Quand les superstitions s'invitent à table

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Transcript

00:00 - Non Marion, bonjour ! - Mais bonjour, mais bienvenue au club, c'est très bien les légumes oubliés.

00:04 On a bien fait de les retrouver justement, parce qu'ils font du bien.

00:06 Là on rentre dans les légumes verts, les légumes de printemps, donc on a de beaux choix.

00:11 - Référence à la pièce sur la tête des enfants, parce qu'on parle de superstitions.

00:14 Vous allez nous parler des superstitions qui surgissent quand on est à table.

00:17 - Exactement, parce que Marie, dans votre pièce avec Pascal Elbé, vous jouez un couple très très superstitieux.

00:23 Et on sait que le théâtre d'ailleurs est rempli de conventions.

00:26 Il ne faut pas porter de verre, on se dit merde et pas bonne chance avant de démarrer une pièce par exemple.

00:32 Mais c'est vrai que les superstitions s'invitent aussi à table.

00:34 Par exemple, on ne retourne jamais le pain, parce que ça porte malheur.

00:38 - Bien sûr, évidemment. - Vous savez pourquoi ça ?

00:39 - Evidemment, moi je le sais. - Le pain du bourreau ?

00:40 - Oui, le pain du bourreau, exactement.

00:42 On réservait un pain au bourreau avant les exécutions, et pour ne pas se tromper, pour ne pas l'oublier, on le retournait.

00:48 Mais surtout, on le laissait retourner pour que personne ne le touche,

00:52 parce que de toucher le pain retourné pour le bourreau, ça portait malheur.

00:55 Voilà, ça c'est une des premières superstitions qu'on continue, je trouve vraiment à...

00:59 - Quand il est là, on le remet droit. - Oui, exactement.

01:02 - Alors moi non, mais il y a beaucoup de gens qui refusent de se passer le sel à table.

01:05 - Oui, le sel aussi, il ne faut pas la poser, j'ai rien compris moi.

01:07 - Exactement. - Je ne suis pas du tout superstit.

01:09 - Alors là, il faut retourner à la Rome antique pour comprendre l'histoire du sel.

01:11 C'est une partie des revenus des légionnaires romains qui étaient versés en sel, d'où le mot de salaire en fait.

01:17 Et c'est un aliment tellement précieux à l'époque, qu'il faut éviter de le renverser.

01:21 D'où le fait qu'on évite de le passer à table.

01:23 Parce que si je vous le passe et que l'un des deux le renverse, on ne saura même pas qui l'aura renversé.

01:28 Et comme c'était vraiment considéré comme une denrée très précieuse à l'époque,

01:32 on faisait très attention, donc on le posait et l'autre le récupérait à la main.

01:35 - Voilà, vous avez fait des recherches et vous avez trouvé des superstitions dans d'autres pays.

01:39 - Oui, alors au Japon, il faut surtout ne pas s'aviser de planter ses baguettes dans un bol de riz.

01:44 Parce que c'est comme les baguettes bien droites, vous savez, dans le bol de riz.

01:48 C'est comme ça qu'on le présente en fait pour les funérailles.

01:50 C'est un rite bouddhiste et c'est une offrande en fait.

01:53 Quand on met les deux baguettes bien droites, donc on ne fait pas ça du tout quand on se met à table

01:56 ou quand on commande des sushis par exemple avec le petit bol de riz.

02:00 Surtout pas.

02:01 Plus joyeux en Italie, on mange des lentilles le premier jour de l'année

02:04 parce que c'est un gage de prospérité.

02:06 Et on fait ça aussi en France, c'est quelque chose qu'on...

02:08 - Début décembre, le 4 décembre, on plante du blé et des lentilles, dans le sud de la France.

02:13 - Voilà, mais on consomme des lentilles le premier jour de l'année, le 1er janvier.

02:16 C'est un gage de prospérité.

02:18 C'est comme faire sauter des crêpes avec un Louis d'or dans la main, ce que vous faites Olivier régulièrement.

02:22 - J'ai pas vu un Louis d'or de ma vie.

02:26 - Moi non plus, je crois que j'en ai jamais vu de ma vie.

02:28 - Votre grand-mère vous en a pas donné un ?

02:30 - Jamais, non.

02:31 - Et en Chine ? Non mais on avait beaucoup de Louis d'or dans les familles autrefois.

02:34 - Chez les mariottes.

02:35 - Non, non, pas du tout.

02:36 - Les paysans ont rigolé.

02:38 En Chine, pour le nouvel an lunaire, on mange du poisson dans tous les foyers,

02:42 ce qui garantit là aussi la fortune de la famille.

02:45 Donc voilà, ça c'est encore une autre superstition.

02:47 - Quoi d'autre ? Il y en a même en République tchèque.

02:49 - Oui, vous voulez que je vous la raconte ?

02:51 - Si vous en avez le temps, je suis pour.

02:52 - C'est l'histoire d'une pomme coupée en deux, vous la coupez en deux,

02:54 quand le tronion ressemble à une étoile, ça porte bonheur,

02:57 quand ça ressemble à une croix, ça porte malheur.

02:59 Voilà, ça c'est une superstition tchèque quand on coupe la pomme en deux.

03:02 Mais il y a d'autres superstitions qui ont été démystifiées,

03:05 comme celle autour de la tomate par exemple.

03:07 Jusqu'au 18e siècle, on ne consommait pas de tomate en France,

03:11 parce que la feuille était toxique de la tomate,

03:14 et on pensait que le fruit l'était aussi.

03:15 Donc ça portait malheur vraiment de mettre des tomates à table.

03:18 Et la tomate maintenant, elle est comestible bien entendu,

03:21 mais c'est vrai que la feuille de la tomate est très toxique.

03:24 Même chose aussi pour la pomme de terre.

03:26 Alors ça c'est marrant, la pomme de terre,

03:28 c'est Parmentier qui a découvert ça lors de son séjour en captivité en Allemagne.

03:32 Et on donnait ça aux animaux avec de l'eau bouillie,

03:35 mais c'était très rassasiant quand même,

03:37 et il s'est rendu compte que c'était vraiment bon pour nous la pomme de terre.

03:39 Donc quand il est revenu en France,

03:41 il a voulu démocratiser la pomme de terre,

03:43 et personne n'en voulait parce qu'on donnait ça aux bétailles.

03:44 Il a eu une très bonne idée,

03:46 c'est de faire planter des champs de pommes de terre

03:47 du côté de la plaine des Sablons, entre Neuilly et le bois de Boulogne.

03:50 Et il faisait garder ces champs de pommes de terre le jour par des gardes royaux.

03:54 Et on se disait "mais qu'est-ce que c'est que cette denrée précieuse qui est conservée,

03:57 qui est comme ça, qui est gardée ?"

03:58 Et les gardes royaux partaient le soir,

04:01 et les gens venaient récupérer les pommes de terre à la rapine,

04:04 comme on dit le soir.

04:06 C'est un peu du marketing avant l'heure.

04:08 - Vous avez une recette avec ça ?

04:09 - Ah bah la pomme de terre, très simple, faisons-nous plaisir ce week-end.

04:12 - On met dans de l'eau, on fait bouillir et c'est prêt.

04:14 - Non pas du tout, on met beaucoup de beurre.

04:15 Gâteau à nain de pommes de terre.

04:17 Alors ça c'est très facile Marie,

04:18 vous pouvez le faire pour vos enfants ce week-end.

04:20 Des pommes de terre que vous coupez très finement en rondelles,

04:23 du beurre fondu,

04:24 et vous faites un gratin de pommes de terre comme ça dans un moule

04:26 avec un papier sulfurisé dans le fond.

04:28 Et vous empilez vos pommes de terre avec un petit peu de sel,

04:30 un petit peu de poivre et du beurre fondu entre chaque couche.

04:33 Et vous mettez ça au four, une heure à 180°,

04:36 et vous démoulez, vous avez un gâteau de pommes de terre à nain,

04:39 c'est vraiment réconfortant et c'est un vrai classique de la cuisine française.

04:43 - Il faut mettre le beurre fondu, fondu quoi, pas les petits morceaux de beurre.

04:45 - Non, non, beurre fondu exactement, ce qu'on appelle du beurre clarifié.

04:48 On enlève la petite couche qui se trouve à la surface.

04:50 - Ah, c'est quoi je dis, beurre clarifié ?

04:51 - Non, non, vous le faites vous-même.

04:52 Le fait de le fondre et de retirer la petite écume à la place,

04:55 à la surface, ça devient du beurre clarifié.

04:57 - On le fait fondre et il y a des petites bulles en haut.

04:59 - Oui, le petit machin blanc.

05:00 - Le petit machin.

05:01 - Et le petit lait, on le laisse au fond aussi.

05:03 - Non, non, mais j'ai voulu faire simple.

05:05 - J'ai hyper croiture.

05:06 - Dans le lit à boeuf, il dit "j'ai tous les termes pro".

05:09 Le petit machin blanc.

05:11 - Avec le bidule dans le fond.

05:13 - Tu sens tellement la pro.

05:14 Demain, à la table des bons vivants, il se marre tout de suite.

05:17 - On va cuisiner malin.

05:19 On va revenir sur les paniers anti-inflation,

05:21 mais pas ceux de la grande distribution.

05:22 Ceux proposés par les commerçants, par les artisans qui s'y mettent,

05:25 les poissonniers, les maraîchers, les épiciers,

05:27 ont de belles idées pour cuisiner pas cher.

05:29 Et puis Daniel Auteuil sera notre invité.

05:31 une belle ripaille avec son dernier album aussi.

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