• l’année dernière
Avec Laurent Michelon, entrepreneur en Chine et auteur de "Comprendre la relation Chine-Occident : La superpuissance réticente et l'hégémonie isolée" aux éditions Perspectives Libres.

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##LE_FACE_A_FACE-2023-03-23##

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Transcription
00:00 Le face à face.
00:01 Le face à face avec Laurent Michelon, entrepreneur en Chine et auteur de "Comprendre la relation Chine-Occident,
00:07 la superpuissance réticente et l'hégémonie isolée" aux éditions Perspectives Libres.
00:12 Bonjour Laurent Michelon.
00:13 Bonjour.
00:14 Alors Laurent Michelon, écoutez, je suis content de vous accueillir parce que vous, au moins, vous ne parlez pas de Chine à 18 km
00:21 en se disant "je connais tout de la Chine" parce que j'y suis passé pendant une semaine, deux semaines ou même trois pour apporter du Doliprane
00:28 pour leur donner la recette de cela.
00:32 Non, vous avez passé, vous passez encore, d'ailleurs vous êtes à Paris en ce moment, vous avez passé 15 ans à Pékin,
00:38 3 ans à Hong Kong et 6 ans à Taïwan, c'est-à-dire 20 ans, vous avez vécu en Chine depuis 20 ans pratiquement.
00:46 Alors, on va en parler et on va parler de cet événement d'actualité quand même qui a été assez remarquable,
00:53 s'ils n'ont remarqué, par certains, c'est la rencontre entre Xi Jinping, le maître de la Chine, enfin le président de l'Olympique chinoise,
01:01 et Vladimir Poutine à Moscou, il y a encore hier, c'était encore hier ils étaient ensemble là.
01:07 Et ce qui m'a beaucoup frappé, je ne suis pas le seul, c'est Xi Jinping qui dit à Vladimir Poutine
01:13 "écoutez ce que nous vivons et ce que nous allons faire, c'est un changement qu'on n'a pas connu depuis 100 ans".
01:20 Alors c'est quand même pas rien, même si c'est de la rhétorique politicienne, mais qu'est-ce que ça veut dire ?
01:26 Voilà votre avis, vous qui connaissez bien la Chine d'avant Xi Jinping et de maintenant,
01:33 c'est-à-dire que ce qui se passe entre la Chine et la Russie, c'est un véritable signe, il n'est pas le seul, d'un bouleversement du monde ?
01:41 - Oui, et ça n'a pas été assez relaté dans nos médias qui ont, on va dire, parlé de cette rencontre un peu comme
01:48 une rencontre de deux dictateurs qui se mettent d'accord sur un certain nombre de dossiers, alors qu'en fait
01:54 je dirais que c'est un événement, on va dire, un peu dans l'amplitude de Yalta.
02:00 - Ah oui, pour vous c'est aussi important que Yalta ? - C'est aussi important que ça, alors
02:05 la différence, bon les Indiens auraient pu y être et on verra que de toute façon dans les médias...
02:09 - Ils y sont quelque part. - Ils y sont exactement, ils ont été raccrochés au projet, on en parlera tout à l'heure,
02:14 mais c'est un Yalta sans Occidentale.
02:17 Alors pourquoi un Yalta ? Parce qu'il y a des décisions qui ont été prises par ces deux dirigeants
02:24 qui auront une envergure mondiale, c'est-à-dire qu'en fait ils ont enterriné la multipolarité.
02:29 La Chine qui jusqu'au mois de novembre 2022 au sommet du G20 à Bali était encore dans une recherche de détente avec les Etats-Unis,
02:38 a complètement recalibré sa politique vis-à-vis de l'Occident puisqu'elle a compris depuis le G20
02:44 que l'affaire des ballons espions, son plan de paix pour l'Ukraine qui a été balayé d'un revers de la main
02:52 aussi bien par les Etats-Unis que par l'Union Européenne, tout un tas de mesures qu'elle a prises depuis ont complètement été ignorées.
02:59 Donc elle a bien compris qu'après la Russie elle était la prochaine sur la liste.
03:04 Donc il y a vraiment eu un recalibrage rapide qui a été fait, je pense qu'il était en préparation depuis longtemps,
03:09 et on voit que les nouvelles routes de la soie qui étaient un projet purement chinois jusqu'à récemment,
03:17 Xi Jinping a annoncé pendant sa visite à Moscou qu'il souhaitait que ce projet soit relié à l'union économique eurasienne,
03:26 qui est un projet russe. Donc ça c'est une première chose.
03:30 - Que les routes de la soie seraient liées... - Exactement.
03:32 Alors qu'avant on parlait de compétition entre les deux projets, maintenant c'est plus du tout le cas,
03:36 ça a été annoncé publiquement, c'est un projet eurasien maintenant qui va concerner la Chine et la Russie,
03:41 et l'Europe si elle veut, parce que justement c'est ce qu'expliquent les deux dirigeants,
03:46 c'est qu'ils ne forment pas une alliance contre l'Occident, ils sont au contraire bien...
03:51 ils se mettent en porte à feu par rapport au concept d'alliance.
03:54 - Ça c'est, je dirais, des éléments de langage, parce que de fait, tant que l'Europe sera arrimée à l'Amérique,
04:02 le problème est posé. - Alors, effectivement...
04:04 - Parce que c'est une coalition, quelque part, face à l'Amérique.
04:08 - Ou pas. - C'est l'Amérique qui a, on va dire, modelé le paysage international,
04:15 comme depuis la guerre en Irak en disant "vous êtes avec nous ou contre nous".
04:18 Or la Chine n'est pas pro-russe, notamment dans l'affaire de l'Ukraine, elle est pro-paix, elle a présenté un plan de paix.
04:26 - Elle est pragmatique. - Elle est pragmatique, elle n'a pas...
04:29 Et les États-Unis, pour une deuxième fois en un an, ont refusé de cesser le feu, en disant
04:35 "il n'y aura pas de cessez-le-feu, et le plan de paix chinois ne sera pas accepté, parce que la Chine n'a pas dénoncé l'opération spéciale russe".
04:42 Donc on voit que c'est un, on va dire un hégémon, ce que j'appelle l'hégémon dans mon ouvrage,
04:47 qui est belliqueux, qui tord le bras aux autres acteurs internationaux, qui ne veut pas reconnaître...
04:52 - L'hégémon américain. - L'hégémon anglo-américain, on va dire.
04:56 - L'hégémon américain, oui. - Qui va de Washington à Bruxelles en passant par Londres.
05:00 Donc la Chine et la Russie ont bien dit "on n'est pas une alliance, ce n'est pas un retour de la guerre froide".
05:07 - Juste un mot avant, on va reprendre, c'est passionnant, en tout cas ce qui se passe, on va reprendre ça avec Laurent Michelon,
05:13 c'est qu'on a vu, sur les réseaux sociaux, et de ce point de vue, bénis soit les réseaux sociaux, même s'il y a le meilleur et le pire,
05:20 c'est qu'on a vu Joe Biden, sénateur, en 97.
05:24 Il disait "je parlais avec les Russes, et je leur disais, écoutez, oui, mais on peut aller jusque là, mais pas loin".
05:31 Il dit "mais si vous continuez comme ça, si vous continuez à épandre l'OTAN, nous on ira du côté de la Chine".
05:37 Et là, Biden dit "ah mais ça m'a fait éclater de rire, je dis pourquoi vous n'allez pas du côté de l'Iran ?"
05:43 Et tout le monde s'est esclaffé. C'est vraiment intéressant. C'était en 1997.
05:48 On se retrouve juste après cette petite pause.
05:50 Et vous pouvez nous appeler au 0826 300 300, vous avez des questions sur la Chine.
05:54 Laurent Michelon est là pour y répondre, entrepreneur en Chine, auteur de "Comprendre la relation Chine-Occident,
05:59 la superpuissance réticente et l'hégémonie isolée", aux éditions Perspective Livre.
06:03 0826 300 300, à tout de suite sur Sud Radio.
06:06 Et avec Laurent Michelon, ce livre que je vous recommande, qui est passionnant,
06:11 si les relations entre la Chine et l'Occident vous intéressent,
06:14 "Comprendre la relation Chine-Occident, la superpuissance réticente et l'hégémonie isolée".
06:20 Et la superpuissance réticente, c'est la Chine, l'hégémonie isolée, les États-Unis.
06:25 Aux éditions Perspective Libre, alors, je l'ai dit, Laurent Michelon,
06:29 vous passez encore 20 ans en Chine, quand même, c'est beaucoup, Pékin, Shanghai, Taïwan aussi,
06:37 l'autre Chine, et finalement...
06:40 Alors moi je voudrais savoir, qu'est-ce qu'aujourd'hui, vous avez à dire à tous les gens qui vous parlent de la Chine,
06:46 pour le meilleur et pour le pire, parce qu'il y a de tout.
06:49 Il y a évidemment les gouffres et les bonnes choses,
06:51 mais comment vous parleriez aujourd'hui à nos auditeurs, justement, c'est ce qu'on est en train de faire,
06:57 et sans caricaturer ou schématiser, vous voudriez à la Chine, qu'est-ce que c'est la Chine aujourd'hui ?
07:04 - La chose que je dirais aux auditeurs, c'est...
07:09 d'ailleurs c'est vos auditeurs qui m'ont posé cette question en me disant,
07:14 "Mais pourquoi est-ce que tu vis depuis aussi longtemps dans un tel pays ?"
07:17 - Enfin, sous-entendu, un tel pays aussi horrible.
07:21 Et en fait c'était un petit peu une provocation,
07:24 parce que ça voulait dire qu'on sait très bien que ça ne peut pas être aussi négatif que ce qu'on lit dans les médias occidentaux.
07:28 Il y a forcément des bonnes choses, on sait qu'on ne nous en parle pas,
07:31 mais on ne sait pas où aller ou trouver l'information.
07:33 - Je rappelle que vous êtes entrepreneur et que vous travaillez pour des sociétés chinoises et européennes.
07:37 - Tout à fait. Et donc la première chose que je disais aux gens,
07:40 c'est d'abord venez vous rendre compte par vous-même,
07:42 vous verrez que c'est pas aussi...
07:44 - C'est pas blanc et noir. - C'est pas blanc et noir, exactement.
07:46 Et en fait, si on regarde un peu les occidentaux,
07:50 pas juste les français, mais les occidentaux qui vivent en Chine,
07:52 de leur propre choix,
07:54 ce ne sont pas des gens qui sont envoyés pour 3 ans sans avoir le choix de leur affectation,
07:58 mais tous les gens ont un...
08:00 les étrangers qui vivent en Chine
08:04 disent "mais c'est un Eldorado, il y a énormément d'opportunités pour les étrangers".
08:08 Et donc, je dirais, venez par vous-même,
08:12 venez voir un petit peu,
08:14 vous verrez que c'est pas une dictature comme on nous le dit,
08:16 c'est un régime totalitaire, personne ne dit que c'est une démocratie.
08:20 Mais il y a des...
08:22 - Alors qu'est-ce qu'il y a comme élément... - De démocratie ?
08:24 - Oui, non, qu'est-ce qu'il y a comme élément positif ?
08:26 Parlons un peu de positif,
08:28 après tout on n'en parle pas tellement.
08:30 - D'abord, c'est la deuxième puissance économique mondiale,
08:34 ce qui veut dire des opportunités économiques pour tout le monde,
08:36 et d'abord pour les étrangers qui vont s'y installer,
08:40 les visas ont recommencé à être donnés la semaine dernière,
08:42 - C'est à nouveau ouvert ?
08:44 - C'est à nouveau ouvert, tourisme, affaires, tout ça.
08:46 - Et de vaccins ?
08:48 - Rien, rien du tout.
08:50 - Ah oui, c'est fini ça ?
08:52 - C'est fini, mais même à l'époque,
08:54 c'était un PCR qui était demandé.
08:56 - D'accord.
08:58 - Là encore on se dit, un peu plus de liberté qu'aux Etats-Unis par exemple.
09:02 Donc d'abord, des opportunités économiques énormes
09:06 pour les gens qui vont s'y installer,
09:08 évidemment pour les pays d'origine,
09:10 et moi ce qui me chagrine un petit peu,
09:14 c'est de voir à quel point la France, et l'Union Européenne en général,
09:16 sacrifie sa bonne relation économique et politique avec la Chine,
09:20 qu'on a au moins depuis le général de Gaulle.
09:22 C'est notre premier partenaire économique,
09:26 pour l'Union Européenne, pour la France évidemment,
09:28 - C'est le premier partenaire économique aujourd'hui.
09:30 - Et ce qu'on voit que l'Union Européenne a fait en 2021,
09:34 on a gelé l'accord global sur les investissements qu'on avait signés avec la Chine.
09:38 Ce qui aurait énormément aidé l'Union Européenne d'un point de vue économique,
09:44 justement vous parliez de se détacher un petit peu du tal américain,
09:48 même commercialement ça aurait été intéressant de le voir,
09:50 - Ça a été gelé complètement ?
09:52 - Ça a été gelé complètement sur une seule question, sur la question des Ouïghours.
09:55 La question des Ouïghours, qui a été activée dans les médias occidentaux,
09:59 sans aucune preuve, c'est quelque chose qui a été lancé dans les médias.
10:02 - Il y a des choses sur les Ouïghours, on ne peut pas dire que ça se passe très bien pour eux.
10:05 - C'est autre chose. - Ce n'est pas pour les Ouïghours, c'est pour des Ouïghours.
10:08 - Pour des Ouïghours ? - Pour des Ouïghours.
10:10 - D'accord. - Donc il faut bien faire la différence.
10:12 Si vous voulez qu'on parle de la question Ouïghours pour l'avenir...
10:14 - Non, non, non, parlez, mais moi je voulais qu'on reste sûr,
10:17 vous nous présentiez les opportunités, vous dites, seulement pour les étrangers,
10:21 mais est-ce que pour les Chinois aussi, franchement, ça a changé ?
10:25 Parce que nous, quand on entend ça, je vous dis,
10:27 c'est le chinois absolument verrouillé, crédit social,
10:30 les bonnes notes, les mauvaises notes,
10:32 on a vu un spectacle, bon, c'était le Covid,
10:35 avec toutes ces espèces d'immenses camps,
10:38 je ne dirais pas de concentration, mais en fait, quelque part.
10:41 Donc pour les Chinois aujourd'hui, ça fait 20 ans que vous avez ce recul,
10:46 est-ce que les choses évoluent comment ?
10:48 - Alors c'est vrai que la politique Covid a créé un choc dans la population,
10:53 parce que c'était très contraignant, ça a duré longtemps,
10:56 ça s'est libéralisé du jour au lendemain,
10:58 justement parce que le gouvernement a vu qu'il commençait à y avoir
11:02 des protestations sociales de grande ampleur,
11:04 donc là il y a eu un pas en arrière, donc on peut se dire,
11:06 est-ce que ce n'est pas une expression de la démocratie finalement ?
11:08 On imagine, on voit très bien qu'en France, il y a beaucoup de protestations sociales,
11:11 et le gouvernement ne bouge pas dans l'Iota.
11:13 - Ce n'est pas le même contexte.
11:15 - Ce n'est pas le même contexte, mais on voit quand même
11:17 qu'il y a le gouvernement qui est capable de dire,
11:19 une politique publique qui va trop loin,
11:21 on fait un pas en arrière, en France, les pas en arrière du gouvernement,
11:24 on n'en a pas vu depuis très longtemps.
11:26 - Vous me parlez du crédit social, parlons-en.
11:30 Le crédit social c'est effectivement quelque chose qui existe,
11:34 on a vu beaucoup de vidéos en France avec le vert, le rouge,
11:38 les noms qui s'affichent à côté de la reconnaissance faciale,
11:40 et des choses comme ça.
11:42 Ça s'adresse aux gens qui commettent des infractions,
11:45 et qui ont été condamnés pour des infractions.
11:47 Ce n'est pas parce qu'on traverse la rue au rouge
11:49 qu'on se retrouve avec un crédit social négatif.
11:51 Les gens qui ont un crédit social négatif sont des gens
11:53 qui ont commis des escroqueries,
11:55 qui ne s'acquittent pas de leurs dus vis-à-vis de la justice,
11:58 qui sont condamnés, et ensuite,
12:00 parce qu'ils sont condamnés et qu'ils ne s'acquittent pas des amendes,
12:03 ou des choses comme ça, on se retrouve avec un crédit social négatif.
12:06 Un crédit social négatif d'ailleurs qui peut remonter.
12:08 - Oui, c'est pas un CIG pour l'éternité.
12:11 - CIG pour l'éternité.
12:12 Et puis, moi ce que je dis souvent sur le crédit social,
12:14 c'est qu'on a la même chose en Occident, d'une façon différente.
12:17 C'est notamment par les GAFAM,
12:19 les GAFAM qui censurent des propos,
12:21 les GAFAM qui collaborent dans un partenariat public-privé
12:24 avec les gouvernements, avec la police,
12:26 on a vu aux Etats-Unis, Twitter qui collaborait avec le FBI.
12:29 - Certes. La Chine a supprimé Internet pendant un moment.
12:32 Vous êtes bien d'accord.
12:33 - On va dire que c'est un grand intranet en Chine.
12:35 - Un grand intranet.
12:36 - C'est-à-dire qu'on n'a pas, les GAFAM occidentales
12:38 n'ont pas accès au marché chinois.
12:40 - Voilà. C'est quand même une censure.
12:42 - Oui, mais ce qu'on peut se dire, c'est que
12:45 le citoyen chinois sait que ses données personnelles
12:50 sont dans les mains du gouvernement,
12:52 pas dans les mains de sociétés privées.
12:54 - Est-ce que ça change quelque chose ?
12:56 - Exactement. Ça ne change pas grand-chose,
12:58 mais ce que je veux dire, c'est que nous, en Occident,
13:00 on n'a pas vraiment de leçons à donner là-dessus,
13:02 parce qu'on a la même chose, mais c'est privé.
13:04 Alors, est-ce qu'on fait confiance aux privés, en France ?
13:06 Est-ce qu'on pourrait faire confiance aux GAFAM ?
13:08 - Moi, je pourrais faire confiance au gouvernement.
13:10 - On l'a élu, on l'a élu.
13:13 - On pourrait se dire au moins...
13:15 - Juste un moment.
13:16 Alors, on va faire une petite pause,
13:18 parce que je voudrais que vous parliez, en fait,
13:20 mais c'est bien qu'on en parle,
13:22 de l'évolution économique.
13:24 Est-ce que les Chinois, par rapport à la période Mao,
13:26 par rapport à...
13:28 C'est intéressant de savoir, encore une fois,
13:30 en dehors de tout jugement moral ou autre,
13:33 ou droit de lobbyiste,
13:35 qu'est-ce qui se passe actuellement ?
13:36 Parce qu'on ne sait pas.
13:37 - Alors, actuellement, c'est une question intéressante,
13:39 parce que ce qu'on voit dans les chiffres de commerce,
13:42 le commerce extérieur avec les États-Unis, par exemple,
13:44 c'est qu'en 2022, le commerce entre la Chine
13:47 et les États-Unis a encore battu un record historique.
13:50 - Encore ?
13:51 - En même temps, ça fait 4 ans qu'on nous parle
13:53 de découplage économique entre les États-Unis et la Chine.
13:56 Mais dans les chiffres, on a encore battu un record.
13:59 - Intéressant.
14:00 - En Europe, en 2022, l'Union européenne,
14:02 tous pays confondus, a investi 92,2% fois plus
14:07 que en 2021.
14:09 - D'accord.
14:10 - Tout en nous disant que la Chine est en train de s'écrouler,
14:13 que la politique Covid était suicidaire.
14:16 - Donc, on se demande un peu quel est ce jeu pervers
14:18 que jouent les médias.
14:19 - On insulte d'un côté, on investit de l'autre.
14:21 - Et on investit de l'autre.
14:22 - On va continuer à en parler juste après une petite pause.
14:25 A tout de suite.
14:26 - Beaucoup de questions sur la Chine,
14:27 et vous pouvez y répondre au 0826-300-300.
14:29 Vous continuez de nous appeler.
14:30 On attend vos appels.
14:31 A tout de suite sur Sud Radio.
14:32 - Les carottes, faut cuite.
14:35 - Sud Radio, Bercov, dans tous ses États.
14:38 - Et je ne dirai rien de la Chine.
14:40 Ne faisons pas de comparaison obscène.
14:42 Laurent Michelon comprend dans la relation Chine-Occident
14:45 aux éditions Perspective Livre,
14:47 un livre vraiment capital pour comprendre
14:50 ce qui se passe et pour décrire la situation, encore une fois.
14:53 Laurent Michelon vit depuis 20 ans en Chine.
14:56 Donc, Laurent Michelon, je voudrais savoir,
14:59 un peu par rapport...
15:00 Oui, bon, vous dites ça c'est très joli,
15:01 tout ça, vous me parlez de...
15:03 C'est quand même un pays de parties uniques.
15:06 Alors, ce parti unique, en fond,
15:08 il est là depuis toujours, je l'ai...
15:10 - Depuis 49.
15:11 - Voilà, depuis 49, oui, c'est pas mal.
15:13 Et justement, je voudrais qu'on parle du parti unique
15:16 et des élites.
15:17 En fait, qui dirige la Chine ?
15:19 Qui sont ces élites qui dirigent la Chine ?
15:22 - Alors, oui, effectivement,
15:24 parti unique, donc le Parti communiste chinois,
15:26 au pouvoir depuis 1949.
15:27 - Mais qui fait aujourd'hui des affaires.
15:29 Enfin, qui laisse les gens faire des affaires autant que...
15:31 - Tout à fait, tout à fait.
15:32 Voilà, le mot "communiste",
15:33 c'est ce sur quoi les médias occidentaux
15:35 s'accrochent en permanence.
15:36 Mais le Parti communiste a depuis longtemps
15:39 expliqué que sa gouvernance,
15:41 c'était une gouvernance qui était
15:43 une économie socialiste à caractéristiques chinoises.
15:45 - Une économie de marché.
15:46 - Exactement, bien sûr, une économie de marché
15:48 à caractéristiques chinoises.
15:49 Donc, il n'y a pas de dogmatisme
15:51 sur le marxisme ou des choses comme ça.
15:53 C'est un pays qui fait des affaires avec tout le monde,
15:56 tout le monde le sait.
15:57 Mais le politique supplante toujours l'économique.
16:01 - C'est-à-dire que sur le politique, il y a la main.
16:03 - Exactement.
16:04 Et quand il y a une dérive,
16:05 parce que ce n'est pas une démocratie libérale,
16:07 c'est pas parce que c'est capitaliste
16:09 que c'est l'ultralibéralisme comme on a chez nous.
16:12 Donc, dès qu'il y a des dérives...
16:14 - Qu'un lobby ou qu'un pouvoir devient très important,
16:18 on le casse.
16:19 - Ou qu'un entrepreneur, Alibaba par exemple,
16:21 on lui explique que ça serait bien qu'il passe la main.
16:25 - Donc, c'est le Parti qui commande,
16:27 c'est la politique qui commande.
16:29 - Tout à fait.
16:30 C'est ce que j'explique dans mon ouvrage.
16:31 Je dis qu'il n'y a pas eu d'épopée bourgeoise en Chine.
16:34 Parce que dès qu'il y a une caste
16:36 qui pourrait se constituer en bourgeoisie
16:38 et donc ensuite essaye de pénétrer le domaine politique,
16:41 là, le Parti intervient et c'est stop et net.
16:44 Donc oui aux affaires, mais non au lobbyisme.
16:48 - Alors, c'est le Parti qui forme les élites ?
16:51 - Exactement.
16:52 Il y a une école du Parti,
16:54 et puis ensuite il y a un processus de filtrage permanent
16:56 au sein du Parti.
16:58 Ce qui fait que chaque membre du Parti
17:01 au moins a fait preuve,
17:02 quand il arrive à une certaine position de pouvoir,
17:06 il a fait preuve de 1) sa capacité technique à gérer ses dossiers
17:09 et 2) sa loyauté, son patriotisme si on veut dire.
17:12 Parce que ça c'est quelque chose qui est contrôlé en permanence.
17:14 Sa connaissance également de la philosophie politique,
17:17 parce que chaque cadre du Parti doit régulièrement disserter
17:21 sur la pensée de Xi Jinping,
17:24 sur les derniers discours, des choses comme ça.
17:26 Donc ils sont impliqués dans le processus
17:28 pour être sûrs qu'ils ont bien compris.
17:30 Mais ce qui est important c'est de se dire que
17:32 le fait que le Parti communiste soit un parti unique,
17:35 c'est un parti qui est condamné au succès.
17:37 Parce que contrairement au monde occidental,
17:40 avec le pluralisme politique,
17:42 on ne peut pas blâmer son prédécesseur en disant
17:44 "on a hérité d'un pays avec des incapables"
17:49 ou alors "l'opposition m'empêche de faire ce que je veux".
17:51 Là il n'y a pas d'excuses.
17:53 Donc le gouvernement, et ce qui explique la modernisation
17:56 à grande vitesse de la Chine depuis les années 80,
17:58 on voit que cette vitesse, cette modernisation
18:02 qui n'est pas une occidentalisation.
18:04 Xi Jinping a déclaré récemment, il dit
18:07 "la modernisation de la Chine, ne croyez pas
18:09 que c'est une occidentalisation".
18:11 C'est ce que pensaient notamment les Américains
18:14 quand on a forcé quasiment la Chine à entrer dans l'OMC,
18:16 en se disant "l'OMC va la changer".
18:18 - L'Organisation mondiale du commerce.
18:20 En fait ce sont eux qui ont changé l'OMC.
18:22 - Ils en ont tiré profit, comme les Allemands.
18:25 Et donc du coup, aussi bien les Allemands que les Chinois
18:27 se retrouvent à prendre des coups de bambou des Etats-Unis.
18:31 - Mais alors justement, je reviens à la question,
18:34 donc les élites, elles sont formées dans et par le parti ?
18:37 - Tout à fait.
18:38 - Entièrement.
18:39 - Alors ça n'empêche pas qu'elles aillent aussi se former à l'étranger.
18:41 Puisqu'il y en a énormément qui sont allées étudier aux Etats-Unis,
18:43 en Europe, etc.
18:44 - Harvard, The Business School et compagnie.
18:45 - Exactement.
18:46 Mais ça n'empêche pas, une fois revenue, de rentrer au parti
18:48 et puis ensuite de...
18:49 Et c'est pour ça que c'est intéressant, parce que
18:51 le personnel politique en Chine,
18:54 ce sont aussi des techniciens,
18:56 c'est des gens qui ont des formations d'ingénieurs,
18:57 c'est des gens qui ont des formations d'économistes,
18:59 donc ils savent de quoi ils parlent.
19:01 - Oui, vous voulez dire qu'on nomme des gens qui ont quand même
19:03 une certaine connaissance de ce qu'ils ont à faire.
19:06 - Et qui sont systématiquement mis à jour.
19:09 - Ah oui.
19:10 - Ce ne sont pas des gens qui se reposent sur un doctorat des années 80
19:14 et qui sont encore au pouvoir maintenant,
19:15 ce sont des gens qui ont suivi des formations,
19:16 qui continuent à travailler très...
19:18 Et on voit le développement économique de la Chine en ce moment,
19:20 ce n'est pas du développement privé,
19:22 ce ne sont pas non plus les entreprises d'État,
19:23 ce sont des partenariats publics privés.
19:25 C'est ça qui fait avancer la Chine en ce moment.
19:26 - Ah oui ?
19:27 - Oui, mais le privé en fait, il a donc sa place,
19:30 toute sa place, mais il doit obéir aux politiques.
19:32 C'est bien ça.
19:33 - Pas obéir si vous voulez, mais il y a des cadres qui sont fixés
19:37 et dans lesquels ils ne peuvent pas dépasser.
19:39 - Ils doivent être dans un certain cadre.
19:40 - Tout à fait.
19:41 Notamment, on va dire par exemple en ce moment,
19:42 sur la présence physique des serveurs pour les données,
19:46 ça ne peut plus être à l'étranger.
19:48 Il y a beaucoup de boîtes qui plaçaient leurs serveurs aux États-Unis
19:50 ou à Singapour ou quoi.
19:51 Et comme c'est des données qui concernent la population chinoise,
19:54 qui pouvaient être sensibles,
19:55 le gouvernement chinois a fait changer la loi en disant
19:58 qu'il faut que les serveurs soient hébergés en Chine.
20:00 Et pareil pour les sociétés étrangères.
20:01 - Alors, vous dites, en fait, comment on le voit ?
20:05 Puisque le chinois de base, il y en a qui est chinois de base,
20:09 donc vous dites, il y a une classe moyenne en Chine ?
20:12 - Bah oui, 400 millions de personnes.
20:13 - 400 millions de personnes.
20:14 - De classe moyenne.
20:15 - Oui, ce qui est énorme.
20:16 Est-ce qu'ils ont vu, on peut dire aujourd'hui,
20:18 je ne parle pas de l'épisode Covid, évidemment, qui a été très dur,
20:21 mais est-ce que leur ressource est améliorée depuis 20, 30 ans, etc. ?
20:25 - Ils ont suivi exactement la tendance inverse
20:27 que notre classe moyenne a connue en Occident.
20:29 C'est-à-dire que nous, c'est de la paupérisation,
20:31 jusqu'au niveau des Gilets jaunes,
20:32 parce que les Gilets jaunes, c'est beaucoup de gens
20:33 qui étaient dans la classe moyenne et qui se sont paupérisés.
20:35 - Bien sûr.
20:36 - En Chine, c'est le contraire.
20:37 C'est 40 ans de progression économique,
20:39 d'amélioration des conditions de vie.
20:41 Et donc, forcément, les gens ne sont pas tous béats
20:45 à féliciter le Parti communiste sur tous les dossiers.
20:48 Mais ils ont bien conscience que, d'abord,
20:50 1) Mao les a sortis du féodalisme.
20:52 Donc, même en France, où on fait de l'anti-maoïsme arabique,
20:58 en Chine, Mao est encore révéré,
21:00 parce que les gens savent que malgré certaines dérives,
21:03 malgré des grosses erreurs...
21:04 - Il y a eu des millions de morts, quand même.
21:06 - Et des erreurs, bien sûr, des énormes erreurs.
21:07 Mais, globalement, la Chine a été tirée, extirpée du féodalisme,
21:13 où les puissances occidentales l'avaient mis.
21:15 Nous ne l'oublions pas.
21:16 Et ensuite, depuis 1978, Deng Xiaoping,
21:20 début de la croissance économique,
21:22 qui n'a pas cessé jusqu'à maintenant.
21:24 Donc, la pauvreté extrême a été éradiquée en Chine en 2021.
21:28 - Elle l'est vraiment ?
21:29 - Elle l'est complètement.
21:30 - Il n'y a plus de misère totale ?
21:31 - Il n'y a pas de gens qui ne mangent pas
21:33 et qui ne sont pas hébergés en Chine.
21:34 - Pas du tout ?
21:35 - Pas du tout.
21:36 - Vous êtes sûr ?
21:37 - C'est pas de la propagande.
21:38 - C'est pas de la propagande, même pas dans les campagnes.
21:39 Donc, c'est la pauvreté externe, extrême.
21:41 Il y a des pauvres, bien sûr.
21:43 Mais il n'y a pas de misère comme on peut voir dans des pays comme l'Inde.
21:46 Avant, il y avait des zones rurales qui pouvaient être comparées à l'Inde.
21:51 Ça n'est plus le cas.
21:52 - D'accord.
21:53 - C'est une énorme amélioration.
21:56 - Et donc, si vous voulez, c'est très intéressant
21:59 parce qu'au fond, aujourd'hui, la Chine,
22:03 ce n'est pas une espèce d'immense camp de chape de plomb,
22:07 de goulag énorme à la continentale.
22:11 - Mais c'est justement rien que l'utilisation du vocabulaire
22:14 que vous citez, qui est utilisé dans les médias,
22:16 ça montre bien qu'il y a une tentative de manipulation.
22:18 Parce que parler de camp, de goulag,
22:20 ça nous renvoie à des époques révolues.
22:23 On va en Chine.
22:25 On est plus, dans des villes comme Shenzhen,
22:27 on est plus dans le futur que dans le présent.
22:30 - Oui.
22:31 - Il faut aller voir sur place,
22:33 mais parler de goulag et de camp, c'est outrancier.
22:37 Et c'est outrancier à dessein.
22:39 - Bien sûr.
22:40 - Et ça continue de façon permanente,
22:43 à essayer technologiquement et à tout point de vue d'avancer ?
22:46 - Ça continue.
22:47 Le 20ème congrès du parti a fixé un objectif
22:49 de 5% de croissance du PNB pour 2023,
22:52 en mode marche ou crève,
22:54 parce qu'il y a une énorme sélection,
22:56 toutes les sociétés qui ne peuvent pas suivre passent en faillite.
22:59 Mais ceux qui restent, c'est des bêtes de compétition,
23:02 et on leur a dit 5% de progression du PNB
23:05 pour tous les acteurs économiques du pays,
23:07 y compris pour la Chine au niveau international.
23:09 Et on l'a vu, dès que la politique du Covid-0 a été annulée,
23:13 l'économie est repartie,
23:15 avec quelques problèmes,
23:17 puisque la pollution qui avait disparu,
23:19 qui était en baisse, elle revient petit à petit.
23:21 Alors elle ne reviendra pas, je pense,
23:23 à des niveaux où elle était il y a 5 ou 6 ans,
23:25 parce qu'il y a eu des grosses améliorations technologiques
23:27 qui ont été faites.
23:28 - Oui, parce que c'était assez terrible.
23:30 - Oui, dans les années 2013-2014-2015,
23:33 c'était incroyable.
23:35 - Très intéressant.
23:37 Lucia, est-ce que nous avons des auditeurs ?
23:40 - Nous avons beaucoup d'auditeurs,
23:41 mais vous pouvez continuer de nous appeler au 0826 300 300
23:44 pour participer à l'émission.
23:46 Et on accueille tout de suite Martine,
23:47 des Pyrénées-Atlantiques.
23:49 Bonjour Martine.
23:50 - Bonjour Martine.
23:51 - Bonjour, merci beaucoup de m'accueillir sur vos ondes,
23:53 c'est très très gentil.
23:54 Je voulais simplement vous faire part de mon étonnement,
23:57 parce que j'ai une personne de ma famille très proche
24:00 qui travaille en Arabie Saoudite,
24:02 et il y a eu la semaine dernière à peu près,
24:04 un accord extrêmement important,
24:07 enfin considéré comme tel dans ces pays,
24:09 entre l'Iran et l'Arabie Saoudite,
24:11 qui sont des pays quand même pas tout à fait conciliants,
24:14 et bien c'était avec le parrainage de la Chine et des Russes.
24:17 Donc c'est un accord extrêmement important,
24:19 parce que ça tourne complètement le dos aux Etats-Unis.
24:22 Et donc ils se sont mis d'accord,
24:24 et ils ont signé un accord,
24:26 pas pour tout, évidemment, c'est pas idyllique,
24:28 mais ça tourne le dos complètement à la politique américaine.
24:32 Voilà, je suis très étonnée parce que personne n'en parle.
24:35 - Bon, écoutez, nous en tout cas je peux vous dire qu'on en a parlé,
24:38 et justement je voudrais avoir...
24:40 Non mais c'est bien Martin que vous posiez ce problème,
24:42 parce qu'il y a eu Xi Jinping chez Poutine à Moscou,
24:48 donc les Chinois et les Russes,
24:50 et puis il y a cet accord effectivement,
24:52 d'ailleurs le président iranien va venir chez Mohamed Ben Salman
24:55 en Arabie Saoudite.
24:56 - Exactement, et il était à Pékin en février.
24:59 - L'Iranien ? - Oui.
25:00 - Oui, exact. Alors ça signifie quoi ça ?
25:02 - Alors c'est une... Merci de faire cette remarque,
25:05 parce que j'avais peur de ne pas pouvoir en parler,
25:08 mais en fait ça montre que la Chine est en train de prendre un...
25:12 C'est plus seulement une puissance économique,
25:14 mais c'est une puissance diplomatique.
25:15 Elle est en train de prendre un rôle de médiateur
25:17 sur des questions dans lesquelles les États-Unis et l'Angleterre
25:21 étaient en fait des rôles de perturbateurs.
25:23 Et on voit effectivement qu'entre l'Iran et l'Arabie Saoudite,
25:25 qui sont on va dire les deux ennemis régionaux,
25:27 dans un endroit qu'on appelle le Moyen-Orient,
25:29 mais qu'il faudra bientôt appeler l'Asie de l'Ouest,
25:32 puisque le centre est en train de changer.
25:34 - L'Eurasie. - Voilà.
25:36 La Chine est en train de devenir un médiateur
25:39 sur des questions aussi fondamentales que ça.
25:41 Et c'est pas fini.
25:43 La semaine prochaine, si Xi Jinping est rentré,
25:45 il reçoit Lula à Pékin.
25:48 - Brésil. - Brésil, donc les Brics.
25:50 Et l'Iran qui demande à rentrer à l'organisation de coopération de Shanghai.
25:56 Donc on voit que la Chine est en train de devenir un acteur majeur des relations internationales.
26:00 C'est plus juste l'usine du monde.
26:03 - Ce qui n'était absolument pas le cas il y a encore quelques années.
26:05 - Oui, exactement.
26:06 Et c'est justement ce que j'explique par superpuissance réticente,
26:09 c'est que pendant de nombreuses années, la Chine n'a pas voulu rentrer.
26:12 Mais maintenant on se rend compte que les États-Unis
26:14 sont tellement un acteur irrationnel et perturbateur des relations internationales...
26:18 - Enfin pour le moment, il ne faut pas jeter les États-Unis avec l'eau du bain.
26:21 - Non, non, mais la Chine et la Russie ne le jettent pas avec l'eau du bain.
26:24 Mais ce que globalement la Chine et la Russie disent,
26:28 c'est que maintenant c'est un monde multipolaire.
26:31 Les États-Unis sont un pôle régional, mais il y a d'autres pôles régionaux maintenant.
26:36 - On en parle tout de suite après cette petite pause et avec nos auditeurs.
26:41 - Oui, restez bien avec nous et continuez de nous appeler au 0826-300-300 après la pub.
26:46 On accueillera Pierre de Brest. A tout de suite sur Sud Radio.
26:50 - Ici Sud Radio.
26:52 Les Français parlent au français.
26:57 Je n'aime pas la blanquette de veau.
27:00 Je n'aime pas la blanquette de veau.
27:03 - Sud Radio Bercoff dans tous ses États.
27:06 - Vous êtes bien dans le face-à-face d'André Bercoff avec Laurent Michelot,
27:09 entrepreneur en Chine et auteur de "Comprendre la relation Chine-Occident,
27:13 la superpuissance réticente et l'hégémonie isolée" aux éditions Perspective Libre.
27:18 Vous avez la parole au 0826-300-300 et on accueille tout de suite Pierre de Brest.
27:23 Bonjour Pierre.
27:24 - Bonjour Pierre.
27:25 - Oui, bonjour.
27:26 - Bonjour.
27:27 - Vous m'entendez ?
27:28 - Oui.
27:29 - On vous entend.
27:30 - Tout d'abord, merci.
27:31 Merci beaucoup M. Bercoff.
27:32 Merci à toute l'équipe de Sud Radio.
27:34 Vous faites un travail fantastique.
27:35 Merci aussi à votre invité aujourd'hui, M. Michelot,
27:39 dont l'exposé est vraiment remarquable.
27:42 Je voudrais vous poser une question, M. Michelot.
27:45 Est-ce que vous pouvez préciser ?
27:48 Tout à l'heure, vous avez parlé des oigours en disant qu'il y avait des persécutions,
27:53 si ce mot est exact, contre des oigours, mais pas contre les oigours.
27:59 Donc voilà, c'est clair.
28:01 - C'est une bonne question, Pierre.
28:03 - Est-ce que vous pouvez préciser, s'il vous plaît ? Je vous remercie beaucoup.
28:06 Encore une fois, merci M. Bercoff.
28:08 Merci à tout le monde.
28:09 - Merci à vous.
28:10 Merci à vous, Pierre.
28:11 Oui, justement, parce qu'il y a eu quand même des choses assez terribles qui se sont passées.
28:14 Vous dites, moi aussi ça m'a frappé, et c'est bien que Pierre ait posé la question,
28:18 vous dites "des oigours", pas "les oigours".
28:20 Alors, précisez.
28:22 - Des oigours, c'est des oigours qui étaient radicalisés à l'islam radical.
28:28 Donc, en fait, les oigours, c'est 12 millions de personnes.
28:31 Le Xinjiang, c'est une province qui est grande comme trois fois la France.
28:35 Il y a le nord et le sud.
28:37 Le sud est contigué à l'Afghanistan.
28:39 C'est cette région-là qui a été, par la porosité des frontières,
28:44 parce que c'est très montagneux, et puis c'est une zone où il n'y avait pas grand monde
28:49 jusqu'à, on va dire, dans les années 2010.
28:51 Il y a eu une radicalisation de certains oigours.
28:54 Certains sont partis s'entraîner en Afghanistan, d'autres sont partis en Syrie.
28:58 Et ces gens-là, donc, sont revenus.
29:01 Et c'est en fait, les oigours, c'est depuis 1988
29:05 qu'il y a un front de libération du, ce qu'ils appellent, le Turquestan oriental.
29:10 Donc, il faut se poser la question, le Xinjiang, les oigours,
29:13 font partie de la Chine depuis au moins 1300 ans.
29:17 Il n'y a jamais eu de mouvement de séparatisme.
29:20 Et là, en 1988, soit six mois avant la sortie de la Russie soviétique,
29:26 pardon, l'entrée de la Russie soviétique,
29:28 non, la sortie de la Russie soviétique d'Afghanistan,
29:32 il y a ce mouvement qui se crée. Pourquoi pas avant ?
29:36 Alors, la réponse a été donnée par Brzezinski lui-même dans ses mémoires,
29:39 où il avait dit, en 1978, six mois avant que l'Union soviétique rentre en Afghanistan,
29:44 la CIA était déjà en train d'entraîner les Mujaheddin.
29:47 Et le jour où l'Union soviétique est rentrée en Afghanistan,
29:51 Brzezinski lui-même a dit à Carter,
29:53 "ça y est, j'ai donné leur Vietnam aux Soviétiques".
29:57 - Aux Soviétiques, absolument.
29:58 - Et vous dites que l'histoire des Ouïghours est liée à ça, enfin de certains Ouïghours.
30:02 - C'est lié à ça, de certains Ouïghours.
30:03 Donc ceux qui sont proches du sud du Xinjiang
30:06 est effectivement une zone qui a été radicalisée par son contact avec l'Afghanistan.
30:10 Le nord, pas du tout.
30:11 Toutes les élites politiques du Xinjiang sont des Ouïghours.
30:16 Il y a eu un énorme mouvement de population par des Khans au Xinjiang,
30:24 c'est ce qui a été fait pour le développement économique.
30:26 - Ils ont envoyé beaucoup de Han, de l'ethnie Han.
30:29 - Bien sûr, parce que ce que le gouvernement a compris,
30:31 c'est qu'une zone qui était si éloignée des zones côtières
30:35 où se passe le développement économique,
30:37 une zone de pauvreté à l'époque où en plus l'Asie centrale n'était pas encore un hub économique,
30:42 la pauvreté allait forcément favoriser le radicalisme.
30:46 Donc ils ont dit, il va falloir développer économiquement,
30:49 donc le train à grande vitesse, le centre spatial, l'agriculture.
30:53 - Ils n'ont pas fait un transfert de population ?
30:54 - Non, pas du tout. On retrouve toujours des Ouïghours partout en Chine, jusqu'à Canton.
30:58 Il y a eu du terrorisme Ouïghour, dont certains médias occidentaux ont parlé d'ailleurs.
31:04 À Chengdu, à Guangzhou, à Pékin, il y a eu des attaques à la bombe avec.
31:07 Et puis en Chine, quand il y a une bombe, il y a plus de morts qu'en Occident.
31:10 Donc ça a été très très grave.
31:12 Ça a été repris en main par ce que les médias occidentaux appellent des "camps de rééducation"
31:18 ou de "concentration" selon les journaux,
31:20 qui sont en fait des écoles où on apprend aux gens un métier,
31:23 la langue chinoise, parce que ce sont des citoyens chinois mais qui ne parlaient pas le chinois.
31:26 - Mais pardon, juste en Michelin, on ne va pas rester là-dessus,
31:30 mais quand même, il y a eu quand même, on a forcé,
31:33 alors les femmes dévoilées, le jambon obligatoire à manger, etc. pour les populations musulmanes.
31:38 Est-ce qu'il n'y a pas eu une forcée ?
31:40 - Il n'y a pas d'obligation à manger du jambon, non.
31:42 - Est-ce que ça a été dit ?
31:43 - Oui, mais je sais, mais il y a des âneries énormes qui ont été dites.
31:46 On a parlé de stérilisation forcée des femmes, on a parlé de tout.
31:49 - Et vous dites que c'est faux ?
31:50 - C'est complètement faux.
31:51 Et puis, je ne suis pas le seul à le dire, il y a d'autres Français qui sont allés,
31:56 qui ont passé beaucoup plus de temps au Xinjiang.
31:58 Monsieur Maxime Vivas, par exemple, qui a sorti un livre sur le Xinjiang,
32:01 il a passé deux ans là-bas, je crois, et il a dit "mais non, pas du tout".
32:04 Alors, il y a des écoles, on apprend un métier, on apprend le chinois,
32:07 on apprend effectivement, il y a une, on va dire une mainmise, mais une surveillance des mosquées.
32:12 Une surveillance des mosquées sur le contenu des prêches.
32:15 Donc, il y a des caméras dans les mosquées, parce qu'on veut être assuré que ce n'est pas un islam radical.
32:19 - Voilà, donc ça oui, mais la question c'est, est-ce qu'on n'aurait pas dû faire ça plus tôt chez nous aussi ?
32:24 Voilà, bon, la question est posée.
32:26 Mais, ce que je veux dire, c'est que tout le vocabulaire outrancier qui est utilisé,
32:30 il est fait pour nous rappeler, nous envoyer aux années 30.
32:33 - À l'époque, oui.
32:34 - Voilà.
32:35 - Ou goulag, ou etc.
32:36 - Voilà, voilà.
32:37 - Merci, merci Pierre.
32:38 - Merci beaucoup Pierre.
32:40 Et on accueille César de Bayonne.
32:43 Bonjour César.
32:44 - Oui, bonjour César.
32:45 - Bonjour à toute l'équipe de Sud Radio.
32:47 - Bonjour.
32:48 - Alors, j'ai une superbe observation que j'ai faite depuis un mois et demi, qui m'enthousiasme beaucoup,
32:54 c'est Albert Einstein.
32:56 Parce que figurez-vous qu'il n'a pas écrit, exactement par rapport au sujet actuel,
33:01 actuellement, donc bonjour à monsieur Michelon,
33:04 il y a beaucoup de gens, vous savez, qui n'aiment pas du tout que beaucoup de pays s'arment,
33:08 beaucoup de pays sont en train de s'armer aujourd'hui,
33:10 et ça fait peur à beaucoup de gens.
33:12 Et Albert Einstein, là-dessus, lui qui a connu la guerre, lui qui avait été assez terrorisé par la guerre, tout ça,
33:18 lui, son grand objectif, sa résolution, parce qu'il a écrit un livre en 1949 qui s'appelle "Comment je vois le monde".
33:27 Et dans ce livre, en fait, sa vision, c'était que, plutôt qu'un pays s'arme contre un autre,
33:34 parce que les armes sont de plus en plus puissantes aujourd'hui,
33:37 jusqu'à ce que ça dégénère, bien sûr,
33:39 lui, son idée, c'était de mettre en place un gouvernement planétaire,
33:42 donc c'était un grand universalisme.
33:44 - Ah, le gouvernement mondial, oui.
33:46 - Oui, mais attention, André Berkhoff, c'est pas le nouvel ordre mondial,
33:49 le Joe Biden, William Bush...
33:51 - Oui, j'ai bien compris, c'est pas Monsieur Schwab, c'est Monsieur Einstein, c'est pas les mêmes.
33:54 - Voilà, exactement, et alors, ce que je trouve intéressant, c'est cette diversité de l'universalisme,
34:00 et ce que je voudrais juste dire ici, c'est que, quand on connaît Albert Einstein,
34:04 et quand on connaît Charles de Gaulle, qui lui, pour le coup, était un grand souverainisme,
34:08 qui s'ouvrait au monde, qui s'est ouvert à la Chine, qui s'est ouvert à la Russie,
34:11 et il disait d'ailleurs, il faut une troisième voie,
34:13 ni le communisme de la Russie à l'époque, c'était Charles de Gaulle qui disait ça,
34:17 ni l'hypercapitalisme américain,
34:19 et c'est pour ça qu'il était sorti de l'OTAN, c'est pour proposer une troisième voie.
34:23 - D'accord, et c'est ça, vous avez une...
34:25 - Non, c'était juste pour dire qu'aujourd'hui, beaucoup de gens ont peur de désarmement,
34:31 et l'universalisme entre les États-Unis, ou entre l'Occident et les Orientaux,
34:36 même qui inclut l'Inde, ça rassurait beaucoup de gens,
34:39 et c'est ce que je voulais dire à M. Michelot, et ce qu'il en pense, voilà.
34:43 - Alors oui, je vais rebondir sur le terme d'universalisme,
34:48 justement, c'est ça qui est intéressant avec la Chine,
34:50 c'est qu'elle n'a aucune prétention que son modèle soit universel.
34:55 C'est-à-dire, ce qu'elle explique à tous les pays du Sud global,
34:58 tous les pays qui sont encore en développement,
34:59 elle leur dit "la Chine n'est pas un modèle à suivre, le modèle chinois marche pour la Chine".
35:05 Il y a des éléments dans lesquels vous pouvez vous inspirer, mais la troisième voie...
35:10 - Ils n'ont pas l'ambition de dire "c'est notre système qui est le meilleur".
35:13 - Exactement. Autant les États-Unis le disaient clairement,
35:16 ils disaient, il y avait une expression, un acronyme qui s'appelait TINA...
35:18 - L'Occident aussi, l'Europe aussi, nous importons les lumières.
35:21 - Exactement. - C'était pas faux complètement,
35:23 faut pas non plus jeter les lumières avec l'eau du bain.
35:26 - Voilà, mais on nous disait qu'il n'y avait pas d'alternative à ça.
35:28 - Oui, oui. - Voilà.
35:30 - There is no alternative. - There is no alternative,
35:32 Fukuyama et compagnie. - Et compagnie.
35:34 - Voilà. La Chine n'a pas cette ambition, elle explique bien aux pays du Sud avec qui elle collabore
35:38 qu'elle peut apporter des éléments de solution pour qu'ils trouvent leur modèle,
35:41 mais chacun trouve sa propre voie.
35:43 Donc c'est ça qui est intéressant, c'est la différence d'ambition de la Chine.
35:47 On voit qu'il n'y a pas d'ambition d'hégémonie,
35:49 il n'y a pas d'ambition à revanchard comme on peut lire dans certains journaux.
35:52 C'est vraiment, la Chine depuis toujours a voulu être prospère
35:57 et en paix avec ses voisins, immédiat. Le reste...
36:01 - Et en même temps, pour qui veut la paix, prépare la guerre.
36:05 - Exactement. - On ne le loupe pas à la Chine, comme les autres.
36:08 En tout cas, vous retournez bientôt en Chine. Vous y êtes bien, vous ?
36:12 - Oui, oui, je suis très bien. - Laurent Michelon, vous y êtes très bien.
36:14 - Je suis très bien et j'invite tout le monde à laisser les journaux de côté un petit peu
36:19 et à prendre un billet d'avion si c'est possible.
36:21 C'était moins cher quand on pouvait prendre le train.
36:23 - C'est vrai, oui, c'est un peu loin. - Mais maintenant on ne fait plus.
36:26 - Merci Laurent Michelon. - Merci.
36:28 - Merci beaucoup chers auditeurs d'être toujours aussi nombreux à nous écouter.
36:32 Merci à Laurent Michelon, entrepreneur en Chine et auteur de
36:35 "Comprendre la relation Chine-Occident, la superpuissance réticente
36:39 et l'hégémonie isolée" aux éditions Perspectives Libres.
36:42 Tout de suite, l'émission de Brigitte Lay. A tout de suite sur Sud Radio.

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