• l’année dernière
Christine Kelly et Marc Menant reviennent sur les personnages célèbres qui ont fait l’histoire dans #LesGrandsDestins
Surnommé le «Roi-Soleil», Louis XIV (1638-1715) fût le plus jeune roi de France et aussi celui qui connut le plus long règne, pendant lequel il fit construire le prestigieux château de Versailles.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Bonjour à tous, ravie de vous accueillir dans cette nouvelle émission "Les grands destins".
00:06 Vous le savez, une émission qui revient sur ceux qui ont fait l'histoire.
00:10 Alors aujourd'hui, avec Marc Menand, nous allons vous raconter le grand destin de Louis XIV.
00:16 C'est le plus grand règne de toute l'histoire de France.
00:19 Le roi français qui rayonne le plus dans le monde.
00:22 A tout jamais présent dans l'histoire, même aujourd'hui, grâce au château de Versailles.
00:27 C'est le symbole du pouvoir absolu, on peut dire ça Marc.
00:30 Une vie tellement dense que nous n'allons pas tout vous raconter dans cette émission,
00:34 mais nous allons nous contenter des 23 premières années de sa vie,
00:38 les conditions de sa naissance, sa jeunesse, comment il émerge de la guerre civile qu'on appelle la Fronde.
00:44 C'est parti pour le grand destin de Louis XIV.
00:47 Bonjour Marc, ravi de vous retrouver pour cette émission.
00:50 Alors déjà, je l'ai un peu dit en introduction, mais pourquoi choisir Louis XIV et cette première partie de sa vie ?
00:55 Je ne vais pas jouer le perroquet, vous l'avez merveilleusement bien décrit.
00:59 Ça nous cueille dès l'enfance. Il y a deux rois qui émergent.
01:03 Henri IV et puis Louis XIV. Henri IV, c'est son grand-père.
01:07 Et alors, ce qui fascine, c'est cette idée du soleil.
01:11 Il y a quelque chose de somptueux et quelque chose qui illumine.
01:14 Et puis après, le règne le plus long.
01:18 Et on découvre aussi que ce fut un roi de guerre.
01:21 Mais c'est aussi le roi de la misère, car la France souffre sous son règne.
01:26 Alors ça demande forcément, ça attise la curiosité, ça demande de plonger dans les archives et on dégage toute la jeunesse.
01:33 Et ce qui est bien, c'est qu'à chaque fois, pour planter un peu le décor, on commence par une anecdote.
01:38 Et on va commencer par une anecdote pour connaître un peu plus.
01:41 Vous allez découvrir franchement des petites parties que vous ne connaissez pas de Louis XIV.
01:50 Alors, pour cette anecdote, on l'a intitulée "Louis XIV fait arrêter le cardinal de Ré".
01:56 Il a 14 ans, racontez-nous.
01:58 Alors, ce n'est pas un grand bonhomme, mais alors quelle majesté ! On le remarque tout de suite.
02:02 Et là, nous le saisissons alors qu'il est au Louvre, en impatience.
02:07 On est à la fin de la fronde et on se dit, lui, attend que le cardinal de Ré,
02:14 qui était parmi ceux qui s'étaient dressés contre lui,
02:17 il est enfermé dans son cloître et il attend qu'il vienne faire amende honorable,
02:21 si je puis utiliser cette expression triviale.
02:24 Et on lui annonce qu'il se présentera dans la matinée.
02:28 Alors, il dit, il faudra que ce soit aussitôt fait.
02:31 Il attend et le cardinal se présente.
02:34 Forcément, il se courbe devant Sa Majesté,
02:39 qui fait mine de l'entretenir avec à ses côtés son confesseur, le père Paulin.
02:45 Et il devise de théâtre.
02:48 Le théâtre, c'est merveilleux, la danse, ce sont ses passions.
02:52 Lorsque le cardinal, à un moment d'inattention, se tourne vers le chef des gardes,
03:00 il lui dit, mort ou vif ?
03:03 Et hop, forcément, personne n'a rien entendu.
03:06 Rejaillit sur la conversation du théâtre.
03:10 Et puis, de nouveau au chef des gardes, il dit, surtout, qu'il n'y ait personne au théâtre.
03:17 Et hop, la scène se termine là.
03:20 On pourrait dire, pas de quoi être remarquable.
03:22 Sauf que ce que signifiaient tous ces mots, tous ces bribes que nous avons perçus,
03:29 c'est que simplement, il avait ordonné l'arrestation du cardinal,
03:33 ce qui est fait sans séance tenante, juste à la sortie du Louvre.
03:39 Voilà cet homme qui a compris des hommes l'esprit de fourberie,
03:44 le sens de la traîtrise, mais savoir toujours tromper son monde,
03:49 le leurrer en étant dans la dignité, en étant dans la majesté.
03:54 Ça, il a appris durant la fronde, tout ce qu'il vient de souffrir pendant cinq ans.
03:58 On va parler de ce moment de fronde, on parlera de toute cette enfance,
04:02 de cet enfant qui a été tant attendu, 23 ans, 22 ans, 23 ans d'attente, l'enfant du miracle.
04:09 Quelle attente !
04:17 C'est incroyable parce que cette attente pour avoir ce petit Louis XIV va marquer le reste de sa vie.
04:25 Alors déjà, forcément, il est difficile de faire des enfants quand on n'a pas une assiduité à l'étreinte.
04:33 Or, il se trouve que Louis XIII ne se sent pas spécialement inspiré
04:38 lorsqu'il s'agit de rejoindre la reine Anne d'Autriche dans sa couche.
04:44 Alors c'est rare et puis après, il y a les brouilles.
04:47 Déjà, par trois fois, puisqu'il avait quand même eu quelques escapades,
04:51 elle a été victime de fausses couches, dont une dont elle est responsable.
04:56 Tout simplement, elle courait dans le Louvre, elle est tombée,
05:00 et il y a eu le désastre de la perte du foetus.
05:04 Alors, il lui en a voulu, mais pire que ça, on a découvert qu'en pleine guerre d'Espagne,
05:09 elle correspondait avec son frère, le roi d'Espagne, traîtrise innommable.
05:15 Et là, il faudra que Richelieu, qu'elle n'aime pas pourtant, agisse auprès du roi,
05:20 car sinon, elle pouvait même être répudiée.
05:24 On a retrouvé un sans-plan de relations, mais plus d'étreinte.
05:28 Et puis un jour, alors qu'il a rendu visite à Mademoiselle de Lafayette,
05:34 maîtresse toute platonique qui est au couvent,
05:37 il est pris par un orage sur la route de sa mort,
05:39 et le chef des Suisses lui dit "Majesté, il vous faut vous protéger,
05:45 on ne peut pas rester dans de telles conditions à l'extérieur,
05:48 gagnons le Louvre". Le Louvre, où est la reine ?
05:52 Elle l'invite à souper, et ce qui est incroyable, c'est qu'elle réussit,
05:59 peut-être comprend qu'il faut faire des efforts de temps en temps
06:03 pour répondre à cette attente de l'héritier, toujours est-il,
06:07 que neuf mois plus tard, il va y avoir cette naissance.
06:11 Naissance qui intervient...
06:13 Le 5 septembre 1638, c'est bien ça ?
06:18 Je vérifie, je vérifie.
06:21 Alors le soir, le 4 au soir, elle est prise par les douleurs,
06:27 le roi qui souffre comme souvent, il est là, il se tient dans la pièce à côté.
06:36 Là vous nous racontez la nuit du 4 septembre.
06:39 Oui la nuit du 4 septembre !
06:41 Avec le médecin Bouvard, avec Honoré qui est lui le chirurgien,
06:46 au cas où les choses se passeraient mal.
06:49 On a l'évêque qui donne une messe, un petit tédéum,
06:56 et puis les princes qui assistent à ces douleurs qui durent toute la nuit.
07:01 Au matin, on dit au roi "Allez-vous reposer, sire ?"
07:05 Et à 11h, il demande à ce qu'on lui dresse un souper,
07:07 c'est à ce moment-là qu'on vient le chercher, on lui annonce que c'est un garçon, un dauphin !
07:14 Mais c'est incroyable ! Il galope dans les couloirs du Louvre.
07:19 Et Dame Perronne est là, c'est la sage-femme, avec le nourrisson dans ses bras, c'est bien un garçon.
07:28 Il exulte littéralement.
07:31 En revanche, il y en a un dans son dos qui fait grisemines, c'est son frère, le duc d'Orléans.
07:36 Car lui, le temps passant, s'imaginait déjà, étant donné la santé en délicatesse du roi Louis XIII,
07:45 se voyait déjà sur le trône.
07:47 Et là, tout s'effondre, et on donne l'ordre au courrier d'avertir la capitale.
07:55 Les voilà au Grand Calot, jusqu'au pont de Neuilly, où ils agitent leur grand chapeau.
08:01 Ça, c'est la convention.
08:02 S'ils s'étaient croisés les bras, c'eût été une fille, la déception.
08:07 Et là, un dauphin !
08:10 Des jours et des jours que le peuple était en prière depuis qu'on avait annoncé
08:15 que la reine était enceinte et qu'elle attendait un enfant.
08:19 Que ce soit un dauphin, c'est plus qu'inespéré, c'est le miracle, comme vous l'avez dit tout à l'heure.
08:25 Il a de clochers en clochers, sa part à la volée.
08:29 Les rues se remplissent de la foule, la foule qui se met à danser.
08:34 Très rapidement, on voit des fontaines de vins qui sont dressées.
08:38 Il faut que l'événement soit sacré par la liesse du peuple.
08:44 On sort de chaque paroisse les reliques des saints.
08:48 - Sont sortis des églises ?
08:50 - Oui, sont sortis des églises les reliques.
08:53 Et on improvise des processions.
08:56 Merci au Seigneur ! Et on appelle l'enfant Dieu donné.
09:00 C'est tellement étonnant.
09:02 Étonnant, et pour autant, il avait été, disons, annoncé par deux religieuses et par un moine.
09:10 Un moine un peu particulier qui s'appelle le Père Siacre,
09:14 et qui, des mois avant, avait annoncé la naissance d'un dauphin.
09:18 Comme en plus, c'est un dimanche que cela arrive, dimanche, jour du soleil,
09:24 on se dit que vraiment, c'est l'enfant voulu par le ciel.
09:29 C'est extraordinaire.
09:31 Et la nouvelle arrivera à Saint-Quentin,
09:34 où le cardinal de Richelieu est en train de mener la guerre contre les Espagnols.
09:39 Et lui aussi, pour lui, c'est un soulagement.
09:42 C'est la certitude que le trône va continuer lorsque, malheureusement,
09:49 il aurait été rappelé au ciel, ainsi que le roi.
09:52 Les deux sont déjà dans une déchéance physique.
09:56 Ils sentent que la maladie les accapare au fur et à mesure.
09:59 Avant de passer à la jeunesse, dans un instant,
10:02 à quoi ressemblait ce petit Louis ?
10:06 Ce petit bébé, ce petit poupon ?
10:08 Ah, on vous voit !
10:09 C'est un beau petit bonhomme, avec deux dents.
10:12 Il naît avec deux dents.
10:14 Précoce.
10:16 Oui, mais alors le martyr pour les nourrices.
10:18 Il veut en épuiser neuf.
10:22 Celle qui restera, c'est tirée du four.
10:24 Il lui accordera une tendresse, une sorte de reconnaissance.
10:27 Jusqu'à la fin de sa vie, elle sera à ses côtés.
10:31 Vous voyez, c'est quand même étonnant.
10:33 C'est un homme qui est capable de manifester un véritable amour
10:38 pour ceux qui sont à côté de lui.
10:40 Mais rapidement, on s'apercevra qu'il est dans une grande timidité.
10:44 Alors tout à l'heure, je vous parlais des présages.
10:46 Déjà, un dimanche, jour du soleil, il y a eu ces annonces faites par vision,
10:52 vision de religieux.
10:54 Et la tradition en ce temps, c'est aussi de dresser tout de suite un horoscope.
11:00 Quels sont les oracles, en quelque sorte, qui assurent de l'avenir ?
11:06 Est-ce qu'on a vu à cette époque que ça serait le grand roi ?
11:08 Alors, il semblerait que l'on ait prévu que ce soit un grand et long règne,
11:13 un règne de prospérité.
11:16 Alors, on va voir maintenant, maintenant qu'on sait que c'était un petit glouton,
11:20 que lorsqu'il était enfant, à quoi il ressemblait,
11:24 on va voir un peu la première partie de sa jeunesse
11:27 et voir un petit peu comment il a grandi et dans quelles conditions.
11:30 Alors, la première partie de sa jeunesse, son rapport avec ses parents,
11:39 comment ça se passe ?
11:41 Il faut savoir que c'est un enfant qui est aussitôt happé par sa maman.
11:46 Elle l'adore, elle le vénérera et même quand, quelques années plus tard,
11:51 elle aura un deuxième garçon, il n'y a que lui qui compte.
11:55 Philippe, c'est celui qui accompagne son frère.
11:58 Elle veille à ce qu'il ait, je dirais d'abord, un ressenti religieux,
12:04 qu'il soit assidu à la prière.
12:07 Non pas qu'elle soit dévote, mais il n'en reste pas moins qu'elle vit,
12:11 comme beaucoup de gens de son temps, en connivence avec Dieu.
12:15 Il faut que l'enfant qui représente Dieu sur terre,
12:19 ait cette adulation pour le Tout-Puissant.
12:22 Ça n'exclut pas de temps en temps qu'elle le gronde,
12:26 elle sait être sévère.
12:28 C'est un enfant, on ne peut pas dire taciturne,
12:31 il est à la fois joyeux mais replié sur lui-même.
12:35 Mais bon, on a le sentiment, en le voyant,
12:40 qu'il n'est pas très éveillé.
12:43 Et quand il aperçoit le roi, le roi Louis XIII,
12:46 c'est vrai que vous savez, il y a un physique austère.
12:49 Et là, il se met à hurler à chaque fois,
12:52 tant et si bien que le roi écrit à Richelieu, j'ai noté,
12:56 "Je suis très mal satisfait de mon fils, dès qu'il me voit,
13:00 "il crie comme s'il voyait le diable, crie maman,
13:04 "il faut lui ôter ses méchantes pensées
13:08 "et le retirer de la reine aussitôt que possible."
13:12 Voilà la position du roi par rapport à son fils.
13:16 Donc c'est dire qu'il n'y a pas de lien entre le père et le fils.
13:21 - Non, non, allez-y. - Non, non, non, allez-y.
13:24 - Je pensais au fait qu'il ait mort jeune aussi,
13:27 le roi Louis XIII à 42 ans.
13:29 - Eh bien, vous avez raison.
13:31 C'est à ça qu'il nous faut aboutir rapidement.
13:34 C'est-à-dire qu'il se renfrongue vis-à-vis de cet enfant
13:38 qui est terrorisé quand il l'aperçoit, mais ça ne va pas durer longtemps.
13:42 Quand il a 4 ans, la santé du roi et celle du cardinal de Richelieu,
13:48 les deux déclinent et le roi sent qu'il est temps
13:53 que son fils soit baptisé.
13:55 Alors on organise rapidement un baptême.
13:59 Il est tellement affaibli qu'il ne peut pas y assister.
14:02 Là, Louis a 4 ans et 8 mois.
14:06 La cérémonie terminée, on le conduit jusqu'au lit de Louis XIII
14:13 qui, dans un souffle, lui dit "Alors mon garçon,
14:18 comment vous appelez-vous maintenant ?
14:21 Louis XIV mon papa ? Oh, pas encore, pas encore mon enfant.
14:27 Quand Dieu voudra, peut-être rapidement."
14:32 Et il s'éteint 6 semaines plus tard.
14:35 Le roi est mort. Vive le roi !
14:38 J'ai eu une petite omission où disons qu'on était tellement pris
14:41 par le lien entre le père et le fils que nous avons oublié
14:46 celui qui s'était retiré de notre terre, le cardinal de Richelieu.
14:51 Et est émergé à ce moment-là le cardinal Mazarin
14:55 qui avait été formé par Richelieu.
14:58 Et à la disparition du roi, la reine Anne d'Autriche
15:03 va tout de suite le considérer comme étant son premier ministre.
15:08 Elle lui donnera tous les pouvoirs.
15:10 Reste que dans son testament, le roi Louis XIII
15:14 ne l'avait pas considéré comme étant régent de pleine et entière.
15:19 Et pour obtenir cette situation de règne absolu,
15:24 elle est obligée de transiger avec le Parlement
15:28 en lui accordant le droit de remontrance.
15:31 C'est-à-dire quoi ? Que le Parlement peut s'opposer aux décisions qu'elle prendra.
15:36 Et ça, ça va marquer l'histoire de France.
15:38 Toujours est-il qu'on regagne Paris et deux jours après,
15:43 n'oublions pas, notre gamin, il n'a que 4 ans et 8 mois.
15:49 Et que fait Mazarin ?
15:51 Eh bien, il leur donne un lit de justice.
15:54 C'est-à-dire l'endroit où le roi, en tant que tel, tout petit bonhomme,
16:00 apparaît dans les bras du maréchal de Villeroy, vous imaginez.
16:05 Il y a le trône qui domine l'ensemble du conseil
16:10 de tous les personnages importants, les princes, les ducs, les parlementaires.
16:15 Ce petit bonhomme est là et on lui a écrit,
16:19 on fait apprendre un léger discours et il gazouille.
16:23 "Messieurs, je suis venu vous voir pour vous témoigner toutes mes affections.
16:29 Monsieur le chancelier vous dira le reste."
16:33 C'est le chancelier Séguier.
16:36 Et là, c'est la prise de pouvoir de Louis XIV en tant que tel.
16:42 Mais forcément, il passe de cette tenue de cérémonie
16:46 avec le grand cordon bleu du Saint-Esprit
16:50 aux tenues du petit gamin qui va, qui court.
16:54 Et c'est un enfant que l'on voit errer dans les couloirs du Louvre.
17:00 Il se traîne parfois par terre comme tout froluquet,
17:04 tant et si bien qu'il passe de ses tenues prestigieuses
17:08 aux petits costumes toulimés, aux bâtes rouées.
17:12 Et ce qui choque la reine, c'est qu'il n'a pas toujours la décence du jeune roi.
17:18 Par exemple, il s'est entiché d'une enfant qui est la fille de la chambrière.
17:23 - Il faut bien qu'il ait des amis, des copains, des copines.
17:27 - On va essayer de lui en trouver quelques-uns.
17:30 Et alors, il est avec cet enfant et c'est lui qui joue le laquet.
17:34 La reine se fâche en disant "mais vous êtes majesté,
17:37 il est impossible que vous teniez ce type de situation".
17:41 - Alors c'était quoi justement son rapport aux autres ?
17:43 - Alors le rapport aux autres, d'abord, est un rapport, je dirais, d'effacement.
17:49 On a l'impression que cet enfant craint l'ensemble de ceux qui se présentent autour de lui.
17:56 Mais il faut dire que ce n'est que courbette.
17:59 Alors quand il veut simplement exister en tant que petit garnement,
18:03 ça tourne pas très très bien.
18:06 Alors il cherche à échapper à ce monde d'étouffement,
18:10 tant et si bien qu'un matin, on le retrouve dans un bassin
18:13 et si un garde n'intervenait pas, il serait en train de se noyer, là, au palais royal.
18:18 Voyez ? Mais la reine fait en sorte que lorsqu'il commet une faute,
18:24 comme là, c'est une faute, et bien roi ou pas roi, il est fouetté.
18:29 Et ça jusqu'à l'âge de 9 ans.
18:32 - Jusqu'à l'âge de 9 ans, il est fouetté ?
18:34 - Oui.
18:36 - Il y a les prières, il est croyant, et puis on voit que c'est un garçon qui est élevé,
18:42 voilà, dans la stricte éducation, dans un système d'éducation assez particulier.
18:46 - Ça, c'est l'éducation des femmes.
18:48 Mais on est dans la prime enfance, et ensuite, à 7 ans, il passe au monde des hommes.
18:55 - Alors c'est ce qu'on va voir, parce qu'il y a sa naissance,
18:57 4 ans et 8 mois lorsqu'il est reconnu roi,
19:01 7 ans lorsqu'il arrive dans le monde des adultes.
19:04 [Générique]
19:08 - Donc une éducation pas très structurée, à laquelle participe à sa façon son petit parrain Mazarin.
19:15 - Oui, Mazarin, il est quand même en charge de l'État, c'est lui qui règne.
19:20 Que de tâches dans cette France qui ne se porte pas très très très bien.
19:26 En revanche, il essaie d'organiser l'éducation de son protégé.
19:31 Alors il nomme par exemple Ardouin de Péréfix,
19:34 comme, je dirais, précepteur principal, qui aura pour associé…
19:39 - C'est un abbé.
19:40 - Oui, Lamotte-Leveillé.
19:43 Et les deux ne sont pas des pédagogues professionnels.
19:48 Ils veillent néanmoins à ce que dans l'éducation apparaisse un personnage emblématique, Henri IV.
19:54 Et nous avons Lamotte-Leveillé qui écrit carrément une histoire d'Henri IV
20:02 pour que le petit connaisse parfaitement cet ancêtre, cet aïeul.
20:09 D'un autre côté, le soir, vous avez le valet qui s'appelle le nôtre, avec lequel il dort.
20:15 C'est-à-dire que le roi a son lit et il y a le lit de camp au pied.
20:19 Le nôtre qui, avant de laisser le roi se laisser emporter par les bras de Morphée,
20:26 lui, compte l'histoire de France aussi.
20:28 Et puis après, vous avez un maître de danse.
20:32 Dès l'âge de 7 ans, la danse, c'est l'une de ses grandes passions.
20:36 Un maître de musique qui lui apprendra le lutte et également la guitare.
20:40 Un maître d'équitation.
20:43 Vous avez aussi un maître d'armes qu'il sache manier très tôt,
20:47 aussi bien les scrims que le fusil.
20:51 Il faut savoir que son père, avec lequel il avait des rapports si distants,
20:57 avait réussi néanmoins, il était manuel, Louis XIII,
21:01 à lui fabriquer une petite arquebuse avec laquelle le jeune Louis XIV aime dégommer les moineaux.
21:12 C'est cette agitation-là qui lui permet de passer, je dirais, de l'exercice physique proprement dit.
21:18 Et de temps en temps, il y a quand même les cours théoriques.
21:21 Il n'aime pas beaucoup ça.
21:23 Le français, le latin, on a les mathématiques.
21:28 Si on peut appeler ça les mathématiques, c'est plutôt l'initiation au calcul.
21:33 Mais les livres, il les boude largement.
21:35 Et puis, il y a les instants de parade.
21:38 C'est-à-dire qu'on le voit prendre sa grande tenue sur son cheval,
21:42 8 ans, 9 ans, il passe les troupes en revue avec les pistolets
21:48 qui sont de véritables pistolets qui sont là, scellés à sa selle.
21:52 Et il n'y a pas que ça.
21:54 L'après-midi, souvent, on le voit déambuler avec le cardinal de Mazarin
21:59 qui lui instille le sens de la diplomatie, lui explique comment le royaume est régi.
22:07 Et de temps en temps, il le conduit au conseil, à ses côtés,
22:12 pour qu'il voit comment on domine les hommes.
22:15 Très intéressante toute cette éducation, très bien huilée.
22:19 Mais le roi a à peine 10 ans et il va connaître cette longue période épouvantable
22:23 que l'on appellera l'affrontement.
22:25 On voit ça dans cette deuxième partie, dans un instant.
22:27 On va voir comment il va vivre ces temps de chaos.
22:30 Nous assisterons à son sacre lorsqu'il aura 13 ans.
22:33 Comment il s'impose son rapport aux jeunes dames, son mariage
22:37 et enfin la mort de son parrain Mazarin.
22:40 Rendez-vous dans quelques instants pour la deuxième partie du grand destin de Louis XIV.
22:45 Le grand destin du roi Louis XIV jusqu'à la mort de Mazarin.
22:51 Nous sommes dans la deuxième partie.
22:52 Nous verrons dans cette deuxième partie le temps du chaos,
22:55 comment il vit cette guerre civile qui est l'affronte.
22:59 On va assister à son sacre, son mariage, la mort de Mazarin.
23:02 On verra ça dans un instant.
23:04 On a vu dans la première partie, Marc, sa naissance, son éducation,
23:08 à quoi il ressemblait lorsqu'il était bébé.
23:10 Et puis son caractère, vous ne m'avez pas dit grand-chose sur son caractère.
23:13 Il faut s'arrêter sur ce côté extrêmement timide
23:17 qui fait que le contact avec les autres, on lui a choisi quatre énergumènes,
23:21 des nobles, pour l'accompagner dans les jeux.
23:24 Il y a Brienne, il y a Rohan, il y a Guiche.
23:28 Et ce gars-là, quand il le voit, il l'appelle le balourd.
23:32 C'est pour dire, c'est ce manque de vivacité d'esprit,
23:35 on a l'impression qu'il lui faut, plutôt qu'être dans la vivacité,
23:38 un temps de réflexion avant de se manifester.
23:42 Donc ce sont des moqueries qui lui sont adressées.
23:44 À lui, sa majesté.
23:47 Et les uns et les autres susurrent dans les familles, vraiment, le roi.
23:53 Et alors Mazarin dira un jour, vous ne le connaissez pas, il dit à Beaumont.
23:57 Il dit, il y a de l'étoffe en lui, de quoi faire quatre rois et un honnête homme.
24:04 Et un autre aristocrate, il lui dit, il se mettra en chemin un peu tard,
24:10 mais il ira plus loin qu'un autre.
24:13 Il y en a qui vont aller au-delà de cette humilité.
24:15 Voilà, Mazarin.
24:17 Mais on a eu peur pour lui à un moment.
24:19 À 9 ans ? Alors non seulement, il a ce côté où on doute de ses capacités
24:25 à tenir le plus grand royaume du monde, mais qui plus est,
24:29 le voilà qui, soudain, comme une sorte de coup de chaud, on s'affaire.
24:35 Et la maladie est là, qui le prend, les fièvres.
24:39 Obliatoirement, les médecins se sont les saignés, les saignés.
24:43 Et au bout de trois jours, le mal empire.
24:46 Et il appelle le cardinal de Mazarin.
24:50 Il lui parle de trépas.
24:52 On lui donne un sacrement, c'est la scarlatine.
24:55 Et puis toc, les prières peut-être ont aidé,
24:58 les processions qui se multiplient dans Paris et partout dans les villes de France.
25:02 Toujours est-il qu'il rejaillit.
25:04 Le voilà guéri, mais pratiquement 15 jours entre la vie et la mort.
25:08 Et le voilà à 10 ans, ringaillardi, et qui va affronter la fronde.
25:20 - Alors bien sûr, on ne peut pas tout raconter, Marc,
25:22 mais cet épisode, quelques mots quand même,
25:24 puisque la fronde, c'est un mot qu'on connaît tous,
25:26 mais c'est une sorte de guerre civile.
25:28 Comment est-ce qu'elle a éclaté ?
25:29 Et comment lui, à 10 ans, a vécu cette période ?
25:31 - Alors, les impôts, toujours, ça contrarie ceux qui sont les puissants,
25:36 et le Parlement.
25:38 Et le Parlement se réunit et met en demeure la reine Anne d'Autriche,
25:43 officiellement, c'est elle qui règne,
25:46 par une charte de 27 articles,
25:49 qui dit qu'elle ne pourra pas prendre de décision
25:52 sans avoir l'accord du Parlement.
25:55 Également, si un impôt nouveau est décrété,
26:00 il faut qu'il donne leur accord.
26:02 Alors, la reine fait mine de se rallier,
26:05 mais forcément, elle patiente.
26:07 Il faut savoir que dans le même temps,
26:09 on a toujours la guerre avec les Espagnols.
26:12 Condé, qui est un garçon vaillant, prince de 20 ans,
26:16 a remporté une victoire exceptionnelle à Roquois,
26:19 et là, de nouveau, il bat les Espagnols à l'ance.
26:23 Et ça, ça lui donne une puissance extraordinaire.
26:26 Et il est fidèle à la reine.
26:28 Alors, ça lui vaut une sorte de certitude pour braver le Parlement.
26:32 Elle fait arrêter Bruxelles,
26:34 qui est l'un des principaux membres de ce Parlement,
26:36 mais qui est très populaire.
26:38 Et aussitôt, il y a 1 000 barricades dans la capitale.
26:40 1 000 barricades, c'est-à-dire que les gueux,
26:42 tout le monde s'enflamme.
26:44 Le royaume est en péril.
26:46 Il faut faire libérer Bruxelles.
26:49 Et là, elle comprend qu'elle ne peut pas rester dans la capitale,
26:54 même une fois que cet homme produit un apaisement,
26:58 puisqu'il est à nouveau à la tête de ses compagnons.
27:03 Et à 3h du matin, dans la nuit...
27:07 Du 5 au 6 janvier 1649.
27:10 Nous avons vis le roi, le maréchal,
27:13 qui vient réveiller le jeune roi.
27:16 "Cire, cire, cire", il l'habille.
27:19 On fait la même chose avec le petit frère,
27:21 qui a 4 ans de moins.
27:23 Et les voilà, sous une lanterne, dans les couloirs du Louvre.
27:27 On sort dans la cour.
27:29 Il fait un froid épouvantable.
27:31 C'est gelé de partout.
27:33 On gagne dans la pénombre un carrosse.
27:36 Il y en a deux à côté.
27:38 Ici siège le cardinal de Mazarin.
27:41 Et fouette cochée, on gagne Saint-Germain, le château.
27:46 Mais ça fait des années qu'il est à l'abandon.
27:50 Rien n'est prévu pour accueillir le roi.
27:53 Et pourtant, la Reine avait pris quelques précautions avec le cardinal.
27:58 On a acheté à prix d'or de la paille
28:00 pour que les quelques personnes qui les accompagnent puissent dormir.
28:03 Et on a des lits de camp pour la Reine,
28:05 pour le roi, pour son frère et pour le cardinal.
28:08 Mais on manque tellement de tout.
28:10 Et bien, que se passe-t-il ?
28:12 On est obligés de gager les diamants de la couronne.
28:16 Je vais passer les détails, parce que Paris est assiégé,
28:20 condé toujours du côté de la Reine à ce moment-là.
28:24 On est à faire des prisonniers qu'ils lancent,
28:28 abandonnent sur le bas-côté
28:30 ou fait tomber dans la Seine au milieu des glaçons,
28:33 totalement nus.
28:35 Voilà où on en est.
28:36 C'est la guerre civile.
28:38 Ça va durer cinq ans.
28:40 Condé aura un changement de Kazakh.
28:43 Il passera à l'ennemi.
28:45 Et puis, tout le monde s'unit contre la Reine.
28:48 Tant et si bien qu'elle est revenue,
28:50 il y a des allers-retours avec Paris.
28:51 C'est une vie de bohémien.
28:53 Et nous, notre petit Louis, qui a 10 ans,
28:55 comment il vit ses cinq ans de révolte ?
28:56 Il va et il vient.
28:58 On est avec les armées royales,
29:00 il en reste pour lutter contre l'effrondeur.
29:04 Et on va de ville en ville.
29:06 Je vous dis, c'est une vie de bohémien dans tout ça.
29:08 Il y a une éducation,
29:10 mais qui n'est pas véritablement suivie.
29:12 Quand on peut, les cours de danse,
29:14 l'équitation, les quelques éléments intellectuels.
29:17 Mais voilà ce que vit ce personnage.
29:20 Et il découvre aussi la misère du peuple.
29:22 Il découvre l'état de la France.
29:25 Il découvre les trahisons,
29:27 l'horreur des hommes dans ce qu'il y a de plus abominable.
29:30 On ne peut faire confiance à personne.
29:33 Ça, ça le marque à tout jamais.
29:35 Et c'est pour ça que, des années plus tard,
29:37 il créera Versailles pour enfin mater
29:41 ceux qui ont eu l'audace de le menacer.
29:45 Et tenez, lors de ses passages de nouveau à Paris,
29:49 il est en train de dormir au Laugour.
29:51 Et en pleine nuit...
29:52 Deuxième traumatisme.
29:53 Deuxième traumatisme.
29:55 Le cardinal Mazarin,
29:57 qui est très contesté par les uns et les autres,
29:59 penser c'est l'Italien.
30:01 Il y a aussi ça dans cette haine du pouvoir.
30:05 Non pas haine du roi, haine du pouvoir.
30:07 Anne d'Autriche, qui est espagnole.
30:09 Il y a le cardinal qui est italien,
30:12 et ce sont eux qui régneraient.
30:14 Ce n'est pas possible.
30:15 Donc pour les nobles, c'est intolérable.
30:17 Eh bien là, le cardinal s'est enfui à Saint-Germain,
30:21 déguisé en cavalier,
30:23 et toujours Saint-Germain, le point de refuge.
30:25 Il attend que la reine le rejoigne avec le roi
30:28 et monsieur, le fils, le frère.
30:32 Et que se passe-t-il ?
30:34 Eh bien, la foule ayant entendu parler
30:37 de cette fuite du cardinal,
30:39 croit que le roi va l'imiter,
30:42 et on dit "Il est parti !"
30:44 Et la reine le cache dans le lit.
30:47 Elle le recouvre tout habillé,
30:50 fait mime de dormir,
30:52 et les autres sont là pendant deux heures
30:54 à défiler pour s'assurer
30:56 que le roi n'est pas en fuite,
31:00 qu'il est toujours dans la capitale.
31:02 Voilà encore un des traumatismes.
31:04 Tout ça se prolonge pendant cinq ans,
31:07 avec de temps en temps des retours dans la capitale,
31:11 avec la liesse, c'est incroyable !
31:12 Le peuple est versatile,
31:14 le peuple est capable de tout.
31:16 Aujourd'hui, il vous encense,
31:17 demain, il pourrait vous égorger.
31:20 Et enfin, il sera à 13 ans déjà reconnu.
31:25 Alors là, c'est un moment important.
31:27 C'est sa majorité.
31:28 C'est sa majorité.
31:29 Et les nobles viennent lui rendre hommage,
31:35 viennent reconnaître son pouvoir,
31:38 sauf un condé,
31:40 qui lui va carrément s'allier aux Espagnols.
31:44 Il n'en reste pas moins que la fronde est terminée.
31:47 Donc le roi fête ses 13 ans, sa majorité,
31:51 une période d'apaisement est en train d'arriver
31:54 et on arrive petit à petit au sacre,
31:57 le sacre du roi.
31:58 On arrive donc au sacre.
32:05 Nous sommes le 7 juin 1654,
32:09 et Louis, 14 à 16 ans.
32:12 Reims, l'accueil, les carrosses sont là,
32:16 il est en majesté sur son cheval blanc,
32:19 les cardinaux l'attendent,
32:22 et cet homme en prestance voit se concrétiser
32:27 cet instant extraordinaire
32:29 où dorénavant, plus personne ne pourra le contester.
32:34 Déjà, quand on le contestait,
32:36 c'était plutôt au nom de son entourage.
32:38 Le roi en tant que tel n'était pas celui
32:41 que l'on remettait en cause.
32:43 Et là, la rue est couverte de pétales, de fleurs,
32:47 les lanternes, les drapeaux partout se dressent,
32:51 les tapisseries sur les façades de maisons,
32:54 il entre dans l'église, sur l'autel,
32:57 il y a la couronne de Charlemagne
33:00 qui se passe de roi en roi,
33:02 il y a la fameuse ampoule
33:05 qui contient le Saint Crème.
33:07 De cette ampoule, on tire quelques éléments
33:11 pour rouindre cette fois le roi,
33:14 et on les tire avec une aiguille d'or.
33:17 C'est très précieux,
33:19 puisque selon la légende,
33:21 elle se remplit d'elle-même,
33:23 mais il ne faut pas l'épuiser.
33:25 Le voilà qui se prête à toute cette cérémonie,
33:28 et ensuite, il monte dans le jubé,
33:31 sur un énorme trône,
33:33 on ouvre les portes,
33:35 que la foule qui est à l'extérieur puisse le voir,
33:37 et on hule.
33:39 Le roi, vive le roi !
33:41 On lâche plus de 6000 colombes !
33:45 La cérémonie se termine ensuite,
33:49 ou se continue par la messe,
33:51 puis il sort, et à cet instant,
33:54 on lance à tous les gueux
33:57 qui sont devant le parvis,
33:59 on lance des pièces d'or à son effigie,
34:02 et des pièces d'argent.
34:04 Et le surlendemain, il y aura cet instant
34:07 qui le consacre véritablement
34:09 comme étant un homme à part,
34:11 c'est là où on lève les écrouelles.
34:13 Vous savez, les écrouelles,
34:15 ce sont ces capacités du roi de France
34:19 au pouvoir thaumaturge.
34:21 Les scrofuleux sont nombreux à cette époque,
34:24 ces maladies de peau étant données,
34:26 l'hygiène des uns et des autres.
34:28 Et il suffit de faire un signe de croix,
34:31 en disant "le roi te bénit,
34:34 Dieu te guérit",
34:36 et ce qui est invraisemblable, c'est que ça opère.
34:38 Vous avez plus des trois quarts
34:40 de ces personnes qui sont rongées par la maladie
34:43 qui recouvrent la santé.
34:46 Voilà le sacre, et maintenant,
34:48 pour autant, il n'est pas roi.
34:51 Il laisse le pouvoir toujours au cardinal.
34:54 - Toutes les affaires politiques.
34:56 - Oui, toutes les affaires politiques.
34:58 - Le cardinal Mazarin qui s'en occupe.
35:00 - Alors, il vient assister au Conseil,
35:03 mais je dirais que c'est l'époque
35:05 où c'est un artiste professionnel.
35:07 - D'ailleurs, il rencontre Molière.
35:09 - Alors, Molière, il le rencontrera des années plus tard.
35:12 - Le 24 octobre 1758.
35:15 - Mais là, ce qui est intéressant,
35:17 c'est de voir comment il est avant tout danseur.
35:21 C'est-à-dire qu'avant, Molière, Lully,
35:24 tous ces gens forcément le fascinent.
35:26 Mais lui-même, depuis cet âge de 8 ans,
35:29 deux heures de danse le matin,
35:31 deux heures de danse l'après-midi,
35:33 il est d'une majesté inouïe.
35:36 Il inventera même l'entrechat.
35:38 Et on considère que c'est l'un des plus grands danseurs
35:41 de son temps dans une allégresse.
35:43 Et les ballets s'enchaînent les uns derrière les autres.
35:46 Des ballets qu'il joue en public.
35:49 C'est là où Mazarin est extrêmement subtil.
35:53 Pour pouvoir asseoir le prestige du roi,
35:56 il se sert de ces scènes
35:58 qui sont des scènes d'allégresse,
36:01 mais qui sont aussi des scènes mythologiques,
36:04 des scènes allégoriques,
36:06 pour le faire apparaître en soleil, par exemple.
36:10 Et vous avez le ballet de la nuit,
36:13 le ballet des saisons,
36:15 et le petit Philippe d'Anjou,
36:18 qui est son frère,
36:20 qui annonce "le roi, mon frère,
36:22 qui est le soleil, vous apparaît,
36:24 vous rendez compte".
36:26 C'est pour ça qu'en son temps,
36:28 on ne l'appelle pas le roi-soleil.
36:30 C'est cette image qui incruste la foule
36:33 et cela est colporté partout dans le royaume.
36:36 - On va parler de son mariage
36:38 avec Marie-Thérèse d'Autriche.
36:41 C'est le roi frivole ou le roi de la gaieté ?
36:50 - Alors, il faut dire que la reine Anne d'Autriche
36:54 a aidé à ce qu'il soit frivole.
36:57 Quand il a 14 ans,
36:59 deux ans avant le saint,
37:01 que se passe-t-il ?
37:03 Elle a une hantise.
37:05 C'est qu'il soit comme son père,
37:07 pas spécialement taraudé par l'essence.
37:09 Alors, elle se dit,
37:11 voyons comment on peut créer
37:13 les frissons qui aiguillonnent la chair
37:15 et qui sont indispensables
37:17 pour que la vie du royaume se poursuive.
37:20 Alors là, elle demande à Catherine Bélier,
37:23 qui est une de ses dames d'honneur,
37:26 Catherine Bélier, on l'appelle "Cato la Bornièce".
37:30 Oui, elle ne voit que d'un oeil.
37:32 Elle est laide, elle est déjà relativement âgée,
37:35 mais elle est réputée pour sa sensualité.
37:37 Elle lui donne une petite dotte,
37:39 plus la promesse d'un château.
37:41 - Tout ça pour s'occuper du petit à 14 ans.
37:44 - Et pour faire en sorte qu'au détour d'un couloir,
37:47 elle lui saute dessus
37:49 et offre les premiers frissons de la chair.
37:52 Apparemment, le coquin aimera ça,
37:54 il y reviendra plusieurs fois
37:56 et ensuite, il s'égayera avec des jeunes filles
37:59 beaucoup plus alertes.
38:00 Mais il y a aussi le cœur qui parle.
38:02 Alors le cœur, il y a par exemple
38:04 la petite Henriette d'Angleterre,
38:06 qui sera la femme de son frère.
38:08 Elle est d'une beauté inouïe.
38:10 Et dans les danses, elle est comme lui,
38:12 dans une allégresse incroyable.
38:13 Les deux cœurs se rencontrent,
38:15 de là à ce qu'il y ait eu autre chose,
38:17 mais ils l'aiment beaucoup.
38:18 Mais il y a aussi les nièces du cardinal de Mazarin.
38:21 Il y a la première, Olympe, une petite passade.
38:24 Mais ensuite, il y a Marie-Mancy.
38:26 Marie.
38:27 Marie, il est là.
38:29 - La mort de sa vie.
38:30 - Oui, enfin, au moins de...
38:32 - Du moment.
38:33 - Oui, non, mais il lui dit qu'elle sera reine.
38:37 Elle l'enchante.
38:38 Elle l'enchante par la poésie.
38:40 Ils cavalent ensemble.
38:41 Tous les réunis, ces deux êtres-là.
38:43 Reste que l'État, le royaume, a des nécessités.
38:48 On a la guerre d'Espagne.
38:50 Et la guerre d'Espagne, il faut bien qu'elle cesse.
38:53 Et dans le traité des Pyrénées,
38:55 Mazarin induit qu'il y a le mariage
38:58 de l'infante Marie-Thérèse avec le roi Louis XIV.
39:01 Quand il apprend ça, il est au désespoir.
39:04 Et Marie-Mancy, encore plus.
39:06 Ils sont là, ils se déchirent dans les bras l'un et l'autre.
39:10 Mais il faut bien céder à la raison du royaume,
39:14 à la raison d'État.
39:16 Et on se retrouvera à Saint-Jean-de-Luz,
39:20 d'abord sur l'abidacea,
39:22 pour une première rencontre.
39:25 Et Saint-Jean-de-Luz, qui n'a jamais vu une telle foule,
39:28 c'est une petite bourgade de pêcheurs à l'époque.
39:31 Et vous imaginez plus de 15 000 personnes
39:35 qui envahissent cette petite bourgade.
39:39 La cérémonie est somptueuse.
39:41 Le roi est dans cette amplitude, je dirais,
39:46 qui le place au-dessus du commun.
39:49 La messe est un instant de recueillement
39:52 qui emporte l'ensemble de la foule.
39:56 Et quand il sort, il fera murer la porte
39:59 par laquelle il sort de l'église
40:03 et gagne la maison où il retrouvera Marie-Thérèse.
40:08 C'est la première étreinte.
40:12 La première étreinte, c'est un instant étonnant, non ?
40:16 Mais comme toujours pour les rois,
40:21 c'est presque public.
40:23 Lui étant pressé,
40:25 elle est un tout petit peu plus timide
40:27 et puis néanmoins, quand elle l'aperçoit,
40:29 elle est replète, vous savez.
40:32 Autant la petite Marie était d'une beauté étonnante.
40:35 Elle ne parlera jamais très bien français.
40:38 Elle n'est pas jolie.
40:40 Et pour autant, lui, il a envie.
40:44 Elle demande à ce qu'on la déshabille au plus vite
40:47 et au matin, ils reconnaîtront
40:49 qu'ils ont passé une nuit extraordinaire.
40:52 Il y aura 29 jours pour regagner la capitale,
40:55 partout où on les acclame,
40:57 et c'est la liesse qu'il aurait réservée à Paris.
41:01 Cette fois, le peuple à tout jamais aimera son roi.
41:06 - Marc Menand toujours dans les coulisses,
41:08 et cette fois dans les coulisses de la mort
41:11 de quelqu'un qui a beaucoup compté pour lui,
41:13 la mort du cardinal Mazarin.
41:15 Donc, c'est un moment sur lequel
41:25 une page de l'histoire se retourne,
41:27 une page de l'histoire de la vie de la jeunesse de Louis XIV.
41:30 - Oui.
41:31 Le cardinal décline.
41:34 Cet homme qui a incarné l'élégance, les parfums,
41:38 une haleine terrible.
41:40 Il est obligé de se gaver de pilules
41:43 pour essayer de rendre supportables
41:45 les derniers instants pour ceux qui l'accompagnent.
41:49 Le roi se place dans une pièce
41:52 à côté de la chambre du cardinal.
41:55 Il y a sa nourrice, Madame Dufour, qui est là.
41:59 Et il attend.
42:01 Et au matin, elle lui fait le signe convenu.
42:03 Le cardinal a rendu son dernier soupir.
42:08 Il entre dans la chambre.
42:10 Il est gagné par l'émotion, submergé par les larmes.
42:15 On n'a jamais vu un personnage aussi important
42:20 se laisser aller à une peine aussi profonde en public.
42:24 Et pour autant, le cardinal lui a appris cela.
42:28 Gouverné, c'est le théâtre.
42:32 Il va réapparaître ensuite devant ceux
42:37 qui espèrent déjà être désignés
42:39 comme les successeurs de Mazarin.
42:41 Et là, il surprendra tout le monde
42:43 en disant que dorénavant, il règnera seul
42:47 et que même pour un simple passeport,
42:49 il faudra que l'on demande son autorisation.
42:53 Voilà le roi Louis XIV
42:55 que nous retrouverons dans une autre émission.
42:58 Mais qui, dorénavant, ne sera plus simplement
43:02 l'homme du prestige, mais qui incarnera le pouvoir.
43:06 - Le voilà seul face au pouvoir.
43:08 Pour résumer cette émission,
43:10 quelques petits rappels.
43:12 Louis XIV, l'enfant inespéré de Louis XIII
43:15 et d'Anne d'Autriche après 22 ans de mariage sans descendant.
43:18 A 88 mois, le petit Louis devient Louis XIV
43:22 après la mort de son père.
43:24 Une éducation à l'emporte-pièce à 9 ans.
43:26 Il connaît aussi les horreurs de la fronde, 9-10 ans.
43:29 Véritable guerre civile qui dure 5 ans.
43:31 Danseur d'exception, il se sert de son art
43:34 pour imposer son image de roi-soleil.
43:37 16 ans, il est sacré roi dans la quatredale de Reims.
43:42 Et puis, à la mort du cardinal Mazarin,
43:44 il annonce à son conseil que dorénavant,
43:46 il gouvernera seul.
43:48 C'est le début de la royauté absolue.
43:51 Un livre.
43:52 - Oui, c'est Christian Petitfils.
43:55 - Vous l'aimez bien, celui-là.
43:57 - Oui, parce qu'il y a de la petite anecdote.
44:00 Par conséquent, c'est très agréable.
44:02 C'est plus qu'un livre historique, c'est comme un roman.
44:05 - Ainsi va le grand destin,
44:07 en tout cas la première partie de la vie du roi Louis XIV.
44:12 14.
44:13 Merci.

Recommandations