Face à l' "Inflation Reduction Act" dégainé par les États-Unis, l'Europe travaille sa riposte et répond au risque de désindustrialisation de son continent.
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00:00 L'Europe a décidé de riposter au protectionnisme américain, Nicolas, face aux milliards de subventions de Washington pour arroser l'industrie américaine.
00:07 Bruxelles a décidé aussi de sortir un arsenal de mesures pour protéger l'économie européenne et l'industrie européenne.
00:14 Oui, et puis transition écologique. L'idée, c'est de faire du "made in Europe", effectivement.
00:17 L'idée, c'est de ne plus dépendre de la Chine et de l'Asie pour des quantités de domaines, notamment les fameux métaux rares.
00:24 Et puis, c'est répondre aux subventions américaines qui ont été engagées à continuer au mois de janvier.
00:28 On ne peut pas continuer à laisser quasiment toutes les semaines des géants de l'industrie en Europe dire « j'avais prévu de consommer mon usine en Europe,
00:34 finalement, je vais la faire en Amérique du Nord ». Volkswagen nous l'a dit cette semaine. Ils vont au Canada, ils ne seront pas en Europe.
00:38 Il faut réagir. Donc là, il y a une réaction.
00:40 Quelle est la réponse des européens ?
00:41 Il y a deux textes qui s'appellent « Net Zero Industry Act ». L'idée, c'est de considérablement simplifier toutes les démarches pour implanter un site de production chez nous, en Europe.
00:51 Et puis, de permettre aux États de le financer, d'apporter des aides publiques, sujet sur lequel l'Europe, généralement, était quand même très rétive.
00:58 On veut que 40 % des technologies propres d'ici 2030 soient produites sur le sol européen, dans ce texte.
01:03 Et on veut que 10 % de notre consommation de matériaux, de métaux rares, soient extraits du sol européen.
01:11 C'est assez nouveau.
01:12 J'ai regardé pour une voiture électrique, 50 kg de nickel, 45 kg de lithium, 7 kg de cobalt.
01:17 Il faut les trouver.
01:18 Il faut les trouver, quand même.
01:19 Et la demande va être exponentielle.
01:20 Alors, il y a huit domaines technologiques qui ont été listés, qui peuvent être éligibles à ces arsenaux législatifs et aux aides d'État.
01:29 Ces mesures, c'est de la préférence européenne, Claire ?
01:32 Oui, c'est du protectionnisme.
01:33 Alors, ce ne sont pas des droits de douane, mais effectivement, c'est clairement du protectionnisme.
01:37 J'ai envie de dire que c'est bien que l'Europe réagisse.
01:39 Après, effectivement, j'ai toutes les raisons de me dire qu'on va peut-être décider d'investir dans des choses matures, à faible valeur ajoutée, plutôt que dans l'innovation.
01:46 Par exemple, est-ce qu'on a intérêt à faire des panneaux solaires qui coûtent peu cher aujourd'hui et qui vont coûter beaucoup plus cher chez nous ?
01:53 Je me dis aussi que l'exécution, on est très bon sur les intentions, mais quand il s'agit d'exécuter, de mettre en application, il faut généralement des années.
02:02 On le voit pour produire des médicaments, des molécules de médicaments sur le sol français.
02:06 Oui, bien sûr.
02:07 Et puis, pour faire des semi-conducteurs sur le sol européen, ça va également être long.
02:10 Ensuite, risque de concurrence déloyale.
02:12 Les pays riches qui pourront aider leur industrie en Europe et les pays moins riches qui ne pourront pas aider leur industrie en Europe.
02:17 Ça va un peu à l'encontre du marché unique européen.
02:20 Et puis, attendez la réaction écolo, quand on va faire des trous dans le sous-sol partout pour aller chercher des terres rares.
02:26 Dans la Lille, on va faire une grosse usine de lithium.
02:28 Vous savez, premier coup de pioche, je suis pas sûr que ça se passe très bien.
02:31 Mais il faut qu'on réagisse parce qu'aujourd'hui, on est vraiment le filet de la table de ping-pong du match Chine-Amérique.