• il y a 10 mois
Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire

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00:00 (Générique)
00:11 Bonjour à tous, bienvenue dans les belles figures de l'histoire.
00:13 Nous parlons du bienheureux Noël Pinot, un humble prêtre mort martyr il y a 230 ans
00:19 sur l'échafaud, victime de la fureur révolutionnaire antichrétienne.
00:24 Il a été déclaré bienheureux, c'est-à-dire la dernière marche avant la canonisation par l'Église,
00:29 et sa vie est exemplaire, il a tout donné par amour de Dieu et de ses ouailles,
00:34 et c'est aussi un témoignage rare par la précision des détails que nous avons
00:38 sur un épisode, il faut bien le dire, peu glorieux de notre histoire.
00:41 De tout cela, on parle avec notre invité, l'abbé Kevin Emmanuel Labbé.
00:45 L'abbé, c'est votre nom. Bonjour, monsieur Labbé.
00:47 - Bonjour, monsieur.
00:48 - Vous êtes vicaire à la paroisse, bienheureux Noël Pinot,
00:52 au Lourou-Béconné, c'est près d'Angers, et vous êtes également co-auteur d'un livre,
00:56 "Priez 15 jours avec l'abbé Noël Pinot", c'est aux éditions Nouvelles Cités.
01:00 Et puis Véronique Jacquet est avec nous, bonjour Véronique.
01:02 - Bonjour Emmerich, bonjour à tous.
01:04 - Cette émission, vous le savez, est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
01:08 Tout de suite, je vous propose de nous rendre sur les traces du bienheureux Noël Pinot,
01:13 de ce prêtre sous la révolution, ses prêts d'Angers, qu'il a vécu, sa dernière paroisse,
01:18 aussi ses dernières années qu'il a vécues dans la clandestinité.
01:23 Ecoutez ce récit signé Éloi Rochebrune.
01:26 L'abbé Noël Pinot est arrivé ici en 1788, dans cette paroisse pauvre du diocèse d'Angers,
01:33 le Lourou-Béconné.
01:35 La révolution française et la constitution civile du clergé le précipitent dans la clandestinité.
01:40 Ses deux vents se crucifient en 1791, qu'il annonce à ses fidèles,
01:45 refusés de prêter serment à la République.
01:48 - Ils montent en chair, ils se tournent vers le crucifix et vers ces paroissiens qui sont là,
01:53 et il leur dit "je refuse le serment, je reste fidèle au pape et je reste fidèle à l'église,
01:59 et ce n'est pas à la loi civile de dicter les lois religieuses".
02:04 Pour l'abbé Antoine, Noël Pinot est un exemple de prêtre.
02:08 Devant sa statue, il demande l'intercession du curé martyr.
02:11 - Actuellement, on demande des prêtres, on demande aussi d'avoir la force de la foi,
02:16 peut-être la proximité avec les martyrs contemporains.
02:18 Sous la statue, on trouve un meuble en bois, la dernière cachette de Noël Pinot,
02:23 où il a été trouvé par les gendarmes.
02:25 Derrière l'hôtel, les vitraux racontent ce triste épisode,
02:29 puis le jugement, et enfin, la montée sur l'échafaud en habit liturgique.
02:35 À 10 km de l'église, cette ferme est le lieu de son arrestation.
02:40 Elle n'a pas changé, et aujourd'hui, elle est un lieu de mémoire.
02:44 - Les paroissiens racontent qu'avant d'être arrêté, le bienheureux Noël Pinot
02:53 allait célébrer la messe.
02:55 Ici, il y a une petite plaque qui le rappelle.
02:58 - Tous les ans, l'oratoire organise un pèlerinage Noël Pinot depuis Angers.
03:02 Il se termine ici, un lieu devenu saint, grâce au martyr d'un prêtre
03:07 qui a donné sa vie pour le Christ.
03:09 - Nous allons reprendre toutes les étapes de cette vie exemplaire.
03:14 D'abord, Véronique, avant d'être pris par la tourmente révolutionnaire,
03:18 l'abbé Noël Pinot est d'abord un humble prêtre, un curé de campagne.
03:23 - Oui, c'est un curé tout simple, dont on a gardé ni homélie,
03:28 ni leçon de vie, véritablement.
03:30 Il n'y a pas non plus de miracle, ni de vision mystique.
03:33 Sa vie témoigne tout simplement de son amour pour le Christ jusqu'à la mort.
03:37 - Alors, Noël, Noël Pinot, c'est le dernier de 16 enfants.
03:40 Son père était tisserand, il est décédé quand Noël avait seulement 8 ans.
03:44 Il est donc né à Angers en 1747, il est ordonné à l'âge de 23 ans.
03:48 Il est volontaire et persévérant parce qu'il veut être un prêtre instruit.
03:51 Et il obtient à 41 ans le diplôme de maître S.A.R. à l'université d'Angers
03:57 qui lui permet de devenir curé, c'est-à-dire d'avoir une charge, une paroisse.
04:01 Alors, il va s'illustrer à travers deux grandes missions.
04:04 La première, c'est qu'il va être aumônier des incurables d'Angers
04:07 avant d'obtenir son diplôme.
04:09 Il a 34 ans, alors ce n'est pas simple à cet âge quand même de passer toutes ses journées
04:13 au chevet de mourant, de fou, de très très grand malade.
04:17 Mais il est resté dans l'histoire comme un prêtre
04:19 qui a témoigné d'un dévouement vraiment exemplaire.
04:21 Et puis, quand il est curé, il hérite donc de la charge
04:25 de la paroisse du lourou béconné, non loin d'Angers.
04:30 Et c'est vraiment là que va s'enraciner sa vocation.
04:32 Il décide de se dépouiller de tout.
04:34 Vraiment, il décide de vivre dans la plus grande simplicité,
04:37 dans la plus grande pauvreté.
04:38 Il donne ses vêtements, il donne son linge.
04:40 Il est tout simplement dans un presbytère, tout simple.
04:46 Il n'y a rien d'ostentatoire.
04:47 Et il décide de se consacrer aux démunis et aux malades.
04:50 Arrive donc la révolution, et on l'a vu dans le reportage.
04:53 Il refuse de prêter serment à la constitution civile du clergé.
04:56 Il refuse de se soumettre à l'État et donc de devenir un fonctionnaire.
05:00 Et donc le 27 février 1791, après avoir célébré la messe,
05:04 il monte en chair et il explique son refus.
05:07 Il est évidemment tout de suite dénoncé et arrêté.
05:10 De toute façon, il y avait des témoins dans l'assistance.
05:12 Et Noël Pinault devient ce que l'on appelle un prêtre réfractaire,
05:16 puisqu'il décide de ne pas prêter allégeance à la constitution civile du clergé.
05:20 Il y en a eu beaucoup dans l'ouest de la France,
05:22 notamment en Vendée, on va en parler.
05:24 Et c'est donc une vie terrible qu'il attend,
05:26 une vie terrible durant trois ans, trois ans de clandestinité.
05:29 On va voir cela, bien sûr, dans un instant, Véronique.
05:32 Abbé Kevin Emmanuel Labbé, justement, revenons sur ces...
05:36 qui ne sont pas des points de détail, mais ces précisions.
05:39 Qu'est-ce qu'un prêtre réfractaire ?
05:41 Est-ce qu'effectivement ils sont nombreux ?
05:43 Ou est-ce que l'abbé Pinault est un exemple minoritaire parmi le clergé à l'époque ?
05:50 En fait, on pourrait tenter de réduire en deux catégories simples
05:54 les réfractaires et puis les jureurs.
05:56 Donc les réfractaires, ceux qui ont refusé la constitution civile du clergé
06:00 et les jureurs, ceux qui ont prêté le serment.
06:02 Or, les choses sont beaucoup plus fines et beaucoup plus ténues que cela,
06:06 puisqu'il y a des prêtres qui ont prêté le serment,
06:09 mais pas spécialement par amour pour la Révolution,
06:12 mais parce que c'était le moyen de rester en place auprès de leurs fidèles,
06:16 parce que lorsqu'on ne prêtait pas le serment, on était démis de ses fonctions.
06:19 Donc il fait partie d'un courant, en fait, c'est pas très clair,
06:23 mais c'est à peu près moitié-moitié, dans toute la France,
06:26 c'est à peu près 6 prêtres sur 10 qui prêtent le serment,
06:29 en comptant les curés, les vicaires, etc.
06:31 Donc il y a une...
06:33 Et pourquoi est-ce que l'abbé Pinault, lui, décide de ne pas prêter serment
06:37 à cette constitution civile du clergé ?
06:39 Alors, il décide de ne pas prêter serment pour bien des raisons.
06:43 D'abord, il voit que lorsque la constitution civile du clergé est promulguée
06:48 et qu'on demande un serment,
06:50 eh bien, il n'y a que 3 évêques en France qui l'approuvent.
06:54 Surtout le reste, c'est à peu près plus de 96 à l'époque, la France.
06:58 Et donc, il se dit, bon, déjà, il y a quelque chose qui ne va pas.
07:01 Puis c'est quelqu'un d'instruit, donc qui étudie les choses,
07:04 il se prononce, vous le savez, bien avant que le pape lui-même ne se prononce...
07:09 - Ne condamne ce document.
07:11 - Condamne ce document, et ceux qui ont prêté le serment.
07:15 Et ce qu'il voit, c'est que la constitution civile du clergé
07:19 demande une séparation du chef visible qui est le pape
07:22 pour faire une église gallicane, bien franco-française comme on l'aime.
07:26 L'élection des évêques et des curés par tous les citoyens,
07:30 quelle que soit leur confession, leur philosophie, etc.
07:34 La circonscription de nouveaux diocèses
07:38 qui colleraient avec les départements, c'est ce qu'on a aujourd'hui.
07:41 Et un certain nombre de choses comme ça, et surtout la fonctionnarisation du clergé
07:46 qui fait que l'église n'est plus libre tellement de ses propos,
07:50 puisqu'elle est rémunérée.
07:52 - Et est-ce qu'il est approuvé par ses fidèles, soutenu ?
07:55 - Par une très majoritaire partie.
07:59 Les seuls qui le condamnent vraiment et publiquement,
08:03 c'est la municipalité qui, elle, est tenue de lui faire prêter le serment.
08:07 Et à un moment, dans le serment qu'il prononce,
08:10 où il refuse de prêter le fameux serment,
08:13 le maire le fait taire en lui disant "tu nous dis que c'est une chair de vérité
08:16 mais tu ne dis que des mensonges",
08:18 et un paroissien se lève et dit "mais monsieur le curé, continuez de parler,
08:21 nous vous soutiendrons".
08:23 Et c'est ce qu'ils ont fait, c'est en partie grâce au soutien
08:27 de tous les fidèles laïcs de ces paroissiens qu'il est aujourd'hui bien heureux.
08:33 - Alors justement, juste avant d'en arriver à cette béatification,
08:37 Véronique, en choisissant d'être un prêtre réfractaire,
08:41 Noël Pinault a choisi le chemin qui le mènera au martyr.
08:45 - Oui, parce qu'après son acte courageux, c'était courageux déjà,
08:48 de monter en chair et de dire pourquoi il choisissait Dieu
08:51 plutôt que la révolution, plutôt que l'être suprême.
08:55 Il est donc dénoncé et arrêté, on l'emprisonne,
08:58 il passe un temps en prison, puis ensuite il arrive à mener une vie de proscrit,
09:02 il va vivre caché de village en village, le tout en pleine guerre de Vendée.
09:07 Alors il y a plusieurs épisodes dans cette guerre de Vendée,
09:09 donc à un moment le vent tourne, les Vendéens reprennent au républicain Angers
09:13 et la fameuse commune du Lourou-Béconné, donc il peut revenir dans sa paroisse,
09:18 mais un prêtre fidèle à la révolution a pris sa place,
09:20 et donc là, il est obligé de rentrer de nouveau dans la clandestinité.
09:24 Alors, ce qui se passe ensuite, c'est que les Vendéens se retirent de l'enjout
09:28 parce qu'ils se prennent, passez-moi l'expression,
09:31 enfin une raclée de la part des révolutionnaires,
09:33 donc Noël Pinault et ses ouailles, puisqu'il arrivait à dire la messe
09:37 dans la clandestinité, continuent finalement à se tairer,
09:41 à faire attention pour essayer d'avoir un minimum de vie religieuse
09:46 et de vie catholique, bien entendu.
09:48 Donc lui, il continue son ministère, et là, il va être caché par les habitants.
09:51 C'est beau en même temps, parce qu'il y a une vraie prise de risque
09:54 dans la population pour cacher ce prêtre, pour l'aider à continuer son ministère
09:59 et à dire la messe. Et là, que se passe-t-il ?
10:01 Parce que pour continuer à dire la messe et à dire son ministère,
10:04 il est obligé quand même de s'habiller en paysan, de laisser sa soutane.
10:08 Sa tête est mise à prix quand même, donc ça va loin.
10:11 Il sait qu'il est recherché, il sait même qu'il est pisté
10:14 par ce qu'on appelait les "bleus", c'est-à-dire les républicains,
10:17 donc il sait quand même qu'il risque sa peau.
10:19 Et un soir, il est aperçu dans la cour d'une ferme
10:22 par un homme qui était un ancien protégé, un homme qui l'a aidé,
10:26 qui s'appelle Niquet, et ce fameux Niquet, contre quelques pièces,
10:29 il va aller le dénoncer aux républicains.
10:31 Donc finalement, Noël Pinot a aussi son Judas, comme le Christ.
10:35 Et puis, il est minuit, un 8 février 1794,
10:39 quand l'abbé Pinot s'apprête à dire la messe,
10:42 dans la fameuse ferme où l'a vue Niquet.
10:46 Les bleus entourent donc la ferme, c'est dans le hameau de la Milanderie
10:50 qu'on a vu dans le reportage. Il est donc découvert,
10:54 alors qu'il est caché dans le fameux coffre en bois
10:56 qu'on a aussi vu dans le reportage.
10:58 On le frappe, on lui crache au visage, on l'insulte,
11:01 ça rappelle bien entendu la passion qu'a vécu le Christ.
11:04 On souille même les hosties qu'il portait sur lui,
11:07 donc c'est un acte sacrilège de la part des révolutionnaires.
11:10 Et puis là, on le sort de la maison et un cortège le conduit
11:14 hors du bourg de la Milanderie vers Angers.
11:17 Et ce qu'il y a de très beau là aussi, c'est qu'il y a quand même
11:19 toute une partie de la population qui salue son curé
11:22 dans un silence lourd de tristesse.
11:24 Alors à Angers, on le met au trou, au pain sec et à l'eau.
11:28 Et dans la même journée, le 21 février 1794,
11:31 il est condamné par le tribunal révolutionnaire d'Angers.
11:36 Et le même jour, il est conduit à l'échafaud.
11:39 - Alors Abbé Kevin Emmanuel Labbé, ce qui est intéressant
11:42 dans ce récit que vient de nous faire Véronique,
11:44 c'est qu'on voit très bien que pour ce bienheureux Noël Pinault,
11:48 ce n'est pas un combat politique, que ce qu'il cherche
11:50 à travers les vicissitudes de la guerre, des guerres de Vendée,
11:53 c'est à continuer d'assurer son ministère,
11:56 d'aller administrer les sacrements à ses fidèles,
11:58 quels que soient les retournements de situation qu'il peut y avoir.
12:01 - Oui, absolument, il n'y avait aucun combat politique
12:04 dans ce qu'il a pu faire de toute sa vie.
12:06 Il n'a suivi aucune armée, en tout cas on ne nous le relate pas.
12:10 Il n'a pas pris parti spécialement.
12:13 Il y avait des réformes nécessaires à l'époque de la Révolution,
12:16 ce qui avait commencé à être mis en place,
12:19 ce qui était nécessaire aussi pour le clergé.
12:22 Les conditions de vie des prêtres, vous savez que quand on était,
12:25 comme je le disais tout à l'heure, un petit chaplain ou curé d'une cathédrale,
12:29 ce n'était quand même pas les mêmes conditions de vie.
12:31 Il y avait des choses à réformer.
12:32 Mais Noël Pinault, lui, ce qui l'intéresse en l'espèce,
12:35 durant la terreur, c'est de pouvoir célébrer librement et dignement le culte.
12:42 Et c'est ce qu'il défend.
12:44 Alors c'est quelque part un petit peu un prophète de la laïcité,
12:48 c'est-à-dire qu'il dit notamment dans son serment...
12:51 - Laïcité bien comprise.
12:52 - Laïcité bien comprise.
12:54 Voilà, en 1794, 93-94, il dit "Tant que les lois de l'Assemblée nationale
13:00 n'ont porté que sur le temporel, j'ai été le premier à m'y soumettre,
13:03 j'ai fait ma déclaration pour la contribution patriotique,
13:06 mais maintenant qu'elle veut mettre la main à l'encensoir, je ne peux m'y résoudre."
13:10 Et donc il dit clairement, il y a une séparation entre le temporel et le spirituel.
13:15 C'est une séparation qui n'était d'ailleurs pas si claire,
13:18 non plus disant, de nos rois.
13:19 - Ou une distinction peut-être.
13:20 - Oui, une distinction.
13:21 Une distinction, c'est préférable, vous avez raison.
13:23 Elle n'était pas si claire, même du temps de nos rois.
13:26 - Mais comment on peut expliquer cette fureur antichrétienne de la Révolution ?
13:30 Parce qu'effectivement, au départ, quelques mesures sociales
13:33 qui font effectivement aller dans le bon sens,
13:35 et puis quand même que, ensuite, ça s'acharne contre le clergé, contre l'Église.
13:40 - Eh bien parce que ça reste une des dernières institutions
13:45 qui est toujours là, toujours présente,
13:47 qui est quelque part intemporelle, au bout de 1700 ans.
13:52 Alors elle a été accusée aussi de copinage avec le régime,
13:57 donc forcément, il faut tuer à la fois son ennemi et les amis de son ennemi,
14:04 d'une certaine manière.
14:06 - Alors Véronique, venons-en à la dernière partie de la vie du bienheureux Noël Pinault.
14:10 Lorsqu'il monte sur l'échafaud, et là, l'image, elle est vraiment saisissante,
14:15 puisqu'il monte en habit liturgique, c'est-à-dire en habit de prêtre,
14:18 lorsqu'il célèbre la messe.
14:19 - Le président du tribunal révolutionnaire d'Angers était un prêtre défroqué,
14:23 donc on imagine la scène tout de même,
14:25 qui juge donc bon d'emmener Noël Pinault jusqu'à la mort,
14:28 dans ses habits liturgiques, avec ce qu'il faut pour célébrer l'Eucharistie.
14:34 Est-ce que c'était pour se moquer de lui, parce que c'était un prêtre défroqué,
14:37 ou est-ce qu'au contraire, c'est une marque de respect,
14:39 parce qu'il a quand même dû être édifié par la foi de l'homme qu'il avait en face de lui ?
14:44 Bon, ça, nous ne le savons pas.
14:46 Toujours est-il une procession parodique,
14:48 mêlée de rires graves de la part des révolutionnaires,
14:51 accompagne Noël Pinault jusqu'au lieu du supplice,
14:54 il a les mains qui sont liées dans son dos,
14:57 et il aurait prononcé alors les premières paroles de la messe en latin,
15:00 "Intro ibo ad altare deis",
15:02 qui signifie "je m'approcherai de l'autel de Dieu",
15:05 et la suite étant très belle, puisque c'est "je m'approcherai de l'autel de Dieu,
15:08 qui réjouit ma jeunesse".
15:10 Il va donc à la mort, mais en disant ces paroles,
15:13 on comprend bien qu'il se donne, il se donne en sacrifice,
15:15 et ça c'est très important, c'est pas pour rien qu'il est bien heureux.
15:18 Finalement, sa mort est sa dernière messe,
15:20 et il s'abandonne à Dieu avec un courage complètement surnaturel,
15:24 parce qu'on imagine bien quand même que c'est la guillotine qu'il a en face de lui,
15:27 et donc c'est le propre des martyrs.
15:29 Il a 47 ans, le coup prétombe,
15:32 nous sommes un vendredi, il est 15h,
15:35 et c'est donc ainsi que son martyr est associé à celui de Jésus sur la croix,
15:40 un vendredi, le vendredi saint, également à 15h.
15:43 Alors on voit cette image, évidemment magnifique, effectivement,
15:46 de ce prêtre qui monte à l'échafaud et qui monte en même temps vers le Christ,
15:50 abbé Kevin Emmanuel Labbé,
15:52 comment justement expliquer ce sacrifice ultime,
15:56 associé finalement au sacrifice de la messe ?
15:59 C'est quand même très étonnant.
16:01 Alors c'est très très pratique, en fait à Angers,
16:04 il y a une place qui s'appelle la place du ralliement,
16:07 c'est là où était montée la guillotine d'octobre 93 à octobre 94,
16:11 et cette place, avant d'être une place, il y avait trois églises dessus,
16:15 qui ont été bien sûr rasées par les révolutionnaires pour en faire une place.
16:19 À la place d'une de ces églises,
16:21 enfin voilà, il y avait une église qui s'appelait l'église Saint-Pierre,
16:24 qui a été détruite, et c'est à l'emplacement de l'hôtel de cette église détruite
16:28 qu'a été installée la guillotine.
16:30 Emmanuel Pinot connaissait cette église puisque c'était la collégiale
16:33 qui l'avait fait nommer curé du Louroubé-Connais.
16:36 Et donc c'est tout naturellement qu'il a dû avoir monté à ses lèvres
16:41 ce psaume 42, les prières au bas de l'hôtel,
16:45 et puis ses marches, revêtues comme il était,
16:48 il ne pouvait que penser à cette belle prière,
16:51 et imiter le Christ jusqu'à la mort en s'offrant lui aussi comme victime.
16:56 C'est édifiant, y compris pour vous qui êtes prêtre,
16:59 et pour aujourd'hui, pour notre époque ?
17:01 Alors c'est édifiant pour moi comme prêtre, oui,
17:04 parce que chaque jour que je célèbre la messe,
17:06 au moment de l'offertoire, je pense aussi au fait de s'offrir,
17:10 et puis dans mon cœur, je dis souvent cette petite phrase qu'il a aussi dite,
17:14 "Mon Dieu qui avais donné votre vie pour moi,
17:16 qu'avec plaisir je donne ma vie pour vous."
17:18 Et c'est édifiant pour nous les prêtres,
17:20 et c'est aussi édifiant, je crois,
17:22 en tout cas, ça devrait l'être pour tous les fidèles,
17:24 parce qu'il y a son martyr, c'est une chose,
17:28 mais c'est toute sa vie qui est une vie remplie de sainteté,
17:31 et finalement la leçon qu'il nous donne aujourd'hui à nous,
17:34 prêtres et laïcs, c'est d'être fidèles à notre vocation jusqu'au bout.
17:38 Peu importe ce qui peut nous être demandé,
17:41 comme sacrifice, grand ou petit,
17:43 peut-être qu'on ne demandera pas notre sang,
17:45 à nous qui sommes autour de cette table,
17:46 mais on doit témoigner jusqu'au bout de ce bel appel à la sainteté
17:50 que nous fait le Seigneur.
17:52 Alors il a été béatifié par le pape Pie XI en 1926,
17:55 pour la fête du Christ-Roi, la première,
17:57 qui avait été instaurée par ce même pape.
18:00 Son procès en béatification, comme on dit,
18:03 a été ouvert en 1905.
18:05 On imagine évidemment que ce n'est pas anodin,
18:07 de la part des évêques de France,
18:08 d'avoir promu cette cause de béatification.
18:11 Alors les preuves, en tout cas toutes les traces
18:14 qui pouvaient aider à ce procès,
18:15 ont été recueillies tout au long du XIXe siècle.
18:19 Et effectivement, Noël Pinot était au départ,
18:24 compté avec les 99 autres qui ont été béatifiés en 84,
18:27 dont nous venons de fêter les 40 ans de la béatification.
18:30 Et sa cause semblait un petit peu plus évidente
18:32 du fait de la dévotion qu'elle provoquait.
18:36 Et il se trouve qu'effectivement, en 1905, les lettres...
18:40 - Au moment où l'État se sépare de l'Église.
18:43 - Exactement. En tout cas, il y a des ruptures diplomatiques.
18:46 Les lettres postulatoires des évêques envoyées au Saint-Siège
18:50 demandent la béatification de Noël Pinot.
18:52 Et de fait, dans les archives, on retrouve
18:54 quelques propos qui disent qu'en fait,
18:57 on a besoin d'un modèle aujourd'hui où l'Église est menacée,
19:01 du fait de la séparation des Églises et de l'État.
19:04 On a besoin d'un modèle et nous voulons Noël Pinot
19:07 comme modèle de résistance ou au moins de persévérance dans notre foi.
19:13 - Et de fait, vous l'avez dit, c'était aussi un prophète
19:15 de la laïcité bien comprise, qui n'est pas une séparation.
19:18 Alors Véronique, quelques livres pour terminer,
19:20 pour mieux découvrir cette belle figure.
19:22 - Eh bien, celui d'Alexis Cronier, "Le bienheureux Noël Pinot",
19:25 qui est édité par l'association Noël Pinot,
19:28 puisqu'il y a une association qui travaille justement
19:30 au développement de la connaissance de ce bienheureux.
19:34 Je vous recommande aussi "Priez 15 jours avec le bienheureux Noël Pinot,
19:38 martyr de la Révolution", avec vous, père Kevin-Emmanuel Labbé,
19:42 ainsi qu'Antoine Meunier.
19:44 Un livre pour les enfants aussi, qui est signé par Morissette Vialandru,
19:47 "Bienheureux Noël Pinot", ça s'est signé aux éditions Saint Jude.
19:52 Et puis, on n'oublie pas bien entendu "France Catholique",
19:54 qui chaque semaine revient sur "La vie de saint".
19:57 "France Catholique" sur abonnement et sur france-catholique.fr.
20:00 Et cette semaine, bien entendu, il y a tout un dossier sur l'entrée en KM.
20:04 - Voilà, un dernier mot très rapide pour vous dire que
20:07 "Le bienheureux Noël Pinot" est fêté localement,
20:09 donc dans le diocèse d'Angers, le 21 février.
20:12 Et puis, un dernier mot, abbé Kevin-Emmanuel Labbé,
20:15 son culte aujourd'hui, il est encore très vivant.
20:18 Il y a des pèlerinages, il y a des projets culturels, je crois, aussi, qui émergent.
20:22 - Oui, alors il y a un pèlerinage chaque année,
20:24 qui sera le 23, 24, 25 août de cette année.
20:27 Il y a également, assez régulièrement, des maraudes.
20:31 Voyez, on a parlé tout à l'heure du service de Noël Pinot auprès des plus pauvres.
20:34 Eh bien, l'oratoire à un apostolat, c'est des maraudes à Angers
20:37 auprès des personnes sans domicile fixe,
20:39 auxquelles on n'apporte rien du tout, hormis un petit peu d'humanité.
20:42 Et puis, effectivement, le 18 février prochain,
20:45 à l'église du Louroubé-Connais, à 10h30,
20:47 il y aura l'inauguration et la bénédiction d'une peinture monumentale
20:51 de 9 mètres sur 3, qui a été peinte par la soltaise Marie Fougeret,
20:55 et à laquelle, bien sûr, tous les téléspectateurs sont invités.
20:58 J'espère que j'aurai assez de place dans mon église.
21:00 - Voilà, et puis on peut aussi soutenir cette belle œuvre,
21:03 y compris financièrement, en allant sur le site de la paroisse, je crois.
21:06 - Alors, en allant sur le site de la paroisse,
21:08 ou en allant sur le site de Patrimoine et Solidarité en Anjou,
21:11 qui est le fonds de dotation du diocèse,
21:13 où on peut soutenir cette œuvre culturelle et aussi culturelle, quand même.
21:18 - Bien sûr. Merci beaucoup d'avoir été avec nous pour éclairer cette belle figure.
21:21 - Merci beaucoup, monsieur.
21:22 - Merci Véronique Jacquet. La citation pour terminer.
21:24 "Mon Dieu", vous l'avez déjà citée tout à l'heure, mais je la redonne.
21:27 "Mon Dieu qui avait donné votre vie pour moi,
21:29 "qu'avec plaisir, je donne la mienne pour vous."
21:32 Merci à Gwendal Dobress et à toutes les équipes techniques
21:36 et valeureuses de CNews pour la réalisation de cette émission.
21:39 À suivre demain aussi dans "Enquête d'esprit", à 13h, ne manquez pas,
21:42 nous parlerons de Sainte-Bernadette, une autre sainte
21:45 qui est un peu oubliée derrière la popularité de Lourdes
21:48 et donc on essaiera de la réhabiliter en quelque sorte.
21:51 Merci d'avoir suivi cette émission. Bonne journée à tous.

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