"L'Allemagne va fermer ses trois dernières centrales nucléaires à la mi-avril !" - Philippe Herlin

  • l’année dernière
Avec Philippe Herlin, économiste auteur de “Cancel economy : Pourquoi la transition énergétique est une catastrophe économique (Institut Thomas More”

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Transcript
00:00 - Sud Radio André Bercoff.
00:02 - Ça balance pas mal !
00:04 - Bercoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:08 - Mais alors là, qu'est-ce qui se passe en Allemagne ?
00:11 C'est quand même assez hallucinant ce qui se passe en ce moment.
00:15 On a vu là, on a vu et on a été avertis par notre invité Philippe Herlin qui est économiste,
00:21 qui est auteur de "Quand c'est l'économie, pourquoi la transition énergétique est une catastrophe économique ?"
00:27 Il y a de quoi en parler, qui est paru à l'Institut Thomas More et que je vous recommande.
00:31 Alors, je lis ça, écoutez-moi bien, l'écriteur du Sud Radio, résistant de Sud Radio.
00:37 "Dans les prochaines semaines, en avril, les dernières centrales nucléaires allemandes en tant qu'encore en activité vont fermer."
00:43 Fermer ! L'Allemagne se débarrasse du nucléaire alors que la France qui avait fermé FSNM
00:50 et qui avait mis en panne ou qui avait mis à l'arrêt un certain nombre de gens,
00:53 "Ouh là là ! Attention, priorité au nucléaire !"
00:56 Il paraît qu'on est en Europe, l'Europe Unie nous a dit encore Emmanuel Macron.
01:00 Qu'est-ce qui se passe Philippe Herlin ?
01:02 - Ce samedi, en fait, ça va terminer ce samedi, les trois derniers réacteurs nucléaires allemands vont fermer.
01:08 Et il y a à présent encore tout de même 6% d'électricité allemande, donc c'est quand même pas rien.
01:12 Mais en 1997, le nucléaire représentait 30% d'électricité allemande.
01:18 - En 97 ? - En 97, voilà.
01:20 Et on se rappelle en fait que c'est la décision d'Angela Merkel, après Fukushima en 2011,
01:24 enfin après Fukushima et aussi pour pouvoir négocier un accord avec l'Ever,
01:28 qui a décidé d'arrêter le nucléaire en Allemagne.
01:32 - D'arrêter complètement. - Complètement.
01:34 Et donc on est dans ce cadre-là, et d'ailleurs ces trois centres-là auraient dû être arrêtés il y a plusieurs mois.
01:37 Les autorités allemandes ont simplement décalé de quelques mois suite à la crise énergétique et à la guerre en Ukraine.
01:44 Mais ils continuent, ils maintiennent cet agenda de fermeture.
01:49 On aurait pu se dire, ils peuvent encore les faire fonctionner plusieurs années, mais non, même pas.
01:53 Là on voit vraiment que l'idéologie prend le pas sur la réalité économique énergétique,
01:58 parce qu'on a encore des problèmes énergétiques en Europe.
02:02 Il faut savoir qu'on paye l'énergie plus cher, le gaz est plus cher en Europe,
02:06 parce qu'on a commencé à couper notre fournisseur russe avec l'embargo,
02:10 on est obligé d'en acheter ailleurs, notamment du gaz naturel liquéfié qui vient des Etats-Unis,
02:14 qui n'est pas du tout écolo d'ailleurs, c'est du gaz de schiste.
02:16 - Du gaz de schiste, absolument. Et les écolos hurlaient à la mort quand on voulait explorer même.
02:21 - Voilà, donc l'Allemagne achète ce gaz de schiste, l'Allemagne réouvre des mines de charbon,
02:27 c'est l'ouvert, on voit régulièrement, il y a des manifestations,
02:30 ils sont obligés de raser des villages pour remettre en exploitation de charbon.
02:33 Le charbon c'est ce qu'il y a de pire, c'est encore pire que le gaz en termes de CO2 et surtout en termes de pollution.
02:38 Et nous, en France, on va en payer le prix parce qu'il y a des particules de ces centrales à charbon allemandes,
02:43 qui, une partic' qui va venir... - Elle ne s'arrête pas à la frontière française,
02:46 - Mais non, c'est pas comme Tchernobyl, ça ne va pas s'arrêter,
02:50 ça va venir avec les vents et donc on va aussi en subir, nous en France, les conséquences de cette pollution.
02:55 - Philippe Erlin, attendez, on veut bien, mais ils se sont devenus complètement fous.
02:59 À l'heure où tout le monde se redit que le nucléaire a au moins sa place,
03:03 on a vu face à ces énergies dites "renouvelables", intermittentes du spectacle, comme on dit, mais très bien,
03:08 mais au moins la place au nucléaire, comment se fait-il que les Allemands,
03:12 qui ne sont pas complètement, je ne sais pas, décérébrés,
03:15 à se dire "non, terminé, on y va, fini, terminé".
03:17 - Oui, parce que c'est un objectif idéologique qui prime, évidemment, le nucléaire...
03:20 - C'est la croyance.
03:21 - Oui, parce que le nucléaire est décarboné, donc si on veut diminuer les émissions de CO2,
03:24 la bonne solution c'est d'augmenter le nucléaire.
03:27 Et l'Allemagne, en fait, les écologistes allemands détestent encore plus le nucléaire que le charbon et le gaz.
03:33 Ils veulent tuer, en fait, c'est presque une guerre idéologique contre la science, contre le scientisme,
03:39 - Contre le mal. - Contre le scientisme, les progrès techniques que représente le nucléaire.
03:43 Donc ils veulent détruire ces technologies.
03:45 - Donc ils sont d'accord pour polluer encore plus avec le charbon, etc. ?
03:49 - Du moment qu'on ferme le nucléaire.
03:51 - Ah ouais, c'est extraordinaire.
03:52 - En fait, c'est ça, voilà. Et ça, cette fermeture-là, elle est complètement incompréhensible,
03:55 parce que le renouvelable en Allemagne ne pourra pas compenser tout ça.
03:58 Donc ce qui va compenser, c'est le gaz et le charbon.
04:01 - Et comment ils vont faire, alors ?
04:03 - Alors, l'autre gros problème, aussi, c'est qu'une grande partie de ce gaz,
04:06 il vient des États-Unis, c'est des gaz naturels liquéfiés.
04:09 L'Allemagne est en train de construire des ports pour recevoir les méthaniers,
04:12 parce que c'est des investissements très lourds.
04:14 - Qui vont coûter des milliards.
04:16 - Qui vont coûter des milliards. Le problème, c'est que ça va...
04:18 On va avoir en Europe une énergie, notamment un gaz, plus cher que dans les autres zones économiques du monde,
04:24 que ce soit les États-Unis, qu'on dispose sur place, ou l'Asie, ou d'autres.
04:27 Et donc, ça va poser un grave problème pour la compétitivité de l'industrie,
04:30 parce que l'industrie consomme beaucoup de gaz.
04:32 Dans les habitations, il y a un peu de gaz, mais à la limite, ça...
04:34 Même si on supprime et qu'on remplace par l'électricité ou d'autres, ça peut se faire.
04:38 Mais dans l'industrie, non. On consomme beaucoup, par exemple, pour faire des batteries,
04:42 parce qu'on va aussi basculer à la fin des moteurs thermiques en 2035,
04:46 donc il faut qu'on s'occupe des batteries.
04:48 Mais la fabrication des batteries, ça consomme du gaz.
04:51 Et donc, tous les grands projets de gigabatteries, gigafactory en Europe,
04:56 sont remis en cause à cause du coût du gaz.
05:00 Donc ça va accélérer la désinstabilisation de l'Europe.
05:03 C'est ça qu'il faut comprendre et qui est très dangereux.
05:05 - Mais Philippe Herlin, ce qui est hallucinant, c'est quand on regarde ça comme ça.
05:08 Regardez, Macron revenait de Chine en disant "l'Europe doit être la puissance médiatrice", etc.
05:13 Mais l'Allemagne ferme le nucléaire au moment où la France,
05:16 et le fameux couple Rancolma, au moment où la France se remet au nucléaire.
05:20 Mais c'est... c'est la schizophrénie ? C'est quoi ça ?
05:23 - C'est la schizophrénie, mais il faut aussi savoir qu'il y a une volonté au niveau de l'Union Européenne
05:27 d'augmenter la part des renouvelables.
05:29 - Oui, c'est ça. Oui, ça reste ça.
05:31 - Et l'Union Européenne a beaucoup de réticence à mettre le nucléaire dans le renouvelable.
05:36 On voit toutes les discussions qu'il y a en ce moment sur l'hydrogène.
05:39 - Mais ils avaient accepté quand même, non ?
05:40 - Ils avaient accepté, mais c'est encore difficile.
05:42 C'est un par exemple pour la production d'hydrogène vert.
05:44 La France voudrait que le nucléaire qui sert à fabriquer l'hydrogène vert
05:48 puisse être considéré comme...
05:50 - Oui, comme vert.
05:51 - Comme vert. L'Allemagne s'y oppose. Bon, voilà.
05:54 Mais l'Union Européenne a imposé, en 2030, 2030 c'est bientôt, c'est dans 7 ans,
05:59 qu'il y ait 42,5% d'énergie renouvelable dans le mix énergétique global.
06:04 En France, aujourd'hui, on est à 22% seulement.
06:07 Donc, doubler en 7 ans, c'est impossible.
06:09 Et donc, ça va provoquer une explosion des coûts
06:13 et un risque d'effondrement de l'industrie avec cette éclosion de l'énergie.
06:18 - Bonjour la FlaTion. Merci Philippe Herlin.
06:20 C'est quand même fascinant. On vous fera revenir.
06:22 Parce que cette histoire devient absolument folle.
06:25 On essaie de suivre.
06:27 *Rire*

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