Eric Coquerel, député LFI et président de la commission des finances à l'Assemblée nationale était l'invité du 8h30 de franceinfo dimanche 19 mars.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 *Musique*
00:06 - Bonjour Eric Coquerel. - Bonjour.
00:08 - Depuis trois jours, on assiste aux mêmes scènes depuis le recours par le gouvernement à l'article 49.3
00:13 des manifestations dans les rues de certaines villes avec plus de débordements que ce qu'on a pu voir,
00:18 parfois tard dans la soirée.
00:20 Olivier Dussopt, ce matin, dans le journal du dimanche,
00:22 dit qu'il ne faut pas s'étonner. Voilà ce qu'il dit.
00:24 "Quand il y a de la violence dans les maux et au Parlement, il n'est pas surprenant qu'il y en ait aussi dans la rue."
00:29 - Oui. Il ne faut pas s'étonner quand on violente un Parlement en faisant en sorte de faire passer une loi
00:37 pour laquelle on est minoritaire dans le dit Parlement avec le 49.3.
00:42 Il ne faut pas s'étonner qu'à un moment donné, la colère explose.
00:45 C'est-à-dire qu'au moins il y ait des rassemblements de gens qui disent "C'est pas possible, c'est pas supportable".
00:49 Donc le problème, le premier responsable de tout ça, c'est d'abord le gouvernement qui décide,
00:54 déjà une loi contre la grande majorité des Français qui condamne les gens à travailler deux ans de plus,
01:00 et qui en plus de ça, utilise des procédés totalement antidémocratiques.
01:04 Est-ce que vous connaissez un seul Parlement au monde où le budget,
01:08 puis maintenant une loi de l'importance des retraites est passée sans aucun vote
01:11 parce que vous savez que vous êtes minoritaire ?
01:13 Dans quel monde vivons-nous ? C'est inacceptable.
01:15 Je crois qu'il faudra peut-être sortir un petit peu de notre pays pour voir la normalité
01:20 que constitue déjà la Ve République, mais alors une Ve République en plus
01:24 dans le mode Macron, ça devient insupportable.
01:27 Et c'est ça la première violence, donc il ne faut pas s'étonner que les gens réagissent en regardant ça tranquillement.
01:31 Mais est-ce que dans ce contexte, Hérico Creil, vous assumez d'avoir fait entrer au Parlement
01:35 une forme de rudesse dans la teneur des débats ?
01:38 Mais la rudesse, moi j'hallucine quand j'entends ça.
01:40 L'autre jour j'entendais le fait que quand on a chanté la marseillaise,
01:43 ça serait un affront au Parlement, alors qu'au contraire, on utilise notre chant pour rappeler
01:48 que nous sommes une République et qu'il est inadmissible qu'on vienne dans un Parlement
01:52 expliquer qu'on va le priver de voter parce qu'on se sait minoritaire.
01:55 C'est ça la première rudesse.
01:56 Enfin, rendons-nous compte dans quelle situation nous sommes.
01:59 Donc pour moi ce gouvernement, non seulement il est rude,
02:03 mais quelque part il est un affront permanent aujourd'hui vis-à-vis de la démocratie,
02:07 vis-à-vis de l'Assemblée Nationale, vis-à-vis de la vie parlementaire normale d'un pays.
02:11 Et ça c'est plus supportable.
02:12 Donc après que les gens réagissent, alors je n'approuve pas les violences physiques,
02:17 mais très sincèrement, il suffit de regarder ce qui s'est passé avec les Gilets jaunes.
02:20 On est dans un degré de violence, y compris matérielle,
02:24 vraiment bien moins que par rapport à ça.
02:26 Et donc la situation, c'est d'abord le gouvernement qu'on est responsable.
02:29 C'est pour ça que, à mon avis, s'il veut sortir de cette situation,
02:32 et c'est Emmanuel Macron parce que c'est lui qui a ériqué tout ça,
02:34 il ferait mieux de retirer la loi et de convenir qu'il n'est pas raisonnable
02:38 de vouloir imposer une loi contre la grande majorité du peuple.
02:40 – Vous y croyez au retrait de la loi ?
02:42 Le gouvernement dit… – Oui, j'y crois encore.
02:43 – Ça ne servira à rien.
02:44 Ces violences, ces manifestations, ça ne servira à rien.
02:46 – On va regarder la manière dont ça peut être fait.
02:48 On va parler tout à l'heure de la motion de censure.
02:50 Mais oui, j'y crois encore.
02:51 Moi, j'en appelle toujours Emmanuel Macron.
02:53 – Vous croyez qu'Emmanuel Macron peut demain prendre la parole à la télévision
02:56 et dire "je retire ce texte" ?
02:57 – Alors, peut-être pas demain, mais on a déjà vécu par le passé quand même
03:00 des gouvernements qui nous expliquent qu'ils vont tenir bon coup de cocoute.
03:03 Rappelez-vous Alain Juppé, 95, "je suis droit dans mes bottes",
03:06 puis au bout d'un moment, vous convenez que ce n'est plus supportable.
03:09 On est dans une situation totalement bloquée.
03:11 Ce gouvernement n'a pas de légitimité dans le peuple, tout le monde.
03:15 Il n'a pas de légitimité à l'Assemblée.
03:17 Ça fait quand même une double illégitimité.
03:19 Et en plus de ça, il est dans un contexte international,
03:22 que ce soit la guerre en Ukraine,
03:23 que ce soit les conséquences du réchauffement climatique,
03:26 que ce soit, on en parlera tout à l'heure,
03:28 les questions de crise financière et économique
03:30 qui arrivent de l'autre côté de l'Atlantique.
03:32 Il est dans un contexte où il ferait mieux de s'occuper de cette situation
03:35 plutôt que de mettre le pays en question.
03:36 – Et le gouvernement vous répond sur l'argument antidémocratique
03:38 qu'il utilise tous les outils à sa disposition dans la loi et dans la Constitution
03:41 et qu'il est prêt, s'il le faut, à réquisitionner davantage,
03:45 y compris dans les raffinements.
03:46 – Alors c'est bien pour ça que je pense qu'on est aussi dans une crise de régime
03:48 parce qu'on n'a plus les moyens quelque part d'une Constitution
03:52 qui permet comme ça à un exécutif à onze reprises depuis le vote du budget
03:57 de passer outre le vote à l'Assemblée nationale.
03:59 – Mais il y aura un vote demain.
04:01 Le gouvernement dit qu'il y aura un vote sur les motions de censure.
04:03 – Il n'est pas majoritaire sur cette loi, c'est pour ça qu'il utilise le 49-3.
04:06 Donc déjà, c'est de justification que ça sera inscrit dans la Constitution.
04:10 Moi, cette Constitution, vous le savez, elle ne nous va pas.
04:12 Je crois qu'elle va de moins en moins de Français.
04:14 Voilà, ce n'est pas supportable.
04:16 On n'est pas dans une démocratie, j'allais dire,
04:18 qui permet justement la respiration parlementaire.
04:20 Moi, le jour où j'ai accueilli des parlementaires d'Islande,
04:24 vous me direz, c'est peut-être 300 000 habitants,
04:25 l'Islande, mais leur Parlement ressemble à beaucoup de Parlements
04:28 de démocratie moderne.
04:30 Quand je leur dis qu'on a le 49-3, quand je leur dis qu'on a le 47-1,
04:33 ils nous regardent avec des yeux grands ouverts.
04:36 Là-bas, c'est quand même le...
04:36 – Le 47-1, c'est l'article qui a permis de limiter la durée des débats
04:39 parce que, dans le cadre d'un texte budgétaire.
04:41 – Oui, de limiter la durée des débats et éventuellement même
04:43 de passer en ordonnance sans vote parce qu'ils avaient déjà anticipé
04:46 le fait qu'il ne serait peut-être pas majoritaire.
04:48 – Eric Coquerel.
04:49 – Donc, attendez, je réponds à cette question.
04:51 Tout ça est insupportable et non, on ne peut pas,
04:53 un gouvernement ne peut pas venir nous dire,
04:55 c'est dans la Constitution, c'est normal que l'Assemblée ne vote pas,
04:58 il n'y a pas de problème, on passe en force contre le peuple,
05:00 on passe en force contre l'Assemblée.
05:01 Voilà, je trouve qu'il y a là un séisme démocratique
05:07 qu'il faudrait enfin admettre et M. Macron ferait bien de l'admettre
05:10 et de retirer sa loi.
05:10 – C'est bel et bien ce que dit Bruno Le Maire dans "Le Parisien" ce matin,
05:13 le 49.3 est un outil démocratique, les représentants du peuple
05:16 se prononceront souverainement, demain ensuite le texte sera appliqué.
05:20 Eric Coquerel, vous dites que vous espérez encore un retrait du texte,
05:24 notamment à l'initiative d'Emmanuel Macron,
05:25 est-ce que des manifestations à l'appel de l'intersyndicale,
05:28 même si elles sont massives dans les jours qui viennent,
05:30 la prochaine c'est jeudi, et si elles s'enchaînent,
05:32 peuvent conduire à cela d'après vous ?
05:33 – Bien sûr, c'est de là que tout procède déjà.
05:35 – Si on continue comme avant depuis janvier,
05:37 ça peut aboutir à un retrait du texte ?
05:39 – Je pense que tout procède des mobilisations sociales réussit,
05:42 du fait qu'on a une intersyndicale unitaire,
05:44 nationalement, dans les départements.
05:46 Le fait qu'il y a de nombreuses grèves dans ce pays,
05:48 même si aujourd'hui on sait que c'est difficile de faire grève,
05:51 notamment dans les secteurs privés.
05:53 Des manifestations qui sont des manifestations historiques,
05:56 en termes de nombre, en termes de répétition,
05:58 et moi je suis sûr que celle de jeudi va être très importante.
06:01 Et c'est d'ailleurs ce qui explique pourquoi ce gouvernement
06:03 n'avait plus de majorité et que des députés,
06:05 y compris de la majorité, auraient voté contre ce texte.
06:08 Donc tout procède de là, et oui je crois que si la mobilisation se poursuit,
06:11 si les grèves se poursuivent,
06:13 eh bien c'est aussi évidemment l'élément central qui peut permettre le retrait.
06:16 – Se poursuivre jusqu'à quand ?
06:18 – Jusqu'à obtenir le retrait.
06:19 – Et y compris demain, parce que demain il y a les épreuves du bac
06:22 pour plus de 500 000 élèves, plusieurs syndicats, le SNEFSU, FO, Sud, CGT,
06:28 appellent les enseignants à se mobiliser,
06:30 quitte à perturber les épreuves, qu'est-ce que vous dites à ces enseignants ?
06:32 – Je dis une chose, c'est qu'il me semble que rentrer dans une situation
06:36 où on forcera les futurs bacheliers à travailler deux ans de plus de leur vie,
06:40 et encore on sait bien qu'après ça ne s'arrêtera pas,
06:42 parce qu'on a déjà annoncé les prochaines réformes qui rentrent dans la même logique,
06:45 on fait travailler les gens plus longtemps, au détriment de leur santé notamment,
06:51 eh bien je pense que c'est, j'allais dire que c'est,
06:54 si je regarde un peu du côté de la balance,
06:57 c'est rien par rapport aux conséquences de cette loi.
07:00 – Vous ne leur dites pas "attendez trois jours et laissez les bacheliers" ?
07:03 – Non je ne dis pas, de toute façon, moi je ne suis pas syndicaliste,
07:05 les syndicalistes sont assez grands pour décider de leur forme de lutte,
07:08 et moi je crois qu'on est aujourd'hui dans un contexte historique,
07:11 où très sincèrement la question n'est pas de savoir
07:13 si une épreuve de bac est perturbée ou pas,
07:15 la question c'est de savoir si on va imposer au peuple une réforme dont il ne veut pas,
07:19 et qui contraint les gens à travailler deux ans de plus.
07:21 – Pour bien comprendre, vous dites ce matin,
07:22 ce n'est pas un drame si les épreuves du bac n'ont pas lieu ?
07:25 – Si elles sont reportées de quelques jours, non,
07:26 ce n'est pas un drame, ce qui serait dramatique c'est que cette réforme passe,
07:30 parce que là, celle-là on va la payer pendant très longtemps.
07:32 – Éric Coquerel, sous contexte historique que vous évoquez,
07:34 le contexte politique aussi, et notamment à l'Assemblée à partir de demain
07:37 avec l'émotion de censure, on en reparle juste après.
07:39 Le Fil info, 8h40, Diane Ferchit.
07:42 [Générique]
07:43 – En déplacement en Crimée, 9 ans après l'annexion de la péninsule par la Russie,
07:46 Vladimir Poutine s'est rendu pour la première fois dans la ville de Mariupol,
07:50 c'est ce qu'indique le Kremlin ce matin,
07:51 un déplacement en hélicoptère jusqu'à cette ville ukrainienne,
07:54 théâtre de très violents combats l'an dernier,
07:56 Mariupol occupée depuis par la Russie.
07:59 Le Parlement a toujours le dernier mot dans nos institutions,
08:02 déclaration d'Olivier Dussopt, le ministre du Travail dans le journal du dimanche.
08:05 La veille du débat, à l'Assemblée, sur les motions de censure,
08:08 deux textes déposés par le Rassemblement national
08:10 et par le groupe indépendant Lyott.
08:12 Motions de censure après l'utilisation du 49.3 par Elisabeth Borne
08:16 sur la réforme des retraites et dans la rue,
08:18 la colère ne faiblit pas, troisième soirée de manifestation spontanée
08:22 à Paris, Bordeaux, Nantes, Strasbourg ou encore Lille,
08:24 des rassemblements marqués par quelques incidents.
08:27 Suite de la 28e journée de Ligue 1 de football,
08:30 l'on se décroche provisoirement la deuxième place du classement
08:32 en s'imposant 3 à 0 face à Angers, la lanterne rouge.
08:36 Cette rencontre à suivre ce dimanche,
08:38 dont PSG Rennes à 17h et le déplacement de Marseille à Reims,
08:42 coup d'envoi à 20h45.
08:44 Toujours avec Éric Coquerel, président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale.
08:55 C'est à l'Assemblée justement, journée décisive demain,
08:57 avec ces motions de censure, dont une signée par l'ensemble de la gauche
09:01 et par le groupe centriste Lyott, pour être adoptée.
09:04 Une telle motion doit obtenir plus de la moitié des voix des députés.
09:08 Le gouvernement dit même pas peur. Et vous ?
09:11 Est-ce que vous êtes sûr d'avoir les voix ?
09:12 Le gouvernement disait même pas peur avant le vote jeudi.
09:14 Finalement, ça s'est terminé en 49.3.
09:16 Remarquez, alors là, c'est un peu plus compliqué parce que...
09:19 Il faut plus de voix que pour le vote d'une réforme.
09:21 Pour bien comprendre, c'est que là, les abstentionnistes ne comptent pas.
09:23 C'est-à-dire que les abstentionnistes, les gens qui s'abstiennent,
09:25 c'est considéré comme un contre la motion de censure.
09:28 Seuls votent ceux qui sont pour.
09:30 Donc, effectivement, ça complique un peu les choses.
09:32 Pour autant, moi, je crois que c'est quand même possible.
09:36 Et je suis dans un état d'esprit où il faut prendre obstacle après obstacle.
09:40 Quand je dis obstacle, c'est pour le gouvernement,
09:41 jusqu'à ce qu'il se mette les pieds dans les haies et qu'il retire sa réforme.
09:45 Et demain, c'est un obstacle majeur qu'il a devant lui. Pourquoi ?
09:48 Et c'est la droite qui tient un peu les clés du vote.
09:50 Parce que si les Républicains n'apportent pas leur voix,
09:53 la motion n'est pas adoptée.
09:54 Qu'est-ce que vous dites à ceux qui hésitent encore,
09:55 qui réfléchissent à l'heure où on se parle ?
09:57 Écoutez, moi, je connais bien les Républicains de l'Assemblée.
10:00 Voilà, je les connais beaucoup personnellement.
10:03 Je sais que beaucoup sont encore de tradition gaulliste,
10:07 c'est-à-dire qu'ils n'admettent pas un système totalement néolibéral.
10:11 Et ils n'admettent pas, je crois, aussi cette manière de passer outre le Parlement,
10:15 l'Assemblée nationale, pour contraindre les gens à travailler deux ans de plus.
10:18 Ils savent très bien, ils vont dans leurs circonscriptions.
10:20 Ils savent très bien qu'y compris parmi leurs électeurs,
10:22 ils sont tous les deux en debout.
10:23 Donc moi, j'appelle tous ceux qui s'apprêtaient à voter contre,
10:27 voir tous ceux qui s'apprêtaient à s'abstenir,
10:29 et là, le compte devrait être bon normalement,
10:31 demain, à voter cette motion de censure.
10:33 Ceux qui craignent le désordre.
10:34 Il faut arrêter ce gouvernement.
10:37 Pourquoi ?
10:38 Parce qu'il nous met dans une situation bloquée,
10:40 qui ne peut que mettre le pays en tension,
10:42 et qui ne peut que très mal finir.
10:44 Donc je crois que des Républicains qui sont attachés à la fois au Parlement,
10:48 qui sont attachés quand même à une certaine justice sociale,
10:51 qui ne pensent pas qu'il est normal que les gens travaillent deux ans de plus,
10:54 quand par exemple les dividendes explosent dans le pays,
10:57 de manière totalement indécente.
11:00 Je pense que ceux-là, d'accord,
11:02 qui n'apprécient pas la manière dont le gouvernement gouverne,
11:04 peuvent aller jusqu'à voter.
11:06 Je les appelle les uns et les autres à le faire.
11:07 Et à ceux qui disent aussi, il ne faut pas ajouter de la crise à la crise.
11:10 Il y a une partie de la droite qu'on présente comme le parti de l'ordre,
11:13 et qui dit, c'est un saut dans l'inconnu,
11:14 aussi faire chuter le gouvernement.
11:15 Ils savent très bien que plus le gouvernement tarde à retirer ce projet,
11:19 plus la crise va s'accentuer.
11:20 Le gouvernement aujourd'hui, Emmanuel Macron, est dans une impasse.
11:23 Imaginons même qu'il passe en force.
11:26 Sur quoi va-t-il gouverner désormais le pays ?
11:28 Il n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale,
11:30 il a réussi à se mettre à dos tous les syndicats.
11:33 J'entendais Dussopt qui disait,
11:34 mais non on va reprendre un cours normal avec les syndicats.
11:37 Mais dans quel monde vit-il ?
11:39 Tous les syndicats de ce pays,
11:41 même ceux qui étaient prêts à discuter haut,
11:43 sont désormais opposés à la méthode Macron.
11:45 A une méthode, bon, on l'a vu, il s'est posé toute une population.
11:50 Donc les Républicains, quelque part, ils ont le choix.
11:52 Est-ce qu'ils sont de ce côté-là,
11:54 c'est une vision très autoritaire du néolibéralisme,
11:57 ou est-ce qu'ils reviennent à des traditions
12:00 qui leur ont permis dans le temps, à un moment donné,
12:02 d'être du bon côté de la barrière de justice sociale,
12:05 d'un point de vue de la démocratie.
12:08 Et très franchement, je pense que d'un côté,
12:10 ça fait plus mal que de l'autre,
12:11 y compris pour la suite de leur mandat,
12:15 quand ils reviendront dans les électeurs.
12:16 Je pense qu'ils y pensent beaucoup.
12:18 – Et pour faire reculer le gouvernement,
12:20 la gauche a une idée, un outil, le référendum d'initiative partagé.
12:25 On peut rappeler comment ça fonctionne,
12:27 185 signatures de parlementaires,
12:29 ensuite il faut un peu moins de 5 millions, 4 millions, 800 000 signatures de citoyens
12:33 pour réclamer l'organisation d'un tel référendum.
12:37 Est-ce que vous y croyez vraiment ?
12:38 – Alors ça, c'est… attendez, juste une chose,
12:40 parce qu'on va faire un saut, il y a la motion de censure,
12:43 puis il va se passer autre chose cette semaine quand même,
12:45 sur laquelle je voudrais revenir,
12:46 c'est qu'il y a le Conseil constitutionnel
12:47 qui va examiner la loi.
12:49 Or chacun sait que cette loi, elle a utilisé un procès législatif
12:52 qui n'est absolument pas fait pour faire passer une réforme sur les retraites.
12:56 Je vous explique rapidement,
12:58 un projet de loi de finances de la sécurité sociale rectificative,
13:00 c'est quelque chose qui théoriquement travaille de manière marginale
13:04 sur le budget en cours de la sécurité sociale, celui de 2023.
13:08 Ce n'est pas fait pour transformer le système des retraites sur les 20 ans à venir.
13:13 Ce n'est pas fait pour ça.
13:14 – Vous pensez que le Conseil constitutionnel peut arrêter ce véhicule législatif ?
13:17 – Je l'espère.
13:18 Et en plus de ça, avec un Conseil constitutionnel qui va examiner une loi
13:20 qui n'aura même pas été votée à l'Assemblée nationale,
13:23 j'ai bon espoir que là aussi, il déclare anticonstitutionnel ce texte.
13:27 Moi je vois obstacle par obstacle.
13:28 Celui-là, si demain il y a la motion de censure n'est pas votée,
13:30 celui-ci va être un sacré obstacle.
13:33 Et puis après, il y a le RIP effectivement,
13:36 mais je pense que le RIP peut être un bon moyen déjà de bloquer la loi,
13:40 puisque théoriquement, le temps qu'il y ait le RIP, la loi n'est pas appliquée,
13:43 et donc, il est peut-être l'occasion d'avoir un référendum,
13:46 mais très sincèrement, j'espère bien que bien avant, nous en aurons fini avec cette loi.
13:51 – Le X sur le RIP, c'est que théoriquement, il ne peut pas avoir pour objet
13:53 la bourgation d'une disposition législative promulguée depuis moins d'un an.
13:57 Il y a aussi le risque que le Conseil constitutionnel vous dise
14:00 "c'est un outil qui n'est pas à votre disposition".
14:02 – On verra bien, on verra bien ce qu'il décide.
14:04 Il y a eu un précédent quand même, la loi sur ADP avait été votée,
14:08 le RIP avec la privatisation de l'aéroport de Paris,
14:11 et donc on a pu faire un RIP.
14:13 Le RIP, on sait que c'est très compliqué, il faut 4 millions de voix,
14:15 c'est très difficile de les avoir.
14:17 Bon, c'est toujours… moi j'ai l'air que dans la bataille dans le temps,
14:20 c'est quelque chose qui pourra être utile, mais encore une fois,
14:22 j'espère bien que avant, on en aura fini avec cette loi.
14:24 – Éric Coquerel, juste avant d'évoquer la situation financière,
14:27 je rappelle que vous êtes président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale.
14:30 On évoque la difficulté, vous évoquez en tout cas une difficulté à venir
14:33 pour Emmanuel Macron pour gouverner.
14:35 Je me souviens qu'au législatif, Jean-Luc Mélenchon avait fait campagne
14:38 sur le côté "Élise et moi Premier ministre".
14:40 Il est toujours candidat pour Matignon ?
14:42 – Bah si demain il y avait une dissolution et que…
14:45 – Ce serait la même campagne ?
14:46 – J'espère bien que nous repartirions avec la NUPES
14:48 qui a montré toute son utilité et son efficacité.
14:51 Et si Jean-Luc Mélenchon était candidat, je pense que ce serait un excellent candidat,
14:54 mais on n'en est pas là, ce n'est pas ça la question aujourd'hui.
14:57 – Mais vous êtes toujours dans cette optique-là d'obtenir éventuellement
14:59 la dissolution aussi et de mettre Jean-Luc Mélenchon à Matignon ?
15:04 – S'il y avait une motion de censure, par exemple, réussie, c'est lui qui décide.
15:06 Qu'est-ce qu'il fait, il change de gouvernement ?
15:08 Mais très sincèrement, étape par étape.
15:10 Moi ce qui m'intéresse aujourd'hui pour l'instant,
15:12 c'est que ce projet de réforme des retraites soit arrêté.
15:15 Voilà, que du coup, peut-être, peut-être, on ait un président de la République
15:18 qui admette enfin qu'il n'a pas de majorité dans le pays
15:21 et à l'Assemblée pour appliquer une politique toujours plus néolibérale.
15:23 – Et qui vous dit aussi qu'il faut faire des efforts parce que la France est très endettée,
15:27 quasi bonnédane de la zone euro, c'est ce qu'écrit la Cour des comptes,
15:30 avec une trajectoire qui risque encore de dérailler, hypothèse trop optimiste,
15:34 en termes de croissance, d'évolution des taux d'intérêt ou des dépenses publiques.
15:37 Est-ce que ça ne réclame pas, sur le fond, au-delà de la bataille politique du moment,
15:40 des réformes douloureuses ?
15:42 – C'est intéressant ce que vous dites parce que j'observe que le chef de l'État,
15:46 jeudi, ça a été un peu le moment de toutes les vérités, au moment où il y a le 49.3,
15:50 le chef de l'État dit, pour justifier le fait de passer sa réforme coup de cocout,
15:55 qui complique pas le 49.3, je considère que l'État,
15:57 les risques financiers et économiques sont trop grands.
16:00 Ça veut dire quoi ?
16:01 – Pour apporter des réunions avant d'enclencher.
16:03 – Ça veut dire que tout d'un coup, ils sont revenus à la première justification,
16:06 celle qui est réelle par rapport à la réforme des retraites.
16:09 Celle qui avait été annoncée par Bruno Le Maire à la fin de l'année dernière
16:14 lors de la discussion budgétaire.
16:15 Ce n'était pas sauver le système par répartition,
16:17 on sait très bien tous les uns et les autres, les chiffres ont été donnés,
16:20 que le déficit est vraiment infime dans quelques années
16:22 et qu'on a des moyens de le résoudre.
16:25 C'était en fait envoyer un signe à Bruxelles, au marché,
16:28 que ne vous inquiétez pas, pour les actionnaires, il fait bon investir en France.
16:33 C'est ça le message.
16:34 – Et à Bruxelles, avec l'emprunt européen aussi,
16:37 et des pays qui sont solidaires de la France.
16:39 – On est en train de casser le système de retraite,
16:40 on est en train de forcer les gens à travailler deux ans de plus,
16:41 uniquement pour un objectif, c'est de, un, la question des déficits publics,
16:46 mais chacun conviendra que ce ne sont pas les 12 milliards peut-être de déficit
16:49 qui vont changer, occasionnés par le système de retraite,
16:52 selon leurs chiffres, qui vont résoudre la question.
16:55 Mais tout là-dedans est une question, j'allais dire,
16:58 d'obéir à des injonctions qui sont celles du marché.
17:01 Il y avait deux injonctions, il y avait la réforme de l'allocation chômage,
17:04 ils l'ont fait, il y avait la réforme des retraites, voilà ce que nous payons.
17:07 Et je pense que tout ça est aberrant, je vais vous dire pourquoi c'est aberrant.
17:10 – D'un mot.
17:11 – C'est qu'on ne peut pas, d'un mot, on ne peut pas considérer qu'il y a eu le Covid,
17:14 que le système néolibéral a été mis entre parenthèses,
17:16 parce qu'il fallait bien que l'État vienne au secours des entreprises,
17:19 et puis d'un coup on va reprendre le cours normal des choses,
17:22 revenir à des politiques d'austérité, revenir à des situations
17:26 où on va baisser les dépenses publiques,
17:28 on va s'attaquer aux mécanismes de solidarité,
17:30 tout ça c'est un monde qui s'écroule devant nos yeux.
17:32 Et ça c'est exactement ce qu'on nous propose,
17:34 et donc là-dessus je crois que c'est eux qui nous mettent dans une impasse.
17:37 Voilà, je pense que la France doit justement assumer
17:41 ce qu'elle a souvent fait pendant très longtemps,
17:43 c'est-à-dire un autre modèle social, qui est celle d'une solidarité,
17:46 qui est celle d'une politique de la demande, et qui est de partage des richesses,
17:50 et je crois que tout le monde s'en porterait bien mieux.
17:52 – Merci à vous Éric Coquerel, député de la France Insoumise,
17:55 président de la commission des finances à l'Assemblée Nationale,
17:57 retour à l'Assemblée très vite, dès demain notamment,
17:59 pour l'examen des deux motions de censure après le recours du gouvernement au 49-3.