Islamisme fondamentaliste - Les exposer au grand jour, c’est prendre le risque d’être menacé

  • l’année dernière
Avec Thibault de Montbrial, avocat au barreau de Paris, est le Président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI). Auteur de “Osons l’autorité”, Édition de l’Observatoire et Florence Bergeaud-Blackler, auteure de "Le Frérisme et se réseaux, l'enquête" aux éditions Odile Jacob.

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##LE_FACE_A_FACE-2023-03-27##

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Transcript
00:00 Sud Radio Bercoff dans tous ses états,
00:02 le face à face.
00:04 - Le face à face d'André Bercoff avec
00:07 Florence Bergeau-Blackleur pour son livre "Le frérisme et ses réseaux" qui a reçu des menaces de mort suite à l'apparition de cette enquête.
00:14 Et avec Thibault de Montbrial, son avocat. Thibault de Montbrial, avocat au barreau de Paris, président du centre de réflexion sur la sécurité intérieure,
00:20 auteur de "Osons l'autorité". Bonjour à tous les deux.
00:23 - Bonjour.
00:25 - Alors,
00:26 parlons de votre livre d'abord. Bonjour Florence Bergeau-Blackleur,
00:30 parce que c'est là où ça, comment on l'a lu et
00:33 c'est un livre tout à fait passionnant parce que vous êtes anthropologue, je le rappelle,
00:37 et vous avez traité au fond ce que c'est que l'antrisme. L'antrisme, on connaissait l'antrisme de certains partis trotskistes ou autres,
00:45 on a beau d'antrisme, mais là c'est aussi un antrisme, et c'est un antrisme d'une forme tout à fait
00:50 spécifique qui date d'ailleurs, je rappelle que aux auditeurs, que les frères musulmans,
00:56 c'est écrit en 1928 par Hassan el-Banna en Égypte, et puis que ça a fait effectivement, ça s'est répandu dans
01:02 tout le monde arabe et ailleurs, et aujourd'hui ce n'est pas un secret d'État que de dire que
01:08 un erdogan pratique effectivement le frérisme à sa manière et avec ses ambitions.
01:16 Alors, vous, ce que vous avez voulu dire dans votre livre, Florence Bergeau-Blackleur, c'est de décrire cet état de fait, de dire, alors de quoi il s'agit exactement ?
01:25 Alors, c'est vrai que l'islamisme, il y a quand même pas mal d'ouvrages qui ont été écrits sur ce sujet, par contre,
01:31 de l'islamisme en Europe, et en particulier de cette
01:35 de cette version
01:38 disons propre aux sociétés sécularisées,
01:41 multiculturelles, multireligieuses, qu'est le frérisme,
01:44 ça, il n'y a quasiment pas de travaux.
01:47 Alors, moi,
01:50 c'est vrai que ce livre s'appelle "L'Enquête", mais c'est une enquête que j'ai commencée il y a déjà 30 ans,
01:55 ça fait donc
01:57 30 ans que je
01:59 fréquente ces milieux-là, et il faut pas mal d'années, en fait, pour comprendre
02:05 comment pensent les frères.
02:08 Et quand je dis les frères,
02:10 je vais beaucoup plus loin que la confrérie elle-même.
02:13 - Ah oui, vous allez au-delà des frères musulmans en tant que confrérie. - C'est ça.
02:17 La confrérie des frères musulmans, c'est peut-être un ou deux milliers de personnes, je ne sais pas, sur le territoire, c'est très difficile
02:23 à savoir, puisque c'est une confrérie secrète, mais elle a formé autour d'elle un certain nombre d'individus et d'individueux,
02:30 d'hommes et de femmes, qui travaillent pour cette confrérie, pour son plan. - Mais c'est énorme,
02:36 l'étendue géographique de leur influence.
02:40 - L'étendue géographique de leur influence est très grande, parce que dès qu'ils s'installent dans les années
02:48 90, ils vont en fait prendre des mosquées, les salles de prière qui existent,
02:55 les piloter,
02:57 dégager ceux qui y sont, et peu à peu donc imposer leur façon de voir l'islam, qui est un
03:04 islam fondamentaliste, intégraliste,
03:07 qui ne veut rien laisser en dehors de lui.
03:12 Le frérisme a cette particularité de vouloir se faire appeler l'islam pour tout le monde.
03:17 - C'est leur version de l'islam qui doit être la vraie, qui est la seule, la vraie, la pure. - C'est la seule, la vraie, la pure,
03:24 même s'ils font ce qu'ils appellent l'ijtihad, c'est-à-dire l'effort de compréhension et d'adaptation de l'islam
03:30 au continent européen, c'est quand même leur version qui
03:35 s'impose, et ça se voit par exemple si vous allez chaque année au salon du Bourget,
03:42 organisé par les frères musulmans, ça se passe à Pâques, et vous verrez
03:46 l'ensemble des composantes de l'islam en France
03:48 réunis là.
03:51 Et ça, seuls les frères ont réussi en fait à non pas rassembler tout le monde
03:57 sur la même ligne, mais à coordonner en fait toutes les actions de ces groupes. - Oui, donc ils ont un pouvoir fédérateur quand même
04:05 assez formidable, enfin assez grand. - Ou de coordination, puisqu'ils se servent et ils sous-traitent un certain nombre de leurs activités,
04:13 aussi bien chez les plus orthodoxes que les libéraux, que les soufis, etc. Ils parlent avec tout le monde.
04:18 - Alors juste pour être tout à fait clair et vous raconter ça, très passionnant, moi je recommande évidemment ce livre
04:24 "Le frérisme et ses réseaux", il faut le lire, il faut se documenter d'ailleurs en tout.
04:29 Juste, quelle est la différence qu'on dit entre par exemple le salafisme ou le daechisme, ou le... vous savez,
04:37 le salafisme aux combattants, je dirais,
04:41 terroristes, enfin en tout cas très très très belliqueux et agressifs, et les frères musulmans, est-ce que c'est...
04:48 est-ce que c'est... on veut les mêmes résultats à la fin, mais par des manières et une stratégie différente ?
04:55 - Alors les frères sont vraiment ceux qui veulent, qui ont un projet
04:59 d'instauration du califat mondial, c'est-à-dire de la société islamique mondiale. - Ça régit par la charia ? - Voilà, c'est ça. Donc,
05:07 pour moi c'est un système d'action.
05:10 Ce n'est pas une école théologique, ce n'est pas un mouvement religieux en particulier, c'est un système qui est chargé justement de mettre en marche
05:17 et d'ériger dans le monde...
05:19 - Dans le monde entier ? - Dans le monde entier, voilà, une grande marche des musulmans pour qu'ils
05:26 accomplissent la profession, la prophétie califale.
05:30 Tandis que les mouvements comme le tablir, comme les wahhabo-salafistes,
05:36 sont des mouvements qui sont axés sur l'orthopraxie
05:39 et qui ont vocation, quelque part en particulier les wahhabo-salafistes, à retourner en terre d'islam.
05:46 Le frérisme, il est né justement dans les années 1960 en Europe, sur les campus américains ou européens,
05:53 d'une espèce de deal entre
05:56 des étudiants qui étaient de la branche arabe de
06:02 Hassan el-Banna, de la conflérie, et aussi une branche ourdoue qui était celle de Maudoudi, et en fait ils ont réfléchi, ils se sont dit,
06:09 puisqu'ils ne pouvaient pas rentrer dans leur pays où ils étaient chassés, ils se sont dit
06:14 "on ne peut pas rentrer, on ne peut pas faire la hijrah, c'est-à-dire revenir en terre d'islam, donc on va transformer
06:21 les terres de mécréance en terre d'islam" et
06:25 ils instaurent un espèce de moyen terme qui sera la terre de contrat, "dar el hadd", qui va leur permettre...
06:31 - Mais pas "dar el hadd" ni "kof"
06:33 - Mais pas "dar el hadd" ni "kof"
06:35 - D'accord, donc il s'est passé ceci, donc vous racontez ceci dans votre livre, et autrefois
06:42 le livre est folif, encore une fois il convient de le lire,
06:46 et alors il s'est passé ensuite la réaction. Il est paru quand ? Alors maître Thibaud de Montréal, ce livre est paru
06:53 juste Florence Bergeau-Blackler, il y a maintenant...
06:57 - Il est paru le 23 janvier
06:59 - 23 janvier, donc voilà ça fait deux mois. Alors qu'est ce qui s'est passé ensuite maître Thibaud de Montréal ?
07:06 - Écoutez, Florence Bergeau-Blackler vient de...
07:09 en peu de mots d'expliquer une chose que je résumerai en une phrase, c'est que les frères musulmans
07:17 ont entrepris depuis bien longtemps et
07:22 en particulier axé sur l'Europe depuis quelques décennies,
07:25 ce qu'on peut résumer par l'expression suivante "une stratégie de conquête".
07:29 Et lorsque vous êtes dans une stratégie de conquête mais que vous êtes encore
07:35 dans un rapport du faible au fort, puisqu'ils sont très largement minoritaires pour l'instant, d'une part
07:42 votre stratégie de développement se fait par l'entrisme, et c'est ce que Florence raconte merveilleusement
07:49 dans ce livre, et d'autre part ça implique de rester
07:52 dissimulé le plus longtemps possible.
07:55 Et aux yeux des frères musulmans, le livre
07:59 extraordinairement documenté de Florence Bergeau-Blackler a l'immense inconvénient de les exposer.
08:06 Cet inconvénient est d'autant plus grand que
08:10 Florence Bergeau-Blackler n'est pas un obscur complotiste caché sur internet,
08:17 mais c'est une chercheuse au CNRS, fonctionnaire, et qui donc bénéficie de
08:26 l'expérience, de la compétence, et de la réputation de solidité inhérente
08:36 à la plupart de ce qui touche au CNRS. Et donc il était urgent pour
08:45 les frères musulmans de mettre en place un contrefeu
08:48 selon des modalités que l'on voit régulièrement dans ce type d'occasion. Donc c'est le contrefeu, quels sont-ils ? D'abord vous avez le procès en
08:56 incompétence, et l'auteur serait... alors il y a toute une campagne qui se déclenche sous la houlette de quelques têtes de pont
09:03 qui sont des intellectuels ou des pseudo-intellectuels, dont on connaît en réalité la proximité avec la sphère islamiste, je fais court,
09:11 mais tout le monde ne la connaît pas, ou tout le monde n'en connaît pas l'ampleur, et donc ces gens-là vont être les vecteurs
09:16 d'un discours qui va commencer par disqualifier l'auteur du livre. Donc on va dire "ah oui, mais regardez son parcours", et puis
09:21 on va dénaturer ce qu'elle a écrit il y a 20 ans, on va prendre une phrase, etc. Donc d'abord... - Et ils disent "moi-même je suis expert" ?
09:28 - Oui, bien sûr, bien sûr. Donc la première étape,
09:31 c'est la disqualification
09:34 par le procès en incompétence. Très vite, il y en a une deuxième, qui est la disqualification
09:39 par le procès en idéologie. C'est-à-dire en réalité, l'auteur serait un idéologue. Alors très vite, très vite, on lui appose
09:47 l'accusation d'extrême droite, ce qui ne mange pas de pain,
09:50 qui en l'occurrence est prononcée par des gens pour qui tout ce qui est à la droite de la France Insoumise est d'extrême droite, donc
09:54 ça facilite la compréhension de la carte politique.
09:58 Et ça, si vous voulez, c'est le fond de tableau, c'est l'ambiance générale.
10:04 Ensuite, on va avoir
10:07 des accusations qui sont plus graves, parce que ces accusations
10:11 vont se préciser, c'est-à-dire que de l'imputation générale d'un extrémisme, d'un pseudo-extrémisme, on va rentrer à travers la dénaturation de quelques phrases
10:20 vers une...
10:23 vers l'accusation d'avoir en réalité
10:26 une pensée
10:28 qui serait islamophobe. Et là, en fait, c'est la bascule. Pourquoi ? Parce qu'il faut savoir que
10:36 l'accusation, le procès en islamophobie, c'est la technique
10:40 qu'ont systématiquement utilisés les islamistes pour faire assimiler... - Mais c'est pas dans l'eau, ça ? - Non, pas du tout.
10:46 Non, non, mais ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on est sur des vieilles techniques archi-classiques.
10:50 Ce qui se déroule, c'est un plan dont on comprend quel est son objectif, c'est la conquête, et comment il se déroule, c'est pour
10:56 disqualifier les gens qui l'ont compris. Donc, juste, le procès en islamophobie, c'est le procès qui est systématiquement fait par les islamistes à ceux qui dénoncent précisément
11:05 le risque de totalitarisme politique, puisque c'est de ça dont on parle. La conquête par l'islam pour faire régner un califat mondial
11:12 sous l'égide de la charia, c'est un totalitarisme. Et donc, de se faire accoler l'étiquette d'islamophobe, c'est
11:22 très habile de la part des islamistes. - On passe du côté obscur de la force. - Oui, et ça fait...
11:28 et ça touche certains esprits qui n'ont pas bien compris encore dans la société française, ça fait passer pour une discrimination religieuse
11:34 ce qui est en réalité une critique politique.
11:36 Et donc, ça fait passer pour illégitime quelque chose qui est parfaitement légal et autorisé. - On va en parler tout de suite après cette pause, on
11:43 va continuer parce que justement, après on bascule vers autre chose. - On bascule vers les menaces. - C'est beaucoup plus grave, voilà.
11:48 - Et vous avez la parole sur Sud Radio, vous nous appelez au 0 826
11:52 300 300, on attend vos appels. A tout de suite sur Sud Radio.
11:55 Ici Sud Radio.
11:58 Les français parlent au français.
12:04 Je n'aime pas la blanquette de veau. Je n'aime pas la blanquette de veau.
12:09 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
12:12 Florence Bergeau-Blacler, anthropologue au CNRS, auteure de "Le Frérisme et ses réseaux" aux auditions Odile Jacob.
12:20 Donc, le bouquin parait en librairie il y a deux mois.
12:23 Et qu'est ce qui se passe ? Est-ce que ça se passe assez vite ? Vous avez des réactions, certaines réactions évidemment,
12:28 qui louent le bouquin parce que c'est un bouquin
12:32 écrit par une scientifique, écrit par quelqu'un qui sait son... Elle parle, après on peut être courant, mais on discute du fond.
12:38 Et qu'est ce que vous avez eu comme réaction alors, qui n'était pas celle-là ?
12:41 - Disons que les deux premières semaines, beau temps, très calme, très bonne réception
12:47 dans la presse, dans les médias, sans problème. Et puis
12:50 petit à petit,
12:53 des intimidations, des calomnies
12:55 par des personnages de l'université.
12:59 - Genre quoi, calomnies, par exemple ?
13:02 - Voilà, les procès en islamophobie, en nazisme...
13:06 - Nazisme, carrément ?
13:09 - Oui, je serai nazie, enfin un certain nombre de choses que je ne veux pas...
13:12 Mais il faut bien comprendre que pour en arriver là, en fait, il faut avoir transgressé un certain nombre de choses et c'est vrai que ce livre,
13:20 bon, je savais qu'il allait quand même provoquer des réactions parce que je connais très bien le milieu d'où je viens, le milieu
13:27 universitaire, le milieu du CNRS, et sur ces questions-là, nous ne sommes plus qu'une poignée à travailler sur l'islamisme en Europe
13:34 et même sur l'islamisme
13:37 contemporain, parce que les intimidations, l'assèchement aussi des budgets de recherche, nous n'avons pas de budget de recherche...
13:46 - Spécialement pour la matière, l'assèchement s'est passé partout ?
13:50 - Oui, non, non, c'est vraiment sur ce sujet-là.
13:53 Par contre, il y a beaucoup d'argent pour l'étude de l'islamophobie, des choses comme ça, qui sont tout à fait
13:59 problématiques. Donc pour nous, les chercheurs qui travaillons sur l'islam contemporain, sur l'islamisme en Europe, c'était déjà
14:07 très difficile parce qu'il y a des clous et il y a un certain nombre de choses qu'il ne faut pas
14:11 dire. Donc c'est déjà...
14:14 On vous met au placard.
14:18 Si vous voulez par exemple faire une conférence, j'ai fait une conférence sur les fondamentalismes religieux, donc plusieurs, pas seulement l'islam,
14:25 il faut qu'on assure nous-mêmes notre sécurité. L'université ne nous assure plus la sécurité.
14:29 - Ah bon ?
14:31 - Et donc...
14:31 - Vous faites une conférence qui est polémique, qui risque de provoquer, c'est à vous d'assurer votre sécurité ?
14:38 - Oui, et en plus on n'est pas dans une démarche polémique, on essaye d'être objectif.
14:42 - Oui, je comprends bien.
14:44 - Mais c'est à nous de payer pour
14:47 la sécurité.
14:49 - Et ensuite c'est quoi ? C'est des mails, c'est des téléphones,
14:51 c'est réaction d'abord dans la presse, des articles, etc.
14:55 - C'est-à-dire déjà vous pouvez plus publier nulle part, dans aucune revue scientifique.
14:59 On ne vous invite plus dans les
15:02 conférences et dans les séminaires.
15:05 Voilà, alors c'est pas que français.
15:11 J'en parle avec des collègues qui sont en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas.
15:16 Et ils ont le même problème. Nous sommes vraiment très très peu, peut-être une douzaine à travailler sur ce sujet-là dans toute l'Europe.
15:24 - Une douzaine dans toute l'Europe ?
15:26 - Alors qu'en face nous avons des centaines de
15:30 professeurs, de chercheurs, d'étudiants, etc.
15:34 Nous ne pouvons plus former des étudiants parce qu'on les mettrait en danger.
15:37 Et que leur carrière aboutirait très très vite.
15:42 - J'avoue que je suis assez halluciné, oui Thibault, dans Montréal.
15:46 - Ce qu'il faut bien comprendre, c'est ce que décrit Florence Bergeau-Blackler.
15:50 C'est exactement là où les islamistes veulent nous mener.
15:54 C'est-à-dire que quelqu'un qui prend de son temps, de son énergie, de son talent, de ses compétences
15:59 pour travailler sur un sujet qui est un sujet d'intérêt vital pour la nation, c'est-à-dire
16:05 contrer, identifier, démasquer, contrer un projet politique de déstabilisation.
16:10 L'instauration de la charia, comme Florence l'a remarquablement expliqué tout à l'heure,
16:14 et comme elle le décrit de façon implacable dans son livre,
16:17 eh bien devrait être, au contraire, sollicité, quelqu'un de cette compétence devrait être sollicité.
16:23 - En tout cas traité aussi objectivement que le reste.
16:25 - Voilà. - Déjà.
16:26 - Or, le fait de recevoir, d'abord d'être disqualifié,
16:31 ensuite ce procès en islamophobie dont on parlait il y a cinq minutes,
16:34 dont il faut bien voir les conséquences,
16:36 c'est qu'ensuite vous avez sur les réseaux sociaux les esprits faibles qui prennent la relève,
16:41 ce que savent très bien ceux qui instruisent le procès en islamophobie,
16:45 ils savent quelles vont être les conséquences.
16:46 Si quelqu'un est traité d'islamophobe par des pseudo-autorités intellectuelles ou autres,
16:53 et il ou elle, et en l'occurrence Florence, va se retrouver avec un flot d'injures sur les réseaux sociaux,
16:59 et inéluctablement les menaces de mort.
17:03 Qui veut vivre dans cette ambiance ?
17:05 C'est pour ça qu'il y a si peu d'étudiants et si peu d'auteurs, si peu d'intellectuels qui veulent y aller.
17:10 Parce que quand vous entrez sur ce terrain, vous savez comment ça va se passer.
17:14 Ce que je vous décris aujourd'hui, tous les gens qui travaillent sur le sujet de l'islamisme le savent.
17:18 Donc il y en a beaucoup qui disent "mais attends, moi je veux vivre tranquille, je veux pas être emmerdé,
17:23 donc je vais pas aller me retrouver au milieu de menaces, etc."
17:26 Et le plus grave c'est qu'à la fin le risque, c'est pas simplement théorique,
17:29 c'est pas simplement les anonymes planqués derrière leur clavier qui se déchaînent
17:32 avec la velerie et la lâcheté qu'on leur connaît,
17:35 c'est que vous avez le risque qu'un jour, un individu plus fatigué que les autres,
17:42 aille se dire "ah bah tiens, lui ou elle, il m'est désigné par des gens qui savent
17:48 comme étant un ennemi de l'islam, et bah je vais aller le planter."
17:51 Et c'est exactement ce qui est arrivé à Samuel Paty.
17:54 La mort de Samuel Paty, elle relève du même mécanisme,
17:57 c'est-à-dire mise en cause sur les réseaux sociaux, suivie d'une prise à partie,
18:03 suivie d'une montée de l'intensité des messages, d'abord les injures,
18:08 ensuite les menaces, et un jour vous avez quelqu'un qui passe à la tête.
18:13 - Alors Ferrand Berger-Blackler, justement, vous avez commencé à recevoir des menaces de mort ?
18:17 - Oui. - Au sens littéral du terme ?
18:19 - Oui. - C'est-à-dire, ça s'est concrétisé comment ?
18:23 De quelle manière ? Sur les réseaux ?
18:25 - Oui, ça se passe sur les réseaux sociaux, oui, après, je peux pas en dire plus.
18:31 - On vous demande pas des sources.
18:33 Simplement, vous avez réagi comment ?
18:36 C'est-à-dire par là que vous vous êtes dit "bon, il faut que j'arrête".
18:40 D'abord, pardon, comment réagissent vos amis, votre éditeur, les gens autour ?
18:45 - Alors, il y a eu un certain nombre de pressions aussi sur mon éditeur.
18:49 Ce que j'ai fait, simplement, c'est de demander la protection fonctionnelle à mon employeur,
18:53 c'est-à-dire le CNRS, qu'il m'a pas répondu, jusqu'à présent.
18:59 Pas le moindre message de soutien, rien du tout.
19:02 - Pas de message de soutien ? - Le silence.
19:04 - Le silence, rien ? - Non, rien.
19:06 Le silence, et peut-être un silence un peu de suspicion.
19:12 J'ai reçu un mail me disant "voilà, quelle est la nature de cette menace qui serait de mort ?"
19:20 Enfin, une espèce de conditionnel.
19:22 Voilà, c'est...
19:24 - Et on vous dit "écoutez, bon courage, des bruits..."
19:26 - C'est pas le pas de vague, c'est le "rien du tout", ça n'a pas eu lieu.
19:30 - C'est le "rien du tout" et puis débrouillez-vous.
19:32 - Et pour l'instant, il faut que je me débrouille, oui, c'est certain.
19:36 Alors après, c'est vrai que, et Thibault de Montbrial en parlait,
19:42 les conférences, les lieux où je vais pouvoir me produire publiquement,
19:47 ça va évidemment entraîner certaines conséquences.
19:50 Il y a des librairies qui ne vont pas m'inviter,
19:52 il y a des endroits où je pourrais pas aller
19:54 parce que, tout simplement, la sécurité ne pourra pas être assurée.
19:57 Alors, une menace de mort, malheureusement, il y en a beaucoup maintenant.
20:02 Vous avez vu, même des députés reçoivent des menaces.
20:04 Le problème, dans notre cas, c'est que c'est la recherche qui est asséchée complètement.
20:11 Et donc, évidemment, on fait d'une pierre beaucoup de coups dans ce cas-là
20:17 parce qu'assécher la recherche sur l'islamisme, c'est ne plus rien comprendre de ce qui nous arrive
20:22 et dans nos sociétés, dans nos démocraties libérales, c'est une vraie catastrophe.
20:26 On touche à la liberté d'expression, bien sûr, mais à la liberté de recherche.
20:30 - Je dirais qu'assécher la recherche, déjà, en tant que tel, dans n'importe quel domaine,
20:34 est un signe de totalitarisme qui vient.
20:37 Et puis assécher, justement, dans des domaines aussi délicats, délicat ou belliqueux que celui-là...
20:45 On va continuer à parler avec juste une petite pause et on va voir comment ça peut se passer, justement.
20:50 - Un mot, l'islamisme est un totalitarisme.
20:53 - Certes. D'ailleurs, il y a eu Alexandre Delval qui a écrit, il y a 20 ans, un essai sur le totalitarisme islamique.
21:00 Il y a déjà 20 ans, mais bon...
21:02 - Restez bien avec nous et vous avez la parole sur Sud Radio 0826 300 300.
21:07 Voilà la situation de Florence Bergeau-Blacler, suite à son livre "Le Frérisme et ses réseaux".
21:11 Vous vous intéressez, vous vous interpellez, vous nous appelez au 0826 300 300.
21:15 A tout de suite sur Sud Radio.
21:17 - Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
21:30 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
21:34 - Florence Bergeau-Blacler, anthropologue au CNRS, auteure de "Le Frérisme et ses réseaux".
21:40 Thibault de Montbrial, avocat au Pari, auteur de "Osons l'autorité".
21:45 - Thibault de Montbrial, en fait, devant cet état de fait de quelque chose qui est quand même assez stupéfiant,
21:53 si loin que l'on puisse dire, de quelqu'un qui, au fond, la soutient, mais attention,
21:59 que je ne dirais pas comme l'accord de soutien l'a pendu, mais enfin on n'est pas loin,
22:03 on dit "oui, mais attention", et on dit voilà, le peu de "qui va aller, qu'allait-il faire dans cette galère,
22:09 qu'allait-elle faire dans cette galère", comment on se défend face à ça ?
22:13 - C'est difficile parce que l'un des objectifs de cette méthode des islamistes,
22:18 cette méthode fascisante, on en parlait juste avant la pause, des islamistes de pilonner, de disqualifier,
22:25 d'imputer l'islamophobie et finalement d'isoler, puis de menacer,
22:30 l'objectif c'est précisément de faire en sorte que personne n'ait envie de venir se mettre dans la ligne de mire,
22:38 si j'ose dire, j'espère pas au sens propre, mais même au sens figuré.
22:42 La réaction, ou plutôt la non-réaction du CNRS est très intéressante.
22:45 Florence Bergeau-Blackler a envoyé un certain nombre de courriels pour faire état des différentes procédures engagées ou sur le point de lettre.
22:53 Il y a eu un premier pour une injure, alors on poursuit pas toutes les injures,
22:58 sinon il faudrait que j'en recrute 10 avocats pour travailler à plein temps sur le dossier,
23:02 mais une injure particulièrement grave, parce que émanant de quelqu'un d'assez connu,
23:06 enfin bon, je développe pas à l'antenne, mais une injure qui méritait d'être poursuivie,
23:09 là on a fini par avoir la protection fonctionnelle, mais sur les menaces de mort,
23:13 on a eu beau envoyer la plainte au CNRS, c'est-à-dire que c'est pas de prétendues menaces dont nous considérerions que...
23:20 Il y a eu un arbitrage juridique avec une procédure judiciaire qui est engagée,
23:25 et je le dis à l'antenne, mais on l'a dit aussi aux interlocuteurs qui avaient besoin de l'entendre,
23:31 avec un dossier qui est suivi par les services de renseignement,
23:34 qui savent comment ça marche et qui sont eux aussi inquiets.
23:37 Pour autant, et malgré ces garanties de sérieux, l'objectivité, le fait qu'on objective la plainte déposée, etc.,
23:44 l'employeur ne réagit toujours pas.
23:48 C'est-à-dire que tout le monde est très embarrassé, parce que par une erreur d'analyse absolument confondante,
23:54 mais en même temps dont on comprend le mécanisme, ces gens se disent "mais oui, si on l'aide,
24:00 même si on lui accorde ce à quoi elle a le droit réglementairement, parce que c'est même pas l'aider,
24:04 c'est accorder ce à quoi Florence a le droit réglementairement,
24:07 et bien nous serions en quelque sorte les complices de ce qu'elle écrit."
24:11 Ce qui est un truc totalement sidérant comme raisonnement.
24:14 Mais vous savez, la lâcheté, c'est pas nouveau.
24:20 Les islamistes parient sur la lâcheté.
24:23 Vous avez d'un côté les idiots utiles qui pensent que tous les gens qui dénoncent,
24:29 y compris par un travail objectif, professionnel, documenté, scientifique,
24:34 l'antrisme des frères musulmans...
24:38 - Ceux qui pensent qu'ils se font châtier en dernier aussi.
24:40 - Oui, oui, oui, je pense qu'ils n'ont pas bien compris que...
24:42 C'est comme dans les évangiles, vous savez, les premiers seront les derniers,
24:46 et les derniers seront les premiers, je le crois.
24:48 - Alors, juste, il va s'en dire, mais il ira encore mieux en le disant, et je crois que vous serez d'accord,
24:52 il faut quand même dire, parce que beaucoup de musulmans ne sont pas d'accord avec ça.
24:56 - Ah non mais évidemment !
24:57 - Non parce qu'il faut le dire, parce que souvent il y a une espèce de "ah tous les musulmans, chose de filles les musulmans",
25:02 ce qui arrange d'ailleurs les frères musulmans, mais je connais énormément de musulmans, vous aussi, etc.,
25:06 qui sont absolument vent debout contre ce genre de...
25:09 - Je vais donner la parole à Florence sur ce point après, mais si vous permettez André,
25:12 parce que ce que vous dites est absolument crucial,
25:14 c'est cette majorité de musulmans qui n'est pas d'accord,
25:17 et il faut le dire, et vous avez raison de le dire,
25:19 elle est aussi la cible de cette terreur, c'est-à-dire que les musulmans qui ne sont pas d'accord
25:25 sont les premiers à redouter de prendre la parole,
25:28 pour ne pas se trouver à leur tour dans ce cycle de pression, de menaces et de représailles.
25:37 Nous aimerions les uns et les autres engager contre l'islamisme,
25:41 avoir un nombre important de musulmans français à nos côtés,
25:44 dans l'espace public et dans les médias, alors qu'en privé ils nous soutiennent,
25:47 ils nous disent "bravo, continuez de se témoigner".
25:49 - Et qu'ils n'en pensent pas, oui.
25:49 - Bien sûr, mais qu'ils viennent le dire en public.
25:51 - Vous, vous qui êtes justement spécialiste de cela,
25:54 par rapport à cette chosification quand même...
25:57 - Je suis tout à fait d'accord, je pense que ce que nous vivons, nous, à l'université,
26:02 les musulmans l'ont vécu dès les années 80-90,
26:07 et cette espèce de lutte contre l'islamophobie structurelle d'État a bien bien aggravé les choses.
26:16 D'abord parce que cette lutte, elle a en fait quatre objectifs.
26:20 D'abord, de rendre les musulmans vulnérables en les considérant systématiquement comme des victimes,
26:26 si on vous répète sans arrêt que vous êtes une victime, vous allez finir par le croire.
26:30 C'est bien sûr faire taire toute critique de l'islam et imposer à l'ensemble de la société,
26:35 pas seulement aux musulmans, le contrôle du langage.
26:38 Est-ce que ce que je vais dire sera islamophobe, est-ce que c'est raciste, etc.
26:42 - Et donc je me censure, je m'auto-censure.
26:44 - Je m'auto-censure, donc je ne parle plus des sujets qui fâchent.
26:48 C'est aussi empêcher l'assimilation de l'islam,
26:52 en empêchant sa fragmentation.
26:54 Normalement une religion transplantée se fragmente, se dissout un peu dans le tissu social,
27:00 dans la culture locale, et les frères empêchent ça en essayant justement de contrôler tous ces courants
27:08 pour les amener vers la prophétie califale et en culpabilisant systématiquement les musulmans.
27:14 Et puis une chose très importante dont on ne parle pas beaucoup,
27:17 c'est que tous les rapports sur l'islamophobie qui existent aujourd'hui,
27:21 permettent en fait de faire des propositions de rééducation de la société pour qu'elle soit moins islamophobe.
27:31 Donc dans tous les secteurs de la société, dans l'éducation, dans la justice, etc.
27:37 - Attention à l'islamophobie, surtout si vous dites quoi que ce soit, vous êtes islamophobe.
27:41 - Mais plus encore...
27:43 - Vous parlez de rééducation.
27:44 - Oui, rééducation plus encore, parce que vous avez une vision négative de l'islam,
27:50 on va vous apprendre à positiver sur les pratiques des musulmans, le halal, le voile,
27:56 parfois un peu la violence, etc.
27:58 Donc on va vous réapprendre à célébrer la diversité,
28:03 et notamment l'islam et même l'islamisme, puisque c'est ça le problème,
28:07 dans vos entreprises, partout dans les milieux où vous êtes.
28:11 Donc on est dans une espèce de système de surveillance.
28:14 Ce qui est intéressant, c'est que d'où viennent ces rapports sur l'islamophobie ?
28:21 Ils ont tous pour base le Runimetrust, c'était un rapport qui a été fait en 1997,
28:27 et qui vous apprenait à voir, puisqu'on ne peut pas changer l'islam, voyons-le positivement.
28:33 C'est la Commission Européenne, c'est le Conseil de l'Europe, c'est l'ONU,
28:37 c'est deux ONG, Open Society...
28:40 - George Soros.
28:42 - George Soros, c'est aussi les Turcs avec la CETA,
28:45 c'est bien sûr l'Organisation de la coopération islamique,
28:48 et c'est des revues scientifiques.
28:50 Tous ces gens-là, ce sont des sommes considérables
28:54 qui sont faites pour alimenter cette idée d'une islamophobie structurelle,
28:58 et quand on regarde sur quoi elle s'appuie,
29:01 elle s'appuie toujours sur un nombre assez réduit d'associations fréristes.
29:05 - Et vous avez les idiots utiles, les lâches et les collabos.
29:08 - Oui, ça fait un joli trio.
29:10 - Un joli trio.
29:11 - C'est pas le père, le fils et le saint-et-et, c'est autre chose.
29:14 On va recevoir nos auditeurs, je crois qu'il y en a beaucoup qui veulent vous parler,
29:19 aussi il y a Thibaud de Montbrial, qu'à Florence Bergeau-Blaclert.
29:22 Lucien.
29:23 - Beaucoup de gens nous appellent et vous avez la parole sur Sud Radio 0826 300 300.
29:27 On démarre avec Stéphane de Marseille.
29:29 Bonjour Stéphane.
29:30 - Bonjour Stéphane.
29:31 - Oui, bonjour madame...
29:35 alors j'ai plus votre nom.
29:36 - Bergeau-Blaclert.
29:37 - Bonjour monsieur.
29:38 - Bergeau-Blaclert, parce que j'ai pas encore lu votre livre.
29:40 - Bonjour André Bercoff que j'ai connu aux 50 Champs-Elysées,
29:43 au troisième étage, à une certaine époque, on s'est croisés là-bas.
29:47 Et bonjour monsieur Thibaud de Montbrial.
29:49 Donc ma question, elle est assez simple en fait.
29:52 - Allez-y.
29:53 - Ce que je ne comprends pas dans le monde musulman et le suivi qu'on a,
29:56 aujourd'hui on sait que la DGSI suit des fichiers S,
30:00 on les connaît, on sait que certains font des... on les suit, voilà.
30:04 La DGSE, elle, a fait remonter depuis une trentaine d'années
30:07 des papiers sur les bureaux des directeurs de cabinet concernant cette montée.
30:13 Alexandre Delval a écrit un livre sur la Turquie dans l'Europe,
30:16 il y a de ça des années et des années,
30:18 qui expliquait déjà l'antrisme des frères musulmans.
30:22 Et je me demandais d'une part si elle avait eu des contacts
30:24 avec des responsables de l'État,
30:27 et d'autre part, qu'est-ce que faisait l'État pour...
30:30 Enfin moi je ne comprends pas comment l'État ne s'implique pas plus que ça.
30:34 Alors si je peux avoir des explications...
30:35 - D'accord. Non, non Stéphane, très bien.
30:36 Alors qui veut répondre d'abord sur l'État,
30:38 peut-être votre connaissance, les milieux ?
30:41 - Je pense que l'État, les différents services de renseignement
30:44 savent assez bien ce qu'il se passe.
30:46 D'après ce que je comprends,
30:49 évidemment tout ça est dans le secret,
30:52 donc je ne suis pas du tout dans ce secret-là,
30:54 mais ce que je comprends c'est que les rapports remontent
30:57 effectivement à nos politiques, à nos gouvernants,
31:00 mais rien n'est fait.
31:02 - C'est pas de réponse ? - Mais voilà.
31:03 - Pas d'effet, pas de...
31:05 - C'est un petit peu comme au CNRS, c'est un petit peu le même système.
31:09 - Thibaud de Montbrial, vous voulez ajouter quelque chose ?
31:11 - Que les services de l'État, y compris ce qui se passe depuis plusieurs décennies,
31:15 c'est une évidence.
31:17 Que certains parmi les politiques, y compris ce qui se passe,
31:20 c'est une évidence aussi.
31:22 Que pour autant, nos politiques, pour des raisons aussi d'agenda électoral,
31:26 d'évolution de la composition de la population en France,
31:29 mais aussi dans les pays comme la Belgique, comme l'Allemagne, etc.,
31:32 soient extrêmement réticents à aller affronter de face la problématique,
31:39 c'est aussi malheureusement une réalité.
31:42 Mais c'est sur cette faiblesse que les islamistes comptent.
31:45 Moi je vais vous raconter une anecdote qui en vaut bien d'autres.
31:48 À l'été 2020, au début de l'été, il y a eu un incident navale assez grave
31:52 entre les marines françaises et turques.
31:54 Et on est passé à moins de deux minutes d'une ouverture de feu de l'une sur l'autre.
31:59 Et cet incident a causé un certain émoi au sein de l'OTAN,
32:02 puisque les français et les turcs sont alliés.
32:05 Et un officier supérieur français me racontait qu'au cours d'une réunion,
32:10 ou en marge d'une réunion plus exactement, dans les couloirs,
32:13 un officier supérieur allemand lui avait dit
32:16 "Nous maintenant avec les turcs, on ne peut plus rien dire, on ne peut plus rien faire,
32:19 parce que la population turque dans notre pays est trop élevée,
32:23 et le travail de l'entrisme de ce qu'on appelle la dianette,
32:28 qui est le ministère des affaires religieuses,
32:31 et qui a un budget supérieur à celui des affaires étrangères,
32:34 et qui est notamment chargé de l'infiltration de deux grandes cibles
32:37 que sont la France et l'Allemagne, je l'ajoute pour les auditeurs,
32:40 même si c'est quelque chose que le grand public ignore,
32:42 et bien donc l'officier allemand disait "Nous à cause de tout ça,
32:44 on ne peut plus rien dire."
32:46 C'est-à-dire que d'ores et déjà, au sein de l'alliance,
32:49 de la plus puissante alliance militaire occidentale,
32:52 on a un problème, l'entrisme des frères musulmans
32:55 pose un problème opérationnel concret.
32:57 Des exemples comme ça, je pourrais en raconter beaucoup,
33:00 j'en raconte qu'un seul, c'est suffisant et éloquent.
33:03 - Juste une chose sur cet exemple,
33:06 en fait l'amiral qui commandait la flotte à l'OTAN était turc,
33:08 c'est aussi quelque chose qu'il faut dire.
33:10 - C'est dur. Merci Stéphane, Lucien.
33:12 - Merci à vous. - Merci beaucoup Stéphane.
33:14 Restez bien avec nous, chers auditeurs,
33:15 on vous retrouve après la pub,
33:16 vous continuez de nous appeler au 0826 300 300,
33:19 on retrouvera Philippe de Cherbourg à tout de suite sur Sud Radio.
33:22 [Musique]
33:37 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
33:40 - Vous êtes bien dans le face à face avec Florence Bergeau-Blackleur,
33:44 anthropologue au CNRS pour son livre "Le frérisme et ses réseaux"
33:47 accompagnée de son avocat Thibaut de Montbrial
33:49 et vous avez la parole sur Sud Radio 0826 300 300.
33:52 On accueille Philippe de Cherbourg. Bonjour Philippe.
33:55 - Oui bonjour Philippe.
33:56 - Oui bonjour André, bonjour madame Florence Bergeau-Blackleur et monsieur de Montbrial.
34:04 Une petite réflexion globale.
34:07 Ce qu'on pourrait proposer, puisqu'on est quand même des gens qui réfléchissent aussi,
34:12 c'est une protection déjà, on va commencer par une protection nationale,
34:16 je dirais une reconnaissance par le gouvernement,
34:19 donc du parlement de madame Florence Bergeau-Blackleur
34:24 comme chercheuse au CNRS,
34:29 au même titre que les lanceurs d'alerte.
34:32 On en a parlé, vous en avez parlé vous André, sur différents sujets.
34:37 Donc il y a des gens qui ont pu rendre des grands grands services à la nation
34:43 en tant que lanceurs d'alerte.
34:45 Et donc là il y a une protection à faire de la part du ministre de l'Intérieur.
34:48 Je dirais aussi, il faut mettre le sujet sur la table,
34:52 là au niveau du parlement,
34:54 une dissolution du mouvement, tout simplement des frères musulmans,
34:57 si j'ose dire, comme je le rappelle,
35:00 dans le cas du mouvement des identitaires,
35:03 à l'époque par monsieur, je crois, Darmanin.
35:06 - Il faut la dissous le mouvement, oui, absolument.
35:10 - Oui, et on pourrait rajouter sur le gâteau,
35:12 puisque les identitaires ont été dissous,
35:14 je ne vois pas pourquoi les frères musulmans ne seraient pas sur le travail sérieux de madame Barjot,
35:22 on mettrait dans le package la dissolution du mouvement antifas.
35:27 Parce que derrière le mouvement antifas,
35:29 on ne sait pas ce qu'il y a exactement dans votre sujet.
35:34 - Non mais Philippe, c'est deux choses très intéressantes,
35:36 d'abord le statut de lanceur d'alerte,
35:38 parce que quelque part, Florence, vous êtes une lanceuse d'alerte,
35:42 au sens du terme, et au sens vrai et plein du terme.
35:45 Alors Thibaud de Montbrial, et l'histoire de la dissolution,
35:49 ou l'histoire du Parlement qui protège,
35:51 ça me parait des pistes, non ?
35:53 - Alors en réalité, Florence n'a pas besoin de bénéficier du statut de lanceuse d'alerte,
35:58 puisqu'elle est fonctionnaire au CNRS,
36:01 et de ce seul fait, sa protection ne devrait même pas être un sujet.
36:06 On a dit tout à l'heure combien les questions de protection fonctionnelle étaient en soi compliquées,
36:10 cela dit, entre nous, je ne doute pas une seconde qu'elles finissent par se résoudre.
36:15 Ensuite, les questions de protection, de sécurité physique,
36:17 vous permettraient de ne pas les développer sur ce plateau,
36:20 mais elles sont aussi prises en compte.
36:23 Mais le point sur lequel je voudrais rebondir, dans ce que dit notre auditeur,
36:27 qui est très intéressant et très important, c'est la dissolution.
36:30 Dans mon livre, dont vous avez eu la gentillesse de citer le titre,
36:34 "Ozon l'autorité", que j'ai écrit il y a deux ans,
36:36 je consacre une partie importante à la lutte contre l'islamisme,
36:41 et je prône également la dissolution des frères musulmans.
36:45 Les frères musulmans, l'association qui en est la tête de pont en France,
36:50 c'est d'ailleurs très intelligent de leur part,
36:53 c'est qu'elle s'appelle "Musulmans de France",
36:54 comme s'ils représentaient tous les musulmans de France,
37:00 et c'est anciennement l'UOIF.
37:02 Et moi je pense, le gouvernement a déjà eu le courage, il faut le dire,
37:06 parce que ce n'était pas le cas avant, de dissoudre l'ECCIF et Baraka City,
37:11 qui étaient des associations islamistes sur le territoire français,
37:15 qui avaient pignon sur rue.
37:16 Je pense qu'il faudrait aller au bout de la logique et dissoudre "Musulmans de France",
37:20 dont, il faut le dire aussi, Florence décrit ça beaucoup mieux que moi dans son livre,
37:24 mais des écoles de formation d'imams sur le territoire français,
37:27 on marche sur la tête.
37:28 Alors évidemment c'est surveillé par les services de renseignement,
37:30 mais ce serait encore mieux si ça n'existait pas,
37:33 et moi je suis tout à fait d'accord que ce serait...
37:34 - Vous êtes pour la dissolution ?
37:35 - Ah non, moi je suis un partisan farouche de la dissolution,
37:37 mais ça ne va pas augmenter le nombre de mes amis de le dire à votre antenne.
37:40 - Et moi on sera deux alors.
37:42 - Ben voilà, et vous serez peut-être plus.
37:45 - Merci André.
37:47 - Merci beaucoup Philippe.
37:49 - Alors justement, je voulais me retourner vers Florence Bergeau-Blaclert.
37:54 Au fond, est-ce que c'est...
37:57 Alors c'est à l'anthropologue, à l'historien,
37:59 est-ce que c'est la première fois que ce problème se pose de cette façon ?
38:04 Je veux dire par là, que au fond,
38:08 l'islamisme et tout ça, ça fait 40 ans et 50 ans qu'on en parle.
38:12 C'est pas nouveau, c'est pas un phénomène qui est apparu il y a 10 ans, etc.
38:17 Comment il se fait ?
38:19 Alors Thibaud de Montbrial a expliqué les raisons pour lesquelles
38:22 beaucoup de gens poissaient la poussière sous le tapis
38:24 et puis se refilaient la patate chaude,
38:26 ça on a bien compris,
38:28 mais comment il se fait ?
38:30 Est-ce que c'est vraiment le côté, la menace et trop de problèmes
38:34 qu'il y ait peu de gens
38:36 et qu'ils soient tout de suite classés à la droite,
38:38 allez-je dire la droite d'Adolf Hitler, j'exagère mais à peine,
38:42 qu'il y ait eu entre gauche et droite, même si vous n'êtes pas politologue quand même,
38:46 qu'il n'y ait pas eu des gens de tout bord
38:50 qui s'attaquent au totalitarisme, quel qu'il soit.
38:53 Qu'ils soient d'ailleurs de telle ou telle religion,
38:55 qu'ils soient de gauche, qu'ils soient de droite.
38:56 Comment ça se fait que là-dessus,
38:58 on n'a pas pu réunir un certain nombre de gens
39:00 trans-parti, trans-idéologie,
39:02 enfin de gauche, de droite, du centre ou autre ?
39:05 Moi je crois que c'est parce qu'on ne comprend pas très très bien cette idéologie.
39:09 Moi je n'utilise pas fascisme ni totalitarisme
39:13 parce que ça renvoie à des événements ou à des structures dans l'histoire
39:17 qui ne sont pas exactement ce que j'observe moi sur le terrain.
39:20 Ce qui est certain, et je pense que Gilles Kepel le disait déjà il y a une dizaine d'années,
39:26 c'est que depuis 20 ans, on ne forme plus personne dans l'université.
39:31 - On ne forme plus personne ?
39:33 - Voilà, que des gens qui s'intéressent soit à l'islam dans l'histoire,
39:37 soit ailleurs, c'est beaucoup plus confortable,
39:39 et puis en plus c'est diffusé dans des revues académiques que personne ne lit.
39:43 Et donc ceux qui travaillent ici, comme je le disais, en Europe,
39:47 sont plutôt des gens qui travaillent sur les questions de discrimination,
39:50 les musulmans, etc.
39:52 Donc déjà ça c'est un problème, même pour nos politiques,
39:57 sur quoi peuvent-ils s'appuyer si l'université ne produit plus de connaissances ?
40:02 Le problème aussi, et je ne crois pas que ça servirait à grand chose à mon avis,
40:08 d'interdire les frères musulmans, parce que d'abord on ne sait pas qui ils sont.
40:14 - Telle association serait reconstituée ailleurs.
40:18 - Si on prend l'exemple du CCIF,
40:21 il s'est reconstitué sous forme d'une boîte aux lettres à Bruxelles quasiment immédiatement,
40:26 et je dirais qu'ils sont encore plus virulents maintenant,
40:29 qu'ils sont dans le network de l'ENAR, de l'AFEMISO,
40:33 et de tous les satellites fréristes qui existent à Bruxelles.
40:36 Mais je pense que ce qui va nous permettre d'en sortir,
40:41 c'est bien la diffusion justement de ce genre de travail que je fais,
40:46 et que d'autres font aussi, c'est vrai qu'on n'est pas très nombreux,
40:49 mais pour faire comprendre à tous les Français, à tous les Européens,
40:52 de quoi il s'agit exactement, ce sont des gens qui travaillent dans le cadre de la loi,
40:57 ce qui pose un certain nombre de problèmes.
41:00 Ils ont simplement un autre projet de société qui est théocratique,
41:03 qui n'est donc pas compatible avec ce que nous on connaît,
41:06 avec les démocraties libérales que nous sommes,
41:09 et c'est ça qu'il faut essayer de faire comprendre la plupart des gens,
41:13 c'est qu'on n'est pas obligé de céder,
41:14 il faut pouvoir dire que ces gens-là font ce qu'ils font,
41:19 ils ne font pas des choses interdites, mais on n'en veut pas,
41:22 parce que ce n'est pas notre modèle de deux sociétés,
41:25 sans être évidemment taxé d'islamophobie, de fascisme, de racisme, etc.
41:29 - Thibaud de Montbrial ?
41:31 - Oui, je voulais dire pour finir que tous ceux qui nous écoutent,
41:33 qui ont lu ou qui vont lire le livre de Florence Bergeau-Blackler,
41:36 - Et le gôtre, vous en autoritez aussi.
41:38 - Oui, c'est tant qu'à faire.
41:40 Mais pour rester sur le sujet du jour,
41:42 il faut comprendre que l'antrisme islamiste,
41:45 cette politique de conquête,
41:46 d'abord elle correspond encore une fois à une réalité,
41:48 Florence l'explique très bien,
41:49 elle s'appuie pour ce qui concerne la France,
41:51 qui est une des cibles privilégiées par les islamistes,
41:53 - Pourquoi pas, c'est le maillon faible ?
41:55 - C'est le maillon faible, mais pourquoi ?
41:56 C'est ça que je voulais dire en un mot.
41:58 C'est que nous sommes considérés, aux yeux des islamistes,
42:01 comme un pays qui n'a plus d'homogénéité,
42:05 nous ne faisons plus de nation,
42:06 il n'y a plus de transcendance,
42:08 il n'y a plus d'histoire commune,
42:10 dont nous considérions collectivement
42:12 que ça vaille le coup de le reprendre à notre compte,
42:16 d'aller regarder nos racines, qui nous sommes,
42:18 d'où nous venons, où nous allons.
42:19 Et je veux juste dire à tous ceux qui nous écoutent
42:22 qu'il ne faut pas perdre espoir,
42:24 il y a des gens, par exemple autour de moi,
42:27 au Centre de réflexion sur la sécurité intérieure,
42:29 d'autres, qui travaillent,
42:31 il y a encore des gens courageux,
42:33 et face à l'antrisme islamiste,
42:36 je prône le courage bien sûr,
42:38 mais aussi l'espérance,
42:39 il ne faut surtout rien lâcher.
42:40 - Je crois que c'est très important de finir en tout cas
42:42 sur une note, effectivement,
42:44 de volonté et de courage,
42:46 on revient toujours aux mêmes fondamentaux.
42:49 Merci à vous.

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