[NOUVEAU] Avec la grossesse et l’accouchement qui mettent le corps à rude épreuve et d’autre part l’arrivée d’un bébé qui exige beaucoup de temps et d’attention... comment faire pour retrouver une vie sexuelle épanouie ? Dans le sixième épisode de Sage-Meuf, le podcast qui raconte la folle aventure de la naissance, Anna Roy, sage-femme depuis dix ans et chroniqueuse dans "La Maison des maternelles" sur France 4, vous parle vagin, clitoris et périnée, un muscle méconnu et pourtant vecteur de plaisir. Elle donne aussi la parole à Claire, l'une de ses patientes qui s'est posé dix mille questions sur la façon de vivre sa sexualité une fois devenue mère.
Écoutez le podcast Sage-Meuf sur vos plateformes d’écoute :
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NewsTranscription
00:00 Bonjour, avant de retrouver votre podcast, je voulais vous parler d'un autre podcast européen.
00:04 Il s'appelle "Sage Meuf".
00:06 Il parle de la maternité avec des témoignages de jeunes parents et tous les conseils pour gérer au mieux l'arrivée d'un bébé.
00:12 En plus, à chaque écoute de "Sage Meuf", Carrefour s'engage à verser un don pour soutenir le Collège National des Sages-Femmes de France.
00:19 Avec les marques Carrefour Baby et Tex Baby, Carrefour accompagne les bébés au quotidien.
00:24 Des produits alimentaires et d'hygiène, du textile, de l'équipement, avec Carrefour, on a tous droit au meilleur.
00:30 Et surtout les bébés ! Allez maintenant, place à votre podcast !
00:34 La reproduction, ce n'est pas seulement l'acte qui va permettre la survie de l'espèce, c'est aussi un acte de plaisir, vous le pensez ?
00:45 Hé, gâteau trou !
00:50 Voilà comment des potes me hailaient au cours de mes études.
00:53 Quelle classe !
00:54 Et voulez que je vous dise le sens de "gâteau trou", cette raillerie ancienne et ergotique ?
00:59 Eh bien ça veut dire sage-femme.
01:01 Une sage-femme serait une femme qui gâte à un trou, je vous laisse imaginer.
01:05 Ça me laissait circonspect et ça me vexait aussi un peu.
01:08 Au fil des années, mon savoir académique comme mon expérience clinique m'ont confirmé que le sexe féminin n'avait rien, mais alors rien du tout d'un trou.
01:18 En préambule de cet épisode et pour mettre fin à cette croyance absurde, j'aimerais que l'on fasse une sorte de voyage à la découverte de ce fameux entrejambes.
01:26 Pourquoi ? Tout simplement parce que j'ai remarqué une chose.
01:29 L'accouchement et ses suites est encore pour beaucoup de femmes le moment où pour la première fois de leur vie elles observent leur sexe.
01:36 Pour ne pas passer à côté de cette rencontre et en savourer la richesse, je vous propose donc un voyage.
01:41 Et vous messieurs, si vous m'écoutez, continuez et vous apprendrez aussi des trucs, je vous le promets.
01:46 Commençons par l'extérieur.
01:48 Regardez votre vue.
01:49 Pour ça, vous prenez votre mireminou.
01:52 C'est le nom du miroir qui lui est réservé.
01:54 Enfin bon, c'est comme ça que je l'appelle.
01:56 Évidemment, n'importe quel miroir fera l'affaire.
01:59 C'est bon, vous êtes équipés et vous êtes dans un endroit où personne ne viendra vous embêter ?
02:04 Alors on y va.
02:05 On commence par le haut.
02:07 Là, il y a le mont de Vénus ou le mont du Pubis où naissent les grandes lèvres.
02:12 D'ailleurs, à cet endroit, il y a des poêles.
02:13 Alors vous faites ce que vous voulez, mais je me permets de vous faire deux mises en garde.
02:17 La première, c'est que c'est vraiment super, super dommage de faire une épilation à laser définitive.
02:22 J'ai vu des femmes qui ont fait ça et qui doivent à vie se mettre des crèmes sur ordonnance.
02:27 Bonjour les regrets, je vous laisse imaginer.
02:29 Et la deuxième, c'est au sujet des teintures.
02:31 Là encore, pourquoi pas ?
02:33 Mais sachez que c'est bourré de cochonneries ou en tout cas dans la plupart des cas.
02:36 Et qu'il faut faire très attention car la zone est tout près de la muqueuse.
02:39 En dessous, vous pouvez voir ce que l'on appelle habituellement le clitoris.
02:44 Mais en fait, ce n'est que le capuchon clitoridien qui abrite le gland du clitoris.
02:50 C'est-à-dire seulement la partie émergée de l'iceberg.
02:53 Je vous laisse regarder à quoi il ressemble.
02:56 Il est différent chez toutes les femmes.
02:58 On n'a pas toutes le même lobe d'oreille.
03:00 Pourquoi voudriez-vous qu'on ait toutes les mêmes clitoris ?
03:03 De chaque côté du capuchon clitoridien partent les petites lèvres.
03:08 Elles sont recouvertes, en partie ou complètement, par les grandes lèvres.
03:12 Là encore, comme pour le lobe d'oreille, on n'a pas toutes la même vue.
03:16 Et c'est super comme ça !
03:18 Si nous avions tous le même visage et les mêmes jambes, avouez que ce serait nul et même flippant.
03:23 Dit ça, j'ai une arrière-pensée.
03:26 C'est que je suis énervée de voir qu'il y a des femmes qui subissent des interventions chirurgicales
03:30 pour se conformer à l'image prônée par les industriels de la pornographie
03:34 qui donne actuellement trop le « là » sur ce que doit être une belle vulve.
03:39 Sous le gland du clitoris, entre les deux petites lèvres,
03:42 on a d'abord le méa-urétérale ou urinaire,
03:45 c'est-à-dire le petit orifice à travers lequel l'urine s'égoutte.
03:49 Et juste en dessous encore, le fameux vagin, dont on ne voit rien,
03:54 en tout cas certainement pas l'intérieur,
03:56 parce qu'il est fermé par ses parois, contrairement à ce que nous montrent tous les livres d'anatomie.
04:02 Si c'est ouvert et que vous voyez l'intérieur, c'est pas grave du tout,
04:06 mais ça vaut quand même le coup de consulter une sage-femme pour faire un petit bilan périnéal.
04:09 Je le martèle, le vagin n'est pas en trou.
04:13 Sous le vagin, les lèvres se rejoignent à nouveau,
04:17 et pour finir un peu plus bas, il y a l'anus, qui ne fait d'ailleurs pas partie du sexe féminin.
04:21 Vous trouvez ça complexe ? On n'a même pas fait la moitié !
04:25 Allons voir ce qu'il y a sous la peau.
04:27 Voyons à quoi ressemble la partie immergée du clitoris, qui est de loin la plus grande,
04:32 car ce sacré organe fait entre 7 et 10 cm.
04:36 On a d'abord le corps du clitoris, qui est dans la prolongation du gland,
04:40 puis l'organe se divise en deux à droite et à gauche,
04:43 puis encore en deux sous les petites lèvres et de part et d'autre du vagin.
04:46 C'est une sorte d'animal à petite tête et à quatre grosses pattes.
04:50 Pour en savoir plus et voir concrètement à quoi ça ressemble,
04:53 allez voir le site clitinfo.com/audilefillot.
04:56 Vous ne serez pas déçus, vous pourrez même y trouver un endroit
04:59 pour commander un clitoris en trois dimensions.
05:03 Voici maintenant le tour de l'inénarrable "The Famous Périnée".
05:10 C'est un groupe de muscles, en fait pas que,
05:12 qui ferme le bassin de haut en bas et de droite à gauche.
05:16 Il y en a partout, superficiellement, profondément et de tous les côtés.
05:20 Et ces muscles peuvent être contractés de façon volontaire,
05:23 exactement comme un biceps ou un quadriceps.
05:26 Et puis, dans ou autour du vagin, il y a tout un système
05:29 qui fait la lubrification vaginale.
05:31 Et même une colonie de bactéries qui y vivent et qui gèrent l'auto-nettoyage.
05:35 Car oui, le vagin est propre.
05:37 C'est maintenant clair, le sexe féminin n'est pas un trou, sale de surcroît.
05:42 C'est QFD !
05:44 C'est choquant parce que d'abord, une femme enceinte,
05:48 ça n'a jamais un physique très joli et c'est pas la peine de la révéler au public.
05:52 Je trouve.
05:53 On est bien content de les avoir et puis,
05:56 s'il fallait en avoir un autre, je l'accepterais pareil.
05:59 La France est championne d'Europe en matière de natalité
06:02 avec pratiquement deux enfants en moyenne.
06:04 Dans la salle d'attente, les jeunes papas s'interrogent.
06:07 La présence d'une personne qui peut apporter de l'amour, en quelque sorte,
06:11 comme on peut le faire la sage-femme.
06:14 C'est nous qui tenons les maternités, il ne faut pas perdre sa jus.
06:17 C'est vraiment la sage-femme qui tient la maternité.
06:19 La maternité est toujours une source de stress pour les femmes.
06:22 On va toutes être dépressives.
06:24 Je vais vous ouvrir les portes de ma maison, de mon hosteau
06:26 et des appart' des couples que j'accompagne en ville
06:29 pour vous raconter mon histoire, leurs histoires, sans phare et sans tabou.
06:33 Je veux témoigner de l'expérience humaine la plus folle de l'existence,
06:36 la naissance, la plus grande des déflagrations.
06:39 Et dans cet épisode, je vais vous parler de la sexualité
06:42 ou comment la venue d'un enfant complexifie la complexification inouïe
06:46 qu'est la sexualité humaine.
06:48 On va essayer de détricoter et de discuter.
06:51 Et si cela vous aide et éclaircit votre horizon,
06:54 alors vous m'en verrez ravie.
06:56 Je m'appelle Anna Roy et je suis sage-meuf, comme j'aime tant le dire.
06:59 Bienvenue dans Sage Meuf.
07:01 Vous avez vu comme c'est complexe et passionnant le sexe féminin ?
07:11 Eh bien la sexualité, c'est pareil.
07:13 Complexe et passionnant.
07:15 Commençons par éliminer une idée simpliste.
07:17 Celle qui voudrait que la sexualité se limite à l'introduction d'une verge dans un vagin,
07:22 donc entre un homme et une femme.
07:25 Même le Larousse nous indique que c'est plus vaste. Je lis.
07:28 La sexualité est l'ensemble des diverses modalités de la satisfaction sexuelle,
07:33 que vous soyez donc en couple avec une femme ou avec un homme.
07:37 On en est donc là.
07:40 Et paf ! On colle par-dessus l'enfantement,
07:42 où le sexe féminin est sur-sollicité,
07:45 et les seins aussi, et même le corps tout entier,
07:47 comme on l'a vu dans l'épisode précédent.
07:49 Pour évoquer ces sujets, je suis avec Claire, une de mes patientes.
07:53 Elle a donné naissance à un très beau petit garçon il y a 4 mois,
07:56 et elle a un compagnon qui est aussi le père de son enfant.
07:59 Et vraiment je la remercie, car venir parler d'un tel sujet,
08:02 au moment où elle est en train de le vivre, c'est vraiment archi sympa.
08:05 Je vous préviens, l'interview a été enregistrée par téléphone pendant le confinement,
08:09 si le son est un peu bizarre, c'est normal.
08:12 Pour elle, les questions ont surgi pendant la grossesse,
08:15 et elles concernaient d'abord l'image qu'elle avait d'elle.
08:17 Je la laisse vous expliquer.
08:19 Alors en fait, c'est comme si j'avais senti forcée sur moi,
08:25 une espèce de dualisme affreux de la maman et la putain.
08:29 Disons que j'étais la putain avant la maternité,
08:35 j'étais encore la putain au début de la grossesse.
08:39 Et puis petit à petit, les rapports se sont espacés,
08:44 et pour moi ça a été une violence.
08:46 Je me suis dit "mince, c'est la maman qui prend le dessus".
08:49 Et puis je n'avais pas du tout envie de vivre, d'accepter cette espèce de dualisme.
08:56 Et ils se sont espacés de ton fait ou du fait de ton amoureux ?
09:00 Non, du fait de mon compagnon.
09:03 C'est pour ça que ça a été un peu une violence pour moi.
09:07 J'ai eu l'impression qu'on me forçait à rentrer dans cette espèce de dualisme,
09:11 alors que moi j'avais envie de tenir les deux personnalités ensemble,
09:16 les deux pôles ensemble, et la maman et la putain.
09:20 Et puis je pense qu'il y a de son côté, de son fait,
09:24 une dimension protective qui a pris le dessus.
09:29 Et la violence dont je parle, du schéma un peu binaire,
09:33 je pense qu'il l'a vécue lui aussi.
09:36 Je ne sais pas quel est l'équivalent de putain pour les hommes,
09:39 peut-être qu'il n'y en a pas,
09:41 mais je pense que lui aussi a vécu cette polarisation père et gigolo.
09:47 Ce n'était pas du tout un dégoût du corps de femme enceinte,
09:52 je peux en certifier quand même.
09:54 Ce truc de la maman et la putain,
09:57 qui justifie certains comportements du type
10:01 "Ah non, moi je vais voir ailleurs parce que ma femme est devenue maman"
10:04 ou alors "Ah non, mais moi je ne couche plus avec mon amoureux parce que je suis devenue mère"
10:08 chez les uns ou chez les autres,
10:10 est un fucking mythe justificateur qui n'a aucune raison de perdurer.
10:15 Et je tiens à ajouter que les femmes ont longtemps et largement souffert le martyr
10:19 à cause des stigmates laissés par l'accouchement,
10:22 et ça rendait les rapports sexuels avec pénétration quasi impossibles.
10:25 Aujourd'hui c'est beaucoup moins le cas.
10:27 Donc, vous l'aurez compris, cette question m'agace.
10:29 Ne vous laissez pas avoir par ce discours.
10:31 Il n'y a aucun problème à avoir une sexualité épanouie et jouissive,
10:34 pour vous, tout en étant mère.
10:36 Heureusement, Claire s'est sorti ça de la tête,
10:38 et elle a fait le choix de dédramatiser cette période de sa vie sexuelle.
10:41 C'est un bouleversement mais qui ne doit pas du tout être dramatique.
10:45 Et pour que ça ne soit pas dramatique, c'est mettre des mots.
10:49 Mettre des mots dans le couple, mais ne pas mettre un mot hors du couple.
10:53 Ne pas aller chercher sur internet
10:56 le mot de sécheresse, ou le mot de vaginisme,
11:01 ou le mot de autre chose.
11:04 Par contre, mettre des mots dans le couple,
11:07 quand on met des mots, on se raconte une histoire.
11:11 Et une histoire, c'est un développement narratif.
11:14 Ça laisse le champ à du changement.
11:20 C'est une sexualité qui est changeante,
11:22 qui n'est pas la même au début de la grossesse,
11:26 qu'à la fin de la grossesse,
11:28 qu'au tout début après l'accouchement,
11:32 ni non plus quatre mois après l'accouchement.
11:34 Et j'ai bon espoir que dans trois mois,
11:36 si on en reparlait, ça serait encore une chose bien différente,
11:40 sans parler du futur rayonnant qui m'attend.
11:44 Alors allons-y.
11:45 Mettons des mots, comme Claire le fait avec son compagnon,
11:48 et pas un mot.
11:49 D'abord, il y a cette question de la reprise des rapports.
11:51 Quand ? Comment ?
11:52 C'est une histoire personnelle et intime.
11:55 Après l'accouchement, très vite, j'ai senti en moi
12:00 comme le feu qui crouvait sous la cendre un petit matin.
12:05 C'était très agréable.
12:07 J'ai senti cet espèce de petit crépitement interne
12:09 qui m'a fait dire « Oh oh ! »
12:11 Ce serait peut-être le moment,
12:12 un désir différent de celui que j'avais pu avoir
12:15 pendant la grossesse.
12:17 Le fait est que c'était très rapproché de l'accouchement,
12:24 donc je n'avais pas encore pu reprendre une méthode contraceptive.
12:30 Donc, il ne s'est rien passé.
12:32 J'ai attendu les trois semaines pour pouvoir prendre la pilule.
12:39 Ensuite, j'ai l'impression que la pilule m'a mis un peu un coup de massue
12:45 sur ce petit désir naissant.
12:49 Donc, il ne s'est rien passé avec mon compagnon.
12:54 Et quand je suis allée voir la gynécologue,
12:56 le premier examen gynécologique,
12:59 je n'avais pas du tout d'appréhension,
13:01 mais elle a eu un peu de mal à faire son examen.
13:05 Donc, elle m'a dit « Ça doit être une espèce de défense de votre corps
13:11 après le pseudo trauma de l'accouchement. »
13:14 Parce que finalement, je n'ai pas eu un accouchement traumatique.
13:18 Et la reprise de la sexualité s'est faite.
13:23 Elle se fait encore, la reprise d'ailleurs.
13:26 On est à quatre mois de l'accouchement maintenant.
13:28 Petite pause.
13:29 Je voudrais vous faire une confidence sur le sujet.
13:32 Tout le monde sous-entend que la reprise de la sexualité égale
13:35 reprise des rapports sexuels avec pénétration vaginale.
13:38 Je ne sais pas si c'est typiquement français, il faudrait chercher.
13:41 Mais les anglo-saxons font la différence et on le verra tout à l'heure.
13:45 Quoi qu'il en soit, Claire et moi, on est tombés dans le panneau.
13:48 On a parlé de la reprise des rapports avec pénétration,
13:51 sans même penser au reste.
13:53 Je m'en suis rendue compte en écrivant ce texte.
13:55 Je l'ai donc recontacté pour lui demander ce qu'il en était
13:58 de la véritable reprise de sa vie sexuelle.
14:00 Et je vous lis son texto.
14:02 On a effectivement tout fait tourner autour de la pénétration dans l'entretien.
14:06 Ça reflète un peu la réalité de la reprise de ma sexualité,
14:09 même si, du fait de la difficulté de la pénétration les toutes premières fois,
14:13 on a "fini" par faire des câlins avec l'échouillage généralisé.
14:18 La pénétration restait quand même le but, et pour moi,
14:20 l'étalon qui permettait de juger du retour d'une sexualité "normale".
14:24 Tout simplement parce que ce n'est pas mon clitoris qui a été éprouvé
14:27 par le passage d'un gros bébé, mais bien le vagin dans toute sa longueur.
14:31 Ce n'est donc pas que par phallocentrisme, mais quand même un peu.
14:34 Trois petits points.
14:36 Ce qui préoccupe Claire, vous l'aurez compris,
14:38 c'est la reprise de toute la palette de ses rapports sexuels,
14:40 dont la pénétration.
14:42 Disons que la première fois, j'étais en train de faire la rééducation du périnée,
14:51 donc j'ai été absolument galvanisée par le "diagnostic"
14:57 que la sage-femme avait porté sur mon périnée.
15:01 Donc je me suis dit "Oh là là, tout feu tout flamme, ça va être génial".
15:04 En revanche, ma sexualité n'a pas du tout été à la hauteur de la réputation de ce périnée.
15:11 C'est-à-dire qu'on s'est retrouvés pour une pénétration sexuelle
15:17 avec lui qui a peut-être réussi à s'introduire d'un demi-centimètre en moi.
15:26 Mon compagnon me disait "Là je me sens comme un adolescent de 15 ans
15:31 qui a envie d'aller tout de suite droit au but".
15:35 Donc il ne l'a pas fait évidemment.
15:37 Et je lui ai dit "C'est parfait parce qu'en face de toi, tu as une adolescente de 15 ans,
15:40 une vierge effarouchée, ça ne rentre pas du tout".
15:43 Donc on en était là, c'était la première fois.
15:47 Et puis il y a eu d'autres tentatives espacées dans le temps.
15:54 Et puis on a donc récemment réussi à faire rentrer tout son pénis à l'intérieur de tout mon vagin.
16:02 Et pour décrire les sensations,
16:09 je crois que c'est dans "Knock" de Jules Romain où il y a le médecin qui demande
16:16 "Est-ce que ça vous gratouille ou est-ce que ça vous chatouille ?"
16:19 Alors je répondrais "Comme dans la pièce de théâtre, ça me gratouille".
16:23 Ça me chatouille peut-être un peu aussi, mais ce n'est pas vraiment ni du lard ni du cochon.
16:28 On est encore loin de retrouver les sensations d'avant l'accouchement ou d'avant la grossesse d'ailleurs.
16:35 Souvent, vous attendez de moi que je vous donne un délai, une date.
16:41 Eh bien je m'y refuse absolument.
16:43 Toutefois, pour ne pas vous laisser seule, j'aime bien vous donner les résultats d'une étude de février 2013
16:48 par McDonald & Consorts, parue dans Bjog, une revue internationale de gynécologie obstétrique,
16:54 qui vous déculpabilise furieusement et qui vous détend sur la question.
16:57 Cette étude dit quoi ?
16:59 Elle nous dit qu'entre 5 et 6 semaines après l'accouchement,
17:02 seulement 41% des femmes ont repris les rapports sexuels avec pénétration vaginale
17:07 et 53% ont repris une activité sexuelle.
17:10 Ce n'est pas beaucoup une femme sur deux.
17:12 Entre 9 et 12 semaines, on compte 65% de femmes qui ont repris les rapports sexuels avec pénétration
17:18 et 73% pour l'activité sexuelle.
17:21 Et il faut attendre entre 10 et 12 mois pour retrouver des taux normaux de 97% et de 98%.
17:28 Alors faites comme vous voulez et comme vous pouvez, discutez-en en couple
17:32 et surtout n'oubliez pas que c'est vous qui donnez le « là » car c'est vous qui avez accouché.
17:36 Et si c'est nul ou que c'est pas top ou que c'est changé, il faut essayer de savoir pourquoi et agir.
17:41 Et c'est d'ailleurs ce qu'a fait Claire.
17:43 Il y a une sécheresse vaginale que je m'explique du fait de l'allaitement
17:48 et qu'on contrebalance avec un bon gel lubrifiant acheté en pharmacie.
17:56 On utilise la moitié du pot sur monsieur et sur madame et ça fait glisser allègrement.
18:02 Je rebondis sur ce qu'a dit Claire.
18:06 Lorsque le manque de lubrification est un effet secondaire de l'allaitement ou d'une médication comme la pilule par exemple,
18:12 il n'y a pas à hésiter, servez-vous des lubrifiants.
18:14 Ne choisissez pas n'importe lequel, possiblement bourré de choses pas très bonnes pour vous.
18:18 Prenez conseil auprès d'un pharmacien ou d'un professionnel de la santé.
18:21 Il y a des femmes qui me racontent qu'elles se forcent, qu'elles serrent les dents en attendant que ça aille mieux
18:26 et que des fois cela dure des années.
18:28 Franchement, ça me tord les boyaux.
18:30 La sexualité, c'est vraiment pas pour avoir mal.
18:33 Alors ça me donne immédiatement envie d'évoquer avec vous les stigmates que peuvent laisser l'accouchement,
18:38 comme par exemple les cicatrices de déchirure ou d'épisiotomie qui concernent quand même 87% des patientes pour un premier enfant,
18:45 selon l'enquête périnatale de 2016.
18:47 Claire a eu beaucoup de chance parce qu'elle faisait partie des 13%.
18:50 Même si ça ne l'a pas empêché d'ailleurs d'avoir des douleurs sûrement dues à des micro-lésions internes.
18:55 Des difficultés de cicatrisation, c'est pas la seule raison.
18:58 Peuvent contribuer à entraîner ce qu'on appelle des disparonies secondaires.
19:02 C'est le nom qui désigne le fait d'avoir mal pendant les rapports, dans notre cas après l'accouchement,
19:06 alors qu'on n'avait pas mal avant la grossesse.
19:09 Il y a une étude anglo-saxonne de Barrett et Consort, publiée en 2000,
19:12 qui dit quand même que 62% des femmes ont mal pendant les rapports dans les trois premiers mois
19:18 et qu'il y en a encore un tiers à six mois.
19:20 C'est pas rien quand même.
19:22 Alors que faire ?
19:23 D'abord, soyez bien convaincus que promis, juré, craché, c'est pas dans la tête si cela arrive.
19:29 Trop souvent, j'entends des femmes qui s'excusent ou qui me disent
19:32 "ah non mais mon gynéco m'a dit que c'était dans la tête".
19:35 Ah ouais ? Dans la tête ? Vraiment d'entendre ça, ça me saoule.
19:39 Dans ce cas-là, vous allez chercher quelqu'un d'autre.
19:42 Pour conclure, à la tête, il faut avoir beaucoup cherché partout ailleurs d'abord.
19:46 Deux, faites-vous surveiller par une sage-femme à domicile
19:49 et prenez soin de votre cicatrice et de votre sexe dans les premières semaines qui suivent l'accouchement.
19:54 En plus, c'est remboursé à 100%, il n'y a pas de raison de s'en priver.
19:57 Trois, si vous avez toujours mal, au bout de quelques semaines,
20:00 prenez rendez-vous avec une sage-femme pour qu'elle trouve une solution.
20:03 Si c'est la cicatrice qui pêche, elle pourra vous prescrire des massages de la cicatrice
20:07 ou vous donner des conseils sur l'automassage.
20:09 Et si c'est pas la cicatrice, c'est peut-être autre chose
20:12 et elle vous prescrira les examens complémentaires nécessaires
20:15 ou elle vous adressera d'ailleurs à un sexologue si elle ne l'est pas elle-même.
20:18 Quatre, je vous rappelle quand même que, vraiment, ne vous forcez pas.
20:21 Il y a aussi des femmes qui n'arrivent plus à avoir une vie sexuelle
20:24 à cause de traumas dus à des situations de violence au cours de la grossesse, de l'accouchement ou de ses suites.
20:29 Violence conjugale, violence sexuelle ou violence gynéco-obstétricale.
20:34 Heureusement, ce n'est pas très fréquent, mais je vous en parle parce qu'il ne faut pas laisser les braises couvées.
20:39 Faut de l'aide, c'est sûr et certain.
20:41 Et une vraie aide pluriprofessionnelle, médicale, psy, sociale et judiciaire parfois.
20:46 Alors quel que soit le souci et sa gravité, vous attrapez le taureau par les cornes
20:51 et vous ne faites pas l'autruche en vous disant que ça ira mieux, en serrant les dents ou en laissant passer du temps.
20:56 Vous en parlez à votre compagnon, à vos amis, à nous, à qui vous voulez et il faudra trouver une solution.
21:01 Abordons maintenant le périnée.
21:09 On est toutes concernées, car ce périnée, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a donné du sien.
21:14 En soutenant votre bébé tout le temps de la grossesse.
21:17 Et puis qu'il a aussi été sursollicité pendant le travail et l'accouchement.
21:21 Voici donc venu le temps de sa rééducation, 6 à 8 semaines après la naissance.
21:26 D'ailleurs, c'est quand même loufoque de dire rééducation, car cela sous-entend qu'il ait été éduqué un jour.
21:32 Comme si les femmes de ce pays étaient informées.
21:34 Une étude de 2005 publiée dans la revue Sage Femme était on ne peut plus claire.
21:39 Seulement 14% des femmes avaient une vision précise de leur périnée.
21:44 Alors qu'est-ce qu'on pourrait faire ?
21:46 Je pense qu'il faudrait proposer un bilan périnéal à toutes les femmes au cours des consultations gynécologiques de prévention.
21:52 Et informer les jeunes femmes au cours des séances d'éducation à la sexualité proposées au collège et au lycée.
21:57 Le périnée est un ensemble de muscles qui ferme le bassin de haut en bas et de droite à gauche.
22:04 Sans lui, les organes de notre ventre tomberaient par terre à travers le bassin.
22:08 Voyez-le comme un hamac de soutènement.
22:10 Cet ensemble de muscles joue un rôle essentiel dans les fonctions urinaires, digestives, sexuelles et dans la reproduction.
22:17 Il participe vraiment à votre santé et comme tout muscle, il s'entretient.
22:22 Ce moment du postpartum peut donc être une chance pour vous, et je le pense vraiment.
22:29 De vous réapproprier votre périnée, voire de vous l'approprier tout court.
22:33 Claire le connaissait déjà à cause d'une vessie hyperactive.
22:36 Mais ça ne l'a pas empêché de découvrir des choses.
22:39 La rééducation s'est très bien passée.
22:43 J'avais déjà une conscience de ce périnée, mais je n'arrivais pas à le cartographier dans toute sa complexité.
22:53 Donc moi, on me disait "contracte".
22:56 Moi, je contractais.
22:58 Avec une massage femme qui m'a proposé des images.
23:01 Il y en a une, c'était celle du pont-levis et puis l'autre, peut-être que j'invente, mais moi je l'ai retenue sous le magnifique terme de goulet d'étranglement.
23:10 J'ai réussi à prendre conscience de muscles différents dans le périnée.
23:17 Il y en a un que je qualifierais de nord-sud.
23:20 En haut, en bas, c'est le pont-levis.
23:23 Et puis, ce que j'appelle le goulet d'étranglement, c'est latéral.
23:28 Au début, quand elle m'a proposé ces images, je me disais "non mais n'importe quoi, le périnée c'est un truc, je contracte ou je ne contracte pas".
23:37 Et puis très vite, j'ai quand même réussi à contracter ou latéralement ou bien en haut ou en bas.
23:44 J'ai pris conscience que la bête était plus complexe et plus riche que prévu.
23:56 Même si cela prend du temps et de l'énergie, il faut voir ces séances comme une chance.
24:00 Et pour cela, il faut bien choisir votre praticien.
24:03 Et là, je veux pulvériser la guéguerre habituelle entre les sages-femmes et les kinés.
24:08 Stop ! C'est vraiment pas une histoire de chapelle.
24:11 Il faut juste trouver quelqu'un qui connaît son sujet, c'est là la clé.
24:14 Et pour ça, il faut savoir qu'il y a deux méthodes.
24:17 Une méthode dite manuelle, qui nécessite un vrai savoir-faire, et une autre avec des sondes.
24:22 Cette méthode manuelle, c'est avec les doigts de la sage-femme dans votre vagin, ou du kiné pardon,
24:27 et c'est ce qui convient dans plus de 90% des cas.
24:29 Et c'est un travail très précis parce qu'on évalue chaque muscle, etc.
24:33 C'est vraiment un travail précis.
24:35 Et puis après, vous avez la méthode avec sonde.
24:38 Et dans la méthode avec sonde, il y a deux possibilités.
24:40 Première possibilité, c'est la méthode avec électrostimulation,
24:44 c'est-à-dire que la sonde envoie des petits courants électriques
24:47 et qui font que vos muscles réagissent, ça les réveille en quelque sorte.
24:51 Donc ça, ça peut être vraiment intéressant pour certaines femmes dont les muscles sont hyper fatigués.
24:55 Et puis, vous avez la méthode dite, toujours avec sonde, avec biofeedback,
25:00 où là, on vous met une sonde à l'intérieur du vagin,
25:02 et en fait, vous allez contracter devant un ordinateur qui enregistre les contractions.
25:07 Et ça, moi, personnellement, je n'y suis pas trop favorable.
25:11 Pourquoi ? Parce que cette sonde, elle ne sait pas dire,
25:14 "Ah, ce muscle-là, la particulier, il est fatigué, et pas l'autre."
25:17 En fait, c'est une contraction globale.
25:19 Donc ça n'a, pour moi, strictement aucun intérêt.
25:22 Ça ne vous apprend pas à travailler,
25:24 et ça ne vous apprend pas à saisir toutes les subtilités de ce périnée que j'aime tant.
25:29 Voilà, donc la conclusion de tout ça,
25:31 c'est que si on ne vous propose pas du tout de méthode manuelle en premier choix,
25:35 c'est quand même suspect, et donc vous passez votre chemin.
25:38 Alors par contre, il y a certaines femmes pour qui c'est un choix d'avoir la sonde,
25:41 pour des raisons qui leur sont propres, et je l'entends très bien.
25:44 Et dans ce cas-là, c'est évidemment possible de vous contacter,
25:46 quelqu'un pour faire du biofeedback.
25:49 Quel que soit votre âge, que vous soyez sous pilule, sous implant, ou pas,
25:54 que vous soyez enceinte, ou dans le postpartum, ou même ménopausée,
25:57 je vous conseille vraiment de faire un bilan périnéal pour votre santé urinaire,
26:01 digestive et sexuelle.
26:03 Non seulement c'est passionnant, parce que ça permet de prendre en charge
26:06 des fois suffisamment tôt des dysfonctions,
26:08 comme de l'incontinence, des hémorroïdes, une béance, ou que sais-je,
26:12 et en plus, ça vous permet des fois d'ouvrir un nouveau champ,
26:15 d'apprendre à vous servir de ce merveilleux centre du corps.
26:18 Je pense que ça va me donner envie de l'utiliser comme un accessoire,
26:27 disons, de ma vie sexuelle, quand ma vie sexuelle aura retrouvé
26:32 une forme de normalité, ou une nouvelle normalité plutôt,
26:36 parce que là, pour l'instant, on en est à essayer de faire glisser
26:39 les choses correctement, donc j'en suis pas là,
26:42 mais ça donne des idées pour le futur.
26:45 C'est peut-être pas la peine tout de suite d'aller chercher
26:48 des accessoires externes, j'en ai un en moi,
26:52 dont je pourrais me servir de manière intéressante.
26:57 Pour moi, tout ça, ce ne sont que des bonnes nouvelles,
27:00 parce que ça montre qu'on n'est jamais foutu si on a des soucis,
27:03 et que même, on peut voir sa sexualité s'améliorer
27:06 par la découverte de son corps.
27:08 Au placard, les pessimistes !
27:10 Physiologiquement, il existe des organes du plaisir,
27:13 on retrouve les mêmes comportements, je veux dire qu'après un
27:16 date sexuelle, il y a tout un phénomène physiologique chez l'être humain,
27:19 qui va des changements de rythme cardiaque, en passant par des pulsations,
27:24 qu'on retrouve chez les mammifères.
27:27 L'irruption d'un enfant chez soi est une joie sans pareil.
27:31 Toutefois, il y a des ajustements à trouver.
27:34 Retrouver le temps et l'énergie pour faire l'amour est même parfois un lieu.
27:37 C'est d'abord la grande question du timing et du minutage,
27:41 que Claire formule très bien, et qui nous a fait beaucoup rire.
27:44 Alors, ce qui me frappe du point de vue de la temporalité de la sexualité,
27:51 c'est qu'effectivement, elle a un horizon.
27:54 Et l'horizon, c'est le réveil de ce magnifique bébé.
28:00 Et donc, ça a fait rentrer la sexualité dans le temps chronologique.
28:06 Il y a quand même une montre avec des aiguilles qui avance,
28:10 et on ne peut plus être hors du temps.
28:12 On ne peut plus prendre le temps, mais on n'est plus hors du temps.
28:17 Il y aura bien un moment où le créneau arrivera à sa fin,
28:21 et donc, il faut savoir saisir l'opportunité quand elle se présente,
28:26 et on ne peut plus vraiment laisser les choses se développer avec lenteur.
28:35 Non seulement la femelle en chaleur a un fort parfum sexuel,
28:40 mais également le mâle émet aussi un fort parfum sexuel.
28:45 Concernant le bébé et le tempo qu'il nous impose,
28:48 il y a une dernière question à aborder, c'est celle de l'allaitement.
28:51 Malgré tous les bienfaits et le kiff interstellaire qu'il représente pour les femmes,
28:55 dans la plupart des cas, il occasionne aussi quand même des questionnements.
28:58 J'avais un peu peur que les seins deviennent un objet absolument...
29:06 seulement l'objet de la maman et plus celui de la putain,
29:11 pour utiliser ce dualisme que je déteste quand même.
29:14 Ce n'est pas tout à fait le cas,
29:17 mais le simple fait de dormir avec un soutien-gorge
29:22 et des espèces de serviettes hygiéniques pour seins
29:25 est quand même particulier.
29:28 Quand on commence à se caresser, à se frotter au corps de l'autre dans le lit,
29:34 j'ai ce soutien-gorge qu'il faut à un moment enlever,
29:37 donc je l'enlève, il y a ces serviettes hygiéniques de seins qui restent accrochées.
29:43 De fait, on fait plutôt l'amour après que j'ai donné le sein le matin,
29:51 parce que sinon ce serait absolument ingérable,
29:54 avec des seins surgonflés de lait et qui fuiraient de lait.
30:00 Pour moi, ce ne serait pas gérable.
30:04 Je n'ai pas un amour particulier pour ce liquide-là.
30:09 J'en ai un amour particulier quand il est réservé à mon enfant,
30:13 mais je n'aurais aucune envie que ce liquide-là,
30:16 ce lait maternel, fasse partie de la vie sexuelle
30:22 ou qu'il l'entache, dans les deux sens du mot d'ailleurs.
30:27 Sur ce point précis, il me paraît important de revenir sur la question hormonale
30:34 que Claire avait abordée auparavant.
30:37 Je vous lis un extrait d'un dossier paru en 2008 dans "À l'été aujourd'hui",
30:42 le numéro 77 de la Lecher League, une association de soutien à l'allaitement maternel.
31:09 Je ne dis pas ça pour vous inquiéter, mais au contraire pour vous rassurer.
31:12 Il y a de nombreuses femmes qui me disent
31:14 "Ah bah ça y est, Anna, c'est foutu, je suis devenue mère,
31:17 et du coup, je n'ai plus de lubrification,
31:19 je n'ai plus de désir pour mon mari, c'est foutu."
31:23 Non, en fait non.
31:24 Je leur dis "Attendez, ça va s'améliorer,
31:27 certainement peut-être même avec l'arrêt de l'allaitement."
31:29 Et c'est ce qu'elles constatent.
31:30 Alors no panic.
31:32 Après la question du temps, il y a celle de l'espace.
31:36 L'image la plus commune, c'est qu'on fasse l'amour dans son lit.
31:38 Seulement voilà, on vous recommande de faire dormir le bébé
31:41 dans votre chambre pendant 6 mois.
31:43 Et il y a aussi les couples qui ne disposent que d'une seule pièce,
31:46 et bien ils sont hyper nombreux, surtout dans les grandes agglomérations.
31:49 Alors qu'est-ce que vous pouvez faire ?
31:52 Vous pouvez exiler le bébé dans une partie de l'appart,
31:54 le temps de faire l'amour, ou faire l'amour ailleurs.
31:56 Pourquoi ne pas faire l'amour devant le bébé endormi, me direz-vous ?
31:59 Alors là, je ne sais pas, c'est juste parce que je le sens pas.
32:02 Et les psys abondent plutôt dans mon sens.
32:06 Alors, une fois qu'on a trouvé le temps et l'espace,
32:09 encore faut-il avoir l'énergie suffisante.
32:11 Et donc, avoir dormi suffisamment.
32:13 Le problème, c'est que nos amis les bébés ont une furieuse tendance
32:17 à nous foutre en l'air nos cycles de sommeil,
32:19 et que du coup on est crevés, et que du coup on a moins de désirs,
32:22 voire même carrément des symptômes dépressifs.
32:24 Pas moi qui le dit, c'est la science.
32:26 Donc, si vous choisissez de dormir au lieu de faire l'amour,
32:29 ne vous sentez pas coupable,
32:31 ou ne pensez pas que vous n'avez plus de désirs pour votre partenaire.
32:35 Au final, le bébé, c'est vrai, complexifie sacrément les choses.
32:39 Il oblige votre couple à être super créatif
32:42 pour retrouver vos espaces de liberté.
32:44 Alors rappelez-vous, prenez votre temps.
32:47 Le retour à la sexualité n'est pas une course.
32:50 Et prenez soin de vous pour avoir du temps pour vous,
32:52 et jouir comme bon vous semble.
32:54 Au cours de ces deux années, oui, je compte deux ans,
32:58 entre l'attente, l'accueil et l'installation avec un enfant.
33:03 Et des fois même parfois plus,
33:04 pour certains couples qui ont eu des difficultés pour concevoir.
33:07 Alors voilà, dans ces deux ans,
33:09 il est fort à parier que votre sexualité soit changeante.
33:12 Parfois mieux, parfois pire, parfois pareil.
33:15 N'oubliez pas que ce qui est vrai aujourd'hui
33:18 ne l'était pas hier et ne le sera pas demain.
33:21 Soyez comme Claire, hyper optimiste.
33:24 Je suis une personne très positive
33:28 et j'adore penser aux lendemains qui chantent,
33:32 donc je me dis que je vais de nouveau avoir
33:35 des orgasmes incroyables dans le futur.
33:41 Et maintenant, si j'y pense de manière plus concrète,
33:44 plus réaliste, je pense que j'aurai de nouveau des orgasmes
33:47 et qu'on aura de nouveau une sexualité épanouie.
33:50 Le fait qu'il y ait un enfant qui a des besoins
33:58 et que ces besoins soient calibrés par une horloge,
34:02 donc par le temps, fait que je suis absolument persuadée
34:07 que ma sexualité sera quand même différente.
34:10 Il y aura probablement toujours un horizon
34:16 qui viendra mettre un terme au moment
34:19 de dessaisissement de soi qui peut être celui de l'orgasme,
34:24 sauf quand on exilera l'enfant et je pense qu'on s'offrira aussi ce luxe.
34:31 On enverra un week-end chez les grands-parents,
34:35 on le mettra sur pause, on inventera un bouton "on/off".
34:39 Il y aura quelque chose à inventer pour pouvoir retrouver
34:44 de manière ponctuelle des moments de sexualité hors temps.
34:47 Mais je pense réalistiquement que ça ne sera plus la norme.
34:54 Donnez-vous du temps, discutez-en à bâton rompu.
34:57 Avouez que c'est plutôt sympa de parler de sexe, c'est le moment d'en profiter.
35:00 Soyez inventifs et faites-vous aider si vous en avez besoin.
35:03 Le champ de la sexualité humaine est vaste et joyeux, il est temps d'en profiter.
35:08 Maman j'ai rencontré un garçon, il m'accueillit une rose.
35:15 Et maintenant je voudrais des tulipes et des pensées,
35:18 des violettes, des irises, des pétunias, des bleuets.
35:22 Maintenant je voudrais des mélampires, des prés,
35:25 des gentillanes, du lilas, des orguipées.
35:28 Ce podcast a été écrit par moi, Anna Roy,
35:31 et si mon nom vous dit quelque chose, c'est peut-être que vous m'avez déjà vue
35:35 ou que vous me voyez en ce moment même dans la maison des maternelles sur France 4
35:38 où je suis chroniqueuse.
35:40 Une émission que je vous recommande évidemment.
35:42 Sagemeuf est un podcast Europe 1 Studio produit par Adèle Ponticelli.
35:46 Il est réalisé par Charlène Nouilloux.
35:48 Merci infiniment à Claire pour son témoignage
35:52 et à tous mes patients, petits et grandes, sans qui rien n'aurait été possible.
35:56 Et je voudrais aussi remercier quelques femmes qui m'ont inspirée.
35:58 Maya Mazoret, journaliste, Alice Rock, sage-femme et sexologue,
36:02 Odile Filliot, chercheuse et Camille Tesca, sage-femme.
36:05 Merci à elles quatre.
36:06 N'hésitez pas à commenter, à partager, à questionner ou que sais-je encore
36:10 sur mon Instagram @annaroy75.
36:12 Et si ce podcast vous a plu, n'oubliez surtout pas de vous abonner
36:15 sur vos plateformes d'écoute préférées et nous mettre plein d'étoiles.
36:19 Maman j'ai rencontré un garçon, il m'a fait goûter une pomme.
36:26 Et maintenant je voudrais des framboises et des citrons,
36:29 des grenades, des bananes, des nettes du Japon.
36:33 Maintenant je voudrais des pastèques et du melon,
36:36 des mandarines et des fruits de la passion.
36:39 Et maintenant je voudrais des framboises et des citrons,
36:43 des grenades, des bananes, des nettes du Japon.
36:46 Maintenant je voudrais des pastèques et du melon,
36:50 des mandarines et des fruits de la passion.
36:53 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org