quelque sorte, donc c'est bien fait et donc il n'y a pas de problème.
01:17 C'est ça, il parle de ce principe-là.
01:19 Oui, alors qu'en effet, dans certaines contrées, c'est excisé à vif, sans endormir, etc.
01:28 C'est ça, il y a les excisions traditionnelles, en effet, faites par les exciseuses traditionnelles.
01:34 Il y a l'excision qui est pratiquée en effet dans les hôpitaux, là on parle de médicalisation de l'acte.
01:39 Je pose aussi une question.
01:41 Bien sûr, Bruno Duval.
01:43 Est-ce que vous avez, alors l'information que j'ai eue récemment, c'est qu'il y a un rebond de la fréquence des excisions
01:52 du fait de la pandémie du Covid.
01:55 Tout à fait.
01:57 Et que les femmes, dans les familles, les femmes sont considérées comme des valeurs potentielles
02:08 du fait de la possibilité d'avoir des enfants et de développer des maternités.
02:15 Et qu'une femme, quand elle est transformée, excisée, est plus facilement "offrable" qu'une femme non excisée.
02:24 Est-ce que vous confirmez ?
02:26 Oui, tout à fait. Alors, le terme "offrable", je n'aime pas du tout ce terme-là.
02:30 Oui, bien sûr.
02:32 Ce qui est à noter en effet, c'est qu'il y a eu un taux qui a augmenté avec l'effet Covid.
02:37 Tout simplement parce que les jeunes filles n'allaient plus à l'école.
02:40 Les personnes n'allaient plus à l'école, donc étaient plus chez elles et plus, en effet, assis sur les traces.
02:47 Et donc de ce fait-là, les excisions ont augmenté.
02:51 Il y a aussi ce sujet au niveau de la femme qui est de dire que dans certaines communautés,
02:55 pour un mariage, il faut que cette femme-là soit excisée.
02:59 D'où cette nécessité d'exciser avant le mariage, puisque du coup, ça va souvent de l'air en fait.
03:06 D'accord, donc parfois même adolescente, donc.
03:09 Tout à fait.
03:11 L'excision en termes de tendance, elle a évolué avec le temps.
03:14 Ce qui est encore pire finalement.
03:16 Mais ça veut bien dire, Panday Sidibé, c'est que, au fond, même les femmes entre elles considèrent qu'il faut pour être une femme honnête, en quelque sorte.
03:27 Alors, c'est sûr que dans certaines communautés, les femmes partent du principe que c'est quelque chose qui est tout à fait normal,
03:32 quelque chose qui est tout à fait naturel et que c'est quelque chose qui va leur aider dans leur construction de femme,
03:39 dans leur vie de femme et dans leur vie d'épouse.
03:41 Donc c'est vrai que dans certaines communautés, il y en a plein qui vont vous dire tout de suite,
03:45 "Ah mais non, mais pourquoi vous êtes contre l'excision ? C'est des choses qui se font de génération en génération.
03:50 Si je ne me fais pas exciser, je risque de ne pas me marier."
03:54 Et c'est vrai que le rôle de la femme est très important dans ces communautés-là,
03:57 qui ont quand même ce rôle de mère, d'épouse avant tout.
04:02 - Benda, est-ce que vous pouvez nous le confirmer, qu'au Sénégal, en Côte d'Ivoire, l'excision est pénalement répréhensible ?
04:09 - Alors, au Sénégal, c'est le cas.
04:11 Maintenant, c'est vrai qu'il y a des choses qui sont particulières vis-à-vis de ça.
04:16 C'est très bien qu'il y ait cette loi qui ait permis de pénaliser les actes,
04:25 mais dans les faits, l'excision existe toujours.
04:28 Elle est toujours présente.
04:30 En termes de chiffres aussi, on donne souvent l'exemple du Sénégal en disant
04:36 "le taux est très bas comparé au Mali, où le pays n'a pas de loi."
04:42 Donc, clairement, là, c'est en toute impunité.
04:45 Donc, c'est vrai que le Sénégal, c'est différent, mais il y a encore toujours des excisions qui sont pratiquées.
04:50 Notamment en Allemagne et au Guinée, par exemple.
04:52 - Donc, comme le dit votre association, excision parlons-en.
04:56 Qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut libérer les femmes ? Il faut parler surtout aux femmes ?
05:00 Est-ce qu'il faut parler aussi aux hommes ?
05:02 - Il faut parler aux deux. Il faut parler aux femmes, il faut parler aux hommes,
05:05 il faut parler aux femmes, notamment sur tout ce qui est sexualité.
05:07 Souvent, il y a énormément de femmes qui ont du mal à avoir cet accès avec leur propre sexualité.
05:14 Et non pas forcément les femmes exclusives, je parle d'une pluralité.
05:17 - Est-ce que je peux me permettre une question un peu directe ?
05:22 On sait que dans pratiquement toutes les contrées d'Afrique,
05:26 les femmes sont moins axées sur les préliminaires, le cuny, que notamment les femmes occidentales.
05:32 Est-ce que ça peut jouer ça, justement, le fait que finalement,
05:36 les clitoris, ça ne sert peut-être pas à grand-chose ?
05:38 Je ne sais pas, c'est peut-être un peu rude comme question, mais...
05:42 - Je ne sais pas. Après, c'est vrai que par exemple, dans certains pays,
05:46 et notamment en Afrique, on va partir du principe que quand on va faire, par exemple,
05:48 cette fameuse chirurgie réparatrice, la question qui va être posée
05:54 de pourquoi on fait la chirurgie réparatrice, ça va être pour une nécessité.
05:58 C'est-à-dire que physiquement, elles sont dans une détresse qui font qu'elles n'ont pas le choix de faire cette chirurgie.
06:02 - Oui, bien sûr, je comprends.
06:04 - Dans les pays occidentaux, c'est différent. L'approche n'est pas la même.
06:06 Il y a un gros sujet autour de la sexualité, mais comme la sexualité en elle-même est méconnue,
06:12 il y a beaucoup, il arrive parfois des amalgames ou des désidées reçues qui ne sont pas forcément justes.
06:17 - Oui, je comprends bien. C'est très complexe, finalement.
06:22 Ça va être long et difficile d'avancer.
06:26 - Ça va être long. Maintenant, c'est vrai qu'on ne lâche rien.
06:30 Nous, chez Exilon, on parle en devant d'une association de bénévoles.
06:33 Donc, c'est vrai que c'est un sujet qui est très important à nos yeux.
06:37 L'objectif est de faire en sorte que ce sujet-là ne soit plus un sujet tabou.
06:40 Moi, je m'amuse souvent, quand je rencontre de nouvelles personnes, à poser la question
06:45 "Est-ce que vous connaissez des mutilations sexuelles féminines ?"
06:47 Il y en a beaucoup qui répondent "non" parce que c'est méconnu.
06:50 Moi, l'objectif, c'est qu'il y ait un maximum de personnes qui connaissent ce sujet-là.
06:54 Et les femmes aussi qui ont vécu l'Exilon, qu'on parle bien.
06:58 - Mais on pourrait déjà, par exemple, à l'école, vraiment poser la question,
07:04 enfin, je veux dire, en classe, surtout dans le 93, je pense qu'on pourrait poser cette question
07:09 et examiner les jeunes filles, enfin, les petites filles, même.
07:13 - Oui, c'est ce qui est fait. Nous, on fait, alors pas forcément que dans le 93,
07:16 nous, on a un réseau d'information, donc c'est surtout sur le territoire national.
07:20 - Bien sûr.
07:21 - On fait des interventions scolaires, notamment pour des jeunes collégiens en 4ème, 3ème.
07:27 On fait également de la sensibilisation de tout ce qui va être dans des centres de femmes victimes de violences,
07:34 type les cadavres. Et c'est vrai que dans les collèges, par exemple, ou dans les lycées,
07:38 on s'aperçoit que la sexualité est un sujet qui est tabou, galvaudé.
07:43 Donc c'est vrai que c'est nécessaire, c'est important.
07:46 Nous, on arrive à faire le plan de sensibilisation à travers des ateliers de sexualité.
07:51 Mais il faudrait en faire beaucoup plus.
07:54 - Comment vous expliquez qu'en Seine-Saint-Denis, 7% de la population de femmes soient excisés ?
08:04 - Il y a tout ce qui est flux migratoire qui date depuis pas mal d'années.
08:08 Après, c'est vrai que sur ce chiffre-là, je pense que...
08:13 Alors là, on parle beaucoup de Seine-Saint-Denis parce qu'il y a l'enquête qui est sortie il n'y a pas très longtemps.
08:16 Je pense que si il y a une enquête qui sort sur Paris, on sera à peu près dans les mêmes eaux.
08:20 Je pense que ça dépend tout simplement de la concentration des populations et des personnes
08:25 dont les communautés pratiquent l'excision, tout simplement.
08:28 - Bien sûr, évidemment.
08:29 Bon, on va continuer à faire notre part pendant ces deux heures.
08:33 Panday Sidibé, merci en tout cas d'être intervenu.
08:36 Bravo pour votre travail.
08:38 Et puis si on a envie de vous rejoindre, je vous rappelle le nom de l'association "Excision, parlons-en".
08:44 On fait une petite pause, on retrouve notre Sexy News.
08:46 Flore Chéry, on va parler de vaginisme, ce qui est parfois peut-être un peu lié.

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