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Figure aussi emblématique que controversée de la Révolution française, Maximilien de Robespierre (1758-1794), surnommé «l'incorruptible», fût condamné sans procès et décapité le 10 thermidor de l'an II.

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Transcription
00:00 Bonjour à tous, ravie de vous accueillir dans cette émission "Les grands destins".
00:04 Aujourd'hui, vous le savez, c'est une émission qui revient sur les personnages qui ont fait l'histoire.
00:09 Et avec Marc Menand, nous allons nous arrêter sur le destin de Robespierre.
00:13 L'un des grands personnages de la Révolution française, bien sûr, défenseur du peuple au point de s'en croire l'incarnation.
00:22 Au nom de la vertu, il instaure la terreur et devient un véritable tyran.
00:27 Tout sur Robespierre, en tout cas presque, avec vous mon cher Marc.
00:31 Bonjour Marc Menand. C'est intéressant car beaucoup se réclament de lui en politique aujourd'hui.
00:38 Et en particulier, on le voit Jean-Luc Mélenchon. Donc pourquoi choisir Robespierre ? Quoi faut-il y voir ?
00:43 Alors ce qui est formidable, c'est que forcément, il y a presque une médaille à deux faces.
00:48 Celle où il incarne la vertu, l'incorruptible, l'homme qui est capable de résister à toutes les tentations,
00:56 qui ne pense qu'à une chose, une société merveilleuse, juste, sous l'instance du Tout-Puissant.
01:04 Car il n'est pas question pour lui d'exclure la croyance.
01:07 Elle est l'un des éléments moteurs qui doit gouverner la République.
01:11 Mais au nom de cela, il est tellement intransigeant.
01:15 Il veut vraiment que tout un chacun soit digne de cet espoir du peuple.
01:21 Il devient un véritable criminel. Il n'y a pas d'autre mot.
01:25 Alors forcément, quand on exhibe Robespierre du côté de Mélenchon aujourd'hui,
01:29 on veut ce côté saint laïque, saint républicain, idéaliste.
01:35 Mais à quel prix ? Car malheureusement, quand on va si loin dans l'exigence vis-à-vis des autres,
01:41 on devient un fanatique, on devient un tyran et donc un criminel.
01:47 On va essayer de comprendre tout son parcours.
01:49 Mais on aime bien planter le décor avec une anecdote déjà pour essayer de le situer.
01:53 *Générique*
01:58 Alors on va commencer par cette anecdote étonnante,
02:00 puisque l'image qu'on garde des révolutionnaires, Marc Menon,
02:04 c'est l'hostilité à la religion et à la croyance, non ?
02:07 Oui !
02:08 Et pourtant !
02:09 Nous trouvons notre Robespierre, quelques semaines avant l'instant fatal qu'il emportera.
02:17 Mais là, il resplendit littéralement.
02:20 On ne peut pas présager une seule seconde le sort qui l'attend.
02:25 Au mois de mars, il a proclamé que la République doit être fondée sur les principes religieux.
02:34 Car pour lui, c'est là l'un des éléments moteurs.
02:37 Sa vertu n'est pas une vertu qui serait, je dirais, dépourvue de tout sens.
02:43 Non ! Elle est incarnée par Dieu l'Être suprême.
02:48 Le 8 juin, il y a cette première grande fête.
02:52 1794.
02:54 Ça se passe au Jardin des Tuileries.
02:58 Ils sont venus avec, pour les hommes, des feuilles de chêne,
03:03 pour les femmes, des bouquets de fleurs,
03:05 pour les enfants, des épis.
03:08 On s'étale, on prend tout l'ensemble de cette surface gigantesque
03:15 que l'on peut encore aujourd'hui connaître, c'est celle du Jardin des Tuileries.
03:19 Il y a de grandes tribunes où les notables sont installés,
03:23 dont Robespierre qui, dans son habit bleu, majestueux,
03:27 il va prendre la parole pour un discours où il rend hommage à cet Être suprême.
03:33 En appelant les uns et les autres à en référer
03:36 et à suivre dorénavant tous les dix jours les fêtes nationales qui viendront telles des messes.
03:42 On rendra hommage à la sagesse, on rendra hommage à la vérité.
03:46 Vous voyez, ce ne sont plus tout à fait les saints habituels,
03:50 mais ce sont quand même les grands principes de l'Évangile qui doivent nous gouverner.
03:56 Et lorsque le discours est terminé,
03:59 il avance de quelque part vers une effigie qui représente l'athéisme.
04:07 Et là, on lui donne une torche et il enflamme l'athéisme.
04:11 Vous vous rendez compte jusqu'où il va dans la symbolique ?
04:15 Et lorsque cette effigie a été réduite en cendres, apparaît une statue.
04:22 C'est la statue de la sagesse.
04:26 Ensuite, on se rendra au champ de Mars.
04:30 Au champ de Mars, on a érigé une sorte de colline
04:34 que tous les députés doivent gravir
04:37 pour montrer que l'on cherche à atteindre la rencontre avec l'Être suprême.
04:43 Et tout ça se clôture par un chœur magnifique.
04:49 C'est l'hymne à l'Être suprême
04:53 qui a été composé par François-Joseph Gosset et Théodore de Zorg.
05:01 Et l'ensemble de toute cette cérémonie,
05:05 depuis le jardin des Tuileries jusqu'à ce que nous venons d'évoquer au champ de Mars,
05:10 tout ça a été mis en scène par David, le peintre.
05:14 On retiendra que Robespierre conçoit la République comme une religion.
05:19 On va essayer de tout comprendre avec Robespierre.
05:22 C'est paradoxal parce que c'est quand même celui qui a fait un discours contre la peine de mort,
05:25 finalement qui fait la terreur.
05:27 On va commencer par son enfance.
05:29 C'est vrai, l'homme des contradictions.
05:32 Le petit gars d'Arras.
05:37 Comme beaucoup de révolutionnaires, Robespierre est issu d'une famille bourgeoise.
05:41 Oui, complètement.
05:43 Avec, on s'est offert le petit deux noblillière.
05:47 Maximilien II Robespierre.
05:49 Qui le perdra après, on verra pourquoi.
05:51 Oui, c'est une famille d'avocats, une famille de notaires.
05:55 On est dans le droit et c'est comme ça qu'effectivement
05:58 la bourgeoisie s'apparente à la noblesse.
06:02 Sa naissance est un véritable scandale.
06:05 Les parents se marient cinq mois avant qu'il pousse ses premiers braillements.
06:11 Il se trouve que maman était enceinte alors que l'on n'avait pas encore été dire,
06:17 prêter serment devant Dieu.
06:20 Et par conséquent, c'est un véritable scandale.
06:23 Les grands-parents refusent même de se présenter au mariage.
06:27 Ils se feront conciliant.
06:29 Le grand-père sera même l'un des témoins.
06:32 Le sort va s'acharner sur la famille.
06:36 Alors, il faut savoir que les naissances s'enchaînent.
06:40 Il y a notre petit Robespierre.
06:42 Deux ans après, il y a Charlotte.
06:44 Et puis, il y aura Augustin, une autre sœur.
06:47 Et le dernier enfant, maman a 29 ans.
06:50 Elle est emportée lors de l'accouchement.
06:53 Le père est bouleversé, tant et si bien qu'il va quitter sa famille.
06:57 Et lui, il n'a que six ans.
06:59 Et lui n'a que six ans.
07:01 Et également, il peste contre cette vie injuste.
07:04 Ça, je dirais que ça ancre, on ne va pas faire de la psychanalyse à dessous,
07:08 mais ça ancre dans son esprit l'idée de la victime, l'idée du martyr.
07:16 Le monde est injuste en soi.
07:20 Bon, ce sont les grands-parents qui l'accueillent.
07:23 Les sœurs sont chez des tantes et puis après, iront au couvent.
07:27 Et notre petit bonhomme, il est plutôt solitaire.
07:31 Et pour faire passer ces instants où on a l'impression que le désespoir cherche à le happer,
07:38 il s'occupe des petits oiseaux.
07:40 Il apprivoise des moineaux.
07:42 Il apprivoise des pigeons.
07:45 Et puis, il y aura l'âge du collège.
07:48 Et là, on a la chance d'avoir ces relations dans la famille et l'évêque du lieu
07:53 qui fait en sorte qu'il obtienne une bourse et qu'il puisse entrer en ce collège.
07:57 C'est un collège doratorien.
08:00 On lui inculque les grands principes religieux, bien évidemment.
08:05 Mais déjà, on se plaint de son attitude.
08:09 Il est bilieux. Il n'est pas souriant.
08:12 Ce qu'il était avant la disparition de sa maman,
08:14 mais enfin, ça, ce sont les témoignages de sa sœur des années plus tard,
08:17 comme si elle cherchait à le réhauler, à dire il n'a pas toujours été taciturne.
08:23 Il avait un caractère au contraire enjoué.
08:25 Et c'est le sort qu'il a ainsi fauché.
08:28 Bref, voilà notre bonhomme qui chemine gentiment.
08:32 Et puis, il va falloir maintenant se rendre grâce à ses résultats.
08:37 Il a une bourse et monter à Paris, à Paris, où il sera à Louis le Grand.
08:43 Il y a une connivence entre le collège d'Arras et Louis le Grand.
08:47 Alors, Louis le Grand, là, il se retrouve avec les grands princes,
08:52 l'aristocratie dans toute sa flamboyance.
08:55 - Alors, donc, il est né le 6 mai 1758 à Arras.
09:00 Il a perdu sa mère. Son père a disparu.
09:04 Et on va voir comment il chemine, justement, vers Paris.
09:08 (Générique)
09:13 - Donc, du collège d'Arras au prestigieux Louis le Grand.
09:15 Donc, on l'a vu plutôt taciturne, Robespierre, dans sa province.
09:19 Comment va-t-il se comporter au milieu des jeunes gens,
09:22 beaucoup mieux dotés que lui ?
09:24 Comment arrive-t-il ? Comment s'en sort-il ?
09:26 - Déjà, il les regarde et avec un air envieux.
09:30 Et ça signifie qu'ils jalousent leur position.
09:35 Mais comme il n'est pas question d'en rabattre devant eux,
09:39 il faut les dominer.
09:40 Ça le motive pour aller guérir les meilleures notes.
09:43 Alors, c'est un bon élève.
09:45 On ne peut pas dire qu'il soit le génie.
09:48 Non, mais enfin, il obtient de très bons résultats.
09:50 Et chez les oratoriens, on fait en sorte qu'ils s'intéressent
09:53 à la philosophie, qu'ils s'intéressent à la poésie.
09:56 Il taquine le verre, il se croira poète.
09:58 Mais malheureusement, on peut dire qu'il est plutôt du côté
10:01 d'élaborieux et que ça manque d'éclats.
10:03 Reste que ça lui permet néanmoins de s'isoler et de croire
10:08 en son avenir.
10:10 D'autant plus qu'il obtient des 2e prix dans les concours
10:15 qui sont organisés par les collèges parisiens.
10:19 Il se distingue.
10:21 Alors ça, forcément, ça le flatte.
10:23 Quelle revanche sur les autres.
10:25 Et il est tellement dans cette distinction que les responsables
10:30 de Louis le Grand le désignent, selon la légende,
10:34 parce que certains contestent, mais néanmoins,
10:36 personne ne dit que c'était faux.
10:39 Alors que se passe-t-il ?
10:40 Eh bien, il y a Louis XVI qui doit passer devant Louis le Grand
10:44 et il est désigné pour tenir le compliment.
10:47 C'est-à-dire ?
10:48 Le compliment, c'est-à-dire le petit discours.
10:51 Alors il met sa très belle tenue, la tenue du collège Louis le Grand,
10:57 lycée, et le voilà qui se présente devant la porte.
11:02 Il tombe des cordes, c'est terrifiant, mais il est là,
11:06 impassible, petit bonhomme, gringalet, bien perruqué,
11:10 malgré cette pluie qui le noie littéralement.
11:15 Le carrosse s'arrête et il tient son petit compliment.
11:20 Mais quelle récompense pour lui.
11:22 C'est certainement l'un des instants où il se sent le plus important
11:26 depuis qu'il est arrivé au monde.
11:28 Il a 17 ans, le roi a 20 ans.
11:31 Il obtiendra son bac, là où il faut parfois 4 ans pour obtenir
11:36 sa licence en droit.
11:38 Il ne met que 17 mois et là, il prête serment au barreau de Paris.
11:44 Ah oui, mais Paris, il a la nostalgie de sa famille, son frère, sa soeur,
11:50 Arras, et puis Arras est une autre façon d'exister.
11:54 Alors il retourne au pays.
11:56 Il retourne au pays, l'avocat, le retour à Arras.
12:01 Robespierre profite de sa situation familiale,
12:10 il a tout de suite ses propres affaires.
12:12 Oui, voilà, il n'a pas...
12:14 Il revient un peu en chef.
12:16 Oui, il n'a pas à être en servitude dans un cabinet.
12:19 Tout de suite, il peut s'installer et au bout de 2 mois,
12:23 il a même sa première plaidoirie.
12:26 C'est intéressant parce qu'elle rejoint encore...
12:29 Je crois que c'est formidable de se dire que cet homme
12:33 que l'on présente quand même comme le champion de l'athéisme,
12:37 cet homme en réalité est imprégné de la religion.
12:42 Là, le premier dossier, c'est de défendre des orphelins
12:45 contre leur oncle, orphelin catholique, dont l'oncle,
12:48 qui est protestant, a décidé de l'espolier de l'héritage.
12:52 Et il remporte, il remporte la plaidoirie.
12:57 Et ça le distingue déjà dans la rumeur au barreau.
13:02 Et il y a une histoire beaucoup plus intéressante.
13:05 Il y a un noble qui s'est entiché de science,
13:09 il est avocat lui-même, il s'appelle Charles Dominique,
13:12 visserie de Bois-Vallée.
13:15 Et cet homme a décidé de planter sur sa maison un paratonnerre.
13:20 C'est la grande invention.
13:22 Mais alors forcément, quand on est scientiste un peu trop tôt,
13:26 on a les opposants.
13:28 Et un premier procès, auquel ne participait pas Robespierre,
13:34 a décrété qu'il devait retirer cet élément
13:38 qui le protège des colères du ciel.
13:42 Il fait appel, il choisit Robespierre comme avocat.
13:46 Il est flamboyant dans sa façon de rédiger la plaidoirie.
13:51 Il met tous les éléments.
13:53 Comment ça on ne va pas retomber dans l'obscurantisme ?
13:56 Et bien là encore, la décision lui permet de voir son client
14:02 remettre le paratonnerre sur sa maison au nom de la science.
14:07 Il gagne ses procès.
14:09 Et il envoie sa plaidoirie au créateur du paratonnerre,
14:15 Benjamin Franklin.
14:17 C'est extraordinaire.
14:19 - En province, il est important d'avoir une vie sociale aussi.
14:22 Comment est-ce qu'il sera gagné sur place ?
14:24 - Alors il vit avec sa soeur dans la maison familiale, très stricte.
14:28 Oui, Robespierre, on se lève entre 7h et 8h.
14:31 De là, il a le petit verre de lait.
14:36 Ensuite, on fait venir le perruquier.
14:39 Il travaille un peu.
14:41 Puis, il retourne au cabinet.
14:44 Là, il s'intéresse aux affaires qu'il devra défendre.
14:48 Il y en a suffisamment pour qu'il puisse en vivre.
14:50 Et le soir, forcément, il gagne les salons où il est accueilli
14:54 en tant que membre éminent de cette petite société d'Arras.
14:59 Et puis, de temps en temps, il y a une promenade.
15:02 Je vous ai parlé tout à l'heure des oiseaux.
15:04 Il a ce côté champêtre.
15:06 Ça correspond bien à son caractère, se placer en dehors des uns et des autres.
15:12 Dans ces relations qui se tissent, il y en a une qui est assez étonnante.
15:16 C'est un personnage qui vient d'ailleurs, si je puis dire.
15:19 Vous savez, l'esprit de province en ce temps, il est encore extrêmement incrusté.
15:24 - En base clos jusqu'à présent.
15:27 - Oui, mais là, si vous venez d'ailleurs, c'est un professeur
15:31 qui se présente et qui s'appelle Fouché.
15:34 Et ils vont tisser une véritable amitié.
15:37 Quand on connaîtra la suite de notre histoire,
15:40 on se dira que l'amitié, il faut se défier des serments
15:45 qu'est le nouveau lorsqu'on est dans l'emballement des cœurs.
15:48 Quand je parle d'emballement des cœurs, ce n'est pas tout à fait par hasard.
15:51 Car avec la sœur de Rosespierre, Charlotte,
15:56 il se passe quelque chose, tant et si bien qu'on envisage le mariage
16:01 entre la sœur Charlotte et M. Fouché.
16:06 Et il est tout à fait d'accord. C'est quand même étonnant.
16:09 Et que se passe-t-il ?
16:12 Apparemment, un petit détail, est-ce qu'il estime
16:17 que Fouché n'est pas assez attentionné vis-à-vis de lui ?
16:23 Toujours est-il que le mariage n'aura pas lieu.
16:27 On pourrait rester dans une histoire de province,
16:30 avec un roman qui manque d'étoffes,
16:33 mais l'histoire va les convoquer.
16:36 On est dans les spasmes sociaux, avec des manifestations un peu partout.
16:42 Les gens se révoltent, le temps, la météo était très mauvaise,
16:48 les famines qui se multiplient ici et là.
16:52 Et donc, le roi décide les États généraux.
16:58 Il faut désigner des représentants du tiers-État.
17:02 Et là, il rédige 50 pages où il interpelle les autorités
17:08 pour dire comment il souhaite obtenir une distinction
17:12 par rapport à cette région, à ce monde de l'Artois.
17:16 Et ça lui vaut d'être désigné comme étant l'un de ceux
17:20 qui représenteront l'Artois à Versailles, devant le roi.
17:26 1789. Et une petite question.
17:30 Est-ce que c'était lorsqu'il était avocat ?
17:33 Parce qu'on dit que son pouvoir passe par le verbe.
17:36 Est-ce que c'était un brillant orateur ?
17:38 Parce qu'on va voir par la suite justement que ça peut avoir son importance.
17:42 Alors, il a le sens des arguments.
17:47 Sa voix n'est peut-être pas toujours très bien placée.
17:51 Là, dans le Nord, ça ne se remarque pas trop,
17:53 mais il a l'accent des "chopers", comme on dit.
17:56 Les "chopers", bon, ben, ils parlent comme ça.
17:58 Et quand il montera à Paris, ça lui vaudra nombre de railleries
18:03 de la part de l'auditoire.
18:05 Il sait utiliser les arguments de la morale.
18:09 C'est son grand truc.
18:10 La morale, au nom d'une sorte de justice céleste,
18:13 on ne peut pas admettre cette situation.
18:16 Il fait très attention aux plus démunis.
18:19 Il donne des consultations gracieusement et plaide gracieusement
18:24 pour ceux qui ne peuvent pas faire valoir leur droit devant les tribunaux.
18:28 Voilà notre personnel.
18:29 Vous avez raison de faire ce petit détour,
18:32 de m'obliger à voir ce détail-là.
18:36 Et voilà Robespierre qui arrive à Versailles.
18:44 Un moment important.
18:46 Oui, alors, avant de prendre la diligence,
18:49 c'est tout ça qui est intéressant.
18:51 C'est-à-dire l'effort de nous transposer dans les temps que l'on évoque.
18:56 On se dit Versailles, c'est pas si loin que ça, Daras.
19:00 Sauf que bon, il y a tout ce chaotage dans la diligence
19:05 où on est 8, 10 personnes et les 6 chevaux qui, devant,
19:09 sont là en train de tirer.
19:11 Et lorsque la côte est trop importante,
19:14 il faut descendre pour soulager les pauvres bêtes.
19:17 Et avant de monter dans cette diligence,
19:21 il rédige une dernière lettre pour Anaïs.
19:25 Anaïs désorti.
19:28 Certains prêtent là à Robespierre, l'une de ses très rares...
19:32 C'est ce que j'allais dire.
19:34 Il n'est pas connu pour avoir eu de grands amours.
19:37 On dit même qu'il était carrément chasse.
19:39 Il semblerait qu'au moins de façon platonique,
19:42 il ait eu avec cette jeune femme, pendant ces quelques années passées à Arras,
19:47 une relation d'intimité.
19:50 Et comme il aime se dire poète,
19:53 il appartient même à ce cercle de la société de Rosati,
19:58 pof, il tente de faire flamber le verbe.
20:02 Bon, le voilà parti.
20:04 Quand il arrive à Versailles, il prend...
20:07 Il n'a pas beaucoup d'argent.
20:09 Il prend refuge à l'hôtel du Renard.
20:14 Et le lendemain, on ne sait pas exactement, cela dit,
20:18 combien de temps avant ou après il est arrivé.
20:21 Mais le 4 mai, ce qui est certain, c'est qu'il prend sa grande tenue,
20:25 celle que doivent porter les élus du Tiers-État.
20:31 C'est une tenue sombre avec seulement une cravate.
20:34 Et à cette heure, c'est la flambée de cloches.
20:38 Tout Versailles sort aux fenêtres.
20:41 On sait que le roi accueille tous les représentants de toutes les régions.
20:47 C'est un grouillement.
20:49 Et on a vu depuis quelques jours les carrosses qui se présentaient.
20:53 Ceux-ci également venaient sur leurs chevaux tout pimpants.
20:57 Et notre Robespierre est là avec son cierge.
21:02 Et d'abord, vous avez le tiers du clergé,
21:06 enfin les représentants du clergé.
21:08 Là, vous avez les tenues en or brodées.
21:12 Ensuite, les représentants de la noblesse.
21:16 Tenues sombres aussi, mais grands chapeaux à plumes
21:20 et quelques brodées d'or.
21:22 Et nos représentants du tiers,
21:26 ceux qui sont là incarnant le peuple, dans l'austérité.
21:31 Et on se rend avec un cierge à la main.
21:34 Il y a un côté procession à Notre-Dame de Versailles.
21:38 Là, on entend la messe.
21:41 On aperçoit le roi qui était le dernier à fermer, donc,
21:46 ce cortège qui dure pendant des heures.
21:50 La reine aussi.
21:51 Ils sont tous les deux plutôt très tristes.
21:55 Car ils ont leur enfant, le dauphin, qui est malade
22:00 et dont, malheureusement, les signes laissent à penser
22:04 qu'il ne survivra pas longtemps.
22:06 Et pourtant, en tant que roi, en tant que reine,
22:09 il leur faut paraître, ce qu'ils feront le lendemain,
22:12 le 5 mai, au menu plaisir.
22:16 Nous sommes en 1789. Tout grouille.
22:19 Nous allons voir dans la deuxième partie
22:21 l'incorruptible, la révélation de l'incorruptible.
22:24 Robespierre, le tyran, de l'idole à l'infamie.
22:28 Et puis, évidemment, la fin de Robespierre.
22:31 A tout de suite pour la suite du Grand Destin.
22:34 Retour sur le Grand Destin de Robespierre.
22:37 Dans ce grand bouleversement de 1789 qui attend la France,
22:42 on verra Robespierre à Versailles, aux États généraux,
22:45 son rôle plutôt effacé dans les premiers grands événements,
22:47 comme la prise de la Bastille, on en parle dans un instant.
22:50 Il devient l'un des véritables meneurs
22:52 après la fuite à Varennes de Louis XVI,
22:55 étant le premier à demander la destitution du roi.
22:58 On regarde tout ça.
22:59 Marc, commençons avec Robespierre
23:06 et avec cette ouverture des États généraux.
23:09 La salle des menus plaisir.
23:11 Alors, une réception, là encore, que de scènes
23:14 que nous pourrions détailler.
23:16 N'oublions pas qu'il y a une rivalité
23:19 entre les représentants du clergé,
23:22 qui sont des grands archevêques.
23:24 C'est le haut du clergé, les nobles,
23:27 et puis le tiers État, que l'on ne veut pas
23:30 véritablement considérer les représentants dégueux.
23:33 Il en fait partie.
23:35 Même si c'est un avocat, même si c'est un noble.
23:37 Voilà, ce sont des bourgeois,
23:38 mais ils n'appartiennent pas à ceux qui dominent la société.
23:43 On les tolère parce qu'ils ont de l'argent,
23:46 mais les autres se sentent dans une sorte de domination
23:50 de la société civile.
23:53 Le premier incident, c'est lorsque le roi entre dans la salle,
23:58 il garde son chapeau.
24:00 Les représentants du clergé et de l'aristocratie aussi,
24:06 et théoriquement, ceux du tiers État,
24:08 devraient retirer le leur.
24:10 Que nenni.
24:11 Ah ben que nenni, puisque les autres gardent le chapeau,
24:14 ils le gardent aussi.
24:16 Il faut que Louis XVI ait cette subtilité diplomatique,
24:19 il enlève son chapeau, ce qui fait que tout le monde
24:22 le joint.
24:24 Il n'est pas question de ne pas être comme le roi découvert.
24:29 C'est l'un des premiers éclats.
24:31 Et puis après, on ne veut pas se réunir dans la même salle,
24:35 de nombreuses humiliations,
24:37 tant et si bien que le tiers État décide de faire bande à part.
24:41 Et c'est là où on se retrouve à la salle du jeu de paume.
24:44 C'est Guillotin, ça vous dit quelque chose, Guillotin ?
24:47 Le docteur qui fait partie des représentants du tiers État.
24:51 L'homme de l'humanité.
24:52 Oui, mais c'était une humanité.
24:54 Il voulait que la décapitation se fasse de façon plus humaine,
24:59 si elle devait avoir lieu.
25:01 Toujours est-il qu'il dit, mais oui, il y a une salle,
25:04 elle est suffisamment grande pour nous.
25:06 Et puis, aux clergés et aux aristocrates de nous rejoindre.
25:11 Un événement qui montre comment les hommes,
25:15 quand ils sont dans la passion, perdent toute humanité.
25:19 C'est-à-dire que l'on apprend que le dauphin est décédé le 8 juin.
25:25 Et pour autant, il n'est pas question que Louis XVI
25:29 échappe à son rôle d'arbitre.
25:33 Il dit, mais ce n'est pas possible,
25:35 ces hommes-là n'ont-ils pas eux-mêmes des enfants ?
25:38 Et pour autant, c'est, oui, cette logique du changement
25:45 qu'il emporte et il y aura les obsèques le 13 juin.
25:50 Et puis, lorsque l'on prête serment qu'enfin les uns et les autres
25:56 se sont ralliés, il est le 45e à jurer que le serment du jeu de paume,
26:03 donc on ne se séparera pas tant qu'on n'aura pas obtenu des modifications,
26:08 il est le 45e à le tenir.
26:11 Quand on voit le nombre de députés, ça montre qu'il essaie de s'imposer.
26:16 Dans les instants où il ne partage pas ses débats, il est plutôt effacé.
26:25 Il a le complexe de son accent.
26:27 Il essaie de s'imprégner de la manière des uns et des autres.
26:33 - Mais il s'impose quand même.
26:35 - Il va finir par s'imposer, mais là, dans un premier temps, non.
26:38 Il est véritablement en retrait.
26:41 Reste que le soir avec les Bretons, le club des Bretons,
26:46 qui sont plutôt, comme lui, des intransigeants,
26:49 il se retrouve dans le même café.
26:53 Une rumeur court, il paraît que la Bastille, c'est-à-dire que vous êtes à Versailles,
27:00 mais les événements qui se déroulent à Paris, vous les apprenez avec un certain décalage.
27:05 D'ailleurs, le roi lui-même est le 17 juillet.
27:09 Il y a une délégation de représentants des États généraux
27:14 qui doit se rendre à Paris pour accompagner le roi.
27:18 Et là, vous voyez qu'il commence à percer.
27:20 Il est parmi ceux qui sont retenus.
27:23 Il se présente à l'hôtel de ville, où Bailly lui remet la cocarde tricolore
27:30 conçue par Lafayette, qui est juste sur le côté,
27:35 la fameuse cocarde tricolore et Bailly qui dit
27:39 "Si Henri IV avait reconquis son peuple, aujourd'hui le peuple reconquiert son roi".
27:48 Et notre Robespierre suit ces événements.
27:53 Au mois de septembre, quand il y aura les femmes qui viennent crier famine,
27:59 là encore, lui, il est à l'hôtel du Renard ou à l'auberge.
28:04 Il aime être dans la relation pour nourrir ses capacités à la réforme
28:12 et les teinter de cet esprit de morale et de vertu.
28:16 Il s'impose par la morale.
28:18 Mais ce sera cela tout son parcours.
28:21 Et en l'occurrence, il tient un discours en disant
28:24 "Ces femmes-là, il faut les soutenir d'abord.
28:26 Toutes les femmes, elles devraient avoir les mêmes droits que les hommes.
28:30 On devrait les rencontrer dans les académies le soir".
28:33 Voilà comment son discours se repère et est colporté ici et là,
28:41 car cette société n'est pas spécialement ouverte,
28:44 même si elle rêve d'un autre monde.
28:46 Mais un autre monde qui est celui de la royauté.
28:49 Il n'est pas question de remettre en cause le roi.
28:53 Cette remise en cause, elle se fera quand ?
28:56 Eh bien, quand en 1791, au mois de juin, il y a Varenne, la fuite,
29:04 enfin là où il est arrêté.
29:06 Que se passe-t-il ?
29:08 Certains, pour sauver la situation, diront "mais en réalité, le roi était otage".
29:15 Et lui, il dit "non, la vérité, il faut qu'elle sorte,
29:19 il nomme même le roi fonctionnaire, qui a des devoirs".
29:24 Mais qu'est-ce qu'on peut comprendre ?
29:26 Parce qu'il était avec le roi, il l'a accompagné,
29:29 et maintenant, parce que le roi fuit, il change tout de suite sa veste.
29:33 Oui, parce qu'il dit "c'est un traître".
29:35 Il est le premier à demander la destitution du roi.
29:37 Et à ce moment-là, il demande la destitution.
29:39 Il dit "il n'est pas question qu'il reste là,
29:41 mais non pas pour proclamer la République,
29:43 pour qu'éventuellement il y ait une régence qui soit confiée au duc d'Orléans".
29:47 C'est quand même très très important, car les uns et les autres n'imaginent pas
29:52 le chemin qui va se dérouler, et qui dans trois ans,
29:56 eh bien aura complètement bouleversé notre pays.
30:00 Donc Robespierre demande la destitution du roi,
30:03 et à partir de ce moment-là, tout s'enchaîne jusqu'à l'exécution du roi.
30:06 Que se passe-t-il ?
30:07 Alors déjà, c'est une petite graine qui va pousser.
30:12 Marat le loup, Danton le loup, aux cordeliers, ont dit "il a raison".
30:17 Et on finira par créer une pétition appelant le peuple à voter
30:26 pour que le roi soit destitué.
30:28 Et cette pétition, on doit la signer où ça ?
30:32 Au champ de Mars, le 17 juillet.
30:36 Ils sont des milliers à se présenter.
30:39 Mais forcément, il y a les forces de la contre-révolution,
30:44 il y a ceux qui jouent le double jeu, un peu comme Lafayette,
30:48 en prétendant qu'un personnage était caché sous la table
30:52 où se trouvent ses livres où l'on signe,
30:55 et que ce personnage envisageait de faire sauter une bombe,
30:59 et là on fait tirer sur le peuple.
31:01 50 morts !
31:02 Et ils disent "c'est épouvantable, on n'a pas le droit de cela".
31:06 Le loup, en disant "le seul pur, le seul incorruptible",
31:10 c'est Robespierre.
31:12 Vous voyez comment il s'impose, sans être direct.
31:15 Il incarne la morale et le bien.
31:17 Il est celui dont le discours signe par gagner les esprits et les attiser.
31:24 Ça sera pareil pour la révolution, quand je dis la révolution,
31:30 les émeutes du mois de septembre dans les prisons,
31:33 mais aussi bien avant, quand on a le 10 août, l'insurrection aux Tuileries.
31:40 Et bien encore, il y a participé, non pas de façon active,
31:45 mais dans son journal qu'il diffuse, il fait en sorte que les uns et les autres
31:51 soient aiguillonnés dans ce désir de bouleverser, non pas les lois,
31:59 mais de faire en sorte que ce soit un peuple nouveau, une nation nouvelle qui émerge.
32:05 Et au mois de septembre, dans cette épouvante, où on éventre les uns et les autres,
32:11 tous ceux qui avaient été arrêtés simplement parce qu'on les suspectait d'être royalistes
32:16 ou d'être un noble, ils sont enfermés, c'est la pauvre princesse de Lambal,
32:22 atrocement agressés, on les ventre, enfin passons les détails.
32:29 Quand l'homme est dans l'abominable, il est capable de l'horreur absolue.
32:34 On pourrait se dire que lui, l'homme de la vertu, condamne cela.
32:37 Eh bien non, quand il est question de prendre des mesures de rétorsion,
32:43 de punir ceux qui se sont permis de telles abominations, il dit non.
32:50 Le peuple, à un moment donné, fait valoir son droit et il faut admettre qu'il y ait ce type d'excès.
32:59 Voilà, vous voyez comment ce Robespierre est de plus en plus adulé par le peuple.
33:05 Vous avez parlé du 10 août, l'invasion des Tullieries, mais il y a eu une autre invasion en juin 1791.
33:11 Oui, mais là, je vous ai parlé, j'ai sauté parce que malheureusement, le temps…
33:16 Oui, on ne peut pas tout raconter.
33:17 Et on s'est retrouvé en 1792, celle de 91, c'est là où on oblige le roi,
33:24 la foule déferle dans les appartements, on l'oblige à coiffer le bonnet phrygien
33:30 et à boire au nom du peuple.
33:33 De la nation et du peuple.
33:34 Voilà, le temps a passé et ce qui est extraordinaire, c'est que Robespierre est toujours un agitateur.
33:41 Contrairement à Danton qui ne cesse de prendre des responsabilités,
33:48 lui, c'est en particulier au club des Jacobins que ses discours sont remarqués.
33:55 Au moment de cette insurrection de 1792, donc, il est l'un des responsables,
34:04 c'est l'arrestation du roi qui sera conduit, le roi se réfugie,
34:09 il est arrêté, il est conduit à la prison du Temple avec sa famille.
34:13 Danton est devenu ministre de la justice, il veut qu'il devienne président du tribunal criminel
34:21 et il refuse toutes les responsabilités.
34:23 Il sait qu'il est peut-être bon de savoir se tapir dans l'ombre tel le vautour
34:30 pour mieux apparaître au moment opportun.
34:33 En revanche, quand il est question d'un procès, il dit mais il n'y a pas de procès ?
34:38 Il n'y a pas de procès. Le roi, il est coupable, il nous a trahis.
34:44 Le roi doit mourir pour que le peuple vive.
34:48 Donc, ça ne se discute pas.
34:51 Il y a malgré tout le procès et quand il s'agit, forcément, il vote la mort.
34:56 Lui qui était contre l'abolition, qui était pour l'abolition.
35:00 Discours contre la peine de mort.
35:01 Voilà, il était pour l'abolition de la peine de mort.
35:04 Et maintenant, au nom de la vertu ?
35:05 Au nom de la vertu.
35:06 La mort.
35:07 Voilà.
35:08 Est autorisée.
35:09 Oui, parce que c'est un symbole.
35:11 Voir applaudie.
35:12 C'est un symbole et quand il est question de voter un sursis,
35:18 le temps éventuellement de donner au roi la possibilité de faire peut-être appel,
35:23 il ne dit pas de sursis, exécution.
35:27 Son obsession de voir cette révolution échouer
35:33 l'obsède au point que tout un chacun est suspect dès lors
35:38 qu'il n'est pas garant d'une attitude irréprochable.
35:43 C'est comme ça qu'il va finir par être contre les Girondins,
35:46 qu'il va finir par être contre Hébert,
35:51 qu'il va finir par être contre Danton, son ami,
35:55 car ils avaient une sorte de fraternité.
35:57 Peut-on véritablement être un proche de Robespierre ?
35:59 Non.
36:00 Peut-être la famille Dupley ? Je ne me suis pas arrêté sur la famille Dupley.
36:04 Ce sont eux qui l'ont accueillie.
36:06 À un moment donné, il avait tellement peur de traverser Paris
36:10 qu'il s'est logé à quelques 500 mètres de la salle des séances
36:18 où il se rend tous les jours.
36:20 Et les Dupleys l'ont accueillie.
36:22 Ce sont des bourgeois, mais qui sont du côté de la révolution.
36:27 Il y a le père, Menuisier, on a la femme, Françoise,
36:31 les deux filles, le neveu, et la belle Eleonore,
36:36 qui tout de suite est en pamoison devant Robespierre.
36:39 Et c'est ça qui est étonnant.
36:40 Toutes les femmes sont là à l'aduler littéralement.
36:45 Vous avez des scènes quand il prend la parole,
36:48 que ce soit aux Jacobins, à l'Assemblée,
36:51 elles sont dans une sorte d'hystérie,
36:54 elles s'égosillent, elles l'applaudissent,
36:58 elles le suivent partout.
37:01 Il est usé par le travail qui est le sien.
37:05 Il s'adonne, comme il n'est pas permis
37:07 après quand il sera au comité de salut public.
37:10 Il y passe des journées entières, il n'a pas une grande santé.
37:14 Alors de temps en temps, il coupe, il disparaît.
37:17 Et puis il y a les instants où avec son chien,
37:20 un gros dog, il s'en va sur les Champs-Élysées.
37:24 Peut-on l'apercevoir quand elle arrive à le persuader
37:29 qu'elle peut l'accompagner avec Eleonore ?
37:32 Sinon, il est seul.
37:33 Mais il se rend aussi à Montmorency,
37:36 toujours avec son chien.
37:39 Montmorency, là, il faut y aller avec la diligence.
37:42 C'est là-bas que trône la mémoire de Rousseau.
37:46 Rousseau qui est sa référence.
37:49 Rousseau qui, comme lui, pensait à une sorte d'absolu,
37:53 une déité qui gouvernait le monde
37:57 et à laquelle il fallait se référer.
38:00 Voilà ce Robespierre.
38:02 Les instants de fièvre, les moments d'abattement,
38:06 la nécessité de se placer en retrait.
38:09 On a même son secrétaire qui dit
38:11 « cet homme est tellement perturbé dans sa santé
38:13 que très souvent son oreiller est en sang ».
38:18 L'histoire ne s'arrête pas là.
38:21 La terreur se justifie par la vertu.
38:24 Il va encore plus loin.
38:26 Une partie qu'on connaît peut-être un peu mieux de lui,
38:28 Robespierre, le tyran.
38:30 On va peut-être passer rapidement sur cette partie
38:37 que tout le monde connaît.
38:38 Mais plongez-nous quand même dans le décor.
38:40 Cet homme devenu tyran, la terreur.
38:43 Toujours la vertu.
38:45 Comment faire en sorte que ceux qui ne sont pas dignes
38:48 de la révolution, qu'ils voient comme des corrompus,
38:52 qui pour certains cherchent à bénéficier de la situation,
38:57 liés, quand le roi était là,
39:00 liés des contacts avec lui,
39:02 d'obtenir pourquoi pas quelques subsides
39:06 afin de l'aider à tramer une contre-révolution ?
39:11 Et chacun, chacun, ne peut passer devant Robespierre
39:19 sans qu'il scrute son attitude
39:22 et sans qu'il se dise, cet homme-là,
39:25 il n'est pas si pur que ça.
39:27 Et c'est pour ça que les uns derrière les autres,
39:30 il va les éliminer.
39:31 C'est pour ça qu'il envoie les commissaires.
39:33 Il trouve que Lyon est une ville contre-révolutionnaire.
39:37 Alors il y a Fouché qui est sur place là-bas
39:41 avec Colau-Derbois, ils vont se rendre coupables
39:43 des pires atrocités.
39:45 Tallien à Bordeaux, Carrier à Nantes.
39:48 Et c'est lui qui a voulu tout ça.
39:50 On n'est jamais trop pur pour la révolution.
39:54 Et ce n'est pas du sang impur,
39:57 c'est presque un sang de pureté.
40:00 Cette terreur voit donc les têtes tomber tous les jours
40:05 sur ce qui est aujourd'hui la place de la Concorde,
40:08 qui avait été la place Louis XV.
40:11 Et vous avez les tricoteuses qui viennent
40:14 et qui regardent ce spectacle abject
40:17 et qui se réjouissent, qui applaudissent
40:20 quand on brandit les têtes devant elles.
40:23 - 500 000 personnes arrêtées,
40:26 16 000 têtes qui tombent.
40:29 - Voilà.
40:30 Dont celle d'Eber.
40:32 Alors il y a les Girondins, et puis il y a Eber.
40:34 Et puis il y a Danton.
40:36 Danton qui a commis quoi comme erreur ?
40:38 C'est vrai qu'on peut lui reprocher sans doute
40:40 quelques opérations pas très claires.
40:42 Mais ce n'est pas ça qu'il lui reproche, Robespierre.
40:45 C'est qu'à un moment donné, Danton dit
40:47 "Mais il est temps de soulager un peu tout ça,
40:50 d'être moins strict".
40:52 Eh bien ça, c'est une trahison.
40:54 Et hop, la tête de Danton tombe.
40:57 Et c'est là qu'il devient véritablement
41:00 l'homme de la tyrannie totale,
41:05 le fameux tyran,
41:07 et qui veut maintenant éliminer
41:11 les dernières têtes de Lydre.
41:14 Et c'est au mois de juillet 1794.
41:17 - Et voilà qu'on arrive à la fin de Robespierre.
41:20 Et on va voir dans quelles conditions.
41:28 - Le 26 juillet 1794, une nouvelle menace à la Convention.
41:32 Robespierre rêve encore de faire tomber des têtes,
41:35 mais il est pris à son propre piège.
41:38 - Oui, parce que Saint-Just,
41:40 il promit à se dresser pour vanter son ami Robespierre.
41:44 Il est interrompu.
41:46 Il est interrompu par Tallien.
41:48 Tallien qui a compris comme fouché
41:50 que leurs têtes tombaient
41:52 s'il n'éliminait pas Robespierre.
41:54 Alors il n'est plus question de quoi que ce soit.
41:56 Il faut le faire taire.
41:58 Ils finissent par obtenir qu'il soit décrété d'arrestation.
42:01 Et le voilà emporté avec les siens, avec Saint-Just.
42:05 Mais il est tellement populaire
42:08 qu'il y a toute une partie des sections
42:12 qui se réunit avec un général orio
42:15 et qui cherche à le protéger.
42:17 Ils le sortent de cette situation critique,
42:20 le conduisent à l'hôtel de ville,
42:23 et malheureusement pour lui,
42:26 les décisions qu'il cherche à mûrir sont trop longues.
42:29 Il y a des affections parmi ceux qui étaient prêts à le défendre.
42:32 Et voilà Barras, qui a été mandaté par l'Assemblée
42:35 pour l'arrêter définitivement,
42:37 qui déferle avec les siens
42:39 et ceux qu'il a récupéré des sections.
42:41 Et dans l'hôtel de ville,
42:44 le brouhaha de l'envahissement,
42:46 le frère Augustin qui saute par la fenêtre,
42:49 le bas qui se tire une balle dans la tête.
42:52 Qu'est-ce qui se passe-t-il pour notre Robespierre ?
42:55 On le retrouve, la mâchoire en sang.
42:58 Est-ce qu'il a cherché à se suicider lui aussi ?
43:01 Ou a-t-il fait le...
43:04 - Le jeune Merda ?
43:06 - Oui, le geste, comme s'il allait sauter par la fenêtre
43:09 ou se défendre,
43:11 toujours est-il que le gendarme Méda dit
43:13 "c'est moi qui lui ai tiré dessus".
43:15 Il est là maintenant, il gît dans le sang,
43:18 on lui bricole une sorte de pansement,
43:21 il est 7 heures dans une sorte de torpeur,
43:24 dans une souffrance énorme,
43:26 et puis on remplit les charrettes,
43:28 on fait venir la guillotine de Vincennes,
43:31 elle est dressée sur la place de la Concorde,
43:33 ils sont 22, il est l'avant-dernier à monter,
43:37 on lui retire le linge, le sang jaillit,
43:40 bram !
43:42 Comme une bête féroce, blessée.
43:45 On l'allonge sur la planche,
43:49 la tête tombe,
43:51 les 22 têtes seront placées dans un coffre
43:54 et les corps conduits au cimetière, dans la chute.
43:57 - Le résumé de l'émission.
43:59 Orphelin à 6 ans, il devient triste et solitaire.
44:03 Étude à Louis Le Grand à Paris,
44:05 il est désigné pour rendre hommage à Louis XVI.
44:07 Avocat à 23 ans, il se fait connaître par ses plaidoirs immoraux.
44:10 Élu représentant de l'Artois au tiers pour les États généraux
44:14 en mai 1789.
44:16 Après la fuite du roi Louis XVI à Varennes,
44:18 il demande sa destitution, mais ne plaide pas pour la République.
44:21 Obsédé par la chasse aux traîtres,
44:23 il installe la terreur au nom de la vertu.
44:27 Et puis, talien, fouché, menacé,
44:30 ils font arrêter Robespierre,
44:32 il est exécuté sans procès.
44:34 Un livre pour terminer.
44:36 Robespierre, la vertu et la terreur,
44:38 que vous avez en main, d'Antoine Boulon.
44:40 - Oui, un très beau livre, en plus avec des gravures,
44:42 c'est bien écrit, donc très agréable.
44:44 - Merci beaucoup pour cette émission, Marc Menand.
44:47 menant ainsi vers le grand destin d'Aurobespierre.

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