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Christine Kelly et Marc Menant reviennent sur les personnages célèbres qui ont fait l’histoire dans #LesGrandsDestins

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00:00 - Bonjour à tous, ravie de vous retrouver dans cette émission
00:04 "Les grands destins".
00:06 Cette émission qui revient sur ceux qui ont fait l'histoire.
00:09 Aujourd'hui, le grand destin de Marie-Antoinette,
00:12 reine de France et de Navarre, l'un des personnages
00:15 les plus emblématiques de l'histoire de Versailles.
00:18 Une femme qui symbolise à elle seule l'horreur de la Révolution.
00:22 C'est ce que nous verrons dans toute cette émission.
00:25 Bonjour Marc Menand, ravi de vous retrouver.
00:28 Aujourd'hui, Marie-Antoinette, pourquoi avoir choisi ce personnage ?
00:32 - C'est l'une des femmes les plus fascinantes qu'il soit.
00:35 En rupture avec tous les codes.
00:38 Elle est aussi frivole, elle a un appétit de vie
00:41 qui ne correspond pas à son rang.
00:44 Elle sera donc constamment en butte avec l'étiquette.
00:47 Mais rien ne l'arrête.
00:49 Et puis après, ça c'est son côté, je dirais, magique, féérique.
00:53 Et puis le destin qui s'acharne.
00:56 On a l'impression qu'elle est happée par le malheur jusqu'au martyr.
01:00 Cette destinée, elle mérite d'hanter nos esprits.
01:05 - On définit toujours notre personnage par une anecdote.
01:10 C'est parti.
01:12 Marie-Antoinette, la reine de l'insouciance.
01:19 Comment la définir en une anecdote, pour commencer ?
01:22 - Nous y sommes là lorsqu'elle a 29 ans.
01:25 Reine de France, elle adore le théâtre.
01:29 Et Beaumarchais, déjà célèbre avec le barbier de Séville,
01:34 a été longtemps l'intime du roi, intime de Louis XV,
01:39 intime de Louis XVI, espion pour eux.
01:41 Pour Louis XV, il a été l'éducateur de la musique,
01:44 si je puis dire, de ses filles.
01:47 Et les pièces, quand il en produit une, aussitôt,
01:52 le roi cherche à savoir ce qui est sorti de sa plume.
01:56 Et là, il demande, quand il apprend que le mariage de Figaro
02:01 est enfin prêt, il demande à ce qu'on ait une lecture devant lui.
02:05 Là, il est offusqué, il dit, jamais cette pièce ne sera jouée.
02:10 Et pour autant Beaumarchais, bah oui, il est comme ça, Beaumarchais,
02:13 organise les répétitions, on programme une première,
02:18 et quand le roi apprend ça, il se fâche, et hop, on le fait boucler
02:22 à la prison de Saint-Lazare.
02:23 Attention, la prison de Saint-Lazare, là, on retrouve les pires scélérats,
02:28 ce ne sont pas des conditions dignes d'un noble.
02:31 Marie-Antoinette se fâche, l'entourage, on fait pression,
02:34 et le roi, il est bon bougre, et puis il oscille facilement,
02:37 il le fait sortir, mais il ne veut pas.
02:39 Beaumarchais dit, non, non, non, il faut des compensations,
02:42 il compte trop que ma pièce soit jouée devant les ministres,
02:45 et le roi ajoute, eh bien, en plus, la reine jouera avec son entourage
02:51 au petit trianon, le barbier de Séville.
02:54 Et c'est comme ça qu'elle apparaît en rosine,
02:57 et le comte d'Artois, le futur Charles X, qui joue Figaro.
03:01 Imaginez, le futur roi de France qui crie,
03:05 votre connaissance connaît-elle beaucoup de maîtres
03:08 qui fussent dignes d'être valets ?
03:11 Tout le monde rit.
03:13 Voilà cette légèreté qu'elle a réussi à donner à la cour,
03:17 avec le comte d'Artois, ils sont inséparables,
03:19 depuis pratiquement son arrivée en France.
03:22 Tant et si bien qu'elle qui s'ennuyait à côté de son époux,
03:26 Louis-Auguste, qui ne pense qu'à la chasse,
03:28 il pense à la navigation, en ayant Bougainville
03:32 ou la Pérouse sur les mers à son compte,
03:35 eh bien, la néglige, et elle, la nuit,
03:40 au moment où il est couché, on la voit se vêtir
03:44 avec des habits et un masque, et hop, on filoche
03:49 dans des soirées organisées en clandestinité par Charles X.
03:54 L'important, c'est de réapparaître avant 5h du matin,
03:58 car le roi se lève tôt pour se rendre à la chasse,
04:01 il ne faut se laisser surprendre.
04:03 Vous avez dit la reine de l'insouciance, elle est campée.
04:06 -Elle est campée et elle est aussi indomptable.
04:09 Sa jeunesse en histoire, dans une fratrie très nombreuse,
04:19 il y a 16 enfants, elle est née à Vienne,
04:23 et elle est particulièrement élevée sous des contraintes,
04:27 des protocoles qui vont la marquer à vie.
04:30 -Oui, mais alors, c'est rien par rapport à ce qu'elle devra suivre en France.
04:34 Elle est la 15e, son père François, qui est l'empereur d'Autriche,
04:40 sa maman, Marie-Thérèse, avec toute cette nuée autour d'eux,
04:45 très vite remarque que cette petite-là,
04:48 elle est dans la légèreté, qu'elle s'intéresse à tout,
04:52 mais qu'il n'est pas question de lui imposer des exercices
04:55 qui nécessitent trop d'attention.
04:57 Alors les livres, oui, bon, d'accord, mais passons à autre chose.
05:00 Ah, la danse, ça, ça l'amuse, le théâtre, ça l'enchante,
05:03 la musique, c'est encore plus extraordinaire,
05:05 avec un professeur comme Cluc.
05:08 Et quand elle a 7 ans, arrive un petit bonhomme avec son père.
05:13 Oh, tout le monde en parle, c'est un prodige, un génie.
05:16 Son nom va vous dire quelque chose, Mozart.
05:19 Il a un an de moins, et le voilà qui jaillit dans cette pièce
05:23 où la cour s'est réunie.
05:25 Le petit bonhomme glisse, hop, elle le rattrape,
05:28 il lui dit "Oh, mais que vous êtes gentille",
05:31 vous savez, avec ce côté virvoltant de Mozart,
05:33 "Oh, que vous êtes gentille, quand je serai grand, je vous épouserai".
05:36 Et hop, le voilà qui se laisse aller à un grand numéro
05:39 avec le père qui, de temps en temps, masque le clavier
05:43 pour montrer que, véritablement, on a un enfant sortant de l'ordinaire
05:47 que tout le monde doit s'ébahir.
05:49 Et puis, la petite se laisse aller à un petit air de clavecin,
05:53 on voit Mozart qui saute sur ses genoux,
05:56 il se blottit, et il se tourne vers elle et lui dit "M'aimez-vous ?"
06:01 (rires)
06:04 Et ils se reverront un instant à Versailles, des années plus tard.
06:10 Alors, quant à la 10 ans, quel est son destin ?
06:14 Et bien, tout simplement, pour des raisons politiques,
06:17 c'est d'épouser le Dauphin de France.
06:20 Le roi Louis XV accepte la perspective qu'il y a une seule condition,
06:24 qu'elle parle couramment le français.
06:27 Il mandate un abbé qui va lui inculquer la langue de Molière,
06:31 et puis tous les éléments pour qu'elle connaisse un peu
06:34 les antécédents, l'histoire de son nouveau pays.
06:38 Et à 14 ans et demi, ce sera la séparation.
06:42 Après une première noce, si je puis dire,
06:46 qu'on organise le mariage dans la grande cathédrale de Vienne,
06:51 et avec un représentant du jeune Dauphin,
06:55 et à 14 ans et demi, la voilà qui a dit "Oui, maintenant,
06:59 il faut gagner le territoire qui sera dorénavant son home de vie."
07:05 - Elle est née le 2 novembre 1755 à Vienne, en Autriche,
07:10 et elle quitte son pays.
07:13 ...
07:17 C'est un long cheminement vers la France.
07:20 Ce qui est intéressant, parce qu'on connaît la suite,
07:23 un peu les grandes lignes, c'est qu'elle arrive
07:26 sous les acclamations de la foule.
07:28 Vous l'avez dit, une sorte de réconciliation entre deux pays
07:31 qui ont ennemi depuis 200 ans, elle est applaudie.
07:34 - Alors, il y a d'abord tout le cheminement pendant 24 jours,
07:37 étape par étape, 316 chevaux.
07:40 On les change toutes les 2 heures, c'est-à-dire l'organisation en amont.
07:44 Il faut qu'il y ait tous ces animaux dans les postes
07:47 où on a ces inversions des animaux.
07:51 Elle se repose un peu, la suite de carrosse,
07:55 et à chaque fois, d'abord en Autriche, ces acclamations.
07:58 En Autriche, il faut dire que c'est plutôt chaotique,
08:01 les routes ne sont pas bien préparées.
08:04 Et puis, on arrive à Strasbourg, et là, il lui faut penser
08:08 à devenir la future Dauphine.
08:12 Donc, elle a déjà été sacrée en ayant ce mariage par procuration.
08:17 Et là, on lui demande de se dévêtir.
08:20 Elle se dépouille de son identité, et la voilà nue.
08:24 Elle s'engonce dans les vêtements de sa nouvelle patrie.
08:28 Ce qui est inquiétant, c'est le décor autour d'elle.
08:32 On a placé des tentures, et ce sont des scènes sanguinaires,
08:36 des scènes d'égorgement, mauvais présage,
08:40 dirait certains quand on connaît la suite.
08:43 Toujours est-il qu'elle ne pense qu'à une chose,
08:46 c'est de rencontrer le Dauphin.
08:49 Ce n'est pas à Strasbourg, la grande messe à la cathédrale,
08:52 toujours cette foule qui se manifeste.
08:55 - C'est vrai qu'elle ne l'a jamais vue.
08:57 - Jamais vue, jamais vue.
08:59 Et puis, sur l'avancée dans les villes,
09:02 les arcs de triomphe qui sont dressés,
09:05 elle s'en va à Compiègne, à l'orée de la forêt,
09:09 où l'attend Louis XV.
09:12 - Et comment ça se passe à Compiègne,
09:15 cette rencontre entre ces deux amoureux ?
09:18 - Elle est dans son caroche.
09:21 On peut dire ça si vous voulez.
09:24 Apparemment, quand on regarde le jeune Dauphin,
09:27 Louis Auguste, à côté de son grand-père,
09:30 on a l'impression que ce sont plus les oiseaux
09:33 et les tournicotes dans les airs qui l'intéressent.
09:36 La foule est énorme.
09:38 On connaît l'événement, les tambours se sont manifestés,
09:42 et on est curieux, quelle est cette jeune fille
09:45 qui nous vient d'Autriche, les anciens adversaires,
09:48 et maintenant, nous serons dans une sorte de fraternité
09:51 grâce à cette union.
09:53 Et puis, est-elle belle ? Comment rayonne-t-elle ?
09:56 Quand elle aperçoit le roi,
09:59 avec le jeune garçon à ses côtés,
10:02 on lui ouvre la porte et là, elle jaillit,
10:05 littéralement, très primesautière,
10:08 elle court vers le roi, et puis elle s'incline,
10:11 fait sa révérence, le roi la redresse,
10:14 il l'embrasse et lui présente le jeune Dauphin
10:17 en disant "embrassez votre mari".
10:20 Et là, elle se laisse aller à deux baisers,
10:25 c'est l'instant où il devrait se passer quelque chose.
10:29 Et quand on scrute le visage du Dauphin,
10:33 on a l'impression qu'il est toujours avec les oiseaux
10:37 qui virent volte et non pas avec sa fiancée.
10:40 D'ailleurs, qu'écrira-t-il dans son petit carnet ?
10:43 Eh bien, il notera tout simplement
10:46 "Entrevue madame la Dauphine".
10:49 Et la jeune fille s'installe dans le carrosse,
10:53 son fiancé face à elle,
10:56 "Madame de Noël qui sera chargée de la former",
11:00 c'est-à-dire au protocole,
11:03 et là on revient à ce que vous évoquiez tout à l'heure,
11:06 cette notion d'une règle très stricte imposée par Louis XIV
11:10 et le roi qui est enchanté.
11:13 Il n'en revient pas que sa belle-fille soit aussi,
11:16 je dirais, étincelante.
11:19 Et c'est vrai qu'elle a un visage extrêmement fin,
11:22 même si elle a un menton un peu fort,
11:25 et surtout elle incarne déjà la joie.
11:29 Lorsque l'on s'arrête le soir,
11:32 c'est à la muette où on a organisé un énorme festin.
11:37 Une table de 8 mètres de long, 4 de large.
11:41 Le dauphin est à la droite du roi,
11:45 elle à la gauche,
11:48 et soudain elle aperçoit une dame
11:51 qui elle aussi se distingue par sa prestance.
11:54 Elle dit "Quelle est cette dame ?"
11:56 "C'est la comtesse du baril."
11:59 "Comment la trouvez-vous ?"
12:02 "Elle est élégante, elle est charmante."
12:05 De temps en temps, alors que le repas commence à être servi,
12:09 qu'elle se montre plutôt, je dirais,
12:12 voluptueuse à goûter les mets qui sont présentés,
12:16 alors que le dauphin, lui, il est là,
12:20 presque bougonneux, ne faisant pas attention
12:23 à ces assiettes qui sont retirées encore pleines,
12:27 et elle finit par demander à Madame de Noailles
12:30 "Mais quelle est cette dame qui intéresse tant dont le roi ?"
12:34 "Oh, cette dame, c'est pour les loisirs du roi."
12:37 Elle comprend tout de suite ce que cela signifie,
12:40 elle dit "Eh bien ce sera ma rivale, je la déteste."
12:44 Et à tout jamais, oui, ils ne se supporteront pas,
12:48 enfin disons, elle ne la supportera pas.
12:52 Ça c'est, je dirais, l'entrée en matière.
12:56 Maintenant, c'est le mariage en tant que tel.
12:59 Et ce mariage est préparé avec faste à Versailles,
13:03 dans la petite chapelle.
13:06 Alors, vous allez nous raconter justement ce mariage,
13:09 parce que ce mariage est déjà sous un symbole assez particulier,
13:15 on va dire un mariage contrarié.
13:17 [Générique]
13:22 En quoi ce mariage tant attendu a-t-il été contrarié ?
13:28 Vous voulez que je vous dise ?
13:30 Déjà, regardez, regardez-vous là.
13:32 Vous êtes là, cette année-là, et bien il pleut.
13:35 C'est terrible !
13:36 Mariage plus vieux, mais plus vieux.
13:38 Mais là, c'est un véritable déluge, et très vite,
13:41 on comprend que les festivités qui s'amorcent,
13:44 après plusieurs jours, seront contrariées,
13:48 pour reprendre votre terme, et que le feu d'artifice,
13:51 c'était ce qui enchantait le jeune dauphin.
13:54 À lui, il a tort quand les fusées jaillissent.
13:56 Eh bien, il les supprime.
13:58 Mais bon, il y a la cérémonie, le cardinal qui les unit,
14:04 les deux se présentent.
14:06 Alors, autre contrariété pour le jeune dauphin,
14:10 il est au bras de la Dubary, comme si c'était sa mère.
14:13 Voilà une sorte d'offense.
14:15 Elle, c'est Louis XV qui l'accompagne.
14:18 Dans le dos du roi, nous avons ses filles.
14:21 Les petites pestes, ah les tentes !
14:23 Elles l'exsècrent déjà, elles sont jalouses.
14:27 Ce sont elles que Beaumarchais a formées à la musique.
14:32 Les voilà en train de répondre aux questions du cardinal.
14:37 Chacun dit oui, un oui, franc !
14:40 De la part de Marie-Antoinette, bougonneux de la part du dauphin.
14:45 Et puis après, il faut signer les registres.
14:48 Alors, elle écrit Marie-Antoinette,
14:51 et pof, elle appuie un peu trop sur la plume,
14:54 et ça fait un énorme pâté.
14:57 Je dirais, deuxième mauvais présage, d'une certaine façon.
15:03 Et puis, le soir, malheureusement, il n'y a pas le feu d'artifice.
15:09 En revanche, un grand opéra, où on la voit se laisser aller à la danse.
15:15 Et le dauphin, qui toujours ne montre aucun plaisir particulier.
15:21 Il est vapeureux, d'une certaine manière.
15:24 Et là, c'est jusqu'au matin, où on tournicote,
15:27 elle est dans les éclats de rire, affichant déjà une légèreté
15:32 qui montre le caractère, à la fois d'insouciance,
15:37 de frivolité et de désir de ne pas vivre sous le joug de ce qui est établi.
15:44 Ce mariage, dans la première partie,
15:47 mais une fois que l'on a assisté à l'opéra de Lully,
15:51 que l'on a valsé, que se passe-t-il ?
15:55 C'est l'heure de la première étreinte programmée.
15:59 C'est au rez-de-chaussée, les deux jeunes gens sont accompagnés,
16:04 toujours le roi à leur côté.
16:08 Il y a un grand lit, avec, vous savez, les tentures sur le côté.
16:14 On leur demande de se dévêtir, et puis on tend à chacun une chemise.
16:21 Ils la passent, et puis ils doivent se présenter maintenant sur la couche,
16:26 la couche qui vient juste d'être bénite par le cardinal
16:31 qui auparavant les avait unis.
16:34 Vous imaginez ce cérémonial ?
16:36 Elle n'a que 15 ans, et le jeune qui a un an et demi de plus que elle.
16:43 Et ces pauvres petits bonshommes qui sont encore dans ces témoins de l'innocence,
16:49 qui doivent théoriquement se laisser aller à une sorte d'impulsion naturelle.
16:56 On tire les rideaux, et puis au bout de quelques instants,
17:04 on les rouvre pour voir ce qui se trame entre les deux.
17:09 C'est bien, apparemment, ils se tiennent dans les bras, on referme.
17:14 Et puis, au matin, à 6 heures, le jeune roi partira pour la chasse.
17:21 Il a négligé la mignonne, la tentante Marie-Antoinette.
17:29 Il part à la chasse, mais la fête n'est pas finie pour lui.
17:32 Non ! Il y a des festivités qui se succèdent à la cour,
17:36 et puis même la capitale, c'est extraordinaire.
17:39 On a monté dans les rues, partout, des fontaines de vin.
17:46 Il y a des brioches qui représentent les deux jeunes gens.
17:51 On a des montagnes de sucre, des glaces qui ont été fouettés,
17:58 tout ça est distribué à la population.
18:01 Il faut véritablement que ce soit un moment qui marque le règne.
18:05 C'est l'avenir qu'il représente.
18:07 Et ça, une époque où le quotidien des Parisiens n'est pas si joyeux que ça.
18:12 Souvent, on manque de pain, n'oubliez pas,
18:15 quand la révolution éclatera quelques années plus tard, ce n'est pas un hasard.
18:20 Et puis, il y a les moments où toujours les orages se manifestent.
18:24 On a le sentiment véritablement que le ciel gronde
18:28 contre ces deux jeunes qui doivent incarner cette France de demain.
18:36 Là encore, de mauvaises augures.
18:39 Reste que le dernier moment, c'est un feu d'artifice qui est programmé le 30 mai.
18:46 Un feu d'artifice à Paris, avec plus de 700 000 personnes.
18:52 On a fait jouer les tambours, les fifres.
18:55 Tout le monde devait pouvoir s'engouffrer jusqu'à la place Louis XV.
19:01 Place Louis XV qui est à peine terminée.
19:04 La place Louis XV, c'est la place de la Concorde d'aujourd'hui.
19:07 Et les uns et les autres viennent en liesse.
19:11 Les enfants, les femmes, les vieillards,
19:14 on veut assister à cet instant qui ne peut être que magique, féerique, c'est incroyable.
19:20 Et les premières fusées s'envolent.
19:23 C'est une illumination du ciel, c'est extraordinaire.
19:27 On s'extasie, puis soudain, paf, une fusée, personne ne la remarque,
19:31 qui va tomber dans un petit endroit où on a entassé des munitions.
19:37 Un début d'incendie, c'est pas bien grave.
19:40 Les gardes qui sont là donnent l'alerte, et les pompiers qui essaient de venir.
19:46 Mais je vous ai dit, plus de 700 000 personnes, on est là, on n'arrive même plus à se mouvoir.
19:52 Et ce qui fait que les secours ne viennent pas en revanche.
19:56 Les flammes, elles, elles se développent, elles se déploient, et c'est la panique.
20:01 On se piétine, il y a ceux qui veulent venir pour éteindre,
20:05 il y a les autres qui veulent repartir, c'est du chacun pour soi.
20:09 Et à la fin, on comptera 132 morts.
20:14 Quand ils apprennent ce drame, ils sont tous les deux en pleurs.
20:20 Il fait un don en disant, tous les mois, je touche une somme pour mon quotidien,
20:27 je la loue à toutes les victimes.
20:30 Et elle, et ça c'est sa tendance aussi, elle a un côté dame patronesse,
20:35 abandonne une grande somme, et en disant,
20:38 et peut-être que n'on ne nous dit pas encore toute la vérité,
20:43 c'était sans doute encore plus dramatique.
20:47 - Ainsi s'achève ce mariage contrarié de Marie-Antoinette et du jeune dauphin.
20:54 Et ce qui est intéressant, c'est que ça marque déjà quelque chose de plutôt...
21:01 - Sinistre.
21:02 - Sinistre sur ce couple.
21:04 On verra dans la deuxième partie, justement, les premières années à la cour,
21:07 on verra aussi le temps des malheurs, parce que là aussi,
21:10 c'était presque un coup d'envoi des malheurs,
21:12 et derrière le faste, justement, rien n'est aussi beau que ça en allère.
21:16 On verra la fuite, on verra l'arrêt de Marty, on verra la fin, la révolution.
21:20 Dans un instant, la suite des grands destins, le grand destin de Marie-Antoinette.
21:24 A tout de suite.
21:25 Retour sur l'émission, le grand destin de Marie-Antoinette,
21:31 celle qui symbolise à elle seule les horreurs de la révolution.
21:34 On a vu la première partie de cette rencontre avec le dauphin.
21:39 Et on va voir dans cette deuxième partie, les premières années à la cour,
21:41 on verra le temps des malheurs, on verra l'exécution, un couple martyr.
21:45 On en parle dans un instant.
21:47 Mais tout d'abord, les premières années à la cour.
21:50 Vous l'avez dit tout à l'heure, elle est rebelle, elle est indocile,
21:58 elle est naïve, elle est trop jeune.
22:00 Comment expliquer justement le fait qu'elle soit un peu en marge de ce qui se fait habituellement ?
22:04 C'est une guillerette, je dirais.
22:06 Elle est inscrite dans ce désir de légèreté.
22:10 Vivre.
22:11 Et elle est jeune.
22:12 Et puis elle a trouvé un complice, le comte d'Artois.
22:16 Et elle ne veut surtout pas avoir à supporter toutes ces règles
22:20 qui, dès le matin, vous saisissent.
22:22 C'est-à-dire que vous avez la cour qui assiste au lever après la messe.
22:26 Constamment, ce sont des nuées autour de vous.
22:29 C'est insupportable.
22:30 Tout est en transparence totale.
22:32 Alors heureusement, grâce au comte d'Artois,
22:34 ils prendront l'habitude de fuguer le soir,
22:38 une fois que le roi, enfin le jeune dauphin, est couché.
22:42 Et hop, on s'esquisse jusqu'à Paris.
22:45 L'essentiel, c'est d'être là à 5h du matin
22:48 avec des tenues qui sont réalisées par Rose Bertin.
22:53 Rose, grande couturière.
22:56 Et chaque jour, elle cherche la tenue qui permet à Marie-Antoinette
23:01 de resplendir et, je dirais, de rendre jalouse
23:05 toutes celles qui sont autour d'elle.
23:07 Parmi celles-ci, nous avons la princesse de Lombal,
23:12 qu'elle nommera surintendante.
23:15 Il y a également la comtesse de Polignac.
23:18 Alors la comtesse de Polignac, c'est un peu compliqué
23:20 parce que la famille est tellement démunie
23:23 qu'il faut lui trouver une situation.
23:25 C'est elle qui donne la situation.
23:27 Ils auront même un appartement à Versailles,
23:29 un lieu où les personnes les plus nantis
23:32 n'arrivent même pas à avoir, je dirais, presque un recoin
23:36 sous l'escalier pour avoir le privilège de dormir au château.
23:39 Eh bien, elle, c'est carrément un appartement.
23:42 Elle la bichonne comme il n'est pas permis.
23:45 Et puis, il y a donc le théâtre.
23:48 Ces instants où, quand on la voit avec les robes,
23:53 il n'y a pas que ça qui surprend les uns et les autres.
23:57 Très rapidement, ce sont ses coiffures.
24:00 Elle les doit à un dénommé Léonard.
24:03 Léonard, c'est un extravagant, extrêmement créatif.
24:06 Et dès lors que ça bouscule les traditions,
24:10 elle adhère et elle crée cette mode
24:13 qui est encore très vivace, je dirais,
24:16 quand on voit les gravures du temps,
24:19 ces femmes qui ont ces chevelures qui n'en finissent pas.
24:24 Après, comme ce sont ses caprices qui la gouvernent,
24:29 le roi fait attention à ce qu'elle ne manque de rien.
24:32 Et en particulier, comme elle joue énormément aux tric-trac,
24:35 aux pharaons, eh bien, elle perd, elle perd, elle perd,
24:38 qu'importe, hop, il donne quelques louis d'or
24:42 pour que jamais elle soit en situation de péril financier.
24:48 Après, elle veut un lieu pour échapper complètement à la cour.
24:52 Et ça, ce sera le petit trianon.
24:55 Il lui accorde l'érection du petit trianon.
24:58 Est-ce que tu es encore plus fou ?
24:59 Elle dit oui, monsieur, mais vous n'aurez pas le droit de vous y rendre.
25:03 Il vous faudra demander l'autorisation.
25:06 Eh bien, il se plie à cela aussi.
25:09 Et toujours dans ses capacités à échapper au quotidien,
25:14 le comte d'Artois a entendu parler des courses équestres en Angleterre.
25:19 Il fait venir les chevaux, il s'emmerveille de ce spectacle
25:23 à l'endroit que l'on appelle Longchamp aujourd'hui, qui est Bagatelle,
25:27 et ce sont les premières courses qui sont organisées en France.
25:30 Et là, on parie des sommes énormes, des bijoux, tout est possible
25:36 dès lors que l'on a cette excitation du jeu.
25:40 Voilà ce temps où, de temps en temps, il y a néanmoins les étreintes
25:45 avec le jeune dauphin, étreintes qui sont toujours extrêmement décevantes,
25:51 et qui lui est heureux de remarquer que cette jeune fille s'épanouit.
25:57 Rien, rien n'est trop beau pour elle.
26:01 Il pourvoit à ses désirs de la même manière que le dauphin.
26:06 Alors, pas d'étreinte, il ne se voit pas souvent, chacun vit sa vie un peu de son côté.
26:10 Les années passent, ils n'ont toujours pas d'enfants.
26:12 Oui, et puis surtout, on vient d'évoquer le roi Louis XV.
26:16 Il y a cet homme qui l'a prise sous sa protection,
26:20 et puis soudain, il est touché par la maladie.
26:24 Il est emporté par la variole.
26:27 C'est un moment bouleversant pour eux.
26:30 Et quand ils apprennent la nouvelle, ils ont été placés à l'écart,
26:34 parce que c'est une maladie contagieuse.
26:36 Elle avait été néanmoins vaccinée à la cour lorsqu'elle était à Vienne.
26:42 Et quand ils apprennent la nouvelle, non seulement il y a la tristesse du cœur,
26:47 les deux adoraient le roi Louis XV.
26:50 Mais en plus, ils disent "mais nous sommes beaucoup trop jeunes pour Gouden-Werner,
26:53 nous sommes trop jeunes pour monter sur le trône".
26:55 Elle n'a que 18 ans, et elle comprend bien que la légèreté,
27:00 elle sera peut-être contrariée.
27:03 Et d'autant plus que quelques temps plus tard,
27:06 on s'impatiente aussi bien à la Cour de France qu'à la Cour d'Autriche.
27:11 Et c'est son frère Joseph II qui vient et qui dit "mais quand même,
27:15 il faut régler cette situation".
27:17 Il prend le jeune roi, il y a eu le sacre,
27:20 puisque le roi est mort, vive le roi.
27:22 Elle assiste à la cérémonie et elle pleure quand on met sur la tête de son époux
27:29 que l'on place sur son crâne la couronne de Charlemagne.
27:35 Donc Joseph II est là, il prend le jeune roi et lui dit "écoutez, Sire,
27:42 maintenant, si vous avez quelques traquins,
27:45 le roi lui avoue que c'est pas à chaque fois, il y a quelque chose qui ne va pas".
27:49 Apparemment, il a étudié le Kamajoutra, Joseph II,
27:53 et naîtra quelques mois plus tard, 9 mois, Madame Royale.
27:59 Et c'est donc un instant tellement extraordinaire pour elle
28:04 qu'elle veillera à Notre-Dame rendre hommage à la toute-puissance
28:10 et avoir ce que l'on appelle les grâces pour remercier le ciel de cet instant.
28:15 Puis viendra le grand dauphin.
28:17 Le premier enfant, c'est 8 ans après leur mariage,
28:19 ce qui montre quand même une longue attente.
28:21 Voilà. Il y aura le grand dauphin, le petit Louis XVII,
28:26 et puis une dernière qui disparaît rapidement.
28:30 Je dirais qu'on est là, dans cette famille promise à un avenir rayonnant,
28:38 mais le destin en décide autrement.
28:41 Le destin en décide autrement, le temps des malheurs.
28:45 Oui, la petite dernière est morte très rapidement.
28:53 C'est la mort ensuite du grand dauphin, il n'a alors que 7 ans.
28:57 Et c'est au moment des états généraux, c'est-à-dire que la France est sans dessus-dessous.
29:02 À Versailles, vous avez les tiers qui se sont réunis.
29:05 On demande la présence du roi.
29:08 Et ce roi qui n'a qu'une obsession, c'est son jeune gamin qui est en train de mourir,
29:14 qui se paralyse au fur et à mesure.
29:16 Il est à Meudon avec Marie-Antoinette.
29:19 Ils essaient de lui accorder un maximum d'attention.
29:23 Et quand il s'éteint, il est épouvanté de voir qu'on ne tient pas compte de son malheur personnel.
29:29 Il dit mais il n'y a donc point de père dans cette chambre de tiers ?
29:33 Point de père.
29:35 Et pour autant, il faudra faire face.
29:38 Voilà le premier drame.
29:40 Et ça, c'est au mois de juin.
29:42 Et puis il y a le 14 juillet où il apprend à Oliencourt qu'il lui dit
29:47 il y a des agitations, c'est une révolte au lieu de m'encire.
29:51 C'est une révolution.
29:52 Mais à Versailles, on ne se rend pas compte de la situation.
29:55 C'est au mois d'octobre que véritablement le drame va jaillir dans la vie de Marie-Antoinette.
30:01 Elle est là.
30:03 Bon, elle sait que les événements sont douloureux.
30:05 Reste que malgré la Bastille, malgré tout ce qui s'est passé, ils sont toujours sur le trône.
30:11 Sauf que le 6 octobre arrive de Paris une marée humaine en tête des femmes.
30:22 Ce sont celles des Halles.
30:24 Mais derrière elles se sont agglutinées plus de 20 000 personnes, plus ou moins travesties.
30:30 Eux aussi en femmes.
30:32 Et ils réclament quoi ? Du pain, du pain.
30:34 Et on envahit les appartements.
30:38 Il y a une délégation qui est mandatée pour aller jusqu'au roi.
30:41 Une pauvre fille qui s'appelle Louise, elle se met à genoux devant le roi.
30:46 Il la redresse, il l'embrasse.
30:49 Il lui dit "je ferai attention à ce que vous demandez".
30:52 Quand elle retourne, on la traite de tous les noms.
30:55 Il lui faut à nouveau reparaître devant le roi dans tout ça.
30:58 Marie-Antoinette a compris que la situation était extrêmement critique.
31:03 La Fayette qui a accompagné ces 25 000 personnages qui sont en véritable rage.
31:10 Et La Fayette qui joue presque un double jeu.
31:13 Il n'est pas très courageux, La Fayette.
31:15 Il se place à côté de Marie-Antoinette.
31:18 Et pour calmer la situation, il dit "il vous faut paraître, Madame".
31:23 On crie "l'Autrichienne, l'Autrichienne".
31:26 Elle se présente sur le balcon avec ses deux enfants.
31:30 Et on dit "l'Autrichienne, l'Autrichienne, la Reine".
31:34 Et là, elle a le courage d'apparaître seule.
31:38 Et on l'acclame.
31:39 Et puis ensuite, on crie "à Paris, à Paris".
31:43 Et ce sont des carrosses qui sont préparées.
31:46 On regagne la capitale.
31:49 Plus jamais ils ne reverront Versailles.
31:53 Il faut accommoder les tuileries qui, depuis des années, étaient abandonnées.
31:59 On place des tentures.
32:00 On est sur des lits de camp.
32:02 Voilà le début de cette période de Barth.
32:06 Elle ne pense à ce moment-là aux tuileries qu'à une seule chose, la fuite.
32:18 C'est dans la nuit du 20 au 21 juin 1791
32:23 qu'il se prépare une petite berline lourdement chargée qui s'éloigne de Paris.
32:28 Dans quelles circonstances s'organise cette fuite ?
32:30 Elle est un peu l'instigatrice.
32:33 Beaucoup pressaient le roi de quitter la France et de gagner l'étranger.
32:38 Mais lui, il ne voulait pas.
32:39 Et là, il a cédé.
32:40 Ce n'est pas véritablement pour gagner l'étranger.
32:45 C'est plutôt pour se mettre légèrement en retrait.
32:48 Il a cédé cela.
32:50 Et l'homme qui sera le cocher a été un coup de cœur de Marie-Antoinette.
32:55 Il y a quelques années de cela, il s'appelle de Fersen.
32:58 C'est un Suédois.
33:00 Or, quand on lit ses carnets, elle dit
33:02 « Il m'a émerveillé dès le premier regard ».
33:07 On parle de baisers qui se seraient donnés dans une grotte à Versailles.
33:12 Bref, au moins de grandes amours platoniques.
33:16 Et là, il joue un rôle essentiel à cet instant de la fuite.
33:20 On fait semblant le soir d'assister au coucher du roi,
33:25 très solennel comme toujours.
33:27 Elle, elle a préparé les enfants.
33:30 Le petit dauphin sera habillé en fille.
33:33 Elle, elle a de faux papiers, Madame Croffe.
33:37 Et puis lui, le roi, sera son majordome.
33:42 À minuit, chacun chemine comme il peut dans les couloirs des Tuileries.
33:47 Elle se perd.
33:48 Et enfin, tardivement, on se retrouve dans la berline avec de Fersen comme cocher.
33:55 Où vont-ils ?
33:57 Ils vont vers Montédit, héroïquement.
34:00 C'est très loin, c'est là-bas dans l'Est.
34:03 Et on a préparé, on a répété le voyage.
34:07 Pas eux, mais il y a eu un comte qui a été mandaté pour cela.
34:12 Avec les étapes où les chevaux attendent.
34:17 Et la peur d'être reconnus.
34:20 À Bondy, on se sépare de Fersen.
34:24 Et maintenant, eh bien voilà, on se laisse aller.
34:27 On a un sentiment d'avoir quelques heures d'avance sur la découverte de l'absence de la famille royale.
34:35 Mais on prend beaucoup de temps, beaucoup de temps, beaucoup de temps.
34:39 Et puis, à un moment donné, on arrive à Sainte-Menehoulde.
34:43 Là, le maître de relais, qui s'appelle Drouet, trouve bizarre ce majordome qui parle quand même très fortement.
34:53 C'est de l'arrogance, quelque chose de bizarre.
34:57 Il fait parvenir à Paris un message pour s'interroger sur la situation.
35:04 Et ce message aura une réponse quelque temps plus tard.
35:08 Bon, il ne demande pas plus que cela.
35:11 On laisse filer et on arrive à Varennes.
35:15 Et là, à Varennes, eh bien, il n'y a pas de relais.
35:20 Déjà, en tant que tel, on avait prévu théoriquement que c'était une armée qui assisterait la suite du roi et de la famille royale.
35:31 Mais malheureusement, ils sont bloqués de l'autre côté de la rivière.
35:35 Et se présente un personnage qui s'appelle Sos.
35:40 Il dit « vos passeports ».
35:42 On tend les papiers de Marie-Antoinette, son faux nom.
35:48 Et puis, ben voilà, il dit « on va faire viser les passeports, il vous faut descendre ».
35:55 Et il les conduit à l'auberge.
35:58 Là, la situation prend une sorte de suspicion quand Sos dit « Sire, est le roi qui se dévoile ? »
36:07 Qui dit « oui, je suis bien, je suis bien votre roi ».
36:11 Là, il y a une sorte de panique qui s'organise.
36:15 On n'a pas le temps de prendre tous les détails.
36:18 Toujours est-il qu'on se dit que oui, la situation, elle est désespérée, que la foule va déferler et qu'on va faire un sort au roi.
36:27 Les troupes qui sont de l'autre côté proposent d'intervenir.
36:31 Il dit « non, il y aurait trop de morts ».
36:34 Et au petit matin, eh bien, Drouet reçoit le message de la Convention.
36:40 Il faut les arrêter.
36:41 Et c'est le retour vers Paris, sous les huées, forcément.
36:46 Et à mort l'Autrichienne, à mort le roi Vétho, M. Vétho.
36:52 Et les voilà enfermés aux Tuileries.
36:55 Il y a aussi cette proclamation de l'Assemblée constituante qui a un moment très important.
37:01 Le 17 juillet, où il doit adopter la cocarde tricolore de symbole de la Nouvelle-France.
37:06 Ah oui, alors là, c'est à l'instant, là encore, une irruption d'énergie humaine rugissant dans les appartements.
37:12 Il accepte de porter la cocarde et de boire à la santé de la République.
37:19 Alors certains diraient lâcher, non, je dirais habileter, sans ce de la diplomatie, la pauvre Marie-Antoinette qui assiste à cela.
37:27 Mais c'est qu'une étape vers l'erreur absolue, puisque le 10 août, il y aura une nouvelle invasion des Tuileries.
37:34 Les Suisses qui sont débordés et on arrive à les extraire.
37:39 Ils vont à la constituante, mais c'est l'arrestation qui les conduit à la prison du Temple.
37:44 Ils sont internés au Temple.
37:46 La reine martyr, mais c'est une famille martyr internée au Temple. Comment le fait-il ?
37:54 Alors déjà, ils sont dans la tour la plus isolée, la plus rustique, la plus délabrée.
38:00 Ils sont sous surveillance permanente, doivent partager les latrines avec les gardiens.
38:07 On s'organise comme on peut dans un premier temps, ils sont plutôt bien nourris.
38:10 Puis au fil des semaines, la situation se détériore.
38:15 Le roi est humilié, on le condamne à vivre en dehors de sa famille.
38:20 Et elle apprendra qu'il est condamné à mort par le tambour.
38:27 Le roi, le soir, vient les étreindre. Il leur promet au matin un dernier baiser.
38:34 La petite madame royale se roule de douleur par terre.
38:40 Le petit dauphin est en pleurs aussi et au matin, ils attendent, ils attendent.
38:45 Mais ce sont à nouveau les tambours qui résonnent.
38:47 Ça veut dire que le roi est parti pour l'exécution. Il n'a pas eu le courage de les embrasser.
38:53 Et dans l'horreur, ça se répète quelques mois plus tard, alors que maintenant c'est elle qui s'occupe du petit dauphin.
39:00 Elle lui fait lire Voltaire. Son père lui avait donné quelques notions de mathématiques.
39:06 Et là, Voltaire, on lui dit "non madame, il est trop âgé".
39:10 Et on le confie à Antoine Simon et à son épouse.
39:15 Deux bougrins immondes qui le feront souffrir.
39:18 Imaginez l'instant où on leur annonce qu'ils doivent se séparer.
39:22 Ils sont accrochés l'un à l'autre.
39:24 Elle n'a même plus de larmes pour se laisser aller à la douleur.
39:29 Et le petit bonhomme qui tente de rester accroché à sa maman et on les arrache.
39:36 Elle ne le reverra plus.
39:38 La voilà enfermée, seule, avec toujours des gendarmes.
39:43 Elle est presque sur un grabat.
39:45 Et puis Robespierre qui a demandé un procès. Et puis le procès qui a lieu au mois d'octobre.
39:54 Elle est convoquée. La voilà sur une chaise.
39:57 Fouquet est un vilain. On ne respecte rien.
40:00 Hébert qui l'accuse d'inceste.
40:04 Instant glacial. La foule qui assiste ne supporte pas d'entendre ça.
40:10 Elle ne réplique pas. Et à la fin, il y a un des énergumènes qui dit "Mais madame n'a rien dit".
40:15 La veuve Capet. Voilà, la veuve Capet.
40:19 Et elle dit "J'en appelle aux maires si elles sont ici".
40:24 Et on comprend que là, elle n'avait pas à se justifier d'une telle horreur.
40:30 Elle est reconduite, condamnée à mort. Elle est reconduite dans sa chambre.
40:35 Elle sommeille trois quarts d'heure, écrit une dernière lettre pour madame Elisabeth, sa belle-sœur.
40:42 Et puis les Samsons viennent la chercher.
40:46 Oh, ce ne sera pas une voiture fermée comme on l'espérait, non.
40:50 Livrée à la foule, sur une charrette.
40:53 Et la voilà qui remonte vers la place de la Révolution.
41:00 Il faudra plus de quatre heures pour faire ces quatre kilomètres.
41:04 La foule qui est là, qui l'injurie.
41:08 "À mort, à mort l'Autrichienne, à mort l'Autrichienne, à mort l'Autrichienne".
41:14 Et les voilà, place de la Révolution.
41:18 Elle descend de cette charrette. Elle est dans une tenue immaculée.
41:23 Les deux Samsons qui sont à ses côtés.
41:25 Et puis elle monte.
41:27 À un moment donné, elle bute sur le pied de Samson.
41:30 Elle dit "Pardon monsieur". "Mais non madame, je vous en prie".
41:34 Entrez compte, elle qui était contre le protocole.
41:37 Et la voilà face à la foule.
41:40 On lui met les mains, elles sont liées maintenant,
41:44 attachées sur la bascule.
41:48 Elle prie "Mon Dieu, ayez pitié de moi.
41:52 Mes pauvres enfants, mes pauvres enfants.
41:56 Je rejoins votre père le roi".
41:59 Et la tête tombe.
42:01 Un assistant la saisit, la montre à la foule.
42:05 En général, on exulte.
42:07 Là, c'est un silence total, à part quelques cris de "Vive la République".
42:12 Elle sera conduite, le corps la dépouille,
42:16 au cimetière de la Madeleine, où elle termine dans la chaux.
42:20 -Ce qu'il faut retenir, des dix ans,
42:22 Autrichienne est destinée à devenir Reine de France.
42:25 À 15 ans, le mariage avec Louis Auguste futur Louis XVI.
42:28 À 18 ans, Reine de France.
42:30 6 octobre 1789, Marie-Antoinette découvre les horreurs
42:33 de la Révolution, avec l'éruption de la foule
42:36 dans les appartements à Versailles.
42:38 Juin 1791, tout bascule.
42:40 La famille royale est surprise en fuite à Varennes.
42:43 Aout 1793, avec le roi et ses enfants,
42:45 incarcérés à la prison du Temple.
42:47 Et puis le 16 octobre 1793, après un peu plus d'un an de martyas,
42:51 la Reine est exécutée, place de la Révolution.
42:54 Elle n'a que 38 ans.
42:56 Deux livres pour terminer.
42:58 Marie-Antoinette de Stéphane Zegg.
43:00 Et puis la famille royale au Temple,
43:02 les remords de la Révolution, de Charles-Éloi Vial.
43:05 Merci Marc Menand.
43:07 Ainsi va le grand destin de Marie-Antoinette.
43:10 Merci.
43:11 Au revoir.
43:11 Merci à tous !

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