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00:00Mais d'abord, Catherine Ney est avec nous, bonjour Catherine.
00:02Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04Alors Catherine, François Bayrou a évité la censure hier, alors est-ce que c'est bien joué ?
00:08À vrai dire, il ne risquait pas grand-chose,
00:10puisque le RN avait annoncé qu'il ne la voterait pas.
00:13La surprise est que les socialistes sont abstenus,
00:15ils ont tourné le dos au nouveau Front Populaire.
00:18Est-ce que c'est un tournant politique ?
00:19Voire. En tout cas, François Bayrou rayonné en quittant l'hémicycle, heureux.
00:24D'abord, il a trouvé le rôle de sa vie en arrachant avec une grosse colère sa nomination au président,
00:28même pas peur.
00:29Là, il va pouvoir souffler jusqu'au 15 février, date prévue pour la présentation du budget.
00:34On tremble déjà, alors est-ce un sursis ? On va voir.
00:37Bon, en tous les cas, il a déjà imposé son style, indifférent à son look,
00:42sûrement fâché avec son coiffeur, il n'est pas un orateur, se perd dans ses notes,
00:46et donne une image volontairement brouillonne et artisanale
00:48pour un discours de politique général si général,
00:51où il a évité les mots qui fâchent, mais ouvert les discussions dans les couloirs de l'Assemblée.
00:56Vous voulez dire que le Premier ministre, en fait, fait de la politique ?
00:59Oui, à l'ancienne, guidé par ses gènes de paysans du gaffe de peau,
01:02capable de négocier pendant trois jours et trois nuits pour s'accorder sur le prix de la bête,
01:06il a fait ça dans sa jeunesse, mais oui.
01:09Il se veut aussi l'héritier d'Enrica, dont il a signé une biographie,
01:12son idole, roi de la réconciliation de la France et de la Navarre,
01:16au prix de l'abjuration de son protestantisme.
01:19Mais Paris vaut bien une messe, disait-il, et bien Matignon vaut bien 3 milliards,
01:24prix payé en concession, annulation et abandon d'économie,
01:28pourtant prévu dans son discours de politique générale.
01:30Mais il n'a pas cédé aux socialistes qui demandaient une suspension de la loi sur la retraite.
01:36Le mot a été évité, il a accepté de réouvrir la discussion, elle commence aujourd'hui,
01:40il réunit les partenaires sociaux, il a promis que le Parlement aurait le dernier mot,
01:44l'âge de départ n'est plus un tabou, il est donc prêt à céder un peu, beaucoup, on verra.
01:50Olivier Faure, lui c'était presque hier le héros de la fête, quel courage !
01:55Ah oui, lui aussi, avec ses allées et venues depuis trois mois entre l'Elysée,
01:58Matignon, Bercy, lui aussi a le rôle de sa vie.
02:01Pour la première fois, il avait fait le 20h de TF1,
02:04jusqu'au bout on a pensé qu'il voterait la censure,
02:07c'était d'ailleurs bien son intention ainsi que celle de Boris Vallaud.
02:11Mais voilà, les deux tiers des 66 députés socialistes ont dit non,
02:15ils venaient de leur circonscription, ils ont entendu leurs électeurs,
02:18deux tiers des sympathisants socialistes sont contre la censure,
02:22ils en ont marre du chaos, et puis les derniers sondages,
02:25dans les villes où les maires sortant sont socialistes,
02:27se révèlent pour eux très favorables et donc pas si dépendants que ça du vote des LFI.
02:31Et donc devant ce tir de barrage, Olivier Faure a fait marche arrière toute.
02:35Eh oui, je suis leur chef, je les suis.
02:37Dans ses explications, attention, il n'a pas dit oui à François Bayrou,
02:40en expliquant qu'il restait bien dans l'opposition
02:43et qu'un vote de censure était toujours possible.
02:46Mais il a aussi fait la liste de tout ce qu'il avait obtenu du premier ministre.
02:50Oui, je n'ai pas la négociation honteuse, a-t-il dit.
02:53Il n'empêche, en ne votant pas la censure, il a dit non au tyran Mélenchon,
02:57héron avec le nouveau front populaire qu'il avait pourtant imposé
03:01à la frange sociale-démocrate de son groupe, qui d'un coup semble s'être beaucoup élargie.
03:05Et s'il a rompu avec le jutsu bouddhiste, c'est bien dans son intérêt,
03:08parce qu'en mai prochain, il remettra son mandat de premier secrétaire au Congrès socialiste.
03:13La dernière fois, il l'avait vraiment emporté de justesse.
03:16Mais si cette rupture entre les socialistes et le NFP était durable,
03:20elle ouvrirait une autre perspective à François Bayrou.
03:23Oui, le premier ministre ne serait plus dans les mains du Rassemblement national.
03:27Parce que si Marine Le Pen a voté la censure avec les LFI,
03:30sans les socialistes, pour rater la présidentielle,
03:33il n'y aurait cette fois pas le nombre suffisant pour le débarquer.
03:36On comprend mieux d'ailleurs la grande nervosité des intervenants du RN,
03:40Jean-Philippe Tanguy, Sébastien Chenu,
03:43on se montre très préoccupés dans le parti de la part de la popularité de Bruno Retailleau,
03:48qui disent-ils, mange dans notre gamelle.
03:50Et si le RN était finalement le grand perdant de cette censure,
03:54qu'il a votée la censure de Michel Barnier en décembre.
03:57Ça c'est vraiment intéressant.
03:58On suit ça, semaine après semaine, avec vous, Catherine Ney, sur Europe 1. Merci beaucoup.