[NOUVEAU] La grossesse, l'accouchement et ses suites, c’est un énorme chamboulement dans le corps des femmes. Dans le cinquième épisode de Sage-Meuf, le podcast qui raconte la folle aventure de la naissance, Anna Roy, sage-femme depuis dix ans et chroniqueuse dans "La Maison des maternelles" sur France 4, vous parle de péridurale, de césarienne, d'épisiotomie et de rapport au corps. Elle donne la parole à Sarah, l'une de ses patientes et prodigue ses conseils pour être préparée au mieux à tout ce qui peut arriver au moment et après l'accouchement.
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NewsTranscription
00:00 Bonjour, avant de retrouver votre podcast, je voulais vous parler d'un autre podcast européen.
00:04 Il s'appelle "Sage Meuf".
00:06 Il parle de la maternité avec des témoignages de jeunes parents et tous les conseils pour gérer au mieux l'arrivée d'un bébé.
00:12 En plus, à chaque écoute de "Sage Meuf", Carrefour s'engage à verser un don pour soutenir le Collège National des Sages-Femmes de France.
00:19 Avec les marques Carrefour Baby et Tex Baby, Carrefour accompagne les bébés au quotidien.
00:24 Des produits alimentaires et d'hygiène, du textile, de l'équipement, avec Carrefour, on a tous droit au meilleur.
00:30 Et surtout les bébés ! Allez maintenant, place à votre podcast !
00:34 Printemps 2014.
00:39 Aude est à quatre pattes dans la baignoire d'accouchement en fin de travail.
00:42 Son mari aussi est présent.
00:44 Chaque contraction qui passe la rapproche de la naissance de son enfant.
00:48 Tous les trois, nous émettons des sons graves qui inondent la salle d'accouchement.
00:54 Tous les trois, nous sommes à l'unisson.
00:57 A chaque nouvelle contraction, je pose mes mains dans le bas de ses reins et j'appuie aussi fort qu'elle me le demande.
01:03 Ça y est, j'ai la tête d'un enfant entre mes mains, puis ses épaules et son corps tout entier.
01:09 Aude l'attrape, le saisit et le sort de l'eau.
01:12 Cet enfant ouvre les yeux et ne pousse pas un cri.
01:14 Il regarde avec un amour infini ses deux parents qui sont catapultés sur une autre planète.
01:19 Il y a de la douceur, de la joie et un immense sentiment de plénitude.
01:23 Que les femmes sont fortes et que la nature est bien faite.
01:26 Automne 2017.
01:32 Visite à domicile d'une patiente que je ne connais pas encore.
01:35 Elle a accouché il y a trois jours.
01:37 Je sonne à l'interphone et personne ne me répond.
01:39 J'attends cinq minutes, puis quinze minutes.
01:41 Et je commence à m'agacer.
01:42 Comment est-il possible de poser un lapin à une sage-femme qui vient à domicile ?
01:46 Je viens de me taper trente minutes de métro pour aller la voir.
01:49 Devant mes gesticulations et mes vociférations, la concierge finit par sortir de sa loge.
01:54 Elle m'assure que ma patiente est chez elle et que son conjoint est parti ce matin comme à l'habitude,
01:58 à cinq heures environ, car il est chauffeur de taxi.
02:01 Toutes les deux, nous montons au troisième étage et nous toquons à la porte.
02:05 Rien, pas de nouvelles.
02:08 Nous hurlons, toujours pas de nouvelles.
02:10 Je suis moi pourtant persuadée d'entendre des hurlements de bébé.
02:13 Maria, elle, n'entend rien.
02:14 Je l'appelle Maria car je ne sais pas pourquoi, mais nous avons immédiatement tissé des liens.
02:18 Elle m'appelle Anna d'ailleurs.
02:19 Nous nous regardons, nous hésitons à rentrer par effraction.
02:22 Maria n'hésite plus.
02:23 On dira que c'est de ma faute si elle n'est pas contente.
02:25 Si elle m'a passé ses clés, après tout, c'est pas pour les chiens.
02:27 J'entre dans l'appartement.
02:28 Fébrilement, je me précipite vers les cris du bébé.
02:31 Je trouve ma patiente allongée dans son lit dans une mare de sang.
02:34 Putain de merde !
02:35 Maria, vous appelez le 15 immédiatement.
02:37 Et dès que vous les avez, vous me mettez le téléphone sur l'oreille.
02:40 Je me transforme en Robocop.
02:42 Ma patiente est encore là, mais seulement à moitié.
02:44 Elle peine à nous répondre autre chose que "Hummmmm".
02:47 J'enfile une paire de gants stériles.
02:49 Je vais immédiatement voir si je peux aller retirer quelque chose dans l'utérus en attendant le SAMU.
02:53 30 minutes plus tard, je suis dans le camion, sirène hurlante.
02:57 Le bébé, lui, est resté avec Maria en attendant le retour du papa.
03:00 L'équipe de l'hôpital l'a rattrapé par un fil.
03:03 Cette hémorragie était vraiment traître.
03:06 Dans la vie d'habitude, elles ont plutôt tendance à survenir nettement plus tôt,
03:09 dans les premières heures qui suivent l'accouchement.
03:12 Elle a eu très chaud, cette femme.
03:14 Elle n'a plus d'utérus, mais elle est en vie.
03:16 La nature, quelle salope !
03:18 Et surtout, que vivent les concierges.
03:21 C'est choquant parce que d'avoir une femme enceinte,
03:25 ça n'a jamais un physique très joli.
03:27 Et c'est pas la peine de la révéler au public, je trouve.
03:31 On est bien content de les avoir.
03:34 S'il fallait en avoir un autre, je l'accepterais pareil.
03:37 La France est championne d'Europe en matière de natalité,
03:39 avec pratiquement deux enfants en moyenne.
03:41 Dans la salle d'attente, les jeunes papas s'interrogent.
03:44 La présence d'une personne qui peut apporter de l'amour,
03:48 en quelque sorte, comme on peut le faire la sage-femme.
03:51 C'est nous qui tenons les maternités.
03:53 Faut pas perdre sa vue.
03:54 C'est vraiment la sage-femme qui tient la maternité.
03:56 La maternité est toujours une source de stress pour les femmes.
03:59 On va toutes être dépressives.
04:01 Je vais vous ouvrir les portes de ma maison, de mon hosteau
04:04 et des apparts des couples que j'accompagne en ville
04:06 pour vous raconter mon histoire, leurs histoires,
04:08 sans phare et sans tabou.
04:10 Je veux témoigner de l'expérience humaine la plus folle de l'existence,
04:13 la naissance, la plus grande des déflagrations.
04:17 Dans cet épisode, je vais vous parler du corps,
04:19 de cette incroyable mécanique qui est aussi et surtout une personne, vous.
04:23 Et dans cette personne, il y a une autre personne
04:25 qui a aussi sa propre logique.
04:27 C'est une équation dingue à 30 inconnues.
04:30 Toutes les femmes accouchent différemment
04:32 et vous pouvez avoir des accouchements très différents au cours de votre vie,
04:35 suivant votre corps, votre état psychique, votre bébé et peut-être même la météo.
04:39 On va parler de votre corps, de votre rapport à vous,
04:42 d'allaitement, de crevasses, de césarienne,
04:45 d'épisiotomie, de déchirure, de son grave et même d'hémorroïde.
04:50 Cet épisode est là pour que vous soyez bien avec votre corps,
04:53 bien avec vous, pour que vous réfléchissiez en amont
04:56 à ce que vous souhaitez laisser faire ou ne pas faire.
04:59 Je m'appelle Anna Roy et je suis sage-meuf, comme j'aime tant le dire.
05:02 Alors bienvenue dans Sage-Meuf.
05:04 Je ne sais pas si ça me choque ou non.
05:13 Évidemment, c'est la nature, c'est normal.
05:17 Ce voyage au cœur du corps féminin, nous allons le faire ensemble,
05:20 comme je l'ai fait des dizaines de milliers de fois, façon examen clinique.
05:25 Du premier des cheveux au dernier des orteils.
05:27 Enfin presque, car ce podcast n'est pas une encyclopédie.
05:30 Attaquons direct par les seins.
05:32 À peine le petit ou la petite posé sur votre ventre en peau à peau,
05:36 immédiatement après l'accouchement, la question se pose,
05:39 puisque le bébé vous la pose.
05:41 Puis-je prendre ton sein ?
05:43 La réponse, évidente pour certaines, c'est oui ou c'est non,
05:47 est totalement insoluble pour d'autres, au moins dans les premiers jours.
05:50 Et d'ailleurs, pourquoi pas ?
05:51 Voici maintenant quelques conseils.
05:55 Elle était, est-elle la meilleure des solutions ?
05:58 La meilleure solution pour vous, ça, j'en sais rien.
06:01 Mais ce qu'il y a de meilleur pour le bébé, alors là, oui, et plus que jamais,
06:04 il ne faut pas mentir.
06:06 Le lait de femme est fait pour les bébés humains,
06:08 et il n'y a rien de mieux pour eux, excepté évidemment car rarissime.
06:12 Et c'est d'ailleurs bien pour cela que l'on en donne aux bébés qui sont nés prématurément.
06:16 Ce n'est pas un scoop.
06:17 Le lait de chèvre est fait pour les chevraux,
06:19 le lait de chatte est fait pour les chatons, et ainsi de suite.
06:22 Est-ce que c'est naturel de donner le sein ?
06:24 Alors là, l'histoire se complique.
06:25 Oui et non.
06:27 Mais je dirais quand même plutôt non, puisque nous sommes des humains.
06:29 Il y a plein de choses à apprendre, à s'approprier et à intérioriser.
06:33 Une chose à savoir, par exemple, c'est que le bébé tout seul calibre l'allaitement,
06:37 et il faut absolument le laisser téter à la demande,
06:39 sinon il y a un risque d'insuffisance de production de lait.
06:43 Ce qui est frappant à votre contact, c'est que les couples mère-bébé sont tous singuliers.
06:48 Tenez, pour vous éclairer, je vais vous raconter quelques visites comme ça, pêle-mêle,
06:52 et vous verrez à quel point la généralisation est impensable sur un tel sujet.
06:57 Première patiente, maman solo, comme on dit maintenant.
07:02 Sale histoire d'un sale type qui se barre pendant la grossesse.
07:05 Une nana hyper forte, genre, je sais pas comment elle fait.
07:09 Difficulté d'allaitement au démarrage à pas piquer des hannetons.
07:12 Crevasse, donc bout de sein, donc tirelet, petit bébé de 2,6 kg, qui tête moyennement bien.
07:18 Bref, cette femme se retrouve à donner le sein, à tirer son lait, à donner son lait à la seringue,
07:23 et ce, toutes les 2h30, sans aucune espèce d'aide ou de relais.
07:28 Une contrainte hallucinante.
07:30 Mais elle tient à son allaitement, c'est son choix, et elle sait pourquoi elle le fait.
07:34 Alors elle et moi, on se décarcasse pour ça, parce que c'est son vœu le plus cher du moment,
07:38 et que c'est chouette.
07:39 Et d'ailleurs, elle a réussi, et ce fut une très belle victoire.
07:42 C'est tout le contraire pour cette autre patiente, l'allaitement était aussi compliqué.
07:47 Sauf que là, tout était différent, parce qu'on sentait qu'elle n'avait vraiment pas envie.
07:52 Elle disait "je le fais vraiment parce que mon mari a été allaité,
07:55 et que ça lui tient beaucoup à cœur, que ce soit la même chose pour son fils,
07:58 mais moi en fait j'ai pas vraiment envie".
08:01 Elle pleure beaucoup.
08:02 L'arrêt de l'allaitement, quelques jours plus tard, sera d'un soulagement inouï.
08:06 Chacune a une situation particulière, je continue mes exemples.
08:09 Madeleine, elle, a souffert d'une grave hémorragie de la délivrance, et n'a pas pu allaiter.
08:14 Lucas, elle, a donné naissance à des triplés prématurément,
08:18 et elle les a allaités avec brio pendant un an.
08:21 Franchement, je ne sais pas comment elle a fait.
08:23 Ombline, elle, a une césaréne programmée 6 semaines avant la date prévue,
08:27 et j'ai insisté auprès d'elle pour que le petit ait du lait maternel,
08:30 pour la constitution de son microbiote intestinal.
08:33 Il y a des cas où l'allaitement est bel et bien une recommandation médicale,
08:36 et je peux vous assurer que c'est pas trop mon style.
08:39 Dans d'autres cas, c'est tout le contraire.
08:40 Comme pour Juliette, pour laquelle il a fallu arrêter l'allaitement
08:42 pour cause de graves dépressions du postpartum.
08:45 Juliette était dégoûtée dès que son enfant était au sein,
08:48 et elle avait besoin de plages de sommeil suffisantes.
08:51 Il valait donc mieux pour ce petit garçon qu'il soit nourri par son père au biberon,
08:54 au risque peut-être de miner la relation entre la mère et son bébé.
08:58 Telles avaient été les recommandations du psychiatre.
09:01 L'histoire se termine bien, Juliette a pu ensuite retisser une relation avec son fils.
09:05 Inès, elle, a arrêté son allaitement 3 semaines après la naissance,
09:08 pour pouvoir faire la fête à sa guise.
09:10 C'était important pour son bonheur, et il se trouve que son bonheur est important pour le bébé.
09:14 Latifa, elle, a continué l'allaitement jusqu'aux 2 ans de son fils,
09:18 alors qu'elle a de grosses responsabilités dans un ministère.
09:21 Chapeau l'artiste !
09:22 Vous voyez, comme vous êtes toutes particulières, je continue ma liste.
09:25 Il y a Fofo qui a géré d'une main de maître un allaitement mixte,
09:27 Saint-Bibron, dès la sortie de la maternité.
09:29 Et puis Lola, qui a allaité son enfant 2 ans et demi,
09:32 en même temps que son nouveau-né, et ça s'est super bien passé.
09:36 Vous l'avez compris, l'allaitement au sein est une affaire intime et singulière.
09:41 C'est absolument merveilleux si on en a envie, et c'est une catastrophe si ce n'est pas le cas.
09:46 Il faut accepter que sa mise en route soit parfois un peu longue,
09:49 et comme les conseils sont souvent contradictoires entre les différents professionnels,
09:53 prenez ceux qui vous plaisent, et laissez sur le bas-côté ceux dont vous ne voulez pas.
09:57 Il ne faut pas hésiter à se faire aider par des gens compétents,
10:00 et avec une écoute non-jugeante, et ils ne sont pas très faciles à trouver.
10:03 Ça peut être la PMI, ça peut être une sèche-femme, un pédiatre, une association de soutien,
10:08 une consultante en lactation, un groupe de parole,
10:10 mais aussi, je ne sais pas, une sœur, une maman, quelqu'un de la famille,
10:15 des collègues, pourquoi pas, ou des amis.
10:17 En tout cas, soyez bien accompagnés dans votre choix, et ne laissez personne vous juger.
10:22 Continuons notre voyage un peu plus bas, à l'utérus.
10:30 C'est un organe qui est très très très grand, et qui est aussi un organe très très très belle.
10:35 Dont la plus grande partie est musculaire, avec la capacité de se distendre de façon à laisser grandir le fœtus,
10:41 puis après de se contracter pour le sortir.
10:44 Avant de continuer, je voudrais qu'on torde le coup à des idées vraiment vraiment zarbis qui circulent.
10:49 La douleur de l'accouchement serait faite pour que la femme comprenne qu'elle est entrée dans une nouvelle phase de sa vie,
10:55 et qu'elle est en train de se faire un peu mal, et qu'elle est en train de se faire un peu mal.
11:00 Et que ça, c'est pas important, non mais tout ça c'est bullshit.
11:03 La douleur de contraction en fait, elle est géniale, je l'adore.
11:06 Parce qu'elle vous permet d'aller chercher de l'aide, et de vous mettre à l'abri.
11:09 Sinon, imaginez un peu le truc.
11:11 Vous êtes au franprix, en pleine réunion de boulot, en train de faire jouer votre rhénéoparque, j'en sais rien.
11:16 Oh merde, y'a un bébé qui surgit.
11:19 Attendez, reconnaissez que ce serait dangereux et pas pratique.
11:22 Pour vous parler de l'utérus et de ces fameuses contractions, j'ai demandé à une ancienne patiente, Sarah,
11:27 de venir au micro vous raconter ses accouchements.
11:30 Parce qu'elle parle très bien de la douleur qu'elle a ressentie.
11:32 Pour son premier, elle a eu une péridurale, et pour le second, non.
11:36 Et puis aussi parce que ça s'est bien passé.
11:39 Non, ça fait pas mal, ça fait peur.
11:43 Moi, c'est la peur qui me faisait plus mal que je pense la réalité du corps.
11:48 L'idée d'avoir mal qui fait peur.
11:52 Mais la contraction, c'est une douleur par vagues.
11:59 On a du répit entre deux contractions.
12:02 Donc on a le temps de se remobiliser, de se dire "Ah oui, peut-être qu'effectivement, là c'est ça, ça s'intensifie".
12:08 Et c'est ce repos-là, et cet effet de vague qui fait que je pense que c'est tenable.
12:15 Effectivement, ça va crescendo.
12:18 - Et quand on est à la fin du travail ?
12:20 - Quand on est à la fin du travail, j'ai eu les deux options.
12:24 J'ai eu avec rupture de poche, des os, pour le premier accouchement, et sans rupture.
12:31 Sans la rupture, c'est beaucoup plus viable.
12:35 Il y a une espèce de coussin supplémentaire.
12:41 Si vous voulez, la douleur est un petit peu plus diffuse.
12:43 Elle est là, mais elle est plus diffuse, elle est moins lancinante.
12:48 Il y a moins cet effet couteau, violence.
12:53 C'est un peu plus dans un bain, on va dire.
12:56 Et comme j'ai tout de suite percé avec Georges, la première naissance,
13:01 là j'ai vraiment senti qu'il y a un côté plus rugueux que sans la poche percée.
13:11 Effectivement, à la fin, on rentre aussi dans une espèce de trance.
13:16 On ne comprend plus trop le temps qui passe, comment il passe.
13:22 Ah oui, c'est vrai, ça fait déjà une heure.
13:25 Il y a une espèce de concentration.
13:28 Après, il y a tout un tas de choses, Anna, qui rentrent en compte.
13:33 Il y a aussi si ça se passe bien, si le col se dilate bien, si les choses vont vite.
13:39 Ça, ça motive quand on vous dit "ah oui, effectivement, après une demi-heure,
13:45 c'est dilaté, maintenant vous êtes à 8, vous étiez à 6 l'une demi-heure".
13:50 - Et ce qui était le cas. - Ce qui était le cas !
13:52 Donc là, je dis "oui, ça y est, tu y vas, c'est bon, tu peux tenir jusqu'à la fin".
13:57 Mais pour Georges, pour ma première naissance, malheureusement, j'ai un petit peu craqué à la fin.
14:02 J'ai demandé la péri parce que j'étais prise de cours.
14:05 Parce que j'étais prise de cours, je ne pensais pas que ça allait si bien se passer.
14:10 Sarah, nous le verrons, elle s'est préparée avec ces trucs à elle.
14:13 Le yoga, elle l'a aidé.
14:15 Pour d'autres, ce sera le champ prénatal, l'activité sportive, la natation, l'hypnose,
14:19 l'aptonomie, les cours classiques ou le soutien de la famille, ou tout à la fois, ou rien du tout.
14:25 En tout cas, je vous conseille quand même de ne pas venir à poil,
14:28 surtout si vous n'avez pas envie d'avoir une péridurale a priori.
14:32 Alors là, c'est la fameuse question.
14:34 Tous les gens, amis, badeaux, patients, journalistes me demandent
14:38 "Alors Anna, que pensez-vous de la péridurale ?"
14:41 Et cette question apparaît légitime, puisque certains professionnels la conseillent mordicus,
14:46 c'est le gage du bien-être maternel et de la sécurité médicale,
14:50 et que d'autres la conspuent, gage du mauvais déroulement de l'accouchement et de la déconnexion à l'enfant.
14:55 Ma réponse la voilà.
14:57 Personnellement, je ne pense rien de la péridurale.
15:00 Il s'agit d'un outil médical formidable que les femmes et les professionnels de la santé ont à leur disposition.
15:06 Point barre.
15:07 Alors quoi ?
15:08 Et bien, c'est à chaque femme de voir ce qu'elle veut, mais aussi ce qu'elle peut.
15:12 Autrement dit, il est impossible de savoir à l'avance, tant l'événement de la naissance est étonnant.
15:17 On peut se contenter d'une idée sur la question.
15:19 Je m'explique.
15:20 J'ai une patiente qui veut, mais qui ne peut pas, parce qu'elle n'a pas assez de plaquettes, par exemple.
15:24 Ou alors qui ne peut plus, parce qu'elle est arrivée trop tard.
15:27 Il y a aussi des patientes qui peuvent, mais qui ne veulent pas.
15:30 Ou qui ne veulent pas, parce qu'on l'a mis dans un bain et qu'elle se sent très bien,
15:33 et que finalement, elle a renoncé à avoir la péridurale.
15:35 Et puis il y a les patientes qui ne veulent pas, mais qui doivent,
15:38 parce qu'il faut déclencher dans certaines circonstances.
15:41 Bref, vous l'avez compris, tout est possible.
15:43 Alors, dites-nous ce que vous voulez, faites-nous part de vos souhaits, de vos hésitations,
15:47 et n'oubliez pas aussi que vous avez le droit de changer d'avis en cours de route.
15:50 Cela nous permettra, à nous, sages-femmes, je l'espère,
15:53 de faire de la médecine sur mesure et d'être au plus près de ce que vous souhaitez.
15:56 Mais sachez quand même qu'on fera comme on pourra,
15:59 en fonction des circonstances médicales de l'accouchement.
16:02 Revenons-en à Sarah.
16:04 Si elle a bien supporté la douleur, c'est parce que tout se passait bien
16:07 et qu'elle était au bon endroit, malgré l'intensité de ce qu'elle ressentait.
16:10 J'ai eu un moment donné, c'est vrai, cette sensation-là,
16:15 au moment où j'accouchais, que j'étais prise au piège dans mon corps.
16:20 Là, je ne pouvais pas faire autrement qu'accepter ce qu'il me disait.
16:29 Mais j'avais décidé bien en amont, et franchement, grâce au yoga,
16:36 ça m'a énormément aidée, cette respiration.
16:39 Je respirais et j'amenais de l'air dans mon corps.
16:43 Et à la fois, on m'avait bien dit, et j'avais bien lu,
16:47 que c'était très important de pouvoir trouver sa position.
16:52 Et il n'y a pas de position idéale quand on souffre,
16:56 quand on est en train d'accoucher.
16:59 Et je crois que c'est aussi trouver sa place.
17:03 Comment est-ce qu'on trouve sa place quand on accouche ?
17:06 C'est ça, quand on nous impose une position.
17:08 Forcément, c'est là qu'on se sent le plus emprisonné.
17:11 Je pense que cette liberté du corps, quand on accouche,
17:17 de pouvoir trouver sa position, parce qu'il y a des moments
17:19 où on est mieux comme ça, on est mieux assis, on est mieux accroupi,
17:22 on est mieux allongé, on est mieux sur le côté.
17:24 Ça dépend aussi d'une contraction à l'autre.
17:27 Et je crois que cette liberté de mouvance,
17:32 elle est très importante parce qu'elle nous aide à se positionner
17:38 en tant que future mère, en tant que future femme,
17:43 futur corps qui va accoucher.
17:46 C'est cette liberté dans ce piège.
17:49 Il faut trouver cette terre, cet oxygène qui nous envahit.
17:56 Sarah dit là quelque chose qui est fondamental.
17:59 Pour ne pas être prisonnière de votre corps,
18:01 il faut que vous soyez en capacité d'agir sur ce qui vous fait du bien.
18:05 Et pour cela, mon petit speech sur la péridurale ne suffit pas.
18:08 Parce qu'évidemment, si vous laissez une femme en travail,
18:10 allongée sur le dos, seule, dans une salle de pré-travail lugubre,
18:13 en cinq minutes, elle vous suppliera de lui poser une péridurale.
18:16 Il faut donc une sage-femme présente tout le long du travail,
18:20 et peut-être même une personne supplémentaire en cas de complications graves,
18:23 qui nécessite que la sage-femme, par exemple, s'occupe entièrement du bébé.
18:26 Une augmentation du personnel soignant empêcherait
18:29 qu'une grande partie des douleurs infligées aux femmes se transforment en violence.
18:32 Cela empêcherait que des femmes se sentent piégées dans leur corps,
18:35 comme le dit si bien Sarah.
18:37 Ensuite, il faut que les sages-femmes et les femmes aient des outils à leur disposition.
18:41 Des baignoires d'accouchement, la possibilité de prendre des postures différentes,
18:46 avoir des cordes, disposer de protoxyde d'azote, d'apprendre les sons graves, etc.
18:51 La situation s'améliore, mais ce n'est pas encore la panacée.
18:55 Mais il y a quand même des structures où il y a des efforts énormes qui ont été faits.
18:58 Il y a les maisons de naissance, il y a les salles nature,
19:00 il y a des grands centres hospitaliers, il y a l'accouchement à domicile.
19:03 En maison de naissance, le truc de dingue, c'est qu'elles ont une patiente et point barre les sages-femmes.
19:09 C'est vraiment un accompagnement à la fois sur mesure, aux petits oignons.
19:13 En plus, elles connaissent les patientes parce qu'elles les ont vues pendant toute la grossesse,
19:15 c'était la même sage-femme.
19:17 Donc laisse tomber, ça leur fait un truc de dingue.
19:19 Objectivement, les femmes sont ravies et elles ont raison.
19:22 Mais je dis attention, ça ne convient pas à tout le monde,
19:24 parce qu'il faut quand même être sûr de ne pas vouloir péridural.
19:27 Ça ne convient pas à tout le monde, mais pour certaines femmes, c'est quand même une offre supplémentaire.
19:31 Et puis il y a les salles nature, dans les maternités niveau 3,
19:33 ils font des salles nature, c'est vachement bien aussi.
19:35 Les salles nature, c'est des salles d'accouchement qui sont au sein même des salles de naissance,
19:40 où il y a tout un tas d'outils, dont les fameux outils baignoire d'accouchement, cordes, suspensions, tout ça.
19:46 Et où les femmes ne souhaitent pas avoir de péridural.
19:48 C'est vachement bien les salles nature aussi, c'est un super truc.
19:51 Et l'accouchement à domicile aussi,
19:53 mais bon, là le maillage de soins n'est pas du tout fait pour que les femmes accouchent à domicile.
19:56 C'est très bien aussi, de fait on a un accouchement privilégié.
19:59 Bref, il faut diversifier l'offre pour avoir, que les femmes trouvent ce qui leur convienne.
20:03 Donc choisissez bien l'endroit où vous accouchez en fonction de ce que vous sentez,
20:06 exactement comme l'a fait Sarah, en quelque sorte.
20:08 Alors je me souviens très bien pour mon deuxième accouchement,
20:12 puisqu'il a été totalement sans péridural, de la traversée du bassin.
20:17 Alors j'ai une amie qui a partagé son expérience avec moi,
20:22 et qui m'a dit "tu verras on parle de l'anneau de feu à ce moment là, au moment T,
20:29 quand vraiment le bébé passe,
20:33 oui il y a ce sentiment qu'il y a un homme préhistorique qui arrive et qui allume une torche devant votre vagin.
20:43 Et j'ai eu vraiment cette sensation, j'ai fait "Waah" comme ça,
20:47 c'est vrai que c'est un sentiment vraiment de brûlure,
20:52 mais pas de masse, j'ai pas l'impression, j'essayais de visualiser ce qui se passait,
20:59 j'étais à quatre pattes, mais la sage-femme me guidait et m'aidait,
21:03 parce que je sentais évidemment tout ce qui se passait,
21:06 mais elle me disait aussi "essaye peut-être de pousser à ce moment là, dans ce sens là,
21:11 essaye de cambrer plus", voilà, j'avais besoin quand même d'un guide.
21:16 Et ça m'a aidée qui est ce guide.
21:20 Pour parler du métier de sage-femme, j'aime beaucoup utiliser l'image du guide de haute montagne,
21:24 c'est un peu ça d'ailleurs que nous dit Sarah.
21:26 Et en parlant d'utérus, il faut quand même que je vous parle de la césarienne,
21:29 puisque c'est bien l'utérus qui est incisé à ce moment là.
21:33 La césarienne est une intervention chirurgicale qui permet de faire accoucher une femme
21:37 en pratiquant une incision dans l'abdomen et l'utérus,
21:40 notamment lorsqu'un accouchement par les voies naturelles n'est pas possible.
21:44 La césarienne peut être programmée à l'avance pour une raison donnée
21:47 ou décidée à la dernière minute au cours du travail.
21:50 Elle concerne environ une naissance pour cinq en France.
21:54 Alors voici les trucs essentiels que je voudrais que vous ayez en tête avant l'accouchement,
21:59 car on ne le dit pas assez.
22:01 La césarienne d'abord c'est une naissance comme une autre,
22:03 dont le résultat est toujours et encore celui de la venue au monde d'une nouvelle personne.
22:08 C'est un accouchement, ne le perdez jamais de vue.
22:10 Et réjouissez-vous, la césarienne a été inventée pour vous sauver vous ou votre bébé,
22:14 alors on peut même dire que c'est chouette.
22:17 Sachez tout de même que certaines structures peuvent avoir un taux de césarienne très très élevé,
22:22 beaucoup plus que les 20% réglementaires.
22:25 Prenez en considération ce taux lorsque vous choisissez l'endroit où vous voulez accoucher.
22:29 La moyenne, on l'a dit, c'est une naissance pour cinq.
22:32 C'est rare, mais pas tant que ça.
22:34 Ça peut donc vous arriver.
22:35 Alors mettez-vous une case césarienne dans votre tête pour être préparé à cette idée
22:39 et ne pas tomber du huitième étage sans parachute, si cela vous arrive.
22:43 Il y a une chose à savoir aussi, c'est qu'il y a un code couleur.
22:46 Et il ne faut pas en avoir peur.
22:48 Vert, orange, rouge, selon le temps que l'équipe se donne pour sortir le bébé.
22:52 Code rouge, c'est moins de 15 minutes.
22:54 Je voudrais que vous sachiez juste que ça ne veut pas dire que tout est perdu et que vous allez mourir.
22:59 Ça veut juste dire que tout le monde se mobilise.
23:02 C'est tout.
23:03 C'est très brutal, car l'équipe n'aura pas le temps de vous expliquer vraiment ses gestes.
23:06 Elle risque de parler une sorte de langage codé que vous ne comprendrez pas sur le moment.
23:10 Mais l'équipe est là pour que tout se passe bien.
23:13 Et puis, vous pourrez lui demander à posteriori ce qui s'est exactement passé.
23:17 La deuxième chose à savoir, c'est qu'au bloc opératoire, vous serez allongé nu,
23:21 les bras en croix, jambes serrées, exactement comme le Christ.
23:25 C'est absurde, mais c'est vrai.
23:27 Comme vos jambes sont anesthésiées, vos chevilles seront liées à la table pour les empêcher de tomber.
23:32 Et peut-être que vos poignets le seront aussi.
23:34 C'est le choix de l'anesthésiste.
23:36 Je ne suis pas très pour, mais en même temps, je ne suis pas anesthésiste.
23:39 Il faut savoir aussi qu'il fait très froid et que c'est plutôt désagréable.
23:42 Ce n'est pas rassurant dit comme ça, mais c'est mieux de le savoir à l'avance
23:45 pour ne pas avoir l'impression de se retrouver dans un mauvais film sadomaso.
23:49 Demandez à la sage-femme avec qui vous faites la préparation à l'accouchement de vous en dire plus.
23:53 Cela vous permettra de mieux vivre la césarienne si vous devez en avoir une.
23:57 Et puis, bien sûr, après une césarienne, vous risquez d'être plus mal dans votre corps que les autres femmes.
24:02 Comme après tout simplement une intervention chirurgicale.
24:05 Il vous faudra certainement des antidouleurs pendant environ une semaine, voire plus.
24:09 Avant de passer à la suite de l'histoire de l'utérus, je voudrais juste faire une petite parenthèse.
24:13 Je voudrais m'adresser aux femmes qui voudraient une césarienne sans raison médicale apparente.
24:17 Ne vous sentez pas rejetées et venez nous dire, nous expliquer le pourquoi du comment.
24:21 Et on verra ce qu'on peut faire.
24:23 L'histoire de l'utérus, c'est bien, elle ne s'arrête pas une fois que vous avez accouché.
24:27 Quelle que soit la façon dont vous avez accouché d'ailleurs.
24:29 Ce serait beaucoup trop facile.
24:31 Malheureusement, vous n'en avez pas fini avec les contractions.
24:33 Pensez à réclamer des antidouleurs si vous en avez besoin, parce que cela peut faire sacrément mal.
24:37 Notamment si ce n'est pas votre premier enfant, ou au cours des tétés, ou si vous avez eu une césarienne.
24:43 Sarah, d'ailleurs, elle s'est sentie trahie. Écoutons-la.
24:46 Le premier jour après l'accouchement, ce qui a été surprenant, et je n'avais pas idée de ça.
24:57 C'est au moment de l'allaitement, quand l'utérus se contracte.
25:03 Et j'avais l'impression, surtout pour le deuxième enfant, et c'est une sage-femme, une auxiliaire,
25:10 qui m'a appris ça dans la nuit, entre le premier et le deuxième jour.
25:16 Elle m'a dit "mais vous savez, plus vous aurez d'enfants, plus ces contractions utérines au moment où vous allaitez seront intenses".
25:23 Et ça, je n'avais vraiment aucune idée.
25:25 Je ne l'ai lu nulle part, pourtant je m'étais documentée, j'avais certains livres sur l'allaitement, des dictionnaires.
25:31 Et j'étais très surprise de ça, et déçue de me dire "mais je me sentais limite punie".
25:39 Je me suis dit "mais tu as accouché sans péril, et là limite tu réaccouches, tu as encore les douleurs au niveau 4-5 sur une échelle de 10".
25:48 Et j'étais pas contente, je me sentais pas du tout remerciée par la nature et par mes efforts.
25:55 Mais bon, un petit Doliprane et ça passe quoi !
25:58 Alors des fois, il faut plus que du Doliprane.
26:01 Ça peut être des anti-inflammatoires, voire même des dérivés de la morphine.
26:04 Non seulement l'utérus se contracte, avec plus ou moins d'intensité selon les femmes, mais en plus il saigne.
26:09 Beaucoup les premiers jours, plus que des règles, et nettement moins les jours d'après.
26:13 Mais cela peut quand même durer parfois plus d'un mois.
26:15 Alors trois choses. Premièrement, non, les femmes ne peuvent pas avoir un ventre plat 10 jours après leur accouchement.
26:21 L'utérus en est encore au stade de melon gros pamplemousse.
26:24 Il lui faudra 2 mois et demi pour retrouver sa taille de Clémentine Corse.
26:28 Deuxièmement, avec un gros utérus qui se contracte et pas mal de saignements,
26:32 il faut comprendre que la plupart des femmes après l'accouchement n'ont pas un ressenti corporel idéal.
26:37 Donc il faut les soutenir, être gentil et leur donner de l'aide.
26:41 Troisièmement, un conseil, choisissez bien vos protections hygiéniques.
26:44 Pas de voile micro-aérée, pas de substance bleue absorbante, pas de tampon évidemment.
26:48 Des bonnes grosses serviettes bien de chez nous, toutes blanches ou lavables, mais ça c'est quand même pas mal de boulot.
26:54 C'est à ce moment du voyage que mes amis se bouchent les oreilles lorsque je parle.
26:59 Nous voici arrivés au diptyque vulve-vagin.
27:02 Mais que voulez-vous, c'est bien du sexe féminin que sortent les enfants.
27:05 Sauf pour ceux qui sont sortis par Césarienne.
27:08 Le jour de l'accouchement, c'est un peu foufou ce qui va se passer pour cette partie du corps.
27:12 Pas besoin de vous faire un dessin au quoique.
27:14 Les tissus doivent s'étirer pour laisser passer le bébé.
27:17 Dans les tissus, j'entends le périnée, la vulve, le vagin et les structures avoisinantes.
27:22 Alors pour soulager, apaiser, éviter les dégâts, chaque sage-femme a ses petits trucs.
27:26 En veux-tu en voilà de chaud, de froid, de massage, d'appui, d'huile d'hiver, c'est évarié.
27:31 Parfois, le bébé va se contenter d'étirer simplement les tissus, et on en reste là, ou presque.
27:37 Mais parfois, l'étirement va être tel que se produisent des éraillures, ça ressemble à des griffures de chat,
27:42 ou bien même, une déchirure.
27:44 Attention, ne tombez pas à la renverse, ça n'en vaut pas la peine.
27:47 Les déchirures périnéales sont des lésions de la filière génitale
27:51 provoquées par le passage du bébé au moment de l'accouchement.
27:54 Elles sont dites du premier, second, troisième ou quatrième degré,
27:58 selon les structures qui ont été lésées, peau, muqueuse, muscles et sphincter.
28:04 Elles sont réparées avec une ou plusieurs sutures effectuées par la sage-femme ou le médecin
28:09 après la sortie du placenta.
28:11 Qu'est-ce qui fait que vous aurez des lésions ou non ?
28:14 La qualité de la peau ? Peut-être un peu.
28:16 Le poids du bébé ? Ouais.
28:18 La qualité de l'accoucheur ? Aussi.
28:20 La vitesse de sortie ? Mmh.
28:22 La position d'accouchement ? Ouais.
28:24 En réalité, un peu tout ça et rien de tout ça.
28:26 Très claire, la sage-femme.
28:28 En tout cas, dites-vous que ce n'est pas parce que vous aurez mal fait les choses que vous aurez des lésions.
28:32 Quoi qu'il en soit, pas de panique, cela se remet très bien.
28:36 À condition de se faire surveiller, cela reste quand même une plaie chirurgicale,
28:40 de bien la nettoyer, de la sécher avec douceur, de ne pas faire de mouvements violents,
28:44 tout un tas de petites précautions nécessaires.
28:47 Et l'épisiotomie, Anna, vous en pensez quoi ?
28:50 Ouh là là, le plus grand mal lorsqu'elle est faite sans réflexion.
28:54 L'épisiotomie est une incision en trois plans de la vulve, du vagin et des muscles périnéaux
29:00 faites à l'aide de ciseaux chirurgicaux.
29:02 Elle est réalisée sur le côté gauche ou droit, selon que la sage-femme ou le médecin qui la pratique est droitier ou gaucher.
29:09 Elle permet d'agrandir le passage et donc d'accélérer la sortie du bébé.
29:13 L'épisiotomie concerne 35% des naissances pour un premier enfant, enquête Périnatale de 2016.
29:19 Ce qui est nettement mieux qu'en 1999.
29:21 Imaginez-vous, 71% des femmes avaient une épisiotomie pour un premier.
29:25 Des fois, je regarde les femmes de 45-50 ans et je me demande combien d'entre elles
29:29 ont souffert, voire souffrent toujours d'un acte médical totalement injustifié.
29:34 J'exagère un peu en disant que j'en pense le plus grand mal.
29:37 Disons que nous en avons beaucoup, beaucoup trop fait et que nous en faisons toujours beaucoup trop.
29:43 Toujours est-il qu'il existe quand même une indication de l'épisiotomie.
29:46 Mais cette indication, elle est rarissime.
29:48 C'est lorsqu'il faut accélérer la sortie du bébé qui est en détresse.
29:51 Au CHU de Besançon, d'ailleurs, qui excelle dans ce domaine, les épisiotomies concernent seulement 1% des naissances.
29:57 Bref, on n'a pas le cul sorti des ronces, ou plutôt des ciseaux.
30:00 Alors vous qui m'écoutez, vous pouvez faire part de vos craintes et refuser ce geste s'il n'y a pas d'indication médicale.
30:06 Après l'accouchement, que vous ayez eu une déchirure ou non une épisiotomie ou non, tout va finir par reprendre sa place.
30:15 D'abord, il y a les premiers jours.
30:17 Ça brûle, ça tire, ça peut même être extrêmement douloureux.
30:20 Ça peut être aussi gênant pour aller aux toilettes.
30:23 À la maternité, soyez rassurés, vous serez surveillés.
30:25 Après, c'est important de faire venir une sage-femme à la maison pour vérifier que tout se passe bien.
30:29 C'est pris en charge à 100% par l'assurance maladie, ne vous en privez pas.
30:33 Concernant les suites plus tardives des cicatrices et les histoires de Périnée, il y a beaucoup à dire.
30:38 Mais chut, je tease, je le garde pour le prochain épisode, quand nous aborderons la déflagration dans la vie sexuelle.
30:45 Je vous promets un épisode croustillant et passionnant.
30:49 La prochaine étape, c'est la vessie et le système digestif.
30:52 On ne peut pas éviter le sujet, c'est trop important pour nous les femmes.
30:55 Je vais vous lister quelques trucs qui peuvent vous arriver au moment de l'accouchement, histoire que vous soyez prévenus.
31:00 Vous allez peut-être avoir du mal à faire pipi, et vous serez certainement sondés si vous avez une péridurale.
31:06 Ça veut dire qu'on met un petit tuyau dans l'urètre pour vous faire faire pipi.
31:09 Rassurez-vous, avec la péridurale, ça ne fait pas mal.
31:12 Il se peut aussi que vous alliez à la selle au moment de l'accouchement, quand vous bousserez, ou ne pas y aller d'ailleurs.
31:18 Et je peux vous assurer qu'on s'en fout. Peut-être même que vous ne vous en rendrez pas compte.
31:22 Après l'accouchement, un, c'est le merta, et deux, il y a quand même pas mal de tabous à faire sauter.
31:28 Vous ferez peut-être pipi par terre, ou même dans votre culotte.
31:31 Ou pas, d'ailleurs. Et ce n'est pas grave, car c'est transitoire.
31:34 Et même si ça durait, on a des solutions.
31:37 Vous allez peut-être être constipé, ou vous aurez peut-être la diarrhée.
31:40 Mais ce n'est pas grave, et on a des solutions.
31:42 Vous souffrirez peut-être même plus de vos hémorroïdes que de votre déchirure.
31:46 Ça arrive qu'ils sortent au moment de l'accouchement, mais là encore, ils re-rentreront.
31:51 Vous pourrez aussi avoir peur que les points sautent au moment d'aller à la selle.
31:55 Mais rassurez-vous, ça, ça ne peut pas arriver.
31:57 Là où je veux en venir, c'est que tous ces soucis sont tabous.
32:00 Mais alors, vraiment pas pour nous.
32:03 Ne craignez pas de nous en parler.
32:05 De nous demander pourquoi si, ou pourquoi ça.
32:07 On n'a plus d'un tour dans notre sac, croyez-moi.
32:10 Prenons les hémorroïdes, par exemple.
32:12 Moi, ce que je fais, c'est que je prends des serviettes hygiéniques, je les remplis d'eau,
32:16 je les coupe en deux et je les mets au congélateur.
32:18 Et c'est hyper efficace pour soulager les hémorroïdes.
32:20 Mais des trucs comme ça, j'en ai des caisses et des tonnes.
32:22 Parler de popo et de pipi, vraiment, je vous assure, ça ne me dérange absolument pas.
32:27 Et je parle au nom de tous mes confrères et mes consœurs.
32:30 Pas de pudibonderie, croyez-moi, les sages-femmes ont tout vu et tout entendu.
32:35 Voilà, notre voyage est fini.
32:39 Et s'il n'y avait qu'une chose à retenir, c'est le message de Sarah.
32:42 Ne laissez pas les autres transformer votre corps en piège.
32:46 Choisissez un cadre bienveillant où vous savez que votre parole sera entendue.
32:50 Construisez un rapport de confiance avec l'équipe soignante.
32:53 Comme ça, quand il le faudra, vous pourrez lâcher prise.
32:56 Avant, pendant et après l'accouchement, exprimez votre accord ou votre désaccord.
33:01 Votre corps ne doit pas être malmené ou violenté.
33:04 Il doit être respecté et presque divinisé.
33:07 Faites attention, car comme je vous l'ai dit, cela concerne des zones de votre corps hyper intimes
33:12 et vous pourriez bien le vivre comme une violence terrible.
33:15 En finissant cet épisode, ça m'a fait l'effet d'une bombe.
33:20 Je saisissais pourquoi, rationnellement, j'aimais autant ma profession.
33:24 C'est pour cet entremêlement inextricable entre ce qu'il y a de plus humain,
33:28 de plus corporel et de plus terrestre,
33:30 avec ce qu'il y a de plus insaisissable, de plus fou, de plus céleste, la vie.
33:35 C'est bien votre corps, vous, qui avez fait ce qu'aucune main humaine,
33:38 ni aucune machine, ni aucun homme ne pourra jamais faire.
33:42 Donner au monde une nouvelle personne.
33:44 C'est bien ces vulves, ces vagins, ces vergétures, ces déchirures, ces hémorroïdes,
33:48 ces utérus, ces vessies, ces anus et tout ce que vous voulez,
33:52 qui participent chaque jour à ce miracle sans cesse renouvelé.
33:56 Ce corps féminin, quelle beauté, quelle puissance, quelle magie.
33:59 Et dire que certains et certaines voudraient nous faire passer pour des petites choses fragiles.
34:04 Quelle blague !
34:06 Ce podcast a été écrit par moi, Anna Roy,
34:12 et si mon nom vous dit quelque chose, c'est peut-être que vous m'avez déjà vue
34:15 ou que vous me voyez en ce moment même dans la maison des maternelles sur France 4,
34:19 où je suis chroniqueuse.
34:20 Une émission que je vous recommande, évidemment.
34:23 "Sage Meuf" est un podcast Europe 1 Studio, produit par Adèle Ponticelli.
34:27 Il est réalisé par Charlène Noyoux.
34:29 Merci beaucoup à Sarah de nous avoir partagé son histoire
34:33 et merci à Timothée Magot pour l'enregistrement.
34:35 Et à tous mes patients, petits et grandes, sans qui rien n'aurait été possible.
34:39 N'hésitez pas à commenter, à partager, à questionner ou que sais-je encore,
34:43 sur mon Instagram @annarois75.
34:45 Et si ce podcast vous a plu, n'oubliez surtout pas de vous abonner
34:48 sur vos plateformes d'écoute préférées et nous mettre plein d'étoiles.
34:51 Il y a déjà son gynécologue qui lui a dit,
34:54 lorsqu'il nous a annoncé ça, heureusement que je l'ai, que j'étais assis,
34:56 parce que vraiment, j'étais tombé debout.
34:58 Quel effet ?
34:59 C'est un effet boeuf.
35:01 Vraiment, il n'y a pas de mots.
35:05 On a beaucoup parlé de vous, mais votre femme, comment a-t-elle réagi, elle ?
35:09 Elle a pris la chose du bon côté.
35:11 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
35:14 [SILENCE]