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Transcription
00:00 Quand on a décidé de faire un label indépendant et de faire de la musique tout seul
00:05 et de pouvoir travailler dans le système du show business traditionnel,
00:08 c'était un choix, on s'y tient et on arrive à s'y tenir.
00:11 C'est un combat quotidien, je dirais.
00:14 Chanteur, compositeur, multi-instrumentiste de génie,
00:17 François Adjilazaro n'a pas seulement marqué l'histoire du rock français
00:19 avec ses groupes Pigalle et Les Garçons de Boucher.
00:22 Il a aussi été l'un des piliers de la scène alternative avec son label Boucherie Production.
00:27 Nous sommes au fond de Boucherie Production.
00:30 Le fond, ça rime avec accordéon, mais comme beaucoup de gens le savent,
00:33 Boucherie Production, c'est pas que de l'accordéon, c'est de la guitare saturée,
00:37 c'est plein de sortes de musiques diverses, ça va du piano au synthé, il n'y a pas de limitation.
00:42 C'est beaucoup ce qu'on appelle des merdes, il faut bien le dire.
00:45 Des idées, on a créé plein de choses, par exemple un journal.
00:50 Ce journal s'appelle l'écho des côtelettes,
00:51 où plein d'opérations, des concerts, des tas de choses,
00:54 qu'on arrive à tenir le coup.
00:56 En un peu plus de 15 ans, il a lancé de nombreux groupes indépendants comme la Manon des Gras,
01:01 en portant une certaine vision de la scène musicale,
01:07 à rebours des considérations mercantiles des grandes maisons de disques.
01:10 C'est ça que les majeures compagnies essayent surtout de faire,
01:12 c'est-à-dire d'isoler les groupes, signer un maximum de groupes,
01:15 en sachant qu'ils vont garder deux ou trois, qui vont pousser à la starification,
01:19 les autres vont tomber d'eux-mêmes, et derrière eux va tomber aussi le mouvement rock.
01:22 Populariser le rock, c'est pas en faire brusquement un produit
01:25 et le balancer dans le public comme ça,
01:27 c'est amener le public lui-même à considérer que le rock'n'roll existe
01:30 et qu'il s'y intéresse, etc.
01:32 C'est le phénomène inverse qu'il faut faire.
01:34 Avec ce label, il fait vivre des genres musicaux originaux, hybrides,
01:37 parfois inclassables, ce qui implique de prendre des risques.
01:40 Je vais vous donner un exemple de ce que je me suis fait.
01:44 Ce que je fais, c'est un poster, d'abord c'est un poster de la télévision
01:50 qui est un peu les soirées de Kouign-Arthéon, un peu le underground.
01:53 Il n'y a pas de capacité pour les rappeurs d'entrer dans le underground,
01:56 c'est un peu comme les gens de la télé.
01:58 Les thèmes qu'on a en dehors n'ont pas de musique aussi,
02:00 donc le problème avec les rap, c'est qu'on est tous en même temps seul.
02:02 C'est pas que dans le taxi, ils parlent de cyber,
02:05 ils parlent de problèmes, du coup, il faut gérer ça, il faut faire son profil.
02:07 Et ça c'est plus des choses qui sont acceptées au jour,
02:10 tu sais, des cinq minutes d'heure.
02:11 Et c'est ça qui fait que, pour moi, il était compliqué.
02:13 On n'est pas dans ce cadre-là, on était trop loin,
02:16 c'était un travail à trop long terme.
02:18 Et en court terme, on s'est rendu par exemple,
02:20 on se dit "ah, ce matin-là, j'ai une carte à 10 000,
02:22 quelqu'un va venir me suivre,
02:23 je vais me sécurer une édition,
02:24 je vais faire la quête, on me sert beaucoup d'argent sur ce disque-là,
02:27 et on s'est rendu par exemple,
02:28 on s'est rendu au fond d'ici un jour avant de passer au tour.
02:30 15 jours.
02:31 On se fait un album, 15 jours, on a fini,
02:32 on a vu le plan, et puis 15 jours, l'album était au tour,
02:35 on a reçu le plan, on a fait un album, on a fait un album,
02:35 On peut dire détruit.
02:36 Si Boucherie Productions ferme au début des années 2000,
02:41 il aura tracé le sillage pour d'autres labels français indépendants
02:43 qui ont éclos après.
02:44 [Musique]

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