Elisabeth Lévy - "Roanne : 8 mois avec sursis, c’est une tape sur les doigts !" - Vidéo Dailymotion

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00:00 Dans 5 minutes, mon invité sera le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Béchut.

00:05 Beaucoup, beaucoup de questions à lui poser autour, évidemment, de l'environnement.

00:09 Nous reviendrons aussi sur la réforme des retraites.

00:11 Avant ça, comme chaque matin, du lundi au jeudi, Elisabeth Lévy, Lévy sans interdit. Bonjour Elisabeth.

00:17 - Bonjour Patrick, bonjour Laurie, bonjour à tous.

00:19 - Et nous revenons sur cette histoire.

00:21 Le père de Juan, vous vous souvenez, qui avait passé à Tabac un jeune,

00:24 qu'il soupçonne d'avoir agressé sexuellement sa fillette, a écopé d'une peine de prison avec sursis.

00:31 Qu'est-ce que vous inspire ce jugement, Elisabeth ?

00:34 - Alors le plus frappant, c'est que tout le monde se congratule.

00:37 Les prévenus, le parquet, l'opinion, les journalistes même applaudissent ce jugement équilibré

00:42 qui condamnerait clairement la tentation de se faire justice soi-même,

00:46 tout en comprenant la douleur d'un père.

00:48 D'ailleurs, un de ses comparses, qui n'a lui pas l'excuse de paternité, a pris 8 mois ferme sous bracelet.

00:55 Alors 6 mois avec sursis, pardon, pour un homme déjà condamné pour des affaires de sup et de violence,

01:00 c'est un peu une petite tape sur les doigts.

01:03 Mais pourtant, le public ne s'émeut pas du laxisme du tribunal.

01:07 Le parquet ne fait pas appel malgré des peines bien inférieures à ses réquisitions.

01:11 Le message en réalité est clair, c'est tout le contraire de ce qu'on nous dit.

01:15 Allez-y, si vous vous vengez sous le coup d'une légitime émotion

01:19 parce qu'on a porté atteinte à ce que vous avez de plus cher, on vous comprendra,

01:23 comme si la justice en prime avait intégré sa propre impuissance.

01:27 Alors il faudra m'expliquer quand même, parce que toute la France est tombée sur Éric Dupond-Moretti

01:32 qui sous le coup d'une émotion très humaine, la colère, a fait ce vilain geste que l'on sait à l'Assemblée Nationale.

01:39 Mais pour ce père, la colère c'est un sauf-conduit, une circonstance atténuante.

01:43 - Bon, mais vous Elisabeth Lévy, il faut expliquer comment vous pouvez être insensible aussi à la douleur d'un père.

01:49 - Je suis désolé, mais ma sensibilité n'a rien à faire ici, et la douleur ne justifie pas tout.

01:54 Il y a beaucoup de criminels qui ont certainement beaucoup souffert.

01:57 D'abord, et puis il faut quand même revenir aux faits, il n'a pas surpris le jeune sur le fait.

02:02 Là, on aurait peut-être mieux compris, enfin moi j'aurais mieux compris.

02:05 Il ne l'a pas non plus attrapé après six mois d'une enquête qui piétinait.

02:09 Ça s'est passé 24 heures après les faits, et ils se sont mis à quatre tout de même pour passer ce jeune Guinéen, je crois mineur isolé, pour le passer à tabac.

02:21 S'ils s'étaient contentés de l'attraper et de le livrer à la police, ça aurait été le Far West façon Hollywood.

02:27 Les gentils auraient gagné, on aurait tous applaudi, y compris moi.

02:31 Nul ne sait en prime s'ils ont molesté le bon coupable, et on ne le saura que quand un tribunal l'aura dit.

02:39 Parce que ce jeune est détenu aujourd'hui, mais il mit les faits, donc leur expédition punitive, si j'ose le dire, est un bras d'honneur à la présomption d'innocence.

02:48 Alors bien sûr, comme tout le monde, comme vous, j'ai envie que les coupables souffrent.

02:52 C'est un réflexe humain de se dire "bien fait", c'est à eux de souffrir.

02:57 Mais désolé, on ne fonde pas une communauté humaine sur l'instinct de vengeance.

03:01 On n'a pas inventé la justice pour qu'elle soit sensible et qu'elle communie dans l'émotion publique,

03:07 mais au contraire, pour qu'elle soit une instance de raison au milieu des dérèglements humains.

03:12 Ce n'est pas la victime qui prononce et qui exécute la sanction.

03:15 La sanction, c'est ce tiers neutre qu'est la justice.

03:18 Et ça, c'est l'un des fondements de notre civilisation.

03:21 Merci, c'était maître Elisabeth Livy.

Elisabeth Lévy - "Roanne : 8 mois avec sursis, c’est une tape sur les doigts !"

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