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Christine Kelly et Marc Menant reviennent sur les personnages célèbres qui ont fait l’histoire dans #LesGrandsDestins
Armand Jean du Plessis de Richelieu (1585-1642), dit le cardinal de Richelieu, est célèbre pour avoir été le «Premier ministre» de Louis XIII.

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00:00 Bonjour à tous, ravie de vous retrouver dans l'émission "Les grands destins".
00:05 Vous le savez, cette émission qui s'arrête sur ceux qui ont fait l'histoire.
00:10 Aujourd'hui, avec Marc Menand, nous allons nous arrêter sur le grand destin d'Armand-Jean Duplessis de Richelieu.
00:17 Oui, le cardinal de Richelieu, l'homme qui aimait le faste, l'homme qui aimait la puissance,
00:23 l'homme qui aimait l'éclat, l'homme qui aimait la grandeur, l'homme qui enracine le pouvoir royal.
00:29 On va voir le grand destin de celui qui œuvrait à la splendeur de la France. C'est parti !
00:36 Bonjour, mon cher Marc. Pourquoi avoir choisi Richelieu ?
00:41 Je pourrais reprendre tous les superlatifs que vous venez de décliner.
00:45 Il y en a d'autres encore.
00:46 Mais moi, j'ai une voix, je dirais, une voix de dissidence, une voix buissonnière.
00:52 Oui, ce sont les mots, l'éloquence.
00:55 Cet homme-là incarne la culture et il va marquer à tout jamais, au-delà des pages de l'histoire,
01:01 il va marquer ce que nous sommes aujourd'hui puisqu'il est le créateur de l'académie française.
01:08 Si notre langue que nous saccageons ignoblement aujourd'hui existe, si elle a toutes ses subtilités,
01:14 c'est parce qu'il a convoqué les académiciens.
01:18 Il aimait rimer, il adorait le théâtre. C'est lui qui protège, entre autres, Corneille.
01:25 Corneille avec le Cid qui est attaqué.
01:28 Eh bien lui fait en sorte qu'il ne puisse échapper à tous les pamphlétaires.
01:34 Voilà ce personnage qui fait de la France l'éclat du rayonnement de l'esprit.
01:43 Dans toute cette émission, je veux tout savoir. Sa corpulence, son étoté, sa façon de penser, ses liens avec le roi Louis XIII.
01:51 On va parler de tout, mais on commence toujours par une anecdote. C'est parti pour l'anecdote.
01:56 La faiblesse de l'homme de fer, une façon de planter le décor pour bien le comprendre et bien le cerner.
02:06 Alors il y a une faiblesse originelle. Vous savez, j'aime les mots qui tombent en désuétude.
02:11 Il y en a un qui est valetudinaire. Ça veut dire que vous êtes constamment malade.
02:18 Et ça dès sa naissance. Tous chétifs, les parents inquiets. Il souffrira de tous les maux, en particulier les migraines.
02:27 Mais il n'y a pas que ça. Les abscès, les fièvres. Et cela entraîne des moments de dépression.
02:34 Plus tard, quand il aura beaucoup chevauché, il y aura les hémorroïdes, les abscès.
02:39 Et cet homme-là, qui est aussi sous la menace de quoi ? De tentative d'assassinat.
02:46 Que d'ennemis face à cet homme qui rayonne, qui est, on le sait, celui qui derrière Louis XIII, prend toutes les grandes décisions.
02:58 Alors pour se délasser, pour essayer d'oublier ses angoisses, dont celles un jour d'être épudié par le roi, il a les chats.
03:07 Oh, il les a découverts tout à fait par hasard. La grande bibliothèque, elle est parfois menacée par les rats.
03:13 Il faut donc trouver ceux qui éviteront les chasseurs de rats.
03:20 Ça aurait pu être des furets. Non, ce sont des chats.
03:23 Alors on dit qu'il avait 14 chats. 14 chats. Que des chats angora turcs.
03:28 Alors je vais vous donner les noms, je les ai notés. Il y a Gazette.
03:32 C'est sous lui, sous Richelieu, qu'apparaît la Gazette de Renaudon, le premier journal.
03:38 Il a beaucoup d'humour. Alors il y a aussi Raton. On chasse les chats.
03:43 Il y a Lucifer. C'est un chat noir.
03:46 Pour un cardinal.
03:47 Oui, pour un cardinal.
03:48 C'est un peu diabolique.
03:49 Il y a Perruque.
03:50 Et bien Perruque, c'est tout simplement parce que un de ses académiciens, qui s'appelle Duracan, la Perruque ressemble à son chat.
03:58 Et puis il y a Soumise. Ah, Soumise. Elle accepte toutes les sollicitations d'un autre cardinal.
04:07 Quand il est en train de recevoir des espions, des ambassadeurs de l'étranger, on voit les petites bêtes qui se précipitent
04:16 et le doigt habile qui essaie d'oublier ses tracas de lames.
04:21 De temps en temps, quelques-uns viennent sur les épaules et il dispose d'une grande chambre de laquelle le médecin, le matin,
04:29 qui leur rend visite et on lui nourrit uniquement de blancs de poulet.
04:34 Ne pas toucher à ces chats, ils seront sur son héritage.
04:38 Et puis un jour, comme souvent, il doit prendre des décisions, il y a un jeune chevalier, le chevalier de Méricourt.
04:45 Quel imbécile, il a osé le duel alors qu'il a condamné les duels.
04:49 Plus question de défourailler et d'embrocher son voisin, pas spécialement ennemi.
04:55 Au nom de l'honneur, on est capable de se provoquer.
04:58 Et ce chevalier de Méricourt se retrouve arrêté et il faut signer l'exécution.
05:04 Oui, même si c'est la veille des noces du pauvre bougre de 20 ans, il hésite.
05:09 Et pour autant, le voilà qui rédige l'acte.
05:14 Et les chats interviennent dans l'histoire car deux soudains se faufilent, renversent la bouteille d'encre.
05:22 Tout est immaculé et il estime que c'est là, eh bien, la grâce divine.
05:28 Il a toujours l'impression que le Seigneur veille sur lui et c'est son obsession d'être digne du tout puissant.
05:36 Et pourquoi vous avez voulu, pardonnez-moi, appeler cette petite partie la faiblesse de l'homme de fer ?
05:41 La faiblesse, vous voyez, c'est cet homme que l'on craint et qui est conduit à prendre des décisions les plus folles,
05:50 les plus terribles, comme l'exécution d'un homme.
05:53 Si on touche à ses chats.
05:54 Eh bien, voilà, et c'est grâce à ses chats qu'il se restaure l'âme et l'esprit.
05:59 On va tout savoir du cardinal de Richelieu. On commence par sa jeunesse.
06:04 Apparemment, on nous présente toujours Marc Menand, un Richelieu comme étant un enfant, non pas dans la misère,
06:17 mais sans le sou et qui petit à petit a été straté.
06:20 De toute petite noblesse, voilà, sans le sou.
06:23 Son père est l'un des proches d'Henri III. Il est prévôt, préfet. Il prend des décisions.
06:30 Il est l'ombre pratiquement du roi Henri III. Il deviendra ensuite le protégé d'Henri IV.
06:38 Donc, c'est un homme tout puissant.
06:40 En revanche, il a tendance à se laisser aller à quelques dépenses.
06:44 Et c'est sans doute lorsqu'il aura une mort prématurée, ce qui conduira la famille à connaître quelques difficultés.
06:51 Quand il naît, il est touché. Je vous l'ai dit, c'est le portrait dressé il y a quelques instants.
06:55 Le 9 septembre 1585 à Paris.
06:58 On craint tellement que le baptême n'intervient que quelques temps plus tard.
07:02 Mais quel baptême ? Et là encore, on a l'autel particulier avec de grandes tentures qui sont faites pour le clash.
07:10 Et on passe sous les fenêtres de la reine Catherine de Médicis, ensuite sous les fenêtres du roi Henri III.
07:20 Et que fait-il Henri III ? Il alloue une dote, un don de 100 000 écus.
07:26 Vous voyez qu'on n'est pas du tout dans la pauvreté, on est dans une grande dignité.
07:31 Cela dit, on est loin de ce qui va arriver après.
07:33 Oui, bien sûr. Alors bon, reste que ce monde est très agité et que la maman prend son petit rocheton.
07:41 C'est le troisième. Il y en a un qui l'a précédé Henri, ensuite Alphonse.
07:46 Le premier sera consacré à l'armée, aux armes.
07:50 Le deuxième aux ordres, c'est logique.
07:52 Lui, ce sera plutôt les armes. Et on vit dans cette province loin de tout,
07:59 veillée par cette maman qui est toujours dans l'angoisse de voir son enfant disparaître
08:05 parce qu'il a les fièvres qui le rongent, et la grand-mère.
08:08 Alors, sort là cet excès, je dirais, d'attention.
08:12 Ça donne un enfant hypersensible. Il a des colères inouïes s'il a la moindre contrariété.
08:18 Et puis après, les instants d'affaiblissement.
08:22 Et le dynamisme, quelque chose qui le pousse, qui le distingue lorsque la santé resplendit.
08:30 À 9 ans, le voilà monté à la capitale, comme on dit.
08:35 Pourquoi ? Parce qu'il faut suivre des études.
08:37 Ça sera le collège de Navarre. Son frère est là, il y a un oncle aussi.
08:41 Bref, il est bien entouré dans ce collège de Navarre.
08:44 Il vient avec, là encore, vous imaginez, il a deux laquais et un médecin qui l'accompagne.
08:50 C'est donc quelqu'un qui bénéficie d'un entourage, alors forcément il y en a qui en ont plus,
08:58 mais néanmoins qui le situe dans le haut de la hiérarchie sociale.
09:03 On étudie le latin, les mathématiques, taciturne forcément, néanmoins très facétieux.
09:09 Très rapidement, on voit cette éloquence.
09:14 Quand il se dresse et qu'il s'adresse au maître, tout le monde est fasciné.
09:19 Il est digne d'Aristote.
09:22 Et lorsque le garçon se retrouve à la Sorbonne, de nouveau, c'est l'admiration des uns et des autres.
09:34 Il ne reste que soudain, il y a la formation des armes.
09:39 Elle se fait avec Pluvinel. Pluvinel, c'est l'homme qui a marqué l'histoire de l'équitation.
09:44 Grâce à lui, on monte avec Maestria.
09:47 Et pour pouvoir être dans ce sens de l'équilibre, il y a la danse, la distinction, les scrims.
09:54 Ce qui fait que, par cette éducation, cette dernière touche, je dirais,
10:01 il atteint une majesté qui était déjà naturelle chez lui,
10:04 mais il se distingue alors que c'est un gringalet.
10:07 – Physique, verbale et intellectuelle.
10:09 – Voilà.
10:10 – Physiquement, en fait, il n'est pas très grand.
10:12 – Alors, on lit chez certains historiens qu'il avait une envergure sortant de l'ordinaire.
10:20 Non, il a une majesté grâce à cette éducation.
10:24 Et puis soudain, son frère, Alphonse, qui était destiné à l'évêché de Lusson,
10:30 dont on hérite grâce à un oncle qui en était le titulaire, celui-ci,
10:35 il est un peu bizarre, son frère.
10:37 De temps en temps, il se prend pour Dieu.
10:39 Il a décidé de devenir capucin et il se soustrait à la tâche,
10:44 à savoir hériter de ce qui est une nécessité pour cette mère qui, maintenant, est seule,
10:50 car le père est parti lorsque le gamin avait 5 ans.
10:53 – Il refuse de devenir évêque.
10:55 – Il refuse de devenir évêque et c'est lui qui accepte d'endosser la situation.
11:00 Et là, c'est la formation à la théologie.
11:03 Rapidement, toujours grâce à cette force dans le verbe,
11:09 le roi Henri IV, il y a eu l'assassinat d'Henri III,
11:13 Henri IV, maintenant, est celui qui est au pouvoir,
11:16 et Henri IV remarque ses sermons et il finit par le décréter évêque.
11:26 C'est quand même extraordinaire.
11:28 – Évêque de Luçon.
11:29 – Évêque de Luçon.
11:31 Mais alors, c'est bien que le roi ait ce type de décision,
11:35 reste qu'il faut maintenant l'adoubement du pape.
11:38 Ah ben, c'est pas grave, d'autant qu'il n'a pas l'âge,
11:40 il n'a que 21 ans théoriquement, c'est à 25 ans.
11:43 – Alors, on va voir comment ça se passe,
11:45 parce que finalement, vous êtes en train de m'expliquer
11:47 que même si c'était quelqu'un d'aisé, petit à petit,
11:51 il a su saisir les opportunités pour vite grimper.
11:54 On va voir justement cette partie où il devient évêque.
11:56 [Générique]
12:01 Vous étiez en train de nous expliquer qu'Henri IV le nomme évêque,
12:04 mais il faut l'accord du pape et qu'il est jeune.
12:07 – Il n'a pas l'âge en plus.
12:08 – C'est ça.
12:09 – Alors, il y a 20 jours de trajet pour aller à Rome,
12:11 c'est presque une aventure, mais malgré sa santé chansante,
12:15 le parcours se déroule bien, il y a aussi des brigands sur les routes,
12:19 mais c'est pas grave, toujours est-il que le voilà devant le pape.
12:23 Le pape lui dit "mais vous avez l'âge, vous avez toutes les conditions requises
12:27 pour que je vous consacre", il dit "oui, bien sûr",
12:30 et quand le pape apprend qu'en réalité, il a rusé…
12:32 – Il a 21 ans et il a 25.
12:34 – Le pape…
12:35 – Ça commence bien quand même à l'épouser, sur un mensonge.
12:39 – Sur un mensonge, et ça amuse le pape, il dit "ce garçon-là sera un grand fourbe".
12:45 Alors, il ne sera pas fourbe, mais c'est un rusé, oui.
12:49 Son intelligence lui permettra d'éviter tous les pièges.
12:53 Quand il revient à Paris, le roi Henri IV l'appelle maintenant "mon évêque",
12:58 mais il faut gagner Luçon.
13:00 Ah ben là, c'est une petite bourgade toute boueuse,
13:04 les rues, il n'y a pas de pavé, il n'y a rien du tout,
13:06 les marais qui débordent, on est dans la boue, il dira,
13:10 c'est mon évêché crotté.
13:12 Il n'a même pas une maison digne de ce nom.
13:15 Et pour autant, il faut bien s'imposer.
13:18 Et c'est toujours grâce à son verbe, ses sermons, qu'il se fait remarquer.
13:23 Et on a un homme qui est un ancien noble, qui maintenant se fait appeler Joseph.
13:30 C'est un moine, le père Joseph, qui entend parler de lui,
13:35 il a besoin d'une toute puissance pour le seconder dans sa création d'un monastère.
13:41 Et l'ayant vu prêcher, il sait que cet homme-là a une splendeur.
13:46 - C'est lui qu'il faut.
13:47 - C'est lui qu'il faut.
13:48 Et c'est là une amitié qui va se lier, une fidélité.
13:52 Il sera l'éminence grise de Richelieu.
13:56 Et maintenant, il faut aussi rencontrer la reine Marie de Médicis.
14:05 Henri IV a été assassiné, le voilà qui monte à Paris.
14:10 Alors la reine Marie de Médicis, ce n'est pas elle qui gouverne.
14:15 Le petit Louis XIII n'est pas en âge de prendre le trône, donc elle a la régence,
14:19 mais elle a un couple. Celle qui était la fille de sa nourrice,
14:26 elle est anti-Shédelle, elle la manipule, elle s'appelle Léonora Galli-Gaillet.
14:32 Elle a convolé avec un gaillard aventurier qui est d'une intelligence supérieure
14:36 qui s'appelle Concini.
14:38 Elle en a même fait un maréchal alors qu'il n'a jamais porté le moindre uniforme.
14:43 Et c'est lui qui prend les décisions.
14:46 Richelieu comprend rapidement qu'il faut faire allégeance à cet homme-là,
14:50 et il le fera. Mais il y a surtout aussi les États généraux, car les nobles s'agitent
14:56 et ils obtiennent la réunion des États généraux pour que leur sort s'améliore.
15:01 Et on concède cette grande organisation, il sera celui qui représentera
15:07 le clergé du Poitou. Personne ne fait attention à lui.
15:11 Reste qu'on lui a confié le discours de clôture.
15:17 C'est un teint amarre, pas possible.
15:19 Vous imaginez, il y a les trois ordres qui sont là,
15:22 ce sont des centaines de personnes. Le public, ça hurle de partout.
15:25 Sa voix, même si elle est dans une sorte de force, malgré cette santé toujours menacée,
15:32 il n'en reste pas moins qu'on l'entend mal.
15:35 Mais quand on voit le texte, on comprend qu'il est d'une intelligence supérieure
15:41 et qu'on ne chignie. - Et qu'il est le prince de l'éloquence.
15:44 - Voilà. Et qu'on ne chignie donc le prendra comme étant l'homme de confiance.
15:50 Il est un des proches maintenant de Marie de Médicis.
15:54 Mais cette toute puissance de qu'on chignie finit par agacer Louis XIII,
16:00 qui a maintenant 16 ans, et son conseiller, qui a un jeune de l'huile,
16:07 qui lui dit "on ne peut pas le laisser comme ça".
16:09 Et s'il arrivait quelque chose à Khochny, vous diriez quelque chose, Majesté ?
16:13 Et on comprend qu'il accepterait l'élimination de Khochny.
16:17 Et sur le pont 9, voilà le pauvre homme qui est pris par une escouade,
16:22 il est transpercé. Et là, il apprend la nouvelle alors qu'il se tient à la Sorbonne.
16:28 Il accourt au Louvre où le roi est sur un billard.
16:31 Et quand il l'aperçoit, il lui dit "Lusson, je suis débarrassé de votre tyrannie.
16:37 Hors de moi, c'est l'exil, comme sera l'exil également de Marie de Médicis,
16:43 qui se retrouvera à Blois. Il est l'homme de confiance de Marie de Médicis.
16:50 Maintenant, elle n'a plus qu'on ne chignie.
16:52 Et pour autant, il est obligé de fuir.
16:55 Il est à Avignon tout en étant le conseil de Marie de Médicis.
16:59 Il finira par être invité à être le réparateur de la déchirure de cœur
17:05 entre le roi et la reine. Grâce à lui, on se retrouve.
17:10 Et là, il est l'homme de confiance qui est derrière le roi au conseil.
17:18 Il a accès au conseil et en tant qu'évêque, la prééminence sur les autres.
17:22 Après le roi, c'est lui qui entre au conseil.
17:25 Vous voyez comment cet homme sait s'imposer.
17:28 Il a tout pour s'imposer et pour aller encore plus loin.
17:32 Parce qu'il devient cardinal en 1622. Comment devient-il cardinal ?
17:42 Marie de Médicis, cet homme-là, elle a une confiance totale.
17:47 Elle sait le remercier de lui avoir permis la réhabilitation dans le cœur
17:52 de son enfant qu'elle n'a jamais su aimer.
17:55 Elle, elle ne pense qu'à Gaston, celui qui est le puiné du roi.
18:01 Reste que maintenant, il faut que l'évêque ait la récompense cardinale.
18:08 Et le voilà qui est nommé cardinal.
18:12 Une grande réception est organisée à Lyon, à l'église de l'Évêché.
18:19 Toute la cour est là.
18:20 Il a 37 ans.
18:21 37 ans.
18:22 Imaginez cet homme, l'ambition, ce goût du faste qui a toujours été le sien.
18:27 Vous l'avez mis en lumière dès l'ouverture de l'émission.
18:30 Et c'est un instant de conquête inouï, cardinal.
18:35 Il est là dans la majesté de son indulge.
18:39 Le stratège et l'ambitieux qui arrivent à ses fins.
18:42 Et quand la messe se termine, il a la mitre sur la tête.
18:47 Il l'enlève, fait quelques pas vers la reine et dépose cette mitre à ses pieds.
18:54 Et il dit je vous remercie madame, je vous la dois.
18:58 Le sens de la reconnaissance.
19:01 Et pour autant un jour, elle estimera que c'est un traître.
19:05 Dans la deuxième partie de cette émission, on va voir un peu le "je t'aime moi non plus" avec le roi Louis XIII.
19:14 On va voir aussi la journée de dupe, c'est important.
19:17 On verra aussi comment s'éteint le cardinal Richelieu.
19:20 Alors bien sûr, on ne pourra pas parler de tout.
19:22 Il y a tellement de chapitres.
19:24 En tout cas, on vous fera aimer ce cardinal qui aimait le faste, le luxe, la stratégie.
19:31 Et les mots et le théâtre.
19:33 Fabuleux collectionneur d'oeuvres d'art.
19:36 Dans la deuxième partie, à tout de suite le grand destin du cardinal Richelieu.
19:40 Savoir dissimuler est le savoir des rois.
19:45 Voilà une des phrases du cardinal Richelieu dont on dresse le portrait, le grand destin.
19:50 Aujourd'hui avec Marc Menon, on a vu toute la première partie.
19:54 Ses forces et ses faiblesses côté stratège.
19:57 L'homme qui aime la stratégie, le pouvoir.
19:59 Et on va voir dans cette deuxième partie le siège de La Rochelle, la journée de dupe.
20:03 Mais aussi comment il s'éteint.
20:05 D'abord, le siège de La Rochelle qui est important dans sa vie.
20:09 Période qui définit Richelieu.
20:17 La Rochelle, ville qu'il connaît bien puisque son évêché se situe à 45 km de là.
20:23 La Rochelle est un obstacle pour la royauté.
20:26 Louis XIII à ce moment-là, où les protestants règnent avec l'appui des anglais.
20:33 Il faut faire tomber la ville et c'est là qu'il joue un rôle capital.
20:38 C'est un état dans l'état.
20:40 Le lieu de refuge des protestants.
20:42 N'oublions pas qu'une grande partie des nobles ont choisi le parti de la réforme.
20:47 Mais ces nobles sont des agités.
20:49 Ils ne cessent d'imaginer comment faire tomber le roi et le cardinal.
20:53 Le roi qui n'a pas d'héritier.
20:55 Et cette place forte où les anglais viennent apporter le réconfort
21:01 et les éléments indispensables à la vie des citoyens,
21:05 eh bien, il faut la faire tomber.
21:08 Alors, on part avec une énorme armée.
21:10 Passons sur les détails des escarmouches qui se font du côté de l'île de Ré.
21:15 Le roi et Richelieu sont là, 20 000 hommes, et ils décident,
21:20 Richelieu estime qu'il faut une grande ceinture,
21:23 que l'on ne puisse pas par terre avoir des renforts
21:26 qui viendraient soutenir les Rochelais enfermés.
21:29 Alors, on dresse.
21:31 Il y a 4 000 ouvriers qui vont participer à ces travaux.
21:34 Et ensuite, comment fermer l'ance qui permet d'entrer dans la Rochelle ?
21:39 Et c'est là qu'on imagine cette idée d'une énorme digue.
21:44 On fait venir un architecte qui s'appelle Clément Mezzo
21:49 et qui dit, voilà, on va couler des navires,
21:53 ça nous servira de base pour la digue,
21:56 on va monter à près des croisillons de bois, que tout ça soit solide.
22:02 Reste que quand on commence les travaux,
22:05 l'un des premiers à s'agiter, c'est Louis XIII.
22:08 C'est extraordinaire de le voir, il devient pratiquement maçon.
22:11 Le cardinal, lui, c'est l'homme de l'organisation.
22:13 Comment tenir ces 20 000 hommes en attendant d'être capable
22:18 de passer à la taxe si les Anglais se manifestent ?
22:22 Eh bien, que fait-il ?
22:24 De temps en temps, des revues de troupes.
22:26 Ah oui, comme ça, pendant qu'ils sont en train de travailler leur discipline,
22:33 ils ne se laissent pas aller à ce qui est la faiblesse de tout homme,
22:37 c'est-à-dire le jeu, ou éventuellement quelques gourgandines traînées
22:43 qui seraient là, réussies à pénétrer dans l'enceinte
22:47 et ce serait les canailleries qui l'emporteraient.
22:52 Et puis, il y a les messes, il y a les prières.
22:54 Il fait en sorte aussi qu'il y ait le ravitaillement.
22:57 Des quintaux de bœuf salé.
23:00 Eh oui, il faut tenir.
23:01 La farine aussi, pour le pain.
23:04 Mais en revanche, à l'intérieur, à la Rochelle,
23:06 les pauvres, ils n'ont rien.
23:08 Il y a eu une première attaque qui a eu lieu,
23:10 qui a été menée, plus de 150 navires, une armada incroyable,
23:14 par Buckingham.
23:15 Buckingham, c'est l'homme qui était tombé amoureux de la reine.
23:18 Il a même la jeune âne d'Autriche, celle qui a convolé avec Louis XIII.
23:23 Il a même un portrait dans sa cabine.
23:25 Il est refoulé par Touaraz.
23:27 Et il y aura une deuxième attaque.
23:29 À l'intérieur de la ville, on est de plus en plus dans une situation de détresse, affamée.
23:35 Le roi, lui, connaît quelques fièvres.
23:38 C'est Richelieu qui veille sur lui.
23:41 Puis il se lasse.
23:42 Il dit "attendons que la situation évolue".
23:45 Et de temps en temps, il regarde comment cette digue est en train de s'ériger.
23:51 Et les tempêtes qui, parfois, font basculer ce qui a été dressé dans la journée.
23:56 Et le cardinal qui maintient ses hommes.
23:59 Le roi finit par quitter la place.
24:01 Il revient là pour montrer qu'il est dans sa toute-puissance.
24:05 Fait venir des alentours ceux qui souffrent des écrouels.
24:09 Vous savez, c'est la capacité, le don de Dieu pour les rois de France.
24:13 Afin qu'ils soient guéris de ces abscès qui rongent les pauvres individus.
24:18 Le cardinal qui doit répondre, là encore, à une nouvelle attaque des Anglais qui est refoulée.
24:26 Et à l'intérieur de la ville, le désespoir s'installe.
24:30 Il y a un nouvel élu qui s'appelle Jean Guitton.
24:33 Il accepte de prendre le contrôle de la cité.
24:36 Mais à une condition. Qu'on accepte sa férule.
24:39 Qu'il n'y en ait pas un seul qui soit défaillant.
24:42 Un seul qui ose la moindre traiterie.
24:44 Il prend un poignard, il le plante sur le bureau.
24:47 Et il dit "je le transpercerai de cette façon, le traître".
24:50 Et ces hommes essaient de tenir.
24:53 On est épuisé jusqu'au dernier rat.
24:55 Maintenant, on fait bouillir le cuir.
24:58 Afin de trouver des petits éléments de force.
25:00 Et les gens tombent les uns derrière les autres.
25:03 On veut évacuer les plus faibles, les vieillards, les femmes, les enfants.
25:06 Mais les armées royales repoussent l'inflexibilité du cardinal.
25:11 L'homme en rouge, il est là de temps en temps, sur la digue, dans toute sa splendeur.
25:17 Les Anglais reviennent à l'attaque.
25:22 Un beau matin.
25:23 Et on entend les premiers coups.
25:26 Alors on sonne les cloches.
25:28 Et voilà toute l'armée royale qui est mobilisée.
25:31 Et on entonne les boulets dans les gueules des canons.
25:36 Le roi, il participe de temps en temps.
25:38 Plus de 5000 boulets vont jaillir de part et d'autre.
25:42 Et les Anglais sont refoulés.
25:44 Au sein de la ville, on est épuisé.
25:48 On comprend qu'il faut se rendre.
25:50 C'est la rédition.
25:51 Le premier à se rendre sur place, c'est le cardinal qui voit tous les cadavres desséchés.
25:58 Il n'y a même pas d'odeur de putréfaction tellement ils étaient faméliques.
26:02 On remet les clés de la ville à Louis XIII.
26:06 Et ce qui est incroyable, c'est que quelques jours plus tard,
26:10 une tempête qui a une force d'ouragan emporte la fameuse digue qui avait été dressée sous les ordres du cardinal.
26:18 Et c'est bien la preuve que Dieu avait décidé qu'il fallait protéger le roi et le cardinal de Richelieu.
26:27 Belle réussite de la stratégie du cardinal de Richelieu.
26:32 On va voir une autre période très importante dans sa vie.
26:36 Oui, la journée des dupes, puisque la période est agitée à ce moment-là.
26:45 C'est un phénomène.
26:47 Le féminisme.
26:49 Parce que n'oubliez pas, on lutte contre les protestants.
26:52 Mais il y a également la guerre contre les Espagnols, contre l'empire germanique, etc.
26:57 Et contre les troupes du pape.
26:59 Et malgré une santé extrêmement précaire, comme vous l'avez dit depuis le début, Richelieu,
27:04 il est à la tête de ses troupes, comme en 1639 à Rivoli.
27:08 Voilà, alors je vous ai dit, le pape, qui n'est pas toujours du...
27:13 Il oscille, etc.
27:15 Et on est là-bas, en Italie, à Rivoli.
27:18 Alors, il arrive dans son carrosse.
27:22 Les troupes, il faut de temps en temps leur montrer que l'on est dans la vigueur.
27:26 Et cet homme, laminé par les fièvres, néanmoins, quand il a la bonne énergie,
27:31 il se place sur son fier Alzan.
27:34 Et là, on le voit en voltige faire de véritables pirouettes.
27:39 N'oubliez pas l'éducation de juveniles.
27:42 Mais soudain, paf, un énorme orage, il se carapate, se réfugie dans son carrosse,
27:47 alors que les soldats prennent l'ondé.
27:50 Et quand il voit que cet homme a presque une lâcheté, il grogne, il hurle pour certains,
27:56 il ose l'outrage, il leur donne le silence.
27:59 Et quand le soleil revient, il ressort et il fait comme si rien ne s'était passé.
28:06 On va remporter la victoire.
28:09 On va obtenir une négociation.
28:12 Je n'ai pas le temps de tout raconter, mais à Lyon arrive un personnage
28:16 étonnant, délégué, émissaire du pape.
28:19 Il s'appelle Mazarin.
28:22 Quelle intelligence !
28:25 Ce garçon parti de rien, eh bien, tout de suite, il comprend qu'il en a besoin
28:30 et qu'il lui faudra compter sur son intelligence.
28:34 Il fera tout pour le détacher du pape et le mettre à son service.
28:38 Il y parviendra.
28:40 Ensuite, on continue à lutter aussi contre les Savoyards
28:45 et on se retrouve à un moment avec le roi à Lyon.
28:49 Et le roi est pris par les fièvres.
28:52 C'est terrible parce que là, la santé décline de façon si dramatique
28:58 qu'on a l'impression qu'il va passer à trépas.
29:01 La reine Marie de Médicis, la reine mère, est là.
29:06 Pour une fois, on a l'impression qu'elle l'a aimée comme jamais.
29:10 Il y a aussi Anne d'Autriche et toutes les deux veillent sur celui qui devient le moribond.
29:17 Déjà, ceux qui sont dans l'intrigue voient tomber Richelieu,
29:23 d'autant que la reine mère profite de cette attention qu'elle porte à son fils
29:30 pour lui dire "il faut se débarrasser de cet homme-là, il faut se débarrasser de cet homme-là".
29:35 C'est elle qui l'a fait, mais maintenant elle estime qu'il a trop de puissance.
29:40 Et dans un râle, Louis XIII admet de se débarrasser de Richelieu
29:49 si le Seigneur lui donne l'existence.
29:52 Alors qu'il reçoit les sacrements quelques heures plus tard,
29:56 mais il sera gaillardi et il échappe à ce triste sort.
30:03 Il peut de nouveau gouverner. On regagne Paris.
30:07 Et à Paris, comme un miracle, un véritable miracle.
30:11 Vous voyez, Richelieu, on ne peut pas dire que ce soit un dévot,
30:15 on ne peut pas dire que ce soit l'homme de la foi intransigeante.
30:19 Et pour autant, il y a quelque chose qui le gouverne
30:22 et qui le rattache à cette transcendance au ciel dans sa toute-puissance.
30:27 Et à Paris, il y a une scène qui se passe,
30:30 c'est que la reine de Médicis, qui a fait ériger le palais du Luxembourg
30:34 et le palais du petit Luxembourg,
30:36 qu'elle a offert à celui qui était son protégé, qui était dans toute sa splendeur.
30:40 N'oubliez pas qu'au Luxembourg, il y a toute une galerie
30:44 qui a été réalisée par Rubens. Rubens est venu là, au Luxembourg.
30:48 Il n'aimait pas trop Richelieu parce que lui, il était du côté des protestants, Rubens.
30:53 Bref, toujours est-il que la reine s'enferme avec son fils et lui dit
30:57 « Vous m'avez fait une promesse, il faut vous débarrasser de l'éminence.
31:01 Je ne veux plus le voir. »
31:03 Du petit Luxembourg, il a forcément des informateurs
31:06 qui le tiennent au courant de ce qui se passe.
31:09 Et là, il essaie d'entrer dans la pièce et il s'aperçoit que tout est fermé.
31:15 Et puis en plus, les laquais barrent le chemin avec beaucoup de révérence.
31:19 Le cardinal, il passe par un petit détour
31:24 et là, il y a une porte qui se fait ouvrir par une servante.
31:28 Une servante, il s'immisce dans ce bureau où la reine est en pleine invective.
31:34 Elle a de temps en temps un ton comme ça de furie.
31:37 Elle lui dit « Vous allez la prendre cette décision, je ne veux plus le voir. »
31:41 Et soudain, elle aperçoit le cardinal.
31:44 Et là, elle varbe. Alors là, c'est le verbe poissonnier.
31:48 Elle hurle « Vacherie ! Moins que rien ! Traîneur de chiens ! »
31:54 Elle l'humilie comme il n'est pas permis.
31:58 Et le cardinal se blanchit et submergé par les pleurs,
32:06 on le voit qui tombe au pied de la reine, se lamentant.
32:12 Elle le méprise et elle continue « Traître ! Moins que rien ! »
32:16 et elle s'en va pensant avoir obtenu la destitution de Richelieu.
32:23 Le roi n'a rien dit. Il quitte la pièce.
32:27 Richelieu envisage de fuir.
32:30 Il faut regagner ses terres avant d'être arrêté.
32:34 Et puis, en pleine nuit, soudain, un militaire vient le prévenir
32:39 que le roi le convoque à Versailles où il a son petit relais de chasse.
32:44 On est loin du château de Versailles.
32:46 C'est le petit relais de chasse du roi Louis XIII,
32:49 là où il aime prendre des instants de réconfort,
32:53 loin de toutes les responsabilités.
32:55 Et il prend carrosse, se retrouve devant le roi tout en blanc,
33:01 ayant peur, cette angoisse qui le ronge depuis si longtemps
33:06 qu'un jour le roi ne veuille plus de lui.
33:09 Il va sans doute lui asséner la sentence.
33:12 Ce moment fatal ! Eh bien non.
33:15 Le roi lui dit, je vous conserve toute ma confiance.
33:20 À tout jamais, nous serons ensemble.
33:24 Et oui, c'est une sorte...
33:26 Vous avez utilisé tout à l'heure le mot "haine d'amour".
33:30 Ils ont des oscillations, mais ces deux-là sont indispensables l'un à l'autre.
33:35 Mais je trouve que c'est très intéressant tout ce que vous avez raconté.
33:39 Vous avez fait vivre quelques sentiments chez le cardinal Richelieu.
33:43 On a l'impression qu'il n'éprouve pas de sentiments,
33:46 de la souffrance, de l'intérêt.
33:48 Avec le roi Louis XIII, on va voir ce mariage, cette haine d'amour,
33:52 ce "je t'aime, moi non plus" entre les deux.
33:55 C'est important de s'arrêter dessus.
33:57 Si Richelieu est indispensable au roi,
34:05 et qu'il a l'intelligence de toujours se montrer dans la soumission,
34:10 il ne reste pas moins que sous la pression, le roi aussi,
34:13 entre son adoubement et son départ.
34:17 Et ça, ça fait souffrir le cardinal Richelieu.
34:19 Oui, parce que forcément, cet homme a généré des haines invraisemblables.
34:25 Constamment, il y a des tentatives d'assassinat qui sont fomentées contre lui.
34:30 D'ailleurs, que fait le roi Louis XIII ?
34:32 Il lui dit en 1634, il lui dit maintenant, il faut que vous soyez comme moi.
34:37 Il faut qu'il y ait toute une troupe qui vous défende.
34:39 C'est pour ça que l'on crée une compagnie de mousquetaires.
34:42 Le roi a ses propres mousquetaires, et lui, il aura les siens.
34:45 Plus de 100 hommes, plus un bataillon, 100 également en effectif.
34:50 C'est-à-dire que c'est une véritable armée qui, au quotidien, veille sur Richelieu.
34:54 Alors, vous l'avez souligné, le faste, il est toujours dans des grandes envelées.
34:59 Néanmoins, il faut avoir une défense, car à chaque instant, il risque l'attentat.
35:06 Il y a d'ailleurs un jeune personnage, il l'aime beaucoup, parce qu'il a une prestance inouïe.
35:12 Un garçon qu'il place dans l'entourage de Louis XIII.
35:15 Louis XIII aime les garçons qui ont de l'aisance, qui ont de l'imagination,
35:21 qui ont une pétillance, et il s'appelle Saint-Mars.
35:25 Et ce garçon se retrouve à côté du roi.
35:28 Et pour autant, alors qu'il doit tout à Richelieu,
35:31 il se laisse embobiner par ses nobles qui veulent faire tomber le cardinal.
35:36 Il accepte de participer à une tentative d'assassinat qui est,
35:42 heureusement pour le cardinal, déjouée.
35:46 Et on arrête Saint-Mars.
35:48 Et le cardinal se trouve à ce moment-là à Tarasconde.
35:52 Et le roi, sa position n'est pas très claire dans ce moment-là.
35:58 Est-ce qu'il a laissé se faire un peu les choses ?
36:00 Toujours est-il que tous les deux sont des hommes usés
36:03 par tout ce qu'ils ont vécu depuis des années.
36:06 Et ces temps littiers, vous avez deux personnages qui marquent l'histoire de France
36:12 et qui sont comme des locteux moribonds.
36:16 Ils ne parlent plus qu'eux.
36:18 Ils susurrent dans un souffle et ils échangent,
36:22 non seulement sur les affaires de l'État,
36:24 mais sur le sort de ce 5 mars et son complice de tout.
36:30 Il faut les exécuter, oui, il faut les exécuter.
36:34 Comme ils ne sont pas véritablement transportables,
36:38 il y a toutes ces armées autour d'eux,
36:41 je reste dans cette idée de protection,
36:43 qui les accompagnent et on les porte dans des litières.
36:46 Aussitôt qu'il est possible, c'est le coche d'eau qui permet d'atténuer.
36:52 Vous voyez, les vibrations.
36:54 Et à Lyon, on fait dresser l'échafaud jusqu'à la dernière seconde.
37:00 On espère que le cardinal gracira ce jeune garçon qu'il a mis en place.
37:09 Mais il lui faut être inflexible.
37:11 Ce qui compte, c'est l'État, la force de l'État.
37:16 Et Saint-Marc, avec le tout, monte sur l'échafaud.
37:22 Il est d'une fierté incroyable, refuse de bandeau.
37:26 Il perd la tête, ainsi que son complice.
37:30 Le cardinal remonte à Paris,
37:32 mais les forces commencent à lui manquer énormément.
37:36 Les forces commencent à lui manquer
37:40 et on va voir cette partie que vous avez envie de nous conter.
37:44 Ces derniers instants, la mort du cardinal Richelieu.
37:48 "La mort n'a qu'un instant et la vie en un mille."
37:57 Une des phrases du cardinal de Richelieu
37:59 qui va s'éteindre le 4 décembre 1642 à l'âge de 57 ans.
38:05 Cet homme a eu une vie maladive, on l'a déjà évoqué.
38:09 Tous les matins, le médecin le visite.
38:13 Très souvent, il doit subir une saignée,
38:16 il doit subir différents éléments de charcutage
38:20 parce qu'il a un abcès qui l'emporte, il a des hémorroïdes.
38:25 Mais ce dont il souffre le plus, c'est du rejet qu'il sent,
38:31 qui habite l'ensemble de la population.
38:36 Il a eu affaire à différentes révoltes,
38:39 révolte des paysans comme les Nupiés.
38:42 Ces gens-là criaient quoi ?
38:43 Ils criaient famine parce qu'il y avait trop de taxes.
38:45 Pourquoi des taxes ?
38:47 Déjà parce qu'il y a la vie de luxe du cardinal,
38:50 mais il n'y a pas que ça, il y a toutes ces guerres
38:52 et ça coûte extrêmement cher.
38:56 Dans les scènes qu'il nous faut noter, 1636,
39:00 c'est une année particulièrement terrible pour lui.
39:03 Il y a ces agitations, des croquants,
39:06 et un jour il est là, dans son palais, à côté du père Joseph.
39:12 Il entend la foule qui hurle, on hurle à mort,
39:17 c'est-à-dire que devant la toute-puissance,
39:19 on ose se dresser, vociférant,
39:23 ça montre qu'on est presque au-delà de la révolte.
39:26 Et là, cet homme inflexible,
39:30 cet homme qui de temps en temps est capable
39:33 de toutes les outrances pour se faire justice,
39:36 eh bien il tombe dans l'abattement le plus total.
39:39 Il pense même presque se suicider.
39:43 Il se dit "il me faut mourir" et il pleure, il pleure comme un gamin.
39:47 Il est vrai que Marie de Médicis ne cessait de répéter cet homme-là,
39:52 il pleure quand il en a envie.
39:55 Toujours est-il qu'il est lamentable devant le père Joseph
39:59 qui soudain lui dit "mais enfin, votre éminence,
40:02 vous ne pouvez pas vous comporter comme ça,
40:04 ces gueux, vous n'allez pas les laisser hurler, allez, allez,
40:07 dressez-vous, osez les affronter, vous n'êtes qu'une poule mouillée,
40:11 vous n'êtes qu'une poule mouillée".
40:13 Voilà ce qu'ose le père Joseph, mais c'est le père Joseph,
40:16 c'est quand même l'homme qui lui cissure à l'oreille depuis tant d'années.
40:19 Et le plus incroyable, c'est que l'on voit Richelieu,
40:23 soudain, tout peinot, qui se relève,
40:26 il est vraiment dans ses jeux, ses changements d'humeur,
40:31 il passe de l'abattement le plus total, vous savez les lunatiques,
40:35 et hop, à l'exubérance, et hop, il ose sortir
40:39 en compagnie d'un des anciens complices d'Henri IV,
40:44 l'amiral de la force, et il affronte la foule,
40:48 ce qui était en train de le menacer de mort.
40:51 Et soudain, devant cet homme dans sa majesté,
40:55 c'est le calme et les uns et les autres qui baissent la tête.
40:59 Vous voyez, elle a toute puissance.
41:01 Alors c'est sans doute à ces scènes-là,
41:04 qu'il y a de temps en temps dans les vapeurs de fièvre
41:07 qu'ils l'ont pris, lorsque nous sommes à Paris,
41:10 telle qu'on a placé la situation tout à l'heure.
41:13 Sans doute d'autres moments de son existence,
41:17 mais ils se sont de plus en plus là.
41:19 Il fait appeler Chico, qui est le médecin du roi,
41:24 et les autres essaient à chaque seconde de lui dire
41:27 « Mais tout va bien, votre éminence, tout va bien ! »
41:30 Et là, il dit non.
41:32 « Dites-moi la vérité, Chico, dites-moi la vérité. »
41:36 Le médecin le regarde et lui dit « Votre éminence,
41:41 dans quelques jours, ou vous serez mort,
41:45 ou vous serez guéri. »
41:47 « Ah, j'aime cette franchise, j'ai compris. »
41:51 Et là, il fait venir le curé de Saint-Austache.
41:54 Il demande à ce qu'on lui remette un crucifix.
41:58 Il demande aussi à ce que sa nièce,
42:02 pour laquelle il a un amour extrêmement prononcé,
42:07 tellement prononcé que les murmures courent,
42:10 il en a fait la duchesse d'Aiguillon,
42:12 allait être à côté de lui maintenant.
42:14 « Mais il faut mourir dans la dignité.
42:16 Partez, madame, vous êtes celle que j'ai le plus aimée. »
42:20 La personne humaine qui m'était la plus chère,
42:25 elle s'en va en pleurs.
42:27 Il reste entre les prières,
42:30 le médecin qui veille à ce que les souffrances
42:34 ne lui soient pas intolérables.
42:36 Il y a les abcès qui suintent.
42:38 Il embrasse le crucifié, le curé qui lui dit
42:41 « Pardonnez-vous à vos ennemis. »
42:44 Il dit « Mais je n'ai eu d'ennemis
42:47 que ceux qui étaient les ennemis de l'État. »
42:51 C'est son dernier film.
42:53 - Les grands embrasements naissent de petites étincelles.
42:57 On retiendra aussi cette phrase du cardinal Richelieu,
42:59 ce qu'il faut retenir.
43:00 « Fils de grande noblesse destiné aux armes,
43:03 passe la soutane par l'intérêt familial. »
43:06 Cardinal a 37 ans par la volonté de Marie de Médicis,
43:09 d'abord banni par Louis XIII,
43:12 il devient son indispensable Premier ministre.
43:14 Homme d'église, il s'avère stratège militaire
43:17 comme l'or du siège de la Rochelle.
43:19 Alors que Marie de Médicis le bannit,
43:22 Louis XIII l'assure de sa fidélité,
43:25 puis d'une santé extrêmement précaire,
43:27 il meurt pieusement à 57 ans, rongé par les maladies.
43:30 Deux livres.
43:32 « Richelieu, vu par ses contemporains »
43:34 de l'historienne Marie-Pierre Thérien,
43:36 aux éditions Pays et Loin.
43:38 - Et qui nous a offert quelques illustrations.
43:40 - Et le cardinal de Richelieu,
43:42 de René Cassin, aux éditions Réciac.
43:45 Merci Marc Menand.
43:47 Ainsi va le grand destin du cardinal Richelieu.
43:49 Merci à tous !

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