Christine Kelly et Marc Menant reviennent sur les personnages célèbres qui ont fait l’histoire dans #LesGrandsDestins
Véritable héroïne de l'histoire de France, Jeanne d'Arc, surnommée «la Pucelle» (1412- 1431), est célèbre pour avoir entendu des voix lui demandant de libérer la France de l’occupation anglaise.
Véritable héroïne de l'histoire de France, Jeanne d'Arc, surnommée «la Pucelle» (1412- 1431), est célèbre pour avoir entendu des voix lui demandant de libérer la France de l’occupation anglaise.
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00:00 Bonjour à tous, ravie de vous retrouver pour une nouvelle émission "Les grands destins"
00:05 qui revient sur les personnages qui ont fait l'histoire.
00:07 Aujourd'hui, avec Marc Menand, nous allons nous arrêter sur le grand destin de Jeanne d'Arc.
00:12 Et oui, aujourd'hui mondialement connu, devenu le symbole du courage, de la liberté,
00:18 le symbole du sacrifice de soi, le symbole de la résistance, le grand destin de Jeanne d'Arc.
00:24 Bonjour Marc Menand. Pourquoi Jeanne d'Arc ? Pourquoi cette héroïne nationale ?
00:29 C'est une question emblématique, vous l'avez parfaitement résumée, ce sont les grands traits.
00:34 Et ça, ça fascine tous les gamins, des lébans, de l'école.
00:37 Et s'il est un personnage qui représente, oui, ce courage absolu, cette foi aussi.
00:44 Alors ça rappelle qu'à un moment donné, il y a vraiment une empreinte chrétienne dans nos façons de vivre
00:50 et que l'on était tenu par le ciel.
00:54 Reste que nombre de points d'interrogation courent encore à propos de Jeanne d'Arc.
01:00 Que sait-on d'elle ? Bien, ce qu'elle a pu répondre aux questions posées au moment où elle paraît devant le tribunal.
01:10 Et elle paraît devant le tribunal extrêmement démunie.
01:15 Et ça, je pense que ça mérite une petite anecdote.
01:18 Absolument, une anecdote, puisqu'à chaque fois on commence l'émission avec une anecdote
01:23 pour planter le personnage, pour un peu découvrir en une histoire ou en une image
01:29 qui elle est réellement l'anecdote du jour.
01:32 Quelle est cette anecdote ? L'anneau ?
01:39 L'anneau, oui.
01:41 On n'en parle pas assez de cet anneau.
01:44 Il est déterminant.
01:46 Il lui est remis par son père.
01:48 En réalité, il y a deux anneaux, mais il y en a un qui est à son index gauche,
01:53 offert par ses parents dès son enfance.
01:57 Et il est gravé avec trois petites croix et Jésus-Marie.
02:06 Lorsqu'elle va, ici ou là, dès son plus tendre âge,
02:13 dans une situation où elle a l'impression qu'elle a besoin de la rescousse du ciel,
02:19 elle embrasse l'anneau.
02:21 Et quand elle partira guerroyée,
02:24 toujours, elle aura ce geste qui la détermine, qui galvanise son enthousiasme.
02:32 Alors tout à l'heure, je vous ai dit,
02:34 lorsqu'elle est arrêtée par les bourguignons qui la vendent aux Anglais,
02:41 que se passe-t-il ?
02:43 On convoque l'évêque de Beauvais, qui est du côté des Anglais,
02:49 Pierre Cochon.
02:50 Et Pierre Cochon aperçoit cet anneau.
02:53 Mais en ces temps-là, la superstition côtoie un peu, je dirais, les forces spirituelles.
03:00 Il y a ceux qui sont du côté du Seigneur, dans la pureté de la foi,
03:05 et puis les autres, qui sont du monde des sorciers, des sorcières,
03:10 du monde des maléfices, et eux aussi, ils ont des talismans, ils vous jettent des sorts.
03:15 Et là, on a bien la preuve pour la faire tomber comme hérétique.
03:20 Son anneau, eh bien voilà, voilà comment elle a réussi à entourlouper les soldats,
03:27 à les galvaniser.
03:28 On lui retire.
03:30 Et la voilà, toute démunie.
03:33 Mais est-ce qu'il faut retenir de cela, avant d'évoquer forcément,
03:37 ensuite, le procès et le comportement de Cochon ?
03:42 Retenir l'essentiel, à savoir l'anneau en tant que tel,
03:46 qui est un anneau en laiton, qui a une vraie valeur.
03:50 Ce qui prouve que ce n'est pas une sorcière.
03:53 Voilà la première pierre qui fait tomber, où il gratigne la légende.
03:57 Eh oui, la légende, et ce n'est pas non plus une bergère,
04:01 comme on peut peut-être le laisser croire.
04:04 Beaucoup de mythes, peu de réalité.
04:07 En tout cas, la légende de la bergère, tout de suite.
04:10 Ce qui fascine, c'est qu'une simple bergère puisse être, justement,
04:18 l'élément moteur de cette histoire.
04:21 Alors, la bergère, on l'a vu, déjà, le premier signe,
04:25 l'anneau, ça ne peut pas être une bergère.
04:28 Si vous me demandez sa date de naissance, j'appuie sur, vous savez, le petit bouton,
04:32 quid ?
04:34 Alors, certains disent 6 janvier 1412.
04:37 Oui, mais déjà, vous voyez, on force un peu la vérité.
04:40 Le 6 janvier, c'est le jour de la fête des rois.
04:43 Ça permet de l'enraciner dans le mythe de la religion.
04:49 Pas de date précise.
04:50 Pas de date précise.
04:52 En revanche, la maison, elle est là.
04:55 C'est indubitable. Dans un petit village,
04:58 c'est un peu comme dans un pays, une maison en dur avec un étage.
05:03 Ce village de Donrémy, il compte à peu près 30 bâtisses.
05:07 C'est l'une des plus fières qui existe.
05:11 Le village, il est presque coupé en deux.
05:14 Il y a la partie qui est véritablement française.
05:16 Et puis, l'autre partie, Lorraine,
05:19 est la menace aussi aux alentours des possessions tenues par les
05:24 russes, donc par leurs alliés, les anglais.
05:28 Ce qui fait que ce village sent la menace des conquérants,
05:35 mais aussi celle des routiers.
05:37 Les routiers, ce sont ceux qui ont quitté l'armée et qui se mettent
05:42 à vivre en errance et qui, à tout moment, déferlent dans les villages.
05:46 L'hérasia, c'est quoi ? C'est le veuillol, les pillages
05:50 et la population qui se trouve prise dans l'horreur la plus absolue.
05:55 En pleine guerre de cent ans.
05:57 En pleine guerre de cent ans.
05:59 On a peur.
06:00 Et heureusement, dans ce village, et sans doute c'est pour cela
06:03 que l'on parlera de la bergère, il y a une petite île avec un château.
06:06 Et c'est là que, quand une alerte se fait, on convoque, je dirais,
06:11 les animaux qui sont dans chacune des maisons.
06:15 Et c'est l'endroit du refuge et la population se relaie
06:20 pour qu'il n'arrive rien à ce troupeau communal,
06:23 si je puis utiliser cette métaphore.
06:26 Maintenant, voyons la petite gamine.
06:29 Elle naît dans une famille, ils sont cinq enfants,
06:31 il y a deux frères, il y a les soeurs.
06:34 La maman s'appelle Isabel Romée.
06:38 C'est très intéressant, parce que Romée, ça signifie
06:42 qu'elle a fait le pèlerinage jusqu'à Rome.
06:44 Vous vous rendez compte, là encore, quand on prend les indices
06:49 qui montrent qu'elle n'est pas parmi le monde des gueux.
06:53 Si vous faites un long pèlerinage à Rome, c'est que vous avez les moyens
06:57 pour une telle errance.
06:59 Après le père, il est laboureur.
07:03 Également, il participe à certaines décisions communales,
07:06 tient même parfois l'île de justice, à côté du seigneur de Baudricourt
07:11 qu'elle voudra rencontrer.
07:13 Alors, on est avec des gens d'autant plus importants
07:18 que quand on regarde les registres, on s'aperçoit qu'elle a trois parrains,
07:23 deux marraines.
07:24 Si elle était une fille de rien, ça n'existerait pas.
07:28 Ensuite, elle possède une robe rouge.
07:32 Alors, on est fier de sa robe rouge, mais plus fort encore.
07:36 Elle a son propre lit, sa propre chambre, à une époque où, en général,
07:42 les familles vivent recroquevillées dans un lieu commun et dans un lit commun.
07:49 Lorsque des pauvres demandent le mône, on a prévu que chacun des enfants
07:55 ait une petite bourse afin de pouvoir répondre aux attentes de ses mendiants.
08:01 Et parfois même, on en abrite certains.
08:05 C'est là où elle quitte son lit, dort près de l'âtre,
08:08 afin de montrer sa générosité.
08:11 - Elle n'a pas voulu nous faire croire pendant longtemps que c'était une petite...
08:15 Il est très... On verra effectivement que non.
08:18 Désœuvrée, sans le sou, petite bergère.
08:20 Et tout ça est complètement faux, finalement.
08:24 - Oui, c'est une jeune fille d'une famille... - Moyenne.
08:29 - Au-dessus même de la moyenne.
08:31 C'est-à-dire que les fonctions du père les distinguent largement du commun des mortels.
08:38 - L'imboureur notable. - Voilà.
08:40 Alors après, l'éducation, forcément il n'y a pas de précepteur.
08:45 En revanche, on lui apprend à coudre, on lui apprend à filer, elle en sera fière.
08:50 Elle a une dextérité avec ses doigts.
08:53 Elle dira "moi je file aussi bien que ces dames de Rouen,
08:57 qui sont celles dont la réputation est établie, je dirais, de toute l'Europe,
09:02 celles qui réalisent les plus beaux draps".
09:06 Par ailleurs, de par la constante de la maman à lui parler du Seigneur,
09:14 la foi est là, qu'il l'accapare.
09:17 D'ailleurs, ça étonne ses petites camarades.
09:19 Pourquoi ? Eh bien parce qu'on la voit très facilement
09:23 quand les cloches tintes se mettent à genoux et se laissent aller à la prière.
09:29 C'est quand même étonnant.
09:31 Et quand elle va à l'arbre aux fées, ah, l'arbre aux fées !
09:34 Qu'est-ce que c'est, l'arbre ?
09:36 C'est l'arbre à la sortie des villages, un être, un être magique.
09:40 Il est d'une densité tout fut comme il n'est pas permis.
09:43 Et c'est là que ces dames, en parlant des fées, se convoquent.
09:48 Et au printemps, on organise une grande grande fête
09:51 où tous pauvres et riches se retrouvent afin de rendre hommage à ces petites fées.
09:58 Je vous ai dit tout à l'heure, il y a à la fois la vraie foi et puis il y a la superstition.
10:03 Et là, ça permet d'assurer les bonnes récoltes.
10:07 Notre petite Jeanne, remarquée par sa dévotion,
10:13 qui s'appelle alors Jeannette, elle le dira, on m'appelait Jeannette.
10:20 Jeanne, c'est plus tard, grâce à sa signature,
10:24 au bas des billets qu'elle adresse aux diverses autorités.
10:30 Les voix, les voix.
10:32 Des voix ou des visions ?
10:34 C'est interdit des voix, d'autres des visions.
10:36 Oui, alors quand vous lisez, vous passez d'un ouvrage à l'autre,
10:41 vous avez les deux versions où l'une ou l'autre qui est privilégiée, ce qui est intéressant.
10:46 Rappelons que vous avez lu trois biographies.
10:48 Non mais c'est intéressant, trois biographies pour cette émission.
10:50 Donc dites-nous le résumé.
10:52 On s'aperçoit de quoi ?
10:54 Eh bien que, par exemple, le père a des rêves prémonitoires, donc des visions.
10:59 Un jour, il voit sa fille, alors qu'elle a 13 ans,
11:02 il la voit dans un rêve accompagnée des soldats en étant habillée en homme.
11:06 Et là, il est furieux, il appelle ses fils, il dit "surveillez votre sœur,
11:10 vous vous rendez compte de quoi se rendrait-elle coupable ?
11:13 Et si elle faisait cela, eh bien il voudrait mieux la noyer
11:17 que de la laisser aller à cette action abominable."
11:21 Voilà comment notre jeune fille peut avoir des visions,
11:28 mais aussi il semblerait bien qu'il y ait les voix.
11:30 Les voix, elle les entend du côté du cimetière, pas très loin de l'église.
11:35 Et là, c'est Saint Michel, d'abord, qui se manifeste,
11:40 ensuite Sainte Marguerite et Sainte Catherine.
11:44 Et ces voix l'encouragent à avoir une action
11:49 pour booter les fameux Anglais d'Orléans.
11:53 Elle ne connaît même pas Orléans, elle n'a pas cette instruction suffisante,
11:56 mais le nom lui est donné.
11:58 Donc des voix qu'elle voulait faire taire un peu au début,
12:01 qu'elle a ignorées et finalement qui étaient insistantes
12:04 et qu'elle a voulu entendre.
12:06 Oui, et qui sont tellement obsessionnelles
12:11 qu'elle ne peut pas en douter un seul instant.
12:14 Ce qui fait qu'au fil des mois, des années,
12:19 elle est persuadée qu'il lui faut agir.
12:21 Mais comment faire ? Déjà ses parents ont décidé de la fiancer.
12:25 Parce qu'à 15 ans, il est normal d'envisager d'avoir un foyer,
12:29 d'avoir un jour des enfants.
12:32 Et elle fera tout pour casser ses fiançailles programmées.
12:36 Mais elle ne peut pas affronter son père comme ça.
12:38 Et puis comment aller voir l'autorité suprême
12:42 qui est M. de Baudricourt à vos couleurs ?
12:46 Il faut trouver la Libye.
12:48 Et ce qui est formidable...
12:50 Qu'elle veut aller voir pour qu'il pourra aller voir le roi.
12:53 Voilà, c'est ça.
12:55 C'est le relais indispensable.
12:57 Vous êtes à Donrémy, d'abord il est où le roi ?
12:59 Il faut quelqu'un pour vous guider.
13:01 Et là, ce seigneur, qu'elle connaît...
13:04 Parce que je vous l'ai dit, son père a des relations avec lui de temps à autre.
13:08 Donc ce n'est pas un inconnu.
13:10 Là encore, ça aide.
13:12 Ce n'est pas la petite gamine qui serait dans sa ferme
13:15 et qui soudain aurait l'illumination d'aller à quelques encablures
13:21 rencontrer un personnage d'une telle importance.
13:23 Mais quel courage il lui faudra.
13:25 Reste la Libye.
13:27 La Libye, c'est la cousine.
13:29 La cousine, elle habite vos couleurs.
13:31 Et elle l'attend un petit.
13:33 Alors elle dit "mais j'assisterai à son accouchement.
13:37 Elle aura besoin de moi."
13:39 Et les parents forcément cèdent à cet acte de générosité.
13:43 Donc Jeanne d'Arc veut absolument accomplir cette mission
13:50 et rencontrer le roi.
13:52 Il faut absolument passer par Monseigneur de Baudricourt.
13:55 Elle a ce prétexte et on va voir comment elle rencontre les autorités.
13:58 Après ce prétexte de sa cousine enceinte,
14:06 que se passe-t-il ?
14:07 Donc elle va justement à vos couleurs.
14:09 Oui, mais déjà, imaginez le cousin.
14:11 Il a beau être pieux,
14:13 mais cette jeune fille qui arrive et qui lui dit "écoute,
14:16 j'ai une mission, il me faut rencontrer M. de Baudricourt
14:22 afin qu'il me permette d'approcher le roi."
14:25 Le personnage le plus important de la région.
14:27 Voilà.
14:28 Il pourrait lui dire "t'es folle dingue",
14:30 mais il sent sa sincérité.
14:32 Il sent que ce n'est pas inéluminé.
14:35 Ce qui fait qu'il loge chez les Rogets
14:39 et prend contact pour obtenir audience
14:43 auprès de M. de Baudricourt.
14:45 Oh, ne le rencontre pas comme ça.
14:48 En plus, c'est un exubérant qui se laisse aller à quelques excès.
14:52 Et rencontrer une jeune fille, ça ne le chatoie pas spécialement.
14:56 Mais le cousin est suffisamment efficace.
14:59 Et enfin, audience est donnée.
15:01 Elle a pris sa belle petite robe rouge,
15:05 étonnante, mais encore signe qu'elle n'est pas du monde des démunis.
15:12 Elle est en élégance.
15:14 Elle se présente.
15:16 Quel courage, quelle audace.
15:19 Elle dit "voilà" et elle avoue
15:22 ce que les voix lui suggèrent depuis si longtemps.
15:25 Et là, M. de Baudricourt se fâche, il la soufflette,
15:29 il lui dit "mais tu n'es qu'une folle, retourne voir ton père,
15:32 il aura honte de toi."
15:35 Elle se replie en pleurs, son cousin qui la console.
15:39 Et les circonstances vont l'aider.
15:41 Là encore, il nous faut toujours passer les détails.
15:43 Il se trouve que le duc de Lorraine, du côté de Nancy,
15:46 pas très très loin, il est malade.
15:48 Oh, il est jeune, mais pour autant, il a eu tellement d'excès
15:51 dans son existence que la mort est en train de le guigner.
15:55 Il espère bien qu'un miracle puisse s'opérer.
15:58 Quand il entend parler de cette jeune fille,
16:01 de son anneau et des voix qui lui parlent,
16:04 il se dit "c'est une tomature, faites-la venir."
16:06 Et il lui demande de la guérir, de le guérir.
16:09 Elle lui dit "mais pas du tout, moi je n'ai pas ces dons-là,
16:12 j'ai une mission."
16:14 Et ça c'est formidable, parce que quand c'est rapporté à Baudricourt,
16:17 il se dit "c'est étonnant, elle avait l'opportunité
16:21 de jouer les sorcières et elle ne l'a pas fait."
16:25 Ça la crédibilise tellement qu'il finit par lui dire
16:29 "eh bien d'accord, je vais t'accorder une escorte
16:34 qui t'accompagnera jusqu'à Chinon, où le roi est en séjour."
16:39 Cette escorte sera six personnes qui seront à tes côtés.
16:44 Incroyable, elle finit par décrocher cette confiance.
16:50 Six personnes qui l'accompagnent et onze jours de voyage.
16:53 Alors ça c'est étonnant, parce que là, quand on raconte comme ça,
16:58 si on ne se pose pas des questions, on est entourloupé par les mots.
17:01 Mais comment une jeune fille, telle qu'on l'a décrite,
17:06 étant une fervente, souvent à genoux, qui courotte avec ses petites camarades,
17:13 qui filoche, qui file la laine, etc.
17:18 Cette jeune fille serait capable de monter sur un fier cheval,
17:23 un cheval plutôt fringant, et ne pas dégringoler.
17:26 Eh bien ça c'est l'un des mystères qui reste aujourd'hui.
17:29 Comment a-t-elle appris à être sur un cheval ?
17:32 Alors certains disent "C'est normal, en tant que fille de laboureur,
17:36 il y avait sans doute un cheval, et de temps en temps,
17:38 quand elle était seule, elle osait monter à crues,
17:41 et ça lui a permis de gagner cette capacité à la chevaucher."
17:46 Et là, onze jours, dans des conditions invraisemblables.
17:51 Pour une jeune fille, c'est-à-dire ?
17:53 C'est-à-dire que déjà, on est en plein hiver,
17:58 que c'est un hiver extrêmement pluvieux,
18:03 que les routes sont des bourbiers.
18:05 Alors elle a encore, vous voyez, sur le cheval, il faut tenir.
18:09 Par ailleurs, pour passer les fleuves, il n'y a plus rien.
18:14 Alors ce sont dans des conditions extrêmement précaires,
18:19 qui à tout instant risquent de vous faire choir, de vous blesser.
18:24 Et puis, il y a toujours la menace des Anglais, d'un village à l'autre.
18:29 Ils ne sont que si c'est le soir, pour dormir,
18:33 et bien elles restent entre deux hommes.
18:36 Mais habillées comment ? En homme ?
18:39 Pourquoi en homme ? Parce que justement,
18:41 elles savaient que les conditions seraient difficiles,
18:44 qu'elles seraient au contact de cavaliers,
18:48 et que si elles étaient en jeune fille, elles seraient tentatrices.
18:52 Donc, elle a eu ce courage, cette audace,
18:56 du péché condamné par la loi, mais la loi humaine, si je puis dire,
19:01 porter des vêtements d'homme.
19:04 Voilà comment le cheminement se fait jusqu'à Chinon.
19:09 La rencontre avec le roi.
19:17 Elle arrive à Chinon, elle fait savoir qu'elle veut rencontrer le roi.
19:22 Comment ça se passe ? Et puis déjà, expliquez-nous un peu
19:25 comment ça se fait que ça soit un roi sans être un roi ?
19:29 Parce qu'il va être sacré après.
19:32 Oui, et elle l'appelle "mon dauphin".
19:34 Sauf qu'il est le fils de Charles VI le Folle, qui est mort.
19:38 Oh, le fou, on s'en souvient.
19:40 Le fou, voilà. Et alors, on peut faire un petit aparté encore.
19:44 En 1420, sa mère Isabeau de Bavière l'a considérée comme bâtard
19:48 et a signé le fameux traité de Troyes, qui le déchoit de la succession.
19:55 Et théoriquement, quand son père est mort, c'est le roi d'Angleterre
19:59 qui est devenu roi de France.
20:01 Mais pour autant, pour lui, de façon logique, Charles VII,
20:07 bien qu'ayant des doutes puisque sa mère l'a traité de bâtard,
20:10 il se veut roi de France et on le traite dans son entourage comme tel.
20:15 Il est donc à Chinon avec sa petite cour.
20:18 Très intéressant. Petite cour sans avoir été sacrée,
20:21 donc un roi sans lumière.
20:25 Et sans argent.
20:27 On dit même qu'un jour, le cordonnier lui apporte de nouveaux souliers,
20:32 il n'a pas les moyens de payer, le cordonnier repart.
20:35 Et c'est un verbe.
20:37 Avec les choses.
20:39 Donc vous voyez que véritablement, il n'a pas grand-chose
20:41 et pour autant, c'est une cour de plaisir.
20:43 Et c'est là où c'est intéressant de savoir comment cette petite jeune fille
20:46 va le persuader de le faire finalement sacré roi à Reims.
20:50 Et lui donner confiance.
20:52 C'est quand même extraordinaire.
20:54 Alors, elle fait savoir qu'elle est là au nom de Dieu
20:58 et qu'il lui faut porter un message à mon dauphin.
21:03 Un conseil se réunit, on lui pose quelques questions,
21:08 on la juge suffisamment crédible et on la convoque dans la grande salle
21:15 où il y a plus de 200 seigneurs.
21:17 La regardent entrer, il y a des torches partout.
21:21 Imaginez cette jeune fille habillée en homme
21:25 qui n'a jamais vu une telle assemblée et qui pour autant a le cran.
21:30 Certains tentent de se faire remarquer, bien habillés,
21:35 dans je dirais la gloire de leur costume, la prestance,
21:41 comme s'ils étaient le roi.
21:43 Et à chaque fois, elle dit non, non, non, c'est pas vous le roi.
21:46 C'est pas vous le roi.
21:48 Et soudain, il y a un petit personnage qui se présente,
21:52 qui cherche à se tapir, à ne pas être trop remarqué.
21:57 Et elle l'aperçoit, elle va vers lui, elle dit mon dauphin.
22:01 Il dit non, non, non, c'est pas moi le dauphin.
22:04 C'est ce monsieur. Non, non, non, c'est vous, c'est vous mon dauphin.
22:09 Et ce qui est extraordinaire, vous allez dire mais comment peut-on le reconnaître ?
22:13 Bah, il est très particulier.
22:16 Mais elle ne savait pas à quoi il ressemblait.
22:18 Non, mais sauf qu'on lui a donné les informations.
22:20 Il a des tout petits yeux, riquiqui, tout lumineux.
22:23 Faites voir.
22:24 Il a le nez qui tombe, comme dirait l'autre, pardonnez-moi cette trivialité, le pif.
22:30 On ne voit que son pif.
22:32 Puis alors, là, on n'a que le portrait.
22:35 Mais sinon, il est tout malingre avec des genoux cagneux.
22:39 Disons qu'il manque d'allure.
22:41 Alors au milieu de tous ces grands, celui qui semble le moins le roi, c'est lui.
22:47 Et c'est par conséquent, vers lui qu'elle se tourne.
22:50 Il finit par accepter de glisser dans une pièce à ses côtés.
22:55 Ils ont un long entretien.
22:57 Et là, c'est le secret que l'on ne connaîtra jamais.
23:00 On ne sent rien de cet entretien.
23:02 Non, mais ce que l'on sait, c'est quand il revient, il est persuadé qu'elle est effectivement missionnée par Dieu.
23:08 Et cet homme qui doutait de lui parce que sa mère l'avait traité de bâtard, il se dit bah oui,
23:14 peut-être que je dois être sacré, que l'on doit me reconnaître comme roi.
23:20 Ils restent plusieurs jours ensemble.
23:22 Ils la logent dans une très belle tour.
23:24 Elle devient membre de sa cour, mais traitée avec encore plus d'égard.
23:29 Ce qui est formidable, c'est qu'à un moment, ils sont en train de se promener dans le parc
23:34 et jaillit un personnage lumineux, 24 ans, le duc d'Alençon.
23:40 Et cet homme, la remarquant, la provoque.
23:45 Et là, elle montre une dextérité à manier la lance et sur le cheval.
23:50 Le duc d'Alençon ?
23:51 Oui, le duc d'Alençon.
23:53 Et que se passe-t-il ?
23:55 Eh bien, il lui dit, moi, je vous suivrai.
23:58 Il sera l'un de ceux qui l'accompagnera et lui offre aussitôt un fier cheval, son cheval,
24:06 car il la trouve digne d'une telle monture.
24:09 Voilà Jeanne d'Arc qui conquiert les uns derrière les autres et qui, pour autant,
24:14 ne manque jamais, à chaque fois qu'elle en a l'opportunité,
24:19 de tomber à genoux, d'en appeler au ciel et de communier.
24:24 Ça lui est indispensable.
24:26 Dieu premier servi, telle est sa devise.
24:29 Voilà Jeanne d'Arc mandatée par le roi pour libérer Orléans.
24:33 On verra dans la deuxième partie comment Jeanne d'Arc prendra l'armure,
24:38 comment le siège d'Orléans, le sacre de Charles VII à Reims.
24:43 On verra évidemment la détention, le procès, le bûcher.
24:47 On marque une pause, on revient dans un instant.
24:50 Retour sur le grand destin de Jeanne d'Arc.
24:54 Comment va-t-elle réussir finalement ces différentes missions
24:58 qui lui ont été données par Dieu et par les voies, les visions qu'elle a eues ?
25:02 C'est ce qu'on va voir dans cette deuxième partie avec Marc Menand.
25:06 Tout d'abord, comment prend-elle l'armure ?
25:10 Marc Menand, on a vu comment elle a réussi à convaincre
25:18 Monseigneur de Baudricourt, puis le roi.
25:21 Et finalement, le roi la mandate pour aller à Tours pour s'équiper.
25:26 Oui, alors là encore, ça pose une question.
25:29 Parce que théoriquement, pour concevoir une armure,
25:32 même si vous êtes un habile ouvrier,
25:35 il faut un temps plutôt long.
25:38 Et là, c'est en trois jours qu'on réussit à concevoir
25:42 l'élément qui enclobe son corps, la protège complètement.
25:48 Vous voyez, la belle carapace.
25:50 Il ne faut pas que ça joue.
25:52 Et puis n'oubliez pas, c'est une jeune femme,
25:54 et par conséquent, elle a la poitrine que les hommes n'ont pas.
25:59 C'est une conception nouvelle par rapport au travail des armuriers,
26:05 travail habituel.
26:07 Et puis, ça ne s'arrête pas là.
26:09 Alors, on fait concevoir l'armure.
26:11 Mais elle demande à ce qu'il y ait un étendard,
26:14 là encore, qui soit fait sur mesure, avec les anges,
26:18 avec Jésus, avec écrit Jésus-Maria.
26:21 Un petit pénon, c'est une sorte de bannière
26:24 qu'elle tiendra plus personnellement.
26:27 Et là encore, avec la Vierge Marie.
26:31 Quand elle est avec les uns et les autres,
26:35 elle ne veut surtout pas entendre le moindre bassem.
26:38 Ouh ! Le gros mot !
26:41 Et ce qui devrait être considéré comme une attaque du Seigneur,
26:45 ça lui est intolérable.
26:47 Elle prend des fureurs invraisemblables,
26:49 et elle menace l'auteur.
26:52 Quel est cet impie, ce personnage odieux ?
26:56 Il faudrait le punir.
26:58 Et quant au ribaude,
27:00 eh bien oui, vous savez, toute armée,
27:02 elle a derrière elle les jeunes femmes de petites vertus
27:06 qui cheminent à leur côté, il faut bien savoir, le soir,
27:09 consoler le guerrier des dures journées.
27:12 Ah ! Elle ne veut pas les voir.
27:15 Et plusieurs fois, elle jaillira avec l'épée
27:19 que le roi lui a remise, juste avant de partir.
27:24 Et avec cette épée, elle fouette,
27:27 elle frappe les jeunes femmes qui prendront l'habitude...
27:31 - Les gourgandines !
27:33 - Oui, j'aime bien, là, c'est le terme vraiment de ribaude.
27:36 Parce que vous avez raison sur la gourgandine,
27:38 ce sont deux mots, mais la gourgandine,
27:40 il y a presque un échelon au-dessus.
27:43 Là, la ribaude, c'est vraiment la pauvre fille
27:45 qui malheureusement est contrainte à ses étreints.
27:48 - Mais elle arrive à se faire respecter de ses hommes, de ses troupes ?
27:51 - Alors c'est ça qui est étonnant.
27:53 C'est parce qu'elle a une sorte d'autorité naturelle.
27:56 Et ce qui est vrai aussi, elle rencontre là Gilles De Rais,
28:00 qui sera connu dans l'histoire de façon beaucoup plus dramatique.
28:04 Vous savez, c'est cet ogre qui tuera Barbe Bleue,
28:07 - On le voit ici.
28:08 - Qui tuera des centaines d'enfants,
28:10 mais qui à cette époque est tout à fait fréquentable
28:13 et qui l'accompagnera durant ses longues chevauchées
28:17 de ses presque deux ans.
28:19 Il y a également Laïr.
28:20 Et ces gens-là sont admiratifs.
28:23 Pour autant, ce sont des « durs à cuire », comme on dit.
28:27 Mais il y a quelque chose, elle y radie sans doute,
28:31 et qui fait qu'il n'est pas question de ne pas lui obéir.
28:36 Ça n'excluera pas, quand on va évoquer dans quelques instants
28:40 le siège d'Orléans,
28:43 ça n'excluera pas que de temps en temps,
28:46 ils se réunissent entre eux,
28:48 l'attenant à l'écart des décisions stratégiques
28:51 qu'ils entendent prendre afin de gagner le siège.
28:55 - Sinon, ça serait trop simple.
28:58 Alors justement, gagner le siège d'Orléans
29:01 par la volonté de Dieu.
29:03 Marc Menand, c'est quand même l'épisode majeur
29:10 de sa mission Orléans,
29:11 où le peuple l'attend en libératrice.
29:14 C'est intéressant.
29:15 Alors il y a 65 chariots, 465 chevaux,
29:19 et puis ces hommes de troupes,
29:21 il y en a plus de 700, 1200, c'est énorme.
29:24 Et donc, elle est là avec son étendard,
29:27 il marche derrière elle.
29:29 Mais, je vous l'ai dit,
29:31 les périodes ont été relativement dures.
29:33 Là, la sécheresse, ou disons,
29:35 les eaux ont commencé à se retirer,
29:39 et au moment de traverser la Loire,
29:42 il n'y a pas assez d'eau.
29:43 Alors, on est à moitié encalminé.
29:46 Elle peste, d'abord parce qu'il a fallu prévoir
29:49 de passer à cet endroit-là.
29:52 Et là, ce qui est extraordinaire,
29:54 miracle, légende,
29:55 toujours est-il que c'est consigné,
29:58 le vent se lève, les pluies tombent,
30:01 suffisamment pour qu'à nouveau,
30:03 la Loire soit irriguée,
30:05 les bateaux peuvent passer,
30:07 et ce qui permet de gagner Orléans.
30:09 Et elle entre dans Orléans.
30:12 Alors que les bourguignons, les anglais,
30:14 sont dans les forts alentours.
30:18 Et que se passe-t-il ?
30:20 Eh bien, il y a une prophétie
30:25 qui a été distillée, portée,
30:28 ici et là, partout dans le royaume,
30:30 comme quoi une jeune femme
30:32 viendrait non seulement libérer Orléans,
30:36 mais permettrait au roi d'être sacré.
30:39 Alors, quand on sait qu'il y a cette femme,
30:41 sur son cheval blanc, qui est là, en majesté,
30:44 mais c'est elle, c'est la divine, en quelque sorte.
30:47 C'est une cohue indescriptible.
30:50 On se précipite avec des torches,
30:53 tant et si bien que le petit pénon
30:55 dont je vous ai parlé tout à l'heure,
30:57 sur lequel est la Vierge Marie,
31:00 eh bien, hop, il s'embrase.
31:02 Et sur son cheval, d'un coup de baguette,
31:07 elle l'éteint.
31:08 Ça montre, là encore, cette capacité
31:11 à maîtriser un cheval qui, au contact du feu,
31:14 devrait tomber dans une sorte de folie
31:16 et l'emporter.
31:17 On la conduit dans une demeure
31:21 où on la reçoit en essayant de montrer
31:25 qu'elle est un personnage de grande importance.
31:28 Elle émet les plus fins
31:30 et elle ne retient simplement dans l'une des coupes.
31:35 Elle demande à ce qu'on lui verse un peu de vin,
31:37 beaucoup d'eau,
31:39 et elle ne demande que six morceaux de pain
31:43 qu'elle trempera dans cette eau matinée de vin.
31:48 Voilà cette femme qui, aussitôt aussi,
31:51 entre en prière, demande à être conduite
31:54 à la cathédrale,
31:56 et elle décide de passer très rapidement à l'attaque.
32:01 C'est-à-dire qu'on n'est pas là pour perdre du temps.
32:03 Il faut surprendre les Anglais, entre autres.
32:06 Il y a la Bastille du Loup.
32:08 - Et ça, ça fait partie de ses missions,
32:10 permettre au roi de retrouver sa couronne,
32:13 reconquérir Orléans, chasser les Anglais.
32:15 Mais tout n'est pas aussi beau
32:18 et tout n'est pas aussi simple.
32:20 - Non, mais en plus, elle galvanise tellement.
32:22 Là, elle s'endort, elle dit,
32:25 "Demain matin, nous passerons à l'attaque."
32:27 Mais les habitants d'Orléans, je vous l'ai dit,
32:30 ils sont comme fanatisés, c'est la divine.
32:34 Alors là, ils s'équipent,
32:36 ils prennent tout ce qu'ils peuvent
32:38 et ils décident d'attaquer les Anglais
32:41 qui sont dans la Bastille du Loup.
32:43 Mais les Anglais, eux, sont de véritables soldats
32:45 et ces pauvres gens n'ont que leur enthousiasme.
32:48 Et quand on la réveille pour lui dire ce qui se passe,
32:51 elle est toute raide, elle dit, "Mais c'est pas possible,
32:53 comment a-t-on pu laisser faire ça ?
32:55 Cherchez-moi mon cheval."
32:57 Et là, voilà, sur sa monture,
32:59 qui court pour essayer d'obtenir,
33:01 je dirais, que les derniers qui ne sont pas encore
33:04 victimes de l'épée des Anglais,
33:06 puissent être sauvés.
33:08 Le sang a coulé, elle pleure, elle pleure, elle pleure.
33:11 Elle dit, "C'est parce qu'ils sont morts,
33:14 ils n'ont même pas pu se confesser."
33:17 Ça la désespère.
33:20 On n'a pas le temps de raconter ce siège
33:22 qui dure plus de cinq jours.
33:24 Ce qui est extraordinaire,
33:26 c'est qu'elle a eu une vision, là.
33:28 La vision, c'est qu'elle sera blessée au-dessus du sein.
33:32 Elle l'a écrit dans un message
33:34 qui a été retrouvé plusieurs semaines après.
33:37 Ce message, donc, donne la configuration de l'attaque.
33:41 Et un matin, elle dit, "Aujourd'hui,
33:44 nous allons attaquer, mais je serai blessée."
33:47 Et effectivement, elle se retrouve contente
33:51 de prendre les tourelles.
33:53 On a gagné déjà la fameuse pastille des loups,
33:56 maintenant, c'est les tourelles.
33:58 Et si les Anglais sont vainqueux,
34:00 eh bien, on pourra effectivement avoir rempli la mission.
34:06 Elle est touchée.
34:08 On essaie de la tirer de sa position
34:12 qui la met en difficulté.
34:13 C'est sa vie qui est en péril.
34:15 On placera du lard et de l'huile
34:17 sur la blessure pour la guérir.
34:20 Et elle montre ce courage incroyable.
34:22 Bien sûr qu'elle pleure.
34:24 C'est une jeune dame à 19 ans.
34:26 C'est rien du tout.
34:27 Et pour autant, elle demande à repartir au combat.
34:31 Mais parce que c'est un dimanche,
34:33 on attendra, on attendra après-demain.
34:37 Et la voilà qui demande aux uns et aux autres,
34:39 le lendemain, de tenir prière,
34:42 de passer la journée à écouter les sermons.
34:47 Et pendant qu'on appelle, donc, le ciel à la rescousse,
34:51 il se passe l'invraisemblable.
34:54 Les Anglais déguerpissent.
34:57 Elle dit, que se passe-t-il ?
34:59 Les Anglais nous tournent le dos ?
35:01 Oui, ils s'en sont allés.
35:03 Inimaginable.
35:04 8 mai 1429,
35:07 les Anglais lèvent le siège d'Orléans.
35:10 Le siège qui a duré, donc, 5 jours.
35:13 Ça a duré 5 jours.
35:14 Et puis, après, c'est un enchaînement de victoires.
35:17 Elle rejoint le roi.
35:19 Et finalement, ça l'a galvanisé, en fait,
35:23 pour avoir un enchaînement de victoires.
35:25 Oui, et puis surtout,
35:27 ceux qui l'accompagnent n'en reviennent pas.
35:29 C'est-à-dire qu'ils ont l'impression qu'il y a quelque chose...
35:32 De miraculeux.
35:33 Oui.
35:34 Partout où elle passe.
35:35 Exactement.
35:36 Alors, quand vous fléchissez un tout petit peu,
35:38 eh bien, vous vous sentez presque traître.
35:42 Vous ne pouvez pas ne pas épouser la cause
35:45 d'une femme aussi invraisemblable,
35:48 une femme qui échappe à l'humain.
35:50 Oui, c'est la preuve que Dieu la porte,
35:53 qu'on a une mission à accomplir
35:55 en sa compagnie et sous ses ordres.
35:57 Alors, rappelons ces missions.
35:59 Reconquérir Orléans.
36:01 C'est fait.
36:02 C'est fait.
36:03 Le sacre du roi.
36:04 Jeanne d'Arc, donc, veut sacrer le roi à Reims
36:11 pour affirmer avec éclat, on va dire, sa légitimité.
36:15 Comment s'organise-t-elle ?
36:17 Elle retrouve le roi et puis elle lui dit,
36:19 "Cyr, maintenant, mon dauphin,
36:23 il faut devenir le roi.
36:24 Et pour ce faire, c'est à Reims."
36:26 Et il dit, "Mais non, vous savez,
36:27 c'est une zone qui est extrêmement occupée
36:29 par les Anglais, les Bourguignons,
36:31 et il y aurait trop de risques."
36:33 Non, non, non, c'est à Reims.
36:35 La tradition fait que c'est là.
36:37 Et c'est l'endroit où plus personne
36:40 ne pourra contester votre trône.
36:43 Alors, il nous faut aller à Reims.
36:45 Il fléchit, il accepte.
36:47 Et le chemin passe par Troyes.
36:50 Troyes, le fameux traité que j'ai évoqué tout à l'heure.
36:54 Le lieu de la trahison Troyes,
36:56 qui est, je dirais, la ville de ceux
36:59 qui ont prêté allégeance aux Anglais
37:03 et aux Bourguignons.
37:05 Et là encore, c'est ce qu'on évoquait
37:07 il y a quelques secondes.
37:08 La simple présence de cette femme
37:12 bouleverse ces gens qui étaient de l'autre camp.
37:17 Et très vite, eh bien, ils se rendent,
37:21 ils rejoignent le camp du roi.
37:24 Et on peut cheminer jusqu'à Reims.
37:28 Là, on improvise une cérémonie.
37:31 Néanmoins, il a eu le temps de faire prévenir
37:33 sa famille, son père, sa mère.
37:37 Ils sont là, dans la cathédrale,
37:40 l'archevêque donne au roi
37:45 les éléments qui le placent
37:48 en situation de sacre.
37:51 Elle est à ses côtés, avec son grand étendard.
37:55 Et ensuite, elle tombe à genoux
38:00 et elle dit « Maintenant, effet,
38:04 le désir de Dieu ».
38:06 Elle pleure, mais elle a rempli
38:09 l'un des autres points essentiels de sa mission.
38:13 Mais l'histoire ne s'arrête pas là.
38:16 Les choses vont changer.
38:19 Ce qui est intéressant, on a appelé cette virgule
38:27 un « trublion diplomatique » pour le roi.
38:29 Ce qui est intéressant, c'est que les choses changent
38:31 et pas dans le bon sens. Pourquoi ?
38:33 Alors déjà, il faut reconquérir Saint-Denis.
38:35 Saint-Denis, c'est le lieu, là encore,
38:38 qui symbolise la royauté.
38:40 Tous les rois sont enterrés à Saint-Denis.
38:42 Saint-Denis, c'est juste à côté de Paris.
38:45 Et quand on est maintenant en place
38:49 dans cet écrin royal,
38:53 elle décide de tenter la prise de Paris.
38:58 Et le roi dit « Non, non, non, non, non, non.
39:00 Il nous faut maintenant envisager la diplomatie.
39:03 Nous devons traiter avec les bourguignons
39:06 et les anglais. On ne peut pas continuer
39:09 de guerroyer, de guerroyer.
39:11 Il faut maintenant que ce soit la raison
39:14 qui impose la paix. »
39:16 Elle dit « Non, il faut à tout prix conquérir Paris. »
39:19 Et elle n'obéit pas.
39:21 Cela déplaît forcément au roi.
39:23 Et la voilà de nouveau à mener ses hommes
39:26 qui la suivent et elle est blessée.
39:28 À un moment donné, la cuisse est transpercée
39:31 par une flèche.
39:33 Là encore, on arrive à l'évacuer
39:36 parce qu'elle risquait, au moment où elle était à terre,
39:39 d'être tuée par les bourguignons
39:42 et les anglais qui la considèrent
39:44 comme la dernière des sorcières.
39:46 Et c'est elle qui est la cause du reflux
39:48 et de ces conquêtes du royaume
39:51 effectuées par le roi de France.
39:53 On lui ferait un sort, comme on dit.
39:55 On réussit à la sauver.
39:58 Mais c'est là où elle entrera complètement
40:01 en dissidence avec le roi,
40:03 qui lui demande de retrouver
40:06 la capacité à se raisonner.
40:09 Et elle engagera 400 mercenaires.
40:12 Elle n'obéira plus à personne.
40:14 Le roi a passé un accord avec Compiègne.
40:17 Compiègne qui maintenant appartient
40:19 aux bourguignons et aux anglais.
40:21 Eh bien, ça lui est intolérable.
40:22 Il faut libérer Compiègne.
40:24 Et en chevauchée avec ses 400 hommes,
40:26 nuit à man, la voilà qui entre dans la cité.
40:29 Les gamins se précipitent.
40:31 Ils l'idolâtrent.
40:33 Elle dit non, non, non, non, non.
40:35 Ne m'idolâtrez pas.
40:37 Je suis là pour vous sauver.
40:39 Et comment peut-on penser
40:43 avoir été dans la galopade,
40:47 ne pas ménager ces hommes
40:50 qui ne sont quand même qu'un bataillon,
40:52 que 400, face aux autres troupes
40:55 qui sont autour de la ville.
40:57 Et elle dit, eh bien maintenant,
40:59 il nous faut sortir et les attaquer.
41:01 Elle fait sonner les cloches.
41:03 La voilà sur son cheval.
41:05 Et elle jaillit pour surprendre
41:07 les uns et les autres.
41:09 Comment se fait-elle arrêtée ?
41:11 Eh bien, elle se fait arrêtée
41:13 parce qu'elle a une huque.
41:15 Une huque, c'est une tenue
41:17 qui dissimule ses séparures.
41:20 Elle a le goût du luxe.
41:21 C'est incroyable parce qu'elle a encore
41:23 la petite bergère.
41:24 Elle aime les beaux habits.
41:25 Et pour couvrir sa très belle armure,
41:28 elle a cette huque.
41:30 Et à un moment donné,
41:32 les Anglais sont en train
41:33 de prendre le dessus.
41:35 C'est le repli.
41:36 Et elle hurle alors que ces hommes
41:39 tentent de regagner la ville de Compiègne.
41:43 Elle hurle contre eux,
41:45 mais ils l'ont dépassée.
41:47 Et on lève le pont-levis parce qu'on a peur
41:49 que les Anglais en profitent pour entrer.
41:51 Et la voilà à l'extérieur.
41:52 Et l'un de ces soldats anglais
41:54 saisit la huque.
41:56 Elle choie.
41:57 Et c'est comme ça qu'elle se retrouve arrêtée.
42:00 Elle est remise au duc de Luxembourg
42:03 qui la vend ensuite aux Anglais.
42:05 Et c'est là qu'elle rencontrera
42:07 l'archevêque Pierre Cochot.
42:09 23 mai 1430,
42:12 Jeanne d'Arc est donc capturée
42:13 par les Bourguignons.
42:15 La détention et le procès.
42:18 [Musique]
42:22 Il y a tant de choses à dire.
42:24 On ne va pas s'arrêter trop longtemps
42:26 sur cette partie pour s'arrêter
42:27 sur le bûcher dans un instant.
42:28 Mais c'est important ce moment.
42:30 Ce moment de détention.
42:31 Les Anglais vont alors la livrer,
42:34 ça la faire livrer,
42:35 en vue de la faire condamner.
42:37 Oui, et sa détention est particulière.
42:39 Sa détention, c'est véritablement,
42:41 elle n'a eu aucun égard à son endroit.
42:44 C'est-à-dire qu'en général,
42:45 quand vous avez un officier prestigieux,
42:48 on fait en sorte qu'il ait de bonnes conditions.
42:51 On le traite avec courtoisie.
42:55 Là, non, non, non.
42:56 Elle est offerte dans un cachot.
42:58 Et Pierre de Cochot,
43:00 Pierre Cochot, pardon,
43:02 vient lui rendre visite
43:04 et lui demande de reconnaître
43:06 qu'elle n'a jamais entendu des voix,
43:08 qu'elle a menti,
43:10 et que tout cela,
43:12 c'est le sort d'une hérétique,
43:15 qu'elle est même une sorcière,
43:17 avec le fameux anneau.
43:18 C'est indiscutable.
43:20 Allez, admettez, admettez, admettez.
43:22 Pendant 100 jours,
43:23 elle subit les pires outrages.
43:27 On lui demande de quitter ses vêtements.
43:31 Elle dit non, ses vêtements d'homme.
43:33 Et elle est condamnée une première fois.
43:37 Et là, Cochot vient la voir et lui dit
43:40 je vous en supplie,
43:42 retirez vos vêtements,
43:45 remettez des habits de femme,
43:48 et ainsi, vous pourrez
43:51 être replacée en prison,
43:54 mais sans passer sur le bûcher.
43:57 Elle accepte en demandant néanmoins
43:59 d'être placée dans une prison d'église.
44:01 Il le promet que ce sera fait.
44:04 Malheureusement, elle est reconduite
44:06 dans son cachot.
44:08 Et là, malheureusement,
44:11 les soldats anglais qui la gardent,
44:14 maintenant qu'elle a retrouvé, je dirais,
44:17 ses appâts scintillants dans ses vêtements de femme,
44:22 nuitamment, cherchent à abuser d'elle.
44:25 Alors elle hurle et reprend ses habits d'homme.
44:29 Pourquoi était-il resté là ?
44:31 Est-ce que c'était un piège
44:33 pour faire en sorte qu'elle soit,
44:34 comme on dit, relapse ?
44:36 Oui, elle avait donné sa parole,
44:38 elle revient sur sa parole.
44:40 Alors maintenant, c'est le bûcher.
44:42 Jeanne d'Arc est condamnée
44:45 définitivement au bûcher.
44:47 On va voir comment se passe ce dernier jour.
44:50 Une mort atroce.
44:57 8h du matin, on vient la chercher.
45:02 Elle est dans une sorte de chasuble.
45:07 On la place sur un chariot,
45:10 on remonte dans les rues étroites
45:13 vers la grande place.
45:16 Il y a 800 hommes en armes autour d'elle.
45:21 Certains disent que sur la place,
45:23 ce sont avant tout que des militaires,
45:26 une nuée invraisemblable,
45:29 que les vitres ont été masquées,
45:36 les volets tirés,
45:37 que personne ne voit ce qui se passe.
45:39 Il y a quatre échafauds,
45:41 avec le conseil, passons les détails,
45:43 et celui où est le bûcher.
45:45 Et puis un autre
45:47 où elle est avec son confesseur.
45:50 Là, longuement,
45:53 elle a la possibilité
45:56 de s'en remettre à Dieu
45:58 et puis elle est conduite vers le bûcher.
46:02 Et avant qu'on lui mette,
46:05 qu'on lui en serre les mains,
46:07 elle demande à avoir une croix.
46:09 Elle dit "donnez-moi une croix,
46:11 donnez-moi une croix".
46:13 Et il y a un soldat anglais
46:16 qui a ce geste de pitié
46:18 et qui lui fabrique,
46:20 avec deux morceaux de bois,
46:21 une petite croix.
46:23 Il lui remet, elle l'embrasse,
46:26 elle la glisse sous sa chasuble
46:31 et puis elle accepte
46:33 qu'on lui lie les membres.
46:37 Elle pleure et elle demande aussi
46:41 qu'on lui donne maintenant la grande croix,
46:45 celle de l'Église, Saint Sauveur,
46:47 celle qui sert aux processions.
46:50 On finit par lui accorder.
46:53 La grande croix est là, devant elle.
46:55 Là encore, une dernière supplique.
46:58 "Laissez-moi l'abaiser, laissez-moi l'abaiser".
47:01 Déjà le bourreau est en train d'apporter les torches
47:05 et le feu va jaillir.
47:08 Et on l'entend alors que le bûcher s'embrase,
47:13 crier "Jésus, Jésus".
47:18 Et puis dans le ciel,
47:20 il semblerait que s'inscrivent quelques lettres
47:23 qui rappellent le Sauveur.
47:26 Ça, c'est la légende,
47:28 mais il est bon pour certains d'y croire fermement.
47:31 Elle est emportée.
47:33 Reste qu'apparemment son cœur échappe au charnier
47:37 et les cendres, ainsi que ses derniers restes,
47:42 sont jetées dans la Seine.
47:44 Ainsi disparaît Jeanne à 19 ans.
47:51 - Merci pour ce grand destin,
47:54 très émouvant pour cette héroïne nationale.
47:57 On va essayer de faire un résumé de cette émission.
48:00 Fille d'un laboureur notable et non bergère,
48:03 elle est gouvernée par sa foi dès son plus jeune âge,
48:06 persuadée d'être missionnée par Dieu
48:08 pour bouter les Anglais hors de France
48:10 et faire sacrer Charles VII.
48:12 À tout jamais héroïne nationale
48:14 pour avoir réussi la libération d'Orléans,
48:17 arrêtée par les bourguignons et vendue aux Anglais.
48:20 Et puis après 100 jours de procès,
48:22 condamnée au bûcher.
48:24 Un livre ?
48:25 - Oui, alors dans les biographies que vous avez,
48:27 j'ai retenu quand même celle-ci,
48:29 parce qu'il y a d'autres indications
48:30 pour bien comprendre le contexte.
48:32 C'est Jeanne d'Arc de Colette-Bône.
48:35 Voilà, c'est vraiment un livre
48:37 qui vous permettra de comprendre la période.
48:39 Et ça, c'est formidable.
48:40 - 30 mai 1431, c'est la date de la mort de Jeanne d'Arc.
48:45 - Et pour voir l'anneau.
48:46 Et puis du fou !
48:47 - Ah oui, l'anneau que vous avez montré,
48:49 on peut le voir.
48:50 - Au puits du fou.
48:51 - Au puits du fou, il a été récupéré.
48:52 Merci en tout cas de nous avoir passé les images.
48:54 Merci Marc Penon.
48:55 Excellente suite de programme Science&News.
48:57 Merci à tous de nous avoir suivis.