• il y a 4 ans
[NOUVEAU] Epuisement, partage des tâches, manque de communication... Avec la naissance d'un enfant, le couple est souvent mis à rude épreuve. Dans le deuxième épisode de Sage-Meuf, le podcast qui raconte la folle aventure de la naissance, Anna Roy, sage-femme depuis dix ans et chroniqueuse dans la Maison des maternelles sur France 4, vous parle d'amour et de rupture aussi. Elle donne la parole à des jeunes parents et livre ses conseils pour vivre au mieux, à deux, l'arrivée d'un nouveau né.

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Transcription
00:00 Bonjour, avant de retrouver votre podcast, je voulais vous parler d'un autre podcast européen.
00:04 Il s'appelle "Sage Meuf".
00:06 Il parle de la maternité avec des témoignages de jeunes parents et tous les conseils pour gérer au mieux l'arrivée d'un bébé.
00:12 En plus, à chaque écoute de "Sage Meuf", Carrefour s'engage à verser un don pour soutenir le Collège National des Sages-Femmes de France.
00:19 Avec les marques Carrefour Baby et Tex Baby, Carrefour accompagne les bébés au quotidien.
00:24 Des produits alimentaires et d'hygiène, du textile, de l'équipement, avec Carrefour, on a tous droit au meilleur.
00:30 Et surtout les bébés ! Allez maintenant, place à votre podcast !
00:51 Vous allez peut-être trouver cela bizarre, mais la salle d'accouchement m'a offert les plus belles scènes d'amour que l'on m'est donné à voir au cours de mon existence.
01:00 Sauf évidemment celles que j'ai vécues moi-même, ça vous en conviendrait.
01:03 Aucun livre, aucun film ne m'en avait offert d'aussi émouvante.
01:07 Alors quand on dit que la réalité dépasse la fiction, oh que oui !
01:10 Et mon exercice quotidien de sage-femme me le prouve tous les jours.
01:14 Tenez-la comme ça, en l'espace de deux secondes.
01:16 J'ai pas beaucoup d'efforts à faire pour que les souvenirs, très nombreux, déboulent en pagaille.
01:20 Je me rappelle d'Antoine et Josépha, pas tout jeunes, la quarantaine bien sonnée, un enfant hyper désiré.
01:26 Je viens tout juste de faire l'accouchement et je pose leurs petites sur le ventre de Josépha.
01:30 J'en ai encore des frissons avec de penser à eux.
01:33 Y'a Antoine qui pleure sans pleurer, je veux dire qu'il y a des larmes qui sortent sans qu'il pleure, je sais pas si vous voyez ce que je veux dire.
01:39 Il caresse les cheveux de Josépha, il la regarde profondément, il lui embrasse le front, puis la bouche, puis les joues.
01:45 Et il lui susurre "tu es l'amour de ma vie, je t'aime, je t'aime, tu ne peux même pas savoir comment.
01:50 Merci pour tout mon amour."
01:52 Et puis y'a aussi ce couple d'expatriés italiens, je me rappelle d'eux avec leurs sanglots étouffés,
01:57 ils n'arrivaient même plus à prononcer un mot.
01:59 Seulement des petits hameaux jetés comme ça par dizaines en pagaille.
02:03 C'était beau, mais c'était beau, c'était beau.
02:05 Et des souvenirs comme ça, bah j'en ai à la pelle.
02:08 Des souvenirs de scènes d'amour, des souvenirs de baisers, de caresse, de mots doux, de tendresse.
02:12 Et même de roulage de pelle d'ailleurs.
02:15 Y'a un truc qu'il faut s'imaginer, c'est les sages femmes,
02:18 présentes comme ça dans des moments extrêmement intenses, et surtout terriblement intimes.
02:24 C'est vrai après tout, y'a jamais de public pour les scènes d'amour.
02:28 C'est choquant parce que d'abord une femme enceinte, ça n'a jamais un physique très joli,
02:35 et c'est pas la peine de la révéler au public, je trouve.
02:39 On est bien content de les avoir, et puis s'il fallait en avoir un autre, je l'accepterais pareil.
02:44 Dans la salle d'attente, les jeunes papas s'interrogent.
02:52 La présence d'une personne qui peut apporter de l'amour, en quelque sorte,
02:57 comme on peut le faire la sage femme.
02:59 C'est nous qui tenons les maternités, faut pas perdre ça de vue.
03:02 C'est vraiment la sage femme qui tient la maternité.
03:04 La maternité est toujours une source de stress pour les femmes.
03:07 On va toutes être dépressives.
03:08 Je vais vous ouvrir les portes de ma maison, de mon hosteau,
03:11 et des appart' des couples que j'accompagne en ville,
03:13 pour vous raconter mon histoire, leurs histoires, sans phare et sans tabou.
03:17 Je veux témoigner de l'expérience humaine la plus folle de l'existence, la naissance.
03:21 Pour moi, sans aucun doute, la plus grande des déflagrations.
03:24 Et dans cet épisode, je vais vous parler d'amour, et de mon concept de la machine à laver.
03:29 Ne rigolez pas, c'est extrêmement sérieux.
03:32 Je vous donnerai des conseils, juste pour vous dire que tout ira bien,
03:34 mais que pour ça, il faudra quand même avoir entendu parler de deux ou trois petites choses.
03:38 Je m'appelle Anna Roy, et je suis sage meuf, comme j'aime tant le dire.
03:41 Bienvenue dans Sage Meuf.
03:43 Épisode 2, la déflagration dans la vie amoureuse.
03:47 Vous savez que votre histoire d'amour est la plus belle histoire que nous connaissions en France.
03:57 Est-ce que vous pourriez un petit peu nous raconter la façon dont vous vous êtes rencontré avec Miss Kelly ?
04:01 Car ça nous passionne tous.
04:03 Donc voilà, en travaillant, je me suis retrouvée propulsée bon gré mal gré dans les histoires d'amour,
04:07 un peu par surprise, je dois l'avouer.
04:09 Et à mes débuts, lorsque je travaillais exclusivement en salle d'accouchement,
04:13 je ne voyais que le côté magique d'avoir un enfant avec quelqu'un que l'on aime.
04:16 Je voyais les émissions de tendresse, et d'amour, l'intensité incroyable.
04:21 Et puis, un jour, je me suis installée en libérale.
04:25 Et là, j'ai eu accès à un autre angle de vue.
04:28 Je m'explique.
04:29 Il y a deux choses qui ont changé avec ce nouveau mode d'exercice.
04:32 D'abord, je suivais les gens sur la durée.
04:34 Et puis surtout, je suis rentrée chez eux, dans leur maison, dans leur intimité.
04:39 Et là, on peut le dire, ce fut un peu la douche froide.
04:42 Crispations, mésententes, mots crus, fâcheries, frustrations, silence, et j'en passe.
04:48 En entrant chez les gens, je suis devenue l'observatrice privilégiée des tensions
04:52 qui semblaient apparaître avec la naissance d'un enfant.
04:55 J'ai scruté, j'ai observé, j'ai retenu les couples qui s'en sortaient,
05:00 et ceux qui ne s'en sortaient pas.
05:02 Alors, si les couples m'invitaient au cœur de leur intimité, qu'à cela ne tienne,
05:07 désormais, j'avais décidé de leur donner des conseils de couple, s'ils le souhaitaient, évidemment.
05:11 Après tout, dans la case "accompagnement psychosocial de la sage-femme" dont on parle tant,
05:16 on pouvait bien mettre ce que l'on voulait.
05:17 Et vous trouvez ça bizarre ? Moi, pas du tout.
05:20 On n'accouche pas qu'avec son corps, que voulez-vous ?
05:22 On veut me donner tout le temps d'autres prérogatives.
05:24 On me veut conseiller conjugal, nutritionniste, homme de chapelle, vétérinaire, conseiller clientèle,
05:28 plombier et que sais-je encore. Et c'est bien cela qui me plaît dans mon boulot.
05:31 Alors voilà, je vais vous raconter plusieurs histoires.
05:34 Pas des histoires extraordinaires, non non, mais plutôt du genre de celles que vivent la plupart des gens
05:38 pour qui l'arrivée d'un bébé représente un chamboulement inouï dans leur vie amoureuse.
05:42 Et c'est là qu'intervient mon concept de machine à laver.
05:45 Mais je ne vous le dévoilerai qu'à la fin de l'épisode.
05:48 Et vous me direz si vous êtes convaincus.
05:50 D'abord, laissez-moi vous présenter Cindy et Stéphan.
05:55 C'est un couple que j'ai eu la chance de rencontrer au cours de la grossesse de Cindy.
05:59 C'est vraiment un couple adorable, attentionné envers eux-mêmes et les autres.
06:03 Pour le reste, disons qu'ils ont la trentaine et qu'ils bossent tous les deux.
06:07 Comme d'habitude, les histoires d'amour commencent bien.
06:09 On s'est rencontrés sur un site de rencontre en janvier 2012.
06:13 Et du coup, c'était pour chacun la première rencontre.
06:17 Donc voilà, c'était une expérience assez courte sur le site de rencontre.
06:20 Mais au moins, c'était la première fois. En tout cas, nous, on ne s'est plus quittés après.
06:24 L'amour a été pour vous une grande source d'inspiration, presque votre principale.
06:29 Oui, on peut dire qu'il y a eu 90% de mes chansons qui ont été des chansons d'amour.
06:33 Et ça va continuer.
06:34 Après, ils se sont installés ensemble.
06:37 Nous nous sommes installés dans un appartement lorsque moi j'ai quitté une colocation.
06:41 Donc ça faisait à peu près trois ans qu'on était ensemble.
06:44 Et quand on s'est installés, la première année, Stéphan me dit "je te préviens, je ne veux pas de projet d'enfant".
06:51 Ok, du coup, on a vécu ensemble dans cet appartement que tous les deux pendant un an.
06:58 Est-ce que vous en avez de bons souvenirs ?
07:00 Oui, on en a de bons souvenirs.
07:03 Oui, je pense qu'en plus, c'était une chose importante pour nous.
07:05 C'est de bien vivre le moment présent de notre vie avant ce désir d'enfant.
07:11 Pour que lorsqu'on a ce désir et qu'un enfant arrive dans notre vie, dans notre… voilà, créer notre famille,
07:17 qu'il n'y ait pas du tout de regrets, de regarder en arrière en se disant "tiens, on aurait voulu faire ceci, cela".
07:23 Peut-être si, on n'a peut-être pas pris assez le temps de voyager dans le monde tous les deux.
07:28 Mais voilà, il y a peut-être des petites choses.
07:30 Mais après, c'est des choses qui peuvent se faire aussi dans l'avenir en famille.
07:33 En tout cas, notre vie de jeune Parisien à Paris, on l'a bien vécu.
07:37 Et comment s'est manifesté le désir ? C'était de ta part ou de la part de qui ?
07:40 Le désir d'enfant, il s'est manifesté de ma part.
07:44 Parce que, du coup, ça faisait un petit moment qu'on était ensemble.
07:47 Tous les copains aussi commençaient à avoir des enfants.
07:51 C'est vrai qu'à chaque fois qu'ils nous l'annonçaient, moi j'avais un peu les larmes aux yeux.
07:55 Je sentais que j'avais envie d'avoir un enfant de nous deux, de concrétiser encore plus cet amour.
08:03 Et c'est moi qui en ai parlé à Stéphane la première fois.
08:10 Après, je me rappelle aussi d'une fois où j'ai vu Cindy qui a porté dans ses bras la petite fille d'un couple d'amis.
08:16 Et j'ai compris dans son attitude que son désir d'enfant était vraiment là.
08:21 Donc, du coup, ça m'a fait aussi réfléchir de mon côté.
08:25 Et du coup, les choses sont devenues assez concrètes à partir de cette vision de Cindy avec un bébé dans les bras.
08:30 Comme cela arrive parfois, une adorable petite fille vient au monde grâce à leur histoire d'amour.
08:35 Elle s'appelle Victoire et elle est née le 22 mars 2017.
08:38 Surtout, moi, je me rappellerai toute ma vie, c'est la rencontre avec Victoire.
08:43 Où quand elle sort de mon ventre, je reconnais les traits de visage de son papa.
08:50 Et je me dis, on a réussi à faire ça ensemble, tous les deux.
08:57 C'est un petit être qui est né de notre amour. Et c'est surtout ça qui était beau.
09:03 Comme souvent, les difficultés ne tardent pas à arriver.
09:07 Il y a aussi l'amour, l'amour qui tient, l'amour qui dure, mais qui est à la merci toujours d'ébordement,
09:15 qui est toujours à la merci d'exagération.
09:17 Oui, l'amour, l'amour qui est quand même épicé de dispute.
09:21 C'est un peu la fatigue, même si je n'ai pas eu l'impression que c'était aussi terrible qu'on pourrait dire,
09:28 le fait de ne pas faire trop ces nuits.
09:30 Mais effectivement, par rapport à un rythme, comme disait Cindy,
09:33 on pouvait le week-end se lever dans l'après-midi ou autre, là forcément,
09:37 avec l'arrivée d'un petit bébé, on se retrouve à avoir un rythme qui change.
09:40 Du coup, la fatigue arrivant, ça crée un petit peu des crispations, effectivement.
09:45 Mais après, ce n'était pas surprenant en soi.
09:48 Mais en tout cas, oui, c'est une vraie réalité que le rythme change, ça c'est sûr.
09:52 Et pour moi, les difficultés que j'ai rencontrées, elles étaient dès le début du congé maternité,
09:57 où moi qui suis quand même une femme assez active, professionnellement aussi,
10:02 j'accompagnais Stéphane à la porte, et moi je gardais ma fille toute la journée.
10:08 Donc déjà, quand il rentrait le soir, il y avait aussi un décalage,
10:11 parce que avant Victoire, on se racontait nos journées de travail.
10:14 Et là, du coup, je changeais des couches, je m'occupais de la maison,
10:19 j'étais devenue une brie vente de camp.
10:22 Et c'est vrai que ça a mis vraiment un certain décalage entre nous,
10:26 dès le début, et puis après, on est arrivé dans des moments de comptabilité.
10:34 Donc moi, j'ai débarrassé de la vaisselle, moi j'ai lavé le sol, mais toi t'as fait quoi ?
10:39 Et c'est vrai qu'avant Victoire, on n'avait pas des sujets de tenue et d'organisation de la maison.
10:48 Tu confirmes ça ? Tu es d'accord avec ça ?
10:52 Oui, je pense qu'effectivement, que ce soit le rythme par rapport au sommeil,
10:54 mais aussi après, par rapport à l'organisation du foyer, on va dire,
10:58 c'est vrai que c'est ça en fait.
11:01 Ça fait qu'on s'est retrouvés à devoir un peu plus rythmer les choses,
11:04 comptabiliser un petit peu ce que l'un et l'autre faisaient,
11:07 sans toujours avoir à se rendre compte de ce que l'autre fait.
11:10 Donc oui, c'est peut-être cette crispation dont tu parlais tout à l'heure.
11:16 Est-ce que vous aviez plus de mal à communiquer l'un avec l'autre du coup ?
11:22 Alors oui, moi j'avais plus de mal à communiquer avec Stéphane,
11:26 parce que j'étais très fatiguée et que je ne sais pas parler calmement quand je suis fatiguée.
11:34 C'est-à-dire que je m'emporte très vite, je suis impulsive,
11:37 et du coup je peux vite péter un plomb.
11:42 Et c'est vrai que Stéphane, c'est quelqu'un qui a une personnalité plutôt calme.
11:47 Donc en fait dans le couple c'était moi je crie et puis lui, le pauvre, il faisait ce qu'il pouvait.
11:55 On a toujours continué à échanger.
11:58 Après, se comprendre c'était pas toujours simple.
12:01 Contrairement à, je pense, avant qu'on ait une petite fille.
12:05 Et là il y avait plutôt des incompréhensions,
12:07 c'est-à-dire qu'on échangeait mais on comprenait pas trop le point de vue de l'autre.
12:11 Moi je pense que c'est exactement ça, après s'enlever le truc, c'est ça.
12:14 C'est qu'on communique mais on n'est plus dans le même camp.
12:18 Le référentiel a un peu changé parce qu'on est trois maintenant et du coup on se comprend un peu moins.
12:24 Ça veut pas dire qu'on se comprend pas, mais un peu moins.
12:28 Alors peut-être qu'on en parle, c'est le fait d'avoir une tierce personne aussi,
12:31 pour prendre le recul qu'on n'arrive pas à prendre nous-mêmes, ça paraît important.
12:34 Parce que c'est difficile de le faire soi-même en se disant "je vais prendre le recul, me mettre à sa place".
12:38 Oui on peut essayer de le faire, mais sur le moment on n'y arrive pas forcément.
12:44 Ah non on n'y arrive pas du tout.
12:46 Toi quand tu es sous tension, c'est impossible.
12:48 Non j'y arrive pas, j'arrive pas à me mettre à sa place.
12:51 Le lendemain oui, quand les choses sont encore descendues, on peut dire "ah bah oui effectivement t'as dit ça".
12:57 Mais parfois, même après deux-trois jours, on n'arrive toujours pas à comprendre sur tel ou tel point pourquoi on n'était pas d'accord.
13:06 Tous les ingrédients étaient réunis pour que ça pète.
13:08 Fatigue, frustration, partage des tâches, différence dans les congés.
13:12 Et puis il y a ce fameux dimanche, la dispute de trop.
13:15 C'est un week-end normal, un week-end comme il peut se passer au sein de nombreuses familles.
13:24 Où du coup je me suis occupée de Victoire le vendredi soir, le samedi, le repas, le repassage, etc.
13:33 Enfin le repassage, je ne sais pas trop quoi. Le ménage, etc.
13:36 Et puis les amis, etc.
13:38 Et le dimanche après-midi, je demande à Stéphane d'aller coucher Victoire pour qu'elle fasse la sieste.
13:44 Et notre fille, c'est une petite fille qui ne dort pas.
13:46 Et ensuite j'entends Stéphane qui est dans la chambre avec Victoire.
13:51 Et je monte en furie en disant "c'est bon, moi je veux mon moment à moi, je veux mon moment tranquille devant la série".
13:59 Parce que j'avais décidé que dans tout le week-end, ça allait être mon moment de pause.
14:03 Et là ça a déclenché une engueulade, une dispute assez importante.
14:10 Et le lundi matin, on s'est concerté avec Stéphane en se disant "on a besoin d'aide en fait".
14:16 Parce qu'on n'y arrive pas.
14:18 On s'est retrouvés après avoir reçu des amis, un peu fatigués.
14:26 L'après-midi, Cindy voulait se reposer.
14:29 Notre fille n'arrivait pas à s'endormir.
14:32 Moi je suis resté un peu dans la chambre avec elle pour qu'elle puisse s'endormir.
14:35 On ne sait jamais trop comment faire dans cette situation-là.
14:38 Et donc Cindy était fatiguée, donc elle est venue un peu crier dans la chambre.
14:42 Je l'ai ensuite fait descendre Cindy pour lui dire "tu ne cries pas devant notre fille".
14:45 Donc je lui ai un peu crié dessus.
14:47 On s'est dit à un moment donné, on ne peut pas rester dans une situation comme celle-là.
14:51 Alors que sur le fond, ça se passe bien, mais sur la forme, il y a des échanges qu'on ne souhaitait pas garder.
14:58 Ce n'était pas nous en tout cas.
15:00 Après la dispute avec Stéphane, je prends un sac, j'y mets deux ou trois affaires,
15:07 j'appelle ma soeur et je lui dis "écoute, ça ne va pas avec Stéphane, on ne se comprend pas,
15:15 j'en peux plus, je suis à bout, j'arrive".
15:18 Je débarque à la maison.
15:21 Ma soeur me dit "écoute, moi je ne suis pas disponible, je ne voulais plus rester à la maison,
15:27 donc je suis partie au cinéma".
15:29 Après je suis partie me balader et je l'ai laissée tout seule à la maison à gérer Victoire
15:34 en me disant "très bien, moi j'en ai marre, je m'en vais".
15:37 - Est-ce que ça ne t'a pas fait chier qu'elle se casse au ciné ?
15:39 - Qu'elle parte comme ça ? Non, parce que je n'ai eu...
15:43 Enfin, ce n'est pas que ça ne m'a pas fait chier, mais c'est qu'effectivement,
15:46 on était tellement dans la compréhension que peut-être qu'à un moment donné,
15:50 que chacun aille un peu réfléchir dans son coin, ça m'est paru comme étant un peu normal sur le moment.
15:55 Parce qu'on ne va pas se regarder dans le blanc des yeux et dire "on ne se comprend pas,
16:00 je pense qu'il faut aller réfléchir de son côté".
16:02 Et puis on est plutôt du genre à essayer de se dire "on va revenir vers l'autre en essayant de trouver une solution".
16:07 Après elle ne nous connaîtra pas forcément.
16:09 - Quand je suis revenue, je ne te parlais pas.
16:11 On a dîné ensemble, c'était quand même la soupe à la grimace.
16:15 Je pense que jusqu'au lendemain soir, où on n'avait pas la perspective concrète de savoir
16:19 quelle va être cette aide extérieure, on était un peu dans un entre-deux,
16:22 où on constatait quelque chose, mais on ne savait pas du tout quelle était la solution.
16:26 - C'est une chanson d'amour sans histoire, où l'homme simplement pense que la femme c'est tout.
16:34 Mais au moment où elle s'en va, ne serait-ce que pour un instant, lui n'est plus rien.
16:39 - Nous y voilà donc, ce sale dimanche, en sacrée mauvaise posture.
16:45 Mais si vous le permettez, je vais les laisser là quelques minutes.
16:48 Le temps de vous parler d'une histoire qui... Bon, il faut que je me taise.
16:51 Je laisse la parole à celui qu'on va appeler Arnaud.
16:54 Il n'a pas voulu donner son vrai prénom, parce que son histoire lui paraissait trop intime.
16:59 Arnaud, c'est l'ex-compagnon d'une de mes patientes.
17:02 Alors au départ, j'avais demandé à ma patiente de m'écrire une lettre,
17:05 mais elle a préféré que ce soit lui qui prenne la plume.
17:07 - Ma chère Anna, ma chère femme sage, tu m'as demandé de parler de notre histoire.
17:13 - Une toute bonne histoire, notre histoire a commencé l'été entre deux tournées de bière.
17:16 On a parlé dix minutes, et j'ai compris direct que c'était mon alter ego, mais avec des seins.
17:21 Genre... Attirance de folie, sensation dans le ventre et tout ce qui va avec.
17:25 Logiquement, nous avons décidé de passer la nuit ensemble.
17:28 A la fin de la nuit, c'était impensable de s'équiter.
17:30 Aller au boulot, c'était comme une torture.
17:32 On n'avait plus besoin de rien d'autre que d'être ensemble.
17:34 Jamais de ma vie, j'avais aimé quelqu'un aussi fort et aussi vite.
17:37 Je la fais courte, mais en tout cas, au bout de trois mois, on habitait ensemble.
17:40 C'était la première fois de ma vie.
17:42 Au bout de six mois, en le voulant ou sans le vouloir, je ne sais pas très bien.
17:46 En tout cas, on s'est pu protéger.
17:48 Je parle pas du sida ou de l'hépatite, mais de la venue d'un bébé.
17:52 Très vite, la petite est venue, enfin je veux dire, dans son ventre.
17:55 C'est à ce moment-là que les premiers soucis sont arrivés.
17:58 Mais à cette époque, c'était très, très surmontable.
18:01 Voilà le genre de problème.
18:03 Elle veut accoucher en clinique, je préfère l'hôpital public.
18:06 Elle veut une baby shower, je trouve ça idiot.
18:08 Que des trucs qui paraissent idiots, mais en fait, il ne l'était pas tant que ça.
18:12 Elle finit par accoucher après une baby shower de folie et un accouchement en clinique comme elle voulait.
18:17 Et c'est à partir de ce moment-là que tout s'est gâté.
18:20 On avait un truc de fou au lit.
18:22 Avec l'accouchement, la fatigue et le reste, on ne l'avait plus.
18:25 Ou plus de la même façon.
18:27 On adorait sortir ensemble, on pouvait continuer à le faire, mais plus de la même façon.
18:31 On n'était pas d'accord sur la religion, elle voulait un rite de passage.
18:35 Je voulais que ma fille choisisse toute seule, plus tard.
18:38 On n'était pas d'accord sur l'éducation, elle ne voulait pas qu'elle fréquente la crèche ou autre.
18:42 Je trouvais que c'était le moyen de garde le meilleur.
18:44 Et je préfère même pas parler des discussions sur l'école publique ou privée.
18:47 On n'était pas d'accord sur la présence des parents, beaux-parents.
18:50 Elle les voulait tout le temps avec nous, je trouvais ça insupportable.
18:53 Tout était comme ça en fait.
18:55 On n'avait pas la même vision de la vie.
18:57 Au final, sur tes conseils, sa soeur nous a gardé la petite pendant une semaine.
19:02 Que l'on puisse partir en vacances tous les deux.
19:04 C'était super triste.
19:05 On a certes retrouvé un peu l'alchimie et du lit qui nous liait tant.
19:08 Mais on a fait le constat tragique qu'on s'aimait charnellement.
19:11 Mais qu'on ne pouvait pas être parents ensemble.
19:13 Et même amis en fait.
19:15 J'avais toujours pensé que mon meilleur pote était un vieux con réac.
19:18 Quand il m'avait dit, à la fin de la grossesse.
19:20 Tu sais, pour faire un enfant avec une femme,
19:22 faut pas seulement être amoureux et avoir envie de faire l'amour avec elle.
19:25 Il faut beaucoup plus.
19:27 De l'amour, du cul, de l'amitié, de la tendresse, des repères communs.
19:31 Aujourd'hui j'en suis persuadé.
19:33 C'est qui devait arriver arriva.
19:35 Les conflits se sont succédés les uns après les autres.
19:38 Jusqu'à la rupture.
19:39 Inévitable.
19:40 On aurait dû rester amants.
19:42 C'est ça la morale de l'histoire.
19:44 Mais enfants, c'est pas pour toutes les histoires d'amour.
19:47 Les bons moments.
19:50 Pourquoi ?
19:51 Parce que quand il y a rupture, quand un amour se termine,
19:55 au lieu de garder en soi les mauvais moments qu'on a connus ensemble,
19:59 ce qui a fait que la rupture a eu lieu,
20:01 pourquoi ne pas garder les bons moments ?
20:03 Pourquoi ne pas garder pour les souvenirs, en mémoire,
20:06 uniquement les bons moments que nous avons eus ensemble ?
20:08 Ce que Arnaud dit là est très important.
20:18 Pour moi, et ce n'est que mon humble avis,
20:20 il est important de fonder sa famille avant qu'un enfant arrive,
20:25 ou qu'il n'arrive pas d'ailleurs.
20:27 Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire.
20:29 Nous savons que la famille, c'est le couple,
20:31 et que les enfants sont des satellites.
20:33 Une histoire de soleil avec ses planètes,
20:36 une histoire de système solaire.
20:38 C'est très important de dire cela car,
20:40 1) si vous ne pouvez pas avoir d'enfants,
20:42 que vous n'en avez pas envie tout simplement,
20:44 vous êtes quand même une famille aux yeux des autres.
20:47 2) cela ne donne pas une place à l'enfant qui n'est pas la sienne.
20:50 Je veux dire par là que donner au premier-né
20:53 la responsabilité de la fondation de la famille,
20:56 c'est un peu lourd à porter.
20:58 Sauf, pour en revenir à nos moutons,
21:00 Arnaud le dit lui-même, et mieux que moi,
21:02 les fondations n'étaient pas suffisamment solides.
21:05 Evidemment, cela n'empêche pas que cela ne marche pas,
21:07 et que la rupture amoureuse advienne,
21:09 même si on s'est posé 10 milliards de questions.
21:12 Et dans certains cas, ça vaut même mieux d'ailleurs.
21:15 Vous l'avez compris, ma mission n'est certainement pas
21:17 que les couples restent ensemble coûte que coûte.
21:19 Il y a les situations dramatiques,
21:21 sur lesquelles d'ailleurs, je me refuse à raisonner en général.
21:25 Avec par exemple des blessures difficilement réparables,
21:28 des problèmes psy plus profonds, des exactions,
21:31 tous ces éléments qui rendent la fin inéluctable,
21:34 nécessaire et même souhaitable.
21:36 Dans ces cas-là, vous l'avez compris, la sage-femme ne suffit pas.
21:38 Et il faudra faire appel à la justice,
21:40 à des psys, à des conseillers conjugaux, ou que sais-je.
21:43 J'en profite d'ailleurs pour faire une digression
21:46 de la plus haute importance.
21:48 Si vous êtes victime de violences,
21:50 et quelle que soit la nature de ces violences,
21:52 j'entends par là, physique, psychologique ou sexuelle,
21:55 confiez-vous, dites-le nous.
21:57 Parlez-en à une sage-femme, à un médecin, une infirmière,
22:00 à n'importe quel professionnel de santé.
22:02 Vous pouvez aussi appeler le 3919,
22:04 ou même le 17 en cas d'urgence, je vous en supplie.
22:06 Protégez-vous car votre vie n'a pas de prix.
22:09 Et croyez-moi, fois de sage-femme, vous n'êtes pas la seule dans votre cas.
22:12 Violence conjugale et grossesse.
22:15 La grossesse, l'accouchement et ses suites
22:17 sont une période à risque pour les femmes
22:19 d'être victimes de violences conjugales.
22:21 Mais c'est aussi un moment clé de dépistage
22:23 par les professionnels de santé.
22:25 La fréquence des violences est estimée entre 3 et 8%
22:27 en ce qui concerne les violences physiques,
22:29 et atteint 20% pour ce qui est des violences
22:31 toutes formes confondues.
22:33 Dieu merci, ce n'est pas la situation
22:35 que je rencontre le plus souvent, loin de là.
22:37 Mais ces situations sont si douloureuses
22:39 que leurs simples souvenirs m'attristent
22:41 et déposent un voile noir sur mes pensées.
22:43 Faut vraiment que ça s'arrête.
22:45 Heureusement, pour la plupart des couples,
22:47 comme moi, ou comme vous, je l'espère,
22:49 on évitera les tragédies.
22:51 La rupture qui nous guette est le plus souvent due
22:53 à de la fatigue, à des malentendus,
22:55 à de la frustration accumulée, au manque de communication,
22:57 au partage des tâches...
22:59 Mais d'ailleurs, retournons auprès de Cindy et Stéphan
23:01 pour savoir où ils en sont.
23:03 Oui, même dans les moments de dispute,
23:05 ça ne changeait rien.
23:07 Stéphan, c'est mon amour et je l'aime.
23:09 Oui, en tout cas, il n'y a jamais eu d'ambiguïté
23:11 sur le fait qu'on s'aimait, même dans les situations
23:13 les plus compliquées du quotidien.
23:15 Même toutes les fois où j'ai voulu le quitter.
23:17 Après ce fameux dimanche,
23:19 il décide de rappeler quelqu'un qu'il connaisse plutôt bien.
23:21 Tu étais, Anna, la sage-femme,
23:23 mais ça n'a pas pu être une sage-femme
23:25 que tout le couple aurait eu au moment de la grossesse.
23:27 C'est vrai que je pense que, pour faire un petit retour en arrière,
23:29 préparer l'arrivée d'un enfant,
23:33 ce que moi j'ai découvert, c'est que c'était
23:35 plutôt préparer les parents à l'arrivée d'un enfant
23:37 que préparer l'arrivée d'un enfant.
23:39 Et du coup, quand on se fait retrouver
23:41 dans une situation un peu de conflit
23:43 lorsqu'on a notre fille était là,
23:45 tout de suite on s'est dit que c'était une évidence
23:47 de refaire appel à la personne qui avait partagé
23:49 l'arrivée de cet enfant en amont.
23:51 Et du coup, c'est de suite devenu une évidence.
23:53 Et on s'est dit qu'on allait
23:55 recontacter Anna dans ce cas-là.
23:57 Parce que, effectivement,
23:59 l'enfant était là,
24:01 mais il fallait qu'on retravaille un petit peu
24:03 nous, les parents, et pas forcément
24:05 la manière dont on élevait
24:07 ou on éduquait notre fille,
24:09 mais plutôt comment nous on abordait finalement
24:11 cette parentalité.
24:13 Et on s'est accepté de les revoir.
24:15 On s'est donné trois rendez-vous dans un restaurant
24:17 japonais de la rue Sainte-Anne.
24:19 Après la première entrevue, où je les ai beaucoup écoutés,
24:21 j'ai su qu'un psy, qu'un conseiller conjugal
24:23 ou qu'un homme de loi n'étaient pas nécessaires.
24:25 Avec leur accord,
24:27 je me suis permis de leur donner tout plein de conseils.
24:29 Je vais pas tout livrer ici, parce que les conseils
24:31 ne sont quand même pas les mêmes pour chaque couple,
24:33 mais voici ceux qui me paraissent les plus importants.
24:35 Le sommeil doit devenir une priorité
24:41 absolue.
24:43 Exactement comme celle de remplir un frigidaire,
24:45 de vous laver ou de payer vos impôts.
24:47 Ne pas dormir suffisamment,
24:49 croyez-moi, et c'est pas moi qui le dis,
24:51 c'est la science, ça rend de mauvaise humeur,
24:53 dépressif, ça altère
24:55 même les fonctions cognitives.
24:57 La fatigue, si elle est votre ennemi juré,
24:59 l'est aussi pour le couple.
25:01 Il est très important d'organiser vos jours et vos nuits
25:03 afin que chacun ait des plages
25:05 de sommeil suffisantes. Vous ne le regretterez pas.
25:09 Parce qu'en fait, un bébé, il récupère
25:11 un petit nouveau-né, il a la capacité
25:13 en 45 minutes à 1h de récupérer
25:15 beaucoup d'énergie. C'est pas du tout notre cas.
25:17 Un cycle de sommeil adulte, on va dire que c'est entre
25:19 3 et 5 heures. Donc une plage de sommeil
25:21 suffisante, c'est un cycle de sommeil complet,
25:23 donc moi je vais dire 5 heures d'affilée.
25:25 Alors bien sûr, quand on alète, c'est pas toujours possible,
25:27 mais il y a quand même moyen de s'arranger.
25:29 Et au moins que, par exemple, si la dame alète
25:31 et que la nuit du coup elle est sur le front,
25:33 et bien elle puisse se reposer dans la journée.
25:35 Et je vais même vous dire, je vais plus loin.
25:37 Osez faire chambre à part
25:39 quelques semaines, voire quelques mois.
25:41 Il faut pas hésiter, il faut pas se dire "mon couple
25:43 va péter". C'est pas grave, vous pouvez même
25:45 faire chambre à part. Je vous déculpabilise là-dessus
25:47 parce qu'il y a beaucoup de couples qui n'osent pas le faire.
25:49 Faites-le, c'est pas ça qui détruira votre couple, je vous le
25:51 promets.
25:53 Conseil numéro 2.
25:55 Parlez-vous, communiquez,
25:57 encore et encore. Ce n'est vraiment
25:59 pas le moment de différer les discussions.
26:01 Et quand j'entends "discussion", c'est
26:03 les discussions houleuses. Ne laissez pas
26:05 les griefs envers votre amoureux
26:07 ou votre amoureuse s'accumuler
26:09 sur une pile. Dites au fur et à mesure
26:11 ce qui vous plaît, mais aussi
26:13 ce qui vous déplait. Il y a forcément des
26:15 réajustements à faire dans votre couple, et donc
26:17 il est normal qu'on évoque des sujets
26:19 un peu de désaccord. Moi ce que je conseille
26:21 aux gens, parce que je le fais moi-même d'ailleurs,
26:23 c'est de faire ce que j'appelle des conseils de défense.
26:25 Vous voyez un peu l'idée "attention,
26:27 il faut se réunir pour parler des choses importantes".
26:29 Je trouve que c'est super de le faire une à deux fois par semaine
26:31 selon ce qui est possible, où on arrive à table
26:33 très calme, pas quand on est
26:35 énervé à 21h le soir et qu'on n'en peut plus,
26:37 dans un moment où on est à peu près calme,
26:39 et on va dire "ça c'était super,
26:41 ça c'était super, ça c'était moins super, ça c'était
26:43 carrément nul, ça je t'en veux beaucoup, ça je t'en veux
26:45 moins bien", et puis on confond ces points de vue dans le calme
26:47 et ça fait beaucoup de bien à tout le monde.
26:49 Et puis même pendant ce conseil de défense,
26:51 au vu des constatations qu'on a fait,
26:53 on peut se dire "tu vois, moi la semaine prochaine,
26:55 le lave-vaisselle, je ne veux plus y toucher,
26:57 donc le lave-vaisselle, c'est toi".
26:59 Conseil numéro 3, il faut s'octroyer
27:01 du temps à deux en amoureux. Alors là,
27:03 ce conseil pour moi, c'est le conseil
27:05 aussi important que le sommeil.
27:07 À partir du moment où un enfant surgit,
27:09 dans la plupart des familles, hop, les amoureux
27:11 ne se voient plus. Ça me rend folle,
27:13 moi ça me rend, alors ça, ça me rend hystérique.
27:15 Alors je vous demande une chose, c'est vraiment,
27:17 moi je l'écris, alors pour mes patients, je fais carrément,
27:19 je prends une ordonnance et je leur écris
27:21 la prescription. Une soirée en amoureux
27:23 tous les 15 jours, un week-end tous les
27:25 deux mois, et une semaine par an.
27:27 Point barre. Effectivement vous allez me dire "ouais
27:29 ça coûte cher, j'ai pas les grands-parents, j'ai pas ceci, j'ai pas cela".
27:31 Alors moi, ce que j'ai fait personnellement,
27:33 c'est par exemple, j'ai acheté des couches pourries,
27:35 j'entends par là,
27:37 vraiment pas chères, pour pouvoir payer
27:39 ces babysitting, par exemple. Enfin voyez,
27:41 il faut dégager l'argent
27:43 nécessaire, et je vous assure qu'on le trouve,
27:45 l'argent. Même quand on a des difficultés,
27:47 quitte à bouffer des pâtes, un dîner
27:49 en amoureux tous les 15 jours. Point barre.
27:51 Ou une balade d'ailleurs, c'est pas obligé d'être un dîner.
27:53 Je veux rajouter un truc là-dessus, c'est qu'en fait
27:55 souvent, les gens imaginent
27:57 que le bébé est heureux parce qu'on s'occupe
27:59 bien de lui. En fait,
28:01 c'est pas ça. Le bébé, il est heureux quand ses parents
28:03 sont heureux. Et pour que ses parents soient
28:05 heureux, il faut quand même qu'ils aient le temps de se retrouver
28:07 seul à seul de temps en temps.
28:09 Conseil numéro 4,
28:11 ne pas critiquer la façon dont
28:13 l'autre s'occupe du bébé, puis
28:15 de l'enfant quand il grandit.
28:17 Et là, je vais vous donner un exemple de ma vie
28:19 personnelle. D'abord parce que je suis sage-femme,
28:21 et ensuite parce que je me suis beaucoup occupée de mon
28:23 nouveau-né quand j'étais à la maternité.
28:25 Je savais évidemment
28:27 comment couvrir un nouveau-né. Alors, j'avais donné
28:29 des conseils à mon amoureux en lui disant
28:31 "Tu vois, il faut mettre un doigt
28:33 à l'arrière de son cou pour savoir s'il a trop chaud, trop froid,
28:35 il faut quand même mettre une couche de plus que nous
28:37 dès que tu sors dehors, etc." Un matin,
28:39 je le vois partir avec son fils qui avait alors
28:41 à peine un mois, le petit
28:43 n'avait pas de bonnet, n'était pas suffisamment
28:45 couvert, etc. Et je me suis dit
28:47 si j'arrive en lui disant "gnagnagna
28:49 il faut pas, gnagnagna", ça ne va pas marcher.
28:51 Donc je n'ai rien dit, j'ai laissé partir
28:53 avec mon fils Auguste
28:55 pas suffisamment couvert et en fait
28:57 il s'est rendu compte tout seul au bout d'une
28:59 demi-heure de balade qu'il était
29:01 glacé et qu'il avait super froid.
29:03 Alors vous allez me dire "c'est très cruel". Mais en fait
29:05 il faut laisser l'autre s'occuper
29:07 du bébé comme il l'entend lui et qu'il se fasse
29:09 sa propre expérience. Parce que si vous êtes tout le temps là
29:11 à dire "non il faut pas faire ci, non il faut pas
29:13 faire ça", en fait vous découragez l'autre
29:15 de s'en occuper tout simplement. Et ce conseil
29:17 il prévaut aussi bien pour les hommes que pour les femmes.
29:19 Mais souvent c'est plutôt
29:21 les femmes qui font ça, il faut quand même être honnête.
29:23 Oui parce que souvent
29:25 elles sont beaucoup plus informées et parce que
29:27 elles ont eu ce séjour à la maternité,
29:29 les cours de préparation à l'accouchement,
29:31 etc. qui font que de fait
29:33 elles détiennent un peu plus de savoir sur la question.
29:35 Bref, accepter que chacun s'occupe
29:39 différemment du bébé est un apprentissage
29:41 essentiel pour préserver son couple.
29:43 Conseil numéro 5, savoir demander
29:45 de l'aide dès que vous sentez que la
29:47 situation dérape. Qu'est-ce que je veux
29:49 dire par "la situation dérape" ? Eh bien
29:51 ça peut être une multiplication des conflits
29:53 par exemple, le fait de
29:55 ne plus avoir envie de faire l'amour avec votre compagnon
29:57 ou votre compagne, le fait d'être
29:59 très indisposé par la présence de l'autre.
30:01 Il y a plein de situations comme ça où vous sentez que non,
30:03 que c'est plus possible et que si vous ne faites rien,
30:05 eh bien vous prenez vos valises et vous partez.
30:07 A partir du moment où vous en êtes là, vraiment,
30:09 allez chercher de l'aide. Alors aller chercher
30:11 de l'aide peut-être à la PMI, centre de protection
30:13 maternelle et infantile peut-être, auprès de votre
30:15 sage-femme, auprès de votre pédiatre, auprès de votre médecin généraliste,
30:17 auprès d'un thérapeute
30:19 familial ou même d'un
30:21 conseiller conjugal
30:23 ou même d'un psy. Mais je sais, ça a un
30:25 coût, mais il faut vous dire que c'est vachement
30:27 important et que le jeu en vaut la chandelle.
30:29 Faire entrer un tiers dans son couple, c'est vraiment un plus.
30:31 Conseil numéro 6, réévoquer
30:33 des souvenirs agréables communs.
30:35 Alors là, ça y est,
30:37 on va verser dans la comédie romantique
30:39 américaine, mais c'est vrai.
30:41 En fait, repenser en couple à des moments qui étaient,
30:43 je sais pas, ses premières vacances
30:45 au bord de la mer,
30:47 aux premières fois qu'on a passé une nuit
30:49 dans un lit, enfin, il y a quand même
30:51 plein de choses sympathiques à se
30:53 souvenir et ça, faites-le
30:55 parce qu'en fait, c'est très agréable.
30:57 Conseil numéro 7, vous répétez chaque jour
30:59 que ce sont des moments de transition.
31:01 Le conseil est vraiment fondamental. En fait,
31:03 quand on a le nez dans le guidon, on se dit que
31:05 sa vie va être comme ça pour le reste de sa vie.
31:07 Non, promis. C'est exactement
31:09 comme quand vous avez une grippe ou un rhume,
31:11 en fait, ça s'arrête. Et donc,
31:13 oui, je vous le promets, un jour, votre bébé va refaire
31:15 ses nuits, oui, votre bébé va savoir
31:17 marcher tout seul et vous n'aurez plus besoin de le porter
31:19 tout le temps, etc.
31:21 Donc, si vous avez des moments de découragement, dites-vous bien
31:23 que c'est transitoire. Conseil numéro
31:25 8, à chacun son espace.
31:27 Alors là, ça c'est un peu touchy comme sujet
31:29 parce que souvent, les gens ne veulent pas entendre ça,
31:31 mais moi, c'est quand même un conseil que je vous donne.
31:33 C'est un conseil de santé publique. Les bébés dorment 6 mois
31:35 dans la chambre de leurs parents, mais souvent,
31:37 c'est vrai qu'on a du mal à faire la rupture et à laisser
31:39 le petit regagner sa chambre. On va être très
31:41 clair, faire l'amour dans la cuisine,
31:43 dans une salle de bain ou je ne sais où encore, à un moment donné,
31:45 ça manque de confort. Donc, il faut quand même retrouver son espace.
31:47 Et puis même, pour avoir des discussions
31:49 sous la couette, sans être là, chut, le bébé, il est là,
31:51 à côté, alors c'est chouette.
31:53 Conseil numéro 9, à chacun son moment.
31:55 Cindy et Stéphane l'ont très bien exprimé.
31:57 C'est qu'en fait,
31:59 il faut avoir des moments en couple,
32:01 des moments en famille, des moments
32:03 où on est seul avec le bébé et des moments
32:05 où on est seul soi-même. Et ça, c'est
32:07 très important de pouvoir en parler calmement
32:09 en couple et de se répartir
32:11 ces moments. Conseil numéro
32:13 10, s'obliger à parler d'autre chose
32:15 que du bébé. Très vite, même quand on se retrouve
32:17 au restaurant en amoureux, "Et vas-y que je te
32:19 parle du rendez-vous chez le Pédiat, de comment ça s'est
32:21 passé. Ah oui, tu sais qu'à la crèche, ils ont commencé
32:23 à faire ça. On n'a qu'un seul sujet sur les lèvres, c'est
32:25 le bébé, encore le bébé. Essayez de faire l'exercice
32:27 de temps en temps de ne parler que de ce
32:29 que vous parliez avant. Au début, il y a des blancs,
32:31 mais en fait, on retrouve très vite des sujets de conversation
32:33 en commun. Bon, bref, vous avez du pain sur la planche
32:35 avec tous ces conseils, mais je vous assure, ça aide. Moi, ça m'a
32:37 terriblement aidé, par exemple.
32:39 Bon, mais revenons-en à nos moutons. Est-ce que ça les a aidés,
32:41 Cindy et Stéphane ?
32:43 - Ça nous a aidés,
32:45 mais vraiment, pour comprendre
32:47 déjà le temps qu'on
32:49 accordait à notre fille et le temps
32:51 qu'on accordait à notre couple. Parce
32:53 qu'en fait, Victoire, elle a pris une place
32:55 importante dans notre vie. C'est normal, c'est notre
32:57 enfant et puis elle est en bas âge,
32:59 donc elle a besoin aussi de soins,
33:01 de préparation de repas, etc.
33:03 Et puis, on arrive
33:05 à la fin de la journée, on est fatigué,
33:07 on n'écoute même plus son conjoint.
33:09 Et en fait, d'avoir une aide extérieure,
33:11 ça nous a permis aussi
33:13 de déculpabiliser sur le fait qu'en fait,
33:15 il faut prendre du temps pour soi,
33:17 il faut prendre du temps pour son couple.
33:19 Et l'aide extérieure,
33:21 elle nous a permis
33:23 en fait, de
33:25 faire un diagnostic sur notre couple
33:27 et de comprendre
33:29 les points qui
33:31 méritaient de l'attention.
33:33 - Oui, pour moi, cette aide extérieure, elle était vraiment essentielle
33:35 parce que ça avait permis de renvoyer
33:37 presque vers un tiers, justement, ses incompréhensions
33:39 et ses frustrations.
33:41 Et du coup, de se décharger finalement de ces incompréhensions
33:43 en se disant "quelque part, c'est traité ailleurs"
33:45 et de se regarder de manière un peu
33:47 plus directe, d'enlever
33:49 en fait ce poids qui
33:51 obstruit un peu l'échange entre nous.
33:53 Et finalement, déjà, lorsque ce poids
33:55 était parti, de mieux échanger
33:57 et de reprogrammer un petit peu
33:59 la façon dont on voulait
34:01 évoluer avec
34:03 notre enfant et entre nous. Donc je pense
34:05 que c'était déjà ça, d'enlever un petit peu ce blocage
34:07 et ensuite de se reposer
34:09 justement les bonnes questions. Peut-être qu'on donnait
34:11 un peu trop de temps à notre fille
34:13 et pas assez à nous. Ensuite,
34:15 on a appris même beaucoup de choses, de
34:17 prendre du temps
34:19 à faire parfois
34:21 des dîners ensemble,
34:23 de fixer des vacances ensemble
34:25 et on part dans quatre jours en vacances
34:27 pour une petite semaine
34:29 en Grèce. Donc voilà, des choses
34:31 assez simples, mais qui
34:33 nous ont permis de sortir un petit peu
34:35 de ces blocages qu'on avait et de rester
34:37 un peu
34:39 focus sur nos problématiques pour
34:41 prendre un peu plus de recul. Et on n'arrivait pas à le faire
34:43 nous-mêmes, donc du coup l'aide extérieure nous
34:45 aide à prendre ce recul.
34:47 - Quand je leur demande s'ils ont des conseils
34:49 à nous livrer, le premier concerne ceux qui
34:51 n'ont pas encore d'enfants et qui rejoignent d'ailleurs
34:53 l'histoire d'Arnaud. C'est assez rigolo.
34:55 - Le premier conseil que je pourrais donner, c'est que ce qu'on
34:57 a parlé tout à l'heure, c'est de
34:59 bien vivre sa vie de couple.
35:01 Alors ça peut être, il n'y a pas besoin de passer des
35:03 années comme nous, ça peut être quelques semaines, quelques
35:05 mois, mais au moins de se dire au moment où
35:07 le désir d'enfant arrive, le couple se connaît bien.
35:09 En tout cas, moi ça me paraît en tout cas essentiel
35:11 créer un peu ces fondations
35:13 pour ensuite créer la famille
35:15 là-dessus. Et si à un moment
35:17 donné on part sur l'enfant,
35:19 en faisant de l'enfant, mais
35:21 en se retournant, en se disant j'ai des
35:23 regrets, j'ai des choses que j'aurais voulu faire
35:25 et du coup, personnellement, j'aurais du
35:27 mal à... si le
35:29 socle n'est pas assez solide,
35:31 dire que ça va être
35:33 100% durable en tout cas.
35:35 - Pour ma part, le conseil
35:37 que j'ai à donner, c'est
35:39 n'ayez pas peur de parler,
35:41 n'ayez pas peur de dire
35:43 ce qui ne va pas, parce que
35:45 chez tout le monde, c'est pas tout rose en fait.
35:47 Et ne pas hésiter à faire appel à
35:49 quelqu'un, c'est vraiment essentiel.
35:51 Parce que c'est
35:53 dur en fait.
35:55 - On y est,
35:57 voici enfin venu le concept
35:59 de machine à laver. Alors voilà,
36:01 je veux que vous vous imaginez votre histoire d'amour
36:03 comme étant un très beau pull auquel vous tenez
36:05 beaucoup. On va parler par exemple d'un pull en
36:07 cachemire. Eh bien, dites-vous
36:09 que la venue d'un enfant dans votre couple
36:11 va agir exactement comme une machine à
36:13 laver avec votre pull en cachemire.
36:15 Votre pull, vous,
36:17 vous allez vous sentir tourneboulé,
36:19 une fois noyé, et puis il y aura des moments d'accalmie.
36:21 Bref, ce ne sera pas tout repos.
36:23 Mais, et le mais est fondamental,
36:25 si vous ne vous êtes
36:27 pas trompé de programme,
36:29 votre pull ressortira de la machine à laver
36:31 plus doux, plus éclatant,
36:33 bref, mieux
36:35 qu'au premier jour.
36:37 Si d'aventure, vous vous étiez
36:39 trompé de programme, il va ressortir
36:41 peut-être en sharpie, peut-être rétréci,
36:43 alors n'oubliez pas,
36:45 un peu de patience, quelques gouttes de précaution,
36:47 deux ou trois comprimés de bienveillance réciproque et de dialogue,
36:49 parfois un peu d'aide extérieure,
36:51 et surtout beaucoup de sommeil,
36:53 vous vous en sortirez. Votre amour
36:55 sera plus beau et plus fort qu'au premier jour.
36:57 "C'est être
36:59 sentimental, romantique,
37:01 aimer la tendresse et l'amour,
37:03 c'est être ringue, alors je crois qu'on est
37:05 des millions en France d'être ringues, heureusement."
37:07 Ce podcast a été écrit par moi, Anna Roy,
37:13 et si mon nom vous dit quelque chose, c'est
37:15 peut-être que vous m'avez déjà vue, ou que
37:17 vous me voyez en ce moment même dans la maison des maternelles
37:19 sur France 4, où je suis chroniqueuse.
37:21 Une émission que je vous recommande
37:23 évidemment. "Sage Meuf" est un podcast
37:25 européen studio, produit par Adèle Ponticelli,
37:27 il est réalisé par Charlène Neux-Youx.
37:29 Merci à Cindy et à Stéphane,
37:31 ainsi qu'à Arnaud pour leur témoignage précieux,
37:33 et à Yann Hamon, qui nous a lu
37:35 la lettre d'Arnaud, et à tous mes patients,
37:37 aussi petits et grands, sans qui rien n'aurait été
37:39 possible. N'hésitez pas
37:41 à commenter, à partager, à questionner
37:43 ou que sais-je encore, sur mon Instagram
37:45 @annaroy75. Et si ce podcast
37:47 vous a plu, n'oubliez surtout pas
37:49 de vous abonner sur vos plateformes d'écoute préférées
37:51 et nous mettre plein d'étoiles.
37:53 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
37:56 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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