Anne Fulda reçoit Damien Lecamp pour son livre «Un père sur le banc» dans #HDLivres
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00:00Bienvenue à l'Heure des Livres, Damien Lecan.
00:02Alors, vous êtes auteur, mais d'ordinaire, vous écrivez plutôt pour des spectacles vivants,
00:07pour des chroniques à la télé, à la radio.
00:08Vous avez été plume pour les guignols de l'info.
00:10Et là, vous venez de publier votre premier roman qui s'appelle Un père sur le banc,
00:14un livre qui est publié aux éditions Léocher.
00:17Et un livre, vous ne le cachez pas, qui est assez, très inspiré de votre propre expérience,
00:23celle de père, père sur le banc, c'est-à-dire le banc dans le square,
00:28mais aussi le banc dans une salle d'audience lors d'un procès.
00:32Alors, évidemment, on se demande pourquoi vous êtes-il paru nécessaire
00:37de décrire ce que vous avez vécu ?
00:40Ce n'est jamais évident, lorsque l'on vit une histoire difficile
00:43comme celle de l'absence de son enfant qui est enlevé à l'étranger par sa mère,
00:50de trouver sur le moment la force d'écrire à ce sujet.
00:55C'était il y a quelques années, en effet, le livre que j'ai écrit,
00:59on peut le dire autobiographique, mais je n'aurais jamais eu le courage,
01:03même l'idée d'écrire là-dessus à cette époque-là.
01:06J'étais trop en colère, je n'étais plus que procédure,
01:11saisine de tribunaux à l'étranger ou en Suisse.
01:14Et puis, quelques années plus tard, aujourd'hui,
01:18je crois que j'ai le recul suffisant sur cette histoire.
01:21J'ai assez de...
01:24Je peux porter un regard plus apaisé, je me sens en paix avec cette histoire.
01:29Et donc, forcément, ça déclenche des choses.
01:31On se dit, tiens, je pourrais peut-être en faire quelque chose.
01:33Et puis, je ne peux pas passer sous silence le plaisir d'écriture aussi.
01:36J'en ai fait un roman, je n'en ai pas fait un témoignage pur.
01:41Et donc, il y a le plaisir de développer l'intrigue des personnages
01:44et de rire aussi de cette histoire, puisqu'il y a beaucoup d'aspects de comédie aussi.
01:48Oui, parce qu'alors, vous expliquez comment, en fait, votre femme, à l'époque,
01:54décide de partir s'installer en Suisse avec votre enfant.
01:59Une décision unilatérale.
02:03Obligatoirement, l'affaire prend un tour judiciaire.
02:05Et alors, vous décrivez par le menu, parce qu'hélas,
02:08cette histoire devient quelque chose de judiciaire, même s'il y a beaucoup d'amour.
02:12Vous racontez aussi la chambre vide ou les week-ends où vous attendiez votre enfant,
02:17qu'il n'arrive pas, des scènes assez poignantes.
02:20Mais il y a aussi cette omniprésence, à l'époque, j'imagine, de la justice,
02:26des procédures judiciaires et du temps de la justice,
02:29qui est assez incompréhensible quand on ne le connaît pas.
02:31Ça provoque de la rage, d'ailleurs, on voit.
02:33Oui, c'est vrai.
02:34C'est vrai. En plus, comme la mère du garçon dans le livre,
02:39ce qui s'est passé dans ma vie, enlève l'enfant à l'étranger.
02:43Ça rajoute encore une difficulté parce qu'il y a, d'un point de vue juridique,
02:47le conflit territorial.
02:48Quel juge sera compétent ?
02:50Est-ce que ce sera le juge suisse pour statut sur le fond ou le juge français ?
02:53Ce qui, évidemment, a une implication aussi, parce que si c'est le juge suisse,
02:57le narrateur est convoqué devant le juge suisse au début du livre.
03:00Il va comprendre rapidement qu'il n'a peut-être aucune chance devant lui.
03:04Et c'est vrai que, si c'est un conseil que je peux donner, d'ailleurs, à toutes celles et ceux,
03:08c'est pas seulement une histoire de père, c'est aussi une histoire de mère,
03:10parfois, qui sont confrontées à ce genre de situation.
03:13C'est qu'il faut beaucoup travailler en amont son dossier.
03:16Il faut presque faire un travail d'avocat,
03:18présenter son dossier sous forme d'une dissertation et remettre ça à l'avocat
03:22qui n'a plus qu'à mettre en forme pour présenter ça en plaidoirie devant un juge.
03:26Et si on ne fait pas ce travail en amont, on n'y arrive pas.
03:28Donc, il faut accepter de voir sa vie réduite à ça, des textes juridiques.
03:33Et on n'est plus que ça.
03:34Et il faut toujours anticiper, avoir un coup d'avance.
03:37Donc, dans le livre, c'est vrai qu'il y a beaucoup de règlements juridiques,
03:41mais je les fais passer par le dialogue pour les rendre un petit peu plus faciles
03:44à assimiler pour le lecteur.
03:46Mais c'était impossible de les passer sous silence parce que ma vie n'était plus que ça.
03:50Parce que c'était plus que ça.
03:51Exactement.
03:52Et parce que, du fait de cette omniprésence, de cette importance de la scène judiciaire,
04:00il y a aussi des petitesses, des coups bas qui proviennent.
04:05Alors, vous en racontez surtout de la part de votre ex-compagne.
04:10Notamment lorsque vous êtes convoqué au commissariat,
04:12vous racontez d'ailleurs une scène, vous le racontez de façon assez drôle,
04:16face à une policière qui, dans la routine d'un poste de quartier,
04:22semble un peu blasée et semble se dire,
04:26semble comprendre que ça fait partie d'un jeu dans un divorce.
04:30Même si parfois, il y a des plaintes qui sont tout à fait fondées.
04:33Bien sûr, c'est d'ailleurs ce que s'explique le narrateur à la policière.
04:36Lui, il est victime d'une plainte qu'on pourrait presque qualifier de plainte abusive.
04:41Mais il précise que cela porte atteinte justement à la parole des personnes,
04:46notamment des femmes, qui sont victimes de violences réelles.
04:50Alors, je n'ai pas évidemment voulu faire un inventaire de tous les coups bas qu'il y a pu y avoir.
04:55Sinon, le livre aurait basculé dans autre chose, une espèce de règlement de compte.
04:58Et je ne voulais vraiment pas faire ça.
05:00Il était impossible de ne pas parler du conflit entre les parents,
05:03puisque c'est ce conflit qui est à l'origine de tout.
05:06L'enlèvement, le combat de ce père pour revoir son enfant.
05:09Mais avant tout, je voulais écrire un livre sur l'amour paternel.
05:13Oui, c'était ma dernière question, justement.
05:15Mais est-ce que vous avez l'impression que finalement, aujourd'hui,
05:17il faut encore se battre pour que cet amour paternel soit reconnu,
05:22armes égales avec l'amour maternel ?
05:24Ou quand même, il y a eu du progrès ?
05:26Je pense qu'il y a eu du progrès.
05:27Après, c'est vrai que le narrateur veut une histoire très personnelle.
05:32Il ne prétend pas être porte-drapeau d'une cause.
05:35Et si finalement, on considère que tout est politique, alors ça le dépasse un petit peu.
05:38Lui, il se bat. C'est un combat à hauteur d'homme.
05:40C'est une histoire d'amour.
05:41C'est une histoire d'amour. Il se bat pour son enfant.
05:43Il ne se pose pas vraiment la question, en ces termes, de guerre des sexes ou autre.
05:47Alors, il est vrai qu'avant d'arriver au tribunal, il entend beaucoup de choses.
05:51Attention, les juges sont pro-mères, les juges sont partials.
05:54Je le mène au féminin, puisque la plupart des juges d'affaires familiales sont des femmes.
05:59Bien sûr, il sait que des juges pro-pères, ça n'existe pas.
06:02Mais finalement, et ça aussi, c'est une chose que je voulais montrer
06:05et qui va à rebours peut-être des préjugés que l'on peut avoir.
06:08Il rencontre une juge qui dit le droit, une juge qui ne fait pas de moraline
06:13et qui n'a rien contre les pères, a priori.
06:16Finalement, c'est le cas d'espèce qui l'emporte.
06:17Quel est le parent le plus à même d'accueillir l'enfant ?
06:19Est-ce que c'est le père ? Est-ce que c'est la mère ?
06:21Et j'ose espérer que les juges n'ont pas d'église
06:24et sont tout à fait ouvertes, lorsqu'il n'y a pas de garde alternée possible,
06:28à confier la garde d'un enfant au père.
06:30En tout cas, c'est à lire.
06:31Ça s'appelle Un père sur deux bancs.
06:33C'est paru aux éditions Léocher.
06:35Merci, Damien Lauper.
06:35Merci beaucoup.