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Avec Patrick Kanner, Sénateur PS du Nord et président du groupe socialiste au Sénat
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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-03-02##

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News
Transcription
00:00 - Et l'invité ce matin Patrick Cannaire, sénateur PS du Nord et président du groupe socialiste au Sénat.
00:04 - Bonjour Patrick Cannaire. - Bonjour Monsieur Roger.
00:06 - Toute l'agitation autour de la réforme des retraites va-t-elle mettre la France à plat ?
00:11 Si le pays est à l'arrêt, on court à la catastrophe écologique.
00:14 On va revenir avec vous sur cette déclaration d'Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement,
00:19 alors que se profile le blocage du 7 mars, et puis bien sûr l'étude du projet de réforme des retraites
00:24 avec plus de 4000 amendements qui commencent vraiment aujourd'hui au Sénat,
00:27 dont vous êtes le chef de file de la gauche, et on viendra aussi sur les autres questions d'actualité,
00:31 comme l'inflation bien sûr.
00:33 Alors avant d'entrer dans les détails de votre stratégie sur les retraites,
00:36 comment vous interprétez cette forme de mise en garde d'Olivier Véran hier ?
00:42 Mettre la France à l'arrêt avec une grève à partir du 7 mars,
00:46 ce serait prendre, je cite, "le risque d'une catastrophe écologique
00:50 ou encore de négliger la santé de nos enfants".
00:53 Très honnêtement, je suis un peu surpris par ces propos alarmistes,
00:57 enfin si j'ai bien compris, le 7 mars est le début de la fin du monde.
01:00 Voilà, nous avons là un prédicateur qui nous dit,
01:05 "mais si vous êtes trop méchant avec nous, nous le gouvernement,
01:09 et bien la France va exploser, la France va disparaître, et la sécheresse va continuer".
01:14 Vraiment, je ne sais pas ce qu'avait fumé avant son interview M. Véran, mais...
01:19 - Ah bon ? Vous dites qu'il avait fumé quelque chose ?
01:21 - Je n'en sais rien, mais en tout cas...
01:23 - Vous dites avec humour, ça non ?
01:24 - Bien sûr, je dis avec humour, par définition, trop de respect pour le ministre,
01:27 mais il ne faut pas faire peur comme ça aux Français.
01:30 Les Français ont le droit de manifester, ont le droit de se mettre à l'arrêt
01:33 parce qu'ils considèrent qu'ils sont menacés par une mauvaise réforme.
01:36 Je vous rappelle que quand le gouvernement dit souvent,
01:40 "cette réforme ne touchera que 6 Français sur 10",
01:43 quand vous ramenez ça à la population active,
01:47 je veux dire 18 millions de Français en 2030 vont travailler 2 ans de plus
01:53 pour pouvoir obtenir une retraite.
01:55 - Qu'est-ce que ça signifie de la part du gouvernement ?
01:57 Parce que c'est le porte-parole du gouvernement, évidemment.
01:59 - Oui, c'est curieux, je l'ai connu quand même plus raisonnable,
02:01 tout le monde quand il est ministre de la Santé, il est ministre socialiste,
02:06 il a déjà... il y a prescription, si vous me permettez l'expression.
02:10 Quand on défend une réforme aussi réactionnaire,
02:12 on ne peut pas se considérer comme étant de gauche.
02:14 D'ailleurs, il ne le réclame plus.
02:15 - Alors sur le front au Sénat, c'est la droite qui est majoritaire
02:18 et qui va plutôt dans le sens du gouvernement, avec quelques ajustements.
02:21 Vous, en tant que chef de file de la gauche, quelles sont vos intentions ?
02:25 Quelle est votre stratégie ? Le blocage du texte comme à l'Assemblée ?
02:28 - Non, sûrement pas.
02:29 D'ailleurs, vous avez vu qu'il y a 4700 amendements, c'est beaucoup,
02:32 mais beaucoup vont tomber, comme on dit dans notre jargon parlementaire.
02:36 Donc c'est 5 fois moins qu'à l'Assemblée nationale, premièrement.
02:40 Deuxièmement, nous savons travailler dans le calme.
02:43 Travailler dans le calme, travailler dans le respect,
02:47 sans utiliser d'injures, d'invectives, de menaces,
02:50 ça ne veut pas dire pour autant que nous ne serons pas totalement mobilisés.
02:54 L'opposition de gauche va faire son travail de contre-proposition,
02:58 bien évidemment par rapport à la droite sénatoriale et par rapport à la droite présidentielle,
03:02 mais en aucune manière vous n'assisterez à un spectacle
03:06 qui je crois n'était pas à la hauteur de l'événement à l'Assemblée nationale.
03:09 - Parce que la France Insoumise voudrait qu'il y ait un peu la même chose.
03:11 Elle vous a fait passer le message, elle n'a pas de sénateur.
03:14 - Oui, mais j'ai vu, j'ai lu quelques messages de la France Insoumise,
03:18 je n'ai pas encore reçu de coup de téléphone de M. Jean-Luc Mélenchon
03:21 pour dire comment je devais travailler.
03:22 - Et si vous aviez un coup de téléphone de Jean-Luc Mélenchon, vous lui diriez quoi ?
03:25 - Tout d'abord je n'en aurais pas, je pense, parce qu'il sait ce que j'en pense,
03:28 mais surtout je dirais que chacun doit rester chez soi,
03:31 tout le monde sera bien gardé.
03:32 - Est-ce que vous allez pouvoir étudier l'ensemble du texte ?
03:36 - Alors, nous avons deux objectifs.
03:37 - Et notamment l'article 7 sur le recul de la Chambre.
03:40 - Je confirme à votre micro, pour nos auditeurs, que l'article 7 qui est l'article essentiel,
03:45 c'est l'article pour lequel cette réforme a été bâtie,
03:47 à savoir le report de l'âge légal de 2 ans, de 62 à 64 ans.
03:52 L'article 7 sera débattu, nous allons faire nous nos contre-propositions
03:56 pour montrer qu'il est inutile cet article 7, qu'il est injuste,
03:59 et il sera voté, parce que malheureusement il sera voté par la droite sénatoriale
04:04 soutenue par une partie du centre et de la droite macroniste.
04:07 Donc clairement, nous savons, sauf Mirac, je veux bien mettre un siège à Saint-Etienne,
04:11 mais l'article 7 sera voté.
04:13 Et après il y en aura d'autres d'articles qui seront intéressants,
04:15 par contre, il y a une rupture dans le temps qui est le 12 mars à minuit.
04:21 Le 12 mars à minuit, le texte s'arrête.
04:23 Parce qu'on a utilisé un article de la Constitution pour ce faire.
04:27 Donc, nous, notre intérêt c'est que l'article 7 soit voté.
04:31 - Avant la mobilisation du 7 mars ou pas ?
04:33 - Après.
04:34 - Pas question de voter avant la mobilisation du 7 mars.
04:37 - Après, nous considérons que l'article 7 sera éclairé par la mobilisation du 7 mars.
04:42 Parce que, bien évidemment, si le 7 mars il y a 2 millions de personnes dans la rue,
04:46 si les services publics sont à l'arrêt,
04:48 si les entreprises connaissent aussi une grève importante,
04:52 et bien ça sera un signe donné par le peuple français,
04:55 par nos concitoyens, au gouvernement, et donc aussi au Parlement,
04:59 pour dire "cet article 7, on n'en veut pas".
05:01 - Est-ce que ça peut changer alors à partir du 7 mars,
05:05 y compris dans les rangs de la droite ?
05:07 On a compris votre position, vous à gauche,
05:09 mais dans les rangs de la droite, où c'est là ?
05:12 - Officiellement, la droite soutiendra le texte.
05:14 Mais je connais des parlementaires qui nous disent
05:16 "bon, est-ce que c'était vraiment le moment d'avoir ce texte ?"
05:18 "Croyez-vous pas qu'on a d'autres priorités aujourd'hui ?"
05:20 - Des sénateurs qui vous disent ça ?
05:22 - Oui, enfin, je ne voudrais pas l'énoncer,
05:24 mais ils sont hésitants, parce qu'ils se disent
05:26 "pour 12 milliards d'euros, c'est ça l'enjeu."
05:28 "Trouver 12 milliards d'euros, on peut les trouver ailleurs
05:30 qu'en faisant travailler les Français deux ans de plus."
05:32 - S'ils sont hésitants, ça veut dire que si le 7 mars,
05:34 c'est quand même beaucoup plus compliqué que ça,
05:36 peut-être qu'ils vont hésiter à voter.
05:38 - En tout cas, on verra bien, on verra bien au bout du bout,
05:41 si la discipline de vote va jusqu'au bout.
05:43 Mais, objectivement, beaucoup reconnaissent
05:46 que cette réforme était-elle pertinente,
05:50 sur le fond, et utile dans le temps.
05:52 Vraiment, il y a des interrogations.
05:54 - Alors, vendredi, vous devez déposer une motion référendaire.
05:56 Pourquoi ?
05:58 - Alors, vendredi matin, donc demain matin,
06:00 je déposais cette motion référendaire,
06:04 c'est-à-dire que, si elle était votée,
06:06 là aussi, malheureusement, il y a peu de risque qu'elle le soit,
06:08 mais on va la défendre.
06:10 - Peu de risque ou peu de chance ?
06:12 - Peu de chance, pardon, je suis fatigué le matin.
06:14 Mais, objectivement, si elle était votée,
06:19 ça pourrait signifier que nous demanderions
06:23 au gouvernement, à l'exécutif, au président de la République,
06:27 dans le cas de l'article 11, de soumettre ce projet de réforme
06:30 par voie de référendum aux Français.
06:32 Puisque, je vous rappelle que, juste avant le salon d'agriculture,
06:36 M. Macron avait dit "je fais confiance au bon sens des Français".
06:40 S'il fait confiance au bon sens des Français,
06:42 il ne faut pas qu'il ait peur.
06:43 - Mais ce serait quoi le référendum, alors ?
06:45 - Êtes-vous pour ou contre la retraite à 64 ans ?
06:47 - Ah oui, ce serait ça la question ?
06:49 - Ah oui, une question simple.
06:51 - Une question simple, donc vous allez soumettre demain matin.
06:53 - Exactement.
06:54 - Donc, ce que vous dites clairement, c'est que la gauche
06:58 va être dans une forme de responsabilité
07:01 lors de ces débats au Sénat.
07:03 - Oui, les trois groupes de gauche, PS, PC, VR,
07:07 qui travaillent d'ailleurs ensemble beaucoup dans d'autres collectivités,
07:10 ont décidé de ne pas donner une image
07:14 qu'on pourrait qualifier, je dirais, détestable du Parlement.
07:18 Je crois que le Parlement doit travailler sereinement,
07:21 avec détermination.
07:23 C'est ce que nous devons aux Français.
07:25 Et nous le ferons de manière pédagogique,
07:27 c'est-à-dire qu'on va expliquer réellement aux Français
07:29 ce qu'est cette réforme.
07:30 - Et Gérard Larcher, le président du Sénat,
07:32 veut que ça aille jusqu'au bout du texte, vous irez jusqu'au bout ?
07:34 - Alors, nous, nous voulons aller jusqu'au bout,
07:36 mais dans de bonnes conditions.
07:37 C'est-à-dire qu'on veut avoir du temps pour travailler.
07:40 - Donc vous n'irez pas jusqu'au bout ?
07:42 - Nous, nous souhaitons finalement que le gong tombe,
07:45 puisque c'est le gouvernement qui l'a voulu,
07:47 qu'il tombe et qu'il n'y ait pas de vote.
07:49 Ce n'est pas la position de la droite qui, elle, veut
07:51 un vote sur un texte bouclé,
07:53 elle veut en fait instrumentaliser de fait le gouvernement,
07:56 mais je ne sais pas qui instrumentalise l'autre.
07:58 - Vous pensez que vous pouvez l'empêcher ou pas ?
07:59 - Difficilement.
08:00 - Difficilement, mais c'est votre objectif quand même.
08:02 - Mais on fera notre travail.
08:03 On fera notre travail, encore une fois, dans un but d'explication aux Français.
08:06 - Bon, dites-moi quand même, Patrick Cannaire,
08:08 vous êtes chef de file socialiste,
08:10 vous avez fait partie d'un gouvernement socialiste,
08:13 c'est vous qui avez fait voter la réforme Touraine,
08:15 qui visait à augmenter la durée de cotisation à 43 ans.
08:18 - Tout à fait.
08:19 - Donc aujourd'hui, vous changez un peu de stratégie ?
08:21 - Absolument pas, la réforme Touraine,
08:23 d'abord, la réforme Touraine, vous l'avez vu, est passée tranquillement,
08:26 elle a été expliquée,
08:27 elle n'a pas touché à l'âge légal de départ,
08:29 toute personne peut malgré tout partir à 62 ans.
08:33 - Oui, mais il faut que tu aies 43 ans de cotisation.
08:35 - Oui, mais il faut partir à 62 ans.
08:37 - Oui, mais sans avoir le totalité.
08:40 - Alors, je vous rappelle que la réforme Touraine
08:42 permet aussi d'avoir des carrières longues
08:44 donc de partir à 60 ans, ça c'est possible aussi,
08:46 et elle avait aussi intégré des critères de pénibilité
08:49 qui pour moitié ont été supprimés par les ordonnances de Mme Pénicaud
08:53 au tout début du quinquennat précédent.
08:55 Donc, il y avait une cohérence entre
08:57 demander du temps de cotisation supplémentaire,
09:01 sans toucher à l'âge légal,
09:03 mais en offrant aussi, au travers de la retraite à 60 ans...
09:06 - Pardon, mais les auditeurs, ceux qui sont un petit peu perdus en ce moment,
09:09 se disent "bah oui, si mon fils ou ma fille
09:11 commence à travailler à 23 ans,
09:13 43 ans de cotisation, ça nous emmène à 66 ans, ça non ?
09:16 - Ah ça c'est...
09:18 - Bah oui, donc...
09:19 - Mais avec la possibilité néanmoins de partir
09:21 un peu plus tôt si on le souhaite, avec une décote.
09:23 Si vous voulez, c'est une liberté
09:26 qu'on va enlever aux Français.
09:28 Aujourd'hui, ces personnes que vous évoquez,
09:30 travailleront deux ans de plus, quoi qu'il arrive.
09:32 - Oui. Autre sujet,
09:35 qui est assez important, c'est Mars
09:37 noir ou rouge,
09:39 socialement, en fait, aussi,
09:41 qui est annoncé.
09:43 Quelles sont les solutions pour faire face à l'inflation,
09:45 qui est déjà arrivée,
09:47 et qui menace encore plus
09:49 dans les semaines qui viennent ?
09:50 - Monsieur Roger, c'est pas Mars rouge ou noir,
09:52 c'est Mars, Avril, Mai,
09:54 Juin, parce que tout le monde considère que
09:56 ce n'est pas avant 2025
09:58 qu'on verra une forme de stabilisation
10:00 de l'inflation. Donc le gouvernement
10:02 est absolument en dessous de tout.
10:04 - Ah bon ?
10:05 - Je le dis, parce que c'est pas à coup de chèque,
10:07 de primes, dont personne d'ailleurs
10:09 comprend quelque chose, et qui ne sont pas
10:11 réclamées. Vous le savez bien, vous l'avez vu sur la
10:13 prime Essence, les gens ne veulent
10:15 pas avoir de l'aumône, ils ne veulent pas
10:17 de la charité de la part du gouvernement.
10:19 Et ça coûte d'ailleurs des milliards d'euros.
10:21 Ce qu'ils veulent, c'est pouvoir vivre de leur travail.
10:23 Donc il faut absolument une hausse générale
10:25 des salaires, tenant compte de l'inflation.
10:27 Hier, nous avions
10:29 un débat au Sénat avec Madame
10:31 la ministre en charge.
10:33 Elle nous disait
10:35 "Mais finalement, de quoi vous plaignez-vous
10:37 en augmenter les salaires de 3,5%
10:39 il y a quelques mois ? Mais ça n'est que
10:41 un tiers de l'objectif par rapport
10:43 aux années précédentes. Donc non,
10:45 il y a un problème magnifique d'augmentation des salaires.
10:47 - Oui, mais ce que vous répondent certains
10:49 spécialistes, c'est que si vous augmentez les salaires,
10:51 mécaniquement, vous allez
10:53 aller dans cette spirale de l'inflation
10:55 qui va se poursuivre. - Moi ce que je sais, c'est que...
10:57 - Et que des entreprises seront en difficulté, parce qu'elles ne peuvent pas.
10:59 Elles sont déjà en difficulté.
11:01 - Je connais cet argument. Je ne dis pas qu'il faut aligner
11:03 les salaires sur l'inflation.
11:05 Je dis simplement qu'il faut une grande conférence salariale
11:07 dans ce pays, pour que tout le monde prenne ses responsabilités.
11:09 On ne peut pas
11:11 aujourd'hui considérer que quand on est
11:13 à 1 800, 2 000 euros de salaire,
11:15 on soit obligé de demander l'aumône
11:17 au gouvernement. Ça, ce n'est pas possible.
11:19 Ça crée du désespoir, ça crée de l'anxiété.
11:21 Et je le dis au gouvernement,
11:23 quand on voit les chiffres aujourd'hui, la précarité
11:25 qui augmente, il faut une prise
11:27 de responsabilité de sa part sur des mesures
11:29 globales, et pas des mesures ponctuelles
11:31 qui ne sont pas d'ailleurs toujours sollicitées par les Français.
11:33 - Donc c'est ce que vous réclamez, auprès
11:35 du gouvernement, une grande conférence salariale,
11:37 plutôt qu'une réforme des retraites.
11:39 Si je traduis un petit peu, la pécanère.
11:41 - Entre la guerre à nos portes,
11:43 la précarité qui augmente, le service public
11:45 de l'hôpital ou de l'éducation nationale qui va mal,
11:47 l'inflation que vous évoquez,
11:49 et que nous évoquons depuis
11:51 maintenant quelques instants, je pense qu'il y a
11:53 d'autres priorités que de réformer
11:55 le régime des retraites, qui n'est pas
11:57 en péril, je tiens à le dire et à le réaffirmer.
11:59 - Et comment peut-on faire justement,
12:01 en matière aussi
12:03 de produits alimentaires ?
12:05 Vous allez au salon de l'agriculture ce matin,
12:07 est-ce que la France est encore d'ailleurs une grande
12:09 puissance agricole ? - Non, nous sommes passés
12:11 du deuxième rang au cinquième rang,
12:13 les agriculteurs souffrent,
12:15 notamment les éleveurs, c'est le taux de suicide, vous le savez,
12:17 qui est le plus développé dans les
12:19 catégories socio-professionnelles,
12:21 donc c'est dramatique, les agriculteurs n'en peuvent plus
12:23 aujourd'hui, ils savent qu'ils doivent
12:25 aussi des comptes à la nation, notamment sur l'utilisation
12:27 des pesticides, donc notre
12:29 culture va mal,
12:31 et nous ne sommes plus au tout suffisant
12:33 en matière de production agricole pour
12:35 alimenter les Français. Les choses
12:37 extraordinaires, on va supprimer,
12:39 et je pense que c'est juste, des produits pesticides
12:41 par exemple pour les betteraves, mais on va importer
12:43 des produits betteraviers qui eux sont
12:45 "pesticidés" de l'étranger.
12:47 On marche sur la tête, donc
12:49 il y a une mise à plein totale à faire en la matière.
12:51 - Mais une mise à plein, mais après ça passe
12:53 par quoi ? Et notamment parce qu'il y a cette lutte
12:55 contre l'inflation, il y a eu le panier
12:57 anti-inflation qui a été évoqué,
12:59 les agriculteurs sont plutôt
13:01 réticents en disant "nous on ne peut pas produire
13:03 moins, on a des coûts..."
13:05 Quelle est votre recommandation ? - De la même
13:07 manière, quand on annonce le panier anti-inflation,
13:09 c'est une idée qui pouvait être intéressante,
13:11 mais ça fait maintenant deux mois que ça a été
13:13 annoncé, on ne voit rien venir, il y a une négociation
13:15 qui s'est tenue cette nuit d'ailleurs, dont je n'ai pas
13:17 encore les résultats entre les agriculteurs
13:19 et les industriels, donc
13:21 il faut trouver des solutions,
13:23 notamment pour les foyers les plus modestes,
13:25 mais quand même, quand vous voyez aujourd'hui
13:27 l'augmentation des chiffres
13:29 des restaurants du coeur,
13:31 22,5 ou 23% d'augmentation supplémentaire
13:33 par rapport à l'année dernière, dont
13:35 la moitié de jeunes de moins de 25 ans
13:37 vous dites quand même qu'il y a un problème
13:39 dans ce pays, et je pense que ça serait
13:41 une priorité bien plus importante encore une fois que la réforme des revenus.
13:43 - Et les distributeurs,
13:45 est-ce que vous leur demandez
13:47 de faire des efforts ?
13:49 Je pense en fait aux grandes surfaces.
13:51 C'est évident qu'aujourd'hui, il faut trouver
13:53 un accord, il faut réduire
13:55 les marges, quand vous regardez les résultats
13:57 économiques des très grands groupes, que je ne citerai pas,
13:59 mais vous voyez lesquels... - Vous venez du Nord,
14:01 où il y a beaucoup de grands groupes
14:03 qui sont originaires du Nord. - Exactement.
14:05 Vous voyez bien qu'aujourd'hui, les choses vont
14:07 parfaitement, et ça se traduit aussi, y compris
14:09 dans la distribution des dividendes
14:11 pour le CAC 40, donc l'argent,
14:13 Monsieur Roger, existe. Ce que nous
14:15 demandons finalement, c'est qu'il y ait une réflexion
14:17 globale, pour que sa répartition soit
14:19 plus juste dans notre pays. - Patrick Cannaire, un dernier mot,
14:21 parce que vous avez été ministre de la Jeunesse
14:23 et des Sports, on évoque de plus en plus
14:25 le service national universel.
14:27 Est-ce qu'il doit être rendu obligatoire ?
14:29 Y compris pour les lycéens, c'est ce qui est évoqué.
14:31 - Aujourd'hui, c'est une
14:33 petite expérience, c'est 30 ou 40 000 jeunes
14:35 par an. Je vous rappelle qu'une génération,
14:37 c'est 800 000.
14:39 Donc, vous m'expliquerez comment vous passez
14:41 de 30 ou 40 000 volontaires, à
14:43 800 000 obligés.
14:45 Je ne sais pas comment ça peut se faire. Ce que je sais
14:47 par contre, c'est que sur un plan constitutionnel,
14:49 il faudra une modification de la Constitution.
14:51 Parce que c'est une privation de la liberté.
14:53 C'est une forme de rétablissement de la
14:55 conscription. Je vous demande bien
14:57 d'intégrer
14:59 cela. Là aussi... - Vous êtes
15:01 contre, vous ? - Ah mais moi, je suis pour
15:03 donner le choix aux jeunes. Je ne suis pas
15:05 pour les caporaliser.
15:07 - Bah oui, mais alors ça ne marchera pas.
15:09 - J'étais le ministre du service civique.
15:11 150 000 jeunes,
15:13 tous les ans, font un service civique
15:15 aujourd'hui. Ils sont rémunérés pour cela.
15:17 Ils ont des droits à la retraite pour cela.
15:19 Ils sont utiles dans le secteur associatif, en particulier.
15:21 Et donc, moi, je
15:23 préfère convaincre que de contraindre.
15:25 - Le service civique, ça n'a pas l'air très bien de marcher.
15:27 - Ah bah, ça marche très bien. - Beaucoup arrêtent
15:29 parce qu'ils disent qu'ils tournent en rond
15:31 et puis d'autres jeunes qui n'y vont pas.
15:33 - 150 000 jeunes
15:35 aujourd'hui, effectuent un service civique.
15:37 Quand j'ai pris cette responsabilité,
15:39 on est au milieu du guet.
15:41 Est-ce qu'il ne faut pas aller jusque l'autre rive ?
15:43 - Il faut aller plus loin, mais pour cela, il ne faut pas se disperser.
15:45 Pour ça, pour moi, le SNU
15:47 est plutôt un gadget aujourd'hui.
15:49 Et vous verrez que
15:51 quand on voudra obliger les jeunes à le faire,
15:53 le succès sera beaucoup moindre.
15:55 - Patrick Cannaire, merci. - Merci à vous.
15:57 - Président du groupe socialiste au Sénat,
15:59 qui était l'invité ce matin, de Sud Radio.

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